L'auteur : Thomas02
La course : Grand Raid des Pyrénées - Ultra 160 km
Date : 26/8/2022
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 1939 vues
Distance : 160km
Objectif : Se défoncer
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Après un échec cuisant en 2021 (arrêt au virage de Viscos avec les serres files, après avoir subi un coup de chaleur), je m’était juré de revenir pour finir cet ultra. Des paysages magnifiques, des bénévoles magiques (un grand MERCI à eux, on ne le dira jamais assez). Je m’y inscrirait dès l’ouverture avec un seul objectif : finir dans les temps, quitte à arriver dernier.
Oui mais … depuis janvier, je bénéficie d’un mini-suiveur en plus de ma super-suiveuse. Vous l’aurez compris, peut-être même déjà vécu : il faut penser à modifier ses horaires et durées d’entrainements pour profiter. Difficile de faire des nuits et de bien récupérer de ses entraînements avec un nourrisson à la maison. Je me dit qu’avec un peu de chance il fera vite ses nuits. Je n’ai jamais été très chanceux : encore plusieurs réveils par nuit la semaine précédent le GRP. Dommage. D’un autre coté ça fait 7 mois que je ne fait plus de nuits complètes, cela pourrai être un avantage la nuit venu, qui sait…
C’est donc avec une préparation perturbée mais confiant sur ma capacité à aller au bout que je me présente sur Vielle-Aure le jeudi aprèm. Récupération du dossard et de la chambre d’hotel avant d’amener mes deux sacs de base vie dans la cours de l’école … sous l’orage. Oups le parcours va être glissant ! Je zappe le briefing pour ne pas me tremper et pars me coucher.
Vendredi matin, le départ est donné. Je part en fin de peloton, ça me forcera à partir moins vite que d’habitude.
Vielle-Aure -> Merlans [ 02:42:35 - 229 ]
Une première partie avec deux kilomètres sur route (il faut bien commencer quelque part) avant d’attaquer le vif du sujet. Cette première bosse est assez facile jusqu’au pla d’Adet sur un large chemin peu pentu. Aucun mal à entrer dans ma course, je suis concentré sur ma respiration facile et sur mes pas. Je profite de quelques partie courante pour relancer. Aucun problème particulier mais ce n’est que le début. J’essaie de ne pas rester dans des groupes ou je me sens dans un faux rythme et n’hésite pas à passer devant. Le sol est bien humide mais les appuis sont solides. L’an dernier on a pu apprécier un panorama dégagé, cette année c’est nuageux et on n’y voit pas grand chose lorsque la lumière apparait. La montée finale au col de Portet, les pourcentage de pentes s'accentuent, je me force à ralentir un peu mais je continue de remonter du monde.
La plupart des coureurs ont des batons et moi non. Je sens de l’admiration dans le regard de certains mais la vérité c’est que je ne prends jamais de batons, je ne sais pas m’en servir. Remarque quand je vois comment certains s’en servent, ça donne pas envie.
J’arrive encore frais, littéralement aussi d’ailleurs, au col de Portet et descend tranquillement aux merlans en remerciant des bénévoles qui portent des fanions. Biiiip, je vois 229ème sur ma montre, milieux de peloton, le chrono est bon, tout est bon. Cette première bosse est bien passée, on va pouvoir attaquer les cailloux… mais avant ravitaillement : soupe, jambon, remplissage de flasque. 5 minutes de pause au total avant de retourner au combat.
