L'auteur : La Tortue
La course : Mercantourman
Date : 25/9/2021
Lieu : Eze (Alpes-Maritimes)
Affichage : 1274 vues
Distance : 210km
Objectif : Balade
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Mercantourman 2021
Pas un mètre de plat, à part la natation,
L’avènement du bike packing et des courses en autonomie a désormais gagné le triathlon ; le MercantourMan est né. Le tracé conçu par Cédric Amand et sa petite équipe de bénévoles permet de relier la Méditerranée au plan d’eau d’Embrun, site de l’EmbrunMan, l’une des plus anciennes épreuves de triathlon XXL. Après avoir nagé 4 petits km dans la grande bleue entre le cap d’Ail et Eze plage, il faut remonter plein nord en vélo pour traverser tout le massif du Mercantour (205 km, 5400 m de D+) puis le massif de l’Ubaye en trail (42 km, 1600 m de D+). Le concept est d’être en autonomie complète sur les 250 km du parcours, aucune aide extérieure n’est autorisée sauf à T1 et à T2. Il n’y a pas de balisage, pas de signaleur, pas de bénévole encadrant, pas de ravitaillement ; juste le triathlète avec son matériel et une trace GPS à suivre dans la montagne ! Je ne sais plus si c’est encore mon vieux copain Paname, ou le traileur des bois qui m’a parlé de cette « course », mais le concept m’a tout de suite plu et j’avais postulé dès le début. Je mets bien le mot « course » entre guillemets, car ce n’est pas une véritable compétition entre concurrents ; il n’y a pas de classement, pas de prix, pas de podium. C’est juste une aventure matérialisée par un trophée de finisher pour tout ceux qui boucleront en moins de 24h. L’inscription se fait sur « dossier », et il faut un bon passé de triathlon longue distance pour être retenu. Deux tracés en vélo sont proposés : une version route et une version gravel. Pas bien équipé et pratiquant le gravel depuis quelques mois seulement, j’ai choisi l’option route. Rouler des heures en montagne sur des petites routes me procure un plaisir total et Il n’est pas exclu que j’y retourne un jour sur la version gravel, bien que mon gros gabarit ne soit pas très adapté à la piste graveleuse. Mais avec un développement et du matériel adapté, ça passerait.
Le tracé est donc en « one way » depuis le départ jusqu’à l’arrivée. C’est pour cela qu’un assistant suiveur est obligatoire, non seulement pour récupérer et donner les affaires à chaque transition mais aussi pour pallier aux éventuels abandons ou défaillance ; le PC course n’ayant pas vocation à assurer l’assistance technique ou médicale des concurrents. C’est Loic, mon « vieux copain de 30 ans », avec qui nous avons été bidasses dans le Service de Santé des Armées qui a accepté gentiment de jouer ce rôle ingrat mais oh combien nécessaire. En effet, même s’il n’a pas le droit de me porter assistance sur le parcours, sa présence réconfortante sur quelques points de passage a permis de rompre les longues heures de solitude. Et, avec 50 concurrents au départ (25 sur route, 25 sur gravel), on est très vite seul sur un tel parcours.
On passe l’après-midi de la veille sur la plage pour le contrôle du matériel obligatoire, tache très longue et fastidieuse car Cédric vérifie tout lui-même avec beaucoup d’attention. Les graveleux ont une très longue liste de matériel à vérifier, et pour nous les routes, c’est un peu plus rapide, mais c’est un point à revoir pour les prochaines années. Il faudrait que Cédric délègue et se fasse aider pour aller un peu plus vite car même si l’endroit est paradisiaque et le petit bar d’à côté fort accueillant, j’ai trouvé le temps un poil longuet. Une fois tous les paquetages vérifiés, le briefing peut commencer. Rien de plus à apprendre que ce qui est déjà très bien décrit dans le règlement, qui est assez simple au final. Le mot d’ordre est surtout la sécurité. Et point capital : la météo s’annonce clémente sur toute la journée, seuls des orages de montagne sont annoncés pour la deuxième partie de la nuit sur la CAP. En effet, sur une telle course, en montagne, et sans assistance, s’il fait mauvais, ça peut devenir dantesque !
Contrôle du matériel obligatoire
Mais non, c’est pas le binz !
Cool, en attendant le briefing
Une fois les formalités effectuées, on passe une excellente soirée entre vieux potes dans le vieux Eze : ballade, pizzeria, et évocations des vieux souvenirs. Préparation des sacs de transition puis nous dormons comme des bébés jusqu’à 5h de mat.
