L'auteur : Twi
La course : Mauerweglauf
Date : 12/8/2023
Lieu : Berlin (Allemagne)
Affichage : 592 vues
Distance : 161km
Objectif : Terminer
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Entre 1961 et 1989, au moins 140 personnes ont été tuées à l’ancienne frontière, selon les recherches de la Fondation du Mur de Berlin.
La course du Mur de Berlin commémore les victimes et leur histoire personnelle. Chaque année, la course est dédiée à l’une de ces victimes. Le principe de cette course : suivre le tracé du Mur, qui marquait la frontière entre Berlin-Ouest et Berlin-Est ou le reste de la RDA. Le tracé fait 161km (soit 100 miles), il est parcouru alternativement dans un sens et dans l’autre.
En 2023, la course est dans le sens des aiguilles d’une montre. Facile pour se repérer : à droite Berlin-Ouest, à gauche Berlin-Est et la RDA.
Cette course, je l’ai découverte au milieu du désert marocain (à moins que ce ne soit à la terrasse d’un restaurant de Ouarzazate), en échangeant nos expériences sportives avec mes six nouveaux amis de la tente 79, lors de l’édition 2022 du Marathon des Sables. C’est Laurent qui avait pris le départ de cette course en 2015 et en garde un très bon souvenir. Je range l’idée dans un coin de ma tête, avec un peu de la condescendance du traileur pour les courses « sur route », mais l’idée que c’est une occasion rêvée d’imbriquer deux sujets qui me passionnent : Histoire du XXème siècle et course à pied.
Début 2023, il est temps de construire le programme de l’année 2023. Après le MDS, j’ai essuyé 2 échecs sur des ultratrails en montagne, avec à chaque fois la technicité du terrain comme coupable présumé ou prétexté. Je décide de séparer les problèmes : "soit tu fais du long, soit tu fais du dénivelé". Ce sera du long : Trail des Pyramides Noires, dans ma région natale (110 km finis dans la douleur en mai dernier). Et cette idée de Mauerweg qui refait son chemin. Les inscriptions sont ouvertes depuis le 9 novembre (date de la chute du mur), il reste une vingtaine de dossards (mais plus de place à l’hôtel) … Je clique !
En 2023, nous avons rendu hommage à Erna Kelm. Erna Kelm est née le 21 juillet 1908 à Francfort-sur-l’Oder ; elle s’est noyée le 11 juin 1962 dans la rivière Havel dans le tronçon entre Sacrow et Berlin-Zehlendorf. Elle était directrice d’un établissement de soins spéciaux à Sacrow. Son corps a été découvert flottant dans la Havel le matin du 11 juin 1962. Tout indique qu’elle a essayé de traverser la rivière à la nage jusqu’à Berlin-Ouest, puisqu’elle portait sa carte d’identité est-allemande et d’autres documents dans un sac en plastique attaché à son corps et portait un gilet de sauvetage sous ses vêtements. Les enquêtes de la police de Berlin-Ouest ont conclu qu’Erna Kelm s’était noyée en tentant de s’échapper.
Pourquoi cette histoire, celle des autres victimes et l’histoire de ce peuple coupé en deux pendant 28 ans me touche autant ? Je suis né en France à côté de Lille, je n’ai jamais eu d’ami allemand. Jusqu’à ce que je puisse me faire ma propre opinion, mon père m’a toujours expliqué que les gentils c’étaient les Russes et les méchants les Américains.
Pour le départ, les 490 coureurs solo se retrouvent à la patinoire extérieure Erika Hess. La piste centrale n’est évidemment pas glacée à cette époque de l’année, on y trouve la dépose des sacs. Un sac pour chacune des 3 bases vies ou "WP" ("Wechselpunkt") prévues aux km 56, 87 et 124, et un dernier pour l’arrivée (qui restera donc sur place). Avec le dossard, on nous a distribué 4 sacs de couleur différente. Le blanc avec le logo de la course est destiné à l’arrivée. Le bleu avec un gros 1 est pour la 1ère base-vie ; les lecteurs les plus pertinents auront deviné à quoi servent le orange avec un gros 2 et le vert avec un gros 3. Tout est bien organisé, c’est carré.
Le speaker, qui est à fond malgré l’heure matinale, nous invite à rejoindre la zone de départ. Pas question de chariots de feu ou d’éclairer mon chemin en musique de fond : l’heure est affichée au-dessus du portique de départ, quand il est 05:59:52, le speaker dit "acht", puis "sieben", "sechs", "fünf" … etc. Quand on a dit qu’on partait à 06:00:00 ici, on part à 06:00:00.