Merlans -> Mongie [ 06:21:13 - 257 ]
Cette seconde parti, je la redoute un peu. Je ne le faite qu’une seule fois mais je me souviens bien de l’enchainement -> partie roulante -> cailloux en tout genre -> col du Serpolet. Un léger coup de cul pour repartir des merlans puis on attaque le balcon du lac de l’Oule. Magnifique. Les cailloux commencent à apparaitre à mesure que le refuge de bastan approche. Le point d’eau potable est présent mais je le zappe j’en ai pas besoin. La grêle de l’orage de la veille est encore présente par endroits, impressionnant. La montée au col de Bastan passe assez bien, rien de bien pentu, juste un peu de caillasse à passer. La vue depuis le col est normalement splendide mais l’horizon est un peu embrumé ce matin. Biiiiiip : 230ème. Je me dit que je suis bien régulier quand même. Puis j’attaque la descente prudemment, le cailloux sont glissants depuis l’orage de la veille. Rien de special à signaler, je descend plutôt bien jusqu’au refuge du Campana. J’avais oublié que dans chaque descente du GRP, il y à une bonne partie qui monte en faite :D. Je me souvient que l’an dernier on apercevait déjà le pic d’ici, mais cette année impossible de le distinguer à travers les nuages. Beaucoup de cailloux entre le col de Banstanet et le refug de Campana. Le terrain devient un peu roulant après le barrage, c’est rare j’en profite pour relancer un peu. Tous les voyants sont au vert, je ne voit vraiment pas ce qu’il pourrait m’arriver cette année pour ne pas plier ce GRP qui me fait tant rêver.
J’arrive au pied du Serpolet mais je connais la bête, je ne me ferais pas avoir. La montée commence dans l’herbe, j’essaie de contourner tant bien que mal les quelques grosses marres de boue (ou autre…) pour ne pas me tremper les pieds. Je recommande les contournements par la gauche, c’est stable ça passe. Fidèle à sa réputation et à mon souvenir, le début de la pente est bien raide, le cardio s’emballe pour la première fois de cette course au bout de plus de 5h d’efforts quand même. Je ralenti ma progression mais je ne m’arrêterais pas une seule fois jusqu’en haut. Avec le peu de montagne que j’ai pu faire depuis le début de l’année, je trouve que c’est déjà un mini exploit :). Cette montée du Serpolet sera donc lente mais régulière, pliée en 45 minutes. Soit 20 de mieux que ce que j’ai fait l’an dernier. De quoi booster le moral. Est-ce bien la même que l’an dernier ? Le bénévole du somment nous préviens que la descente est très glissante, normal avec ce temps. Je l’entame prudemment et je constate avec certitude cette fois que le début de descente à changé. Il se révèle en effet très très glissant. Et ce qui devait arriver … première chute dans cette descente, sans gravité (du moins pas apparente de suite …) je me retourne avec la jambe gauche qui part toute seule en l’air et me voila sur le cul en moins d’un quart de seconde. Par chance aucun caillou en dessous, je me relève rapidement et prends une allure moins rapide pour continuer. Stratégie non payante, nouvelle gamelle 200m plus bas. Pouah, j’avais pas aimé descendre sur terrain sec, je déteste sur terrain humide. Hyper glissant, je me résous à marcher jusque’à trouver un terrain plus stable et moins pentu. Autant dire que j’ai marché quasiment jusqu’en bas. Arrivée à La Mongie en trottinant. Jusqu’ici tout va (a peu près) bien.
Je prends le temps de ravitailler, environ 20 minutes (double soupe et pain). Arret technique dans les locaux (allais suivre le tuyau d’eau pour arriver aux WC). Puis je remplis les flasques d’eau, et je part vers cette nouvelle section inconnue jusqu’au col de Sencours.
Mongie -> Sencours retour [ 10:40:01 - 325 ]
C’est sur cette partie que j’ai (proportionnellement) perdu le plus de temps l’an passé. Je le sais, j’ai dans l’idée de ne pas trainer sur cette partie. On m’annonce 6 km jusqu’a Sencours. Tient c’est plus près que je pensais … Elle commence par une petite descente sympa, on peu courir un peu. Les portions roulante étants rares jusqu’au PIC, je profite de la moindre occasion. J’aperçois le fond de vallée, c’est (attention SPOILER) : magnifique. Quand les nuages se poussent, on a vraiment des superbes paysages. Le chemin va ensuite commencer à monter et je me trouver derrière un petit groupe qui monte lentement mais surement.
