Récit de la course : La Transjurassienne 2004, par L'dino

L'auteur : L'dino

La course : La Transjurassienne

Date : 15/2/2004

Lieu : Lamoura (Jura)

Affichage : 4744 vues

Distance : 76km

Matos : Skis SCS fisher
Fix : salomon pilot sns
Chaus : addidas pilot

Objectif : Terminer

1 commentaire

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Le récit

Comme je l'avais annoncé fin décembre, mon premier objectif de la
saison était LA course de ski de fond.
C'est il y a quelques années que j'ai découvert le skating, sensations
de glisse, plaisir du geste fin, du rythme et de la vitesse. Des
ballades sympas sur des sites avec la nette impression de ne pas
perdre son temps dans les queues de remontées mécaniques...

M'enfin, une année pour parfaire les rudiments technique l'an dernier,
deux courses au passage, et cette année pour préparer les 76 kms et
750 de D+ annoncés. En plus, placée mi février, cette course ne donne
ni des garanties de neige suffisante ou bonne, et encore moins celle
du beau temps. Les protagonistes de l'an dernier doivent s'en rappeler
(allo le Jet ?)

Je me présente sur la ligne de départ ce dimanche 15 février avec
230 km aux compteurs. Tous les habitués me prennent pour un fou,
"il faut au moins 600 kms pour bien faire la transju !" C'est la
croyance du cru des skieurs. Pour avoir fait un marathon avec
beaucoups de D+ en janvier, je sais aussi que la tâche si elle n'est
pas facile n'est pas insurmontable, loin de là. J'ai beaucoup
progressé techniquement ces dernières semaine et je suis confiant en
mes capacités physiques.

Mon objectif sur cette course est très simple : être à l'arrivée en
bon êtat de santé physique et moral en ayant pris un maximum de
plaisir.

Je pars sur cette course avec mon beauf et Franck un ami. Ce dernier,
originaire de Bois d'Amont (point de passage de la course) nous
héberge chez lui ou plutôt dans la maison familialle inoccupée du
jura. Dehors il fait -5 quand nous nous couchons et dedans il fait 8°
malgré le chauffage électrique d'appoint. Je dors plutôt bien avec mon t-shirt
et mes chaussettes et suis en sueur au réveil, protégé que j'étais par
un édredon jurassique :-))

Petit déj classique, habillage classique, (collant de CAP, t-shirt ML
technique, polaire odlo, gilet polaire ss manches salomon et mon buf
sur la tête). Nous mettons les skis dans la voiture et la maman de
Franck nous emmène à Lamoura départ de la course. Dehors il doit faire
-9° environ. 40' de trajet et nous voilà sur le site de départ.

Un panneau indique -8° à 7h20. Fait pas chaud effectivement, mais la
météo annonce du soleil et pas de vent. T° de la neige inconnue...on a
farté en rose on devrait être bon. Passage obligé par les WC, 4
cabines pour 3000 coureurs c'est peu, faut patienter..

On chausse les skis pour un décrassage matinale et quelques m pour se
mettre en jambes. Rien de sérieux mais tout de suite les sensations de
glisses phénomènales sur cette neige durcie par le gel de la
nuit..C'est sur ça va glisser un max. Le speaker rabache le temps du
record de l'épreuve, 3h06. Il doit savoir que c'est un billard cette
année et que ce record ne tiendra pas. Les champions du monde du
relais sont là. Rousselet, Jonnier et Vitoz ne sont surement pas venue
faire du shopping.

Entrée dans le sas de la dernière ligne, celle des nons
licenciés ou des novices. Ca me rappelle Paris et
l'attente qui s'ensuit. Sauf qu'ici les lignes précédentes partent de
5' en 5'. Histoire qu'il n'y ait pas trop de bris de matos, ni
d'embouteillage.

Nous regardons partir les élites, pfiou, impressionnant, même de
dérière ! Ca avance un max. Puis les suivantes.

C'est à notre tour dans deux minutes, on est quasi en dernière
position, pas question de se faire skier dessus et de casser un baton
ou un ski au départ et puis 76 kms c'est plutôt long...je branche le
cardio et met en route mon alti pour le calcul du D+.

Les filets se lèvent et le pétard d'artifice explose en même temps à
nous de jouer...RDV à Mouthe dans quelques heures. A priori 6.5 pour
moi.

Nous partons tranquillement, alors que d'autres nous doublent déjà.
La glisse est excellente, cela donne envie de se laisser aller.

Avec Fred et Franck nous avons convenu que nous nous attendions
jusqu'à mi-parcours environ.
Y a du monde sur la piste, il faut regarder où l'on met ses skis.
Devant quelques figures accrobatiques nous le rappellent, les premiers
km se passent tranquillement. Après les froideurs du départ, j'ai
maintenant chaud. J'ai branché le bip toutes les 15', et je décide de
faire une pause pour boire tant qu'il y aura du monde autour. Faudrait
pas que je mette un coup de baton à un coureur, mes poignées de
batons sont attachées aux poignets et je suis obligé de le lever
chaque fois que je veux boire au bidon.

