L'auteur : Thija_59
La course : UltrAriège - 165 km
Date : 23/7/2021
Lieu : Ax Les Thermes (Ariège)
Affichage : 1631 vues
Distance : 170km
Objectif : Terminer
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12h de canicule – 20h de brouillard où je n’ai malheureusement pas vu grand-chose des paysages en haut du Mont Fourcat, du Pic Saint Barthélemy, ni profiter de la vision au Rocher de Scaramus (dans les nuages de nuit) – vive la météo J
48h dans ma tête. J'ai tenté d'être le plus détaillé possible. C'est probablement de trop mais me permettra de garder une trace de cette expérience forte. Donc oui je raconte ma life
- Inscription fin mars à cet Ultrariège et l’option navette vers le départ la veille de la course
- Route (de Lille) en 2j, avec arrêt dans le Beaujolais pour emmener ma maman qui me fera l’assistance pendant toute cette course
- Vive la clim’ dans la voiture quand le thermomètre affiche 34°C au compteur et que la canicule est également annoncée pour le jour de la course
- Pas de vérification de sac, une simple attestation sur l’honneur à signer après avoir coché toutes les cases du matos obligatoire.
- Retrait des dossards la veille au Casino d’Ax les Thermes, pas grand monde (mais le briefing a déjà commencé), j’y assiste quelques minutes avant de remettre en route vers la chambre d’hôte réservée à Tarascon sur Ariège
- Quelques exposants (2 maxi 3) sous la Halle, et qui remballent déjà à 17h15 quand nous arrivons et un petit village de tente (4 contiguës) pour l’espace « restauration »
- Une arrivée avec un magnifique tapis rouge ne manque que les marches (qui seront bien présentes pour accéder au ravito d’arriver)
- La chambre d’hôte idéalement placée à Tarascon qui est un peu le barycentre de cette course
- Un appel de l’organisation pour savoir pourquoi je ne suis pas à la navette pour rejoindre le départ (désolé, j’ai complètement oublié de prévenir que j’y allais par mes propres moyens alors que je suis passé devant l’atelier navette au niveau des dossards, vraiment déçu de ne pas avoir tilt avant et éviter cette charge, cet appel, à l’orga)
- Point avec mon Assistante de Luxe avec notamment :
- Vérification que mon fond d’écran de téléphone soit bien lisible puisqu’il contient le profil de la course avec l’ensemble des infos intéressantes :
- Nuit correcte avant la course même si je passe beaucoup de temps à finaliser mes 4 sacs (mon sac de course est prêt, mon sac de ravitaillement et les 2 d’allègement non)
- Départ de la chambre d’hôte vers 8h20 pour rejoindre Aulus les Bains vers 9h30 en passant dans la vallée que les coureurs vont visiter par un chemin en balcon, Port de Leers (lieu du 1er ravito) et belle descente sur le départ
La pression monte doucement, l’ambiance sonore est sympathique (https://www.youtube.com/watch?v=bubOcI11sps lien donné post course par l’orga), les sensations sont bonnes, la chaleur est déjà bien présente mais n’est pas étouffante.
119 coureurs au départ
Je me cale au fond du peloton avant le départ, croise Eric Kikour Roux.
Le départ est donné dans des feux de bengale rouge, cela fait assez gladiateur et passé le 1er km dans le village, les coureurs se retrouvent dans un sous bois pour la suite du parcours.
Départ prudent, l’objectif est de se préserver le plus possible pendant la cette journée de canicule pour ne pas y laisser trop d’énergie.
1ère montée (770m de D+) à environ 550m/h en discutant avec les autres coureurs pour atteindre le Col de la Lau (1503m) puis légère descente vers l’étang de Leers pour rejoindre le ravito en 2h03, 8’ de pause, remettre 1L d’eau dans les flasques, manger une barre issue du sac de « ravitaillement », faire le point sur les prochains passages avec mon assistante.
2e montée vers le Pic Gerentos (2069m) toujours à environ 550m/h avec les pauses photos. Enormément de vent pour rejoindre Port Saleix 300m plus bas, descente ventée vers Port Saleix que l’on voit au milieu de l’arête
1er CP atteint en 3h54 – 114e/118 coureur en course (1er abandon).
Et à l’abri dans le vallon, le vent a disparu. Longue descente pentue au début en tout cas avant de pouvoir courir une bonne partie ensuite, rejoindre un chemin en balcon ombragé et atteindre le fond de vallée et retrouver mon assistante qui est garée le long de la rivière (faute de place dans le village, les assistants des 1er coureurs ayant réquisitionné beaucoup d’espace avant son arrivée à ce point : la place pour le camping car ou van + autant d’espace réservé devant et derrière par véhicule, version stand de voiture de course avec barnum et cie)
A nouveau 8’ de pause pour refaire le niveau des flasques à la voiture, boire 50cl de saint yorre, remettre en route pour atteindre et repartir presque aussitôt du ravito officiel celui là.
Très content d’avoir mon assistance avec moi sur ce coup, ce 1er ravito solide étant bien maigre (saucissons et tuc en salé, un peu de chocolat), mais je l’ai trouvé très léger pour ceux qui n’avaient pas la chance d’avoir un accompagnateur. Clairement la course n’a absolument pas été la même pour ceux qui étaient sans accompagnateur (félicitations à eux en tout cas !!!!)
Je repars du ravito vers 15h20
Sentier globalement en balcon en plein soleil avec l’objectif de gagner du temps car la BH est toujours annoncée à 19h au km 42 ce qui impose clairement de sortir de sa zone de confort sous le cagnard. Rafraichissement de la casquette et de l’éponge (en dessous de la casquette) à chaque cours d’eau + petite flasque de 250ml d’eau pour mouiller cette éponge régulièrement et éviter la surchauffe. Traversées des 3 villages très sympa que sont Orus, Illier puis Lapège.
Apparition des taons qui nous ont bien attaqué depuis Sentenac
Lapège est atteint à 17h, j’y reste 9’, refaire le plein des flasques, se mettre dans la fontaine puis remettre en route, les bénévoles nous annoncent que la BH est repoussée d’1 heure à Gourbit (de 19h00 à 20h00 donc), mon assistante m’avait passé l’information par téléphone 30’ plus tôt puisque elle est déjà à Gourbit.
