Récit de la course : Saintélyon 2006, par amibugs
L'auteur : amibugs
La course : Saintélyon
Date : 3/12/2006
Lieu : Saint Etienne (Loire)
Affichage : 5268 vues
Distance : 68km
Objectif : Se défoncer
4 commentaires
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Saintélyon 2006 - Sans doute ma dernière...
C’est une première !
Pour la première fois, j’ai terminé un ultra sans avoir souffert du ventre !
Tout aurait pu se passer pour le mieux mais…
Samedi 2 décembre, il est 23h45. Jamais autant de coureurs n’ont participé à la Saintélyon. Tout le monde a (encore) le sourire. Les néophytes appréhendent alors que les expérimentés sont déjà dans leur course. Je suis là, dans le premier quart avec Seb et les deux autres Steph. Nous avons mangé ensemble, voyagé ensemble, déconné ensemble mais nous ferons chacun « notre Saintélyon ». 00h00, le départ est donné ; la température est très douce et avoisine les 8°. Pour la première fois en 4 ans, pas besoin de Gore-Tex. Panoplie classique : une première couche manches courte et un dessus manches longues respirants, un collant long, mes BV sport, mes Quecha run 500, ma casquette UFO, une frontale et une lampe à main, mon sac Décathlon. Dès les premiers mètres, nous nous perdons de vue. Seb part rapidement devant ; je n’ai aucune idée de la position de mes deux autres compères jusqu’à ce que l’un d’eux me rejoigne et parcourt quelques mètres avec moi avant de marquer un arrêt pipi. Ce sera le seul et unique contact entre nous durant ces 68 km. La file de coureurs est interminable et je m’interroge sur la capacité des différents ravitaillements à accueillir cette marée humaine.
Les Sorbiers, 1er ravitaillement - 45’30’’ / 7,43 km à mon GPS, le rythme est bon et je vais bien. Deux verres d’eau attrapés je ne sais comment et je repars en essayant tant bien que mal d’éviter la montagne de gobelets qui recouvre le sol ; une horde de petits gorets est passé par là…
Premiers pas hors goudron. J’allume mes deux lampes et poursuis mon chemin sans difficulté. De nombreux participants tentent de doubler et c’est leur plus grand droit… Mais pourquoi certains se collent-ils à 50 cm devant moi et n’avancent plus ? Bon, c’est pas grave, on n’est pas là pour se prendre la tête.
Saint Christo en Jarez – 01h48’33’’ / 15,62 km. Tout va toujours bien. L’accès au ravitaillement a été amélioré cette année, mais le nombre important de coureurs me conduit à quitter ces lieux aussi rapidement que possible… Les petits gorets sont toujours en course…
Je poursuis mon chemin, tranquillement à un rythme régulier, sans stress, sans pression. Une succession de grimpettes permet de varier le rythme ; quelques belles poches de boue conduisent des participants à se jeter sur les bas côtés pour ne pas salir leurs belles chaussures… Je me marre et conformément à mes habitudes : toujours droit devant. Splatch, splotch ! Ca passe bien et cette fois-ci, c’est moi le goret !
Moreau – 02h38’17’’ / 21,7 km. Décidément, c’est un élevage de gorets qui participe à cette Saintélyon ! Non contents de laisser leurs ordures un peu partout, ils jouent des coudes aux ravitos. Ah, les braves bêtes ! Vite, je me sauve…
Longues successions de descentes jusqu’au ravitaillement suivant. Aucune difficulté, le temps est toujours clément malgré quelques gouttes de pluie et le terrain très praticable.
Sainte Catherine – 03h22’00’’ / 28 km. Il pleut maintenant depuis déjà plusieurs km et ça commence à bien mouiller. J’hésite. Est-ce que je sors la Gore-Tex ou non ? Mon corps est toujours au sec mais ça risque de ne plus durer très longtemps vu l’intensité de la pluie. Allez ! Joker ! Je continus comme ça ! Pourtant, ce ravitaillement, lui-aussi modifié et permettant une plus grande fluidité des coureurs, est couvert de participants cherchant dans leur sac de quoi se protéger de la pluie. Tant pis pour moi ! Je me couvrirai plus loin si cela devient indispensable.