Je rentre au collège en 1985. Je ne suis pas très sportif ; du genre à se planquer dans les buissons à la première occasion pour éviter de courir. Dans les sports co, je suis le dernier qui est choisi quand on demande aux élèves de faire eux-mêmes les équipes, parfois même après les filles ! Avant les vacances, j’ai applaudi la victoire de Wilander à Roland-Garros (le tchécoslovaque Lendl, je l’aime pas il fait toujours la tronche), et celle d’Evert-Lloyd contre Navratilova, qui était "passée à l’ouest en 81". L’été 84 j’avais suivi les JO de Los Angeles, les 4 médailles de Carl Lewis, les ongles de Flo-Jo, la victoire de l’équipe de France de football… Le coup du boycott des JO par les "Pays de l’Est", j’avais pas trop capté.
Le peloton démarre doucement dans les rues encore endormies de Berlin. Bientôt, on rejoint les berges de la Spree, qui laissent entrevoir le magnifique dôme rénové du Bundestag, devant lequel nous passerons. Progressivement, le peloton se décline en pointillés au gré des petits bonhommes verts et rouges. Le directeur de course a été très clair hier au briefing : on respecte le code de la route, celui qui sera pris à traverser au rouge sera disqualifié. On est partis pour quelques dizaines d’heures, tout le monde respecte. Après le parc, petite entorse jouissive au parcours historique du Mur, on passe sous la porte de Brandebourg. J’imagine que les années où le parcours est dans l’autre sens, passer à cet endroit à moins de 5km de l’arrivée doit faire son petit effet. Je ne suis pas frustré, le l’ai déjà fait sur le marathon en 2016, à l’époque où je faisais des courses de gens normaux.
Au collège, mes copains ont des sacs et des trousses US, c’est la mode ; moi j’ai pas le droit de soutenir l’impérialisme militaro-économique américain. En cours d’histoire-géo, les cartes du monde et de l’Europe sont en bleu et rouge, avec un gros trait noir au milieu. De part et d’autre, on nous annonce des milliers de têtes nucléaires prêtes à anéantir la planète. Si on zoome un peu, on voit une petite bulle bleue : Berlin-Ouest. Les pays s’appellent l’URSS, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la RDA. Du haut de mes 11 ans, cette situation tendue est le fruit d’une très longue histoire et est amenée à durer.
Le parcours passe devant l’ambassade de France à Unter den Linden, puis pointe vers Checkpoint Charlie, sans doute le point de passage le plus mythique entre l’Est et l’Ouest : parce que c’est celui qui est réservé aux étrangers et aux diplomates, il cristallise une bonne partie des histoires d’espionnage de l’époque de la Guerre Froide. C’est ici que se trouve déjà le premier point de ravitaillement. Les points de ravitaillement ou VP pour "Verpflegungspunkt" (et pas "Volkspolizei" : à bannir absolument dans le contexte), seront au nombre de 26, répartis tous les 5 à 8km. Ça peut paraitre rapproché en comparaison de certaines des courses nature que nous aimons tant, mais cela s’avère finalement un très bon moyen de rythmer la course : on est presque toujours, soit trop près du dernier ravito pour déjà ralentir, soit trop bientôt au prochain pour lâcher maintenant.
En cours d’histoire au collège, j’apprends la conférence de Yalta en 45, le Pacte de Varsovie en 55, Budapest en 56, le printemps de Prague en 68. Et aussi, le blocus de Berlin de 1948, la construction du Mur en 61, Kennedy qui se déclare berlinois. Ce passé qui me paraît si lointain, nous a légué notre monde manichéen en bleu et rouge. Seuls les acteurs ont changé. De notre côté ils s’appellent Reagan, Thatcher, Mitterrand, Kohl ... En face, le nouveau président s’appelle Gorbatchev, le nom des seconds rôles, Honecker, Ceausesku, Jaruzelski, on les connaît à peine …
Fin du centre historique, on rejoint bientôt la Mülenstrasse qui longe la Spree et conserve une bonne portion intacte du Mur, qui a été redécoré par des artistes (East Side Gallery, 2ème ravitaillement). Le parcours continue dans la ville, on sent qu’on s’éloigne du centre : des zones commerciales et pavillonnaires, des jardins ouvriers. Puis après le VP3 (Dammweg), on aborde une longue piste cyclable en ligne droite entre le canal de Teltow et l’autoroute. C’est là que se trouve le VP4 (Johannister Chaussee – 22km), qui marque le premier semi, atteint en 2h28. Dans mon roadbook, j’ai découpé la course en 8 semi-marathons d’environ 21km, en me donnant 3h pour boucler chacun, et en faisant une grosse pause à chaque marathon, qui correspond pour 2 sur 3 aux bases vies. Si tout va bien, ça permet de boucler la course en 24h ; je sais très bien que tout n’ira pas bien, mais cela me donne 6 heures de marge sur la barrière horaire qui est de 30h. Je sais aussi que je serai en dessous des 3h sur les premiers semis, et au-dessus sur les derniers.
