L'auteur : centori
La course : GranTrail Courmayeur - 100 km
Date : 12/7/2024
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 241 vues
Distance : 100km
Objectif : Terminer
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Une sacrée Balade
Après les 90km du Mont Blanc en 2023, je me suis dit qu’aller courir de l’autre côté de la frontière à Courmayeur et donc faire le GTC100 serait une bonne idée. Et puis ce serait l’occasion de passer la barrière symbolique des 100km pour la première fois l’année de mes 50 ans.
Entrainement.
Je vais mettre le paquet sur ce premier semestre 2024 et j’arrive à 1731km et 47815d+/D- de course à pied au 30/06 ce qui est mon plus gros score, ce d’autant que j’ai été handicapé par une tendinite au tendon d’Achille en Janvier et des crampes au mollet à ce point importantes qu’elles m’empêchaient de courir certains jours en mai.
Juin 2024 sera énorme avec 354km et 12641d+ mon plus gros mois ever !
Récupérer le dossard
Quelques jours avant la course, l’organisation annonce que les crampons sont obligatoires pour la course compte tenu de la neige. Je vais de ce fait devoir en acheter. J’arrive donc pour récupérer le dossard avec le matériel obligatoire. Bah aucun contrôle du matériel.
Départ.
Le start est à 22h00 le vendredi 12/07, l’ambiance est énorme sur la ligne, la musique hurle, les speakers crient et je rentre dans la zone de départ. Et là surprise aucun contrôle du matériel, il n’y en aura d’ailleurs aucun pendant la course. Personne ne mettra non plus les crampons même s’il y a eu 2-3 passages en neige un peu tendus. Bref, l’organisation nous a fait signer une décharge de responsabilité, en d’autres termes à chacun de faire ce qu’il estime devoir faire ! (Je trouve que c’est plutôt sain en fait).
1 – Courmayeur – Morgex Arpy.
12km 200d- - 800d+. Cette section démarre par 2km dans Courmayeur pour étirer le peloton, cela se passe très bien et on entre ensuite directement sur les chemins, 1km en chemin à 4x4 puis en single. Et là le ton de la course va être directement donné.
S’il ne pleut plus, et que le temps se lève, toute la journée nous avons eu droit à des orages et de la pluie. Les chemins sont donc boueux, transformés en torrent avec des mares immenses et même des arbres en travers des chemins. Et donc les pieds trempés directement et ce jusqu’à la fin de la course.
Sur cette section je me fais doubler dans tous les sens, ça part à une vitesse dingue comme si c’était un 30km.
Sinon, les chemins sont sympas, on allume les frontales et c’est parti pour la nuit.
Je retrouve mes assistants au ravito (mon père et mes 2 gars), tout se passe bien. Je mange bien, donc RAS.
2 – Morgex – Refuge Deffreyes
11km 800d+. Cette section va commencer à être plus difficile, on continue à monter tranquillement. Je m’évertue à rester dans une zone de confort. Le dénivelé est finalement assez vite acquis et ensuite nous sommes dans une zone où nous faisons le tour d’une vallée. On entre dans là dans des chemins très techniques des cailloux, des échelles, un sentier minuscule et un précipice qui semble énorme.
Bref il faut faire attention et ça ne va pas bien vite d’autant que ça bouchonne devant et que les italiens ne laissent pas passer même quand ils sentent le souffle d’un coureur sur leur nuque.
3 – Defrreyes – La thuile
9Km 1000d-. Cette descente a été encore très pénible. D’abord c’est hyper raide, des cailloux partout, des chemins très petit et des ravins très prononcés. Il faut donc faire attention à ne pas faire un faux pas. Ça se descend donc en marchant à mon niveau. Je ne me fais pas doubler ce qui montre que les autres coureurs rencontrent le même problème.
Et là c’est le drame, je casse un bâton NET ! Je ne me vois pas faire toute la course avec un seul bâton, mais je préviens mes assist et quand j’arrive à la Thuile ils ont un bâton de rechange donc top.
Mais alors que le jour pointe, j’arrive à la La Thuile démolit. Je grelote, alors que je suis bien couvert, impossible de manger correctement, j’ai le bide en vrac. Je vais rester 30 minutes dans ce ravito à ne pouvoir me réchauffer, je parle d’arrêter ce qui est évident vu mon état.
Mes garçons vont m’obliger à me changer et surtout à repartir. Je repars en grelottant, sans envie, mais je repars.
4 – La Thuile – Balte di Youlaz
6Km – 800d+.
