Récit de la course : TOR330 Tor des Géants 2024, par chirov

L'auteur : chirov

La course : TOR330 Tor des Géants

Date : 8/9/2024

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 384 vues

Distance : 350km

Objectif : Faire un temps

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TOR des Géants 2024, la revanche !

Le TOR et moi

L'année dernière, une infection nécessitant une intervention d'urgence m'a obligé à arrêté à Saint-Rhémy-En-Bosses, laissant derrière moi l'impression d'avoir fait le TOR à 90-95%, mais sans l'avoir vraiment terminé. Je m'étais promis de revenir dès que possible (au dépend du tirage au sort) pour terminer ce chantier en moins de 130h (pour la qualif aux glaciers).

J'ai été assez chanceux puisque j'ai été pris aux rattrapages et validé ma participation pour cette édition de 2024 😎


La préparation et le plan de course

En terme de préparation, je suis resté dans les volumes de 2023, en essayant de monter en puissance jusqu'à un 170k en juillet (Cervino Ultra Trail), malheureusement cette année est assez catastrophique en terme de météo et la course a été annulée, j'ai donc enchaîné sur 2 gros WE off, l'un fin juillet (120km / 8k D+) qui s'est bien passé et l'autre à 2 semaines du TOR, mais j'ai dû raccourcir ce dernier en sentant une gêne de plus en plus douloureuse sur la partie postérieur du genou (on dirait une tendinite de la patte d'oie, au niveau du Sartorius), symptôme nouveau pour moi, en parallèle je sens aussi une gêne tendineuse au niveau de la rotule droite. Bref, ma confiance tombe d'un coup et je préfère arrêter les activités physiques jusqu'à la course en croisant les doigts.

A quelques jours du départ je demande des conseils à mon cousin kiné pour strapper au mieux la rotule si je commence à sentir la gêne revenir, je me dis que tant que ça reste tendineux, même si c'est douloureux, ça devrait le faire. Mais au fond de moi je sais bien qu'arriver blessé sur une course de 350km ça fait chuter considérablement les chances de réussir, même en y mettant toute la meilleure volonté du monde.

Comme j'ai la "chance" d'avoir quasiment terminé le TOR l'année précédente, j'ai une bonne idée des temps de passages que je peux améliorer et des meilleurs endroits pour envisager des dodos rapides, je prépare un plan de course pour un temps de course de 128h, ce qui me laisse 2h de marge sur la limite de 130h si les choses ne se passent pas comme prévu. Ceci dit, j'envisage de prendre un peu d'avance sur mes prévisions sur la première partie de course si les occasions se présentent afin d'avoir une marge plus importante en cas de blessure sur la fin de course . 


La course


Première section: Courmayeur -> Valgrisenche


 

Départ 10h dans la première vague, la pluie est annoncée dès le milieu d'après-midi et pour toute la nuit, mais sur la ligne de départ on commence déjà à sentir les gouttes...


 

L'émotion n'est pas la même que l'année dernière, je me sens un peu plus détaché, je connais le parcours et j'ai un plan de course bien réfléchis, mais j'ai hâte de commencer, ce voyage sera surement différent de l'année dernière avec ses bonnes et mauvaises surprises.

Le départ est donné, j'essaie de rester dans la première partie du peloton pour m'assurer d'un bon rythme dans la montée comme l'année dernière (et limiter la perte de temps lors du goulet d'étranglement). On croise toujours 1 ou 2 guignols qui cherchent à doubler alors qu'on patiente tous gentiment, comme si ils étaient plus rapide que les autres 😅.

Il pleut de plus en plus, j'attrape mon poncho "maison" (poncho basique que  j'ai recoupé pour éviter de gêner les jambes), c'est la première fois que j'utilise ce type de matériel: j'ai eu l'année dernière la mauvaise expérience d'avoir des averses répétées qui ont finalement détrempé mon sac "étanche" et ont eu raison de ma veste (contact entre la veste et le sac à dos trempé), j'ai voulu testé cette année d'avoir une couche par dessus pour limiter les ruissellements.

La montée se passe bien, on a un bon rythme, on arrive rapidement au col et on bascule dans la descente vers la Thuile.


 

C'est un peu boueux, mais ça n'empêche pas de trottiner un peu, c'est le moment de tester la rotule du genou droit, mon esprit se focalise là dessus, mais à part une légère gêne, il n'y a pas de douleurs.

On arrive rapidement à la Thuile, je reste à peine 5 minutes, il pleut moins (du moins par intermittence), je garde mon poncho et je repars en direction du refuge Deffeyes.

Même si la pluie s'est temporairement arrêtée, le brouillard et l'humidité ne donne pas très envie de s'éterniser, je mange rapidement quelque chose et j'enfile mon surpantalon et une ma veste multi-couche pour anticiper les 2 cols à venir.

Le premier col "Haut Pas" est passé avec son lot de cailloux mal rangés dans la descente, c'est pas très roulant et surtout glissant, je vois quelques coureurs chuter sans se faire mal, ça donne un bon avertissement.


 

Un arrêt de 10 minutes à Zappeli: je pensais juste faire le plein d'eau, mais comme ils avaient du bouillons avec quelques pâtes j'en ai profité pour reprendre quelques forces avant d'attaquer le dernier col de la section.

Direction le col de la Crosatie, je sais qu'il pique, surtout sur la fin où il est assez vertical, j'y vais d'un pas tranquille. Je suis toujours dans ma bulle, on échange quelques mots avec des coureurs, mais tout le monde est concentré sur ce début de voyage.


 


 

Col de la Crosatie, les difficultés de la journée sont passées, direction la base de vie. Je me prend à rêver que finalement il ne pleuvra pas cette nuit.


