Récit de la course : Ultra Trail du Mont-Blanc 2021, par volto71

L'auteur : volto71

La course : Ultra Trail du Mont-Blanc

Date : 27/8/2021

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 1420 vues

Distance : 171km

Matos : Tenue : Compressport
Sac : Salomon Adv Skin 12L
Chaussures : Salomon S/lab Ultra 3 + Salomon Ultra Glide

Objectif : Terminer

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Mon Ultra Trail du Mont Blanc - UTMB 2021, petit compte-rendu >>


Une course qui démarre sur les chapeaux de roue, avec trop d’enthousiasme, et un chrono qui s’affole. Très roulant, en particulier sur les premiers 20% du parcours, ce qui ne signifie pas « facile » car il faut courir et bien courir. Je suis trop joueur et résultat, j’attends un magistral coup de mou vers la mi-course pour le réaliser (ou plutôt : me l’avouer). Pourtant je n’avais pas l’impression de forcer mon niveau et les sensations étaient excellentes jusqu’à ce point. Alors je stoppe le temps de remettre mes idées en place et de changer de stratégie : je vais me contenter de gérer, oublier un peu le chrono, poursuivre en mode tranquille et profiter du moment. La forme finira par revenir.



La suite de cette aventure est à nouveau agréable, les visites et autres surprises rythment mon itinéraire et tout se déroule à merveille – presque sans encombre – jusqu’au terme de cette aventure de 171KM 10’000D+ et 10’000D- réalisée dans un chrono très très satisfaisant de 40h07, sur un parcours pas toujours aussi roulant qu’on le prétend, varié et traversant quelques très beaux paysages autour du massif du Mont-Blanc. Avec en prime une ambiance de folie à Chamonix lors du départ, des bénévoles hyper-motivés et attentionnés, de fervents spectateurs tout au long du parcours, et un accueil en grandes pompes à mon arrivée.



« C’est enfin terminé, et c’est déjà terminé » : quel sentiment bizarre et indescriptible au terme d’une si longue aventure. L’Ultratrail du Mont-Blanc est désormais tracé de ma wishlist, je souhaitais y participer – et bien entendu le terminer – une fois dans ma vie, et j’ai eu cette chance ce week-end. En terminant certes fatigués, mais loin d’être exténué.



Les nombreux encouragements, marques de soutien et de confiance, reçus lors des derniers jours, m’ont boosté tout au long du parcours et j’en remercie chaleureusement leurs auteurs, à qui je prendrai le temps de répondre une fois reposé et remis de mes émotions.



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Et pour qui aime lire durant ses insomnies, la version longue >>



Tout commence la veille du jour J, par une mise en situation durant toute la journée, occupé au suivi de ma protégée Isabelle durant « son » Jour J, tout au long du parcours de l’OCC… une journée relax au soleil, me permettant de bouger un peu mais sans pour autant griller d’énergie, et de faire retomber la pression – au passage concernant la pression, je me réjouis déjà de pouvoir en descendre une bonne fraîche dimanche matin à Cham’. Très fier de mon amoureuse qui réalise une bonne course 💪🏻 (elle n’est pourtant pas aussi satisfaite que moi) sans encombre malgré une récente petite blessure bien embêtante et pas encore rétablie. Un accueil du public et une ambiance à l’arrivée que je lui envie et qu’elle savoure visiblement avec beaucoup d’émotion… mais mon tour devrait arriver 😉.



Jour J 13h30 : je n’en reviens pas, incroyable le nombre de messages de soutien et de confiance reçus de toute part ces derniers jours ! Bon OK… j’avais un peu provoqué mon monde avec une story « dossard/compte à rebours » peu originale, mais l’effet est garanti. J’en avais un peu besoin, à dire vrai. Je lis et j’entends tous ces mots bienveillants mais je me refuse à y répondre… trop d’émotion… Stay focus Dav !… Alors vite un petit message global de remerciement sur les réseaux sociaux et je me déconnecte de toute technologie pour entrer dans ma bulle. C’est sûr, ces messages je les emporterai dans mon baluchon, qui n’en sera que plus léger. Et vous verrez qu’ils m’accompagneront tout au long de mon périple autour du Mont-Blanc.



On entre dans le sas de pré-départ 1h et demie avant le coup de pistolet. Pas idéal pour continuer à s’hydrater lorsqu’on connait les conséquences physiologiques, car nous sommes confinés dans un pré et séparés par blocs de départ desquels il n’est plus possible de s’extraire, un peu comme un troupeau attendant d’être mené à l’abattoir, mais à vrai dire, agréablement assis ou couchés dans l’herbe verte, profitant du calme et du soleil. Idéal pour se concentrer. 17h00, après avoir suivi le briefing du 1er bloc sur écran géant, histoire de prendre notre mal en patience, le départ des élites à peine donné, on nous accompagne jusque à la zone de départ. Se forme alors spontanément en bordure du pré, une belle et régulière ellipse de mâles pressés par le fameux pipi de la peur, dont je me résous à faire partie 😉 Première bonne surprise sur la zone de départ : la taille des blocs a pour effet que la zone reste agréable pour tous, car pas trop bondée. Nous subissons à notre tour le traditionnel bla-bla et le briefing de départ. Une chance que nous ne soyons pas dans le bloc suivant, ça aurait fait 3x.