Dommage que nous n’ayons pas eu l’information plus tôt, au briefing matinal par exemple ou à celui de la veille, dommage également que nous n’ayons pas eu cette information par téléphone/SMS (même si le réseau est « capricieux » en Ariège, globalement Orange passe, Bouygues un peu moins, mais pas SFR)
Toujours beaucoup de taons, beaucoup de chaleur, le col de Lastris est atteint vers 18h10 la montée un peu plus pentue (avant de s’adoucir ensuite) au départ de Lapège se fait globalement à l’ombre puis le dernier km au milieu des fougères.
Après une descente en sous bois, j’arrive à Gourbit à 18h51
CP2 validé en 97e position sur 112 coureurs ayant atteint ce CP dont 10 coureurs sont arrivés après 19h00 la BH initiale (7 continueront, 1 seul finira). 75e temps entre le CP1 et 2 sur ce tronçon
Les coureurs avec qui j’ai pu discuter avant et après ce CP, sur le parcours, ont eu le même réflexe ou challenge que moi à savoir tenter d’atteindre le CP avant la BH initiale.
20’ de pause réelle, refaire le plein en eau, manger un peu de salé à la voiture (pas au ravito car il n’y a que du liquide). Rafraichissement du bonhomme au gant de toilette mouillé.
Petite descente au fond de la vallée puis remontée vers le col de Carlong, toujours en sous bois. Echanges avec un autre coureur local qui m’informe que le Mont Fourcat n’est pas difficile mais très très long, que le Saint Barthélemy n’est pas facile et que le dernier kv au 140 a été tracé via des sentes trouvées pour l’occasion pour la 1ere partie en sous-bois et droit dans la montagne à vaches ensuite pour rejoindre le rocher de Scaramus tout en haut.
Col atteint environ 90’ après être reparti de Gourbit sans difficulté (de mémoire en tout cas) Et la descente, toujours en sous bois se fait sur un chemin forestier dont le pente m’est inconfortable pour courir tout le temps (trop pentue par section ce qui m’impose de marcher pour soulager les quadri), dès que la pente repasse sous 25% je repasse de la marche à la course.
Le ravito de Saurat est atteint à 21h25. Je prends le temps de manger Soupe au vermicelle, saucissons, tucs, refaire le plein des flasques avec mon assistante de choc. Passage en mode nuit avec la sortie de la lampe, il fait toujours chaud dans la vallée mais les nuages recouvrent les sommets des alentours.
Ravito très sympa mais en queue de peloton, certains coureurs qui y sont arrivés à partir de 21h45 se sont plaints de ne pas avoir de soupe vermicelle et que pour le 2e ravito complet depuis le début (dont un 1er ravito complet très léger) ce n’était clairement pas assez fourni.
21h55, soit 30’ de pause au total, je dis au revoir à mon assistante de luxe pour lui donner RDV samedi matin vers Montferrier si tout va bien, elle rentre en direction de la chambre d’hôte (10’ en voiture de Saurat).
Les rubalises présentent un côté avec un élément rectangulaire réfléchissant agrafé. Quand la rubalise est du bon côté c'est top et cela se voit bien, quand l'élément réfléchissant est de l'autre côté, on ne voit qu'une rubalise blanche et c'est parfois limite en terme de visibilité.
Départ pour le Rocher de Batail, une grimpette de 1020m de D+, une montée régulière jusqu’au col de Cabus avec un passage sur la route pendant presque 2km (la carte n’offre pas vraiment d’alternative), 1 autre kilomètre dans le sous-bois et entrer dans les nuages à la sortie de ce sous-bois. Le chemin à suivre est une sentier au milieu des fougères et avec le brouillard et le passage des vaches qui ont créé plein de sente dans tous les sens il est compliqué de garder le bon sentier sous ses pas surtout avec les rubalises qui ne sont pas toujours avec l'élément réfléchissant apparent et donc peu visible. Je rejoins Xavier qui a un gros coup de moins bien dans cette montée, ses 2 compères l’attendent un peu plus loin. Nous jardinons une 1ere fois, car malgré le balisage très correct (un fanion ou rubalise tous les 50m (100m quand il n’y a aucun doute sur le chemin à suivre) depuis le départ, l’ensemble de ces sentes créé par les vaches et le brouillard gêne énormément la progression. Nous perdons une 1ere fois 10 minutes avant de retrouver le bon chemin (merci à la trace dans la montre), retrouvons les copains de Xavier, et nous perdons le bon chemin au milieu des fougères une nouvelle fois (même avec la trace en suivi sur la montre).
Finalement nous atteignions le sommet à 00h45. Xavier explique à ses compères qu’il rejoint la BV et abandonnera à cet endroit. Là encore la visibilité est franchement faible et les fanions ne sont pas suffisants car on ne voit jamais le suivant. On passe à proximité de cloches, il s’avère qu’il s’agit d’un troupeau de chevaux et que ceux-ci ne sont pas étonnés ou inquiets de nous voir/entendre.
Je laisse Xavier et ses compères pendant que je mets ma veste entre le rocher de bataille et le roc mouché, le brouillard et le vent font qu’il fait frais en haut, je n’ai pas envie de prendre froid après cette journée de chaleur, le contraste est saisissant.
Au final cet arrêt « veste » se révèle être une belle bêtise car je me retrouve seul dans le brouillard. Et 2 km plus loin, alors je me retrouve perdu sur un sentier, je n’ai pas vu de fanion depuis 3 à 4minutes, je regarde autour de moi, la trace dans la montre me montre que je suis un peu moins de 100m trop loin de la « bifurcation » que je n’ai pas vu et à peine à 50m plus au nord de la trace. Je quitte les sentiers pour couper et tenter de rejoindre la trace en coupant au plus court. Je fais 50m me rapproche de la trace indiquée par de la montre mais ma lampe frontale me fait du stroboscopique avant de se couper purement et simplement. Le changement d’accu ne change pas la donne et je me retrouve sans lampe, ma lampe de secours étant restée chez moi après avoir été « utilisée » par les enfants. J’allume la torche de mon téléphone, continue à couper au plus court. Il me faudra 20’ pour revenir sur le chemin, après avoir été à moins de 50m de la trace pendant 600m.
