L'auteur : Zaille
La course : Les Crêtes Vosgiennes
Date : 20/8/2023
Lieu : Le markstein (Haut-Rhin)
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Distance : 33km
Objectif : Faire un temps
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Bien que mes objectifs de course à pied soient plutôt sur le bitume pour cette fin d’année, je ne veux pas pour autant délaisser les sentiers. Je n’ai pas beaucoup d’entraînement trail et notamment en D+ mais l’envie est souvent plus forte que la raison, me voilà donc inscrit pour la 2ème fois aux 33km et 1200 D+ des Crêtes Vosgiennes.
Petit prétentieux
La raison, parlons-en ! Ce truc me fait cruellement défaut. Après 6 mois d’accumulation de courses, je sens une fatigue lancinante en moi, les entraînements, même les plus light, m’épuisent. Je crois que mon corps m’envoie des signaux. Même les données de ma Garmin vont dans le même sens avec une VFC (Variabilité de la Fréquence Cardiaque) dans les chaussettes traduisant un manque évident de récupération. Malgré tout, les œillères bien vissées sur la tête, je continue, je force et pire, je me lance des défis sur des courses pour lesquelles je n’ai même pas l’entraînement adéquat.
En 2018 je passais la ligne d’arrivée des Crètes Vosgiennes en 4h28 dans un état nauséeux et d’épuisement avancé, les 2/3 de la course ont été un vrai calvaire. Cette année j’y retourne en comptant sur la caisse acquise depuis le début d’année pour lever l’affront de cette contre-performance passée. Je compare les chronos de coureurs à cotation Betrail équivalente et décide d’un objectif de course en 3h30 environ à 6:30 de moyenne … Petit prétentieux que je suis !
Guantanamo
Je profite du déplacement dans le sud de l’Alsace pour caler un week-end camping en famille à Orbey. La météo annoncée est (trop) bonne mais à tendance caniculaire. Pour du tourisme à Kaysersberg et des bières en terrasse, c’est pas mal, pour le reste … Pas sûr. Le samedi est plutôt agréable jusqu’au moment où l’on retourne au camping d’Orbey pour se coucher vers 22h00.
Il fait nuit mais de nouveaux voisins campeurs commencent tout juste à faire la tambouille à côté de notre tente. Ok, on ne va pas dormir tout de suite surtout que juste en contre-bas, la kermesse du bourg bat son plein supportée par la sono du Hellfest. On avait vu les panneaux dans le village d’une fête de 19h00 à 23h00 mais bon … Dans une heure c’est fini ! 22h30 : feu d’artifice. Ah, ça sent la fin ! Et bien non ! Au micro on annonce l’arrivée d’un DJ pour une animation jusqu’à 2h du matin !
Je comprends que ma nuit va être courte, très courte. Je ne dormirai effectivement pas avant 2h du matin, décomptant le temps qui reste avant la fin promise. Je me sens comme un prisonnier de Guantanamo où les Américains avaient inauguré la torture sonore. A cette ambiance de boîte de nuit en plein air se rajoutent les conversations animées de nos voisins que nous aurons à supporter jusqu’à 1h du matin.
Au Markstein
Réveil à 6h00 avec les cloches et les voisins qui reprennent leurs débats probablement là où ils les ont laissés la veille, ils sont increvables ! J’attends 7h pour me lever et on décide de remballer au plus vite pour quitter cet enfer. Ma pire nuit d’avant-course. Je croise d’autres campeurs-coureurs à la mine déconfite, l’addition va être salée sur les sentiers des crêtes.
Après 1 heure de routes sinueuses, ma famille me dépose au Markstein à une altitude un peu sous les 1200m, le lieu de départ de la course. J’ai 30 minutes d’avance, c’est largement suffisant, le dossard avait été récupéré la veille au lieu d’arrivée (oui, c’est une course en ligne). Le temps de saluer quelques connaissances et je me positionne dans le champ faisant office de sas de départ. Je vais vers l’avant mais pas trop, là où j’estime être ma place. Un dernier bisou aux filles et c’est parti.
Première grosse difficulté
Le début est plutôt roulant comme dans mes souvenirs, on court à un bon rythme est les chemins bien larges permettent les dépassements. Il y a bien une montée sèche sous un télésiège où tout le monde marche mais le reste est plutôt facile durant ces 10 premiers km. Mon allure est conforme à mes attentes même si les sensations sont plutôt mitigées.
Km10, premier ravito. Je rêve déjà d’un Coke et ne me prive pas. Je remplis aussi ma flasque d’eau et me fait verser un peu de liquide dans la nuque. C’est un arrêt express, je veux conserver un maximum d’avance sur l’objectif sachant que je suis au pied de la première grosse difficulté qui nous fera monter à 1300m. Mes 2 minutes d’avance vont très vite être digérées dans ce km où l’on marche en file indienne pour gravir ces 150m de D+. Au loin on voit un léger replat suivi d’un nouveau raidard coloré par une colonne de traileurs/marcheurs.