31ème km. Un bon coup de moins bien. Pas méchant mais toujours moralement et physiquement coûteux en énergie. Je positive et en profite pour ralentir à l’approche de la descente du bois d’Arfeuille dans laquelle j’avais chuté l’année passée. Ca passe sans problème particulier. La pluie s’est arrêtée et j’ai donc bien fait de ne pas sortir la Gore-Tex ; cela m’évite d’avoir à la retirer.
Saint Genoux – 04h36’49’’ / 36,02 km. Ce ravitaillement, c’est un gag ! Déjà les années précédentes, je l’appréhendais, mais cette année, c’est carrément burlesque ! Comment faire passer 7000 participants dans une tente de 30 m2 avec l’accès et la sortie du même côté ? Si, c’est possible ! Comment ? Ben j’ai fait comme les autres ; à la queuleuleu, en colonne par 5 pour accéder aux tables « liquides » et retour sur une colonne le long des tables « solides ». Il fallait y penser. Bon, je ne suis pas à 5 minutes, mais 15 minutes, ça commence à faire long… surtout par 35° de température ! C’est pas tout ça, mais il faut y aller maintenant. 2 km de bonne montée puis la longue descente vers Soucieux. Je vais nettement mieux et tous les voyants sont redevenus verts. Pour la première fois, je me fixe un objectif temps. A ce rythme, je dois pouvoir boucler cette Saintélyon en 8h00. Rien d’extraordinaire mais pour moi, c’est un temps jamais espéré. Le moral est au beau fixe d’autant plus que le reste du parcours ne représente pas de difficultés majeures.
Soucieux en Jarrest – 05h47’35’’ / 44,5 km. Je profite de ce ravitaillement pour changer ma première couche qui est trempée de transpiration. Je repars le corps au sec et c’est bien agréable. Cependant, j’ai franchement eu du mal pour avaler mes deux verres d’eau et quelques biscuits salés. Je tente de retrouver ma foulée mais je sens que quelque chose ne va plus. La machine ne se relance plus. Ca veut pas, ça veut plus ! Je marche de longues portions en tentant régulièrement quelques pas de course ; mais rien à faire. La situation semble même s’aggraver puisque je suis, par moment, victime de vertiges et ma trajectoire devient zigzagante ! Que se passe-t-il ? Je mets ça sur le compte de la fatigue mais n’en suis pas vraiment convaincu ! Les 10 km qui me séparent du ravitaillement de Beaunant se feront uniquement en marchant, montées comme descentes. Les 8h00 sont oubliées depuis longtemps…
Beaunant – 07h49’13’’ / 56,18 km. Bien content d’être enfin arrivé jusqu’à ce dernier ravitaillement, je bois tant bien que mal un verre d’eau plate et un d’eau gazeuse. J’avale avec beaucoup de mal un gâteau sec et le gel « coup de fouet » que Seb m’a donné avant le départ. Je ne m’attarde pas et me dirige tranquillement vers la fameuse côte de Sainte Foy que j’arpente au même rythme que les autres coureurs, c’est à dire lentement ! Je me colle le lecteur MP3 sur les oreilles en pensant que ça me motivera pour les derniers km ; après deux chansons, je ne le supporte plus et il retourne illico dans sa pochette. Je marche toujours. Passage devant la boulangerie et sa douce odeur de croissants chauds avant d’entamer la descente vers Lyon. Les vertiges ont disparu. Je cours. Mécaniquement. Pour pouvoir dire que j’ai fait cette longue et interminable descente en courant. Je ne souffre pas mais je n’éprouve aucun plaisir, aucune satisfaction d’être là. Je suis pressé d’en finir. Je passe devant les deux motards qui facilitent la circulation au passage du premier pont et arrête de courir… définitivement. Reste les 5 derniers km le long des berges. Mes pas se succèdent sans jamais décoller simultanément du sol. Je marche, robotisé. Un monsieur m’interpelle en me demandant d’où on vient. Un soupir admiratif suit ma réponse et on en profite pour échanger quelques amicales paroles. Reste 3 km soit environ 25 minutes de marche. Promenade matinale. La dernière ligne droite et enfin en vue. Comme le veut la tradition, j’effectue les 50 derniers mètres en petites foulées et passe l’arche d’arrivée sans joie et sans tristesse. 