L'auteur : Arclz73
La course : EDF Cenis Tour - Trail rouge 59 km
Date : 1/8/2021
Lieu : Lanslebourg Mont Cenis (Savoie)
Affichage : 2336 vues
Distance : 59km
Objectif : Terminer
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Par ou commencer.
En manque d'entrainement depuis début Juillet, l'idée de s'inscrire a l'EDF Cenis Tour a germé au dernier moment, avec comme promesse d'en prendre plein la vue.
Tu sais, le genre de décision où tu hésites entre petite ballade en autonomie en beaufortin, ou plus grosse ballade organisée dans un magnifique paysage. Ce sera aussi l'occasion de faire le point sur une vilaine blessure, qui fait l'objet de soins depuis plus de 6 mois. Si tu me connais, tu sais déjà que j'ai les metatarses flingués.
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1/ 1ere montée : Départ prudent mais placé (12.8km -> 1086m D+ / 400m D-)
Rendez-vous 6h sur la ligne de départ. Le controle du sac est succin.
Controle de la couverture de survie, du telephone et de la veste.
J'écoute le briefing avec attention et le départ est donné très rapidement, sans même avoir eu le temps d'attendre.
Comme d'habitude ça part très vite devant, et je pars tranquille en milieu/fin de peloton.
Les premières pentes arrivent assez vite mais sont plutot légères.
J'en vois déjà qui sont au bout, essouflés alors qu'on peut encore largement trottiner.
Ca va être long pour eux.
Et puis le groupe dans lequel je me trouve commence à lâcher du terrain, je ne le saurais que plus tard, mais ils sont dejà dans la gestion, la où j'apprends naivement à me connaitre.
On avale la première montée (1086m de D+) a une allure très correcte. En haut, nous sommes à 2640m et il fait froid ! Je me souviens avoir acheté le kawé porté ce jour là, début du mois à Chamonix...ou le froid avait été mal anticipé. Finalement, ça devient le produit essentiel de mon été.
La descente express me laisse peu de souvenir, si ce n'est que la forme du moment m'a permis de filer vite au ravito en bas.
On me fera la remarque d'ailleurs en discutant au ravito : "C'est toi qui m'a tué dans la descente ? Je te suivais et t'es parti je pouvais plus"
Ravito classique, si ce n'est cette habitude qui est prise maintenant de ne plus se servir nous même, et d'aller manger un peu plus loin que j'apprecie enormément. Je ne sais pas si j'apprécierai un retour à la normale (tous aglutinés devant la table à manger au dessus des assiètes) sur ce point en particulier.
Ayant déja mangé une barre energetique avant le ravito, je prend uniquement des choses un peu plaisir. Et on repart !
Passage km 13 en 2h03 / 92e au general / 14e Master 0
2/ 2e montée : La vue, le froid. (9.7km -> 722m D+ / 556m D-)
On enchaine la 2e montée, qui comme la première est progressive, je m'y sens donc toujours aussi bien. On se trouve par contre dans un couloir de vent, et c'est franchement désagréable. Je suis gelé, même avec des gants. On ne va quand même pas emporter des gants de ski pour la prochaine ?!
Le sommet est à plus de 2700m.
La 2e portion pour y arriver est déjà beaucoup plus raide, et mon manque de preparation commence à payer.
Entre manque de lucidité et vision réduite avec le brouillard, on peine à trouver les fanions, heureusement qu'on s'y met à plusieurs et que le groupe est solidaire. Il n'y a pas de guerre en fin de peloton, que des mecs passionnés qui espèrent finir.
Km 17 au sommet, enfin ! Je crois reconnaitre un monsieur emblématique du Trail, dont je ne connais le nom mais que je vois souvent, et qui est là gambadant tranquille en nous expliquant "La a gauche y'a l'arrete, qui file jusqu'a la bas"...On ne voit pas a 5 mètres alors on imagine le décor grâce ses explications.
Et le voila qui file dans la descente avec un groupe de 4, je m'efforce de les suivre. Meme si j'aimerai me reposer un peu (enfin dans un endroit plus chaud).
Et finalement, un belle montée sèche ! Surprise ! En fait, nous n'étions pas au sommet, et la nous y sommmes. Grand vent, visibilité nulle. Froid. Bref je ne traine pas et l'envie d'arrêter commence à me trotter à l'esprit. Je suis venu pour passer une belle journée avec des paysages de fou...me voila dans le froid trempé sans rien voir. Frustrant et épuisant.
