L'auteur : arthurbaldur
La course : Saintélyon
Date : 3/12/2006
Lieu : Saint Etienne (Loire)
Affichage : 4517 vues
Distance : 68km
Objectif : Pas d'objectif
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La version en image : Ma première SaintéLyon ou que c’est bon d’être bargeot !
Finisher SaintéLyon 2006. Qu'il est beau ce t-shirt orange avec ces quelques inscriptions noires du plus bel effet. Que de pas l'un devant l'autre pour l'obtenir. De la souffrance certes, mais que d'émotions, d'images qui trottent dans ma tête, de la fierté aussi. De la fierté pour avoir mené à bien ce projet tout au long de cette fin d'année. L'entrainement et ses déconvenues des dernières semaines et enfin l'aboutissement, cette longue nuit magique sur les sentiers et les routes des monts du lyonnais.
Pourquoi ?
J'ai depuis longtemps entendu parlé de cette course. Une de mes connaissances ayant eu l'occasion d'y participer 3 années de suite. Un truc fou, un rêve éloigné presque inaccessible.
L'envie d'aller plus loin que le marathon. L'aspect magique de la nuit. Le défi de passer une nuit complète à courir, de braver les éléments. Le côté ludique également avec l'alternance de terrain, le dénivelé. Et puis le plaisir de la rencontre ... je me suis définitivement décidé quand XIII a annoncé sont intention d'y participer.
Ma préparation :
Mentalement, mes 8 heures de VTT dans la boue sous une pluie fine mais bien présente à La Forestière m'avaient donné un super punch. Je savais que je tiendrais probablement sur la durée ... je ne savais pas encore qu'il me faudrait largement plus ...
L'idée de départ était d'effectuer une montée en charge progressive avec un plan 502 en préparant le semi de Lyon et en poursuivant par le plan trail 1009.
Je ne me suis probablement pas assez concentré sur mon objectif principal, accumulant les objectifs avec bonheur d'ailleurs sur le semi de Lyon et le 10km de Caluire et puis principalement à jogg'iles 15 jours avant avec un 30km à allure marathon qui a bien failli me contraindre à faire une croix sur la saintélyon.
Le plan d'entraînement 1009 du site a donc subit quelques coups de canifs avant les 10km de Caluire pour faire du jus et un grand coup de hache pour cause de douleurs au genou droit après jogg'iles.
Ces deux dernières semaines ont été une véritable torture mentale (bon j'en rajoute un peu), le moral dans les chaussettes dès lors que le genou me rappelait à l'ordre, une remontée en flèche de celui-ci dès la disparition des douleurs. J'y vais, j'y vais pas, je ne peux pas rater ça, je ne vais pas y aller pour abandonner au bout de 3 bornes parce que je boîte ...
Je n'ai senti une nette amélioration qu'à partir du jeudi ...
Le matos :
Une petite liste des choses que j'ai transporté sur mon dos ... à tort et à raison. Pas trop à tort finalement ...
Sur le bonhomme :
Malgré la chaleur de ce mois de décembre, j'ai apprécié de pouvoir ajouter l'épaisseur de la veste de pluie à St Genoux. Le moindre arrêt et c'était la chape de froid sur les épaules très rapidement. J'imagine qu'avec des conditions de température plus en rapport avec la saison il faut vraiment prévoir des vêtements un peu plus chaud ...
Un sac à dos avec :
L'avant course ou comment la politique de l'autruche m'amène au pied du mur :
J'ai eu la chance de pouvoir faire une bonne sieste de 2h30 le samedi après-midi. Ce n'est décidément pas la grande forme au réveil, mauvaises sensations dans la jambe droite, le dos raide, bof, bof ... J'occulte volontairement quelques pensées défaitistes en bouclant mes dernières affaires ... Méthode Coué, je vais bien, je vais bien.
Et c'est le départ pour le palais des sports, emmené par ma moitié. XIII est déjà là. Nous sommes bientôt rejoints par Scoubidou et WildInTheWoods avec un s. Biscotte, mon lièvre attitré est passé nous dire un p'tit bonjour avec ses enfants. Ca fait vraiment plaisir de le voir avant le départ pour Saint-Etienne. Nous aurons le plaisir de voir Ana le temps d'une photo souvenir. Trop rapide Ana ...
Je profite du trajet en car pour faire connaissance avec WildInTheWoods, du coup le trajet passe rapidement. Il n'y a pas encore grand monde au hall d'exposition, Scoubidou nous conseille de squatter rapidement les gradins, histoire de passer les quelques heures d'attente dans les meilleures conditions. L'attente commence, retrait des dossards, casse-croûte, un thé par là, un café par ci, une petite visite du stand petzl, nike, spode, p'tite vidange ... XIII lui nous a zappé un moment au profit de son matelas histoire de prendre quelques forces.
Je me teste l'air de rien à la descente/montée des marches des gradins, ça va ...
Taz nous a rejoints avec son collègue relayeur. Pas évident de discuter, il y a beaucoup de monde, le hall est bien rempli.
