L'auteur : nico26
La course : Championnat du Canigou
Date : 3/8/2008
Lieu : Vernet Les Bains (Pyrénées-Orientales)
Affichage : 1915 vues
Distance : 33km
Objectif : Pas d'objectif
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Déjà tout plein de récits sur le Canigou 2008, mais j'ai quand même envie d'en ajouter une petite (?) couche!
Le Canigou, je l'avais repéré l'année dernière en découvrant les Pyrénées Orientales, mais je m'étais contenté de passer devant et avais poussé jusqu'au Capcir, région que j'avais trouvée superbe.
Puis j'ai entendu parler de ce trail (alors que je n'avais encore pas fait la moindre course à pied) cet hiver... en Afrique! lors d'un séjour un peu long pendant lequel j'étais allé courir 2/3 fois avec un ancien participant qui m'en avait dit beaucoup de bien... Il m'avait aussi pas mal parlé de la Diagonale des Fous, mais ne nous emballons pas
Après ma première expérience trail aux Drayes, très plaisante, je me suis donc dit "ben le Canigou pourquoi pas? Y a tout ce que j'aime : des montées (enfin 1) et des descentes (1 aussi!), et a priori pas grand'chose que j'aime pas : peu de plat, peu de route, et surtout, ça a l'air d'être beau! "
Et c'était parti (après avoir un peu tergiversé, tenté par la via romana en Corse, mais difficilement compatible avec mon emploi du temps cette année)!
Je m'inscris donc, puis motive Gazelle81 pour se lancer dans l'aventure aussi : je lui promets un aller tranquille le jeudi soir, un retour pas avant le lundi soir histoire d'en profiter, et pas besoin de pousser bien plus fort pour qu'elle se laisse tenter
Las, la semaine avant la course mauvaise surprise du travail, le déplacement prévu à partir de mardi serait avancé au dimanche! Alors là pas moyen! On transige sur un départ lundi matin, adieu le dimanche soir tranquille et le lundi à bulle, mais on y sera quand même en haut du Canigou!
Pour l'arrivée sur le stade, gazelle81 a bien décrit l'aventure!
Un petit mot sur nos voisins quand même, Pedro et Charo, infatigables coureurs de Malaga qui enchaînent les 100 km comme moi les 10!! Dans un joyeux mélange d'anglais, français, espagnol et avec force aide des mains on bricole des dialogues improbables! Ils étaient en vacances en Andorre, à courir par monts et par vaux et entendant parler de la course ils se disent que c'est un peu court , mais que comme ils sont dans le coin...
Belle philosophie de la course, le plaisir et c'est tout, ils courent toujours ensemble (ça gueule un peu parfois quand il lui demande pourquoi elle s'arrête!), ne font jamais 2 fois les mêmes courses parce qu'il y en a déjà tellement à découvrir!
Une petite photo (D. Sobler copyright) des 2 à l'arrivée qui illustre bien le truc :
ça fait plaisir des sourires comme ça!
Et la course dans tout ça?
D'abord : 7h, c'est tôt!
Mais pour éviter la chaleur et pour le soleil rasant en arrivant à Marialles (beau mais pas évident pour voir où poser les pieds), c'est bien!
Ensuite : 800 personnes, c'est beaucoup!
Heureusement ça commence par un peu de route ( si j'avais pensé dire ça un jour!!), ça permet d'étirer le troupeau!
un buff Kikourou à côté de nous juste au moment du départ! A peine le temps d'échanger nos noms et c'est parti, Photogone, le fameux!
Une fois n'est pas coutume, je ne pars pas tout à la fin, histoire de ne pas être trop coincé puisqu'il paraît que ça peut bouchonner par la suite (notamment à la cheminée mais nous n'y sommes pas encore). Pire, je ne m'en rends même pas compte mais je dois même partir trop vite puisque quand je regarde mon cardio histoire de me rassurer je vois plus de 175 ce qui n'a pas vraiment l'effet escompté! Et bêtement au lieu de l'écouter je me dis que je ne le regarde plus (la technique de l'autruche, vous connaissez?) avant la fin parce que j'aimerais bien essayer de courir aux sensations aujourd'hui (mais apparement les sensations en course ne sont pas les mêmes qu'à l'entraînement!).
Faut dire que soit tout le monde est fort (y en a!), soit tout le monde part trop vite (y en a aussi), parce que je n'ai pas vraiment l'impression de remonter le flot!
La route laisse la place à un chemin, monotrace d'abord dans lequel je gaspille encore un peu d'énergie à doubler sur les bords tant bien que mal, puis qui s'élargit... et se durcit!