 

Le genou est toujours tranquille, je trottine lorsque s'est possible, je me souviens l'année dernière d'un super coucher de soleil sur cette section, malheureusement le ciel reste bouché cette année.

Mon optimisme tombe d'un coup après Planaval, je me rend compte lors d'une légère remontée que mon genou gauche (celui où je soupçonne une tendinite de type patte d'oie) me remonte une douleur vive lorsque je le pose au sol - c'est le même symptôme que 2 semaines plus tôt. J'essaie plusieurs fois en changeant la façon de poser les pieds: dans certains cas la douleur semble atténuée, mais mer** on est même pas au 50ème kilomètre ! En descente ou sur le plat le problème ne se pose pas, j'atteins la base de vie où je commence à me poser beaucoup de questions, dans l'équation:

  • Y'a pas moyen d'abandonner tant que je peux bouger les jambes peu importe la douleur
  • Ca ne fait mal qu'en monter, donc il faut supporter la douleur "QUE" la moitié du temps
  • A priori en changeant ma démarche j'arrive à avoir moins mal
  • Peut-être que ça n'empirera pas avec le temps

Conclusion: j'en discute avec Remi par téléphone (akka Cheville de Miel) mais je ne dis rien à mes proches, le col suivant permettra de juger à quel point cette blessure pose problème. A ce moment de la course j'ai plus de 2 heures d'avance sur mon timing (de 128h), je reste large sur les BH de 150h.


 

Une petite bière, des étirements, et je repars, cette BV j'ai prévu d'y passer moins de 45min. Au moment de repartir il tombe des trombes d'eau, je décide quand même d'y aller en mode warrior sous mon poncho.

 

Deuxième section:  Valgrisenche -> Cogne


 

La première ascension doit m'amener au col Fenêtre (2840m), je sais que la montée est plutôt régulière mais que c'est la descente qui suit qui est assez verticale.

Etonnamment durant la montée, mon corps pose ma jambe gauche au sol inconsciemment de manière à ce que le genou me fasse moins mal, je compense beaucoup avec la jambe droite, mais à ce stade de l'aventure, je veux juste avancer. Je m'étonne à pouvoir maintenir une allure correcte dans l'ascension (+/- 600m/h), en arrivant en haut du col je reprend espoir: ça va être long mais c'est faisable.


On atteint le col, il pleut toujours par intermittence, malgré la pente je descend relativement vite la première partie de la descente en faisant attention, tout est rendu glissant par la pluie, je m'approche rapidement de Rhêmes-Notre-Dames, et j'ai même la surprise d'apercevoir un renard peu farouche sur un parking.


 

Je ne ressens toujours pas la fatigue, je mange un peu de chaud et je repars, je suis soulagé d'avoir pu passer ce col sans trop de douleurs, il n'y a pas de raisons que ce soit pire sur les 2 prochains. Je prends la direction du col d'Entrelor que je me souviens comme très difficile (ça monte assez fort tout le long).

La pluie cesse puis reprend, on a le droit à un régime d'averses assez continue, puis en approchant au sommet du col ça devient de la neige, en basculant sur l'autre versant l'humidité semble s'estomper peu à peu.

En arrivant à Eaux Rousses je ferme les yeux 5 minutes sur un banc pour chasser un peu le sommeil ambiant, le lever du jour est imminent, je devrais pouvoir tenir jusqu'à Cogne, quitte à faire quelques micro-siestes plus haut.

Je repars pour le col Loson, c'est un gros morceau puisqu'on monte à 3300m, ça va être long... Heureusement le jour se lève et les nuages commencent à se déchirer: admirer le paysage va m'occuper ! 

Je croise quelques animaux et en s'approchant du col on se rend compte qu'il y a de la neige au sol dès 3000m environ, comme c'est de la neige fraiche ça ne m'inquiète pas trop.

Je m'arrête 2 fois pour m'assoir sur un rocher et fermer les yeux 2-3 minutes, je sens la fatigue me gagner et impacter ma vitesse, il fait froid, j'essaie de ne pas m'éterniser.

Le vent se lève d'un coup vers 3000 mètres, fort et glacial, on marche dans environ 3-5cm de neige, on est pressé d'atteindre le col avec le groupe de coureur dans lequel je me trouve. Une fois au col, on découvre le soleil sur l'autre versant et presque pas de neige (mais bcp de vent). Je me dis qu'on devrait vite se réchauffer en descendant.

La descente se passe bien, je fait une micro sieste à Sella avant de continuer ma descente, j'évite de trop courir, surtout sur la fin de la section relativement plate, je ne veux pas trop impacter mon corps.

J'arrive enfin à Cogne, mon genou a survécu à cette section !

Sur Cogne je déroule ma liste des tâches:

  • Branchement de la montre et du téléphone
  • Douche + changer de vêtement
  • Repos (1h-1h30 max selon si j'arrive à m'endormir)
  • Changement de la batterie de la frontale + recharge de barres/bonbons dans le sac
  • Application de crème anti-frottement
  • Manger

Je ne dois pas rester plus de 2h30-3h sur une BV

En tout je serais resté 2h25 à Cogne en "dormant" 1h, je prévois d'essayé de dormir plus loin à Dondena (leurs chambres sont sympas). Je repars à 15h40 avec presque 6h d'avance sur mon timing (que je sais beaucoup trop optimiste sur la fin de parcours, du coup je préfère prendre une marge avec mon genou).

Troisième section: Cogne -> Donnas


 


Cette section est simple, avec un seul col, mais je me souviens que l'année dernière on avait subit la descente de 30km, surtout Rémi qui avait du mal à rester éveiller. Cette année je veux éviter le coup de fatigue et essayer de trottiner le plus possible.

