L'auteur : Gilles45
La course : Grand Raid 73
Date : 27/5/2023
Lieu : Cruet (Savoie)
Affichage : 962 vues
Distance : 73km
Objectif : Pas d'objectif
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Il y a déjà 5 ans que je n’avais pas remis les pieds à Cruet…entre impératifs de travail, Covid…le temps est passé sacrément vite depuis 2018.
Cette année, je me décide à revenir dans le cadre de ma préparation pour l’ultra trail de Corse (UTC) ou plutôt devrais-je dire de mon manque de préparation tant je n’ai pas pu être aussi assidu que voulu dans mes entraînements.
Je manque cruellement de D+/D- dans les jambes et les Bauges vont me le faire comprendre…
Je prends la route tranquillement le vendredi d’Orléans pour rejoindre Cruet. J’apprécie vraiment cette course pour sa simplicité logistique : pouvoir planter la tente à deux pas du départ, un bloc douche accessible dès le début de soirée (très agréable après le trajet), bref avec cette belle météo annoncée, je suis ravi, tout est parfait.
La fin d’après-midi est tranquille : profiter du soleil, lire, manger ma salade de pâtes et couché vers 21h.
Nous sommes relativement nombreux cette année, près de 240 au départ et 900 sur l’ensemble des courses.
Petite aparté, je trouve que sur ces courses « locales / régionales » sans grand retentissement médiatique, le niveau est beaucoup dense que sur d’autres évènements. Je m’en rends bien compte dans mes classements de grandes courses où j’oscille parfois/souvent dans les 10% de premiers coureurs (Endurance Trail des templiers / Sancy / Vulcain…) et des courses comme le GR73 ou j’évolue plutôt dans les 20 à 25%...
Bref à 5h pétante le départ est donné et en effet, nous ne faisons plus le détour par les vignes.
De mon point de vue c’est tant mieux, il n’était pas si nécessaire d’étirer le peloton et cela permet de débuter à un rythme cool, sans surchauffe liée à l’euphorie du départ.
La montée se fait en file indienne et ça ne parle pas trop.
Carton jaune quand même à certains coureurs qui doublent n’importe comment quitte à couper le sentier, à pousser des épaules…allez je balance, mention spéciales aux 3 gars avec des cuissards léopards (très moches par ailleurs) que je redoublerai plus tard dans la course…c’était bien la peine.
Les 800m de D+ jusqu’à la roche du Guet sont réguliers et offrent une magnifique vue sur le massif de Belledonne encore très enneigé. Le soleil commence à se lever dans notre dos et offre une vue magnifique.
La descente est facile, joueuse, le décor nous fait vraiment oublier (à ce stade !!) la difficulté du parcours. Malgré les précédentes pluies, le parcours sera en majorité plus sec que je ne l’avais imaginé.
Je suis presque surpris d’arriver déjà au lac de la Thuile. Ces 12 premiers km sont passés très vites. Je pointe après 1h55 de course. Le ravito est top, je me gave de fromage et de pain. Un bénévole contrôle le bon remplissage de mes flask et c’est parti (j’ai eu chaud car je n’avais qu’un litre et non pas 1,5 comme demandé).
Après quelques kilomètres autour du lac nous bifurquons à droite et c’est parti pour la grande montée du Pic de la Sauge. Je me souviens qu’en 2018 j’avais vraiment beaucoup souffert.
Cette fois ce n’est pas le cas, je me cale derrière deux coureurs qui maintiennent un bon rythme, notamment sur les premières rampes qui sont assez raides.
Au bout de quelques hectomètres de montée déboule un bolide…c’est Franch qui a fait une erreur de parcours (3 km à priori) et entame sa remontée. On échange deux mots et il file.
Le passage sous les falaises est vraiment top mais trompeur. Je pensais que nous étions en haut…que nenni…le pic est traitre et se poursuit encore.
Arrivée à la croix quelques instant plus tard et c’est reparti pour une brève descente et la remontée sur la « galope ».
J’ai du mal à expliquer pourquoi, mais cette vue me saisit à chaque fois que j’arrive devant cette montée : cette étendue de vert, c’est majestueux, j’adore.
C’est impressionnant mais rapide à escalader par la crête.
Sans avoir le chrono en tête je dirai qu’il faut à peine 10/15 minutes si j’en crois l’heure de mes photos IPhone en bas/en haut
Au sommet la vue est incroyable.
A ce stade tout va bien
J’entame la descente avec l’objectif de ne pas trop solliciter les quadris notamment sur la partie haute. Je suis avec un coureur avec qui je papote :
Moi : « Tu es d’où… »
Lui : « De Bourgoin, tu connais… »
Moi : « Je ne connais pas la ville mais…c’est mon nom de famille donc c’est sans doute superbe :-) »
L’organisation nous avait prévenus d’une descente boueuse et glissante mais ce n’est pas trop le cas.
