Récit de la course : Val d'Aran by UTMB - VDA 2021, par kilkenny84

L'auteur : kilkenny84

La course : Val d'Aran by UTMB - VDA

Date : 9/7/2021

Lieu : Vielha (Espagne)

Affichage : 946 vues

Distance : 162km

Objectif : Terminer

3 commentaires

Partager :

VDA, le trail by UTMB pas roulant du tout

1er trail de l'année, difficile de juger si la préparation est bonne. Celà fait 3 semaines au départ que je n'ai pas couru 1km, pas d'envie, pas le temps. Mais auparavant j'ai fait un bloc de 8 semaines assez intense, avec notemment un 100km en off dans ma Normandie, un gros bloc de 30 bornes/3000D+, et j'ai enchainé les sorties "longues". Je me dis que finalement cette coupure de 3semaine peut faire du bien.

 

Arrivée  dans la nuit du mercredi au jeudi, je ne suis jamais arrivé aussi tôt sur le site d'une course, mais ca permet de se mettre dans l'ambiance. Je ne connais pas du tout le coin mais ca reste sympathique. Je suis accompagné d'un ami qui est également isncrit sur la VDA, son premier Ultra. On a une prépa quasi identique, pendant 2 jours on partage doute, expériences et préparation des affaires.

 

Vendredi jour J, l'hôtel étant à 1min du départ, on prodite pour se reposer et faire la sieste, et on sort peu de temps avant le départ. Je suis dans le premier sas, lui dans le 3eme. On se souhaite bonne course.

Je rentre dans ma bulle. J'ai abandonné sur l'EB en 2020, je ne l'ai pas encore digéré, j'ai été mauvais dans ma gestion mentale, le physique était là. Ne pas refaire les mêmes erreurs, et prendre plutôt l'exemple de mon EB2019 que j'avais pu terminer.

Départ.......et toutes mes bonnes résolutions sont déjà parties. Etant dans le 1er sas, et plutôt sur l'avant, je me laisse complètement aspirer et part beaucoup trop vite. Certes le cardio ne monte pas, je ne force pas, mais je ne suis absolment pas sur un rythme d'Ultra. 1er ravito RAS, on continue. La montée se déroule bien, mais dans la descente je sens que je manque de force musculaire. Ca fait 1 an que je n'ai pas courur en montagne, et je n'arrive pas à garder le rythme. Je me crispe et sens des débuts de crampes. Là je me dis que ca va être long. J'arrive tant bien que mal à gérer et garde le même rythme. Mais très vite je commence à avoir mal à l'estomac et ne plus pouvoir m'alimenter. On approche des 5h de course, et systématiquement j'ai cette période plus ou moins longue qui se produit. Et là ca tombe mal avec une bosse de 1300D+ devant. Je la monte tant bien que mal, mais le rythme est cassé et je commence à sérieusement me faire doubler. Mais je sais que je n'étais pas à ma place. J'arrive à garder mon calme et prend le temps pour monter. Peu importe la manièe pourvu que j'avance. 

J'arrive finalement sur Baretja, dernier ravito avant la base de vie. Je suis livide et je m'assois par terre. Une bénévole vient me voir, non là ca ne va pas, ca fait 5 h que rien ne passe. Elle me donne une compote que j'arrive non sans mal à avaler. Et là une camionnette se gare devant moi, la porte s'ouvre. La bénévole me regarde et me demande si je veux abandonner, car c'est la navette pour les abandons. Ces mots c'est comme une révolte. Non, je fait la descente à pied, et si j'abandonne ca sera à la base de vie.

Je me remet debout et je repars. Ca va un peu mieux, et plus on descend, plus le jour se lève. C'est bon pour le moral. Et j'arrive finalement à la base de vie. Je n'ai rien mangé, mais je n'ai plus mal à l'estomac. Ok prendre le temps. Je vais de suite m'allonger pour fermer les yeux et me calmer. Ca fait du bien. Changement de chaussettes, et je vais essayer de manger. J'y arrive. Une assiette de pate, comptes, soupe. Ca fait du bien. Et au moment où j'allais partir, je vois mon pote qui arrive. Quelques mots échangés, et je repars. Je lui dis que je n'ai plus de rythme donc qu'il me rattrapera.