Après un solide petit déjeuner que je regretterai quelques heures plus tard, nous voilà tous réunis à l’aube, sur la plage Mala au cap d’Ail, petit paradis terrestre, au calme, bordée de villas luxueuses. La mer est lisse comme un miroir, pas de vent, température idéale. Retrouvaille avec Dany, Ludo et Steve, 3 solides gaillards du 44. Gonflage de la bouée de secours obligatoire (merci à Thibaud et Claudie pour le prêt de matériel), activation du tracker GPS, et Cédric d’un coup de cloche libère les 49 bargeots + Héloïse, seule féminie engagée, qui s’avèrera être l’une des plus fortes ! chapeau Madame !
Plage Mala à l’aube, tout est calme sur la grande bleue
Les p’tits gars du 44 : la tortue, Dany, Ludo, Steve
C’est parti !
La navigation en mer n’est pas sorcier, il suffit d’abord de suivre le rivage jusqu’à la plage d’Eze-sur-mer. L’eau est cristalline et très poissonneuse, le temps passe vite et c’est très agréable. Après la sortie à l’australienne sur cette petite plage, on n’est plus protégé par le cap Mala d’une houle latérale bien prononcée, qui a failli transformer mon petit déjeuner en nourriture pour les poissons !
Il faut ensuite contourner le cap-Estel et son hôtel de luxe. On longe les fenêtres du restaurant dont les pensionnaires attablés pour leur petit dej ont dû se demander qui étaient ces tarés qui barbottent à 7h30 du matin avec leurs bouées multicolores accrochées aux fesses ! Après le cap, on passe dans une seconde anse, qu’il faut entièrement longer pour rejoindre le cap Roux à Eze bord de mer. On a maintenant la houle dans le dos, ça avance tout seul. Le soleil est bien levé, le pied !
1h15 de natation tranquille et je retrouve Loïc pour une transition sereine sur le port Silva Maris. La météo s’annonce clémente pour la journée. Je pars en tenue légère avec un gros coupe-vent bien chaud coincé dans le dos sous le cuissard, des manchettes, un buff et une bonne paire de gants dans les poches du maillot car je redoute les descentes, surtout celle de la Bonnette qui se fera en toute fin de journée. J’ai deux petites sacoches de cadre pour mettre de quoi réparer 2 crevaisons, réparer une chaine cassée, revisser des boulons et mon alimentation du jour ainsi que le matériel de sécurité obligatoire (gilet jaune, couverture de survie, sifflet, éclairages,…) Je voyage assez light par rapport à certains qui abordent des grosses sacoches de bike packing ou des sacs à dos. Et mon choix sera bon car je ne vais manquer de rien pendant toute le journée, tout en ayant toujours avec moi tout le matériel obligatoire. Ca sert un peu l’expérience !!!
Mise en route du GPS pour suivre la trace et c'est parti
A 8h30, début du parcours vélo après avoir salué les autres concurrents et mon pote. Le premier col débute après seulement 3 km de plat : montée sur Eze, puis la Turbie, on longe le très sélect golf de Monte Carlo, on passe le col de Saint Pancrace et la première grimpette de mise en jambes se termine au village de Peille. Dans cette première petite difficulté, j’ai doublé 2 ou 3 vélos et un gros paquet de graveleux, dont Dany, sortis avant moi de l’eau. Les jambes ont l’air de bien tourner malgré 1 mois sans rouler sérieusement, et surtout 15 jours de vacances de rêves en Grèce où j’ai plus descendu d’Ouzo que de cols de montagne ! Mais je suis hyper bien reposé après 2 mois d’arrêt professionnel forcé à cause de la rénovation de mes locaux pros. Comme je le dis toujours, la fraicheur physique est au moins aussi importante que le volume d’entrainement.
On s’éloigne de la mer
Peille
L’arrière-pays niçois
Descente courte et technique jusqu’à la Grave et on enchaine sur l’approche du col du Turini par l’Escarène et Luceram. Ici commence vraiment la montée du col du Turini par l’une de ses nombreuses routes d’accès, celle par laquelle passe le rallye de Monte Carlo. Au total, 26km d’ascension, sans gros pourcentage, et dans des paysages grandioses. Au sommet, je retrouve Loic, Cédric et son épouse. Quelques mots réconfortants, une petite pause cacahuètes et je plonge sur la vallée de la Vésubie.