Après 10 ou 11 km nous arrivons sur une montée raide en forêt.
Embouteillage. Arrêt obligatoire et passage en file, deux par deux.
Tant mieux ça évite de se laisser griser et d'attaquer comme un fou
cette première montée. J'ai perdu F et F. Je les attends en haut et en
profite pour alléger la vessie. Ils n'arrivent pas, je repars au bout
de 3'.

56' de course. 12 km.
Prémanon, premier ravito. Y a de tout, sucré, salé, thé, énergétique
sous forme liquide et solide. Des bénévoles sympas, des gamins de ski
club qui distribuent des gobelets. C'est l'ambiance, ça fait plaisir à
voir et donne le moral. Y a du monde aussi dans les villages. Nous
sommes les derniers ou presque et pourtant on se fait encourager
copieusement, cloches, cornes de brume, encouragements individuels
(le journal du coin à publié les noms des partants avec les n° de
dossards j'entendrai des "aller Xavier" sur tout le parcours :-)))

J'attends F et F après m'être ravitaillé. 3', 4', 5' ils ont décidé
d'y aller piano. Ni l'un ni l'autre ne sont des habitués de course
longue. Ils se ravitaillent et l'on repart.

Sur cette première partie de course le profil est plutôt descendant.
Quelques grimpettes nous tiennent chaud. Ma FC ne monte pas et je ski
à mon rythme, sur mon premier rythme respiratoire.
Les paysages sont superbe. Le Jura c'est beau. C'est pas haut mais
c'est beau. Vert et blanc. Le ciel, gris jusque là, se découvre un peu
et l'on voit poindre le soleil. Pourvu qu'il vienne nous allumer le
ciel complétement.

J'ai encore semé F et F. dans les petites montées et la descente sur
Les rousses annonce le second ravito. Au loin on entend les
encouragements du public massé le long de la montée du risoult.
Frissons.

20 km. 1h32. Les Rousses.
Je me ravitaille, thé et comté, pour le goût. J'ai pris un gel à
prémanon, je prends un comprimé de sporténine aux Rousses. J'attends
un moment, mais mes deux compères n'arrivent pas au bout de 5'. Je
repars pour ne pas me refroidir.

Tout de suite après le ravito, on passe au milieu du village et on se
paye une mini côte qui doit bien avoisiné les 60% de pente !! Y a du
monde qui encourage tout autour, c'est magique. Comme y du monde on
peut pas aller vite. C'est bien. Ca calme.

En sortant du village légére descente, puis terrain valloné jusqu'à
Bois d'Amont. C'est à ce moment là que je commence à doubler du monde
et à rattraper des dossards de la 3ème ligne partis 5' avant moi.
C'est bon pour le moral mais je m'oblige à me freiner. Il reste plus
de 50 km, c'est pas rien.

Le soleil nous éclaire enfin mais ce sera le seul moment.

km 29 Bois d'Amont. Premier passage. 2h20.
Je retrouve ma soeur, mes neveux et la femme de Franck. J'suis content
de les voir, je me ravitaille et prend un gel avec un peu de thé.
Mange deux ou trois morceaux de conté. C'est bon le comté. On discute
de la course et je leur explique que j'ai pas attendu les deux, je me
refroidissait. Je pars pour une boucle en suisse qui fait 9kms, avant
d'attaquer la grosse difficulté du parcours selon les habitués : la
montée du risoult.

La piste descend d'abord légérement, je m'emmèle les batons et les
skis et hop dans la neige...je me relève, rien de cassé, ni matos ni
os :-)). Je repars dérrière un dossard jaune que je rattrape sans
soucis, même si je reste à 80% selon le cardio.. au loin un passage
sur un pont, on ne peut passer qu'un à la fois, je laisse s'éloigner
le coureur en pensant que ce virage à gauche est bien rapé.. il manque
de tomber, je fais un écart et me retrouve dans le bourrelet de neige
extérieur et hop, dans la neige...deux fois en 5 minutes....ça
commence à faire. D'habitude quand je commence à me gaméler c'est que
je fatigue. Mais là il n'en est rien..je suis encore en bonne forme,
pas de signe de fatigue, pas de douleurs...

Je repars et rattrape le gars qui me "fait tomber" pour le dépasser
dans la petite montée qui suit..

Bois d'Amont deuxième passage. 38 kms. 2h50 de course.