Je ferme les yeux une seconde et c’est alors que sans aucun préavis, le sommeil me tombe dessus de manière violente : je sens ma tête tomber en avant et le sommeil envahir mon corp. Sensation étrange que je ne saurais mieux décrie, comme si mon corp avait soudainement enclenché le mode ‘sommeil’ … alors que je suis en train de marcher.
Je me réveille évidemment en sursaut et me donne des gifles. Les gars autour ont du me prendre pour un fou. Alors que des coureurs commencent à faire des pauses à droite et à gauche, je me dit que pourquoi pas moi aussi finalement. J’ai déjà fait plus de 6kms et toujours pas de col en vue. Remarque la vue vers le haut est bouchée, impossible de savoir si le sommet est à 50 ou 250 mètres plus haut. Et puis non merde je m’était dit que cette année je ne ferait pas de pause (autre que technique) entre deux ravitos. Je ne tiendrait pas cette promesse faite à moi même et prendrai un pause sommeil de 10 minutes sur le bas coté. J’en repartirai légèrement requinqué mais j’ai entendu pas mal de monde me passer. Peu importe, ma course, ma stratégie pour aller au bout. En attendant ce chemin, peu technique finalement, qui va jusque Sencours serpente entre les montagnes. Je sais que je suis au pied du Pic mais je ne l’appercoit pas. Après un dernier virage, finalement, le col de secours sort de son nuage au dernier moment. Le soulagement. Je ne voulais pas perdre de temps sur cette partie, c’est loupé.
Je prends le temps de me poser pour boire beaucoup d’eau, sans faire le plein puisque je vais passer ici de nouveau dans 1h30. C’est un peu frustrant de ne pas avoir à manger avant de monter au col alors que la nourriture est juste en face pour ceux qui descendent.
Après 10 minutes de pause, j’attaque la montée au Pic du Midi.
Cette ascension se fait en deux partie : la première sur un large chemin de 4x4, la seconde sur un petit chemin et quelques cailloux. Et plus on approche du pic, plus le pourcentage de pente s’élève. Je croise énormément de monde qui descend et je m’encourage en me disant que finalement le gros du peloton est juste 1h15-1h30 devant moi, voir moins. Oui mais voila, sans ‘caler’ dans la montée que ferais de nouveau d’une traite, je sens bien que je n’avance pas aussi vite que voulu. Je suis quasi seul sur la montée, je ne double que quelques traileurs qui font une pause, mais que cette montée m’a paru longue cette année. Depuis Sencours je le vois le Pic et je compte les virages qui me séparent du sommet pour passer le temps. C’est tellement roulant que je ne regarde même pas la route (sans aller vite pour autant). Sauf sur le dernier quart où on croise de nouveau quelques cailloux. Les coureurs qui descendent m’encourage de plus en plus tandis que le sommet approche. Je suis tellement concentré que les entends mais ne réponds pas. Désolé. Le passage sous les tuyaux marque quasiment la fin de la galère. Biiiip. Je demande si on peux descendre de suite ? Oui, mais je ferais quand même un mini arrêt assis en haut. Quelle vue…partielle mais quelles vue les amis ! J’attaque ensuite la descente en trottinant. Je pense l’avoir faite trop rapidement l’an dernier alors j’y vais mollo mais que ça fait plaisir de pourvoir courir trois bornes, enfin ! Le ravito du retour de secours arrive, ça tombe bien je meurs de faim. Il propose de la soupe mais mon cerveau va directement faire une fixation sur la purée? Un peu plus ? Oui, merci. Quel régale, avec la vue sur le las en bas, c’est juste parfait. Je doit engloutir environ une bouteille d’eau gazeuse et une énorme part de purée, je suis complètement requinqué. Le ventre un peu lourd mais que ce ravito fait du bien. J’y reste pas mal de temps (20 minutes), et refait le plein en eau, je sais que la portion qui arrive m’avait bien surpris la dernière fois. On est bien ici mais des coureurs commencent à demander comment on abandonne ici (il faut suivre le chemin plat, y’a le bus au bout, environ 45 minutes de marche). Il est temps de partir avant d’en entendre d’avantage, loin de moi les ondes négatives !