Marrant de voir comme les techniques de course peuvent différer pour un résultat finalement assez proche (du moins sur des personnes différentes) puisque je reconnais quelques coureurs avec qui on passe un bout de temps à se doubler/redoubler sans vraiment se quitter : ceux qui courent, doucement mais presque toujours, ceux qui s'arrêtent assez vite de courir mais marchent vite, ceux qui ne marchent pas bien vite, mais assez souvent, avec de brefs passages en courant rapidement... Je fais plutôt dans le "courir lontemps et doucement, mais pas à tout prix non plus"...
Le sentier laisse la place à un chemin plus large, moins pentu, la première féminine vétéran qui était passée un peu avant quand je marchais se met à marcher quand je reprends ma course, on va comme ça jusqu'à Marialles et là c'est là fête! soleil rasant, musique, public
Courte descente, le sentier devient plus technique, parsemé de pierres, et, à mon goût, plus joli, de même que les paysages. Dur de continuer à doubler et beaucoup plus confortable de suivre le flot, ça continue comme ça un moment, alternant passage en sous-bois puis zones plus dégagées, la future deuxième féminine passe en trombe, elle ne se laisse pas endormir par ce "faux" rythme, elle!
moi si!
trottinant à la queue leu leu le soleil rasant dans les yeux en essayant de trouver un compromis entre profiter du paysage qui maintenant est franchement bien et pas trop butter dans les pierres on fini par arriver à la cabane Arago, début du grand spectacle
A partir de ce point là et jusqu'au sommet, c'est franchement superbe, je me régale! les yeux du moins, parce que niveau jambe, je vois que mon cardio ne mentait pas!
Moment fort sous les acclamations d'une haie de bénévoles que je remercie du plus grand sourire dont je suis capable, vraiment super!!!
Puis on entre dans la caillasse et soit c'est le départ trop rapide, soit c'est le barbecue de jeudi et le saucisson d'hier, ou encore le manque d'eau même si je tète tant que je peux dans mon dos de chameau, mais c'est l'arrivée des crampes. Ca me fout un peu les boules parce que c'est vraiment ce que je voulais éviter et je buvais pas mal depuis plusieurs jours pour ça, mais là, faut faire avec, alors je prends mon mal en patience, n'essaie même plus de courir dans les portions où on pourrait relancer et fais bien gaffe à ne pas dépasser la limite...
Du reste rares sont ceux qui relancent, la plupart ont l'air de se contenter de ce petit train train, la circulation devient moins fluide à l'approche de la cheminée mais rien de bien méchant et me voilà au sommet en un peu moins de 3h. Coup d'oeil circulaire (du côté de la montée, j'avais bien eu le temps d'admirer, mais des autres côtés, ça mérite une petite pause!) un bénévole m'explique tout ce qu'on voit d'ici, mais j'avoue ne pas retenir grand'chose, et puis j'ai hâte de me lancer dans la descente, je me régale d'avance!
5 mn tranquille pour laisser les crampes partir pour de bon et je lâche les freins! Début de la descente technique, caillouteuse, je me régale! c'est comme en VTT, plus tu passes vite mieux ça passe (qui a dit jusqu'à la chute ?). j'ai l'impression que les autres sont au ralenti... en fait peut-être que eux ils savent...
Puis les cailloux se raréfie, la terre prend le dessus, la pente se calme... et le lapin réalise d'un coup qu'il n'a pas mis les piles duracell!!!
Heureusement on arrive aux Cortalets, c'est beau et il y a un ravito, c'était les 20 plus belles minutes de descente, maintenant je vais en baver...
2 remarques sur le ravito : un verre de glucose ça ressemble beaucoup à un verre d'eau, mais quand on s'en verse un sur la tête pour se rafraîchir, ça poisse un peu... et la pastille de sel, c'est pas une bonne idée de la croquer alors qu'on est déjà parti du ravito, faut plusieurs verres d'eau (ou glucose) pour enlever le goût!)
Je repars tranquillou, le chemin descends dans une forêt de pins, le sol est un beau tapis d'aiguilles bien confortable, mais est-ce le fait de freiner plus que d'habitude, le fait de ne pas avoir resserer mes lacets avant la descente ou mes nouvelles chaussures que j'ai pourtant pris avec une pointure de plus pour éviter ça (ou un peu de tout ça) mais je sens que je vais avoir du mal avec mes ongles de doigt de pied, notamment le pouce qui était pourtant sauf depuis étonnament longtemps, pour couronner le tout je sens bien la bonne ampoule arriver alors que ça ne m'arrive quasiment jamais...
Quelques coureurs me doublent, je ne peux rien faire, j'ai plus de jus, au bout d'un moment ça revient un peu et je me secoue pour prendre "la roue" d'un petit groupe derrière lequel je me refais la fraise un moment.