Contre l’avis de mes parents qui voulaient que je sois dans une meilleure classe, j’ai pris anglais LV1 ; j’attendrai donc ma rentrée en 4ème en 1987 pour commencer l’allemand. A quelques jours de cette rentrée, Kohl et Honecker (les dirigeants de l’Allemagne de l’Ouest et de l’Allemagne de l’Est) se rencontrent à Bonn, capitale de l’Allemagne de l’Ouest. Mon professeur d’allemand nous raconte que la question de la réunification "a été évoquée" (je ne perçois pas encore le charme de ces mots consensuels des communiqués de presse officiels). Il nous décrit avec la voix qui tremble la situation de ces familles séparées depuis plus de 25 ans par le Rideau de Fer. 25 ans, c’est deux fois ma vie. Je ne comprends pas les larmes dans les yeux de ce grand bonhomme à l’autorité redoutée. Finalement … fausse alerte, la réunification ne sera pas pour demain.
On continue à longer l’autoroute jusqu’au km 28 (VP5 - Imbiss), puis on bifurque à l’ouest pour contourner le quartier de Rudow. Là, le paysage change et devient un peu moins urbain : à droite, toujours résidentiel, mais le no-man’s-land a été réhabilité en parc, ce qui est plutôt agréable. Côté gauche, ce n’est plus Berlin-Est mais le land de Brandebourg, et des champs. Petite friandise dans ce parcours tout plat, au km32, dans un parc urbain on nous fait faire une petite bouclette pour monter au sommet du Dörferblick (50m de D+, excusez du peu !) ; ça casse un peu le rythme, mais la vue vaut le détour.
La guerre froide est au programme du BEPC quand je le passe glorieusement en juin 89. Après deux ans d’allemand, les germanistes de la 3ème 1 dont je fais partie commencent à avoir un peu plus de vocabulaire : après avoir souvent répondu à la question essentielle « Wo ist Günter ? » (« Günter ist in der Küche » bien sûr) nous sommes de plus en plus capables de parler des "deux Allemagnes".
La course se poursuit dans le même environnement : parc urbain, résidentiel à droite, champs et friches à gauche, jusqu’au VP6 (Buckow, km36), puis jusqu’à la zone un peu plus résidentielle ou se trouve le VP7 (Nina’s Eltern, km42). Cela marque le 2ème semi (ou le premier marathon, selon comme on le voit) – j’y suis en 5h11. Compte tenu de l’équipement disponible (juste quelques chaises), je ne m’y reposerai pas beaucoup contrairement à ce que j’avais prévu – je reporte ma micro sieste à la première base vie, qui correspond au VP9, 14km plus loin. A partir de ce point, nous sommes autorisés à utiliser des écouteurs ce qui était interdit jusqu’alors (pour des raisons de sécurité dans les secteurs les plus urbanisés) … ça présage un peu plus de nature sur le parcours à venir. Enfin, si tous les ravitos ont leur spécificité et leur charme, avec des bénévoles investis qui prennent à cœur de nous accueillir et de nous motiver, sur celui de Nina’s Eltern, ils se sont surpassés avec une table entière de nourriture vegan, je ne suis que végétarien, mais je ne vais pas me priver d’en profiter.
En mai 89, la frontière entre l’Autriche et la Hongrie est ouverte, ce qui crée indirectement un point de passage entre les deux Allemagnes. Compte-tenu de la situation économique désastreuse, des mouvements de révolte apparaissent en RDA. Pourtant, en juin 89, Kohl (dirigeant de la RFA), déclare que "les chances d'une réunification sont inexistantes" et Honecker (dirigeant de la RDA) promet que "le mur de Berlin durera encore 100 ans".
Le parcours se poursuit toujours entre champs et zones résidentielles. Le VP8 (Osdorfer Strasse – km49) est vite dépassé pour rejoindre le VP9 et la première base vie dans un gymnase à Tetlow. Outre le ravitaillement habituel, je suis content de constater qu’on y trouve des vestiaires, des douches (contrairement à ce qui avait été répondu lors du briefing de la veille) et des tapis de gym pour se reposer. Je récupère mon sac, prends une douche (j’ai eu la bonne idée de mettre une serviette dans le sac n°1), me change complètement et me paye le luxe d’une micro-sieste dans les tapis, avant de repartir ; 45 minutes de pause en tout, je repars après 8h18 de course. Je sais que je n’atteindrai pas le 3ème semi en 9h, aber das ist nicht wichtig.
A ma rentrée en seconde en septembre 89, on nous propose de participer à un voyage linguistique qui aura lieu au printemps. Je suis bien inspiré, je m’inscris pour le voyage à Londres, puisque l’anglais est ma première langue. Mes copains qui ont choisi Berlin reviendront dans quelques mois avec des bouts de mur, de grands drapeaux allemands et l’impression d’avoir vécu l’Histoire en direct. Je me contenterai d’une réplique du Tower Bridge dans une boule à neige.
Après avoir retrouvé un peu les rives du canal, le parcours se poursuit dans les zones résidentielles de Zehlendorf, jusqu’au VP10 (Konigweg) avant d’aborder une très longue piste goudronnée de 6km en ligne droite dans les bois qui mène au VP11 (Gedenskstätte – km70). Je commence à être un peu entamé, je sens que mon rythme de course ralentit, j’ai chaud, je peine à trouver mon chemin malgré le balisage toujours irréprochable. Le ravitaillement ne me requinque pas vraiment. Nous arrivons dans les beaux quartiers de Potsdam qui longent le lac du Greibnitzsee, avec leurs jolies rues pavées … tout ce qu’il faut pour ma casser encore un peu plus les pattes.
