Récit de la course : Grands Trails d'Auvergne - 78 km 2022, par centori

L'auteur : centori

La course : Grands Trails d'Auvergne - 78 km

Date : 8/10/2022

Lieu : Aubusson D'Auvergne (Puy-de-Dôme)

Affichage : 1123 vues

Distance : 80km

Objectif : Se défoncer

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Ce n'était pas prévu !

A la base, je devais courir le TPSB, Trail du Petit Saint Bernard 60km et 3500d+/d- qui devait se tenir le 2 Octobre 2022. Mais ce dernier Trail de haute altitude du être annulé à cause de la neige et du vent, rendant le parcours trop dangereux.

Après m’être entrainé pour bien figurer sur ce Trail, il était difficile de tout abandonner, et c’est ainsi que j’ai cherché un trail d’une distance approchante. Et, je me suis retrouvé inscrit sur le Grand Trail d’Auvergne GTA annoncé à l’origine pour 74km.

Trail dont le parcours sera modifié à 78km 3 jours avant l’échéance, avant qu’on ne nous annonce au départ que finalement ce sera 80km !

De 60km prévu à 80km il y a quand même une marche, et c’est donc avec un chouilla d’inquiétude que je vais prendre le départ.

 

1 – Départ.

Il a fait beau toute la semaine à Aubusson, mais ce samedi 8 octobre 2022 le ciel est bas, les nuages bien là, la météo annonce du brouillard ! Il fait 12 degrés, il est 8h et la météo ne s’annonce pas terrible pour la journée.

Le speaker nous annonce que le parcours fera 80km, qu’il n’y aura pas toujours du monde aux intersections avec les routes (étonnant), et que sur les chemins forestiers ce sera parfois compliqué, la faute aux engins qui ont tout défoncé (là ça a été globalement).

8h00 finalement il fait jour, nous partons à l’heure.

De mon côté, j’ai du stress à revendre. Etant préparé pour 60km, je suis un peu inquiet, cela se ressent sur le ventre, j’ai des hauts le cœur avant même de courir, c’est étonnant et agaçant. Je crois aussi que j’ai un peu trop mangé le jeudi soir et le vendredi ça n’arrange rien.

 

2 – Départ col du Perthuis 19km 900d+. 400d-

Section qui démarre le long du lac d’Aubusson sur le plat, on rentre dans le village et ensuite ça part directement en montée. Mes hauts le cœur ont disparu si tôt la ligne de départ franchie. Les jambes sont bonnes, je sens finalement bien les choses. Mais je sens l’estomac encore fragile.

Ce sera une succession de petites montées et descentes, en forêt, dans des prés, en bord d’exploitation agricole, les vaches nous regardent passer, ce serait joli s’il y avait un peu de vue. Finalement une grosse montée pour accéder au col du Perthuis.

Le point de vue, la table d’orientation, oui mais où est la vue. 30m de visibilité avec le brouillard, ça ne sert à rien, tout le monde passe.

Une section que je vais boucler pile poil dans le temps estimé 2h30, en mode sans effort. Je suis tranquille l’idée est vraiment de ne pas me cramer. J’ai même une sensation d’endormissement comme si je n’étais pas vraiment réveillé et prêt à retourner au lit. Je me dis que ça va passer.

J’arrive pépère au ravito, mon père est là, changement des flask, je bois un coup, je fais le plein de compotes et je repars. Je suis resté 3 minutes. C’est délibérément que je mange peu au ravito pour laisser le temps à l’estomac de se mettre en place. Je sais à ce stade que l’effet trop plein est passé et donc je préfère lui laisser le temps de se remettre bien, en me disant que je vais manger plus au ravito suivant.

 

3 – Col du Perthuis – Col de la loge 20km 1000d+ 600 d-.

On est là sur une section plus difficile et la plus longue de la course sans ravito. On est tout le temps dans les bois, avec des montées pas très franches, et des descentes très roulantes. Une partie sans intérêt visuel la faute au brouillard qui devient très présent, et nous refroidit. J’ai aussi dû mettre ma casquette Kikourou rouge pour protéger mes lunettes d’un petit crachin que le normand que je suis ne renie pas.

