Récit de la course : Marathon de Paris 2005, par Libellule

L'auteur : Libellule

La course : Marathon de Paris

Date : 10/4/2005

Lieu : Paris (Paris)

Affichage : 3086 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

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Mdp 2005 : T'as signé c'est pour en ch...

Cet adage n’a jamais été aussi vrai qu’après le dimanche matin que j’ai passé ce 10 avril de l’an 2005.



Quand en octobre je signe la première licence de la FFA de ma vie au Clamart Course Sur Route 92,

l’entraîneur me demande quels sont mes objectifs en terme de compétitions et je lui répond que je veux courir le Marathon de Paris.

A peine arrivé, le club commence déjà les inscriptions pour le Marathon de Paris 2005 (15 euros pris en charge par le club sur les 42 Euros que coûte l’inscription avant le 31 octobre).

Je réfléchis un peu et je décide de me lancer (Sas 3h30) dans cette grande aventure.



Vous êtes tous plus ou moins au courant de ce que j’ai pu faire comme courses entre temps, mais je vous rappelle au cas où :

- Semi de Boulogne en Novembre en 1h32

- SaintéLyon en Décembre en 8h14

- Victoire au Raid28 dans la Tortue’s Team en Janvier

- 10 kilomètres de Vincennes en 38mn30 en Février

- Semi de Rambouillet en 1h24 en Mars



Du 14 février 2005 (jour de la Saint-Valentin) au 7 avril 2005, toutes les séances prévues par mon entraîneur dans le but de faire le marathon en moins de 3h10 sont effectuées avec le plus grand professionnalisme, une seule séance ayant été modifiée pour cause de 10 cm de neige sur le tartan un jour où j’aurais du effectuer un 20*500 m.



Nous voilà donc le vendredi 8 avril 2005 . Il est 17 h30, je suis au marathon expo et je négocie avec l’organisation du marathon pour avoir un sas 3h en arguant de mes 1h24 réalisé au semi de Rambouillet un mois auparavant. Je l’obtiens et je me dis que tout s’annonce vraiment sous les meilleurs hospices. J’ai tout ce qu’il faut pour que ça se passe bien dont un bœuf qui a envie de foutre une grosse claque à son record qui est de 3h25 qui m’accompagnera lors des premiers kilomètres (je souligne au passage que c’est sur mes conseils qu’il partira sur 4mn15 au kilo plutôt que 4 et je pense que ça l’a aidé à finir moins à la ramasse que d’habitude).



Le dimanche 5 avril, je me lève à 5h30 du matin. Petit déjeuner avec un petit café, une moitié de gatosport et me voilà dans le métro. Il est 6h30. Je passe un coup de fil au Bourrin pour savoir où en est l’Antilope dans son 24h et c’est là que j’apprends les soucis avec l’organisation. La lassitude et le chagrin se sentent tellement fort dans sa voix que je ne réussis pas à trouver les mots pour le réconforter ne serait-ce qu’un peu.

A 7h15, je suis sur place, je passe un coup de bigo à la tortue qui me répond qu’il est encore en train de boire son petit thé à Versailles et que rien ne presse. Je me rends compte que je suis décidément arrivé un peu trop tôt .

Je décide de profiter du petit nombre de participants présents pour me changer et laisser mon sac à la consigne. Je pense que je fais là la seule erreur de toute ma préparation et malheureusement, cela va me gâcher tout mon marathon.



Je me dirige lentement vers l’arc de triomphe et patiente en attendant de voir enfin la banderole JSC. Il est déjà 8h et ça fait une bonne demi-heure que je grelotte sous mon superbe sac plastique Jogging International.

Les premiers franchisseurs arrivent et je fais avec plaisir la connaissance du Bouc Costaud et de sa femme, de Maxithon et sa moustache impressionnante, de Delphine du forum CourseAPied. Net et des bénévoles JSC.

Je retrouve aussi avec plaisir la bande de joyeux drilles dont L’bœuf, La Tortue, L’Fluet, L’Blueb …

La Tarine est partie posé son sac à la consigne et je ne la verrais pas avant le départ.



Clic-Clac, les photos sont faites avec les membres de courirlemonde et zou nous sommes partis avec L’bœuf vers notre sas.

Un petit sprint de chauffe, un arrêt pipi dans la ruelle et nous pénétrons enfin dans l’aréne.



Il fait une chaleur complètement dingue, les pulls volent à gauche à droite, un mec me fait presque mourir de rire quand il essaie de jouer des coudes dans la cohue pour essayer d’être à côté du ballon rouge. Le mec lui jette comme ça, que le but est pas de lui coller aux fesses pendant 3h, mais de le voir durant toute la course pour rentrer sous les 3h.