Les sacs sont à la consigne, dernière photo devant le panneau du dénivelé de la course, des vrais warrior sur cette photo ... :lol:
Bon c'est l'heure, Taz nous accompagne jusqu'au départ, à l'extérieur. Nous sommes vraiment en fin de peloton. Je prends soudain conscience que l'arrivée c'est pour demain ... une nuit à courir.
Je suis au pied du mur.
Le départ, chacun prend ses marques ...
Le départ est particulièrement lent, il faut slalomer pas mal entre les concurrents, j'essaye de ne pas perdre de vue mes compagnons. Ce n'est pas facile. On était sensé faire le début du parcours ensemble il me semble ... On perd rapidement Scoubidou.
Je cours un bon moment avec WildInTheWoods, on sent la mécanique bien huilée, XIII est un peu plus loin en retrait. Je finis par me dire que ce n'est pas très sérieux, nous n'avons pas vraiment le même objectif avec Wild. Je me laisse décrocher pour attendre XIII. Je ne reverrai l'homme en bronze qu'à l'arrivée.
D'ailleurs nous avons une méthode Cyrano à tester avec XIII. Il est temps de s'y mettre, ça me plaît bien ...
En fait on ne l'utilisera guère que jusqu'au ravitaillement de Sorbiers ... du moins en se basant sur un temps de course. Le fait de marcher dans les montées est amplement suffisant.
Scoubidou nous passe tranquillement devant au ravitaillement de Sorbiers. Je prends un gel avec quelques gorgées d'eau de mon camelbak en attendant XIII, j'ai décidé de zapper les ravitaillements pris d'assauts et de courir en autonomie.
Les montées j'aime ça ...
C'est le moment de quitter le bitume, fini les éclairages de ville, je vais pouvoir m'amuser avec ma frontale. Content de mon investissement, je constate que l'éclairage est particulièrement puissant par rapport à la plupart des coureurs qui m'entourent. Je me retourne régulièrement pour admirer le long serpent lumineux ... les gens qui sont derrière moi apprécient moins ma frontale ... :oops:
Le passage au relais de St Christo est réalisé en 1h59, 2238 au classement général.
Le profil bien que clairement ascendant est ponctué de portions planes et de petites descentes.
On marche d'un bon rythme dans les montées et on trottine le reste du temps. Les mollets sont durs, ça tire un peu mais le moral est bon, je suis dans l'instant présent, je ne pense pas du tout à la longueur du trajet. XIII semble soulagé d'arriver au point culminant du parcours. Il me dit que les mollets vont être moins sollicités et que les cuisses vont prendre le relais.
J'appréhende les descentes ...
Les descentes ne m'aiment pas ...
J'ai vite la confirmation que je ne suis qu'un pauvre débutant coté trail ... je manque d'assurance dans la descente qui doit nous amener à Sainte Catherine, j'ai un peu mal au genou et j'ai tendance à me contracter par peur de la douleur.
Le ravitaillement de Sainte Catherine est le bienvenu. Passage en 3h55, 1985 au classement général. Je fais le plein en eau et j'essaye de trouver un truc qui me cale un peu l'estomac. Les gels goût citron ont tendance à moins bien passer. Il y a des coureurs dans des couvertures de survie qui attendent pour être rapatriés sur Lyon. XIII me dit que c'est la mi-course, il me semble que l'on n'est qu'au 30ième km pourtant. J'ai un peu du mal à me concentrer, juste l'impression que le plus facile n'est pas devant nous. Sans vraiment sans rendre compte on perd pas mal de temps sur ce ravitaillement, plus de 10 minutes en tout cas.
Il faut repartir, je commence à souffrir pas mal au niveau du genou, dans les descentes la douleur s’étend à la hanche et par le bas jusqu’au gros orteil. Les appuis foireux au sol se multiplient avec la caillasse. A chaque fois une douleur vive en dessous du genou me force à marcher quelques mètres.
Je perds régulièrement du terrain sur XIII qui m'attend patiemment. J'ai l'impression d'être un boulet pour lui. Je lui propose à un moment de continuer tout seul. Dans les montés, la marche me soulage immédiatement. C’est frustrant, au niveau cardio je me sens presque au repos, j’aimerais pouvoir donner un peu plus …
St Genou le bien nommé, le ravitaillement est placé dans une tente. On fait la queue pour aller au fond de la tente, boissons chaudes au niveau du demi-tour et ravitaillement en solide en se dirigeant vers la sortie. C’est long et je ne suis pas mécontent que cela le soit.
Le froid me tombe dessus d’un seul coup après la chaleur de la tente.
Je me décide à ajouter une épaisseur supplémentaire, il faut tomber le sac, le dossard, je suis en équilibre précaire sur un talus à coté de la tente des secours, seul endroit à peu prêt propre pour poser mes affaires. Je décide de me shooter à l’aspirine pour voir si la douleur diminue. Pas possible de continuer autrement …
Je ne vois pas XIII, je retourne dans la tente, je l’appelle une fois, deux fois … merde il s’est tiré le bougre. Je quitte le ravitaillement, pas pour longtemps, plus de frontal sur la tête. J’ai eu comme un léger p’tit coup de blues à ce moment. Coup de chance, je la retrouve en un seul morceau au pied de la tente des secours.