Le 73ème kilomètre est fait entièrement en marchant, je traine la patte pour franchir le pont, malgré un paysage superbe. A nouveau, je marche dans le parc le long de la Tiefersee. Pour ne rien arranger, je commence à avoir des hallucinations : j’aperçois des jolies berlinoises qui prennent le soleil dans le plus simple appareil. Rien ne va plus.
Le 9 novembre 89, la tension est forte aux frontières hongroise et tchécoslovaque. Le gouvernement est-allemand tient une réunion de crise. A revoir, la conférence de presse qui suit cette réunion est tout simplement hallucinante. Pendant 50 minutes, le porte-parole du gouvernement fanfaronne avec la langue de bois habituelle du régime. Puis un journaliste italien pose la seule question qui intéresse l’auditoire : "et sinon, est-ce que les allemands de l’est vont pouvoir voyager librement ?" Le mec tourne autour du pot pendant 3 minutes, puis : "On a décidé qu’ils peuvent sortir". "Dès maintenant ?". Il relit son papier, et confirme. "À partir de quand ?". "Pour autant que je sache, immédiatement." "C’est valable aussi pour Berlin-Ouest ?". "Oui, y compris vers Berlin-Ouest". Les journalistes sont bouche bée. Le porte-parole clôt la conférence de presse et se barre. Il est 18:57, officiellement le mur est tombé !
Conférence de Presse 9.11.89 (en allemand)
Enfin, j’atteins le VP12 (Brauhauf Meierei km77) à bout de forces. A la limite de l’évanouissement, je négocie un morceau de banc puis quand ça va un peu mieux, me gave de dattes et d’autres trucs hyper sucrés. Le ravito est situé juste au-dessus d’une brasserie qui fait restaurant au bord du lac. Contrairement aux autres VP, pas de toilettes portatives ici, il faut utiliser celles du restaurant à 100m. Il est 18h, les clients sont déjà attablés devant des plats qui me font saliver et renforcent un peu plus mon envie de rester là. Dans ma tenue je ne suis pas sûr qu’ils m’acceptent. Après cette parenthèse de confort et de civilisation, je retourne au VP. Les visages sont éprouvés, certains décident d’abandonner. Pas moi. Je recharge ma flasque, grapille quelques friandises et je repars après 30 minutes de cette pause non prévue.
Dans la soirée du 9 novembre 1989, à une époque où internet et les réseaux sociaux n’existent pas encore, l’information de la conférence de presse surréaliste du camarade Schabowski diffuse via la télé et les radios. La population afflue aux points de passage. Les gardes-frontières n’ont aucune information. C’est un bazar monstre pendant quelques heures. Heureusement, personne n’a l’idée d’ouvrir le feu. A minuit, tous les postes frontières vers Berlin-Ouest sont ouverts. Les images de foules en liesse tournent en boucle sur toutes les télévisions du monde.
Bizarrement, après avoir quitté le VP12 … j’ai la forme. Je parviens à recourir à nouveau ; ce genre de miracle, c’est ce qui fait le sel des ultradistances. Pour me préserver, je passe en mode « Cyrano » : alternance 700m de course, 300m de marche. A cet endroit, la limite entre Berlin-Ouest et la RDA coïncidait avec le cours de la rivière Havel. Problème, celle-ci est connectée à une série de lacs, et il n’y a pas de pont. Nous faisons donc une grande boucle de 11km pour contourner les lacs de Jungfernsee et Krampnitzsee, et revenir presque sur nos pas mais sur l’autre rive du lac. Le VP13 (Revierförsterei Krampnitz – km82) marque le point d’inflexion. Il est animé par un dynamique gamin d’une douzaine d’année qui interpelle les coureurs et déconne avec eux. Dommage que je ne comprenne pas tout. L’entrée du parc du château de Sacrow est la promesse de la seconde base vie. C’est près d’ici que le corps d’Erna Kelm, notre héroïne du jour, a été retrouvé : juste avant le château, nous sommes invités à laisser une petite carte avec un message de souvenir.
Où j’étais ce soir du 9 novembre 1989… je ne m’en rappelle même pas. Je ne sais même plus si j’ai suivi ça en direct ou si je l’ai découvert le lendemain matin. Ma sœur était trop jeune à l’époque pour s’en souvenir et mes parents sont trop décédés aujourd’hui pour me rafraîchir la mémoire.