L'ascension à Champorcher est longue, mais c'est pas plus mal, ça permet de faire du kilomètre sans trop se fatiguer, je suis content de me dire que je vais arriver en haut au coucher du soleil, je vais pouvoir admirer le paysage (en 2023 on était arrivé au moins 2h plus tard, il faisait déjà nuit). Il fait plutôt chaud sur la première partie (vive le soleil), puis rapidement en arrivant en dessous du col le vent se lève et l'atmosphère devient glaciale. Le genou reste douloureux, mais ni plus, ni moins, c'est stable.

En franchissant le col, le vent reste fort, le chemin est de plus en plus roulant et je finis par trottiner jusqu'à Dondena, il y a un gros groupe de coureurs à 200-300m derrière moi, je garde la cadence pour m'assurer de pouvoir dormir sans temps d'attente. J'arrive à Dondena vers 21h et je demande à dormir tout de suite pour 30 minutes, le bénévole très sympathique m'amène dans 1 chambre où il y a 1 seul coureur.

Je me rends compte que malgré la fatigue je n'arrive pas à sombrer complètement, j'essaie de me reposer au maximum pour pouvoir tenir jusqu'à Donnas (les autres ravitos ne permettent pas vraiment de se reposer). Au bout de 30 minutes, je sors du lit et mange une bonne assiette de pâtes, on est dans une salle surchauffée, je préfère ne pas trop m'attarder. Je discute avec un français qui ne réalise pas que nous sommes à Dondena (pensant être à Chardonney), ça lui met un petit coup sur la tête de réaliser qu'il reste encore un gros 5h de descente jusqu'à la BV. 

Je ressors et le vent glacial me saisit tout de suite, je me met à trottiner pour me réchauffer. Rapidement en perdant de l'altitude, le vent se calme et surtout les températures remontent, il commence même à faire chaud à l'approche de Donnas.

On arrive enfin dans la vallée, il y a un vent chaud, je vois écrit 21°C sur un thermomètre alors qu'il est presque 2h30 du matin: l'effet de foehn réchauffe anormalement la vallée, ça donne un contraste incroyable avec le froid au dernier col. A partir d'ici il y a au moins 3km de route, je coupe le cerveau et je suis les balises jusqu'à la BV.

Comme à Cogne je déroule ma checkliste et je resterais finalement 2h40, je repars à 5h54, le jour est sur le point de se lever et les services météo annoncent une journée ensoleillée. J'ai 7h30 d'avance sur mon timing et 4h par rapport à l'année dernière.


Quatrième section: Donnas -> Gressonney

 

Cette section est l'une des plus difficile du TOR, en 2023 il m'a fallu pas loin de 24h pour rejoindre Gressonney. Déjà la première étape c'est de quitter la vallée et de rejoindre le refuge Coda. Le jour se lève rapidement, la température est toujours douce, j'essaie d'avancer vite pour monter les 500m qu'on va redescendre en partie en redescendant par Perloz.

Très vite je sens que quelque chose ne va pas, mon genou gauche est bien plus douloureux à chaque fois que je pose le pied, malgré mes tentatives pour changer la position de ma jambe, c'est comme si quelque chose avait bouger légèrement dans ma jambe pour entrainer la douleur. Je m'arrête pour analyser la situation: je m'étire, me masse, et je remarque que lorsque je tire le tendon vers le haut, la douleur disparait... Du coup je tente un truc tout bête: je strappe en faisant en sorte que le tendon soit légèrement tiré vers le haut: MIRACLE ! la douleur disparait presque totalement. Je me demande combien de temps ça va tenir, mais en attendant je fonce.

C'est environ 2h plus tard que le strappe commence à se décoller, la douleur revient petit à petit mais elle est + gérable que celle du matin: je remarque qu'en m'arrêtant toute les 30min/1h pour m'étirer et me masser la jambe/cuisse, j'empêche la douleur de devenir + forte. J'ai de l'avance sur mon timing, du coup je prends le temps d'instaurer cette routine (en fait je commence à faire le lien avec mon syndrome du piriforme, j'ai l'impression que tout est lié, ce dernier me fait mal au niveau du fessier, mais c'est une douleur que je connais et qui reste toujours supportable).

A la Sassa je fais me pose dans l'herbe une dizaine de minute pour reposer un peu les yeux, je ne prévois pas de pause dodo avant la Barma, et c'est encore loin.

J'arrive au refuge Coda, la vue cette année est magnifique (nous avions de l'orage l'année précédente ici), je mange correctement et je repars sans m'attarder.

La partie qui suit n'est pas très roulane, avec une succession de montée et descente, je suis seul, je m'occupe l'esprit comme je peux, le genou reste relativement tranquille sur cette portion.

J'arrive à Barma, on est très loin de l'ambiance festive de l'année dernière (j'y suis 4h plus tôt), je demande un plat de pâte et je décide d'aller m'allonger sur l'herbe dehors, je me trouve un coup pour m'assoupir 20-30 minutes, sans vraiment dormir. Le prochain point où je pense me reposer un peu est encore loin (Niel), mais la lumière du jour devrait me tenir bien éveiller.

Je reprends mon voyage, et sur le col suivant je rencontre Céline avec qui on va partager un peu de chemin ensemble: elle s'est cassée l'orteil le jour avant le départ, et du coup elle a laissé tombé son objectif de 110h pour gérer tranquillement sa blessure. Quand elle décide d'accélérer j'ai du mal à suivre, mais sur cette partie pas très roulane on préfère s'attendre. Je lui vend le prochain ravito comme une tuerie (Lago Chiaro), et les bénévoles ne m'ont pas fait mentir: ils préparent des paninis grillés sur leur campement de fortune, ça redonne le sourir !

La suite s'enchaîne assez vite, on discute et le temps passe plus vite, après plus de 2j de solitude c'est agréable de pouvoir échanger avec quelqu'un d'autre.

