L'auteur : Gilles45
La course : Endurance Trail des Templiers
Date : 22/10/2021
Lieu : Millau (Aveyron)
Affichage : 2734 vues
Distance : 108km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
Allez, je prends mon courage à deux mains pour faire un petit CR pour la communauté.
Une fois encore, j’attends la dernière minute pour prendre un dossard. Cela me permet de me décider au dernier moment mais aussi de bénéficier d’un dossard à 60e au lieu de 120e sur le marché « des désistements de dernière minute ».
Après GRP 160 en aout et un 60km du Sancy 4 semaines avant avec de très bonnes sensations (22ème), je me décide donc pour l’Endurance Trail qui est – de loin – la course que je préfère su les Templiers.
J’y suis déjà venu 2 fois en 2016 et 2018 avec à chaque fois le même temps (15h50) et la même place (192 ème).
D’un point de vue logistique cette fois par de AirBNB mais un emplacement réservé au camping Larribal à 200m du départ.
Je dors comme d’habitude dans le monospace familial mais je pourrais profiter des douches et des sanitaires (bon…pas trop d’eau chaude car le camping est bondé, mais pas grave j’ai connu pire).
Avant-course :
Après un trajet tranquille depuis Orléans, j’arrive à Millau jeudi vers 16h. Je récupère mon dossard et je parviens sans soucis à intégrer le premier sas (j’avais acheté le dossard auprès d’un coureur vraisemblablement plus lent). Bref, l’organisation sera très souple et arrangeante : une vérification de ma cote ITRA et une pastille sur mon dossard pour passer en sas 1, je suis rassuré.
Petit tour rapide au salon et je m’arrête chez Thierry du « Pain du Montagnard » pour papoter et acheter une barre sucrée qui me réussit souvent en course.
Avant de rejoindre tranquillou je retrouve David (Zucchini41), Twi et Kiki91 (ça y est j’ai retrouvé ton pseudo !!) pour faire un peu plus connaissance et échanger nos ressentis d’avant course. C’est bien agréable de mettre des visages sur des pseudos.
Vers 17h45 je retourne au van pour une soirée tranquille.
La nuit est courte et quasi blanche vue l’excitation, mais désormais cela ne me stresse plus autant qu’il y a quelques années.
2h30 réveil, petit dej et Go !
La course :
L’ambiance est assez zen et calme sur la ligne de départ. Les coureurs ne sont pas agglutinés et attendent tranquillement l’appel du speaker à dix minutes du coup de feu pour se positionner. A 4h du mat c’est dur de mettre l’ambiance :-)
Je me positionne vers la 200ème place environ avec l’objectif de faire une course raisonnée et raisonnable au moins jusqu’à Sant André de Vézines. Je ne suis pas certain d’avoir bien récupéré de l’enchaînement GRP + Sancy donc autant être prudent.
A partir de maintenant désolé pour les imprécisions à venir car j’ai beaucoup de mal à me remémorer le parcours dans le bon ordre, il se peut que les plus précis d’entre-vous y voient des approximations.
Après 2 km de plat, la côte de Carbassas se monte à bonne allure et permet de se chauffer tranquillement. Je suis partie en TS manche courte + manchon + gilet sans manche ce qui me convient parfaitement car nous sommes plus proches des 10 degrés que des 5° annoncés.
La partie en plateau sur le causse permet de dérouler les jambes. Par contre la première descente me rappelle à l’ordre car elle est assez technique et piégeuse. En effet, contrairement aux prévisions, une bruine/pluie sera présente sur la partie nocturne de la course rendant les cailloux bien glissants.
Après 1h30 de course à 10-11 km/h de moyenne (un poil rapide me dis-je), j’arrive au ravito de la Cresse en 122ème position.
J’avais décidé d’une stratégie de ravitaillement et je vais m’y tenir : beaucoup de salé d’abord (fromage roquefort, gâteaux apéro, soupe salée) puis sucrée (coca, banane et parfois compote), je m’y tiendrai jusqu’au bout sans problème gastrique, ni crampes, ni hypo.
