L'auteur : claude41
La course : Merrell Sky Race - Trail des Cerces
Date : 13/7/2008
Lieu : Serre Chevalier (Hautes-Alpes)
Affichage : 4014 vues
Distance : 68km
Objectif : Pas d'objectif
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Dernier trail avant l’UTMB, il s’agit de vérifier l’état de forme, le matériel, le mental, enfin tout ce qui doit nous mener au bout de l’aventure !
Arrivés sur place le dimanche 6 juillet, nous aurons le temps de repérer quelques passages du parcours, notamment le col de la Roche Noire que nous ne connaissions pas. Amoureux du Briançonnais, nous venons régulièrement dans le coin et nous avons parcouru tout le massif, sauf ce fameux vallon de la Moulette. Mardi 8, avec quelques amis, nous partons du Pont de l’Alpe pour le col du Chardonnet – refuge du Chardonnet – col de Roche Noire – Monétier. Nos premières impressions nous disent qu’il faudra arriver au dernier ravito encore pas trop entamé, et avant il y aura les Béraudes, alors …
Si le début de la semaine avait été particulièrement ensoleillé, ce n’est pas le cas de la fin de semaine ! Samedi, de violents orages s’abattent sur la montagne. Nos rêves, transformés en cauchemars, seront faits d’eau, de boue, de torrents à traverser !
Dimanche matin, debout à 4h15, le ciel est bas, il pleuviote ! nous avons eu la chance de trouver un studio à moins de 100m de la ligne de départ (enfin, nous avons surtout la chance d’avoir des amis sur place, merci Agnès et Jean Pierre). Tiens aller, un petit coup de pub : Agnès est la gérante du gîte des Guibertes, moins de 2 kilomètres de la ligne de départ, si vous revenez dans le coin, pensez-y, mais il faut réserver au mois de décembre pour la Merell.
Nous nous présentons sur la ligne de départ 20mn avant l’heure fatidique, il pleut, pourtant les prévisions de Patrick MICHEL, l’organisateur, sont plutôt sympathiques, ça rassure !
Je pars avec un maillot technique manches courtes, la veste Gore tex, le collant court, la casquette Kikourou, les Asics Gel Trabucco. Dans mon paquetage, les vêtements chauds n’étaient pas prévus. Régine n’est pas mieux lotie, elle a réussi à trouver une paire de gants, elle ne résiste pas au froid, j’en suis malade pour elle.
Dès le départ, je prends un rythme tranquille, Régine disparaît rapidement devant moi, ce n’est pas encore aujourd’hui que je pourrai la suivre ! Plusieurs impératifs : ne pas se blesser, rester très en dedans, passer dans les temps impartis, prendre du plaisir ! Je trottine sans problème jusqu’au pied de la montée vers le Galibier. Puis, j’adopte la marche, l’ancienne route du Galibier ne présente pas de difficultés particulières. Dans le bas, Jean Claude, un autre postier blésois me double, il est encore parti plus lentement que moi. Sans m’en apercevoir, j’arrive au premier ravito, en plein vent, brouillard, rafales de pluie, les bénévoles sont frigorifiés mais ils assurent et avec le sourire ! Bravo !
Dans la grosse montée, vers la table d’orientation, je ne vois rien, que le bout de mes chaussures. Je ferme la capuche de ma veste, j’enlève les lunettes (pas d’essuie glace sur ces machins là !), je rentre les mains dans les manches, je m’enferme dans ma bulle. Bon, la bulle ne roule pas toute seule, le début de la descente est raide, très glissant, je ne prends aucun risque, pas question de s’étaler là, au vu et au su de tout le monde, d’autant qu’Akuna traîne par là avec son appareil photo ! D’ailleurs j’assiste à plusieurs chutes, sans gravité heureusement. Au tout début, comme tout le monde, j’ai essayé d’éviter les flaques et la boue, maintenant, je n’évite plus rien, droit dans le sentier, je pose le pied là où il doit se poser. De toute façon, sans lunettes, je ne vois que l’essentiel et c’est bien suffisant ! Fin de la descente, je sors enfin les bâtons, pour la remontée vers le Plan Lacha. J’ai une pensée embuée pour ma p’tite femme qui doit souffrir le martyr dans le froid (d’ailleurs, elle a faillit abandonner à Plan Lacha, mais elle a du courage à revendre !)