Je reprends finalement le bon chemin avec le moral dans les chaussures car si je ne peux pas repartir faute de lampe c’est fini pour ce trail pour une connerie. J’attends un coureur qui arrive avec un de ses accompagnateurs qui est venu à sa rencontre pour les accompagner et profiter de la lumière de leur lampe.
Nous arrivons au ravito liquide de Pla d’Estal à 01h29. Le traileur ne s’arrête au ravito que pour se faire pointer et rejoins ses potes (qui ont monté un barbecue du parking 400 m plus bas (en dénivelé).
Les bénévoles me passent du sopalin pour tenter d’essuyer l’intérieur de la lampe, rechanger d’accu et cie, mais sans résultat. Je leur indique que je ne peux qu’attendre un coureur car je n’ai pas d’autre lampe. En espérant ne pas être disqualifié pour ce manque de lampe, ce qui aurait été tout à fait justifié.
Un des bénévoles qui était parti à sa voiture revient avec une petit lampe torche qu’il me tend. Je lui demande comment lui rendre ensuite sachant que mon assistante de luxe pourra se charger de me trouver une frontale pendant la journée pour passer la 2e nuit. Il me laisse ensuite reparti en me disant que si je finis la course je l’aurai amplement mérité. Merci à lui et merci à eux !
9’ après mon arrivée au Pla d’Estal, je remets en route, reboosté, avec une lampe correcte en main
CP à cet endroit, tous les coureurs ayant atteint ce 3e CP après 15h07 de course sont crédités du même temps : 15h00- 89 coureurs sont pointés à cet endroit au total et je suis dans les 12 derniers qui sont à « 15h00’00 ». et par rapport aux 2 coureurs que je vais doubler en toute fin de descente juste avant la BV et aux 5 qui arrivent à la BV entre 20 et 30’ après moi, je pense que je devais autour de la 84e place à ce CP
J’utilisais mes bâtons en montée (et en descente en marchant en les repliant à chaque fois que je courais pour les caler à leur emplacement sous mon sac) je me demande comment je vais aborder la montée vers le mont fourcat dont le début se fera de nuit. Et puis je me dis surtout qu’il va falloir que je fasse gaffe à ne pas montrer trop ma lampe offert par mon samaritain à la Base Vie car les bénévoles pourraient être beaucoup moins conciliant.
Je démarre en trottinant tant que je peux car nous n’avons pas eu de confirmation officielle que la BH était reculée d’1H également ici. Juste des « ca serait logique » ou des « non mais si ils vous ont reculé la 1ere d’une heure, toutes les autres aussi » et en grattant un peu, c’est-à-dire en demandant si ils ont eu un message clair de l’organisation ben ce n’est pas le cas
Ben, qui avait profité du barbecue de ses potes (je n’ai pas encore compris comment ses potes l’avaient utilisé pour faire cuire des choses dans le vent et le brouillard et limite de la pluie) me rejoint un peu moins d’une demi heure après. Il a l’air d’avoir bien récupéré et a une pêche d’enfer. On poursuit notre descente à 2 jusqu’à la BV que nous atteignons avant la BH initiale
Je cache ma lampe, et entre le samedi matin à 03h47 dans la BV. Une petite dizaine de coureurs sont là. Ben et moi allons voir l’un des directeurs de course (qui a une Stoots sur la tête) qui annonce à ce moment qu’il reste moins de 15’ avant de devoir repartir pour la suite de la course.
Après discussion, il s’étonne que les bénévoles aient pu nous annoncer que la BH de la Base Vie était également repoussée puisque lui, directeur de course ne l’a pas encore décidé.
Au final il annonce à tous que la BH est bien repoussée d’une heure mais uniquement ici. Pas pour la suite. Je récupère mon sac de BV, (mon assistante est à la chambre d’hôte en train de dormir)
A ce CP4 : 82e coureurs sur 89 encore en course
54’ de pause à cet endroit pour me refaire la cerise, manger une assiette de pâte et une soupe sans vermicelle (il n’y en avais plus) pendant que j’attendais mon tour pour utiliser les toilettes pour handicapé, qu’un coureur a réussi à ouvrir pour accéder à sa douche.
Contrairement à ce qui avait été annoncé, pas de douche sinon à cet endroit du fait de consignes sanitaires de dernières minutes (COVID19).
Je recroise Xavier avec qui j’avais fait une partie de la montée au Rocher de Bataille (et jardiné dans les fougères) qui passe après moi à la douche et qui m’annonce bien qu’il abandonne ici et. Je lui parle de mon aventure de jardinage de 25’ dans les bruyères sans lampe et me propose la sienne dont il ne se servira plus. J’accepte volontiers la frontale (je pourrais utiliser mes bâtons), je lui envoie un texto avec mes coordonnées, et on convient de se retrouver à l’arrivée (où il loge) le dimanche matin entre 10h et midi ou au pire ensuite sur le site d’arrivée. (Il n’aura toujours pas reçu mon texto quand je le recroiserai à Ax les therme pour lui rendre sa lampe et ses batteries).
J’ai croisé les secouristes à presque tous les ravitaillements y compris à la BV, mais pas de kiné ou de podologue présent aux BV en préventif, que du curatif avec les secouristes. Tant pis pas de massage
Changement de tenue, et je repars frais à 04h41
Je sors seul de la BV et rejoins la trace en sous bois pour monter à Croquié toujours dans le brouillard. Le village de Croquié arrive très vite mais tant la distance que l’altitude ne coïncident pour ce qui est annoncé pour le ravitaillement sauf que celui-ci se trouve plus haut. Un coup de barre arrive et je commence à bien lutter pour ne pas m’endormir et atteint finalement le ravito 1h46 après être parti de Mercus.
Je demande si il est possible de dormir 20’ quelque part et l’un des bénévoles m’ouvre sa voiture pour que je fasse une coupure de 20’. 20’ après il vient me chercher et me propose un thé. Je remercie les bénévoles et remets en route après une pause totale de 28’ sieste comprise.