Jusqu'à canejan je ne prends pas de risque pour me refaire une santé, et sur la section d'après mon pote me rattrape enfn. Ok on reste ensemble. Il a moins de mal que moi, mais on arrive à Saint Joan des Toran. J'appelle ma femme, je suis en doute. il commence à faire chaud et j'aime pas ca. Sauf qu'un mur de 1500D+ s'annonce, suivi d'un ressaut de 500D+.... Ca fait être sport. 

Tant que l'on est dans la forêt ca va, mais ensuite. Ca tape trop fort pour moi, et je souffre. Je dois faire des pauses régulières, mais on avance. Je me rends compte que je n'arrive pas à avoir un rythme régulier. Quand je marche, je monte bien plus vite que tout le monde. Sauf que ca me coute, et je dois faire des pauses régulières. Il va vraiment falloir que j'apprenne à me réguler un jour. Et finalement le corps craque.....mais une fois la bascule vers Pas d'Estret faite. Je ne vomis rien, je n'ai rien dans le ventre. Je laisse partir mon pote, qu'il fasse sa course. Finalement ca repart une fois de plus, et je le rattrape juste avant le ravito. Pas d'Estret, pas d'ombre, ca va être dur de récupérer. Abandonner ou pas. J'arrive à m'alimenter sur ce ravito. Je décise de continuer. Et la forme revient. On fait une très belle montée de 500 D+ avec mon pote, passage dans les mines, super sympa, et on fait la descente vers Montgari. Je prend le profil et me dit qu'à cette instant c'est bon on ira au bout. Oui il reste un passage à 2600, mais ca sera en pleine nuit, je ne soufrirai pas de la chaleur. Mais, on regarde les BH, et.....oups mais elels sont proches, très proches. On joue à 1h30, je n'ai pas l'habitude. Vite, à la base de vie. 

Arrivée à Beret, je suis au top, en pleine forme. la fraicheur étant revenu, le froid est une température idéale pour moi, et mon pote me le fait remarquer car j'ai fortement augmenté le rythme sans m'en rendre compte. On se repose 15min, on mange et on repart. On maintient 1h30 d'avance sur la barrière. La descente sur Salardu nous semble interminable sur ces pistes, et sans grands interets, mais le principal est là, on a encore gagné quelques minutes sur la BH. Arrêt express et on repart pour Banhs des Tredos.

Une fois Banhs de Tredos passé, la course change pou mon pote. On doit être à 32h de course environ, milieu de 2eme nuit, et mon pote n'a jamais fait plus de 20h....il souffre. Je vois que la tête commence à lâcher. On repart assez isolé des autres coureurs, sur une piste. Il panique à ne pas voir d'autres frontales, se pose beaucoup de question, et sans s'en rendre compte ralenti comme il doute. Pourtant les balises sont là. Espacées certes, mais là. Le rythme baisse, mais la BH reste la BH. Je dois maintenir le rythme. Je commence à régulièrement l'attendre, mon rythme est trop rapide. Jusqu'au moment où......on se sépare sans s'en rendre compte. Dans un moment moins lucide j'ai suivi un autre coureur et j'étais concentré sur ces pas. Et mon pote ne s'est pas rendu compte que je m'éloignais. Quand je m'en rend compte c'est trop tard, il n'est plus là, et pas de frontale loin derrière. Il me dira après course qu'il était en pleine hallucinations, qu'il se voyait descendre, et que pour me chercher il a fait demi tour! En interpelant les autres coureurs pour leur dire qu'ils étaient à l'envers. Bref quand la fatigue prend le dessus... Il finira par reprendre conscience, mais trop tard.

Etant seul je me concentre plus que sur mes sensations. Les derniers km avant Coth de Podo sont difficiles, mais ma rappellent l'EB. des Pierriers, un chemins impraticable, utilisation obligatoire des mains. J'arrive à avoir un rythme très élevé (pour le terrain et après presque 36h de course). Je gagne en effet 45 places sur la montée. La descente est aussi technique, mais toujours dans un style proche de l'EB. Si beaucoup de coureurs cherchent sur quelle pierre passer, j'arrive à sauter facilement de pierre en pierre sans réfléchir et à trottiner dès que je peux. Seule inquiètude au programme, je n'ai plus de batterie à ma montre, et j'ai perdu le cable sur le parcours, impossible de savoir où j'en suis en altitude ou km. Je coures à l'aveugle.