Je suis avec d’autres coureurs, ça envoie bien, tout en restant vraiment facile. Une section bouclée pile dans le temps prévu 5h20 de course.

Je suis bien et facile, mais malheureusement la course n’a absolument aucun intérêt.

Le ravito est au col, et avec le vent, il fait vraiment froid, et je rentre donc dans la tente pour m’abriter. Cette fois, je mange vraiment sandwich jambon beurre, je prends un peu de temps. 10 minutes après je repars.

Je repars en T-shirt, alors que mon ravitailleur de père me demande si c’est raisonnable, tous les autres coureurs ont la veste ou des manches longues. En bon Normand, moi je n’ai pas froid voilà ! et mon T-shirt est même sec, il a vérifié.

En sortant du ravito, premier pointage, je suis 104eme. Sur 212 au départ, je me dis que je suis vraiment parti très cool, et de fait, je suis comme neuf.

 

4 – Col de la loge – La renaudie. 300d+ - 600d-. 14km

Ça part direct en montée pour cette section, mais ça ne dure pas. Assez curieusement, là où il y avait un peu de monde avant le ravito, je me retrouve cette fois totalement seul. Je vais subir un petit contre-coup de ne pas avoir beaucoup mangé sur la précédente section, je lève un peu le pied, et finalement ça revient et dans la descente toujours sans aucune vue en forêt avec le brouillard, je me mets à vraiment bien envoyer.

Il y a quelques coureurs, mais je les croque tous rapidement sans rester à côté d’eux. C’est très agréable.

Mais voilà, c’est le drame ! dans la forêt, je file, je fonce, et je loupe un virage à droite. Après 200-300m je constate qu’il n’y a plus de rubalise, j’hésite, je me dis y a pas d’autre chemin donc c’est logique, d’un autre coté si ce n’est pas le bon, mais si je remonte pour rien, bref… je continue et j’arrive à une route, il n’y a aucune indication, donc je me suis planté.

Je dois donc repartir en arrière, je suis absolument furax, au final, je vais avoir fait 2km en plus avec 100d+/d- je vais remonter tout ça à toute vitesse. Je suis encore plus énervé quand j’arrive en haut et que je vois débouler des coureurs que j’ai doublé il y a 1h ou presque, je me retrouve même bloqué derrière un groupe qui ne me laisse pas passer. Je finis par croquer tout ce monde-là, ça remonte ensuite dans la forêt, on y voit toujours rien, mais je suis énervé.

Je veux redoubler tout le monde et vite fait. Bon c’est une erreur évidement, mais je suis furax. Je ne m’en prends qu’à moi-même évidement, je n’avais qu’à faire attention.

Et je vais doubler par grappe.

J’arrive au ravito c’est la base de vie. Je vais me faire pointer, je ne rentre pas dans la base et fais demi tour. Le type au contrôle me dit « vous ne rentrez pas, vous repartez directement ? » et oui ! je n’ai pas mis les pieds au ravito. Je reste dehors, je mange tout va bien.

Je suis néanmoins en retard sur le timing prévu c’est logique vu que j’ai fait du rab, et en plus la section annoncée à 12km en faisait 14km, mais je suis énervé. Je dis à mon père qui me fait la logistique, que je suis énervé à mort et que ça va barder.

Bref je mange, comme il faut, je serai resté 8 minutes, et je repars le couteau entre les dents !

 

5 – La renaudie – dernier ravito. 400d+ - 600d-. 14km

Cette section est encore une fois chiante à mourir avec cette forêt permanente et l’absence totale de vue due au brouillard, alors je prends mon mal en patience. Je suis seul quasi en permanence, même si je rattrape les derniers coureurs qui m’avaient repris suite à mon erreur.

En fin de section, je rejoins un groupe de 4 coureurs, je les double, ils me reprennent, ca fait le yoyo. J’ai un petit coup de moins bien, je le sais alors je me calme. Je reste avec ce petit groupe, ça m’occupe l’esprit et m’évite de me retrouver solo.