En repartant, je cherche ma soeur et les autres, personne...je
continue vers la grimpette de 170m de D+ qui nous attend. Tout le
monde est en bas et m'encourage copieusement avant cette montée, ça
donne du courage au moins. Je me retrouve dérrière un sénateur (un des
13 qui ont fait toutes les transju..chapeau bas messieurs) qui n'est
plus tout jeune et qui monte à son rythme. Impossible de doubler, sauf
en mettant un coup de ski aux spectateur, je patiente et fini par
trouver que ce rythme n'est pas si mauvais...il reste 36 bornes.

On arrive en haut, un virage à droite avec de la place, je double et
reprends un rythme plus soutenu pour terminer la montée moins raide..
Arrive le chalet des ministres et son ravitaillement, un dicton de la
transju dit "qui arrive aux ministres verra Mouthe".

Je suis aux ministres, verrais-je Mouthe ?

Les ministres. 46 km. 3h38.
Les ministres est donc vue et le ravitaillement est pris..Un gel de
plus. La haut le gars au micro semble un peu attaqué, je sais pas ce
qu'il a avalé mais c'était probablement pas du comté.. La partie après
les ministres fut la moins glissante du parcours. Par moment on été
plutôt collé à la neige. Mais bon..il parait que c'était rien comparé
à l'an dernier.

Après les ministres, je me suis dis la montée c'est fini, perdu.
Quelques descentes m'attendent mais tous les chemins sont bien rappés
et comme je rattrape plus que je ne me fais doubler je suis toujours
sur les talons d'un autre...et là je prends mes distances pour ne pas
me vautrer sur eux.

Je profitte de la descente pour relâcher les bras qui commencent à
fatiguer un peu. Les jambes vont bien et c'est tant mieux. C'est
technique ici mais ça va.

Bellefontaine. Km 50. 3h55.
Du comté et du thé comme d'hab.Je change le contenu de mon bidon
pour du malto. Je repars et cherche du regard ma
prochaine cible à rattraper. C'est bon de pouvoir le faire encore.
C'est moins rapide qu'au début mais je suis toujours dans le rythme.
Maintenant c'est plutôt faux plat descendant globalement.

La Chapelle des bois. km 56. 4h22. Je commence à croire que je vais
pouvoir approcher les 6h00.
Tout va bien, du monde encore sur le bord de piste qui encourage, et
toujours des enfants aux ravito. Incroyable, c'est vrai qu'il fait pas
froid et que les gamins des skis clubs du jura doivent être habitués
au froid.

La piste est maintenant valloné, la glisse est revenue, même si la
neige s'est un peu transformé par moments.

Le pré Poncet arrive assez rapidement. 61 Km.
Je ne mange rien et bois juste un peu de mon bidon, je file. Plus que
15 kms dans une petite heure je vois l'arrivée..

Le dernier raidillon s'annonce, les bras sont moins véloce qu'au début
mais je parviens quand même à m'en sortir correctement. Quelques
descentes, je relâche les bras, je sens la fatigue mais je sais que je
tiens le bon bout. Il faut y aller. Depuis le 40ème je crois les km
sont tous indiqués, les voir défiler aussi vite donne le moral. A tel
point qu'à certains moments j'ai l'impression qu'il n'y a pas un km.
J'ai pas l'habitude de faire des km en 3'15 après 60km :-)) C'est
grisant.


La chaux neuve. km 69.
On passe au pied du tremplin de saut...impressionnante pente.

Je termine en roue libre et saute le ravito de la petite chaux sans
apprécier les passages le long de la route embouteillée par les
voitures qui veulent aller à Mouthe.

Je débouche sur le plateau d'arrivée, il faut encore faire quelques
détours mais l'arche d'arrivée est bien là-bas, et j'entends le
speaker qui fait acclamer les arrivants.

Derniers 200 m, j'avais décidé de les faire en pas de un pour le
plaisir et pour voir si j'en été encore capable.. je double un coureur
sur la fin et passe la ligne en 5h36...inespéré. Incroyable.

J'ai fini la transju, je suis fatigué mais pas cassé, loin de là.

Il faut encore marcher pour aller se changer (1km). Les jambes vont
bien et je me change rapidement pour ne pas avoir froid.

J'attends un moment mes deux compères, ils arriveront 1h30 plus tard.
ils ont fini eux aussi pour leur plus grande joie. Je leur tire mon
chapeau.

On va manger et on regarde les résultats.
1994 ème sur 2500 environs, faut relativiser l'exploit. Ca me va.
J'aurais signé tout de suite pour ce résultat, moi qui ne faisait pas
de ski de fond il y a deux ans.

30 coureurs sous le record de l'épreuve. C'était l'année pour la faire.
Ca glissait.

J'étais bien fatigué mardi, mais je n'ai eu aucune courbatures, ni
dans les jambes, ni dans les bras.

Le ski de fond c'est tout doux.

L'dino_content.

1 commentaire

Commentaire de LtBlueb posté le 13-02-2013 à 21:21:44

bravo mon dino : j'avais oublié que tu l'avais déjà terminé cette transju !!!

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