Je ne rêve que d'une chose, un plaid et mon canapé. Allez même la banquette de la voiture je prends.
On arrive au ravito improvisé dans la descente.
Bonne nouvelle, il y'a de la soupe ! Elle va faire un bien fou.
3/ Descente en Balcon sur Bessans (9.9km -> 213m D+ / 754m D-)
Voilà le répis tant attendu. Je commence à avoir mal aux pieds, je m'y attendais. J'espère que ça va rester à ce stade de douleur.
Je me retoruve derrière un jeune, très calme qui marche a une allure assez rapide. Je reste dans ses pas.
Il me propose de passer, mais non je suis très bien. Je me repose.
Il m'explique que lui aussi prefère se préserver pour mieux finir. Nous ferons un bout de chemin à 2, contourner pour l'occasion un tout petit lac avec de plonger dans la descente.
Je fini donc par le passer, comptant profiter de la descente mon point fort.
Nous terminerons tout le trajet en Balcon jusqu'à Bessans avec un autre coureur super sympa, et contemplons ensemble la vue qui se degage en face, et ce qu'on appelera le "Menu de l'après midi" à la différence que c'est nous qui observons "à quelle sauce nous allons être mangé".
4/ Bessans
Fin de la descente vers Bessans ou j'ai vraiment mal aux pieds. L'envie d'arreter là est plus que présente.
J'envoie quelques textos avant d'arriver pour tenir informé mes amis de mon périple, qui est pas loin d'être fini.
Je fais face à un refus de copains d'arrêter, qu'il faut se forcer un peu :D
On avait déjà discuté de la difficulté des "suiveurs" de dire "Allez c'est déjà pas mal ce que t'as fait" ou "si t'arretes t'es vraiment nul, continue". Bref ce refus me fait vraiment réflechir et j'arrive au ravito de Bessans avec l'idée de faire le bilan au calme. le doute s'installe, pour une bonne raison, pour continuer.
c'est parti, une bonne soupe, a boire, à manger et je file m'asseoir sur un banc...
cinq minutes avec moi
Et regarder les gens tant qu'y en a
Me parler du bon temps qui n'est pas mort et qui reviendra
En desserrant mes chaussures de mes petits doigts
Puis chasser ces idée d'abandons idiots
Leur filer des coups de pied pour de bon
Et retrouver des sourires
Qui sait surtout guérir mes blessures
Bref ce moment avec moi-même, maintenant c'est sur je continue.
Changement de chaussettes qui attenuera les douleurs de moitié.
Et m'en vais donc de ce ravito, pas forcément confiant, mais l'esprit guerrier.
Après tout, on verra au prochain :)
Passage au km 32 en 5h53 / 133e au général / 20e Master 0
5/ Le debut des hostilités (11.6km -> 622m D+ / 680m D-)
Le depart de Bessans se fera au soleil, sur une partie parfaitement plate de plusieurs km (2-3 facile), le long de la rivière. Je ne me sens pas de courir mais une allure de marche rapide me va très bien.
Je pense à ce moment à Coco38, et ses entrainements de marche. Un peu plus loin, je vois un groupe de 3 qui tentent de courir et s'eloignent, puis marchent alors je reviens sur eux etc.
Je suis plus régulier en marchant d'un bon pas et ne me fatigue pas trop. Stratégie payante.
Et le début des hostilités commence. La montée tant redoutée depuis ce matin. Maintenant on y est, il faut aller au bout !
Je vais commencer à monter à une allure correcte. Je me ferais très peu depasser, mais depasserai très peu aussi. A partir de ce moment, on sait qu'on va rester à peu près avec les mêmes coureurs.
Finalement, ce mal de pieds stagne et n'empire pas. D'habitude c'est au bout de 40km que ça devient insoutenable, je ne crie pas victoire trop vite, mais on se rapproche des 40km.
Cette montée sera une succession de "ah ca y'est enfin au sommet", et "ah non...". Le brouillard de retour nous empêche de voir le sommet, et chaque virage est une surprise.
Lors d'une eclaircie, j'aperçois des chalets en ruine au sommet. Et vois des coureurs passer de l'autre coté. Cette fois c'est bon ! Aller dernier courage pour y arriver, il doit rester 100m de D+ à tout casser. Je tiens bon.
Arrivé à ces chalets, le paysage est un peu suréaliste.
3/4 chalets a moitiés éventrés, parfois il ne reste que la moitié. Dans une brume à couper au couteau, et le vent qui commence à s'installer. On s'attend presque à voir arriver un monstre, un vaisseau spacial ou je ne sais quoi qu'on ne voit que dans les films.