Croquié (81e km) -> Montferrier : 15.8km 800m+ 1336m- - ravitaillement complet et BH à 11h00
Je repars peu avant 7h de Croquié, il me reste 4h pour rallier Montferrier et même si je me sens un peu mieux je ne suis franchement pas en bon état, je n’arrive plus à boire, j’ai testé une autre flasque qui a passé toute la journée dans mon dos au soleil et dont le goût menthe de la poudre ressemble plutôt à du melon…., je la vide aussitôt, pas la peine de me charger si je ne peux pas la boire et continue mon calvaire pour monter. En effet la montée n’est pas difficile, juste très longue, et quand on n’a pas les jambes c’est compliqué. Le sucré ne passe plus non plus. Le paysage est bouché
La tête a un gros coup de moins bien.
Je me fais déposer par le 1er du 100km qui me passe en courant, lui et tous les autres auront tous un mot d’encouragement/réconfort. Mention spéciale à un autre samaritain, coureur dans les 15 premiers du 100km qui me proposera et donnera 2 petits bouts de saucisson pour tenter de refaire partir l’estomac. Impossible de me souvenir de son dossard et de savoir si il a fini, mais merci à lui !
J’atteins péniblement le sommet du Mont Fourcat après de multiples pauses à attendre que les nausées passent le samedi matin à 8h56. Quelques bénévoles autour d’un feu, quelques tentes, un quad qui a monté tout le matos avec une remorque. Le bénévole qui pointe les coureurs au sommet ne veut pas me laisser partir et me dit que je passerai jamais la BH suivante à Montferrier dans moins de 2H et qu’il vaut mieux que j’attende les serre-files. (Pour le 100km, la BH était à midi et non 11h00, les BH suivantes sont identiques que sur le 165)
Je suis avant dernier de la course, le dernier est 1’ derrière moi, les serre-files aussi.
Je tente quand même le coup et le bénévole me laisse finalement partir en prévenant les serre-files que je suis parti et en prévenant les bénévoles de Montferrier que je fais .
11km de descente, 1330m de D- à avaler et 2heures maxi.
Les 500 premiers m de D- sont très pentus et ne me permettent pas de faire autre chose que de la marche en laissant de la place pour le gros du peloton du 100km qui me dépasse
Je deviens dernier quand celui-ci me dépasse. Les serre-files me demandent si ils peuvent m’accompagner ou si comme pour l’autre coureur je préfère qu’ils soient 50m derrière. Ils ne me dérangent pas, sont en plus sympa et empathiques. Quand je leur dis que je ne sais plus manger de sucré, l’un des 2 serre-files me donne des noix et amandes salés, je sais enfin remanger un peu ce qui me fait du bien, en tout cas au moral. Je resterai avec eux 20’ environ, avant de redépasser l’autre coureur quand le terrain est moins pentu et que je peux enfin recourir. Le serre-file qui m’avait donné du salé m’accompagne sur quelques mètres en laissant son compère avec le dernier puis me tend carrément son sac plastique contenant les 100g d’amande, noix et noix de cajoux salées restantes. Son contenu achève de me remettre l’estomac en place. Merci beaucoup !
Les sensations reviennent enfin à peu près à la moitié de la descente. Et je peux enfin recourir. Je vais finalement mettre autant de temps pour faire les 3 premiers km de descentes (et 800m de D-) que les 8 suivants (et 600m de D-) : 55’min plus tard, dont 1,5km sur du bitume et chemin carrosable à 5’35’’ du kilo pour atteindre le ravito. Je redouble même des concurrents du 100km. La tête et l’estomac sont remis en place.
J’arrive au ravito complet de Montferrier à 10h45 (soit 15’ avant la BH), m’annonce aux pointeurs, je prends tuc, fromage, saucisson, une soupe aux vermicelles (qui ne sont pas cuits), délaisse les vermicelles pour ne boire que la soupe, et ressort à 10h52 pour rejoindre la voiture pour refaire le plein, embarquer des bouteilles de saint yorre de 50cl, prendre le temps de manger, enlever tous le sucré de mon sac et le laisser dans la voiture, cette pause durera 15’ le temps de finir tout ça et de manger un peu de salé. Discuter avec mon assistante sur les déboires de la nuit.
CP5 validé en 72e position sur 73 coureurs qui l’atteindront. Le dernier arrivera 40’minutes après moi et sera mis hors délai. 61e temps sur le tronçon entre Mercus et Montferrier malgré le gros coup de moins bien.
Je repars après avoir demandé à mon assistante de Luxe de me préparer des sandwichs pour le prochain ravito qui arrive rapidement avant une grosse portion en montagne. Le chemin est très vite super boueux, le plafond est toujours très bas, mais je peux avancer reboosté.
Les nouveaux serre-files me rattrapent en cours de route et m’accompagnent jusqu’au ravito suivant (ils vont jusqu’à la BV suivante). Là encore, les 2 gars sont super sympas, empathiques, et ne mettent pas la pression mais plutôt en mode « pacer » de luxe.
1h06 après être reparti de la pause avec mon assistante de luxe, j’atteins le ravito liquide de Montségur où je ne m’attarde pas, préviens les serre-files que j’avance à la voiture pendant qu’ils attendent Charles, l’autre coureur qui est dernier avec moi sur le 165. Je préviens le pointage de mon départ pour rejoindre la voiture. Après 8h les pieds mouillés et avec la boue sur le dernier tronçon, je fais un arrêt changement de chaussette, prends les 2 sandwichs préparés par mon assistante que je mets dans le sac, en mange un autre sur place, bois du pétillant, la boisson sucrée recommence à passer doucement.
12h42, c’est reparti après 23’ de pause au total
Et c’est parti pour les 9km d’ascension du Pic de Saint Barthélemy point culminant de la course avec 2335m d’altitude et qui se fait en 2 temps.
Je ne verrais même pas le château de Montégur du fait du brouillard.
La 1ere partie se passe bien, en sous bois, je monte au train relativement facilement, les nuages se découvrent un peu, le soleil passera 20’ avant que cela ne se recouvrent, 20’ où nous aurons eu des taons autour de nous.
La 2e partie de l’ascension est plus facile, mais je commence à coincer, et au bout d’un n-ieme changement de dernière position avec Charles, je préviens que je vais faire une sieste de 10’ car je n’arrive plus à avancer comme je le voudrais. Charles se pose également à quelques mètres pour faire aussi une sieste de 10’.
Je me couvre de ma veste, et entame une sieste, relève la tête après quelques minutes, et voit les serre-files qui se sont écartés un peu, mis leur veste également me voient relever la tête et m’indiquent que j’ai encore 5 minutes. Je referme les yeux pour 5 dernières minutes.