Cette section est chiante au possible, il faut traverser la Thuile, puis monter en lacet sur une route. Je suis très fatigué, j’essaie de faire une sieste de 15 minutes, mais ça ne va pas donc je repars. Je monte tranquille, je me fais doubler mais je m’en fous. Et je finis par faire 3 magnifiques vomito pour expulser tout ce qui me gêne !
J’arrive au ravito défoncé, avec l’idée d’abandonner dans ma tête c’est terminé ! Seul hic, il n’y aucun accès en 4x4 à ce ravito, donc pas moyen d’abandonner il faut continuer. Je refais le plein des flask, je mange un peu (tiens ça passe) et je repars.
Au niveau Paysage derrière nous, lever de soleil sur le Sommet du Ruitor. Cela commence à être vraiment chouette.
5 – Balte – Mont Fortin
10km – 800d+ - 100d-. Après le ravito, en plein soleil, je décide de faire une pause sieste. 15 minutes et on verra bien.
Et là ça va être le reset. D’un coup, je n’ai plus froid, j’ai faim donc je mange et surtout la fatigue est partie, et les jambes sont bonnes. Je vais donc reprendre la route, avec l’idée d’aller plus loin. Finalement je reprends le même rythme qu’au début de la course et je rattrape les coureurs avec qui j’étais avant la sieste.
J’arrive finalement en bonne forme au Mont Fortin.
Cette section a été assez intéressante. Ça cela monte sévèrement et ensuite il y a une traversée vers le Mont Fortin, on commence à avoir de la neige, mais sans technicité particulière.
Au niveau, paysage, on entre dans la partie la plus belle de la course. On a une vue sur Tré la tête, Mont Blanc, Grandes Jorasses et même au loin le Grand Combin. Juste magnifique.
Au ravito, je me gave de bouffe pour récupérer.
6 – Mont Fortin – Refuge Elisabetta.
12km – 600d-. Cette section est vraiment cool, beaucoup de neige, du devers, c’est technique au possible. Ça ne court pas forcément, mais je vais quand même à peu près plus vite que tous les autres coureurs donc ça me va. La vue reste exceptionnelle sur le massif du Mont Blanc que l’on va désormais admirer jusqu’à la fin de la course.
On passe au col à la Frontière avec la France, vue sur le refuge Robert Blanc, l’Aiguille des glaciers c’est superbe et il faut descendre. Je fais un stop à une cabane que je prends pour le refuge Elisabetta. Je mange et cherche le ravito, bah ce n’était pas là.
Je repars donc et continue la descente, j’aborde une zone de plat. Ayant été dans le mal en début de course et sans envie de me cramer je décide de ne pas courir et rester en marche nordique c’est efficace, plutôt rapide et même comme ça je grapille. Arrivée au refuge et là c’est un bazar incroyable. Le ravito est tout petit, un monde fou. Je fais le plein des flasks, me gave de banane et en prend 2 que je mets dans mes poches.
Je ressors du ravito affublé de 2 bananes tel un cowboy prêt à dégainer !
7 – Refuge – Refuge Maison Vieille
9km. 500d+ 600d- Cette section démarre encore par un plat. Je me refuse encore à courir pour éviter de me cramer. Donc marche nordique bien dynamique et ça avance bien, je gagne même quelques places et je profite du paysage qui reste majestueux.
Ensuite ça remonte vers le sommet de Dolonne, en clair le sommet des pistes de Courmayeur. Cette montée n’en finit pas, ne sert d’ailleurs à rien dans la progression de la vallée. On aurait pu rester tout en bas puisqu’on va y revenir. Bref, on est dans des prés, en forêt, il faut profiter. Je continue à surveiller ma vitesse d’ascension entre 700 et 800m / heure maxi comme depuis le début de la course. Tout va bien.
Arrivée au refuge, ravito, je discute un peu avec des anglais, prend le temps de manger et hop ça repart.
8 – Maison Vieille – Brenva
4km – 600d-. On est là sur la descente vers le tunnel du mont blanc. C’est encore bien casse patte avec beaucoup de caillou, je n’ai plus la gnak pour descendre un peu en trottinant donc hop hop marche rapide. Là je suis vraiment seul, je me motive en écoutant de la musique.
Fin de la descente sur la route environ 1km, puis accès dans la moraine et début de la montée.
Le point de contrôle c’est juste 2 bénévoles et 1 voiture, ils me proposent de l’eau, je refais le plein.