Le Turini approche
Col du Turini
A la Bollène, au lieu de descendre jusqu’à sur la route principale, Cédric nous fait prendre une toute petite route bien pourrie pour rejoindre Roquebilière. Une petite amélioration que je suggère pour les futures éditions : supprimer cette partie qui ne présente aucun intérêt si ce n’est celui de crever ou de tomber. La route est charmante, certes, mais on a les yeux tellement rivés sur le bitume que l’on ne profite absolument pas des paysages.
A Roquebilière commence l’ascension du col de la Colmiane. La pente est douce jusqu’à St Martin de Vésubie, et l’allure modérée permet de bien constater les dégâts provoqués par la catastrophe Alex de 2020. La vallée n’est plus qu’un immense tas de cailloux, la rivière qui faisait quelques mètres quand j’étais passé l’an dernier lors de la traversée des Alpes avec mes copains savoyards, ne ressemble plus qu’à une immense ravine déchiquetée. Plus rien ne reste debout dans le lit du torrent en furie. Certaines maisons sont restées en équilibre sur le bord du ravin. C’est la désolation ; et en cette belle fin de matinée ensoleillée, on a du mal à imaginer que tout juste un an plus tôt, la mort avait frappée au même endroit.
La rivière a entaillé la montagne sur 20 m de hauteur par endroit
A St Martin de Vésubie, je retrouve Loic, pour un gros arrêt déjeuner. Il est autorisé de se ravitailler soi-même dans les commerces. J’engloutis un énorme panini, un soda et une grosse part de crumble. Je bourre mes poches de deux énormes cookies au chocolat. Et je pars sur les pentes plus raides de la Colmiane. Pour sortir de St Martin, un pont a été jeté à la hâte par-dessus le lit du torrent car le vieux pont a disparu, et une route a même été coulée dans le lit du torrent sur la gravière. Une fois sur les hauteurs de St Martin, la vue d’en haut sur le lieu de la catastrophe est encore plus impressionnante, avec cette énorme cicatrice qui taillade la vallée du nord au sud.
Une route a été jetée à la hâte sur le lit de cailloux
La rivière a emporté le vieux pont !
La vue de haut montre la cicatrice qui lézarde la vallée
Petite grimace pour le photographe histoire de lui faire croire que c’est dur !
Je monte très facilement la Colmiane mais ne m’attarde pas au sommet, juste un petit coucou à Loïc en train de siroter une bonne bière avec une autre accompagnatrice, toujours galant le gaillard !
On se prend quelques goutes de pluie à Valdebore dans la descente, mais rien de bien méchant et en arrivant dans la vallée de la Tinée qui est tout ensoleillée, mes craintes se dissipent car j’ai eu peur un peu plus tôt que le mauvais temps nous rattrape pour la montée de la Bonnette.
Col St Martin, station de la Colmiane
St Sauveur de Tinée, 120 km et 3000m de D+ faits, mais je sais très bien que la course ne commence qu’à ce moment. Il reste les 55 km et 2300m de D+ d’ascension pour la Bonnette puis la longue descente sur Barcelonnette et ensuite le trail qui s’annonce assez costaud également.
Les 30 km d’approche de la Bonnette par la vallée de la Tinée sont interminables. Ça me fait penser aux gorges du Guill depuis Guillestre vers l’Isoard, mais en plus raide et en bien plus long. Déjà, l’an dernier dans le sens de la descente, j’avais trouvé le temps long, mais c’est bien pire dans la montée, certes à faibles pourcentages, mais sans aucun répit. Au début de la vallée, une borne indiquant « la Bonnette, sommet à 58 km », calme les ardeurs les plus véhémentes. St Sauveur, Isola et enfin St Etienne de Tinée où je croise une jolie mariée avec tout son cortège et je retrouve mon fidèle Loic. J’hésite à me racheter à manger au petit Spar, mais je pense avoir assez sur moi pour finir. Je tournicote dans le village pour trouver une fontaine où remplir mes bidons et pendant que je perds de longues minutes à tourner en rond, 3 gars que j’avais doublés avant St Etienne me passent car il ne se gênent pas pour se ravitailler à leur voiture. Lamentable ! Quand on s’inscrit à une course avec un concept d’autosuffisance, on joue le jeu ou on va faire l’IM de Nice avec ravito bling-bling et animation buvette tous les 10 km !!! Et comme mes jambes vont tourner un peu moins rond dans la Bonnette, je n’arriverai pas à les rattraper, pour leur dire ma façon de penser !