Le début de la fin
Km13, les 2 descentes successives ne m’auront pas permis de récupérer un peu de gras car trop encombrées et surtout je me rends compte que j’ai beaucoup perdu en assurance dans les pentes. Le terrain ici n’a rien de commun avec les Vosges du Nord, on commence à avoir une typologie quasiment alpine par moment qui oblige à beaucoup plus de prudence.
Km13, encore, c’est aussi le début de la fin. Et oui ! Déjà ! En plus, j’ai presque l’impression que ça m’arrive presque au même endroit qu’en 2018. Plus de jus et surtout pas de force dans les cuisses pour pousser dans le D+. C’est ballot car il reste encore 20km ☹ J’oublie aussitôt mes espoirs chronométriques tout en espérant quand même arriver en moins de 4 heures.
Crevé
Km17, j’arrive en mode rando au point culminant de la course, le Hohneck 1363m. La vue est magnifique mais j’ai hâte d’arriver au ravito suivant, dans 3km environ. Je sacrifie malgré tout ma 2ème et dernière compote qui me fait du bien. La descente qui suit est plutôt bien gérée et je ne me fais que rarement doubler. Il fait chaud mais on est quand-même régulièrement à l’ombre de grands sapins. La chaleur est là mais j’ai l’impression que je n’en souffre pas trop, mon mal vient d’ailleurs …
Ah, un bon Co….. Que de la flotte ? Pas grave, je squatte une assiette d’oranges en quartiers et me délecte de leurs jus que je suce vigoureusement. Une bonne rasade d’eau me fait du bien aussi, je prends mon temps et remplis une flasque d’eau avant d’attaquer la dernière grosse montée. Prochain ravito dans 6km, le décompte est lancé.
J’ai du mal à reprendre la course (ou plutôt la marche), je suis crevé et suis même obligé de m’arrêter dans le pentu en m’adossant à un arbre. J’ai le souffle court et puise dans les réserves. On va arriver sur le dernier tiers, une succession de montées et de descentes pas trop longues mais où les chemins seront « agrémentés » de milliards (j’ai mis un « s » à milliard) de cailloux. La partie qui m’avait mis le plus à l’épreuve lors de mon 1er essai raté.
Bis repetita
Essai raté, bis repetita. Je me rends à l’évidence, ça sera un nouveau fail où même le sub 4h est à oublier. Je suis cuit. On me dépasse de tous les côtés, beaucoup de filles d’ailleurs ! Je trébuche régulièrement manquant parfois de peu la chute. Sur ce terrain, les conséquences pourraient être des plus douloureuses si l’on devait tomber. Je ne regarde même plus ma montre, je me contente d’avancer entre marche et course.
Km26, ravito. La bonne blague du jour. Plus de liquide, même pas d’eau ! Hallucinant ! Les bénévoles ont ramené en urgence des packs d’eau de chez eux pour rassasier les plus assoiffés. Je demande un fond de bouteille que l’on m’accorde. J’agrémente ces quelques centilitres avec 2-3 quartiers d’oranges qui trainent encore dans une assiette et souhaite bon courage aux cantiniers car je sais que ça va râler et qu’ils vont probablement servir de défouloir à certains malappris.
Au loin, la sono
7 ou 8km, il ne reste pas grand-chose. Ces derniers km seront beaucoup plus exposés au soleil même si un nuage nous prendra de temps en temps en pitié. Je cours quand c’est plat et que c’est possible, le moindre faux-plat montant se fait à la marche. Les descentes, ça va je gère à peu près et j’arrive même encore à trouver un côté ludique à ces put**ns de cailloux mais à une allure inavouable.
Enfin j’entends au loin la sono de l’arrivée, quel plaisir ! Je me projette déjà dans la fin de parcours : une grosse descente dans un pré, une traversée de route, une boucle et hop ! Un bénévole nous indique 4km, non pas possible j’en ai 30 sur ma montre. Il se trompe effectivement, voilà la descente finale. Je déroule assez facilement, je n’ai pas mal aux jambes, je suis juste vidé. Les derniers encouragements, 400m, 300m, c’est long. J’entends mes filles, elles sont revenues de leur rando autour du Lac Blanc avec leur maman et enfin l’arche … 4h28 (PR battu de 19 secondes LOL).
Exténué
Il ne reste plus que de la flotte au ravito, j’en prends 2 rasades et me couche dans l’herbe, exténué. Chronique d’un échec annoncé, il n’y a pas eu de miracle. Maintenant, je dois tirer des leçons de tout ça au lieu de toujours vouloir trop tirer sur la corde ! Notamment ne pas me lancer dans des chantiers pareils sans prépa spécifique et encore moins avec des guiboles en carton.
En sortant de la zone coureurs on m’offre une paire de chaussette et un munster mais il me faut vite quelque chose de frais et de sucré, un Orangina de préférence évidemment juste avant quelques bières, la récupération commence dès maintenant 😉
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