Bon je passe de l'autre coté, et surprise, une longue montée en balcon qui se poursuit.
Je me dis que cette fois, ce n'est pas possible, c'est la dernière et ce n'est pas trop violent.
La vision de quelques marmottes (mes premières) me fait tout oublier. Une marmotte un peu plus grosse que les autres, surplombe le champ ou les autres gambadent. Tel un garde fier de son environnement (et il a bien raison !).
A vrai dire, je pense surtout qu'il s'est dit qu'on était une belle centaine de tarés à passer par ici ce jour là :D
Enfin j'arrive au sommet, le gars du point de contrôle me le confirme...soulagement j'ai reussi le plus dur, enfin le croyais à ce moment là.
C'est parti pour la descente, ou comme toujours je rattrape un peu de monde, je double doucement en marchant/ trottinant. Meme si ma demarche ressemble plus à Yoan Diniz qu'a Thibault Baronian, je fais comme je peux sur le moment.
Je rattrape quelqu'un qui a le genou en vrac mais qui serre les dents avec son frêre pas loin.
Nous allons faire un bout ensemble, dont la descente qui devient à ce moment là un véritable chemin de croix.
En me laissant un peu aller, je sens une vive douleur sur le coté externe du genou (le tendon rotulien chantait deja depuis longtemps lui).
Je suis plus que cuit et doit subir, le manque d'entrainement ça se paye, c'est normal j'accepte.
L'adducteur aussi se met à couiner, en fait je suis rouillé de partout. Ca a même fait marrer les copains du moment, en me voyant en difficulté devant une pauvre cloture à vache (que eux aussi ont eu du mal à passer).
On va descendre un bon bout tous ensemble, assez lentement vu notre état et puis petit à petit, je ne sais pas pourquoi mais le genou commence à se sentir mieux. Et je peux de nouveau trottiner doucement dans la fin de la descente. Je distance donc mes compagnons du moment.
Nous nous retrouvons au ravitaillement improvisé sous un barnum, au croisement d'un chemin.
Le plus dur est fait, il ne reste plus qu'une dernière.
J'inaugure la soupe du ravito, les bénévoles n'étaient pas sur de l'avoir reussi. Un peu flippant de savoir que si ca passe mal, c'est cuit pour la fin mais je me lance ! Et elle est très bien cette soupe !
Tellement revigorante que je repart sur le chemin plat en balcon, en courant !
Passage au km 44 en 9h00 / 167e au general / 25e Master 0
6/ La fin des hostilités (7.1km -> 661m D+ / 258m D-)
C'est parti pour la dernière difficulté majeure. Qui commence par une descente, avalée assez vite. Cette forme retrouvée est assez deconcertante. Et nous arrivons au pied de la montée. Waow...bien droite, bien sèche puis ensuite en lacets.
Elle va faire mal !
On croise des groupes de randonneurs, qui nous depassent largement. Ils nous laissent passer en ne souhaitant pas nous gener, mais en fait ils vont 2x plus vite que nous.
Le mythe du Traileur randonneur... il est là devant eux.
On est tous à la peine devant eux. Accrochés à nos batons.
Je me fais rattraper par un coureur du 82km...chapeau à lui.
Je le félicite et je retiendrai sa phrase "Oh ben quitte à se faire mal, autant y aller pour de bon sur le 82 !"
Belle philosophie, japprécie et j'admire.
Je ne retiens pas grand chose de cette montée. Si ce n'est que le soleil commence à pointer son nez, et ça fait du bien. On aperçoit les montagnes du matin, et je réalise seulement l'environnement dans lequel nous étions.
La fin de la montée est longue, très longue, je n'avance vraiment pas 23min/km mais je découvre que finalement, il n'y a pas de honte à être lent et cramé autre part qu'à lechappée belle et nous arrivons à un ravito liquide.
Des bénévoles comme toujours avec le sourire.
Allez..plus que la descente !
Pas de grands moment non plus, si ce n'est que j'aborde la partie plate en marche rapide, qui me fait encore doubler quelqu'un.
7/ La der des der (8.2km -> 106m D+ / 759m D-)
La descente plus raide par contre va devenir catastrophique. Le corps couine de partout. Les genoux, les pieds, adducteurs et même les epaules et homoplates que je m'efforce de relacher.
Je me ferais doubler pas mal sur ce final. Je tourne a 15min/km soit 4km/h...en descente !