Seul avec mon genou ...
L’aspirine fait son effet, je ne ressens plus cette douleur vive au genou, juste deux piquets bien raides à la place des jambes et l’impression d’avoir la plante des pieds martelée. Je suis très euphorique par moment et j’accélère franchement, à d’autres moments je prends conscience que je marche et à chaque fois il faut relancer la machine. Je fais le yoyo avec quelques coureurs guère plus en forme que moi.
Je déconnecte un peu, je pense à mes autres compagnons de course qui vont arriver bien avant moi. Merde, moi qui espérais vaguement une médaille en chocolat couleur bronze c’est râpé.
Je finis par arriver à Soucieux en Jarrest en 6h22, 2047 au classement général où je fais une halte éclair. Plus qu’un semi. La pêche revient, je retrouve des sensations de compétitions plus habituelles.
D’ailleurs je suis obligé de faire tomber une épaisseur, c’est un signe …
C’est le matin, la vie reprend son cours, mon portable aussi, c’est le défilé des encouragements, sms, coup de fil, ça fait du bien … A partir de Chaponost je m’accroche à un groupe de coureurs, ce qui va me permettre d’atteindre le ravitaillement de Beaunant sans être tenté de suivre la méthode Cyrano … J’ai l’estomac en vrac, je ne supporte plus du tout les gels, j’ingurgite quelques bananes pour ne plus avoir cette sensation de creux …
Tient mais c’est XIII ...
Je suis dans mon fief, on attaque la fameuse côte de Sainte Foy. J’en profite pour passer un petit coup de fil à Biscotte. J’ai une super patate, j’hésite presque à trottiner mais j’ai peur de me flinguer pour la fin. C’est bien le seul moment de la course ou j’ai été obligé de ventiler par la bouche … Après le gros morceau de la côte, j’ai la grosse surprise de voir XIII devant moi.
La fin du parcours est longue, et j’en connais les moindres détours. En plus le camelbak est vide, j’ai oublié de le remplir … On passe les escaliers, pas si catastrophique que ça d'ailleurs. Que de détour pour arriver au Parc de Gerland, on pousse le vice à flirter avec l’extrême pointe du confluent. J’ai lâché un peu XIII vers la fin, je ne suis pas trop fier de çà mais j’en ai vraiment marre, j’ai vraiment envie d’arriver maintenant et il faut que je cours à mon rythme du moment.
J’ai un peu peur qu’on nous fasse faire encore un détour pour arriver au palais des sports mais non l’arrivée est là au bout de cette allée. Il y a du monde sur les cotés qui applaudissent … j’arrive même à finir en faisant une petite accélération …
C’est quand qu’on y retourne ...
9h08, 1533 au classement général. Ca y est c’est fait …
Biscotte est là, je vois également mon père dans la foule et Taz. J’ai le maillot de finisher bien serré dans la main. Je récupère mon sac, la douche ce sera pour plus tard, j’ai trop faim.
Petite attente dans la queue et je peux enfin avaler mes première pâtes. On fini sur un moment convivial à table. Biscotte, Taz, WildInTheWoods, sont là, XIII nous rejoindra un peu plus tard.
J'ai loupé Scoubidou, qui ne se sentait pas au top après la course. Pas le courage de me lever, je pensais qu'il nous rejoindrais un peu plus tard. Dommage.
J'espère convaincre définitivement Biscotte et Taz de participer à l'édition 2007.
Allez venez un maximum, c'est vraiment chouette cette course. Moi j'y serai c'est sur, j'ai du bronze a récupérer ...
Bravo Ana, c’est génial ce que tu as fait.
L'après ...
L'après course c'est une méga sieste le dimanche après-midi. Et une bonne grâce matinée le lundi matin. Pas la peine de parler escalier à mes deux jambes, elles ne sont pas réceptives.
Bizarrement le genou va bien, bien mieux qu'après jogg'iles ... allez comprendre !
Je vais me faire un petit tour chez un ostéopathe pour une révision du bonhomme.
C'est parti pour 15 jours de repos. Après un plan foncier et on attaquera un plan marathon pour avril à Lyon.
2 commentaires
Commentaire de Baobab posté le 07-09-2008 à 21:57:00
Salut Arthur,
Merci pour ce beau CR. J'ai suivi le lien et j'ai lu dans la foulée d'autres récits J'aime bien ton style précis et jamais ennuyeux.
Bonne continuation ! peut être rdv sur l'édition 2008 ?
Commentaire de arthurbaldur posté le 08-09-2008 à 08:59:00
Merci Baobab. Je serai effectivement présent à la SaintéLyon 2008. J'espère décrocher le bronze cette année ... enfin on verra ! Je suis également inscrit au Lyon Urban Trail histoire de grimper quelques marches.
A bientôt donc ...
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