L'auteur : pixou
La course : Wildstrubel by UTMB - 70 km
Date : 16/9/2023
Lieu : Crans-Montana (Suisse)
Affichage : 927 vues
Distance : 70km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
Habitant Grenoble et à la recherche de Running Stones (CCC 2024 ?), j'ai fait le marathon de Verbier en juillet (super chouette) et je pars donc ce vendredi soir pour le Wilstrubel, entre les cantons de Berne (Kandersteg) et du Valais (Crans-Montana) pour le 70km (catégorie 100k).
On commence par une logistique difficile, puisque le départ et l'arrivée se font sur 2 vallées différentes, qui ne sont reliées que par un tunnel ferroviaire fermé la nuit. Pas facile quand on est seul et qu'on n'a pas réussi à prendre une chambre à un prix abordable au départ.
Bref, l'orga caffouille un peu (report tardif du départ de 6h30 à 7h pour permettre justement de prendre ce fameux train le matin), mais au global ça reste du "by UTMB" et c'est solide (sac de delestage, balisage nickel, ravitos bien organisés).
Je me réveille vers 4h30 pour bien manger, direction le départ à Kandersteg pour prendre mon dossard et attendre le départ. Mon objectif est de finir, déjà, et je me dis que 12h serait une bonne perf pour moi.
Le départ est assez minimaliste (1 seule vague), le speaker tente de faire chanter une chanson locale bernoise (“so schön, so schön”) mais ça ne prend pas vraiment, évidemment puisque la plupart des coureurs semblent ici pour prendre des running stones. Beaucoup de français d'ailleurs.
Après 1 ou 2 km à plat, la montée commence dans les alpages. Ça bouchonne au passage des portails pour les clôtures et on croise des vaches (thème récurrent de la journée). Après quelques centaines de mètres de D+, ça devient vraiment alpin et le sentier attaque la falaise. Où est-ce que ça peut passer ? J’y vais assez cool, je sais que la journée va être longue.
Je regarde le timing prévu sur LiveTrail. Au 1er col, j’ai 7 min de retard (1h50) sur le temps de passage pour finir en 12h, je me dis que c’est pas si mal, je ne vais pas me cramer et c’est raisonnable. Le début de la descente est assez technique, avec beaucoup de petites pierres qui roulent. Ca me rappelle un peu le col des Verts dans les Aravis mais en moins impressionnant. Je double un peu de monde, je suis content de descendre et de faire quelques sauts de cabri.
On arrive à Adelboden, avec un ravito complet. Je mange quelques trucs solides (quatre-quarts, barres de céréales, pain...), rempli la poche d'eau, évite le coca et je repars assez vite. Je me sens pas mal, j’ai repris du monde dans la descente et au ravito. On reprend une montée sur une petite route, puis chemin, dans les pistes de ski, ce qui n'est pas le plus beau mais la vue est chouette avec quelques morceaux de glaciers plus loin. Je crois qu'on passe à côté d'une piste de la coupe du monde de ski alpin, mais j'avoue que je m'en fous un peu à ce moment. Je commence à me sentir moins bien.
On descend ensuite sur Lenk (km 35), je suis assez vidé. C'est la mi-parcours en distance, mais un peu plus sur le D+. Je passe aux toilettes ce qui aide un peu. Je m'arrête volontairement assez longtemps, c'est encore long et je veux surtout finir. J'envie ceux qui ont une vraie assistance avec quelqu'un pour leur préparer un plat de pâte ou qqchose du genre. J'ai 40 min de retard sur mon timing, je fais une croix sur les 12h. En tout, je dois m’arrêter 15 ou 20 min. En sortie, il y a encore un bon km de plat mais je marche et je me fais doubler. Ca commence à monter sévère. Arrivé au ravito de Iffigenalp, l'ambiance devient vraiment alpine et on voit la pente monstrueuse devant nous: 1200m de D+ en 6 km, y a plus qu'a. Je commence à réfléchir à faire des pauses, je gamberge un peu: combien de temps je pers si je m'arrête 3 min tous les 100m de D+ ?
Je décide de prendre un gel pour relancer la machine. 2 min après l’avoir avalé, j’ai des sueurs froides, je ne me sens pas bien du tout. Je retrouve un morceau de pain au fond d'une poche. Je machouille, je me calme un peu, je fais quelques pauses (au final, probablement 4-5 dans toute la montée). On arrive dans une zone moins raide, où coulait un glacier probablement (petit lac glaciaire, ambiance lunaire et roche grise partout). 200m de D+ avant le sommet, je me prends à marcher mieux. J’arrive enfin à la Wildstrubel Hutte, point le plus haut (2780m, ça souffle un peu) et dernier sommet de la journée.
J’entame la descente avec beaucoup de plaisir, le sentiment d’avoir réussi mon trail (il reste 21km quand même). Je me lâche et cours, en doublant quelques coureurs qui n’ont pas la technique sur cette partie raide et rocheuse. Je me sens léger et ça me met en joie. Au bout de 20 min, ça devient nettement plus roulant et je continue à me sentir bien et à avoir une bonne allure. J’ai étonnamment peu mal aux jambes.
En sortant du dernier ravito du barrage de Tseuzier, un type devant moi s'écrie “Quel est le con qui a oublié ses bâtons au ravito” ; je regarde mes mains, n’y vois rien, et je commence à paniquer et à dire “eh merde!”. Le gars se retourne, me montre qu’il était en train de se filmer, et me dit “mais non, je parlais de moi”. J’ai bien mes bâtons accrochés à mon sac, ça va.
Je finis à fond (enfin à 9km/h ...), assez euphorique, en 12h49 et 235ième sur 493 arrivants. Pas fou mais je suis content parce que je finis sur un état positif.
Je ne serai pas très loin du malaise vagal dans les 2 heures suivantes, je dois aller chercher un bus, puis 2 trains pour rentrer à mon hotel avant la fermeture du tunnel, mais ça valait le coût. Je reste toujours épaté par la capacité du corps à retrouver la forme après avoir été au fond du trou et en continuant à avancer, vive l'ultra (pas trop long).
1 commentaire
Commentaire de centori posté le 27-09-2023 à 08:49:00
ça donne envie, mais de fou comme disent mes garçons !
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.