9 – Brenva – Skyway Monte Bianco
3,5km 800d+. C’est cette fois un mur qui se dresse devant moi. Cela me fait penser au Barrage d’Emosson lors des 90km du Mont Blanc. Tout en haut, le Skyway, 800d+ à gravir et putin que c’est raide. Je m’applique encore à ne pas dépasser le rythme 700m/h maxi pour ne pas me cramer dans un effort inutile. Et je vais doubler plusieurs coureurs, dont un qui est très en difficulté. Je lui demande s’il veut quelque chose. Non, probablement juste qu’on lui foute la paix. En tout cas, j’aurai encore gagné 4 places dans cette montée très raide et qui plus est en pente sud et donc pleine chaleur.
Au sommet, la vue sur toute la vallée est juste extraordinaire, je profite. Un de mes garçons est là, il me fait le ravito. Un bénévole me propose d’aller récupérer mon sac d’allégement, je lui dis en rigolant que je n’en ai pas, il se marre. Je rentre dans le ravito pour faire les poubelles, les bénévoles se marrent.
C’est un genre de mouroir cet endroit, des coureurs se font masser, d’autres sont allongés, bon pour ma part ça va pas mal donc je reste dehors au soleil à profiter.
Je me pose 10-12 minutes comme prévu et ça repart.
10 – Skyway – Lechey
7km 800d- et 500d+. Je fais la descente avec mon fils, ce sera la plus belle partie de la course. On discute toute la descente. C’est très raide encore une fois 3km et 800d- donc on descend sans forcer mais à bon rythme. Arrivée en bas à La Palud il faut se séparer, je repars pour une montée et en solo.
On est dans le bas de la vallée, avec une jolie vue sur les Grandes Jorasses. Ça va monter tranquillement vers le ravito. La montée semble néanmoins un peu longue, mais je profite de la vue, les sommets sont éclairés par les dernières lueurs de soleil c’est très agréable.
Arrivée au ravito, mazette ça caille ! Je m’offre une soupe ! Pas mauvaise d’ailleurs, je sors la veste, les gants et le bonnet. Je suis prêt pour la nuit. Le temps de se réchauffer et hop hop ça repart. Les bénévoles sont étonnés que je ne mange rien de ce qu’ils proposent et que je ne prenne que de l’eau pétillante, mais ça me va bien comme ça. J’ai mes compotes salées cela me suffit.
11 – Lechey – Pas entre deux.
9Km – 600d+ 100d- Cette section a été incroyablement chiante ! d’abord, on ne voit pas la montée, et là où nous allons passer, on continue à s’enfoncer dans la vallée alors qu’on sait qu’on doit tourner à droite, mais ce virage n’arrive jamais. Ça trottine sur des chemins faciles et ça descend bien plus qu’annoncé et on se dit mais Oh Eh Oh on est censé monter ! et on descend.
Je vais rattraper là 3 italiens. La nuit arrive, j’aurai pu les passer, mais il n’y a personne devant, alors je décide de rester dans leurs pas. Cela va être LA bonne décision, ils vont à peu près à ma vitesse. On fait les pauses en même temps, je reste dans leur pas. Et je vais prendre un bon coup de mou, et donc je m’applique à rester avec eux sinon je sais que je vais réduire la vitesse.
Derrière nous, dernière lueur de soleil sur le Mont-Blanc qui fume d’ailleurs avec le vent. Juste magnifique.
Et c’est enfin la nuit noire, l’avantage est qu’on voit les frontales devant nous et donc on sait où l’on va. Et ça monte, ça monte. Et nous devons franchir des torrents qui sont énormes. On en à mi-mollet… encore les pieds trempés.
Je vais finir néanmoins par prendre le lead du groupe, j’en ai marre, alors je pousse un peu plus fort et j’emmène les Italiens.
Et enfin, le col, la lune se met pile au milieu du col c’est magnifique, malheureusement, je n’ai pas eu le temps de prendre une photo.
12 – Pas entre deux – Curru
3km 200d+ 700d-. Ravito, reprendre de l’eau, des bananes et ça repart. Et ça descend vraiment raide, on est content, ça ne va pas bien vite, mais ça descend, mais BAM ! ça remonte et c’est reparti pour pousser dans le noir et les frontales au loin semblent bien haute.
Marre de ces montées, les Italiens repassent devant, je me laisse trainer et cette fois on est plus dans du 500m/heure cela commence à être lent. Cette section pourtant courte donne l’impression d’être interminable dans la nuit et je commence à avoir envie de dormir. Mais je me force à rester avec les Italiens. Et comme nous perdons du dénivelé, il fait moins froid et je commence à avoir bien chaud.
