L'auteur : Sac d'os
La course : Semi-Marathon du Lac à Tunis
Date : 1/6/2008
Lieu : Tunis (Tunisie)
Affichage : 3175 vues
Distance : 21.1km
Objectif : Pas d'objectif
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Au début, le contexte de ce projet était particulier. Pour dire les choses comme elles sont, j’avais pourri le post de Christian, sur ce semi de Tunis, en disant tout le bien que j’avais pensé d’une autre course, le Marathon International de Tunis sur lequel je m’étais penché il y a quelques années et auquel je n’avais d’ailleurs jamais participé.
Cette critique spontanée, qui était le cri de coeur, n’avait pas été constructive et m’avait tracassé. Aussi, j’avais rapidement décidé de m’associer au déplacement.
Tunis est aussi la terre où je suis né et où j’avais passé mes 10 premières années, les plus tendres années. C’est là que vit encore toute ma famille à qui ce serait l’occasion de rendre visite.
Après le MDP, qui avait été un demi succès mais aussi et surtout un demi échec, étant donné que j’avais mal couru, il fallait rebondir et se remettre à l’apprentissage.
Dans les 2 semaines qui avaient suivi le MDP, j’avais coupé la CAP pour faire quelques séances de nage et d’aqua jogging.
Privé de CAP et après la rigueur diététique du marathon, je m’étais plutôt laissé allé. Le corps avait repris du poids et s’était engourdi. Le retour à la CAP s’était fait avec de mauvaises sensations. Je ne me sentais pas prêt pour un nouveau test de paliers mais le coach m’avait dit, le lundi 28 avril, que je n’avais rien compris et que le but du test n’était pas d’avoir la photo idéale mais une photo instantanée du rendement du moteur quelque puissent être les sensations ou l’état de forme.
J’avais alors promis au coach de faire le test et je m’y étais préparé durant 3 jours pour le 2 mai soit près de 4 semaines après le MDP. Je l’ai fait sur la belle piste en matériaux synthétiques du stade Hélène Boucher à Saint Brieuc car notre piste de Paimpol est en réfection depuis la fin mars.
Durant le test, les sensations étaient mauvaises. Je n’avais pas de peps. Je l’avais fini avec le moral dans les chaussettes, persuadé d’avoir perdu en vitesse et en FC. Une fois arrivé à la maison et après avoir comparé les données par rapport au test réalisé en février, le résultat était incroyable : j’avais progressé de 5 à 10 pulses !
J’ai dû en tirer plusieurs conclusions :
- le gain de 5 à 10 pulses était le fruit de la préparation marathon ;
- 4 semaines après le MDP, j’avais gardé du potentiel en vitesse et en endurance ;
- les mauvaises sensations étaient dues à une récupération post marathon qui n’était pas achevée ; on dit que, pour le commun des coureurs, il faut 42 jours pour récupérer d’un marathon ;
- les données du test étaient encourageantes et constituaient une bonne base.
Il fallait continuer de récupérer mais aussi enchaîner par une prépa spécifique semi avec des séances et allures autres qu’en préparation marathon.
Le semi de Tunis était pour le 1er juin soit dans 4 semaines.
Il restait donc de la place pour 3 semaines de préparation spécifique et 1 semaine de récupération d’avant course.
Le coach m’avait fait un plan avec, à chaque mardi, de la VMA courte (20x30/30). Il fallait ça pour me booster et gagner en vitesse aérobie.
Et puis, de séances qualité en séances régé, j’avais pu récupérer et me refaire la cerise tout en m’améliorant.
A J-8, le samedi 24 mai, j’avais éprouvé le besoin d’aller faire ma séance spé semi de nouveau sur la piste du stade Hélène Boucher. J’ai ainsi pu marquer mes temps intermédiaires et mes FC moyennes sur 12 fractions de 1000m pour constater que j’avais gagné environ 5 puls par rapport à mon test de palier du 2 mai.
Entre temps, je m’étais inscrit en ligne sur le site organisateur du semi de Tunis. Les informations données sur ce site étaient réduites à leur plus simple expression. Je me posais de temps en temps des questions diverses et essentielles sur la course :
- quelle serait la température le jour J ?
