Récit de la course : Trail des Allobroges - 55 km 2023, par Insigma

L'auteur : Insigma

La course : Trail des Allobroges - 55 km

Date : 28/5/2023

Lieu : Bellevaux (Haute-Savoie)

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Distance : 55km

Objectif : Terminer

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Trail des Allobroges 2023

Avec le club Trek & Trail de Bertrix, nous présentons une grosse délégation Belge en déplacement à Bellevaux, petit station de ski familiale de Savoie. Chacun y trouvera son compte car les parcours proposés sont nombreux, du 10 au 55km. Ce qui caractérise aussi ces « Trails de la Vallée du Brévon », c’est leur difficulté élevée. En effet, les ratios/dénivelés sont importants, à l’image d’une course que j’avais déjà effectuée par le passé à Courchevel.

 

Je m’aligne sur la plus longue des distances dont le dénivelé dépasse les 4000m (!), son petit nom : Le Trail des Allobroges. 

 

L’objectif au départ était majeur pour la saison mais plusieurs raisons ont contribué à ce qu’il ne devienne plus qu’une course à absolument finir. Coûte que coûte ? En effet, j’ai eu la chance d’être tiré au sort en début d’année pour participer à la Diagonale des Fous en octobre. Sauf qu’il me manque des points. Les points doivent être obtenus sur un minimum de 2 courses représentatives. Le Trail de Serre-Ponçon en est une. Le Trail des Allobroges sera donc la seconde. Autre fait marquant de ces dernières semaines.. Une côte cassée 5 semaines avant cette course qui m’a empêché d’achever une préparation qui était pourtant en bonne voie.

 

Je décide donc quelques jours avant la course, ne sachant pas comment cette côte va supporter la charge imposée par le parcours, de courir avec les copains, sans doute un peu en-deça du rythme sur lequel je serais parti solo. C’est également lors de ces quelques jours précédent la course que je me rends compte que mes bâtons sont complètement grippés. Impossible de les déplier ! J’ai pourtant essayé pas mal de choses… Je me résigne et me dis que c’est peut-être un mal pour un bien au final, étant donné que sur la Diag’, les bâtons sont interdits.

 

 

Vaille que vaille, je m’approche de la ligne de départ, ULTRA serein, sans bâtons et sans m’imaginer un instant que ça pourrait coincer. Le départ est donné à 5h ce dimanche 28 Mai, nous avons allumé nos frontales pour quelques minutes seulement, le soleil se levant bientôt. Nous n’avons que peu de détails sur le parcours, mis à part qu’il nous emmènera sur un passage « vertigineux » du km 10 au km 10,5 où l’utilisation des bâtons sera interdite. Ca tombe bien, j’en ai pas ahah.. Et je me sens un peu seul d’ailleurs, la plupart des gens en sont équipés. 

Dommage, nous n’arriverons pas à sortir des forêts assez vite pour admirer le lever de soleil, meilleur moment de la journée selon moi. Mais, lorsque nous en sortons enfin, la lumière est magnifique et me donne l’occasion de réaliser quelques jolis clichés. 

 

Le fameux km 10 est atteint, ok un sentier aérien un peu étroit et puis, ce sont des rochers qui nous font face, qu’il faut « escalader ». Chaînes, cordes, et une échelle. Tout est bon pour nous permettre de passer l’obstacle de taille. 

Plus loin, sur la Pointe d’Ireuse, nous retrouvons le malheureux Mario, lui aussi blessé, et qui n’a pas pu participer à l’orgie. La pointe d’Ireuse est le point le plus haut de la course à presque 1900m. Malgré l'heure matinale, il est 7h30, la journée est belle, il ne fait pas froid, même à cette altitude. 

 

Le ravitaillement solide du km15 est copieux, comme tous les autres d’ailleurs. Gargantuesque, même ! Après ce ravitaillement, ça grimpe. Ca grimpe même sec avec des portions à plus de 30%, de vrais murs qui usent les corps et les esprits… Je note qu’au 17é km, particulièrement, c’est du très costaud.