La partie suivante est assez frustrante car faite de nuit, or je sais qu’il s’agit de l’un des plus beaux panoramas du parcours (EDIT: Non en fait la très jolie partie est plus tard entre le Rozier le le Truel, je me suis emmélé les pinceaux). Ceci étant, le jour se lève un peu avant le Rozier et malgré le brouillard et le temps gris je profite vraiment d’incroyables paysages : sentiers très joueurs en balcon, pics calcaires (??), petits passages d’escalade.
Cette partie est magnifique, j’en profite tant que je suis frais
Ma stratégie, j’ai un peu honte de le dire mais je la joue cycliste : « dans un peloton il faut être plus fainéant que le plus fainéant ». Bref, je reste derrière et quand on me double je prends une nouvelle roue…
Je vais longtemps suivre un coureur, Alain (3035) avec qui nous allons beaucoup nous croiser, je crois comprendre qu’il a déjà gagné les Templiers dans sa catégorie donc gros niveau.
J’adore la descente vers le Rozier que je trouve très belle et très joueuse mais je sens venir une petite alerte : J’ai très mal sous le pied gauche et je sens que la peau est déjà bien abimée.
Je décide de crémer au ravito…MERDE…j’ai oublié ma Nok. Je décide de m’entourer le pied d’une strap conscient de la prise de risque si un faux-pli me gêne ensuite. Et bien non, je n’aurai plus aucune douleurs, ouf.
Je suis au Rozier en 3h et 88ème position.
La partie suivante qui nous amène au Truel commence par une montée et reste une succession de petits coups de culs, descentes, chemins forestiers, voire de piste 4X4. De mémoire ce n’est pas la plus jolie et il faut se méfier car c’est le type de profil qui peut facilement user. D’ailleurs, je commence à être un peu moins frais.
J’arrive au Truel un peu avant 9h du matin en ayant perdu 8 places (96ème). Je m’alimente toujours bien, ce qui reste un bon point à ce stade de la course.
Pour une fois, j’ai étudié le profil et je sais que nous allons enchaîner un tronçon de 22,5 km, soit 3 heures sans ravito ni point d’eau, je repars donc avec les flask chargées et quelques morceaux de banane.
Dès la sortie du Truel, nous plongeons dans le bas du « ravin » et une fois passée la rivière nous entamons une montée de 450D+ bien velue. Je n’ai toujours pas sortie les bâtons à ce stade de la course, mais une fois arrivé en haut, je vois que j’ai du mal à relancer.
Bizarrement c’est donc après la montée et avant un grand segment plutôt plat que je les dégaine.
Comme au Sancy et au GRP l’effet est immédiat (placébo ?), j’ai l’impression de retrouver « mes pouvoirs ». Je sais de mieux en mieux m’en servir et ils m’aident désormais beaucoup à courir sur le plat et à gagner en aisance dans les descentes (j’ai l’impression de bien amortir les chocs).
Ces 22 km sont assez « longués », mais nous discutons à plusieurs au fur et à mesure de nos rencontres. Le panneau « ravito 5,7 km » viendra finalement assez vite.
J’arrive à Sant André à midi en 89ème position. Je suis encore assez frais mais assoiffé.
Et là…bonheur, les ravitos sont équipés de sortes de pompes à bière mais pour du coca : celui-ci est glacé, je me régale qui a enquiller 3 ou 4 gobelets. Je ne fais jamais cela en course mais là ça me fait trop envie alors je ne me pose pas de question. Je continue par ailleurs mon régime Roquefort, Bretzels, bananes…
La section suivante est de nouveau de 22 km jusqu’à la Salvage mais un bénévole me confirme qu’un point d’eau est organisé à la Roque Sainte Marguerite.