L’ambiance commence à monter, le coup de feu va bientôt être donné. Les handisports sont déjà partis depuis quelques minutes et d’un seul coup, la masse des coureurs se met à bouger. Non ce n’est pas le coup de feu officiel, ils viennent seulement de retirer les grilles et tout le monde se presse les uns contre les autres pour se rapprocher de cette ligne qui va nous ouvrir une voie royale pour une visite de Paris par ses grandes avenues ‘piétonnes’.

Pan !!! C’est parti, ça tasse et miraculeusement, on peut dérouler les gambettes à peine la ligne franchie. Ca sert à gauche, ça sert à droite, faut passer sur les trottoirs de temps en temps mais dans l’ensemble ça se passe bien. On réussit l’exploit de ne pas être séparés malgré la foule.

Les deux premiers kilomètres sont faits un peu plus lentement que prévus, mais rien d’anormal. Il en reste plus de 40 pour se rattraper après tout.

Avec L’bœuf, on a décidé de suivre les ballons rouges le plus longtemps possible, et si tout se passe bien, on accélérera sur la fin (ou on limitera les dégâts).

Au 5éme kilomètre, le retard est pour ainsi dire rattrapé. Tous les voyants sont aux verts et on se permet même de papoter.

Le 10éme kilomètre est passé en 42mn27, soit 3 secondes d’avance sur l’horaire prévu. Tout se déroule pour le mieux, je ressens quelque chose que je n’avais alors jamais ressenti en course jusqu’ici, la sensation de courir sans en ressentir l’effort. En gros, j’ai l’impression d’avoir commencé à courir il y a à peine 30 secondes.

Au 12éme kilomètre, ça commence à se gâter. J’ai des gaz et je sais bien que je ne suis pas à l’abri d’un accident car je n’ai pas réussi à aller aux toilettes ce matin. Ca commence à être vraiment dérangeant, et si je parviens à rester dans la foulée du Bœuf, on ne court pas désormais côte à côte, mais l’un derrière l’autre. Nous sommes dans le bois de Vincennes, je dis au Bœuf mes petits soucis et lui promet de le rattraper dés que possible.

J’aperçois un spectateur sur le côté :

-Vous avez un mouchoir ?

Il cherche nerveusement dans mon sac et me tend un beau kleenex. Je vais me cacher dans un fourré et me libère.

Les selles sont liquides, ce n’est vraiment pas bon signe. J’espère ne plus avoir ce problème durant la course et je relance immédiatement la machine. Ce kilomètre aura duré 4mn45, comme quoi, j’ai fait un arrêt digne des meilleurs écuries de Formule 1 (le premier qui dit écurie d’Augias, il prend un coup de pied au c..).

Je relance et au 15ème, je vois des toilettes. Je suis passé trop vite et j’ai pas envie de faire demi-tour. Je continue à accélérer en espérant rattraper le bœuf aux environs du semi.

J’avale les 3 kilos suivants en 4mn10, mais la colique revient de plus belle. Au 18éme, on nous propose des éponges afin de se rafraîchir. Je retourne faire une halte dans le bois de Vincennes en utilisant l’éponge à un usage non prévu par l’organisation ;-)

Le 20ème kilo arrive, alors que je viens de faire les deux précédents en 4mn. Je limite les dégâts pour l’instant, mais ça commence à me foutre les boules. Comme à chaque ravito, nouvelle pose caca.

Je me suis entraîné le plus sérieusement possible et je peux pas me battre avec mes propres armes. Ca commence à me gonfler sec. Je m’accroche et j’ai toujours les ballons rouges en vu quand je passe le semi en 1h31mn46s au temps officiel.

Je sais que les 3h sont fichues, mais je m’accroche en me disant que les 3h10 sont peut être encore faisables.

Dés que je cours un peu vite, les maux de ventre reviennent immédiatement, je lève donc légèrement le pied pour n’avoir à aller aux toilettes ‘que’ tous les 5 kilomètres.

Je ne tape pas vraiment dans le dur, en fait je suis en ballade forcée. L’idée d’abandonner m’a vraiment traversé l’esprit à ce moment, car je me voyais vraiment aller taquiner le chrono. Les jambes voulaient, la tête aussi et c’est le ventre qui n’a pas suivi.

Les idées sont vraiment noires à ce moment là, mais je me dis que je n’ai pas le droit d’abandonner, un premier marathon, c’est comme un premier 100 bornes, on se doit de le finir même si c’est un plan galère.