- y aura-t-il des postes d’épongeage ?
- va-t-on proposer des gobelets ou des bouteilles d’eau car je n’ai jamais su boire au gobelet ?
- serait-t-il judicieux de courir avec ceinture et bidon d’eau ?
- y aura-t-il des panneaux à chaque kilomètre pour faire régulièrement un point chrono ?
- quel sera le niveau du peloton ;
- y aura-t-il suffisamment de densité dans le peloton pour avoir de la compagnie car aucune communication n’est faite sur les effectifs, les classements des années précédentes, etc. ?
Et puis je n’avais plus de points de référence sur semi. Le dernier véritable semi que j’avais fait était à Saint Pol Morlaix en 1999. J’avais fait 1h29. C’était trop loin pour servir de référence.
Christian, Jacqueline et moi somme arrivés à Tunis à J-3 en soirée. A la descente de l’avion, il y avait une petite fraîcheur surprenante et du vent : yes, yes, yes !
A J-2, idem en ce qui concerne la météo : yes, yes, yes ! Nous avons déjeuné avec une personnalité politique accompagnée du Président de la Fédération Tunisienne d’Athlétisme.
A J-1, nous avons déjeuné avec l’équipe du Rotary organisatrice du semi marathon. Il y avait notamment avec nous 3 médecins cardiologues. Nous n’avons plus quitté de la journée l’équipe du Rotary avec qui nous avons vite sympathisé. Le soir, nous nous sommes rendus à la pasta party qui avait eu lieu au centre nautique. Tout était nickel : l’accueil, l’ambiance, les attentions des bénévoles, la générosité, les pattes à base de sauce tomate ou à base de sauce aux champignons, une délicieuse crème dessert à base de noisettes, la sono, le DJ, les photographes, les cameramen, sans oublier les athlètes que nous pouvions pour la première fois dévisager et jauger.
Le jour J, nous sommes arrivés sur place à 7h30 pour un départ prévu à 9h. Il faisait beau et chaud, trop chaud : no, no, no ! Cela promettait une donnée de plus à gérer durant la course.
L'organisation était toujours aux petits soins mais on nous a vite annoncé un report de l’heure de départ à 9h30 car le technicien chargé d’installer les structures gonflables n’était pas encore arrivé. La sono s’est mise à diffuser de la musique moderne et le speaker a commencé à chauffer le public et les coureurs en nous le faisant en tunisien, en français et même en anglais. Plusieurs fois le speaker a fait des annonces d’heure et d’horaires incohérentes. On a compris qu’il n’avait pas de montre.La course était le support du championnat de Tunisie de semi marathon.
En plus des organisateurs du Rotary, il y avait donc les officiels de la Fédération d’athlétisme parmi lesquels le Président qui a fait une courte apparition et que nous avons pu saluer Christian, Jacqueline et moi.
La course s’est déroulée sur un parcours en 2 boucles sur une sorte de rocade avec des larges trottoirs en pavés auto bloquants et des larges terre-pleins centraux en pavés auto bloquants également.
Il y avait une arche gonflable de couleur rouge qui avait servi pour le départ et une autre arche gonflable de couleur bleue juxtaposée, de l’autre côté de la route, qui devait servir pour l’arrivée mais qui en réalité n’a jamais servi, ce qui a trompé les coureurs au moment de gérer leur effort dans le final.
Le semi n’a pas été en réalité un vrai semi mais davantage un 25 voire un 26 km et nous n’en n’avons eu la confirmation, de la bouche des organisateurs, qu’après la course. Ils nous ont indiqué que le jour même de la course, les autorités avaient décidé d’interdire le parcours d’un côté et de l’allonger de l’autre côté et tout cela au pifomètre, sans référence à la notion de distance. Cette modification du parcours avait eu entre autres pour effet d’allonger sensiblement la distance, de zapper des points de ravitaillement et d’épongeage.
L’heure de départ, prévue à 9 heures a été retardée à 9h30 mais le départ a eu lieu en réalité vers les 9h15 à une heure qui n’avait pas été annoncée. Le protocole d’échauffement a été perturbé et bricolé.