Après Saint André le parcours est absolument magnifique. Le sentier en balcon nous permet d’avoir de très beaux points de vue sur un village en ruine, des couleurs d’automne chatoyantes, des fonds de vallées incroyables…je me régale d’autant que je parviens à courir tout du long quasiment :
J’opte pour une stratégie qui me réussit : courir sur le plat et dans les descentes, marche rapide-bâtons à la moindre montée.
Je reste prudent car je sais que passé midi, la fatigue mon tombe souvent dessus. Ce sera un peu le cas d’autant qu’il fait chaud, je passe en t-shirt et je remets la casquette Kikourou (rouge bien sûr !!).
Les sentiers sont techniques, exigeants, piégeux et la descente vers la Roque difficile. Le point d’eau est le bienvenu. En aparté merci au Trailer arrivé après moi et qui m’a rapporté mon gilet sans manche tombé de mon sac !
Après la Roque, je me souviens très bien de ce qui m’attend : une traversée de pont puis une franche montée bien exigeante. Cependant, je vois que je suis bien dès que la pente s’élève car quasiment jamais personne ne me double en montée alors que je reprends à chaque fois des concurrents. C’est une constante sur mes courses depuis quelques temps : moyen sur plat et en descente mais très à l’aise en montée.
Après ce coup de cul, nous enchaînons sur de superbes singles avec les premières vues sur Millau et le viaduc. Le passage de l’arc de Roquesalte est toujours aussi magnifique.
De mémoire c’est dans ce secteur que je commence à rattraper les derniers de l’Intégrale des Causses. Un peu plus tard je repère quelques Buff Kikous me permettant de saluer des collègues (Taryl)
Perdu dans mes pensées, c’est avec bonheur que j’aperçois d’abord un grand nombre de voiture puis des bruits synonymes de ravito.
J’arrive à la Salvage à 15h15, en 77ème position.
Un bénévole m’annonce Massebiau 7 km…euh…non je ne vais pas t’écouter :-)
Il reste grosso modo 20/25 km au total, j’en profite pour attaquer mon pain du montagnard avec du Coca car je sais que la partie jusqu’à Massebiau m’avait paru interminable lors de mes deux précédentes venues.
Cette fois ce ne sera pas trop le cas car j’ai pu courir quasiment partout. 1h30 plus tard j’arrive à la Salvage en 73 ème position et je décide de ne pas m’arrêter : je suis sur un bon flow, mes flask sont pleines et le road book me donne 50 minutes jusqu’à Massebiau.
J’avais mis plus d’une heure les précédentes fois, ce ne sera que 39 minutes cette année, je sens que je suis très à l’aise dans la descente.
Je sais qu’à ce stade il reste 2 heures maxi, et je décide pour une fois de rentrer en mode « compétition » et de me bagarrer un peu pour la place même si à ce moment de la course je n’en ai aucune idée.
Même si nous sommes depuis longtemps mélangés avec les derniers coureurs de l’Intégrales des causses, nous sommes un petit paquet de participants de l’Endurance (tous les dossards en 3000).
Je sors vite du ravito et me cale derrière un groupe de 4-5 coureurs dont Robin Thomas l’excellent speaker du GRP. Je suis à l’aise dans la montée même si je ne me sens pas de passer devant. Par contre sur le replat avant le cade, je décide de relancer assez vivement.
J’entre et je ressors très vite du ravito en ne prenant qu’un coca et un Roquefort ce qui me permet de repartir seul. Le but est simple, je sais que je descends moins bien que mes comparses or le profil final est descendant...il faut la jouer fine et prendre de la marge.
Il me semble que c’est dans la zone du Cade que je rattrape un nouveau Kikou (Marmadoc), mais j’avoue ne plus être certain de l’endroit précis
Je trottine donc sur le sentier en balcon puis jusqu’à l’antenne de la Puncho. A ma grande surprise, la descente technique qui s’ensuit est globalement sèche ce qui permet de se lâcher.
Je passe un moment avec un coureur qui est parti dans le second sas et qui a donc 15 minutes officielles d’avance sur moi (Thomas). Je lui dis que je vais rester cool jusqu’à l’arrivée sans chercher à passer devant lui.