Nous remettons en route dans les nuages et en passant à proximité de la carrière de talc.
La suite de la montée de fait en récupérant l’un des derniers concurrents du 100km que j’accompagnerais au final jusque la BV suivante.
Après un passage vraiment aérien à quelques minutes du sommet, sans corde ni chaîne (à cette remarque les serre-files m’ont gentiment dit que les traceurs étaient ariégois J). Avec des rochers mouillés, ces 2 pas de grimpette « escalade » ne m’ont pas vraiment fait plaisir à passer.
Sommet du Pic de Saint Barthélémy atteint à 16h31 avec Charles et le concurrent du 100km.
CP6 atteint en 62e et dernière position. 54e temps depuis le CP précedent
Pas de photo, visibilité à 15 m et les bénévoles du sommet qui nous annoncent au moins 1h30 à 1h45 pour atteindre la BV. Sur le chemin très pentu et mouillé, difficile de gagner du temps dans la descente.
La suite de la descente continue entre gros cailloux, chemin boueux et glissant, comme depuis le début de cette descente mais cela reste plus facile que les premiers hectomètres de D- de cette descente.
Nous pouvons enfin recourir un peu bas juste avant que je piste nous fasse remonter quelques mètres
Après ces petites montagnes russes intermédiaires (nous montons et descendons pendant 1km) nous atteignons enfin les pistes de ski du domaine, nous continuons à courir (nous avons rejoint 2 ou 3 coureurs du 100km) dans la descente. Au moment de passer au milieu d’un troupeau de vaches étalées de part et d’autres de la piste carrossable, j’emmène le petit groupe de coureur mais une vache nous fait face à 50m de nous et ne semble pas apprécier être dérangée. Je continue à courir dans la descente en changant de chemin, elle bouge également pour nous faire bloquer et agiter la tête. Je m’arrête, regarde les autres et leur demande si ils pensent aussi qu’elle vient de nous dire « Vous ne passerez pas !», leur réponse : oui c’est ça elle nous dit « merde ». Nous sortons de la piste pour passer par l’herbe haute et faire un détour de 50 m et retrouvons la piste plus bas.
La suite de la descente se fera toujours en courant et en lâchant les coureurs du 100km.
J’atteins la BV du Mont d’Olmes à 17h51, au CP7 en 59 et avant dernière position et un 22e temps depuis le CP au sommet du Pic précédent.
J’entre dans les tentes de la BV, les autres coureurs et moi sommes prévenus que contrairement aux autres pointages pas la peine de prévenir ni de se faire pointer quand nous partons de ce CP et qu’il nous reste 10minutes pour sortir de la zone de la BV, on peut rester autant de temps que l’on veut après la zone de BV
Je récupère mon sac de BV, vois quelques coureurs sous la tente de secours avec leur couverture de survie, fonce vers la partie ravito, récupère une soupe aux vermicelles et sors de la zone rubalisé de la BV. Je donne mon sac de BV à mon assistante de luxe pour qu’elle le garde avec elle, il me reste un sandwich, remplis mes bouteilles de 50 cl avec de l’eau pétillante (la saint yorre ne me fait plus envie que ponctuellement), je bois le bouillon de la soupe, les vermicelles ne sont pas cuits
Je vois alors un bus de coureur sortir des tentes et me rejoindre en dehors de la zone de la BV juste avant la BH.
Charles, arrivé 1’ après moi à la BV, aura juste le temps de prendre un énorme sac dans lequel il va mettre pas mal de bouffe avant de se faire éjecter de la zone de BV. Il s’assoit un peu plus loin pour se ravitailler et prendre son temps.
Je dis au revoir à mon assistante pour remettre en route pour le 3e acte après 15’ de pause au total.
Je commence la montée vers le Col de Cadène, je profite du réseau pour appeler les potes qui me suivaient (Ced_Jab et les autres). Leur dire que c’est quand même une belle boucherie, qu’après la chaleur d’hier qui a laissé des traces dans les organismes, que le brouillard du jour sans voir autre chose qu’un mur blanc, que les jambes vont bien, pas de douleur depuis le départ mais je suis vidé, c’est un vrai bagarre pour respecter ces BH après la montée d’adrénaline pour passer la BH de la BV à temps j’ai besoin de prendre du temps pour me recentrer sur la suite de la course
Il me faudra 1h pour atteindre tranquillement le Col de Cadène par un chemin carrossable/piste de ski inintéressant et dont j’ai l’impression qu’il est très pentu.
Je bascule vers la descente sur Appy et les quasi 1000m de D-.
1ere surprise, le brouillard n’est quasi pas présent de ce côté du vallon
Le chemin en terre est très poussiéreux mais ne glisse pas
J’ai par contre mal sous les pieds dans la descente et ne peux pas courir cette section
Les serre-files et Charles m’ont rattrapé au niveau de cet étang et attendront
L’un des coureurs a la lucidité de se poser pour faire sécher chaussettes, pieds, semelles de propreté du fait de crevasses sous les pieds.
Je me dis que cela attendra le ravito suivant pour ma part.
Il me faudra 2h10 pour faire cette descente entre poussières et caillasses
Je trouve la descente très très très longue mais arrive enfin au ravito, où je me fais pointer avant de retrouver mon assistante pour un changement de chaussettes, nettoyage des pieds, changement de chaussures, séchage des pieds pendant que je mange mes sandwich, de l’eau pétillante.
CP8 validé en 35h07, 52e sur 53 coureurs et un 40e temps réalisé entre le CP7 et le CP8
Ces 25’ de pause me permettent de repartir ragaillardi, je préviens mon assistante que je ferai un somme au prochain ravito, et qu’elle peut voir les coureurs tous les 2 km via la route des corniches
Je repars vers 21h35 alors que les serre-files et débaliseurs reviennent à ma rencontre. Charles leur a dit que j’étais toujours derrière quand ils l’ont rejoint, j’étais en train de finir de ranger mon sac et ne les avais pas vu, et eux ne m’avais pas reconnu sans sac.
Merci Charles !
J’utilise la frontale prêtée par Xavier et même si je dois changer la batterie en cours de route, tout se passe bien. Cette portion se fait à une allure régulière, je n’ai pas l’impression de lambiner.