St Etienne de Tinée
Sortie de la forêt au-dessus de St Etienne
Attention, à la fin de l’été elles sont grosses comme des gros chats
En quittant st Etienne, un coup d’œil à ma montre confirme ce que je craignais depuis plusieurs jours : je serais au sommet de la Bonette au coucher du soleil et je vais devoir faire la descente dans le noir. Mais on en est pas encore là, car j’estime qu’il me faut 2h30 à 2h45 pour monter les 25 km et les 1500m de D+ qui me restent jusqu’au sommet. Jusqu’au petit village de Bousieyas, la pente ne dépasse que rarement les 7%. Cette première partie est bien à l’abri dans la forêt. A la sortie du village, on aperçoit pour la première fois la cime de la Bonnette , visible 13 km plus loin avec cette immense cirque minéral, majestueux et impressionnant qu’il faut contourner entièrement pour y arriver. La pente oscille entre 8 et 10%, ce n’est pas monstrueux mais après une journée de selle, je commence à coincer un peu. Loic m’attend plus souvent au bord de la route pour m’encourager. Merci camarade !
Bousseyias
Fortin au-dessus de Bousseyias
C'est beau, non ? avec un tel spectacle, la pente parait moins raide
Au camp désaffecté des Fourches, je fais une longue halte et je me couvre car une vilaine bise du nord souffle en rafale depuis le sommet. Loic m’annonce la meilleure nouvelle de l’année : contrairement à ce que je pensais, on n’a pas à faire le tour de la cime, mais on bascule directement au col de Restefond. Cela ne représente qu’1 petit km de moins de montée mais qui est à plus de 11%. Dommage pour la photo devant le panneau des 2800 m, mais je vais pas aller faire du zèle pour y monter d’autant que la nuit arrive.
Camp des Fourches
Pause au camp des Fourches, ça commence à piquer !
Irruption volcanique sur la Bonnette ? non, juste le coucher du soleil à travers les nuages !
Je boucle à l’arrache les 3 derniers km avec des grosses rafales de vent dans la tronche et je me cache juste après le col pour bien fermer les maillots, mettre mes gants, mon gilet jaune et mon buff. La longue descente commence. Il fait entre chiens et loups, les rafales secouent le vélo, et comme toujours en pareil cas quand j’ai un peu froid et un peu peur, je commence à guidonner. Bien souffler, bien se décontracter, ne pas trop freiner de l’avant, serrer le tube de cadre entre les genoux, je connais les astuces et je gère tant bien que mal.
Col de Restefond dans le vent froid
Au restaurant du Pis, il y a foule et les quelques encouragements reçus font chaud au cœur et surtout le passage sous les 2000 m d’altitude, permet de se requinquer et de plus guidonner. Mais, il fait nuit noire désormais. J’évite de justesse une chèvre qui rêvassait sur la route, et je suis bien content de retrouver la forêt qui annonce la dernière partie de la descente. Je reste très prudent jusqu’à Jausiers où je traverse le village déjà endormi. Un long faux plat descendant et c’est l’arrivée à St Pons, juste à côté de Barcelonnette, dans une petite salle bien confortable pour se changer et se restaurer.