Enfin, le ravito, cette fois je prends le temps. Dixit mon père après la course j’ai une sale tête. Je le sais, j’ai un coup de fatigue, j’ai faim donc je mange et beaucoup. Sandwich, noix de cajou, je mets le paquet pour être sûr de bien finir.

Je reste 10-11 minutes, je sais avoir besoin de poser. Le groupe des 4 part, je ne suis pas, je repars 2 minutes après eux. Une nana que j’avais doublé, repart aussi environ 5 minutes avant moi.

Il est là 18h00, il commence à faire plus frais, et moi je fatigue, alors je décide de mettre la veste.

 

6 – Dernier ravito – Finish. 400d+ 600d-. 14km.

Cette section va être plus sympa, mais pour moi le démarrage est difficile. Le début est en descente et comme j’ai bien mangé, ça ballonne et je dois faire attention à ne pas vomir. 2km comme ça en mode tranquille, je rote un coup mais un truc énorme et je sais que c’est bon, alors je remets en route.

Je suis solo, mais la section est plus sympa, on tournicote cette fois entre les exploitations agricoles, on a un peu de vue, et tient enfin du soleil. Il est 18h30 il était temps ! ça a l’air joli dommage qu’il ne soit pas arrivé avant.

J’ai mes deux flask bien en place, et je ne comprends pas pourquoi elles ne tiennent pas dans les emplacements prévus (je comprendrais à l’arrivée, les 2 vides sont dans les dits emplacements donc y a pas assez de place pour les pleines). La flask d’eau finit par tomber par terre, je la ramasse, mais le bouchon est cassé, je la garde à la main, mais ce n’est pas pratique alors ja la bois. Il ne me reste plus que la gourde d’Isostar. Mon bide ne va pas aimer ça et je rendrai tout ça à l’arrivée, peu importe le ventre a tenu jusqu’à la fin de la course.

C’est aussi à ce moment-là que mon épaule gauche se rappelle à moi. Pendant 2km, la sensation d’avoir un couteau qui racle sur l’os, c’est ultra douloureux, je sais que ça va passer, je fais des grands gestes pour détendre l’épaule et finalement ça passe. J’ai eu un peu peur comme à chaque fois qu’elle fait ça.

Je vais rattraper le groupe des 4, un des gars part devant, les 3 autres se font avaler, je leur mettrai 20 minutes au final. La course se poursuit, je suis de nouveau plutôt bien mais en solo. Alors il faut profiter, je râle quand même un coup quand un Panneau annonce Aubusson 5km à droite et que nous on tourne à gauche !

Finalement toujours tout seul, j’avise quelqu’un devant au loin. Je prends des repères pour calculer mon retard, 2 minutes, puis 1’30, c’est la nana qui s’est à peine arrêtée au ravito, elle marche 300m et en courre 200m, moi je courre, je la croque, elle arrivera 15 minutes après moi explosion c’est dur le trail c’est même terrible alors je l’encourage un peu quand je la passe, mais je sais que pour elle la fin de course va être compliquée.

On est là sur la route, c’est bien sûr plus facile, je prends un rythme de 6’ au km sur le plat et même 5’20 dans une descente, je suis bien c’est agréable je profite de la fin de course, et là je me fais rattraper par un petit bout de femme une anglaise qui me dépose dans une petite côte. Je n’ai pas la moelle pour la suivre dommage et surtout bravo à elle. Elle me mettra 3 minutes en 5km !

Il doit rester 5km, on replonge dans la forêt, je sors la frontale à ce moment inutile mais j’anticipe. La STOOTS Kikourou éclaire les bois, c’est un vrai plaisir, on entend le speaker, je sais que le finish est pour bientôt. Ça va bien, ça déroule mais finalement assez lentement 6’30-7’ dans le noir c’est dur de se motiver.

Finir dans les bois de nuit une course est pour moi une nouveauté, ce sera l’occasion d’un débrief plus bas.