Je croise mon assistante dans les 4 villages intermédiaires sans m’arrêter pour autant.
Je me dis que j’arrive en territoire inconnu, je n’avais jamais dépassé les 125km en course, c’est maintenant chose faite J et je me sens bien pour quelqu’un qui a ce kilométrage dans les pattes.
Au final cette section sera faite en 2h22, ce qui me semble correct bien que presque décevant par rapport aux efforts fournis pour courir dès que possible.
Je laisse les serre-files avec un autre coureur qui se trouve en difficulté et je continue à trottiner vers le ravito solide que j’atteins à 23h59. Je me fais pointer, les bénévoles me demandent si je veux manger quelque chose, mais je leur réponds que je préfère aller dormir 20’ et peut etre qu’après je prendrais quelque chose. Je file dormir 20’ dans la voiture qui se trouve en face du ravito. Mon assistante viendra me réveiller 20’ plus tard, pour me dire que si je veux manger quelque chose j’ai intérêt à me dépêcher car avec l’arrivée des serre-files, la fin du ravito est en cours de distribution à tous les bénévoles. Bon ben merci maman pour les sandwich et l’eau pétillante dans les petites bouteilles de 50cl. J’apprends que Charles est également en train de dormir.
Je sors de la voiture et me prépare à partir, il est 00h20 dans la nuit de samedi à dimanche, et là mon assistante a un gros coup de stress car les serre-files et les bénévoles indiquent qu’il n’est pas possible d’arriver à Prades, au prochain CP, après le dernier kv à venir, dans les temps.
Elle s’énerve sur l’un des serre-files, qui le prend à la rigolade avant que je ne lui dise de ne pas s’inquiéter, c’est que tout le monde dit depuis le mont fourcat et que la sieste m’a fait du bien, que je suis prêt pour ce KV et que ca va bien se passer. Je lui dis bonne nuit et mets en route. Les serre-files attendent le dernier pour repartir.
Je passe le long de la fontaine et entame ce dernier KV (970m de D+ en fait) en direction du Rocher de Scaramus. Je me cale sur mes montées de terril que je ne connais et m’impose une routine : tous les 75m de D+, une gorgée de boisson. Cette décomposition me ralentit un peu le temps d’ouvrir la bouteille et de la refermer mais me permet de rester focaliser sur des étapes de 75m de D+ plutôt que sur ce KV. Je récupère le coureur que j’avais dépassé avant le ravito et qui m’a repassé pendant la sieste et lui indique mon protocole, il me suit sur les 75 premiers m de D+ mais calera ensuite. Je rattrape également 3 coureurs du 100km que je dépose dans la montée. Je fais une petite pause mini-sandwich à 500m de D+ et repars pour la 2e moitié de ce KV en espaçant les pauses boisson tous les 100m de D+. Je continue mon effort et arrive au sommet, en bonne forme après 1h52 de montée. Il me reste 1h45 pour atteindre le ravito avant la BH.
Cela commence par une longue descente pentue dans laquelle je n’arrive pas à courir, l’herbe est mouillée, ca glisse et c’est trop pentue pour que je relâche les jambes, j’en profite pour mettre ma veste car je me suis refroidi, à tenter de resserrer les chaussures, car même s’il s’agit du même modèle que les précédentes, mon pied bouge davantage dans celles-ci et ce n’est pas agréable du tout.
On continue par une montée de 150m de D+ qui me semble être plus longue que le KV précédent et enfin une longue descente qui se court jusqu’au ravito. Très content de ma gestion de ce tronçon même si je commençais à m’inquiéter de voir bientôt le ravito par rapport à la BH.
CP validé à 03h43, 48 sur 50 coureurs et 36e temps intermédiaire sur ce tronçon. Il reste 20km 650m+ et 1250m- pour rallier l’arrivée avec une BH à midi donc 8h pour le faire
Il fait trop chaud dans la salle du ravitaillement, je prends tuc et une assiette de soupe/vermicelle (vermicelle pas cuite) pour aller manger dehors sous la tente de pointage.
J’attrape froid en mangeant et repars en queue du peloton quand le bus de coureur du 100 principalement remet en route. Prades (143e km)-> Chioula 9.5km 590m + 272 m- ravito liquide
Je commence à tituber un peu et le sommeil me gagne vraiment, c’est compliqué. J’ai du mal à marcher droit, je fais 2km au ralenti (enfin encore plus au ralenti que prévu) et me trouve un beau rocher pour tenter une sieste en mode assis dessus. Je passe mon t shirt manche longue pour avoir plus chaud, remets ma veste et tente de dormir sur mes bras. Sans succès, je repars après 5’ de tentatives. Je me fais bientôt rejoindre par 2 concurrents du 165 + les serre-files et indique que je cherche un endroit pour me rouler dans ma couverture de survie et dormir 10 à 15’.
C’est en arrivant un peu plus tard dans le village de Montaillou que je trouve des bancs en bois (les précédents étaient en pierre froide). L’un des serre-files restent avec moi et s’installe sur une table en bois également dans sa couverture de survie (l’autre a préféré continuer faute de couverture de survie dans son sac). La sieste durera entre 10 et 15’. Il est 05h25 quand nous repartons. Je me sens mieux. La remise en route se passe bien et nous montons vers le Col de Balaguès à un bon rythme. Je laisse mon serre-file avec un coureur endormi sur le bas côté et continue en rattrapant 3 coureurs du 100km. Le col est atteint, mais la trace nous fait prendre un autre chemin que l’itinéraire prévu. Une grosse pancarte en dessous du panneau avec les flèches du GR indique :
Zone d’élevage un peu plus loin.
Ne pas s’aventurer
Patou méchant
Je connais une autre défaillance, laisse les coureurs du 100km partir. Le jour se lève. Il est 6h30 quand j’arrive au col.
Je titube, poursuis en marchant, impossible de courir sur ce chemin carrossable mais défoncé par les vaches pendant leur passage pour l’estive, les empreintes ne sont pas profondes mais c’est inconfortable, j’ai les yeux qui se ferment, quand je les ouvre je découvre la joie des hallucinations pendant 1h20 qu’il me reste jusqu’au ravito suivant. En continuant à marcher ce sont les douleurs du fait que les pieds tapent dans les petites buttes de terres dues aux passages des vaches qui me réveille. Je ne comprends pas l’intérêt de ce chemin qui n’est pas compliqué mais d’une monotonie après cette 2e nuit dehors.