La base vie de Sacrow (km 86) est située dans le parc, à proximité du château. Quelques barnums pour abriter sacs de rechange et ravitaillement, des bénévoles aux petits soins, des tables des chaises et quelques transats. Je ne m’attendais pas trop à découvrir une deuxième fois des douches, je ne suis donc pas déçu. Je m’installe dans l’herbe et me repose un peu. Une pluie d’orage un peu drue commence à tomber, je rapatrie toutes mes affaires à l’abri, me mets en caleçon, et profite de cette douche inespérée. Cela fait tomber un peu la température ambiante. Puis je récupère un transat pour me poser à l’abri … Unter den Linden bien sûr ! Change complet, passage en mode nuit (gilet fluo, obligatoire et frontale à portée de main) et ça repart après 40 minutes de pause.
Fin 89, dans son sillage, de la place Wenceslas à Timisoara, le Mur emporte le reste du Rideau de Fer ; en quelques semaines tous les "Pays de l’Est" découvrent la liberté et la société de consommation. L’Allemagne sera réunifiée le 3 octobre 90.
Il est 20:30 à la sortie du parc de Sacrow, la route s’enfonce dans la forêt et déjà, il faut allumer la frontale (même fuseau horaire que la Normandie, mais beaucoup plus à l’est : le soleil se couche beaucoup plus tôt). Je râle un peu, le temps de m’habituer aux nouveaux principes de balisage (balisage au sol et lumineux plutôt clairsemé quand il n’y a aucune équivoque, mais immanquable dès qu’il y a un changement de direction). Devant moi, j’ai en ligne de mire un barbu que j’ai déjà vu plusieurs fois : il avance moins vite que moi, mais je fais des pauses plus longues… on jouera au chat et à la souris quasiment jusqu’à la fin.
En cours d’allemand au lycée on s’interroge maintenant sur les conséquences pour les 2 pays de la Wiedervereinigung et en particulier le débat qui nous passionne tous "Berlin oder Bonn ?". C’est évidemment Berlin qui sera choisie comme capitale, au prix du déménagement de nombreuses institutions de l’Allemagne de l’Ouest.
La forêt laisse la place à quelques zones résidentielles, jusqu’au VP15 (Pagel and Friends, km95). Normalement, un ravito 7km après une base vie, tu as pas trop envie de t’arrêter mais là… Ce type (Pagel donc j’imagine) habite le long du parcours du Mauerweg. Le soir de la course, il installe 2 barnums dans son jardin, un pour inviter ses copains et faire la fête et l’autre pour accueillir les coureurs. Ambiance assurée ! Je reste une dizaine de minutes, puis repars vers le symbolique 100ème kilomètre, qui sera franchi sur une longue ligne droite qui longe une route dans la forêt.
En 91, c’est l’URSS qui éclate pour donner naissance à 15 nouveaux pays. En 92, je suis majeur, j’ai mon permis de conduire, j’achète une carte routière de l’Europe et je rêve d’un grand périple pour découvrir le continent ; ce projet restera dans les cartons, je préfèrerai finalement les campings et les boîtes de nuit de la côte languedocienne avec mon groupe de potes.
Belle surprise encore au VP16 (Karolinienhöhe km101), avec quelques bénévoles et une dizaine de personnes en fauteuil roulant (visiblement accompagnées par une association) qui sont venues nous encourager, bien qu’il soit déjà presque 22h30. J’engage la conversation avec un bénévole, dans mon allemand bredouillant ; quand je repars, il crie à tout le monde "On applaudit Pierre qui est venu depuis la France pour faire cette course" (en allemand) et je repars sous les ovations et les "Vive la France" (en français).
A partir 91, c’est la Yougoslavie qui commence à se disloquer, toutes les républiques qui constituent la fédération voulant faire sécession : d’abord la Slovénie, puis la Croatie, la Bosnie, le Kosovo, la Macédoine. Les conflits feront 140.000 victimes et replongeront l’Europe dans le cauchemar des nettoyages ethniques, des crimes de guerre et des réfugiés. Par ce dernier épisode dramatique, un nouvel ordre géopolitique européen se met en place, qui a balayé en 10 ans le statu-quo de la Guerre Froide.
La traversée des quartiers résidentiels de Staaken à 23h ne se révèle pas des plus passionnantes. Je déroule mon Cyrano comme un métronome. Quand je suis un peu plus fatigué, je passe en 600m/400m, quand j’en ai marre de surveiller la montre, je me cale sur la musique (à la fin de la chanson je cours / je marche). Globalement, cela me permet de maintenir une moyenne autour de 9 min/km. Un peu après le VP17 (Falenseer Chaussee km 108), je croise un banc accueillant qui me permet une micro-sieste interrompue par la Croix-Rouge "Hallo, sind Sie Alex ?" "Nein ich bin nicht Alex" … niveau 4ème LV2, je gère. Je repars.