09h27’48’’. J’ai bouclé ma 4ème Saintélyon et c’est cette unique pensée qui occupe mon esprit à cette seconde. Je suis comme réveillé par une main qui me fait signe et une demoiselle qui me demande ma taille de T-shirt. Je jette un regard sur la foule et aperçois quelqu’un qui me fait signe. Qui c’est ? Il me faudra quelques secondes avant de réaliser que c’est Seb qui me sourit et m’indique de le rejoindre. Je suis out. D’ailleurs, les premiers mots de Seb seront : « tu es vraiment blanc ! » Je me repose salutairement sur une barrière, ingurgite deux verres de coca avant de me diriger vers la salle des sacs. Un rapide appel à la famille pour lui dire que « tout va bien »…
Après une bonne demi-heure, je suis changé et d’aplomb. Ca va nettement mieux. Je rejoins Seb arrivé en moins de 07h00 et le premier Steph qui le suivait de peu. Ils sont sympathiquement allés me chercher mon panier repas que je déguste en leur compagnie. Je n’aurais lâchement pas le courage d’attendre le troisième Steph qui, pour sa première Saintélyon, arrivera à bout de ces/ses 68 km. Je reprends la route direction Dijon et marque rapidement une halte à la sortie de Lyon pour dormir une dizaine de minutes et prendre un bon bol d’air frais.
Les jours suivants seront marqués par un état fébrile général et un violent mal de gorge que je devais sans doute couver lors de cette nuit de course et que je considère comme à l’origine de cet incompréhensible coup de fatigue.
Je tire sincèrement mon chapeau à mes trois compères pour leur performance et les remercie pour cette bonne soirée passée en leur compagnie.
Quant à la course elle-même, je crois qu’elle a largement dépassé le seuil tolérable de participants. Je suis certain de ne pas en être l’année prochaine si le nombre de coureurs devaient stagner ou encore augmenter. Sans parler du comportement irrespectueux, égoïstes et irresponsables de certains. Je ne partage pas et supporte de moins en moins cette façon de se comporter ; et sachant que ce sont les plus gênés qui s’en vont…
4 commentaires
Commentaire de philkikou posté le 19-12-2006 à 23:52:00
qu'importe le flacon....mais hélas pour vous il n'y eut point d'ivresse des profondeurs de la nuit...
remède envisageable : rester sur les trails ou le puy-firminy comme cure de guérison de la saintélyon....
phil
Commentaire de raideur69 posté le 20-12-2006 à 12:18:00
Salut,je suis d'accord avec toi au sujet des ravitos,surtout st genoux,une tente avec une même sortie,bravo l'organisation.
Moi c'est le trail et je resterais au trail.
A+ sur un trail
Commentaire de Coach Cyril posté le 20-12-2006 à 20:13:00
félicitation,j'espere que tu t'es bien fais plaisir quand même.Je suis tout a fait d'accord qu'il y avait trop de monde,mais c'est une course de plus en plus populaire....Il faudra une organisation plus rodée nottament au niveau des ravito qui ont du poser probleme.Sinon le coté égoiste comme tu dis est certainement du à des coureurs qui sont trés tendus et qui veullent a tout pris terminer au lieu de se faire plaisir,ou alors qui n'acceptent pas la défaite...
@+sur un trail
cyril
Commentaire de vboys74 posté le 20-12-2006 à 20:33:00
Steph!
Mais c'est à toi que je tire mon chapeau, pour avoir été là encore cette année, pour avoir encore résister jusqu'au bout, pour les conseils que tu prodigues...et pour m'avoir quand même reconnu à l'arrivée...lol
Seb
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