17h29 Conquest of Paradise annonce qu’il est l’heure, 17h30 boum 💥 c’est parti. Seconde bonne surprise : il m’a fallu pas plus d’une trentaine de secondes pour passer l’arche de départ, et environ 200m après, ça courait déjà. Un départ entouré de milliers de personnes hystériques qui nous crient dessus et applaudissent à toute rompre. Incroyable ambiance qu’on trouve rarement ailleurs, car la densité de spectateurs au départ, à certains endroits du parcours puis à l’arrivée (selon l’heure !) crée un véritable effet de masse caractérisant les courses de l’UTMB. Isa et Véro arrivent à me trouver dans la masse de vaillants doux-dingues du jour. A peine sortis du centre de la localité, ça court déjà bien, environ du 5 à 5 :10/KM pour moi, on peut se faufiler sans trop d’encombre pour trouver le rythme qui nous convient, enfin bref comme pour toutes les autres courses sur route 😜. Ah mais non : nous sommes chargés comme des mulets avec nos énormes sacs… et ainsi malgré les apparences, nous partons pour un ultratrail. On crie mon nom, on m’encourage : allez David, allez la 🇨🇭(notre pedigree est inscrit sur le dossard)… mais de façon un peu plus décidée tout à coup sur ma gauche : Del Mabs et Thierry Falquet mes compères du CA Vétroz m’ont fait la surprise d’un déplacement à Chamonix à l’occasion de mon départ. Ils sont incroyables.



Tout boosté par tant de positivité (il faut préciser aussi que la météo est idéale, et bien qu’on annonce du froid la nuit, c’est temps sec garanti… et ça sur un ultratrail, c’est un sacré confort !) je me laisse aller à une allure dynamique, première montée au Delevret, rien à signaler. Descente assez raide mais pas technique jusqu’à Saint Gervais : on se croirait à un trail court genre 20KM… ça s’excite et tout le monde descend à plein tube. Des malades. Aïe 😬 !... les quads vont ramasser et je me dis que ça ne va pas tarder à se payer cash pour certains. Je tente d’épargner les miens tout en conservant une bonne allure. Mince : j’ai déjà 35 minutes d’avance sur mon planning. Pas le temps d’y réfléchir, c’est toujours ça de gagné. Jusqu’aux Contamines-Montjoie, ça continue d’être très roulant et il faut beaucoup et bien courir. Oh, 45 minutes d’avance. A ce stade, presque 35KM avec seulement une vraie bosse de 800D+ à passer, pas mal de bitume ou de piste stabilisée… alors vivement que ça monte ! On attaque enfin, et si on est chaud après tous ces KM à tourner les cannes, la transition n’est pas très agréable. La nuit est tombée maintenant et le profil s’est fortement incliné depuis Notre Dame de la Gorge. Ravito de La Balme en plein air à 23h30, j’ai conservé la même avance. Il fait froid brrrr🥶… on enfile une couche et loin ! Direction le Col puis la Croix du Bonhomme, la plus longue montée du périple, environ 2000D+ depuis Saint Gervais. Zone assez technique mais pas désagréable. La descente qui suit me plait et je dépasse régulièrement, sans effort. Arrivée à la première base de vie Les Chapieux. Fin du premier bloc (selon mon découpage), environ 50KM 2’900D+ et 2'400D- parcourus. Et 40 minutes d’avance sur mon planning. Autant agréablement surpris que satisfait par mon chrono, je me dis que l’enthousiasme et l’envie de jouer m’avaient peut-être un peu sorti de la réalité de ce qu’est un ultratrail en terme d’effort dans le temps, mais bref, j’ai vraiment de bonnes sensations et alors pourquoi se poser des questions. Il est 2h du matin et c’est l’endroit où j’ai prévu un turbo-sieste de 12 minutes. Or, je n’ai pas sommeil du tout et de plus, très mauvaise surprise en arrivant sur cette BV (base de vie) : c’est petit, sous tente, bourré de monde, trop peu de tables et elles sont jonchées de débris de nourriture et de soupe renversée, ça se bouscule de partout, ambiance électrique, bruyante, l’offre en nourriture et boisson est mal agencée et il faut faire des aller-retours pour se servir de tout ce dont on a besoin, il y a tellement de monde qu’on ne visualise même pas où se trouve ce qu’on cherche. Je ne traîne donc pas et je sauterai cette pause-dodo qui pourtant devait tomber une heure idéale pour moi😔. Il y a bien un local attenant pour dormir, mais il faut s’annoncer et s’y rendre avec un sac à viande ou autre… bref je n’ai pas prévu de camper mais juste de me poser sur un banc. Dehors il fait froid et la vallée est désagréablement « ventilée » lorsque j’en repars. Et bien sûr ça ne manque pas : 45 minutes plus loin, j’ai enfin sommeil. Mais ce n’est pas le lieu ni le moment.