Au tournant du millénaire, l’intégration européenne des ex-Pays de l’Est est en cours. Certains ont prophétisé la fin de l’Histoire. Il semble que nous ayons enfin réussi à construire un monde meilleur : plus juste, plus pacifique, plus démocratique et qui a tourné le dos aux démons du XXème siècle. La tension géopolitique retombe, l’heure est à l’optimisme. L’Humanité peut enfin se concentrer sur des choses essentielles (est-ce que les ordinateurs redémarreront le 1er janvier 2000) et consommer à tout va. L’ouverture des frontières et le développement des compagnies aériennes low-cost aidant, je suis Espagnol, Belge, Anglais, je suis Tchèque, Allemand, Suisse, je suis Norvégien, Ecossais, Portugais, je suis Suédois, Hongrois, Grec, je suis Danois, Néerlandais, Bulgare … je suis Européen.
Le 110ème kilomètre marque mon record de distance d’une seule traite. Nous sommes en pleine forêt de Spandau. Je m’accroche à la musique. La température redevient acceptable. Les deux ravitos suivants (VP18 Schönwalde 113km – VP19 Grenzturm nieder Neuendorf 120km) sont à peine effleurés, que les bénévoles me pardonnent ! J’ai trop hâte de retrouver la dernière base vie. Déjà on sent l’odeur du lac, ce qui est de bon augure puisque ladite base vie est abritée par un club d’avion. Quelques km avant, un Anglais me demande quelle distance il reste, sa montre est HS. Quand je lui réponds, il me demande combien ça fait en miles … évidemment monsieur utilise des unités que personne ne connait, mais à 2h du matin, il fait moins le malin. Je lui lâche un approximatif "23 miles" et recommence à courir.
Les années 2000 sont considérées comme les moins violentes de l’Histoire depuis 150 ans. Et pourtant : World Trade Center, Afghanistan, Irak, Pakistan, RDC, Géorgie, Tchétchénie, Darfour, etc., l’Humanité n’en a pas terminé avec ce qu’elle sait faire de pire.
La 3ème base vie au club d’aviron d’Oberhavel (km 124) sera un peu décevante. On est sous un hangar certes à l’abri de la pluie, les bénévoles sont certes tous adorables, mais l’équipement est très spartiate : des bancs instables et sans dossiers, à peine quelques chaises, aucune table, et un seul lit de camp pour la quelque vingtaine de concurrents qui sont là. Les sacs de rechange sont posés dans de l’herbe un peu boueuse, il n’y a pas vraiment d’endroit discret pour se changer (bon, je m’en fous je suis pas pudique dans ces cas-là). Moi qui comptais me faire une bonne sieste à cet endroit, je vais revoir mes ambitions. Je réussis quand même à récupérer le lit de camp. Pas gagné malgré tout, j’ai perdu beaucoup trop de temps (plus d’une heure) par rapport à ce que j’ai pu me reposer. Je repars, j’ai froid.
C’est dans les années 2000 que l’Humanité, à peine remise de la Guerre Froide et engagée à fond dans la mondialisation commence à prendre conscience d’une nouvelle menace pour sa survie : la planète se réchauffe. Je ne sais plus précisément quand je me rends compte que mes enfants vont avoir un problème. Je me rappelle que la Vérité qui Dérange d’Al Gore sorti en 2007 m'avait trouvé déjà convaincu.
La traversée forestière se poursuit, au VP21 (Fröhnau km130), les lueurs du jour commencent à pointer. Le ravito suivant sera une étape : au-delà, il n’est plus autorisé d’avoir les écouteurs, il faut que je profite de ces derniers instants musicaux. Malgré leur rythme effréné, les paroles de Muse (“The fundamental laws of thermodynamics will place fixed limits on technological innovation and human advancement. [...] A species set on endless growth is Unsustainable”) ont comme toujours un goût amer.
Le VP22 (Natürschutzturm, km135) est en pleine forêt, un ancien mirador du mur a été transformé en observatoire pour regarder les animaux de la forêt. C’est ici qu’a été tuée Marinetta Jirkowsky, la victime à laquelle mon ami Laurent a rendu hommage lors de sa participation en 2015. Hasard de la playlist pour la toute dernière chanson, j’ai eu droit à Nena "99 luftballons", hymne pacifiste en allemand sorti en 1983, en pleine terreur de la course aux armements entre les deux blocs. On ne pouvait pas trouver mieux...
En fait, c’était pas fini… Libye, Syrie, Afghanistan, Birmanie, Palestine, Yémen, Tigré... Pendant que Poutine met l’Ukraine à feu et à sang, les populations d’Afrique subsaharienne, trop contentes de se débarrasser de leurs dictateurs souvent amis de la Françafrique acclament le drapeau russe et les milices Wagner. La guerre a déplacé plus de 13 millions de Syriens, dont la moitié a dû quitter leur pays, et plus de 5 millions d’Ukrainiens.
Il fait maintenant clair, la frontale n’est plus utile même si le règlement nous demande de la garder allumée jusque 06:00. Les chemins forestiers sont pavés, ce qui est très joli, mais casse-pattes. Le VP23 à Orianierburger Chaussee (km140) est maintenant en pleine ville dans une zone commerciale. Je squatte un fauteuil de camping, où je manque de m’endormir. Je repars. Je n’ai qu’une envie, c’est d’arriver : malgré mes calculs concluant à la possibilité de finir en marchant, je me tiens à mon alternance course/marche et me résous à limiter au minimum mes arrêts aux 3 prochains ravitos. Je redouble mon barbu, ce sera la dernière fois, puisque je ne le laisserai pas me rattraper aux VP suivants. On traverse de beaux quartiers, de part et d’autre du Mur qui est tombé il y a 34 ans.