On arrive au dernier col avant Niel (Col della Vecchia), dans la descente je laisse Céline accélérer sans chercher à la suivre. Je me souvenais que cette descente était interminable, mais j'avais complètement oublié à quel point ! Il faut bien regarder les kilomètres restant plutôt que les mètres à descendre, car avec la bosse au milieu de la descente on peut très vite avoir des désillusions.

J'arrive à Niel, je demande à dormir 30 minutes, je sais que les coureurs des glaciers sont prioritaires et que l'année dernière il y avait de l'attente, au pire je dormirais sur une table. Finalement on me dit qu'il y a de la place et on m'amène dans une tente à l'arrière du bâtiment, je sens que je ne vais pas rester longtemps... Au bout de 20 minutes je ressors, je me doute que ce n'est pas suffisant mais il faut juste tenir jusqu'à Gressoney.

Après avoir manger je repars pour le dernier col, je suis complètement seul, aucune frontale ni devant, ni derrière. Il faut que je m'occupe l'esprit le temps de la montée, je décide de mettre un peu de musique sur mon téléphone (ce que je ne fais jamais), c'est des musiques sur lesquelles je me suis conditionné à l'entrainement, ça me redonne un coup de boost, j'arrive rapidement au col.

J'avais complètement oublié que ce col était une sorte de plateau humide, il faut faire attention où on met les pieds, et de nuit ça ne manque pas, je me retrouve avec de l'eau jusqu'au tibia sur une erreur d'appréciation, j'ai les pieds trempés. Un peu plus loin je croise un troupeau de chèvres, dès que je passe à leur niveau elles décident de me suivre, même en trottinant (!) elle doivent se sentir bien seules elles aussi ! Elle s'arrête lorsque j'arrive au niveau du ravito "Ober Loo": assez rustique, je m'attarde pas trop.

J'ai peu de souvenir du reste de la descente, j'arrive à Gressoney à 3h30. Dans mes souvenir cette BV était top, mais je déchante très vite en approchant de la douche: on m'avertis que l'eau est gelée.... Je rêvais tellement de cette douche, je suis dégouté. J'essaie quand même de quitter un peu de sel en serrant les dents (je m'apercevrais 1h après que l'eau chaude avait été réparée...).

Au final je suis quand même resté 3h dans cette BV, je crois que j'ai essayé de dormir 1h20-30, beaucoup mangé, et parti avec de nouvelles chaussures. Je repars à 6h38, le jour se lève, timing parfait encore une fois.

 

Section 5: Gressoney -> Valtournenche


 

C'est la plus petite étape, 2 cols à passer avant l'arrivée à Valtournenche. Le temps est censé changer aujourd'hui, mais que dans l'après-midi, il vaut mieux avance un maximum.

J'avance de manière tranquille sans trop forcer, j'ai beaucoup d'avance sur mon timing et je cherche à ménager un peu mon corps sur cette étape. J'arrive assez vite à Alpenza, puis au col Pinter.

Arrivé au col Pinter (2777m), on entame une bonne descente de 1200m vers Champoluc, peu de souvenir de cette descente, j'anticipais qu'il y avait pas mal de kilomètres à dérouler, j'étais dans ma bulle.


 

Pas de douleurs supplémentaires lors de cette descente, je ménage mes jambes, je trottine un peu que lorsque c'est vraiment roulant (et en descente). Arrivé à Champoluc, je mange du chaud (2 assiettes de pâtes à la tomate) et je prends la décision de faire une petite sieste sur la table (sans alarme): je m'endors immédiatement et me réveille une quinzaine de minutes plus tard. C'était nécessaire pour éviter un coup de mou jusqu'à la prochaine BV (je garde une option pour une rapide sieste au refuge du Grand Tourmalin si nécessaire). J'essaie de ne pas perde + de temps et je repars pour le dernier col: di Nannaz.

Le temps commence à devenir menaçant, je presse le pas pour arriver au refuge avant la pluie, l'accueille est grandiose, une bénévole sonne les cloches alors que je suis encore 50m en dessous, j'accélère encore sous la pression positive, j'arrive à 16h03.

Je ne ressens pas le besoin de dormir, je mange rapidement et je ressors presque aussitôt: il commence à pleuvoir, je re-rentre dans le refuge le temps de mettre ma veste et mon ponchot. Direction le col !

Jusqu'au col de Nannaz, la pluie ne s'est pas accentuée, simplement quelques gouttes, l'atmosphère est très calme, je suis quasiment seul. Je crois quelques bouquetins de passages et qui n'ont pas l'air d'avoir peur.

L'année dernière c'est à cet endroit que j'ai commencé à avoir une douleur au tibia (qui s'infectera gravement en fin de course provoquant mon abandon à quelques kilomètres de l'arrivée). Je médite sur le fait que je traine une douleur "stable" depuis le 45ème kilomètre et qu'il n' a pas de raisons de penser que je n'aille pas au bout cette année. Il est temps de rejoindre l'avant dernière base de vie.

J'arrive à Valtournenche à 19h47 (4h30 en avance sur les temps de l'année précédente). Malgré le fait qu'il faille rejoindre les douches et la salle de repos en devant sortir dehors, je pense que c'est ma base de vie préférée: spacieux, plutôt calme et surtout les douches sont chaudes 😇 J'essaie de me reposer 1h15, ma jambe gauche me lance dès que je me couche, c'est pas simple de s'endormir, mais je crois avoir dormi un peu.

J'ai faim, on me propose du poulet chaud, sans hésitations j'accepte, je ne m'attendais pas à manger un gros plat de viande, ça change et ça fait du bien. En tout je resterais environ 2h40 à cette BV.