Sencours -> Hautcam [ 15:17:12 - 321 ]
Clairement la meilleure partie ! Je repartirai en trottant légèrement, puis de nouveau le sommeil me tombe dessus. Bon je viens de manger, le sommeil est la, ni une ni deux je me cale dans un coins d’herbe et met le réveil (seconde sieste). J’entends les autres qui se marrent quand ils passent devant moi mais cela m’importe peu. Ma course, ma stratégie. Je les verrais abandonner à Hautacam avec une certain satisfaction. Purée je suis ignoble de me réjouir de l’abandon des autres. Bref, une sieste de 25 minutes, réparatrice et je me remet en route. Je pense que je ne suis plus très loin du wagon de queue maintenant, il ne faut pas trainer. Je vais bien me trainer dans le col de la Bonida qui ne présente aucune difficulté, la descente se fera bien par contre, sur un single un poil caillouteux, rien de méchant mais ça glisse un peu d’autant que le mauvais temps commence à refaire son apparition. Une très légère pluie insuffisante pour sortir la veste mais suffisante pour tout mouiller. Je vais tenter une pause au pied du col d’Aoube mais je fini trempé, je repart en ne perdant que 5 minutes. Ce col ne paie pas de mine mais il faut quand même se le faire à ce moment de la course. Heureusement que derrière ça déroule un peu, je me surprends à courir et doubler quelques traileurs. Le lac Bleu fait son apparition. Que le niveau est bas comparé à l’an dernier, je suis surpris. Le contournement se fait bien puis bien le col de Bareille qui me verra tenter une nouvelle pause dans une herbe piquante et trempée. A pars perdre 10 minutes et finir mouillé (encore), je n’ai rien gagné. Mon moral fera le yoyo pendant cette traversée Sencours-Hautacam que je connais pourtant. La descente du col me vaudra 2 nouvelles gamelles. Le temps a été parfait sur cette première journée dans le sens ou je n’ai pas vu le soleil mon ennemi, mais alors que c’est trempé par terre ! La descente se termine au bout de seulement 2 kms mais elle m’a parue tellement longue. Je connais la suite, une partie roulante jusque’à la hourquette, mais avant, petit ravito en eau au niveau du lac. Il signe la moitié du tronçon, il reste 10km juqu’a Hautacam. Je suis bien en avance par rapport à l’an dernier, mon moral remonte, let’s go en courant.La trace se fait sur single, aucun diifficulté a part la fatugue cumulée. La montée de la hourquette passe beaucoup mieux que l’an dernier, j’avais encore pas mal de jus en bas, je le mettrai à profit une fois en haut pour courir non stop jusqu’à Hautcam. Quelques vaches ont décidées que je devait prendre une autre route que le chemin. Une fois qu’on sort du chemin, il faut encore descendre un peu sur un chemin herbeux. Je me méfie pour ne pas tomber, chose faite, avant de donner un dernier coup de cul. Ravito en vue !