Montée au Col de la Seigne : in-ter-mi-nable. J’ai rajouté des guillemets car le mot est vraiment trop court, et il l’est encore. On ne sait pas où on se trouve. Je n’ai aucun repère ne connaissant pas cette section mais de toute façon on a l’impression de vivre et revivre plusieurs fois les mêmes passages et à chaque fois qu’un pseudo sommet se dessine dans la nuit, il y en a un autre au détour et bien entendu il faut y monter (dans ce cas, je préfère ne pas regarder mon GPS), ça monte, ça monte encore, ça monte sans fin. Ce sera la plus difficile montée de mon UTMB. Depuis qu’on a quitté le fond de vallée, plus de vent et la température est agréable. On passe le col et c’est un autre monde : froid, humide, venteux… les doigts gelés en 2 minutes. Violent contraste. Y’a pas de température trop froide, mais que de mauvais habits. Et comme je suis bien équipé, aucun problème de ce côté-là 👌🏻. Petite redescente avant une petite remontée au Col des Pyramides Calcaires (pas obligatoire si on fait le tour du Mont-Blanc… mais la course y passe). C’est une mini bosse sur le profil de course, qui me semble pourtant très longue car je tombe littéralement de sommeil. Malgré le froid, je décide de m’asseoir 2-3 minutes en bordure de sentier, juste pour pouvoir fermer les yeux un instant – mais sans m’endormir car c’est l’hypothermie assurée. Je repars un peu mieux. A la descente, je réalise d’où vient le nom de ce lieu : ce n’est pas une montagne, elle n’a pas de sentier… c’est juste un amas de pierres (calcaires), à travers lequel on a tenté de dessiner un sentier. Et qui dit calcaire dit roche glissante lorsqu’elle est humide. Et c’est bien le cas cette nuit. Une patinoire. Et j’en ai pour un sacré moment. Et en prime je casse une pointe de bâton. Tant pis, je continuerai en mode « dahu » puisqu’il me reste à peine plus de 100KM à parcourir 🙈. Les pierres s’estompent peu avant de rejoindre le Lac Combal, ça reste technique et piégeux, mais on peut au moins reprendre le pas de course. J’arrive au ravito du « lac » (en réalité un ancien lac qui a laissé place à une large plaine glacière où serpentent des bras de ce lac disparu et quelques torrents). C’est magnifique et les surfaces liquides brillent de mille feux. Mais ça caille toujours et je ne m’y attarde pas trop. Une pensée rigolote me vient à l’esprit : plus qu’un dodo Dav, et on sera à Chamonix😇. Montée à l’Arête du Mont Favre… allez un dernier petit effort avant de plonger sur Courmayeur 1200D- d’une traite, où je retrouverai enfin mon Isa. Descente agréable, car le soleil fait son apparition, elle est variée, parfois ennuyeuse mais facile. Sauf la dernière section sous le télésiège : un énorme sentier raide terreux (très sec/poussiéreux) avec de nombreuses marches creusées au fil des passages. Contre toute attente, je me surprends à m’amuser sur cette portion et mon côté « enfant » demande à ressurgir. C’est donc une petite descente à bloc, avalée sans difficulté, dans laquelle j’ai dû dépasser une bonne vingtaine de coureurs. A ce propos, c’est surprenant le nombre de congénères qui marchent systématiquement (ou principalement), dans les descentes après quelques heures de course. Donc si tu veux dépasser, facile, tu cours et même tu trottes et le tour est joué. Pour autant que tu sois équipé de quads assez costaud pour le faire. Mais c’est mon cas. Au moins ça .



Arrivé à la seconde base vie, Courmayeur. Encore 35 minutes d’avance sur mon planning. Cette seconde section de 30KM 1’700D+ et 2’000D- était plus difficile, en raison de la nuit et du manque de sommeil… mais j’ai encore assez bien tenu le coup. Isa et Véro m’attendent juste avant le Sport Center, youhouuu ! Mais la joie est de courte durée : la gestion de cette seconde base BV est… surprenante. Ils sont officiellement dépassés par le monde depuis une ou deux heures, et bien qu’elle était prévue à cet effet, toute assistance se fera désormais en dehors du centre, sur une place de parking en plein air et non abritée, à 100M de là. Il faut d’abord entrer obligatoirement dans la BV, faire le plein d’eau, décider et s’en aller avant les boissons et la nourriture à consommer sur place + à emporter… puis au passage récupérer notre sac « suiveur » contenant nos effets de rechange, et enfin sortir avec tout ce barda pour se rendre sur la zone d’assistance. Pas question d’envoyer la personne désignée pour notre assistance, même simplement pour y récupérer une soupe ou une boisson. Tout le contraire de ce à quoi sert une BV. Et encore heureux qu’il faisait beau et plutôt chaud. Bien que pas très agréable de se foutre à poil pour se changer devant les spectateurs ne pouvant pas entrer dans notre « zone d’assistance » et regardant leurs protégés comme on mate les ours au zoo. Navrant. Cet imprévu me fout carrément en rogne. J’avais prévu un arrêt de 45 minutes, que je pensais pouvoir assurer en 30. Et finalement j’y ai passé plus d’une heure, stressé, agacé, juste pour y faire le minimum et repartir sans avoir finalement consommé ce dont j’aurais eu envie. Et ceci malgré la bonne volonté de mes deux adorables ravitailleuses, qui avant mon arrivée s’étaient renseignées et avaient tenté en vain de trouver des solutions. Mais sans aucun arrangement possible. Bref… Les Chapieux et Courmayeur, deux BV sur les trois que comptent l’UTMB, et deux très mauvaises notes à une organisation pourtant tellement pro et tellement « roulée » que tout est quasi parfait. Deux mauvaises notes directement liées aux questions de normes anti-COVID, qui démontrent s’il fallait que rien n’est jamais parfait dans ce monde. Et peut-être aussi qu’une grosse machine fonctionne si bien en capitalisant sur son expérience, qu’une « nouveauté » peut parfois générer des dysfonctionnements importants en terme d’organisation. Je ne tirerai pas sur l’arbitre, car ceci dit tout le reste frôlait quasiment la perfection. Mais il est difficile de relativiser à chaud, après 16h de course principalement de nuit, alors que tu viens de perdre toute ton avance (durement gagnée), pour une question de logistique, sur laquelle tu n’as aucune prise.