Hallucinations :
- Que fait le jardinier à arroser les fougères ? (=> c’est une fougère)
- Pourquoi la cabane dans les arbres n’a pas d’échelles pour l’atteindre (c’est simplement un arbre et la perspective qui trompe)
- …
Au bout d’un n-ieme virage j’aperçois enfin une affiche qui indique que le ravito se trouve à moins d’un kilomètre ce qui me redonne un peu de peps.
J’arrive au final au ravito à 07h45. Il s’agit du ravito que les concurrents du 20km vont découvrir quelques heures plus tard. Je profite du choix proposé pour me faire quelques tranches de 4-quart, ce qui me retape bien, un peu d’eau pétillante, du sucré aussi sous forme d’orange en quartier. Tout cela passe nickel.
Je repars à 7h54 avec les serre-files. Le col d’Ijou est atteint 15minutes après, juste après avoir été rattrapée par l’ouvreuse du 20km et maintenant ce n’est que de la descente jusque l’arrivée. Je n’ai pas les jambes pour courir, les pieds sont douloureux mais ca va encore. Il me reste 4h. Je sais que ça va aller au bout
Nous rattrapons 2 coureurs du 165, l’un des serre-files reste avec eux, l’autre m’accompagne sur encore 200m en m’invitant à courir. Les jambes sont raides mais se délient au fur et à mesure. Je recommence à courir. Le coup de barre est passé et j’arrive à recourir. Les sensations reviennent également. Je passe de 4km/h en marchant à 5 à 6km/h en alternant marche et course.
On passe par le village de Sorgeat. Plus que 5km. Les émotions arrivent alors et c’est compliqué de les gérer. Et c’est ému que j’arrive à Ascou. Plus que 3 km. Je me sens bien, le coup de pression dues aux émotions est passée. J’alterne toujours course et marche. Mais arrive enfin à profiter du moment. Ma seule crainte est maintenant d’arriver avant les 1er du 20 kilomètres pour continuer à profiter seul de la fin de parcours sans bousculade.
Moins de 3 km et je réalise que je peux terminer en moins de 48h également. Je rattrape Charles avec qui nous aurons joué au yoyo toute la course, et dans la dernière section sur la route, pentue, je n’arrive toujours pas à courir dans ces conditions de pente, j’attends qu’elle redevienne moins marquée pour terminer tranquillement en courant 2’ après lui au final.
J’entends la musique et les speakers, et passe la ligne d’arrivée juste avant 10h00 pour un temps total de 47h58’47’’
CP10 le dernier : 47h58h47’’ de course (dont 5h02 de pause aux ravito), 47e sur 49 finishers pour 119 partants, 40e temps intermédiaire depuis le CP9
171km sur ma montre, 10350m+ et 10450m-. Ma Spartan (qui est d’avril 2017) a dû être rechargée 4fois pendant l’épreuve (10h d’autonomie en mode « Bonne » alors que le constructeur annonce 25-26 normalement dans ce mode)
Après cela :
Normal | Conservateur | Réalisé | ||||||||||||||
Dist. | D+ | D- | Pause | Temps inter. | Temps | Horaire | Pause | Temps inter. | Temps | Horaire | Pause | Temps inter. | Temps | Horaire ENTREE | Horaire SORTIE | |
0 | 0 | 0 | 0 - Aulas-les-Bains | ven 23/7 10:00 | ven 23/7 10:00 | ven 23/7 10:01 | ven 23/7 10:01 | |||||||||
9,7 | 846 | 301 | 1 - Port de Lers | 0:05 | 2:15 | 2:20 | ven 23/7 12:20 | 0:10 | 2:15 | 2:25 | ven 23/7 12:25 | 00:08:30 | 02:03:00 | 2:11:30 | ven 23/7 12:04 | ven 23/7 12:13 |
15 | 933 | 1331 | 2 - Sentenac | 0:20 | 3:00 | 5:40 | ven 23/7 15:40 | 0:30 | 3:00 | 5:55 | ven 23/7 15:55 | 00:08:30 | 03:00:00 | 5:20:00 | ven 23/7 15:13 | ven 23/7 15:21 |
9,3 | 401 | 307 | 3 - Lapège | 0:05 | 1:45 | 7:30 | ven 23/7 17:30 | 0:10 | 1:45 | 7:50 | ven 23/7 17:50 | 00:09:00 | 01:39:30 | 7:08:30 | ven 23/7 17:01 | ven 23/7 17:10 |
8,1 | 466 | 631 | 4 - Gourbit | 0:05 | 1:30 | 9:05 | ven 23/7 19:05 | 0:10 | 1:30 | 9:30 | ven 23/7 19:30 | 00:20:30 | 01:43:00 | 9:12:00 | ven 23/7 18:53 | ven 23/7 19:13 |
9,8 | 570 | 722 | 5 - Saurat | 0:20 | 2:00 | 11:25 | ven 23/7 21:25 | 0:30 | 2:00 | 12:00 | ven 23/7 22:00 | 00:30:00 | 02:12:00 | 11:54:00 | ven 23/7 21:25 | ven 23/7 21:55 |
12 | 1108 | 336 | 6 - Pla d'Estal | 0:05 | 2:30 | 14:00 | sam 24/7 0:00 | 0:10 | 2:30 | 14:40 | sam 24/7 0:40 | 00:08:00 | 03:34:00 | 15:36:00 | sam 24/7 1:29 | sam 24/7 1:37 |
12 | 121 | 1094 | 9 - BV - Mercus | 1:00 | 2:00 | 17:00 | sam 24/7 3:00 | 1:30 | 2:00 | 18:10 | sam 24/7 4:10 | 00:54:00 | 02:10:00 | 18:40:00 | sam 24/7 3:47 | sam 24/7 4:41 |
5,6 | 736 | 19 | 8 - Croquié | 0:05 | 1:30 | 18:35 | sam 24/7 4:35 | 0:10 | 1:00 | 19:20 | sam 24/7 5:20 | 00:28:00 | 01:46:00 | 20:54:00 | sam 24/7 6:27 | sam 24/7 6:55 |
16 | 839 | 1336 | 9 - Montferrier | 0:20 | 3:00 | 21:55 | sam 24/7 7:55 | 0:30 | 3:30 | 23:20 | sam 24/7 9:20 | 00:28:00 | 03:50:00 | 25:12:00 | sam 24/7 10:45 | sam 24/7 11:13 |