Pointe de la Gay, la Grande Pointe.. Autant d’endroits très ouverts qui permettent des photos démentes. Nous ne nous attardons pas au lac de Pététoz qui semble être sans intérêt et atteignons des verts pâturages autour des chalets du même nom, Pététoz donc pour ceux qui ne suivent pas. Ce trail, qui n’est pas spécialement montagnard me convient parfaitement. Peu de caillasses, la preuve encore ici avec ces Alpages très verts et fleuris, c’est magnifique.

 

Km 30 Ravitaillement au Lac de Vallon, qui, lui, a nettement plus d’intérêt. 6h15 de course, 45’ avant la barrière horaire. RAS de mon côté, tout roule. Depuis quelques temps, je cours exclusivement avec Florence, et de temps à autre avec Philippe qui fait le yoyo. On a définitivement perdu Fabrice et Eric qui seront arrêtés à cette barrière horaire. Triste pour eux :(.

 

 Le gros du boulot est fait ! Au 20è km on avait déjà accumulé 2.000m de dénivelé soit quasi la moitié du dénivelé total, il est donc logique de penser que la seconde partie de course, qui va commencer maintenant, devrait être plus facile.

Que nenni =) C’est autour du 35è km que les choses vont se gâter pour moi. Cela m'est déjà arrivé sur d'autres courses, une sensation de vertige, de nausées, qui me mettent le genou à terre. Florence qui était un peu en arrière a crû que je l’attendais.. « on va dire ça » sera ma réponse à son interrogation. Mais plus loin, je dois carrément m’allonger. Elle s’asseoit à côté de moi, bienveillante, puis me dit qu’elle continue. A ce moment-là, je suis au fond du trou. Je ne sais pas si j’arriverais à me relever. Seul face à moi-même, avec l’énergie du désespoir, je me remets en route, je déserre mon sac pour ne pas qu’il comprime plus mes poumons. Concrètement, ici, en sachant qu’il reste 20km et une énoooorme montée à venir, je ne donne pas cher de ma peau.

 

 Sur l’entrefait, dans mon ascension pénible vers la Pointe des Jottis, je reçois un SMS de Vanessa m’annonçant qu’elle a bouclé sa course de 20km et 1400+ en 4h15 et que donc, elle était déclarée finisheuse (oui car si tu arrivais après 5h, tu n’étais pas classé.. Pas compris l’intérêt de ce truc ?!). Je la félicite et lui transmets mon amertume me concernant.

 

Ouf, sommet atteint, c’est la descente. Jusqu’au ravitaillement suivant, km 40. La descente se passe tant bien que mal, avec un regain inespéré d’énergie. A tel point que je rattrape même Florence dans cette descente ce qui nous permet de rentrer ensemble au ravitaillement où elle retrouvera son mari, Luc, et moi, un des médecins de la course.

 

Je ne me précipite pas vers le médecin, non, plutôt sur ce qui me fait envie à ce moment-là, c’est-à-dire du sucre, du sucre, du sucre. Et puis, assis sur mon trottoir, à l’ombre, j’interpelle le doc en lui expliquant ce qui m’est arrivé dans la montée. Je ne sais pas trop ce que j’espère en lui parlant de tout ça, sans doute une pilule magique ? Ce qu’il me répond ne me met pas vraiment en confiance. Je commence à me dire que j’aurais dû éviter de lui parler, qu’il va m’arrêter. Il prend mon pouls, ne fait aucun commentaire. Il ne me prend pas ma tension, tant mieux pour moi je crois…

J’appréhende beaucoup la grosse montée qui suit le ravitaillement, c’est pourquoi je repars avant Florence et Philippe. Je leur dis « à tout de suite ». Cette montée, certes plus longue que la précédente, est plus roulante. Pas de murs, je parviens donc à monter correctement. N’empêche, Philippe, puis quelques temps après, Florence, me dépassent.  