Je quitte mes ravitailleuses de choc, tendu et l’air bougon, je ne devais être des plus agréable à « assister » et si j’avais été à leur place j’aurais regretté d’avoir entrepris tant d’efforts juste pour assister un type à la limite d’être imbuvable. Je repars au pas de charge sur cette troisième section de 45KM 2’700D+ et 2’400D- menant à Champex-Lac. Mais je réalise rapidement que mes plans vont changer : primo je ne rattraperai jamais le temps gagné sur 80KM et perdu d’un coup à Courmayeur, pour continuer sur ma belle lancée « inattendue ». Deusio le début de la montée vers le refuge Bertone se fait dans une chaleur accablante et je souffre. Et si ce n’était pas que mon état d’esprit négatif à ce moment-là, et la chaleur pourtant bienvenue après cette fraîche nuit ? Et si j’avais été un peu trop joueur, au mépris d’une réalité qui me rattrapait ? Bon, sur cette pensée mi-(gel)figue, mi-(purée de fruit)raisin, je poursuis mon chemin dans le down. Et pourtant… pourtant je connais par cœur le parcours qui m’attend depuis Courmayeur, sauf une mini-section dont je me souviendrai longtemps (voir plus loin). Pourtant comme validé en préparant mon périple je viens de changer de gommes et j’ai troqué mes Salomon S/lab Ultra 3 – très satisfaisantes – contre les Ultra Glide, bien plus reposantes et qui courent (presque) toutes seules. Pourtant la météo de cette journée s’annonce belle. Pourtant je bois et je m’alimente correctement et je ne rencontre aucun problème physique en particulier. Et bien non, ça ne court plus tout seul et les chaussures n’y sont pour rien, elles ne demandent certainement pas mieux d’ailleurs. La superbe portion roulante en petites montagnes russes du Val Ferret italien dont je me réjouissais (vraiment une face merveilleuse du massif) se transforme en casse-pattes et je ne parviens plus à relancer. Il faut me rendre à l’évidence, je suis bientôt au bout de ma vie. En prime, un fort vent de face s’est levé, qui me tape sur le système. Mais aussi, j'en ai marre de la compagnie, réalisant alors que durant ces premières 18 heures de course je n’ai pas été une minute seul sur le parcours. J’ai un côté assez sauvage, qui apprécie les longues escapades, seul en nature… et là, il n’est pas content du voyage mon côté sauvage. De plus je titube, le sommeil à nouveau me gagne. Zéro minute de sommeil depuis la veille au matin, tu parles ! C’est décidé, au refuge Bonatti, je fais un break et je remets mes idées en place. Reste calme papi, ça va aller.



Refuge Bonatti, il est 13h et des poussières… je remplis mes flasks, me pose 4-5 minutes au soleil et à l’abri du vent en bordure de sentier, la tête dans les bras et je ferme les yeux un instant. Lâche prise, et souviens-toi pourquoi tu es là. Quel est ton objectif. Le chrono oui, mais il n’a jamais été question de performer au-delà d’un planning déjà ambitieux. Terminer oui, mais pas de cette façon, pas avec un état d’esprit négatif et une souffrance durant jusqu’à dimanche matin. C’est trop long. Je repense aux messages d’encouragement et de confiance reçus de part et d’autre… ils ne me mettent aucune pression et je n’ai d’ailleurs pas de compte à rendre ni rien à prouver (à qui que ce soit si ce n’est peut-être à moi-même). Non, c’est juste que je pense à celles et ceux que j’ai emportés avec moi dans mon baluchon et qui croient en moi, qui me suivent certainement pour la plupart… et j’étais aussi là parce que j’avais envie de partager mon plaisir d’aller jusqu’au bout du défi. Ma façon de les remercier. Isa qui veut m’attendre à Cham’, Sven et Line, ma famille et tous ces proches, amis ou/et collègues. Retrouver le sourire et l’énergie pour avancer. Je me remémore quelques messages. Je retrouve le sourire. La forme, pas encore… bah ça reviendra forcément. Comme ça revient toujours finalement dans ce type d’épreuve (le corps humain est surprenant). Allez, je me lève et… tiens le coureur avec qui j’étais monté à Bertone auparavant arrive seulement maintenant, accompagné d’un petit gruppetto au sein duquel je me trouvais il y a peu. Et pourtant je suis resté immobile plusieurs minutes et j’ai quitté Bertone il y a une petite heure seulement. Et si tu n’étais pas le seul à commencer à la « trouver difficile » ? Et s’il était peut-être un peu normal que les 90KM et plus de 6’000D+ et 5000D- déjà avalés commencent à peser à tout le monde ? Bon, ni une ni deux : personne sur le sentier, j’en profite pour me faufiler ; à l’avenir je veillerai à ne pas avoir de sangsues s’accrochant à moi ni à arrêter ma progression lorsque je raccroche un wagon de coureurs devant moi. Et sois bienveillant mais expéditif lorsqu’on s’adresse à toi. Allez, fais ton antisocial si ça te fait du bien (mais ne perds pas ton sang-froid). La performance chronométrique, tu oublies : ce n’était pas prévu et si tu continues ainsi tu vas juste t’épuiser et perdre tout plaisir. Et tu ne pourras pas terminer. C’est décidé, tu repars la fleur au fusil en mode balade. Chaque pas te permettra d’avancer et au lieu de te morfondre, tu profiteras au moins du voyage. Oublié, le chapitre chrono exceptionnel, la suite sera en mode « club med » jusqu’à l’arrivée. Youhouuuu ! Profite ! (j’espère alors que cette stratégie fonctionnera).