Loic en parfait coéquipier a rempli mon camel back et préparé les affaires de trail. La météo est incertaine donc je préfère partir un peu chargé en vêtements chauds, surtout que d’ici Embrun, il n’y a plus aucun point de rapatriement possible en cas de pépin. Je dévore du salé : chips, sandwich, cacahuètes, sardines à l’huile et j’englouti 250 g de riz sucré. Ainsi, la panse toute bouffie, je remercie Cédric et les quelques personnes présentent dans la salle et je pars pour une longue nuit de solitude comme je les aime. Je dis adieu à Loïc qui file à l’hôtel du Embrun pour gouter un repos bien mérité pour lui aussi. Plus de photos à partir de maintenant car la nuit est tombée
Les premiers km se font sur le plat et sur une petite route, ce qui me permet de consulter les nombreux messages d’encouragement reçus pendant la journée. Je réponds à quelques-uns, préviens ma famille qu’elle peut aller se coucher car je ne serais pas à Embrun avant demain matin. Mais, il y a toujours le tracker GPS pour me suivre au cas où je n’aurais plus de réseau GSM dans la montagne. Une longue piste forestière nous hisse progressivement au-dessus de la vallée, jusqu’au refuge de la Pare en direction du col des Orres. Aucune frontale devant, aucune derrière, seul dans la montagne, la plénitude. Et au bout de quelques heures, je rejoints un concurrent qui semble avoir quelques difficultés d’orientation. Il faut dire que la trace n’est plus très facile à suivre, le chemin est moins marqué et il faut être un peu vigilant. On sympathise, et on progresse de concert pendant au moins 1 heure. On marche, on marche, la nuit est étoilée et il ne manque que l’ami Pierrot assis sur le croissant de lune. Cependant, la pente n'est pas très raide et je n’ai pas l’impression que l’on cumule beaucoup de D+. On commence à trouver le temps un peu long quand même quand mon GPS m’annonce un sommet à 1,5 km, mais avec encore 500 m de D+ à monter. Pas besoin d’avoir fait Maths Sup pour comprendre que ce qui nous attend, c’est du sévère. Un « mur » de cailloux, bien raide, où les appuis sont difficiles et les pas très irréguliers ! J’ai un gros coup de moins bien et je dois laisser partir mon compagnon alors que le col semble se dessiner dans la nuit. Il va me falloir 1heure pour faire le dernier km de montée, en m'aidant des mains parfois car la pente est sévère et mes jambes faiblissent !
Le col des Orres…enfin !!!
Je ne m’attarde pas au col, car il souffle un vent bien frais et je commence la descente qui est aussi raide que la montée, mais avec une trace impossible à suivre. Je fais du tout droit dans la pente, en étant très prudent car mes vieux genoux arthrosiques ont du mal à supporter mon poids. Dès que je suis à l’abri du vent, je fais une longue pause pour me ravitailler car je n’ai toujours pas récupéré de la fin de la montée, et il me faudra encore 1 heure pour faire les deux premiers km de la descente !
Aux pierriers les plus méchants du col, succèdent des sentiers herbeux, puis des petits chemins et enfin une route forestière sur laquelle les appuis sont plus précis et la pente moins raide permet de recommencer à trotter. Seul petit bémol, une vilaine pluie nous a rejoint, faiblarde au début mais s’accentuant de plus en plus au fil de la descente. C’est à ce moment que je me fais rattraper par un concurrent breton, un Quimpérois, que j’avais déjà croisé sur le vélo. Il trotte plus vite que moi, mais il a beaucoup de mal à suivre la trace, je le rattrape donc à chaque bifurcation et je le remets dans le bon chemin bien souvent. On a rejoint la route de la station des Ores. Les cuisses sont bien dures, mais on trottine quand même. La trace quitte la route pour rejoindre des petits chemins en contrebas rendus un peu glissants par la pluie. Soudain, après avoir vu quelques éclairs au loin, l’orage éclate. Un coup de tonnerre tout proche me fait sursauter par sa violence. Nous ne sommes plus qu’à quelques kilomètres d’Embrun, dans la forêt, donc je ne fais pas de bile ; mais je pense à ceux qui sont encore exposés dans la montagne ou aux graveleux qui sont encore sur leur vélos, et il ne doit pas faire bon là-haut ! A Baratier, je reconnais les lieux pour avoir fait plusieurs fois l’EmbrunMan à l’époque de l’ancien tracé. Mon compagnon de route s’arrête et j’accélère pour le larguer car je veux profiter seul et égoïstement de ces derniers km. Alors que je pense qu’on va piquer droit sur le p’tit Liou et passer sous la voie express, le tracé me refait remonter à flan de montagne vers Savine, et il faut encore faire une longue boucle vers le sud pour revenir passer le pont de la Durance. On rejoint alors la digue de l’EmbrunMan, puis le petit port et enfin la plage d’Embrun où m’attendent patiemment Loic et Cédric sous les trombes d’eau. Cédric me remet mon rodius, une épée qui était remise aux gladiateurs pour symboliser leur retour à la liberté quand ils avaient survécus.
Désolé, j’ai pas mieux comme photo de l’arrivée, le photographe étant aussi fatigué que le coureur peut être !