Fin de la descente, j'aperçois la ville. Tellement soulagé, je prends une photo et l'envoie à la personne qui m'attend à l'arrivée avec pour message "j'arrive !".
Enfin j'arrive...ce que je croyais, sans compter cette terrible montée. A vrai dire un faux plat de 100m de D+ que j'arriverai à passer en 11min/km de moyenne.
8/ Le bout du rouleau
Le dernier km se fera le long de la rivière, parfaitement plat. Cette fois j'aperçois la civilisation ca y'est.
J'ai reussi, un dernier effort me fait lancer un footing devant quelques gens qui nous felicitent..mais ola très très vite stoppé par une douleur vive au tendon d'achille. Décidément je suis au bout du rouleau.
Dernier 400m, la personne qui m'attendait est là pour finir avec moi. C'est top, je suis fier d'avoir terminé et ressent un melange de soulagement, bonheur et fierté en passant sous l'arche.
Finisher en 12h49 / 166e au general / 25 Master 0
Mais peu importe le classement finalement, l'important c'est les souvenirs de la journée qui affluent et qui rendent ce sport aussi beau que difficile. Je finirai ce récit sur une phrase d'ilgigrad qui résume bien ce sentiment "et puis revenir de l’enfer, ce n’est pas donné à tout le monde"
Et même si je disais le contraire, en remettant en question ma particpation à l'echappée belle (85km) une fois passé la ligne d'arrivée...vivement la prochaine :)
8 commentaires
Commentaire de RayaRun posté le 03-08-2021 à 09:49:40
Bravo ! C est vrai que cette course dans ces conditions était un sacré morceau ! Surtout avec peu d entraînement ! Bravo encore et à bientôt sur les sentiers !
Commentaire de Arclz73 posté le 03-08-2021 à 12:00:46
Merci RayaRun, j'admire les mecs comme vous qui arrivent à finir des 82 bornes et +, et espère bien un jour arriver à en partager un avec vous :)
Commentaire de PhilippeG-641 posté le 03-08-2021 à 21:55:06
C'est vrai, je rejoins Raya: bravo car la 1ère course de l'année n'est jamais simple à gérer et avec un manque d'entraînement de plus...
Je retiendrai "quitte à se faire mal..." et bien pas d'accord car on ne se fait pas que du mal sinon on arrêterait de suite ;-)
On en garde à la fin beaucoup de bons souvenirs, il y a un tri qui s'effectue ensuite.
Sinon à 10' près on fait le même temps et avec la même météo, d'enfer :-)
Vivement le soleil et bonne récup à toi.
@+ Philippe
Commentaire de Arclz73 posté le 04-08-2021 à 20:10:08
Merci Philippe !
Ce n'était pas l'ouverture de saison, mais c'etait mon premier aussi long par contre :)
Bon effectivement, si on ne compte pas ton depart à 3h et les 20 bornes de +, on est presque dans le même temps/
L'envie de recourir revient déjà.
Commentaire de Mazouth posté le 04-08-2021 à 11:31:42
Belle course au courage. C'est une bonne prépa pour l'EB ça, il ne te reste plus qu'à bien récupérer (sans abuser de la boisson de récupération houblonnée ^^ )
Commentaire de Arclz73 posté le 04-08-2021 à 20:12:12
Merci !
Au courage c'est ça. Un peu bizarre quand on est pas habitué à souffrir des heures.
J'ai vu après coup que tu as fais le même enchainement l'année dernière, ça me rassure sur ma préparation :) (Un peu houblonnée en ce moment mais on calmera le jeu un peu avant).
Commentaire de Arclusaz posté le 10-08-2021 à 15:03:34
sacré morceau que tu as dégusté là ! tu as tout mis sur la table, ton physique du moment (qui sera meilleur à l'EB) et ton mental (que tu as pour la vie !).
Manque juste la cerise sur le gâteau, les paysages (effectivement,la Haute Maurienne c'est magnifique). Tu habites pas loin; tu peux venir y faire de petites balades à la journée avec "la personne qui t'attendait à l'arrivée".
Commentaire de Arclz73 posté le 12-08-2021 à 19:25:33
Merci Laurent, effectivement je pense que ca aura fait une belle préparation pour l'EB. Retiré quelques doutes, pas tous mais pas mal. Et puis finalement, on l'aime ce depassement de soi.
Nous allons y retourner avec madame c'est certain ! Au moins pour revoir les marmottes :)
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