Mais…à la sortie de la descente technique et moins d’1 km de l’arrivée je me retourne et je vois 4 coureurs fondre sur nous
Moi : « Thomas, tu es OK pour accélérer ? », il me dit non mais me dit que je peux foncer car je ne suis pas dans le même sas que lui (donc il finira de toute façon devant moi).
Et bien « go »…je fais le dernier kilo à fond quitte à prendre pas mal de risque, mais les jambes boostées par l’adrénaline sont curieusement très fraîches.
Jonathan (3402) boosté par ses potes dans le public, me doublera juste dans les 10 dernières marches qui précèdent l’arche à l’issue d’un sprint d’enfer sur les 400 derniers mètres. Quelle belle bagarre on se check à l’arrivée avec un grand sourire.
J’ai adoré se finish même si se battre pour une 68ème place ça peut paraitre bizarre mais c’était vraiment bon enfant.
Cette belle course se termine en 14h50, je me suis régalé.
La suite est simple : repas et bière, douche froide au camping et dodo dans le van.
Un grand merci aux bénévoles, à l’organisation sans faille. Comme je le disais sur le fil de discussion, j’ai apprécié d’être souvent assez seul mais à priori ce n’était pas le cas derrière. Le seul petit bémol : la jonction ET et Intégrale des causses pas toujours évidente à gérer notamment pour les plus lents qui sont constamment obligés de se garer pour laisser passer les plus rapides. C’est un détail.
Comme évoqué sur le fil – et même si je ne viens pas pour ça – je trouve les dotations de grande qualité…même si Hoka sponsor principal réussit à ne rien offrir…c’est fort :-)
Maintenant repos et en route pour de nouvelles aventures en 2022
Ravi d’avoir croisé les Kikous évoqués ci-dessus
7 commentaires
Commentaire de Zucchini posté le 24-10-2021 à 15:48:15
Bravo pour ta course, et la gestion de l'effort dans son ensemble, y compris la gestion logistique (ça me fais rêver de pouvoir crécher dans sa voiture :) ! Tu connais ton affaire !!
bonne récup' et à la prochaine
Commentaire de bubulle posté le 24-10-2021 à 19:04:42
Super costaud! J'aime bien votre arrivée avec Jonathan (j'ai checké des fois que ce soit mon neveu qui est spécialiste d'improviser des courses sans le dire). En tout cas, quelles progression !
Commentaire de kiki91 posté le 24-10-2021 à 19:55:54
Joli CR, tu m'as certainement doublé, car j'ai laissé passé pas mal de coureurs de l'ET en m'écartant sur le côté comme tu dis...place aux .."pros". Inimaginable ton chrono pour moi avec 40 bornes de plus...pffff...je ne sais pas comment tu fais....respect et BRAVO à toi ! Au plaisir de se rencontrer sur un prochain trail.
Commentaire de keaky posté le 25-10-2021 à 08:30:01
Bravo Gilles !!! Une belle performance et un finish à l'image de ta gestion, dantesque ;) Une troisième réussie !!! Bravo, bonne récup' !!
Commentaire de Gilles45 posté le 26-10-2021 à 08:10:14
Merci pour les retour et Bravo à tous.
Je viens de me rendre compte d'une erreur "importante" dans le récit: La partie super jolie que j'évoque est entre Le Rozier et Le Truel et non pas avant le Rozier où je suis passé de nuit.
Cela peut servir si certains veulent faire des Off un jour...
Commentaire de Shoto posté le 28-10-2021 à 08:13:33
Bravo pour ta course et merci pour ton récit vivant. Sacrée belle course cet ET.
Commentaire de Taryl posté le 28-10-2021 à 12:14:15
Merci pour le CR (et la mention) qui permet d'avoir une vue plus large de ta course que les quelques mots échangés à la hâte. Tu avais l'air effectivement bien facile dans les montées, bravo pour ta course !
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.