Section 6: Valtournenche -> Ollomont


Pour moi, cette section est la plus difficile:

  • Cette une section longue
  • Au 5ème jour de course
  • On est quasiment toujours en altitude
  • Des successions de monter/descente usantes
  • Une bonne partie de nuit par rapport à mon timing
  • Le temps devrait se refroidir sensiblement durant la nuit avec des averses de neige

Je sors de la BV en mode warrior, la nuit et la journée qui arrive vont être longues.

Je monte tranquillement, comme je suis complètement seul je met un peu de musique sur mon téléphone (à peine 20 minutes), j'arrive rapidement au niveau du barrage et au refuge Barmasse. Je n'ai pas très envie de dormir, je préfère enchaîner - bien que je me doute que ça sera compliqué de dormir si le sommeil vient, les refuges qui suivent risques de ne pas avoir de lits de dispos (lorsqu'il y a des lits...), je prévois de dormir sur un coin de table si nécessaire.

Plus tard, je sens qu'il commence à faire froid, avec un peu de vent, mais pour l'instant le temps reste sec. En arrivant à Vareton j'ai un coup de barre, ce ravito est tout petit, il y a un peu de place à l'intérieur, mais je connais très bien cette pièce surchauffée (un vrai piège), je demande si je peux dormir dehors sur un coin de table - Le bénévole ne comprend pas pourquoi je ne veux pas rentrer à l'intérieur, mais me dit de faire comme je veux. Je m'endors instantanément et me réveille en sursaut un peu plus tard, je me retourne vers 2 bénévoles et leur demande "combien de temps j'ai dormi??", l'un me dit 20 minutes, l'autre 15 minutes. J'ai dormir tellement profondément que si on m'aurait dit 2h j'aurais pu le croire.

Malgré que j'ai dormi dehors, je n'ai pas tellement froid, j'étais bien équipe, je mange quelque chose et je ne m'attarde pas plus, surtout qu'il commence à tomber quelques gouttes.

En arrivant à la Fenêtre de Tsan, c'est carrément la neige qui prend le relais, j'avais complètement oublié cette belle petite montée qui ne paie pas de mine sur le profil mais qui se ressent bien dans les jambes! 

Plus tard j'arrive au refuge Maggia, je sens qu'il est important que je fasse une nouvelle sieste pour ne pas fléchir dans les prochains cols, il fait toujours nuit. J'arrive une fois de plus à dormir assez profondément assis, peut-être une quarantaine de minutes, 2 coureurs assis à côté de moi ont dormir environ pareil. Je mange et je repars aussitôt.

Le jour commence à se lever quand on arrive au refuge Cuney: le vent devient plus fort et la sensation devient glaciale, je m'arrête à peine 2 minutes pour ne pas me refroidir.

 

Au bivouac R Clermont (2705m), juste avant le dernier col avant Oyace, j'hésite à fermer les yeux 5 minutes, une bénévole insiste pour que je rentre à l'intérieur pour m'assoir au fond. Bon j'accepte, je dors 10 minutes et je reste assis de manière peu productive en mangeant et discutant avec les personnes qui m'entourent, la bénévole nous prépare une soupe chaude, le temps de l'avaler et je décide de continuer. J'ai trouvé cet endroit très convivial malgré qu'il soit si petit, les bénévoles étaient au top!

Le col est juste derrière, malgré le froid, le soleil est de plus en plus présent, ça donne le sourir !

C'est toujours quand tout va bien que les mauvaises nouvelles arrivent... Dans le début de la descente vers Oyace, je me rend compte que ma douleur au genou se déclenche maintenant en descente, jusqu'à un point où je n'arrive même plus à plier la jambe. C'est la cata, j'ai fait 10m en 1 minute, il faut que j'essaie de strapper ma jambe, même si ça ne tient pas.

Je m'arrête, je commence à sortir mon matériel de pharmacie, et là un anglais fort sympatique s'arrête pour m'aider, on discute et il sort une bande adhésive bien plus collante que ma bande de strap. On test de mettre le strap, puis par dessus la bande adhésive - J'en suis à un point où j'enroule une bande partie de la cuisse pour être sure que ça tienne, c'est vraiment moche et artisanal, mais en posant le pied par terre, ça semble fonctionner !

Je continue la descente avec mon nouvel ami Jonathan. Bien que je comprenne assez bien l'anglais, il a un accent assez prononcé, on ne se comprend pas toujours dans les détails, mais discuter fait passer le temps. On récupère au passage un Lituanien qui vit à Zermatt, il a un début de périostite mais il avance bien, la descente s'effectue rapidement en discutant.

En arrivant près d'Oyace je croise JeffB (que j'ai croisé bien 4 fois sur le parcours auparavant, avec son rôle de spectateur/Assistant), il est en train de sécuriser un coureur qui a fait une très mauvaise chute, en attendant l'hélicoptère, qui arrive à ce moment même. Vue la situation on a pas trop le temps d'échanger... Ca nous refroidit un peu, on double de vigilance dans la descente

J'arrive à Oyace avec Jonathan, il voit un bus et me dit: "C'est là où je vais, c'était sympa de courir ensemble"... Je ne comprends pas, je pense à une erreure de traduction, je reformule: "Qu'est-ce que tu me racontes, que tu veux abandonner ici ??", il acquiesce, il me dit que physiquement ça peut aller, mais que mentalement ça suit plus, c'est trop dur.

Je lui propose de me suivre jusqu'à Ollomont, je lui vend un seulement 5h de trajet, facile, il hésite et accepte. De peur qu'il change de décision je mange vite et ne me repose pas à Oyace, on repart au bout de 15-20min

On remarque durant l'ascension des nuages frontaliers qui déversent de la neige à très basse altitude, plus on monte, plus le vent souffle.

En arrivant au col, le vent devient fort et sur l'autre versant il fait franchement froid, il neige quelques flocons.