Je vais encore grapiller trois places et même doubler 2 mecs qui n’ont pas mis leur frontale alors que sur la fin de course on est vraiment dans le noir.

Le finish arrive, ça déroule j’ai encore des jambes, alors j’appuie pour bien passer la ligne.

Bingo c’est terminé 11h44’ tout pile 82/212 au départ.

 

Débrief ORGANISATION.

1 : Le parcours : quasi 90% en forêt, 2% de route, et 8% en chemin autour d’exploitations agricoles. Il y a peu de point de vue et avec le brouillard nous n’avons rien vu du tout. En 2022, le parcours était donc super chiant. Dans la tête, il fallait tenir.

D’un point de vue, technique, c’est du chemin assez classique, peu de single, du caillou, peu de boue.

2 : Ravito : je n’ai strictement rien pris. Mais de ce que j’ai vu en passant il n’y avait pas grand-chose. Sur cette course, le ravito sert à compléter ce que le coureur doit avoir sur lui. Il est indispensable d’avoir une assistance ou du solide sur soit en quantité.

3 : Balisage : nickel rien à dire. Je me suis perdu, mais c’est de ma faute.

4 : Sécurité : j’ai trouvé que c’était plus que limite.

Déjà, il n’y avait personne aux intersections avec les routes, sauf en tout début de course. Dans les bois je n’ai vu aucun signaleur, et nous avons parfois fait 10km sans voir personne. Cela me parait anormal. On va dire qu’on a les téléphones, sauf qu’il y a très peu de réseau sur cette zone.

 

Débrief perso.

1 : timing : J’avais prévu 11h00 pour 74km, j’aurai donc fait 11h44 pour 81km je suis donc même un peu mieux que prévu. Ayant un entrainement pour 60km, je suis content de ne pas avoir craqué.

2 : ravito. Nickel, le ventre a bien tenu. Le protocole compotes salées + sandwich + noix de cajou fonctionne.

3 : gestion de course. Aucune chute, seulement 2 petites fautes techniques (j’ai buté dans 2 cailloux) sinon RAS. Gestion fatigue nickel aussi, je pense même que j’aurai pu donner un peu plus.

4 : Ravito. J’ai passé en tout et pour tout 32 Minutes au stand lors des ravitos. C’est ma meilleure gestion, je pense même que c’est assez largement améliorable. C’est aussi la première fois lors d’un ULTRA que je ne m’assois pas du tout pendant la course.

5 : Préparation.

Le décalage d’une semaine de la course m’aura manifestement permis d’avoir plus de fraîcheur. Le dernier weekend choc 3 semaines avant l’objectif tout en continuant ensuite à faire de bonnes sorties le weekend semble être une bonne formule.

6 : Gestion fin de course.

Courir dans la nuit, je sais faire. Mais c’était une première de finir un Ultra de nuit.

Enseignement : il faut vraiment plus se couvrir. Remplacer le T-shirt par un T-shirt thermique et si besoin rajouter la veste. Envisager les chaussettes montantes. Il faudra s’en souvenir en 2023 pour le 90km MMB ou le X-trail Verbier Saint Bernard que je finirai forcément de nuit.

 

Conclusions.

Je suis au final très content de cette course qui n’était pas prévue. Alors oui le parcours était bien enquiquinant à cause du brouillard mais Oui aussi c’est un exercice intéressant de gérer tout au mental. C’était bien aussi de découvrir un coin de France que je ne connaissais pas, il se pourrait bien que j’y retourne.

Le vrai plus est finalement qu’on a mangé du super fromage local, et franchement, ça n’a pas de prix !

 

 

MATERIEL :

Bâtons pliables Black Diamond.

Lampe STOOTS HEKLA KIKOUROU

Casquette Rouge KIKOUROU.

Salomon S-Lab Ultra 3.

Chaussettes X-socks

Short Nike.

 

Remerciements :

Mon père pour les ravito.

1 commentaire

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 19-10-2022 à 19:03:16

Bravo car ce chrono n’est pas mal du tout. Dommage que tu n’aies pas vu grand chose…

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