Par prudence, j’ai commencé la course en compagnie de Christian. On se doutait que beaucoup de coureurs et coureuses allaient partir trop vite et exploser.
La chaleur était écrasante et étouffante. On manquait d’air et, étant arrivé 2 jours avant, on n’avait pas eu le temps de s’acclimater d’autant que les 2 journées précédentes avaient été relativement fraîches. Il y avait un vent de face sur la moitié de chacune des 2 boucles. Ce vent était gênant pour le chrono mais avait permis aussi de limiter les effets de la chaleur.Les km n’étaient pas balisés hors mis le panneau du km 2, que tenait à la main un bénévole, et qui était erronée car mon marker avait indiqué 9’50.
Le fait de courir sans repères kilométriques a été déstabilisant.
A certaines intersections, il y avait des policiers ou des officiels de la Fédé mais certains tapaient la discute en étant groupés d’un côté et en délaissant l’autre côté de l’intersection. Il fallait alors les haranguer de loin pour savoir de quel côté il fallait que l’on aille. Certains signaleurs ne connaissaient pas non plus les bons gestes pour signaler à l’avance les changements de direction. Perso, à l’endroit où il fallait faire demi tour, j’avais continué tout droit avant de rebrousser chemin.
Comme on s’y attendait, le peloton était très clairsemé. Beaucoup de coureurs sont partis en sur régime. Une demi douzaine de coureurs tunisiens et algériens était venue pour la gagne et pour les gros chèques. Je me suis vite retrouvé esseulé en chasse patate à remonter un à un les coureurs en difficulté.
Les postes d’épongeage avaient été annoncés tous les 2,5km mais nous n’en avons trouvé que 2 ou 3 sur le parcours.
Dans la 2ème boucle, un poste de ravito s’est retrouvé en panne de flotte. J’ai pu ramasser plus loin un fond de bouteille qui traînait par terre. Christian n’aura pas eu cette chance.
J’ai fait un marker à la mi course, à la fin de la première boucle, pour constater que j’avais mis environ 49’30’’. Ce temps m’avait donné un coup au moral. La seule explication était que la distance du parcours était erronée. J’ai alors décidé de courir la deuxième boucle sensiblement moins vite pour gérer une distance qui allait s’avérer plus longue qu’un simple semi.
A l’approche de l’arrivée, j’avais conservé quelques réserves pour accélérer tout en restant un peu en dedans car l’arrivée devait avoir lieu sous l’arche bleue et elle a finalement eu lieu sous l’arche rouge c'est-à-dire à environ 1 km de moins.
Mon temps final a été de 1h46’06’’ pour une distance que Christian a évalué dans les 25km. J’ai donc fait la première boucle en 49’30’’ et la seconde en 56’35 soit 7’ de plus.
Un coureur qui m’avait accompagné jusqu’à la mi-course, avant d’abandonner, m’a rejoint à l’arrivée pour me congratuler, me présenter ses enfants et me dire que j’étais le 2ème vétéran au scratch (V1 et V2 confondus).
Christian a fait premier V3 en courant tranquillement.
Le ravitaillement final qui était clôturé par un périmètre de sécurité a été royal : assortiment de pâtisseries tunisiennes, fruits secs, bananes, miel, canettes de coca cola frais, médaille, tee shirt, etc.
Et puis après, on a attendu longtemps les classements et les podiums. Les personnes chargées de sortir les classements avaient quelques peu cafouillé. Ils n’ont jamais retrouvé mon temps ni mon numéro de dossard. En gros c’était à moi d’apporter la preuve de mon temps et de mon numéro de dossard. Ce n’était pas important car on était là surtout pour prendre du plaisir. Le président du Rotary est venu me remettre une coupe de consolation en s’excusant.
Nous avons pu communiquer et sympathisé avec de nombreux coureurs.
Nous avons été agréablement surpris par la présence de coureurs de tous âges.
Il y avait notamment parmi nous un superbe athlète de 75 ans qui avait fait 1h30 d’échauffement avant d’entamer son semi marathon. Il nous a indiqué qu’il avait couru avec Zatopek, Mimoun, Bernard et Michel Jazi.