Hautacam -> Pierrefitte [ 17:17:53 - 305 ]
Avant de filer pour 15 kms de descente, les bénévoles nous encouragent à mettre la frontale, la nuit va tomber. Certains ne suivront pas ce conseil et devront s’arrêter dans les bois (et dans l’obscurité donc) pour la mettre. En sortant du ravito, un gros coup de froid me prend, je tremble comme une feuille. J’enfile la veste coupe vent et commence la descente dans l’herbe en évitant de tremper mes pieds dans les quelques flaques. Je commence à crever de chaud alors que j’avait bien froid il y a peine 5 minutes. Je m’arrête 30 secondes pour enlever la veste et la ranger. Je ne suis pas le seul à m’être fait avoir par ce froid passager, mais je me trouve assez efficace à sortir/ranger ma veste quand je voit les autres galérer à la ranger. Je continue sur ce chemin avant de gagner la route, puis un large sentier. La nuit tombe et les lumières de Villelongue s’allument en bas. Il commence à faire nuit. J’arrive à rattraper un coureur à 10 mètres devant moi. Je vais rester plus d’une heure derrière lui, sans jamais pouvoir le dépasser. On est trop loin l’un de l’autre pour discuter, je crois qu’il cherche à me semer mais je m’accroche. A noter qu’a un moment de cette descente, on tourne sec à droite et que j’ai failli louper cette intersection pour continuer tout droit. Cette descente sur sentier est plutôt agréable mais bien bien longue, on contourne Villellongue donc on voit la ville en bas mais elle semble ne jamais arriver. La fin du chemin et le début du bitume me font dire qu’on est bientôt arrivé à la première base de vie. Mais avant il faut traverser la ville, et franchir l’ignoble montée de la conduite forcée, courte mais bien pentue. Et il n’y a plus qu’a se laisser glisser jusqu’à la base vie par la route. Une légère gêne est apparue dans cette descente derrière ma jambe gauche mais aucune douleur donc je ne m’affole pas. J’arrive à la base de vie en trottinant. Il est 22h15, je suis large sur les BH. Mais je vais perdre beaucoup de temps ici, et un peu de moral aussi.
Impossible pour les bénévoles de trouver mon sac de base vie. Je suis le deuxième à qui sa arrive apparement. Après vérification, super suiveuse ne l’a pas récupéré pour moi. Bah non, les accompagnants ne sont pas autorisés à rentrer dans la BV donc a par moralement, il ne peuvent pas faire grand chose pour leur coureur. J’ai donc subi l’orage et fini trempé la veille pour rien, mon sac de délestage est introuvable. Je vais donc devoir rester avec mes affaires mouillées sur moi, génial. Adieu aussi les electrolytes et la bouffe pour la nuit. J’espère que je pourrai avoir mon deuxième sac à Luz quand même. Heureusement j’ai une paire de chaussettes sèche dans mon sac, que j’enfilerai après m’être lavé les pieds. Je profite de cet arrêt pour bien m’alimenter, bien m’hydrater, mais pas pour dormir. Après discussion avec mon assistance, il n’est pas judicieux de dormir ici mais plutôt à Cauterets, qui n’est sur le papier pas très loin... Je pars de cette BV à 23h30.
Pierrefitte -> Cauteret [ 22:25:15 - 305 ]
Direction Cauterets donc, on rallume la frontale et on y va. Je pars après un groupe de 3, je les rattrapent sans problème et me cale derrière. Pendant 5 minutes, j’ai encore fait l’erreur de partir couvert (j’avais froid) mais je meurt de chaud avec ma veste coupe vent. Le temps de l’enlever je me retrouve seul dans la nuit. Je sais que je suis en fin de peloton et qu’il ne reste pas grand mon derrière. Ma jambe gauche commence à me faire mal derrière le genoux, le dernier (long) arrêt n’a pas arrangé les choses comme je l’espérais. J’aurais du aller voir les kinés. Je regarde la montre, j’avance à un peu plus de 5km/h, la pente est douce et régulière, sur un chemin cycliste sans difficultés. A cette allure dans moins de 3 heures je suis au ravito, jusque la tout va bien. Sauf qu’une fois passé le panneau Cauterets, on ne file pas directement au Casino comme je l’imaginais, on bifurque vers la droite pour une bonne montée. Alors celle la je l’ai pas vu venir. Que les frontales devant semblent loin, et hautes ! Je n’ai pas halluciné, c’est bien des frontales de coureurs que j’apercevais tout la haut depuis un moment, mais mon cerveau avait refusé cette information. Ma jambe gauche me fait mal à chaque fois que j’appuie dessus en montée, lorsque je la tends. Misère, je n’avance pas dans cette dernière section où les cailloux nous font une nouvelle apparition. Je suis lent et la douleur se fait de plus en plus intense mais je sers les dents, le ravito n’est pas loin je le sais. Pas loin avec ce qui semble une montée interminable alors qu’on arrive assez vite au bout finalement (400D+), mais les sensations la nuit sont bien différentes. Enfin vient la descente sur un chemin parsemé de cailloux, je me dit que je vais pouvoir lâcher un peu les chevaux avant ce ravito et gagner un peu de temps. Je commence à courir dans la descente mais ma jambe me fait souffrir encore plus. Misère, je me contraint à marcher; la douleur est trop intense. J’arrive péniblement en bas de cette descente pourtant facile, et file jusqu’au ravito. Il me reste une heure d’avance sur la BH maigres mes déboires. Je pose le sac sur une table, mange un peu, tente de convaincre un autre coureur qui veut abandonner, et file dormir 20 minutes. Je me lève. La douleur est encore pire qu’avant la sieste. Mais le moral est encore bon, l’envie est la, l’envie de dormir a disparue. J’avale une dernière compote et je pense partir bon dernier de ce ravito. Je suis venu pour essayer d’aller au bout, je repart.