Ollomont est en bas, Jonathan me dit de ne pas l'attendre qu'on se rejoint à Ollomont, il y a quelques coureurs qui nous entourent, on ne perd pas de temps.

J'arrive à Ollomont à 19h31, Jonathan arrive peu de temps après et me dit qu'il va aller dormir "longtemps", on se sépare en se souhaitant bonne chance.

Je déteste cette base de vie: cette année on ne peut pas amener nos sac de BV avec nous (on doit le poser soit dans la tente pour dormir, soit dans la tente pour se changer), pas pratique... Puis il fait froid, la perspective d'aller me doucher en revenant à moitié nu/mouillé dehors ne me plait pas, je fais l'impasse sur la douche.

Je perds énormément de temps à préparer mon sac et mes vêtements: je suis à l'étroit et ce n'est pas pratique pour déballer le sac de BV. Les bénévoles annoncent que les crampons et les vêtements chauds sont obligatoires (ça tombe bien, j'ai prévu d'amener toutes les couches disponibles).

Je vais manger, et là un mec m'interpelle: "Dis, tu serais pas Julien par hasard ?", "heu oui, c moi, comment tu me connais ?", "un ami en commun m'a dit que tu étais à la BV en même temps que moi, il parait que si je te suis je devrais rester sur un timing sub 130h". Ce mec s'appelle Mathieu, et il était "coaché" par JuCb pendant la course, du coup aussitôt je lui propose de me suivre si il le souhaite, mais que je prévois de partir vers 22h30. Avec la météo annoncée et la nuit qui tombe, ça ne peut-être qu'une bonne chose de faire ce trajet à 2, surtout si on partage le même objectif.

Je lui propose de se rejoindre dans 1h au même endroit, et je pars dormir une petite heure.

En revenant je ne vois personne, je vais faire un tour 10 minutes dans les autres tentes, mais je ne le trouve pas, en revenant sur place, toujours pas de Mathieu. Je me dis que soit il est parti en ne me voyant pas, soit il s'est endormi et je peux attendre longtemps (comme un idiot, j'ai ni noté son numéro de dossard, ni son téléphone). Je pense avoir perdu assez de temps, je décide de partir seul, quitte à le croiser au prochain refuge.

Je suis resté 3h15 dans cette BV pour dormir à peine 1h, je n'ai pas été assez efficace.


Section 7: Ollomont -> Courmayeur

Il fait froid, je sais que je me suis trop couvert pour le début de la montée, mais il commence à neiger de plus en plus, le vent se renforce.

J'arrive au refuge Champorcher, le sol est désormais tout blanc. Les opportunités de dormir avec ce temps vont être très rare, je profite du refuge pour me reposer 5-10 minutes sur un banc. Lorsque je relève la tête je vois Mathieu arriver: il avait dormir un peu, sous la couverture, donc je ne risquait pas de le voir à la BV. On prend un peu de bouillon et on repart ensemble pour affronter cette nuit dantesque.

Au col et à sa descente, la neige cumule, c'est de la neige fraiche, ça ne glisse pas trop, mais je fais quand même une chute en descendant, rien de grave mais on fait attention.

Le vent est fort, et l'atmosphère est franchement glaciale, c'est presque dangereux de s'arrêter. D'ailleurs un coureur chinois préfère nous attendre pour enquiller le pas derrière nous et continuer à 3, il ne se sentait pas de continuer seul dans ces conditions.

La seule chose qui me fasse peur est le réveil de la douleur de ma genou qui m'obligerait à e déshabiller pour re-strapper. Pour l'instant je ne sens rien d'autre qu'une simple gêne.

On arrive à un de mes ravito préféré: Ponteille Desot, tenu par des bénévoles pas comme les autres. Le ton est donné dès qu'on pousse la porte: barquette de "fritures" sur la table, Polenta à la saucisse et autres saucissons qui pendent un peu de partout: Bonne franquette ! On se repose 5-10 minutes, on mange bien et on repart. 

A un moment Mathieu me regarde et me dit: "Julien, je me rend compte qu'on a parlé une bonne partie de la nuit, mais j'ai aucun souvenir de ce qu'on s'est dit, j'ai aucun souvenir de cette nuit", je lui redonne des brides de discussions, mais il ne s'en souvient pas, ça me fait halluciner de voir que physiquement il était dans un état qui avait l'ait correct mais qu'en fait son état de fatigue était si avancé qu'il n'a gardé aucun souvenir (bon, je suis à peine surpris en fait, Cheville de Miel avait aussi des périodes de ce genre mais plus courtes l'année précédente).

La suite c'est du chemin très roulant jusqu'à St-Rhémy-en-Bosses, le jour se lève, on est accueilli par une forte averse de neige (alors qu'on est qu'à 1500m d'altitude !). C'est ici que j'ai dû partir aux urgences l'année dernière, je tiens ma revanche ! On appréhende quand même un peu l'ambiance dans le ravito, la météo est tellement dantesque qu'on craint qu'on nous empêche de continuer vers Frassati. A priori ce n'est pas le cas, mais on décide de ne pas s'attarder dans ce ravito au cas où les informations changeraient défavorablement.

On repart, je regarde Mathieu: "cette nuit tu m'as dit que tu n'avais pas de crampons, ça craint non ? T'es habitué à gérer des situation délicates sans crampons ? (si jamais on te laisse partir de Frassati)", il me répond "oui pas de problèmes", je me demande si il m'a bien compris, cette situation m'inquiète un peu.

On verra bien, on continue en direction de la dernière chaine de montagnes, le Malatra va être bien neigeux !

Sur le chemin jusqu'à "merdeux" on croise 2 bénévoles montagne, on discute des conditions au Malatra, ils me répondent qu'ils ont relevés -8°C sous abris au col durant la nuit et le vent accentue grandement la sensation de froid (on peut facilement compter sur du -15°C ressentis). Le col passe bien, mais derrière c'est casse gueule sur plusieurs kilomètres.