Sècheresses, inondations, ouragans, incendies. En 2022, les catastrophes naturelles ont déplacé 12 millions de personnes dans le sous-continent indien, 2,4 millions au Nigeria, 700.000 au Brésil, etc. Bien souvent, la misère, la répression et les conflits se cumulent aux phénomènes climatiques pour mettre des milliers de personnes sur les routes.
Après le VP24 (Lübars km145), où je grapille quelques friandises commence une grande étendue verte en ligne droite, qui ouvre sur la perspective de la tour de télévision d’Alexanderplatz. On commence à deviner où est l’arrivée, ça fait beaucoup de bien. Puis une zone industrielle beaucoup moins bucolique, avant le VP25 (gare de Wilhelmsruh, km151). Plus que 10km !
L’environnement est devenu clairement urbain quand une passerelle au-dessus des voies ferrées nous redonne une nouvelle perspective de la tour de télévision, juste avant d’arriver au VP26, le dernier.
Je ne résiste pas au plaisir de prendre en photo la petite affiche qui par 26 fois m’a permis de planifier les 5 à 8km entre deux ravitaillements. Pour savourer le moment, je me pose 2 minutes dans un transat, une bénévole me demande si j’ai besoin de quelque chose, je la remercie, j’ai juste envie de profiter d’être là, à mon dernier VP.
Les anciens citoyens de la RDA sont aujourd’hui libres de voyager : avec leur passeport allemand ils ont accès sans visa préalable à 191 pays dans le monde ; 3 de plus que moi avec mon passeport français. Pour un Marocain, c’est 65 pays, un Soudanais 42, un Syrien 30 et un Afghan 27… Depuis la chute de celui de Berlin, nous n’avons jamais construit autant de murs : USA/Mexique, Inde/Bangladesh, Chine/Birmanie, Israël/Cisjordanie. L’Union Européenne -mon Union Européenne- a construit depuis 2015 plus de 1700km de murs pour enrayer les mouvements de population. Il serait cynique de croire que ça fera un jour de belles courses.
Le Mauerpark nous amène sur la Bernauer Strasse : on retrouve les sites historiques du centre-ville. Mon alternance marche/course est maintenant entrecoupée par les petits bonshommes verts et rouges à chapeau des feux de circulation. Je double encore deux concurrents, un bénévole qui passe à vélo dans l’autre sens nous encourage. Dernier kilomètre, les arches en béton de la patinoire sont bientôt en vue, je rentre dans le stade, une concurrente est là juste devant moi, j’en ai sous le pied pour la doubler, mais je me dis que ce serait un peu mufle, je la laisse devant. Le tour de la patinoire se fait sous les applaudissements, il est 10:24, je passe la ligne d’arrivée. J’ai bouclé mon premier 100 miles.
Tout est une question d’échelle : 100 miles ou 161km, c’est la distance de la Tunisie à la Sicile, c’est 10 fois le détroit de Gibraltar, mais à peine 1/10ème de la traversée du Sahara. Entre 2014 et 2023, on estime que plus de 12.600 personnes ont perdu la vie en tentant de traverser l’Afrique, et 26.800 en traversant la Méditerranée. Leur seul but : survivre.
T-shirt finisher remis sur la ligne d’arrivée, j’envisage un banc à l’ombre pour laisser retomber la pression, puis vais récupérer ma bière, en faisant au passage mon traditionnel vertige hypoglycémique de l’arrivée. La bière sera sans alcool, on ne va pas tenter le diable. La remise des prix des relais (dont la barrière horaire était à 10:30) bat son plein, pour nous ce sera à 14:00 à l’hôtel où nous avons pris les dossards, en même temps que la récupération des sacs. Je peste un peu contre cette organisation qui m’oblige soit à attendre sur place les bus qui me ramèneront à l’hôtel, sans possibilité de me doucher ni vraiment de me reposer, soit à repasser par mon appartement. Je choisis la seconde option, et me traîne péniblement vers le métro.
Depuis des années, à la maison, pour aider les enfants avec leurs devoirs, la répartition s’est faite quasiment naturellement : si en maths, physique, anglais, on gère à deux, je laisse le français à ma femme et je prends l’histoire-géo, parce que j’adore ça. Je pense même avoir un certain talent pédagogique dans cette matière. Quand on évoque la période de la Guerre Froide, j’ai toujours du mal à masquer une certaine émotion : j’y étais !