Arnouva, juste avant d’attaquer la fameuse montée au Grand Col Ferret qui me permettra de basculer sur la Suisse : la forme n’est pas encore revenue mais je reste calme. Le moral, lui, nickel. Plus aucune pression, j’avance et c’est le plus important. Un petit coup d’œil tout de même à mon planning pour voir si je ne suis tout de même pas trop à la ramasse. Surprise : je suis en plein dans la cible. Bon alors s’il en est ainsi, on continue « comme prévu » tiens !



Montée au Grand Col Ferret, ça se corse du côté des conditions venteuses : c’est la tempête et plus on se rapproche de la bascule plus il forcit. Incroyable. Je n’avais encore jamais subi un tel acharnement un jour de beau temps. C’est aussi ça, la montagne (mais quand on est bien équipé… bla bla bla). Et côté Suisse, c’est pareil, puis ça se calme à l’approche de l’alpage de la Peule. Au passage, ça fait aussi du bien de se retrouver temporairement « chez nous ». Isa m’appelle, elle est bloquée dans un immense bouchon sur l’autoroute et ne pourra pas arriver à temps à la Fouly. J’en profite pour lui raconter mon passage à vide d’une immensité sidérale depuis Courmayeur, et la rassurer quand à mes intentions, tout en lui indiquant de ne surtout pas s’inquiéter pour mon chrono car je suis « large » et j’ai maintenant décidé d’en profiter, pour ajouter du confort à l’expédition. On n’est pas là pour souffrir. Le sympathique ravito de la Fouly passé, la très longue descente continue le long du Val Ferret (le nôtre, très charmant également à l’instar de son cousin italien).



Praz-de-Fort, c’est la fête : après les habituels Bravo David ! (merci), les Courage ! (t’inquiète : j’en ai toujours en réserve), les « Force et honneur » ! (une expression typiquement franchouillarde, qui ne me parle pas, mais alors pas du tout), les Allez la Suisse ! (j’ai remarqué que nos voisins français nous aiment bien, finalement) et autres encouragements dispensés par un public à vrai dire très nombreux et d’une ferveur exceptionnelle sur l’ensemble du parcours… j’entends soudain au loin une voix survoltée crier : Ouaiiiiiis David ! Youhouuuuu ! Trop génial ! Wouhouuuu ! Daviiiiiiiid ! T’est là ! Ouiiiiiiiii !... Mais qui est ce phénomène monstre au taquet qui me crie dessus ? Et bien c’est Laurène, débordant d’enthousiasme et qui le fait savoir à tout le bled. Oh, elle m’avait pourtant dit qu’elle allait me suivre, que participer à l’UTMB est un rêve pour elle, et qu’elle viendrait m’encourager si elle le pouvait. Mais c’est toujours pareil : tu ne comptes pas dessus, tu oublies et du coup la surprise est totale. Elle m’accompagne (enfin non, car l’accompagnement en course est strictement interdit) et me dit qu’Isa est un peu plus bas dans le village. Elle a pu s’extraire de son bouchon au coude du Rhône. Cool. Elle me rassure son mon état : wouaaaa… ben tu as l’air super bien, frais, en tous cas bien moins fracassé que les concurrents que j’ai vu passer avant toi. Je lui explique le truc de ma reprise en main depuis le presque fond du bac, et la chance que j’ai d’avoir de bons quadriceps, ce qui facilite un peu la tâche. Mais qui vois-je ? Isa❤️ bien sûr, enfin !... car la présence de ma plus fidèle supportrice (dans le sens également, qu’elle me supporte au quotidien) est tellement apaisante pour moi… et à ses côtés, mes parents : surprise bis, bien que ces deux là je les attendais quand même un peu, car c’était presque bizarre qu’ils ne m’aient pas annoncé leur venue, eux qui (avant la pandémie) étaient toujours au taquet pour venir sur les courses, et qui me sont d’un soutien indéfectible et tellement précieux en toutes circonstances de ma vie. Ils sont fiers et me le font savoir, papa évidemment la larme à l’œil. Je plaisante un peu : attendez demain matin avant d’être fiers… je ne suis pas encore arrivé, là 😛. Deux trois photos plus tard et bah je repars car même si c’est le mode club med ici, le chrono tourne toujours (en fait, à la Fouly j’ai vérifié vite fait et j’avais même regagné 25 minutes, aussitôt à moitié grillées avec un monstre plaisir et sans aucun stress ni vergogne, au ravito… allez tiens, c’est cadeau !). Prochain village à 5 minutes, Issert. Et ça recommence : Ouaiiiiiiiis ! Daviiiiiiiid ! Allez papi ! Bon là c’est presque exagéré en concentration de supporters, et les coureurs alentours commencent à se demander pourquoi il n’y en a que pour moi. C’est mon équipe du CA Vétroz💎💎. Delphine et Thierry sont à nouveau là, accompagnés de Joël et Laura. Isa les rejoint. Je suis vraiment verni ! Comme j’ai écrit plus haut, c’est la fête… et je suis le fêté.