Et enfin le ravito en vue, je repasse devant pour faire le rythme et là je me dis enfin plus que de la descente.
13 – Curru – Finish.
6km 100d+ - 900d-. Encore une fois refaire le plein, manger un peu et repartir. Il commence à faire chaud, mais je n’ai pas envie de trifouiller dans mon sac, donc je garde tout sur moi. Je me place en tête de groupe et c’est partie. Je prends directement quelques mètres d’avance, ça ne suit pas, j’attends, je repars et je reprends de l’avance. Je comprends que ça ne suit pas et donc je pars solo finir cette course.
Et au lieu d’avoir une seule descente comme annoncé, je vois des frontales qui montent, je me dis pas possible c’est FOU ! et si une petite montée pour casser le moral. Je vais l’avaler parce que je suis énervé. La forêt est dense ça descend mais sans voir Courmayeur qui est tout en bas, alors il faut pousser et se battre. Et encore des torrents à traverser avec de l’eau par-dessus les chaussures. Je ne prends plus aucune précaution, je fonce dans l’eau, de toute façon, ça fait + de 20h qu’on a les pieds plus ou moins trempés.
Et enfin, la délivrance, le finish qui se fait sur la route, paradoxalement c’est là que la course est la moins bien signalée, je vais chercher un peu. Et puis délivrance, le finish.
Il n’y a personne au centre de Courmayeur, pas un bruit, sauf le speaker qui annonce bruyamment mon arrivée (le contraste avec Chamonix est total). La famille est là. Photo finish.
Voilà c’est fini. Quel bonheur.
J’aurai mis 8 minutes aux italiens en 6km, je crois que j’ai bien fait de les laisser descendre à leur rythme. Je les attends néanmoins à l’arrivée pour les saluer. On échange un peu et puis c’est l’heure d’aller à la douche et au lit.
Dodo
Seulement 5h de sommeil, je suis pleinement opérationnel. Un petit tour dans Courmayeur, déjeuner à La Palud et le temps de rentrer en Normandie. Finalement dimanche soit 22h30, je suis à la maison. Etonnement peu fatigué. Le lundi sera lui plus compliqué avec une fatigue immense qui me tombe dessus. Par contre les jambes vont très vite récupérer.
Nutrition et Boisson.
J’ai fait toute la course avec des compotes salées Baouw, Naak et 4Ultra. J’ai vraiment préféré les Naak et 4Ultra. Les 4Ultra c’est de la purée de pomme de terre et carotte c’est consistant donc intéressant.
Lors des ravito 1 et 3 avec assistance, j’ai eu aussi des pâtes aux champignons de chez M3X. Mais une fois que la course avance je n’ai pas réussi à en avaler.
Aux ravitos, globalement j’ai pris des bananes en très grosse quantité. Avec mes purées ça a suffi.
Boisson : Une gourde isostar et une gourde d’eau. Au fil de la course, après 50KM j’ai fini par tourner uniquement à l’eau pétillante. Ça peut surprendre, mais j’aime le côté rafraichissant de l’eau pétillante.
Ravitaillement : il y a vraiment de tout pour manger et boire à foison. A noter, des cabines permettant de s’isoler du froid. 2-3 trailers pouvaient rentrer dans des cabines fermées pour récupérer et se changer. Ces cabines étaient installées aux points isolés et froids de la course. Système très intéressant.
Courmayeur ou Chamonix.
J’ai désormais couru le 90KM MMB, et le GTC à Courmayeur. Alors comparons un peu.
La vue : Courmayeur. Je préfère et de loin le versant sud italien du Mont Blanc.
Organisation : Chamonix. C’est vraiment le cran en dessus. Il y a un petit côté bordélique à l’italienne à Courmayeur. Mais ça le fait quand même bien.
Ravito : Egalité. Des deux côtés c’est très bien. Mention spéciale aux cabines de Courmayeur.
Ambiance : Chamonix. Pas grand monde sur le parcours à Courmayeur et arrivée dans une ville complétement morte. Alors qu’à Cham ben même à minuit y a du bruit.
Difficulté : Courmayeur. Ce n’est pas seulement 13km et 2000d+ en complément. Les chemins sont nettement plus techniques et difficiles. C’est vraiment le cran au-dessus.
Verdict : Faites les deux !
1 commentaire
Commentaire de AureLynx posté le 02-01-2025 à 18:25:17
Merci pour ce récit bien détaillé.
C'est un trail qui est sur ma liste, j'ai hésité à m'y inscrire cette année.
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