Après un petit coup de cul et une nouvelle descente, nous arrivons au ravito du Col des près.
J’y suis en 4h32 de course
A ce stade tout va (encore) bien.
La partie suivante est nouvelle pour moi : la montée à la Margériaz. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais j’ai regardé plusieurs fois la vidéo de Mazouth réalisée en 2022 et cela me semble très joli.
Les premières rampes sont raides puis je trouve mon rythme. J’ai adoré cette partie : L’arrivée au-dessus de la forêt offre une vue majestueuse sur la vallée, la partie sommitale est précédée d’un magnifique alpage au sommet des pistes de ski des Aillons.
Seul hic, je suis très court en eau…je serai dépanné d’un gobelet par un bénévole. Top !
La descente sera partagée avec un sympathique coureur venue de Lorraine, Luc qui prépare le 90 du Mont Blanc. Pour avoir discuté avec certains coureurs, je sais que certains l’ont trouvé difficile mais de mon côté – et même si les jambes commencent à durcir – je me suis bien éclaté (trop).
Avec le recul, cette descente fut un peu mon chant du signe : un léger sur-régime, un déficit hydrique qui se creuse…ça va se payer…les Bauges vont me faire passer à la caisse.
Après 6h41 de course j’arrive au Ravito des Aillons. J’ai gagné 16 places depuis le ravito de la Thuile mais je sens que je commence à être dans le dur. Je cherche à m’assoir pour la première fois. Je n’arrive pas vraiment à manger mais je bois, je bois, je bois…car je sais ce qui m’attends ensuite : ce Colombier qui m’avait tant fait souffrir en 2018.
Et c’est parti pour 1100m de D+ sous la chaleur de midi. Je me dis que je suis parti pour deux heures difficiles.
Le début est pénible : une alternance de pentes raides, de redescentes en devers dans la forêt…bref ça ne monte pas franchement.
Je rentre dans ma bulle car pour la pour la première fois je me fais beaucoup doubler. Néanmoins, je serai – un peu – rassuré en voyant qu’il s’agit essentiellement de coureurs avec le dossard bleu de la course 50km.
Allez Gilles, serre les dents…la montée se passe sommes toutes de manière relativement correcte jusqu’à l’alpage qui précède le col de Cochette. Je discute avec une féminine et nous savourons notre chance d’être protégés par un nuage qui rafraichit et par une légère brise.
Allez, le col est atteint, il nous reste les 350m de la partie sommitale.
Comme disait un ancien président : « C’est loin mais c’est beau ». Il fait d’ailleurs presque frais à l’ombre des nuages.
Je monte doucement, j’ai même du mal à rattraper des randonneurs, c’est dire !
Au sommet, passage obligé au pointage, toucher la croix où je fais une petite pause assis pendant 3 minutes.
La première partie de descente est difficile, technique et me prépare pour la Corse…où ça va être ça pendant 110 bornes… « P’tain…j’suis mal »
Nous enchaînons ensuite avec de la piste et des sentiers sans difficulté pour aller rejoindre le Mont Pelat. Sur cette portion il y a deux options : soit tu as les jambes et tu cours, soit tu galères. Je suis plutôt sur la seconde option.
Je manque un peu de précision dans mes souvenirs à ce moment de la course car je ne suis pas bien. Je subis, je manque d’eau et je loupe les chalets de la Fulie pour faire le plein.
J’ai l’impression de me faire doubler par un paquet de coureurs qui trottinent, ce qui me mine bien le moral.
Je ne garde pas un souvenir transcendant de cette partie…
La station du Mont Pelat est enfin en vue, il ne reste qu’à franchir un bon coup de cul de 200m de D+.
Là je suis à mon « point bas » de la course : je dois m’assoir, il me faut de l’ombre, je suis à la limite de vomir, indisposé par les odeurs de poulet et de frites. C’est un comble tant ce ravito est exceptionnel. Mention aux bénévoles qui viennent prendre vos flasks et vous les remplissent pour que vous restiez assis
Je ne peux rien manger mais je prends une bouteille de pétillante que je vide en intégralité.
Je me relève pour repartir…vertiges…je me rassoie, je prends un coca pour me remettre d’aplomb.
Je sais qu’il ne faut pas rester trop longtemps. Un charmant bénévole me rafraîchit avec un pulvérisateur à jardin et Go !
10h19 de course.
Allez zou…je repars. Les bénévoles nous annoncent 45 minutes voire une heure jusqu’au dernier ravito du col de Maroccaz.