On m'avertis par message que Fabien (akka Jano) qui est sur les Glaciers est quelques minutes derrière nous, on arrive à Frassati et effectivement 5-10 minutes plus tard que je vois Fabien arriver, il à l'air plutôt bien malgré la fatigue et ses différents bobos. On discute un peu, et là je lui dit "ça fait chi**, Mathieu n'a pas de crampons, ça va être chaud d'avancer pour lui", Mathieu me regarde: "mais si j'ai mes crampons". Je ne comprends pas, il me les sort et me les montre, j'en reviens pas, on a discuté du pb des crampons plusieurs fois sur le chemin, avec la fatigue on ne s'est pas compris (on a croisé des coureurs chinois qui n'avaient pas de crampons, et le mélange d'information a résulté d'une confusion dans la conversation).

Je suis soulagé, j'avais peur pour lui car dehors en plus de la neige les sols sont glacés et glissants en surface. Le vent est hallucinant dehors, on met toutes les couches disponibles pour ne pas avoir froid, on décide de mettre les crampons immédiatement pour ne pas avoir à s'arrêter plus haut. On part tous les 3.

On se suit, mais Fabien toujours en mode compétitif sur les Glaciers aperçoit 2 coureurs de sa course derrière, il décide d'accélérer et part devant: il va vite pour un mec qui a marché 2 jours de plus que nous ! Sur la dernière section du Malatra le sol est vraiment glissant, sans les crampons ça aurait quand même été beaucoup plus compliqué et dangereux. 

Le vent semble moins fort, on arrive au col, c'est la dernière difficulté du TOR ! On en profite pour faire une petite photo.

De l'autre côté du col, c'est de la neige et de la glace à perte de vu.. Je réalise que je vais devoir garder les crampons encore plusieurs kilomètres, cette perspective ne me plait pas car j'ai une petite ampoule au pied droit qui a tendance à taper systématiquement sur la partie dure du crampon.

Je ralentis, ça devient handicapant, je fais signe à Mathieu de continuer seul, on est encore en avance sur nos objectifs de temps mais il faut avancer ua mieux pour ne pas se faire piéger au temps. De mon côté je m'arrête et j'enlève les crampons pour tester à quel point ça glisse, et je ne fais pas 50 mètres sans tomber 1 à 2 fois. Bon, je remet les crampons et je prend sur moi.

Je me retrouve un peu seul, et avant la remontée vers "Pas Entre Deux Sauts", je m'arrête pour enlever les crampons, celle fois il y a moins de neige, ça passe. J'en profite pour carrément me déshabiller et refaire mon strap, car la longue descente promer d'être assez longue pour rendre le genou douloureux.

Je m'arrête bien 5-10 minutes, Mathieu n'est plus du tout dans mon champs de vision. Je remonte vers le ravito et je bascule dans les 9km de descente/faux plat montant qui mènent vers Bertone. A ce moment je me dit qu'il faut que je profite que mon genou tienne bien pour assurer niveau timing et trottiner le plus possible: je sors mes écouteurs pour la première fois, je lance la musique, et là j'ai une bouffée d'émotion, je commence à réaliser que je suis à une quinzaine de kilomètres de Courmayeur - je commence à courir de plus en plus vite, je ne sens plus mes pieds, plus mes jambes: le flow ! 

Je sais que ça ne va pas durer longtemps et que le retour de bâton va être terrible, mais là j'ai juste envie d'en profiter, je cours comme un dératé, à 10-12km/h en pointe, je rattrape Mathieu qui lui aussi semble bien courir, je le double en lui faisant signe qu'on se retrouve avant Bertone. J'arrive à tenir ce rythme sur 5km, c'est toujours ça de pris !

Peu après Mathieu me rejoint, on se met à marcher, on est sur un faux plat montant jusqu'à Bertone, les douleurs aux pieds et aux chevilles arrivent d'un coup (eh oui, le retour de bâton !), on est très tranquille sur le timing, on prend notre temps.

Il fait toujours froid, il neige par moment, on atteint le dernier ravito et on attaque la dernière descente sur Courmayeur, on descend tranquillement, on se dit qu'on recommencera à trottiner lorsqu'on rentrera au niveau du parc Bollino. On se fait doubler par quelques coureurs plus rapide, mais on cherche pas à les suivre.

Puis on commence à retrouver des chemins de terre, puis de goudron, puis on arrive en ville, il est environ 17h, il n'y a pas tant de monde à Courmayeur (normal, ça caille!), en revanche on est bien accueillis sur la ligne d'arriver, Ma femme est ma fille sont venus pour l'arrivée, et Fabien qui est arrivé bien avant nous attend pour fêter ça !

Finisher en 127h13, 190ème (réajusté 194ème avec la 2ème vague)

Je reste facilement 30 minutes sur la ligne d'arriver, on nous indique que pour les finishers c'est bière à volonté, même si on revient plus tard ou le lendemain (!)

Après s'être douché, et fait une sieste dans un vrai lit, on attaque l'après-course: rencontres/discussions/bières/pizzas jusqu'à la cérémonie de remise des prix le dimanche matin.

On attend notamment le lendemain Séb (akka le Moulot): big fail, on rate 1 seul coureur par manque d'attention, et c'est lui qui passe, on s'en rend compte qu'un fois qu'il a franchit la ligne d'arrivée (on attendait depuis plus d'une heure 😅), ça n'empêchera pas de passer un moment sur la ligne avec lui pour fêter ça, ce jour là j'aurais passer 3h au niveau des arrivées à discuter (et boire des bières) malgré un froid encore mordant. C'est ça aussi le TOR !