Cauterets -> Bederet
En boitant comme il faut, je me lance vers la suite. La douleur est intense, impossible de tendre la jambe. Un peu de trail urbain et me voila sur la route en bitume qui monte au dessus de. Cauterets. Cette douleur est un véritable handicap, je n’avance plus alors que c’est plat ? J’essaie de courir, impossible. Trop mal pour avancer, je me pose dans l’herbe sur le coté pour faire le point.
Le genoux gauche à doublé, voir triplé, de volume. Est-ce que ça vaut le coup de se faire mal au risque de devoir abandonner la haut et de devoir descendre à pied ? Est-ce que je suis venu pour ne pas courir sur le plat ? Je connais la réponse. Dépité, j’envoie un message à super suiveuse. « J’ai trop mal à la jambe pour continuer, je descends à Cauterets pour abandoner ».
Moins de deux kilomètres après le ravitaillement de Cauterets, fin de l’aventure. Je traine ma peine sur ce retour au ravito, je croiserai deux autres coureurs qui sont partis après moi. Puis finalement les serres-files, que j’informe de ma décision d’abandonner. Je leur dit que je vient de croiser un gars qui monte y’a pas 5 minutes, ils vont sans doute le rattraper d’ici peu. Je suis de retour au ravito après un détour (pas facile de faire chemin arrière sans balisage), qui est déjà complètement rangé, incroyable efficacité des bénévoles. Les serres-files ayant fait passer l’info, je suis attendu. On retire la puce de mon dossard et de mon sac à dos. Fin du GRP. Nouvel échec ici après celui de l’an dernier. Je me sent mal, j’ai le moral au fond du seau, je me sens mauvais, quelle satisfaction retirer après cette course ratée ?
De retour au gîte, la montée des escaliers pour aller prendre la douche et me coucher est un vrai calvaire. Abandonner était la seule option raisonnable.
J’aurais quand même retiré du positif de cette course :
- j’ai trouve mon plan d’hydratation
- une pause pipi par heure au minimum, toujours avec une couleur assez claire
- pas de coup de chaud, merci la météo parfaite
- j’ai aussi trouvé mon plan d’alimentation. Quelques coups de mous mais globalement satisfaisant.
- aucun vomito en quasiment 24h
- une allure satisfaisante jusqu’à Pierrefitte (pour mon niveau)
- aucune ampoule aux pieds
2 commentaires
Commentaire de jb600cbr posté le 14-09-2022 à 14:38:07
un gros morceau de réalisé malgré tout. En cas de blessure c'est tjrs plus raisonnable de stopper. RDV en 2023 !!
Commentaire de Shoto posté le 17-09-2022 à 16:37:33
Abandonner sur blessure n'est absolument pas honteux et surtout très raisonnable. Merci pour ton récit très instructif et vivant. Tu réussiras ton GRP l'année prochaine. Bon courage.
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