5 | 374 | 36 | 10 - Montségur | 0:05 | 1:00 | 23:00 | sam 24/7 9:00 | 0:10 | 1:15 | 24:45 | sam 24/7 10:45 | 00:23:00 | 01:06:00 | 26:41:00 | sam 24/7 12:19 | sam 24/7 12:42 |
14 | 1417 | 963 | 11 - BV - Mont d'Olmes | 1:00 | 4:00 | 28:00 | sam 24/7 14:00 | 1:30 | 5:00 | 31:15 | sam 24/7 17:15 | 00:15:00 | 05:09:00 | 32:05:00 | sam 24/7 17:51 | sam 24/7 18:06 |
9 | 472 | 978 | 12 - Appy | 0:05 | 2:00 | 30:05 | sam 24/7 16:05 | 0:10 | 2:30 | 33:55 | sam 24/7 19:55 | 00:25:00 | 03:06:00 | 35:36:00 | sam 24/7 21:12 | sam 24/7 21:37 |
12 | 404 | 523 | 13 - Caussou | 0:20 | 2:30 | 32:55 | sam 24/7 18:55 | 0:30 | 3:00 | 37:25 | sam 24/7 23:25 | 00:22:00 | 02:22:00 | 38:20:00 | sam 24/7 23:59 | dim 25/7 0:21 |
9,7 | 1117 | 725 | 14 - Prades | 0:20 | 3:00 | 36:15 | sam 24/7 22:15 | 0:30 | 3:30 | 41:25 | dim 25/7 3:25 | 00:15:00 | 03:22:00 | 41:57:00 | dim 25/7 3:43 | dim 25/7 3:58 |
9,5 | 628 | 272 | 15 - Chioula | 0:05 | 2:15 | 38:35 | dim 25/7 0:35 | 0:10 | 2:40 | 44:15 | dim 25/7 6:15 | 00:08:00 | 03:47:00 | 45:52:00 | dim 25/7 7:45 | dim 25/7 7:53 |
10 | 89 | 974 | 16 - Ax-les-Thermes | 2:00 | 40:35 | dim 25/7 2:35 | 3:00 | 47:15 | dim 25/7 9:15 | 02:06:47 | 47:58:47 | dim 25/7 10:00 | dim 25/7 10:00 | |||
Total Pause | Total Course | Total Pause | Total Course | Total Pause | Total Course | |||||||||||
4:20 | 40:35 | 6:50 | 47:15 | 5:02 | 47:58 |
8 commentaires
Commentaire de bubulle posté le 13-08-2021 à 21:34:42
Quelle épopée passionnante! Surtout quand on a bouziné la course et qu'on n'a vu que des chiffres. Mettre du vécu derrière ces chiffres, c'est carrément autre chose et c'est à cela que servent les récits. Celui-ci est d'une précision redoutable et donne bien toutes les phases par lesquelles on passe sur un ultra.
Et, évidemment, le combat contre les BH (très courtes, effectivement) le rend encore plus haletant et est surtout à souligner car, bien souvent, ces combats-là, on les perd!
Bravo à toi et aussi à ton assistance de haute volée (il faut les tenir, les 48h!).
Commentaire de Thija_59 posté le 13-08-2021 à 22:47:18
Merci beaucoup bubulle, et encore merci pour le mano bouzinage que ced_jab et toi avez faite et qui m'a bien fait plaisir en relecture.
Commentaire de Simon71 posté le 15-08-2021 à 14:24:28
Merci pour ce beau récit.
"Sympa" le chassé croisé avec Charles et les serres files
On a l’impression que tu es resté hyper lucide sur ton état pour prendre les bonnes décisions tout au long du périple (bouffe, reequipement, sieste....), c'est primordial pour passer les moments difficiles.
Bravo.
Commentaire de Thija_59 posté le 15-08-2021 à 18:59:57
Merci beaucoup,
Oui très sympa le chassé croisé, principalement avec Charles, mais aussi avec les quelques autres coureurs du 165 :)
Lucide, globalement oui, sauf le passage 6h30->8h00 de à la fin de la 2e nuit qui a été très compliqué
Mais des erreurs par manque d expérience et/ou de course récente :
- ne pas rester seul dans le brouillard, la mésaventure de me perdre me coûte 20 minutes plus le temps de rallier le ravitaillement moins vite que prévu
- m occuper de mes pieds plus vite pendant la descente plutôt qu'au ravito
- ne pas avoir du salé avec moi
- toujours avoir une lampe de secours
Ces points là m'auraient fait gagner presque 45' à 60' facile. Et donc moins de stress BH.
Mais super heureux de l'avoir terminé en relativement bon état : Une énorme expérience humaine et sportive
L un des serre-fil m'a même contacté par Messenger post course pour me féliciter. Ils ont tous été super sympas
J ai vraiment le sentiment d avoir vécu un truc de dingue pendant 48h.
Revenir sur terre est compliqué ensuite, ce texte m'aide également à tourner la page.
:)
Commentaire de Mazouth posté le 17-08-2021 à 00:05:19
Bravo ! Une bien belle course contre les BH et en déjouant tous les "il vaut mieux abandonner ici, vous n'aurez pas le temps d'atteindre le prochain CP", ça c'est fort. Merci pour ce récit immersif et passionnant.
PS : ça doit être vachement bon la boisson au melon en vrai ;)
Commentaire de Thija_59 posté le 17-08-2021 à 18:47:03
Merci Mazouth !
oui ca peut être sympa un goût melon, mais passer de la menthe au melon, c'est franchement pas terrible :D
Commentaire de TomTrailRunner posté le 18-08-2021 à 15:05:18
Well done : les 1ères éditions ont toujours une certaine saveur que l'on retrouve bien : l'esprit du trail est en toi :)
Commentaire de Thija_59 posté le 19-08-2021 à 13:28:39
Exactement, c est toujours un soupçon d' aventure en plus.
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