Le chemin laisse la place à une piste défoncée, mes pieds et mes genoux n'en sont pas très satisfaits, je me laisse toujours descendre à la suite d'un petit groupe qui va plus vite que moi sur les portions "route" puis me freine quand la piste cède la place à un petite sentier qui se faufile dans la végétation, ça soulève pas mal de poussière et j'en bouffe mon saoul! Mais j'ai pas la niac de dépasser ce petit monde au prix de passage scabreux sur les à-côtés.
S'en suivent quelques replats, voire quelques grimpettes, j'encourage un porteur de charge en passant à côté, il a l'air plus frais que moi, chapeau. On rejoint une piste forestière, dans laquelle j'avance cahin caha en canard entre mon ongle qui se barre sur un pied et mon ampoule sur l'autre, et pour couronner le tout je manque de faire un joli salto dans les 2 derniers km... à moins que ce ne soit les 3 derniers km, parce que ça fait un moment que j'entends "plus que 2km"!!!
La première fois j'avais regardé l'heure et je m'étais dit "tiens ça va faire moins de 4h30 (aucune idée de si c'était bien ou pas, mais je savais que si j'arrivais en 4h31 j'allais être un peu frustré le lendemain, alors qu'en 4h29, ça ferait une satisfaction, c'est pas que ça change grand'chose au final mais on s'attache à de ces futilités!)... Mais à force ça se complique.
Du coup je mets ce qui me reste d'énergie (et je me bouche les oreilles pour pas entendre mon doigt de pied qui manifeste sa désapprobation) dans la dernière portion de route (et là aux nombreux "plus que 2km", succèdent des "plus que 500m" sur plus d'1km!) et j'arrive limite limite mais sous les acclamations d'un public nombreux et plein de pêche, j'en suis presque gêné, je ne sais pas trop où me mettre, sont franchement bien les gens!
Je bois environ 1 litre d'eau (!) puis m'en vais attendre Gazelle81 en haut du village en me rappelant que j'en avais bavé là-haut à me demander si c'était enfin vrai les "plus que 500m", à peine le temps d'arriver et je vois débouler Pedro et Charo tout sourires (Pedro dira qu'à l'arrivée au sommet il était déçu que ça descende déjà, il commençait à se sentir bien...) bientôt suivis de Séverine (gazelle)! Wouhaou! Chapeau! encore un peu c'est elle qui venait m'attendre!
Retour au camping pieds nus (je tiens plus dans mes chaussures), bonne douche, discussions avec la Malaga team et zou au repas (j'en aurais bien pris 2 des verres de muscat!) et à la remise des prix (ben oui gazell81 : 5ème sénior femme!)
Puis faut rentrer pour prendre l'avion tôt le lundi matin... pffff! une soirée massage m'aurait paru plus indiquée (et mes cuisses diront la même chose jusqu'au mercredi).
Très belle journée (beau WE même) donc, chemins et paysages magnifiques, surtout entre Marialles et les Cortalets, beaucoup de plaisir, un peu de souffrance (notamment aux pieds ;) ) et une pensée : vivement les Aiguilles Rouges!
mais d'abord va falloir s'entraîner un brin (et trouver un truc contre les crampes, pour les doigts de pieds, j'ai plus d'ongles donc plus de pb!)...
4 commentaires
Commentaire de gazelle81 posté le 10-08-2008 à 21:20:00
Savon de Marseille au fond du lit ! lol
Et éviter la charcuterie la veille des Aiguilles Rouges peut être... même s'il te fait de l'oeil sur le marché des Houches ;)
Bravo pour cette 130ème place... avenir prometteur mister !
Commentaire de Bouh posté le 10-08-2008 à 21:49:00
Jolie course ! et jolie chrono !
Bravo ! A l'année prochaine peut être !
Commentaire de GrandSteaKikour posté le 11-08-2008 à 09:13:00
Pour courir aux sensations en course comme à l'entraînement faudrait avoir un bandeau sur les yeux !! C'est pas fastoche ... même si on aimerait bien ...
Merci pour ton beau récit !
Au plaisir de te voir aux Aiguilles Rouges. Va y avoir de l'ambiance!!!
Commentaire de francois 91410 posté le 11-08-2008 à 12:04:00
Tu as bien fait d'en remettre une couche : merci pour le récit de cette course qui a l'air bien belle !!
J'ai bien aimé ta naïveté (qui est aussi malheureusement la mienne sur trop de courses...) qui fait que nous croyons pouvoir courir uniquement aux sensations : en fait c'est pas donné à tout le monde !!
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