Pour la première fois, je regarde ma montre et j’ai la surprise de constater que j’ai un peu plus d’1 heure d’avance sur l’horaire éliminatoire (12h00). Je vais pouvoir gérer la montée au col des Rochilles. En 2006, j’y avais pris une défaillance mémorable, obligé de m’arrêter 20mn au col pour récupérer. Mais là, aujourd’hui, tout va bien, je prends même la montée directe et je constate que l’on prend beaucoup d’avance par rapport à ceux qui prennent le chemin blanc. J’ai remis les lunettes, c’est plus facile à constater !
Col des Rochilles, avec le soleil, c’est somptueux, mais, dans la brume, je ne jette même pas un coup d’œil. J’effectue une bonne descente, toujours sans risque, je cours quand je peux, dès que c’est plus technique, je marche ! Enfin, au refuge des Drayères, j’enlève ma veste et la casquette. Il fait bon, les randonneurs nous encouragent. Jusqu’aux chalets de Laval, je prends un plaisir fou, ah ! ben quand même ! J’en reviens pas, il est 12h55, on est partis à 6h07, j’ai 2h15 d’avance sur le temps éliminatoire. Le moral est au top.
Je ne m’attarde pas aux chalets, j’attaque tambour battant la montée aux Béraudes. Bon, le tambour ne bat pas longtemps, je la connais bien cette montée, je me demande si par hasard, la pente ne s’est pas encore accentuée par rapport à la dernière fois. Rapide calcul, la dernière fois, c’était il y a … au moins … 10 ans. Là, je prends un coup de vieux avant le coup de bambou qui suit immédiatement. Du coup, j’en bois un (de coup), une pâte d’amande plus loin, ça va un peu mieux. Ceux qui viennent de me doubler doivent se demander comment j’ai fait pour arriver là avant eux ! J’atteins tant bien que mal le lac, comme récompense, j’ai la chance de voir de beaux spécimens de bouquetins. Sans coup férir, je me lance dans la montée vers le col, ça va mieux, je rencontre des collègues encore plus mal que moi, finalement, le vieux à encore de beaux restes. Enfin, le col des Béraudes est là, la descente est scabreuse, mais bien équipée, dès que je peux je cours ou plutôt, je trottine, mais rapidement je reprends la marche dans les pierriers et la montée au col du Chardonnet. Je descends tranquillement jusqu’au refuge du Chardonnet, le coureur qui arrive derrière moi est annoncé 500ème, serais-je dans les 500 premiers ? Il est 16h20 quand j’en repars, je me fixe un challenge, rester dans ces 500 premiers. J’effectue une bonne montée vers le col de Roche Noire, oh ! je ne vais pas bien vite mais les autres non plus. Avant d’arriver au col, je discute avec un collègue de misère, il m’avoue qu’il a le vertige, je lui offre mon aide pour les premiers mètres de descente, il s’accroche à mon sac, et il franchit sans encombre ces quelques mètres. Une averse de grésil nous tombe dessus, re-veste, rangement des lunettes etc.…
Je suis surpris de mon état de fraîcheur, je fais toute la descente en courant, je cale un peu avant d’arriver mais c’est pas grave. Il est 18h40 quand je franchis la ligne, les copains du Loir et Cher sont là pour m’accueillir, les dernières douleurs disparaissent comme par enchantement, je pensais réaliser le parcours en 14h00 et je mets 12h33’, de bonne augure pour l’UTMB, mais ça sera une autre histoire ! Ils n’ont pas vu Régine arriver, grosse inquiétude ! En fait, sitôt la ligne franchie, en 11h55’, elle est partie à la douche (chaude dans notre studio à 2 pas de la ligne !!!!)
Mention spéciale à toute l’organisation et aux bénévoles qui ont réussi à garder leur sourire et leur gentillesse malgré les éléments contraires.
Patrick, ce serait dommage d’abandonner l’organisation du trail des Cerces dans 2 ans, c’est une trop belle course !
3 commentaires
Commentaire de hagendaz posté le 18-07-2008 à 09:40:00
dernière ligne droite pour l'utmb!
Commentaire de titifb posté le 18-07-2008 à 16:47:00
Bravo Claude pour ta course et ton CR très agréable à lire...
Je suis comme toi : je pense que cette montée aux Béraudes est de plus en plus pentue au fil des années !
Sous le soleil, ce trail aurait été magnifique...Heureusement que tu as profité du beau temps la semaine précédente (moi aussi d'ailleurs).
Bonne récup !
Commentaire de eric41 posté le 29-07-2008 à 11:48:00
Bravo Claude quelle forme!
J'espère qu'elle n'arrive pas trop tôt et que tu seras au top fin Août.
A+
Eric
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