Montée sur Champex-Lac en compagnie d’un coureur estonien, on partage un peu. Tiens, je suis redevenu provisoirement sociable. On sort de la forêt et en papotant je passe sur un immense message d’encouragement sur la route (un peu comme pour les courses cyclistes), d’un œil moyennement attentif je lis au passage David puis Becs puis Bravo, et je me dis en rigolant qu’il y a un autre David dans le coin, armé lui-aussi d’une bande de supporters sympathiques. Ils sont bien soutenus ces David ! Puis je remarque HEP, DVO (mon acronyme au job). Je m’arrête incrédule. Je recule et je relis la totalité du message. Ouais, c’est bien pour moi. Encore !!! Mais j’aurai bientôt du boost en réserve pour un second tour du Mont-Blanc demain matin à mon arrivée ! Mes chers collègues (Lionel et Eliane, je l’ai su après mon arrivée à Cham) avaient pondu une immense fresque à la craie. J’ai pensé que mon passage vers 21 heures était un peu tardif et qu’ils avaient préféré me laisser un message. Bel effort, ils sont fous ! Arrivé à la BV, je constate une avance de 50 minutes sur mon planning (j’apprendrai aussi après coup que mes deux adorables compères susnommés m’attendaient au bistrot d’en face et que lorsqu’ils en étaient ressortis j’avais déjà quitté les lieux… j’en suis tellement désolé). Isa❤️ n’est pas en vue, je l’appelle pour lui demander où elle est, car s’il était une base vie où j’ai besoin d’assistance et surtout de matos pour me changer et me soigner avant la dernière nuit, c’est bien là. A son tour d’être surprise, car elle venait à peine de se garer, pensant arriver largement en avance. Je la tranquillise car j’ai de toute façon décidé d’utiliser tout mon bonus-temps pour profiter de nos retrouvailles « à deux ». L’accueil à Champex est remarquable, la tente est immense (je connais) et cette fois il y a largement la place pour tout le monde. L’organisation rôdée, parfaite, un espace est prévu pour les soins et un autre pour dormir, dans une tente attenante plus au calme, dont je ne profiterai pas, lui préférant la « douceur » d’un banc de cantine et le « silence » de l’animation au cœur de la BV😅. C’est le boss Léon Lovey, posté à l’entrée au froid, qui prend des nouvelles bienveillantes de chaque participant entrant et souhaite bonne suite aux sortants. Il remarque avec plaisir le drapeau helvétique sur mon dossard. Valaisan avant tout, je lui précise, en plaisantant que l’organisation aurait pu prévoir des drapeaux « treize étoiles » pour distinguer les locaux. Je suis à peine posé au chaud, que le speaker de la BV s’approche et me demande gentiment si j’accepte une petite interview live. Et pourquoi pas, ça m’amusera en attendant Isa qui doit certainement être en train de courir depuis le parking avec un immense sac sur l’épaule. Interview décalée et assez drôle pour ambiancer la salle, j’explique que je vais bénéficier du soutien précieux de ma ravitailleuse mais qu’elle n’est pas encore là. Il pense qu’elle est en retard. Je précise que c’est moi qui suis désolé d’être bien trop en avance sur ma planification. Quelques questions plus tard, un mot pour les bénévoles (tellement indispensables, adorables et au top du top… pas seulement à Champex, mais bien partout), un mot pour les autres concurrents : nous tous ici, sommes venus pour terminer cette course à Chamonix… alors on va tous bravement repartir dans la nuit (et le froid extrême annoncé comme très probable sur les sommets, qui n’arrivera bien heureusement pas) et on se retrouve tous sous l’arche à Chamonix, c’est clair. Fin de l’interview, une bonne platée de spaghetti bolo, une bonne soupe servie par Alexandre Hubert, un coca, des soins aux petits oignons prodigués par Isa, qui de plus m’a amené quelques bonus culinaires dont elle seule sait qu’ils sauront ravir mes papilles, et cette fois je n’échappe à ma première et unique turbo-sieste lors de cet UTMB : 12 minutes chrono – et je me réveille spontanément, à 20 secondes de la sonnerie.



Je repars avec deux minutes de retard sur mon planning, non sans qu’Isa m’ait auparavant rappelé le temps qu’il me restait encore. Mais deux minutes, dans une vie ou sur un ultratrail valent toutes les raisons d’être échangées contre deux minutes supplémentaires en si bonne compagnie. Je repas pour une quatrième et dernière section de 45KM 2’700D+ et 3’200D-. Je sais du SwisspeaksTrail qu’il fait toujours froid en repartant la nuit de cette BV. Une sensation certainement due à l’humidité dégagée par le lac. Et je m’habille trop. Isa me le fait remarquer. Mais comme j’ai toujours raison, ciao chouchou et bonne nuit. Arrivé à la sortie du village, je suis déjà obligé de m’arrêter pour enlever quelques couches, car je suffoque. Le con. Bref. Montée à Bovine sans encombre, à part quelques petits ralentissements dus à des petits groupes de coureurs plus lents à cet endroit, qui n’ont plus la lucidité de laisser le passage, bien malgré eux, la fatigue faisant son effet. Mieux vaut être patient et éviter de se mettre en danger, ou mettre l’autre en danger. Tout le monde est fatigué, on reste calme, et désormais on prend des nouvelles et on s’encourage pour la suite lors de chaque dépassement. Tout le monde est bienveillant d’ailleurs, une constante sur toute l’épreuve. A partir de ce point, je trouve régulièrement des coureurs faisant la sieste à même le sol dans la nuit froide et hostile. On dit que la deuxième nuit est toujours plus compliquée. Mais ce n’était heureusement pas mon cas. La Giète, je passe au travers sous le regard surpris des bénévoles. Et pourtant le ravito était très sympa, simple mais bien au chaud dans le vaste chalet d’alpage. En fait, je ne l’avais pas calculé et j’avais emporté tout le nécessaire – et même plus, à croire que j’aime porter pour rien – pour tenir depuis la BV jusqu’à Trient (environ 3h30 l’étape).