Le Rodius qui symbolise le bouclage du parcours en mois de 24 h
Je suis très étonné de retrouver mon breton qui était derrière moi à Barratier, qui ne m’a pas redoublé et qui est arrivé depuis plusieurs minutes. Il n’a pas dû s’embêter avec les détours vers Savine, et filer droit sur Embrun. Encore un qui a tout compris à « l’esprit de la course » qui, je lui rappelle gentiment, n’était pas une compétition, et que de tricher pour escamoter quelques hectomètres n’est pas très fair-play ! Mais cela n'est pas bien grave...Puis, on file très vite à l’hôtel car la météo n’incite vraiment pas à trainer dans le secteur.
2 petites heures de sommeil, il pleut toujours aussi fort sur la plage herbeuse du plan d’eau. Un petit café au bar de la plage et nous redescendons sur Marseille gouter au délicieux déjeuner préparer par Christine. Une bonne sieste, une petite tête dans la piscine de mon copain et il faut déjà repartir sur Nantes.
Il n’y a pas de classement, mais après avoir consulté les heures d’arrivée sur le suivi GPS, je me rends compte que je suis le huitième solo ayant rallié Embrun. Au final, seulement, 20 vélos de route, 7 gravel et 5 équipes ont terminé au plan d’eau d’Embrun sur les 50 concurrents au départ.
Encore une belle aventure qui se termine. Un concept d’autonomie que j’ai beaucoup aimé, mais qu’il est dommage que tout le monde n’ait pas respecté… Cependant, la fatigue aidant, je peux comprendre que certains soit tenter de se ravitailler à leur voiture. Comme je le disais à Cédric, si une voiture suiveuse est autorisée, c’est trop tentant donc il faut aussi lui permettre de ravitailler son coureur comme sur les xtrem tri du type Norseman, pour que tout le monde soit sur le même pied d’égalité. Ou alors, il faut faire de l’autonomie totale et interdire complétement les voitures suiveuses.
Merci Loic !
Cela faisait un moment que j’étais pas venu sur cette plage !
Merci à Loic pour ce beau et bon week end, merci à Cédric, sa charmante épouse et sa toute petite équipe de bénévoles. Merci à tous ceux qui m’ont encouragé pendant la course, c’est bien sympa de lire ses sms à minuit tout seul dans la montagne. Et enfin, merci à la météo, qui sauf sur les deux dernières heures, aura été parfaite et aura rendu l’aventure plus facile.
Vous avez le bonjour des anciens Aspirants du Service de Santé des Armées du Détachement de Légion Etrangère de Mayotte, 1990/1991, première guerre du golfe, toute une époque...
Les mêmes... 30 ans plus tôt, sur le lagon de Mayotte à bord du "Muscadet". On a un peu vieillit quand même !!!
Remise de la médaille de la Défense Nationale, barette "légion étrangère"...on était jeune, (on était beau ?) et on sentait le sable chaud....
6 commentaires
Commentaire de Papy posté le 22-10-2021 à 10:24:59
Yo la Tortue, encore une belle épopée dont je ne me sens plus capable aujourd'hui sauf en balade comme l'an dernier lors de notre GTA.
Merci pour le partage !
Commentaire de L'Dingo posté le 22-10-2021 à 10:29:33
On dirait une balade à la Philkikou. :-)
J' ai souvenir que tu as fait des périples bien moins cléments ( en Italie par ex).
Merci pour cette aventure nouvelle dont j'ai reconnu pas mal de lieux traversés.
Tu aurais pu légender la dernière photo: "Tiens voilà 2 boudins" ( ooops) , mais rassures toi tu affrontes bien la "sénioritude" quand même. :-)))
Bravo
Commentaire de philkikou posté le 24-10-2021 à 10:32:06
Vous organisez un tout nouveau triathlon xtrem, complètement barré fait pour des "doux dingues", n'oubliez pas d'envoyer un message à La Tortue nantaise toujours prêt à relever ces défis !!! Bravo et merci pour le récit !
Commentaire de La Tortue posté le 24-10-2021 à 12:31:43
tu as raison phil, d’ailleurs pour l'an prochain, je cherche des idées. à bon entendeur !!!
Commentaire de la buse de Noyarey posté le 02-11-2021 à 12:04:25
decidement , tu as de la peine a éviter la pluie. Quand je vois que tu te prends une rincée a chaque fois , je me dis qu'on a eu du bol l'année derniere pendant la GTA.
Bravo pour la perf et le récit . J'attends le prochain avec impatience .
J.F
Commentaire de akunamatata posté le 21-11-2023 à 12:44:23
Inoxydable ! Bravo
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