Je continue donc à me vider régulièrement, et ma déshydratation ne fait que s’accentuer. J’ai beau boire une bonne demi bouteille d’eau entre chaque ravito, je sais que je suis inexorablement en train de me déshydrater. Je sais que je vais pas tarder à avoir le coup de bambou.

Au 30éme kilo, j’ai encore réussi à limiter la casse (2h14), mais mon ventre ne me laisse décidément pas tranquille. Je suis même obligé de remonter la foule de coureurs en sens inverse pour me frayer un chemin jusqu’aux toilettes.

Je ne suis plus en mode ‘faire un chrono’, je suis passé en mode finir sans faire de casse. Les kilos s’égrènent donc de plus en plus lentement, et ce n’est pas que je ne veux pas me battre, mais ça me coûterait de trop de me mettre dans le dur pour faire 3h30 ou moins de 3h45.

Le pire c’est de se faire doubler sans arrêt, de se sentir quasiment à l’arrêt, car ceux qui me doublent tournent en 5 minutes au kilo alors que je dois être à plus de 8 minutes.

Je fais du surplace et je ne me donne la peine de relancer que lorsque des spectateurs prennent pitié de moi et m’encouragent (pour leur faire plaisir).

Au 40ème, je fais mon dernier arrêt aux stands et en ressortant, je suis motivé pour bien finir, je sais qu’en 5mn30 au kilo, mon envie pressante revient au bout de 2 kilométres environ, ce qui fait que je repars à cette allure.

Je termine les 200 derniers mètres en 48 secondes et double ainsi beaucoup de concurrents dans la dernière ligne droite.

Je sers les poings devant les photographes de Maindru qui sont dans la dernière ligne droite, et je me mets à savourer cette arrivée.

Je prends le poncho orange, la médaille, une pomme et une bouteille d’eau et je vais me changer.

Je retrouve un collègue du club qui a terminé en 3h08 et qui attend sa femme.

Un coup de fil du Bœuf, et on se retrouve à la sortie. Un coup de bigo à la Tortue nous apprend que la Tarine, Le Fluet et lui-même sont au 39ème kilomètre.

On décide avec le Bœuf de les rejoindre au 41ème.

Le Blueb nous rejoint et au 41ème, nous voilà avec le drapeau JSC à refaire ensemble le dernier kilomètre.

On papote et c’est vraiment un moment agréable, car le soleil est de la partie et on est vraiment content d’être là ensemble.

Je revêts ma tunique blanche aux couleurs de JSC et nous voilà à l’entrée de l’Avenue Foch.

Nous entendons au micro : ‘Et voici Maroussia Daolio qui en finit avec son Marathon !’

La Tarine n’en croit pas ses oreilles et nous oblige sous la torture à lui avouer que nous avons filer un billet de 50 Euros au speaker ;-)

Nous franchissons la ligne en 5h21 (à 4 minutes du record de la Tarine).



Il y a un peu moins de monde au ravito de l’arrivée et j’en profite pour reprendre deux-trois abricots secs et une bouteille d’eau (je vais pas mettre bien longtemps à la boire).



On rejoint des amis de la Tarine dont une qui a vraiment du finir dans le dur, car elle éprouve vraiment beaucoup de difficultés à marcher.

La Tortue nous pousse un tonitruant GO CHICAGO en reconnaissant un énergumène apparemment habitué des grandes courses françaises qui fait de la pub pour le marathon du même nom.

CLIC-CLAC dernière photo avec l’bœuf et nous voilà parti à l’hippopotamus pour une AAB ma foi relativement sage où la conversation tournera bien évidemment autour de Franchir II (Ca me rappelle les fins à la Astérix).



Alors que vais-je retenir du Marathon de Paris 2005 ?



1) Les toilettes sont vraiment propres, à croire que sur 35000 personnes, y’en a pas qui profitent des seuls toilettes publiques gratuites sur la voirie parisienne de l’année (ils savent pas ce qu’ils loupent).

2) On a beau être super bien préparé, une course, c’est le jour J, et si on est pas bien, on y peut rien

3) Je souhaitais me faire mal pour finir sous les 3h et je me suis fait violence mentalement (et pas mal physiquement) pour finir uniquement parce que c’était le premier, et qu’il fallait que je récupère mon portable assez tôt pour pouvoir appeler la tortue afin de franchir la ligne avec la Tarine, Le Fluet, L’Blueb, L’bœuf et le drapeau JSC bien sûr.

4) Ca sert à rien d’arriver trop tôt sur une course même quand il y a 35000 participants, car le petit coup de froid m’a vraiment jouer un sale tour

AU PROCHAIN MARATHON JE VAIS TOUS VOUS POURRRRRRRRRRRRIIIIIIIIIIIRRRRRRRRR !!!!!!!!!

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