Mes enfants, la chute du Mur et la fin de ce monde oppressant dans lequel je suis venu au monde, bizarrement ça n’a pas l’air de trop leur causer 🤫…
La douche sera un grand plaisir, la principale difficulté étant de ne pas s’effondrer de sommeil après. L’alarme de mon téléphone s’est chargée de me limiter à une micro-sieste, et je me traîne à nouveau dans le U-Bahn et les rues de Berlin, direction Alexanderplatz pour récupérer ma médaille et mes sacs. Finalement, même si la cérémonie est un peu longue (et entièrement en allemand), cette idée de faire monter tous les finishers sur un podium pour que le directeur de la course leur remette leur médaille a quelque chose d’assez gratifiant. J’apprends à cette occasion que le premier au scratch est une Norvégienne, qui a bouclé le parcours en 13h50 … plus de 2 fois plus vite que moi ; impressionnant mais ça n’enlève rien à ma fierté d’être là, j’ai l’habitude de me comparer plutôt avec le dernier qu’avec le premier.
Bilan de la course
Arrivé en 28h24’42’’, je suis 291ème au scratch, 219ème masculin et premier français (bon OK on n’était que 3 français inscrits, et les deux autres ne sont jamais arrivés). Il y a 45 finishers derrière moi et 32% d’abandons (pour un abonné comme moi aux DNF ou aux voitures balais, cela constitue une réelle performance).
Mon bilan pourrait se résumer dans ce message d’un copain : « Je vois ton Strava. […] t’as géré. » Je ne m’en étais pas rendu compte jusque-là, mais c’est exactement ça : sauf 2-3 kilomètres à Potsdam avant la pause salvatrice à la brasserie Meierei (km76), je n’ai jamais subi cette course : j’ai géré. Et ça, par rapport à mes expériences d’ultra précédentes, c’est nouveau et carrément réjouissant. Je pense qu’on me reverra sur des ultras sur route.
Pour ce qui est de la course à proprement parler, j’ai trouvé que c’était une belle expérience d’ultra avec un profil plutôt « urban trail » : on court principalement sur des pistes cyclables, des trottoirs, des routes et des chemins de terre sans réelle difficulté technique. L’interaction avec la circulation automobile n’est pas pesante. Le dénivelé positif total est de 1000m, ce qui fait la bagatelle de 7m de D+ par kilomètre : c’est plat.
Il y a une belle ambiance le long de la course que ce soit parmi les participants ou les bénévoles qui animent les ravitos et que j’ai tous trouvés adorables et aux petits soins, malgré la barrière de la langue ; heureusement que j'avais un peu révisé avant de venir.
Les paysages sont sympa et variés, les portions dénuées d’intérêt sont rares : beaucoup de parcs et de forêts. Cela permet de découvrir des quartiers de Berlin hors des sentiers battus, et d’imaginer ce que devait être le no-man’s land dans les zones non urbanisées (sud et ouest du parcours notamment). En revanche, dans les zones urbanisées, difficile de se projeter, tant la ville a heureusement été reconstruite depuis 34 ans, et les anciens quartiers délabrés à proximité du mur ont été réhabilités et gentrifiés. Le parcours est parsemé de panneaux d’interprétation de l’histoire du Mur pour indiquer un point de passage, un équipement particulier ou le lieu où une victime est tombée … le contraste de se trouver là, maintenant, libre de nos mouvements est évidemment saisissant.
Bref je recommande chaudement cette course, pour ceux que ce format ne rebute pas. D’ailleurs, j’ai presque déjà envie de le refaire dans l’autre sens, pour retrouver cette ambiance et découvrir de jour ce que j’ai parcouru de nuit…
Bilan du Monde
😥
La plupart des chiffres sont tirés de l'Atlas des Migrations - Hors Série Courrier International, Août 2023
6 commentaires
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 13-09-2023 à 13:33:08
Une seule chose à dire : ça c'est du récit ! (et de la (belle) course !).
Merci !
Commentaire de Yannael posté le 16-09-2023 à 22:40:52
C'est bien simple : j'ai adoré ce récit. L'alternance entre la course et le cours (d'Histoire) est juste parfaite. Félicitations pour ce récit mémorable, et pour la course elle-même, bien sûr.
Commentaire de Arclusaz posté le 14-10-2023 à 09:41:21
Formidable récit que j'ai lu tardivement grâce à la LIK ! j'adore les rappels historiques. Et je me souviens parfaitement der ce que je faisais le 09 novembre 1989 : j'étais chez mes parents, scotché devant la télévision avec l'impression de vivre en direct mon premier moment d'histoire.
Bravo bien sur aussi pour ta course
Commentaire de poucet posté le 27-10-2023 à 06:46:38
Merci pour la leçons d'histoire et ce récit passionnant. Voilà une course qui a du sens. Félicitations pour ce premier 100 miles géré nickel.
Commentaire de Twi posté le 28-10-2023 à 08:37:53
Merci pour tous vos commentaires !
Commentaire de Benman posté le 01-01-2024 à 14:28:35
passionnante leçon d'Histoire(s) et récit à la hauteur de l'engagement que cela nécessite. Bravo
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