Récit de la course : La Grifon'Yerres - 23 km 2024, par Yannael

L'auteur : Yannael

La course : La Grifon'Yerres - 23 km

Date : 10/3/2024

Lieu : Yerres (Essonne)

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Distance : 23.2km

Objectif : Se défoncer

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De la boue, de la boue, de la boue

Après avoir terminé 2023 sur une très bonne note (record battu sur 10km en 38'42), je constate l'apparition au calendrier 2024 du premier semi-marathon de Joinville-le-Pont, à domicile. Premier objectif de l'année 2024 tout trouvé donc.

Quitte à m'entraîner pour ce semi le 24 mars, je décide de doubler la mise, avec le Trail de la Griffon'Yerres, deux semaines avant. Après une petite coupure au moment des fêtes, place à un entraînement sérieux dès début janvier. 4 séances par semaine, selon un plan semi, en allongeant un peu les sorties longues, et en rajoutant des côtes. Pas simple, avec un vrai temps hivernal : une période de froid longue et prononcée, des rafales de vent, de la pluie, de la boue dans le Bois, et même une sortie les pieds dans la Marne, tellement elle était haute. Bref, des conditions affreuses, mais qui ne m'auront pas fait dévier de mon double objectif : continuer à m'amuser en trail, et battre mon record sur semi.

A l'approche de la Griffon'Yerres, je commence toutefois à douter. Je n'ai jamais pris la peine de m'équiper en chaussures de trail. Les trails courus jusque-là étaient la plupart du temps roulant, parfois gelés (La Sagittaire 2023), parfois un peu boueux (Ormesson 2023), mais rien d'insurmontable. Mais là, les sols sont clairement gorgés d'eau. Praticable en running ? J'en doute. Je doute. Mais trop tard pour basculer sur d'autres chaussures, sans avoir jamais testé. Tant pis, je me lance, on verra bien.

Je coupe court à tout suspense : très mauvaise idée ! A ne jamais reproduire. Un trail ultra-boueux en "slicks", c'est du grand n'importe quoi. Au moins, la leçon est bien rentrée. Si je dois refaire un trail dans ces conditions, ce sera correctement équipé.

La course

Mais retour au départ. A quelques minutes du départ, échauffement terminé, je suis concentré. Ne reste plus qu'à enlever le buff et les gants.

Crédit photo : site Griffon'Yerres

Au bout de quelques centaines de mètres, je sais déjà que ça va être dur. C'est gras, ça glisse, les appuis sont instables. Et pourtant, nous sommes encore au sec, sur les 2-3 premiers km. Une petite bosse puis descente me permet de doubler un peu, les jambes tournent bien.

Crédit photo : site Griffon'Yerres

C'est après que ça se gâte. Une ligne droite interminable, dans la boue jusqu'aux chevilles, où les pieds fuient à chaque appui. Si je vois bien la boue, je n'en vois pas le bout. Que c'est fatiguant. Le rythme est déprimant, et je cède du terrain et quelques places. Alors que ça calme un peu sur quelques centaines de mètres, les coureurs autour de moi sont très assertifs : c'est pire après. Ce sera des mares énormes, inutile de contourner, affirment-ils. Et de fait ! Dans les flaques boueuses, de l'eau jusqu'aux mollets, sur plusieurs centaines de mètres. Epuisant. A la première grosse mare - que tout le monde passe sur le côté tout de même, trop profonde - vlan, me voilà sur les fesses. Pas de bobo, ça repart, encore plus mouillé. Un petit groupe en profite pour me lâcher, dont un certain Eric, que j'avais battu d'un rien à Ormesson, puis qui m'avait assez nettement distancé sur un 15km nature tout plat, en 2023. Et un prénommé Yoann, avec qui nous allons faire le yo-yo jusqu'au bout.

Crédit photo : site Griffon'Yerres ; ici, un passage super sec !

Cet enfer boueux dure 4 bons km, peut-être plus. A plusieurs reprises, l'idée d'abandonner me traverse l'esprit. Beaucoup de fatigue pour un rythme de tortue, des muscles douloureux, car pas habitués à travailler ainsi, la crainte de me faire mal en tombant avant le semi, et surtout, aucun plaisir. Je lutte contre les pensées parasites, moi qui n'ai jamais abandonné une course, mais elles insistent.

Heureusement, les premières montées arrivent, et avec elles la fin (provisoire) de la boue. Et là, tout change. J'avais perdu au moins 10 places dans la boue, depuis ma chute. Je me retrouve un peu distancé d'un groupe justement de 10-12 coureurs. Dès que ça monte, je recolle. Dans la montée des marches du Mont Griffon, j'en redouble 4 d'un coup. Puis à chaque descente et montée, je redouble, régulièrement. Dont Eric. Dans la tête, tout change. Je m'amuse, le parcours est sympa, je me sens bien. Les pieds sèchent un peu.

Fin de la première boucle. Pas d'hésitation, je continue. Je sais ce qui m'attend désormais. 4-5 km de grosse galère, avant à nouveau un passage fun. Soit, allons-y. 3 nouveaux coureurs doublés au ravitaillement unique (dont Yoann). Et revoilà la boue. De nouveau, je perds irrémédiablement du terrain et des places. Je glisse, terrible, usant dans cette ligne droite sans fin. Mais le mental tient.

Arrive la zone hyper boueuse et ses flaques interminables. Bon, s'agit de faire attention, il ne faudrait pas retom ... re-vlan ! Etalé de tout mon long. Il devait y avoir une branche cachée dans la boue. Qu'à cela ne tienne, on continue (ce n'est qu'une fois lavé que je verrai que je me suis éraflé, et trouvé le pantalon, rien senti sur le moment). Je reperds 6 places dans ce passage (dont Eric et Yoann). Et quand reviennent les montées/descentes, je revis. Et reprends progressivement quelques coureurs (dont, devinez qui, Yoann puis Eric).

Vers le 18e km toutefois, ça commence à tirer. Des débuts de crampe. Trop d'énergie laissée dans les passages boueux. Des crampes certes moins fortes clairement qu'à Nandy, mais qui m'empêchent tout de même de relancer. Fin de la 2e boucle, on devrait bientôt arriver ... Et non ! Pour boire le calice boueux jusqu'à la lie, je vais encore avoir droit à une montée boueuse bien raide, où, malgré les cordes, je glisse tellement que j'arrive à tomber en montée ; puis 1-2 km pour finir, dans la boue et les très longues flaques ; ce qui permet à Eric de me repasser une dernière fois.

J'en finis, assez rincé, sur le stade, à la 26e place (sur 295), en 2h09mn31, pour 23,2km et 380m D+ à ma montre (les organisateurs annoncent 570m D+ ; ça me semble beaucoup).

Soulagé d'en finir. Me sentant un peu idiot d'avoir tenté ce trail en running, mais fort d'une leçon chèrement acquise. Et l'esprit déjà tourné vers le semi de Joinville : il peut bien pleuvoir, sur le bitume, ça ne m'empêchera pas de dérouler.

 

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