Il y avait aussi des gamins qui avaient couru frauduleusement sans dossard car la course était ouverte aux coureurs de 18 ans et plus « en bonne santé ».
Il y avait également bon nombre de féminines, ce qui est très appréciable dans un pays musulman.
En conclusion, on a bien couru Christian et moi en dépit des circonstances et on garde de la course un bon souvenir.
Il y avait une ambiance incroyable avec la sono à fond, un speaker qui chauffait la foule et les coureurs de façon tout à fait singulière et à qui on aurait pu décerner l’oscar du meilleur speaker.
Il y avait beaucoup de générosité et de chaleur humaine.
Il y a eu aussi beaucoup d’anomalies dans l’organisation mais ces anomalies sont faciles à corriger.
A J+3, nous avons eu une réunion de travail à la Fédération en compagnie du DTN et de tout le staff.
A J+7, nous avons été invités à déjeuner par la Fédération d’Athlétisme en compagnie du Président et de l’ensemble du comité fédéral. Ils avaient invité aussi Gamoudi qui avait été plusieurs fois médaillés, sur 5000 et 10 000m, lors de 3 olympiades qui avaient eu lieu à la fin des années 60 et au début des années 70. Malheureusement sa chaise est restée vide.
Durant la semaine, Christian, Jacqueline et moi n’avons pas chômé. Etant tous les 3 adeptes de la marche à pied et du tourisme en immersion parmi la population, nous avons pu visiter Tunis, ses souks et sa région notamment Carthage, Sidi Boussaid et La Marsa. Nous avons notamment emprunté le TGM le train Tunis/La Goulette/La Marsa, l’équivalent du PLM (Paris/Lyon/Marseille).
Christian et Jacqueline ont pu visiter aussi quelques musées parmi lesquels le musée du Bardo qui possède la plus riche collection de mosaïque romaines.
Notre point de ralliement était une brasserie très chique située avenue Habib Bourguiba (les Champs Elysées de Tunis) qui servait un délicieux jus de fraises fraîches et une restauration de bonne qualité.
On s’est même octroyés une escapade de 2 jours à la campagne dans une région montagneuse au nord de la Tunisie.
Nos contacts avec la fédération d’athlétisme devraient engendrer de nouvelles occasions de revoyure. Donc, à suivre.
Je tiens à remercier Charlie le magicien qui m’a réellement transformé en quelques mois.
Il m’a donné une seconde jeunesse et a permis de me réconcilier avec moi-même en me redonnant du plaisir à courir et à courir vite de façon magique.
Sa préparation marathon et sa préparation semi ont été un régal.
Je n’ai qu’une hâte : remettre le couvert.
3 commentaires
Commentaire de Jerome_I posté le 13-06-2008 à 09:08:00
bravo pour ta course et ton Récit. Pas facile de courir un semi dans ces conditions. Mais superbes photos de ce pays.
Jérome
Commentaire de agnès78 posté le 13-06-2008 à 14:42:00
un magnifique récit, des photos splendides et beaucoup d'émotion et d'amitié! Merci beaucoup!
bisous
agnès
Commentaire de skelet posté le 09-03-2009 à 15:58:00
En fait, l'erreur a eu lieu 100m après le départ, un agent de sécurité placé au rond-point a induit en erreur le peloton en le faisant tourner alors qu'il fallait aller tout droit.
Cette erreur humaine a changé le trajet de la course, la faisant passer où cela n'était pas prévu, lui faisant rater les ravitaillements, dont certains attendirent en vain les coureurs, et d'autres les virent arriver en sens inverse.
Avec la chaleur, et les 24 km ainsi parcourus, nombre de coureurs eurent des défaillances, et personne ne retrouva ses références chronométriques.
Les organisateurs, la rage au cœur, essayèrent de faire bonne figure.
Il est certain que cela ne se reproduira pas, et que le semi-marathon du lac de Tunis retrouvera ses 21,1km dès la prochaine édition, avec un renforcement du nombre de bénévoles pour montrer "le droit chemin".
Et bienvenue à tous les adeptes de la CAP, d'où qu'ils soient.
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