Col de la Forclaz, on m’encourage de façon plus appuyée dans la pénombre, puis une fille me saute au cou. Je ne l’avais pas immédiatement reconnue : c’est ma précieuse copine Anabelle Almeida, qui s’est annoncée spontanément pour prendre le relai d’Isa pendant la nuit à Trient et Vallorcine, même si je ne rencontrais aucun souci particulier. Faut le faire tout de même… proposer à un pote de venir avec tout le barda pour le chouchouter à 1h30 et 4h30 du mat’ en roupillant entre deux dans son véhicule ! Bon j’avoue : il est vrai qu’un soutien est probablement plus nécessaire la nuit et en fin de parcours, là où on peut rencontrer les plus grandes difficultés. Mais jamais je n’oserais le demander à personne. D’autre part, l’organisation prévoit une prise en charge bienveillante en cas de difficulté sur quasiment tous les postes de ravitaillement. Cette initiative me ravit d’autant plus, trop même. Car avec le changement de « staff » il est important de faire un point général de la situation (d’autant plus que j’ai affaire ici à une podologue diplômée), et puis tu finis par raconter deux trois trucs, et mon planning respecté à la lettre prend un retard de 13 minutes. Notez la précision : après tout de même 32 heures de course ! Pas grave, on est là pour profiter et ma bonne humeur ne me quitte plus depuis la fin d’après-midi passée et ses surprises.



Montée aux Tseppes, celle dont on doit se méfier (c’est un peu The Wall de l’UTMB… car elle est raide et elle arrive en fin de parcours sur l’UTMB, la CCC et aux 2/3 sur l’OCC). Et bien contre toute attente, elle passe très vite et sans difficulté particulière. 5 dépassements effectués et aucun subi sur cette unique section. Traversée vers l’alpage Catogne, toujours pas le grand froid annoncé (ouf !) et longue descente sur Vallorcine, d’abord agréable sur le sentier, pénible sur la piste de ski, technique sur la partie finale où on retrouve un sentier. Extrêmement prudent, je ne suis pas parvenu à grapiller grand-chose sur mon chrono mais je respecte mon temps de pause prévu pour faire ce que j’ai à faire, sous le regard attentionné d’Anabela.



Je repars en marche très rapide sur le col des Montets, à ce stade je n’essaie même plus de courir, ce qui me ferait perdre une énergie considérable pour gagner si peu de temps. Surtout qu’il reste encore à affronter la montée à Tête aux Vents. Et celle-ci je la redoute particulièrement, car il faut se hisser de pierre en pierre sur ce sentier aussi raide que chaotique. Dernière montée, puis on rentre à la maison. Je la ferai pépère. Le dernier jour se lève. Ooooooh et nous bénéficions d’un magnifique lever de soleil sur la face sommitale du Mont-Blanc, pile en face de nous. La grimpette passe presque facile et me semble assez brève (et pourtant j’y étais remonté il y a quelques jours pour bien la visualiser). Arrive la seule petite section inconnue : du check-point Tête aux Vents à la Flégère. Eh bien désormais je la connais et je ne suis pas près de l’oublier, et mon planning non plus puisque j’arrive à la Flégère avec 29 minutes de retard sur l’horaire prévu. Sur le papier, rien de particulier, c’est un simple sentier descendant en deux paliers. En réalité il n’a de sentier que le nom : c’est une horreur à se casser les dents (et deux chevilles et au moins un bras), avec de nombreuses remontées, arrivant au pied de la Flégère, qu’il m’a fallu 50 minutes pour rejoindre. Et en tous cas autant de jurons, à mon souvenir tous concentrés (mes jurons) à ce stade du parcours. Mais tant pis, j’ai encore ma botte secrète : j’avais compté large la dernière descente, qui se ferait certainement avec beaucoup de fatigue et peut-être avec un genou ou deux en moins, ou des cloques aux pieds. On reste serein et on profite du ravito pour alléger la tenue, car il fait à nouveau une température très agréable. Accueil au ravito plein de peps d’une équipe de bénévoles (en âge de retraite) visiblement fatigués eux aussi de la nuit passée, mais ça ambiance, ça passe de la musique, ça chante et ça danse. Tout en nous faisant installer sur un banc et en nous servant le ravito. Bon, alors on repart pour une dernière descente, piste de ski (beurk), sentier bien technique, puis moins technique, buvette de la Floria d’où on me félicite – j’y croise notamment Eduardo, une dernière longue route forestière et c’est l’entrée dans Chamonix.