Cette partie n’est pas transcendante non plus, parfois très boueuse, mais ne présente pas de difficulté particulière. Elle est simplement assez usante car il y est difficile de trouver son rythme entre courtes descentes, courtes montées et faux plats…
Je continue à perdre des places et j’ai du mal à me refaire la cerise, néanmoins je sens que le plus dur est passé.
Je pointe au ravito après 11h34 de course, j’ai même gagné une place !!!
Certains bénévoles annoncent 9km, d’autres 8km…on approche
Je rejoins les nombreux commentaires : la partie finale sera beaucoup plus sympa que celle passant par Montlambert.
Je l’apprécie d’autant plus que je vais terminer en papotant avec un autre coureur.
A la sortie du ravito il s’agit de passer un bref coup de cul d’à peine 100 mètres, puis d’évoluer dans un sous-bois assez joueur alternant montées et descentes avant de plonger vers Cruet.
Je reprendrai vraiment du plaisir sur cette dernière partie même si je suis loin de l’euphorie que l’on peut connaître parfois.
C’est au final assez rapide…j’entre dans Cruet pour les derniers hectomètres de bitume, je passe la ligne en 12h40, 51 ème.
La suite :
Allongé dans l’herbe avec mon opinel (je suis défoncé…)
Douche froide (le bonheur)…et il n’y a même pas la queue
Bière du finisher – anecdote : je n’avais pas reçu mon bon Bière + repas lors du retrait de dossard, je le dis au bénévole qui me répond : « Pas de problème, on te fait confiance tu me donne juste ton numéro de dossard…je vois à ta tête que tu as fait le 73 :-) »
Blague à part, je mets beaucoup, beaucoup de temps à récupérer. Je ne fais que boire : Bière, eau, coca, oasis…je dois être très déshydraté (ce que la balance me confirmera, moins 4 kilos).
Allez un dernier ultra s’offre à moi, il est 19h30 : démontage de la tente, rangement des affaires et retour en voiture sur Orléans ou j’arriverai à 2h du matin après une courte pause sur une aire d’autoroute.
WE extraordinaire dans les bauges, merci à :
- René le directeur pour sa dernière avant de passer la main
- Les bénévoles dans leur intégralité
- Bubulle pour le suivi live
- Mazouth pour la Vidéo préparatoire
Conclusions en vrac :
Cette course ne me rassure pas totalement pour l’UTC : je me rends compte qu’en tant qu’ancien marathonien, je suis bon lorsqu’il faut courir mais quelle cata dans le technique…et mes courbatures 24h après me montrent qu’il va falloir serrer les dents en corse
Le nouveau parcours est encore mieux que l’ancien : surtout garder la Margériaz ET la partie finale
L’organisation a réussi à caser un 50 km sans que cela ne pose problème dans les sentiers : nous sommes régulièrement séparés et le balisage distinctif est impeccable
Enfin un mystère : comment avoir l’impression de se faire autant doubler et au final…ne perdre que peu de place sur les suivis…je n’ai pas la réponse
RDV en 2024 j’espère
3 commentaires
Commentaire de fred_1_1 posté le 29-05-2023 à 13:16:16
Avec seulement un litre d'eau, Je comprends ta douleur!! De mon coté avec 1,5 litres j'ai été à sec une fois dans la descente du Margeriaz, et aussi au chalet de la fulie, mais j'ai bien repris un litre à la fontaine.
Sinon pour ton mystère, moi c'était l'inverse, j'ai eu l'impression de doubler 50 ou 60 coureurs entre le mon Pelat et l'arrivée, et je n'ai gagné que 10 places ! Mais je crois que j'étais avec les zombies de queue de peloton du 50 km :)
Commentaire de bubulle posté le 29-05-2023 à 19:58:34
Belle pub pour le GR73 qui est tellement une course que j'adore, Gilles !
Merci pour ce récit qui donne exactement les clés de cette course pour de futurs lecteurs. Et je ne vais pas hésiter à militer pour garder cette fin de course que beaucoup semblent avoir apprécié.
C'est la dernière pour René, eh oui, qui a assuré la transition avec le monument Gilbert Codet. J'espère que la course pourra trouver un nouveau moteur pour continuer. On ne sait jamais combien ces choses-là tiennent à pas grand chose. Et j'espère bien être là en 2024 pour aider encore à ce que cette course "référence" continue son petit bonhomme de chemin, modestement, mais authentiquement.
Commentaire de Philippe8474 posté le 30-05-2023 à 09:32:47
Salut Gilles,
Bravo pour ta course, on a apparemment dû se croiser, mais de mon côté je suis en général bien dans ma bulle sur les courses.
En tt cas je me suis régalé, de toute beauté!
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