Le soir on doit manger ensemble avec Fabien et Séb, mais là big fail encore, Séb est tellement fatigué qu'il n'entend pas ses alarmes, il ne se réveillera qu'en milieu de nuit (du coup on a mangé sans lui, bien dommage 😅)

Dimanche: le soleil revient, il fait même chaud ! On est tous réunit dans ce moment de convivialité (toujours un peu long), on récupère nos t-shirt finisher et clôture cette édition 2024 dantesque!

J'ai maintenant ma qualif pour les Glaciers, une course qui me motive particulièrement car elle s'inscrit dans un mode montagnard avec de l'orientation, de la technicité et de l'autonomie. Les BH sont ultra serré pour quelqu'un de mon niveau, ça va demander de l'entrainement et du temps pour soigner tous les bobos. Pour quand ? Je ne sais pas encore, mais il est en tête de mes futurs objectifs.

18 commentaires

Commentaire de Lécureuil posté le 20-09-2024 à 12:29:20

Prems !
Bon je lirais plus tard
Je suis allé direct à la fin pour voir si tu cliquais tout de suite aux Glaciers
Je note donc que tu attends cheville pour 2026 ;-)
T’inquiètes pour les BH la plus importante c’est Champillon, les autres très faciles

Commentaire de chirov posté le 20-09-2024 à 14:13:24

Je ne suis pas sûre d'attendre 2026, on verra avec les impulsions de clique dans quelques mois :-) Soit je fais une pause en 2025 et je ne dépasse pas 170k, soit je pars sur un des défis suivant:
- SP360
- TDG
- PTL bis (?!)
En tout cas c'est les 3 aventures qui me font de l'oeil dans les années qui viennent

Commentaire de Scoubidou posté le 20-09-2024 à 14:12:13

Je ne bossais pas ce vendredi donc j'ai pu te lire tranquillement :-)
Bravo pour ta résilience et pour ta course.
Et merci pour le récit agrémenté de nombreuses photos... pour un peu, ça me donnerait presque envie de faire cette course :)

Commentaire de chirov posté le 20-09-2024 à 14:20:16

Merci Scoubidou, en la prenant comme une aventure au lieu d'une course, ça reste quand même très accessible sur des BH de 150h pour quelqu'un d'entraîné et motivé, je dis ça, je dis rien :-)

Commentaire de stephane5174 posté le 20-09-2024 à 18:32:26

Félicitations pour cette belle "revanche". Maintenant que j'ai éprouvé la difficulté de cette course, je trouve d'autant plus admirable de "replonger" dès l'année suivante, surtout après la frustration d'une blessure privant du statut de finisher à quelques kilomètres de l'arrivée. Encore bravo !

Commentaire de chirov posté le 20-09-2024 à 23:35:16

Merci Stéphane, ce genre d'aventures on a tendance à dire "plus jamais" quand on arrive en fin de courses, mais les semaines qui suivent ont retient que les bons moments et on est prêt à recommencer :-) Le cerveau et ses mystères !

Commentaire de Gilles45 posté le 20-09-2024 à 21:25:07

Félicitations pour ta course et ce récit super agréable à lire. Une mine d’info qui me fait dire que le sommeil est vraiment un point clé tellement tous les finishers en parle
Bonne récup et soigne bien le genou. Tu es paré pour les Glaciers !!!

Commentaire de chirov posté le 20-09-2024 à 23:37:25

Merci Gilles, je vais changer un peu mes routines de renfo/stretching pour focaliser un peu plus sur les points faibles de mes blessures de cet été, j'espère que ça portera ses fruits.

Commentaire de Philippe8474 posté le 22-09-2024 à 18:44:59

Heureux pour toi après l'année dernière. Immenses bravos pour ta course!

Commentaire de chirov posté le 22-09-2024 à 21:38:23

Merci Philippe ! Je croise les doigts pour que les dieux du tirage au sort soient avec toi :-)

Commentaire de crazy_french posté le 22-09-2024 à 19:18:45

Bravo à toi… celle-là elle est plus que mérité.
La blessure au genou a forcément dû gâcher la fête mais quel résilience bordel !!!
Pour les glaciers il est possible qu’on s’y retrouve.

Commentaire de chirov posté le 22-09-2024 à 21:42:05

Merci ! Content de voir que les glaciers te motivent aussi, ça sera un plaisir de te croiser sur cette ligne de départ. Bon c'est pas encore sûre à 100% pour 2025 mais la motivation est là :-)

Commentaire de galette_saucisse posté le 24-09-2024 à 11:34:25

Bravo et merci pour ce récit. Si tu as déjà parlé du Tor des Glaciers à ta femme, c'est tout vu pour l'année prochaine ;)

Commentaire de chirov posté le 25-09-2024 à 14:58:43

Merci Jean-Michel, t'as prévu de cliquer ? :-)

Commentaire de Jeffb posté le 25-09-2024 à 09:25:15

Tes photos sont sublimes ! Ravi de t'avoir furtivement croisé même si pour le coup c'était un peu le flip avec le coureur helliporté !
Bravooooooo pour ce périple !

Commentaire de chirov posté le 25-09-2024 à 14:59:41

Merci Jeff, la prochaine fois je prendrais le temps de discuter un peu ;-)

Commentaire de Cheville de Miel posté le 02-10-2024 à 08:52:33

Un peu jaloux ne pas être allé te venger avec toi. Un pacing risqué et toujours un décifit de sommeil colossal ! Mais comment douté que tu n'allait pas finir, ta volonté est sans faille. Bravo mon ami !!!

Commentaire de chirov posté le 16-10-2024 à 23:36:29

Merci mon Remi, les 2-3 coups de fils on fait du bien quand même pour parler dans les moments difficiles, un vrai coach psychologue :-D Pressé que tu te remette en selle dès que tu auras réparé les bobos et relancé la machine, ça va être top :-)

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