Ouaiiiiiiis ! Daviiiiiiiid ! Bravooooo ! C’est Blaise Roux, venu à Chamonix pour mon arrivée (et bien entendu pour chiller en peu dans cette ambiance particulière). Pendant que nous longeons l’Arve, petit check-up improvisé de mon physio sur l’état de santé de la bestiole. Rien à signaler. Désolé mon cher, le chômage te guette 😝. Il me signale un comité d’accueil dès l’Avenue du Mont-Blanc. Natalie est là, elle aussi. Puis j’entends des cris de joie, mon Isa, Anabela, Florence et Christian sont au rendez-vous !!! Magnifique comité d’accueil. Quelle émotion. La foule n’est pas encore très nombreuse dans les rues de Cham à cette heure matinale, mais suffisamment enthousiaste pour que j’apprécie pleinement « mon » moment, jusqu’à l’arrivée sur la Place du Triangle de l’Amitié où mon arrivée à 9h37 est saluée en direct live, comme pour tout finisher d’une course de l’UTMB. La grande classe. Un gilet finisher et une ou deux bières plus tard, on refait la course en compagnie de mon magnifique comité d’accueil que je remercie, mais pas comme il se doit car je manque un peu de lucidité, mais qui ne m’en veut pas.



« C’est enfin terminé, et c’est déjà terminé » : quel sentiment bizarre et indescriptible au terme d’une si longue aventure. L’Ultratrail du Mont-Blanc est désormais tracé de ma wishlist, je souhaitais y participer – et bien entendu le terminer – une fois dans ma vie, et j’ai eu cette chance ce week-end. En terminant certes fatigués, mais loin d’être exténué. 171KM 10’000D+ et autant de D-, en 40h07. J’avais établi une planification sur 40h, mais je souhaitais avant tout terminer et j’aurais « signé » pour une arrivée en 42h. Je suis très heureux de cet accomplissement et plein de gratitude. Isa qui s’amuse à comparer et analyser les résultats de nos courses, me fait remarquer un fait assez surprenant et amusant : je termine 1er suisse de ma catégorie (et 82/334 classés V2H).



J’aimerais remercier chaleureusement en premier lieu mon incroyable Isa❤️, pour ton soutien durant cette épreuve et au quotidien, et parce que tu es une immense source de bonheur et de motivation dans ma vie. Les enfants, Sven, Line, parce que depuis toujours « je suis encore en train de faire du sport » et que vous le vivez plutôt bien (surtout Line, lorsqu’on ne t’oblige pas à en faire aussi 😜), mes parents toujours discrètement présents et impliqués (et maman pour tes talents de couturière désormais spécialisée en modification d’articles de sport). Anabela qui a délaissé son Giuseppe pendant toute une nuit au prétexte de « faire l’assistance pour un copain en France voisine ». Véro et les amis qui se sont déplacés au départ, sur le parcours et/ou à l’arrivée pour moi, rien que pour moi (c’est incroyable : j’ai beaucoup de chance et vous êtes en OR massif🥇) et toutes les personnes qui m’ont témoigné leur soutien de quelque façon que ce soit, puis m’ont encore félicité après mon arrivée : sans le savoir, vous avez été mon fil rouge et un pilier solide tout au long de cette aventure ! MERCI 🤩🤩! Et bien sûr, je ne peux que remercier toutes les parties de mon corps (en particulier mes deux fidèles mais vieillissants genoux) de m'avoir bravement porté à destination 😅🤟.



Isa m’a déjà prévenu que probablement personne ne lirait mon ultra-compte-rendu jusqu’au bout. Je m’en balance, car il me fera de la lecture quand le temps viendra où je serai trop vieux pour me souvenir de mon passé sportif 🤪.


#utmb2021 #compressportswitzerland #overstimsswitzerland #mulebarsuisse

 

ArrivéeComité d'accueilEmotionPraz-de-FortEn arrivant à Champex-LacUnique dodo (12min) à Champex-Lac

4 commentaires

Commentaire de skiing or dying posté le 03-09-2021 à 22:20:34

Et si, certains ont lu le compte-rendu jusqu'au bout. J'ai également couru l'UTMB cette année et avais vu ces inscriptions sur la route. C'était chouette.
Mais oui les frouzes aiment bien les suisses ! Et, en tant que savoyard, je trouve que la proximité culturelle avec les valaisans est assez nette.
Merci pour ce compte-rendu.

Commentaire de augustin posté le 08-09-2021 à 15:21:28

sympa ton CR! le ton est appréciable et ton ressenti criant de vérité, tout en lucidité, pour un chouette chrono. Les ultra compte-rendus sont souvent lus sur Kikou vu que c'est la même population cible de l'autre coté de l'ordi, n'en déplaise à Isa ;-)

Commentaire de volto71 posté le 08-09-2021 à 15:32:30

Merci et merci d'avoir lu jusqu'au bout :-) ce compte-rendu, qui n'a pas été écrit "pour Kikourou" mais à la base sur mon mur Facebook. Et là... la communauté n'est pas forcément la même. Mon Isa aime bien me taquiner et sous-entendait que je ferais mieux de me reposer un peu, plutôt que d'écrire un ultra compte-rendu jusqu'au bout de la nuit :-))))))))))))))))))

Commentaire de augustin posté le 08-09-2021 à 17:10:06

Je vois très bien à quoi tu fais référence, ma femme a couru la CCC cette année...et n'a pas encore fini de rédiger son récit ;-) a bientot pour de nouvelles et saines lectures!

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