 

[Ah oui tiens, anecdote amusante.. Si on veut… Je suis dans cette foutue montée, il y a un bénévole de l’organisation, ainsi qu’une maman et sa gamine pour encourager les vaillants soldats qui n’ont rien trouvé de mieux à faire aujourd’hui que se taper 50 bornes en montagne. Bref, et donc, je passe à côté de la gamine qui avait préparé une énorme boule d’herbe fraîchement coupée. Et donc ? Oui, oui, elle me l’a balancée en pleine poire. J’étais déjà au bout du rouleau, et voilà qu’une gamine de 5 ans me joue un mauvais remake d’une bataille de boules de neiges. Je suis dépité. Bon sang ! La mère s’indigne, se confond en excuses, et moi, je fais 2m en arrière et demande à cette petite de me faire un bisou. Me suis pris un vent, la gamine était en pleurs dans les jupons de sa mère. Pauvre petite, elle ne s’est pas rendue compte.]

 

Cahin-caha, voici le sommet tant convoité. Je ne suis pas au meilleur de ma forme, qu’on se le dise, mais quand même, il en faudra un peu plus pour m’abattre. J’aperçois au loin, au-delà des crêtes d’Hirmentaz que je vais devoir emprunter, Florence qui continue son bonhomme de chemin.

La longue descente vers le ravitaillement du 50è km ne sera pas une formalité. Avant d’arriver à « Les Mouilles », on aura suivi le tracé « tout droit » de 2 téléskis. Autant te dire, à toi qui me lis, que c’est raide, et que sans bâtons sur lesquels s’appuyer, ça bousille les cuisses. Je suis perclus de crampes, c’est horrible. Enfin, Flo rejointe, encore une fois, quelques hectomètres avant le ravitaillement. Elle m’avoue qu’elle aussi n’est pas au mieux.

 

Km 50 Ravitaillement à l’Epuyer Pour moi la partie est gagnée, il y avait ici une barrière horaire fixée à 17h30 et nous avons +- 45’ d’avance, ce n’est pas énorme mais c’est raisonnable. Bien la première fois que je dois m’inquiéter des barrières horaires.. Il faut un début à tout. Nous avons là l’excellente surprise d’être rejoints par 4 des membres du club, partis sur le 37km 2h30 après nous, accompagnés du serre-file. Ils sont fatigués, mais ils sont encore là :)

Nous repartons avant eux, il reste 5km, on en a marre, on veut rentrer !

 

Encore une montée avec des portions > 30% mais cela se passe sans trop d’encombres, on reste ensemble avec Flo. Et après avoir dépassé la chapelle du merle, ce sera facile jusqu’au bout. Km 54, Vanessa m’avait demandé de la prévenir lorsqu’il nous restait 1km, ce que je fais donc. Je termine d’envoyer mon SMS, on arrive dans le village et là BAM, la big banderole qui t’annonce que les bières sont dans 1,5km. Quand t’es au bout du bout, 500m c’est encore trop long ! On entend le speaker depuis quelques minutes, Philippe, ce gaillard, qui en a terminé est revenu sur nous, pour nous accompagner dans le final. Immense respect à toi Philippe, à 56 ans ! Et puis cette arrivée incroyable… Tout le club ou presque est là, ils braillent, s’égosillent pour nous, c’est génial. J’avais dit quelques instant avant à Flo que je lui tomberai dans les bras, « moi aussi » m’avait-elle répondu, et on s’exécutera. Je pense que ni Vanessa, ni Luc ne nous en voudront. Bravo à toi Flo (54 ans. Là aussi, tout mon respect !)

 

Trail très exigeant que j'ai pris beaucoup trop à la légère. Ca m'apprendra.

Bâtons carrément indispensables. Vraiment.

Belle surprise à l’arrivée de (re)voir Dawa Sherpa. Toujours aussi humble...

Temps et classement anecdotiques. 12h54 Scratch : 114/143 (124 classés)

Cat. 44/46 

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