Enfin Colomers, la déscente infernale est terminée.  En regardant le profil ca doit être une formalité la fin. Surtout que j'ai de plus en plus de marge sur la BH. Aller on va terminer ca rapidement. Un longue piste monte après le ravito. Facile. Et d'un coup je vois les coureurs s'arrêter et s'approcher du mur à gauche. C'est pas possible, c'est de l'escalade là, pas du trail. Mais c'est bien là qu'il faut passer. On attaque une falaise, tout simplement. Les mains ne sont pas une option, c'est obligatoire. Raide, dur, usant, épuisant. Mais qu'ils sont dingues. Tout le monde râle. Finalement on arrive en haut et on attaque la descente. Je relance double beaucoup de monde dans la descente, jusqu'à une rencontre avec des vaches. Elles sont en train de se déplacer en courant, on est plusieurs coureurs à s'arrêter, une vache c'est pas méchant, mais là on risquerait de se faire piétiner. Bref quelques minutes de perdues, mais un bon souvenir, on en rigole, un paquet de coureurs s'est regroupé avec ce moment, que des français. Aller encore quelques minutes d'efforts et on arrive à Ressec, dernière base de vie.

Ressec, son eau, son coca, mais surtout sa pizza! Vous voulez de la pizza. Mais bien sur! C'est bon pour le moral. 2h30 d'avance sur la BH, c'est bon je suis large. Prendre son temps et savourer la dernière partie.

On attaque par 700D+. Il fait très chaud, encore trop chaud pour moi et je souffre. Entre la chaleur et la fatigue je commence à avoir des hallucinations. J'ai l'impression de connaitre le parcours, je reconnais des endroits, des passages, tout me semble familier. Pourtant c'est pas première fois dans les Pyrénées. Je souffre mais je fais la bascule vers le dernier point d'eau. Km153, ca sent bon. La dernière montée est raide, en plein soleil, mais en plein courant d'air. C'est mieux pour moi, et je la passe plus facilement que je le pensais, et soudain, une large piste devant moi, qui descend dans la vallée. Viehla, est là, en bas. Aller 7km de descente. Tant qu'on est sur la piste je trottine, dans la forêt j'alterne autant que possible. Le temps me semble interminable, et puis, on y est, la piste du début de course. Il doit rester 2km. Puis bientôt je rentre dans Viehla, j'entends le speaker. Je sens un large sourire sur mon visage. Il ne peux plur rien arriver. Il y a du monde, tout le monde applaudi, ca fait chaud au coeur. Dernière ligne droite, je vois l'arche au bout, j'entends la cloche des autres coureurs, et enfin c'est à moi de la sonner. C'est fait, mon premier 100miles.

 

 

Que retenir de la course. Honnetement j'y suis allé en grande partie pour la qualification UTMB directe. Je ne m'attendais pas à une course aussi sauvage et difficile. En plusieurs points j'ai trouvé des ressemblance avec l'EB, de part la difficulté des enchainements, ou la technicité des singles. Ce n'est absolument pas roulant,  c'est dur et il faut prendre son mal en patience. Les BH sont également serrées et c'est bien la première fois où je les regarde sur sur course. Pourtant je n'ai pas l'impression d'être passé à côté de ma course malgré un gros passage à vide. j'ai toujours réussi à avancer.

Je n'ai pas une grande expérience en ultra et donc pas trop de points de comparaison, mais des discours de coureurs sur le parcours, peu de monde s'attendait à un tel niveau.

Si la course a été difficile, mais magnifique par ses paysages, tout n'a pas été au top sur l'orga.

J'ai trouvé les ravitos léger en diversité. Pas de fromage ou saucisson par exemple, même si il y avait les mini sandwichs pour compenser. Pas de café non plus. Sorti du sandwichs / fruits, il n'y avait plus grand chose. Et encore, à partir du ravito km125, il fallait demander pour avoir des choses. Tout avait été retiré des présentoirs et mis en arrière. Impossible de se servir soit même. 

En parlant de se servir soit même, les régles Covid ne sont pas les mêmes qu'en France. Pas de lavage des mains au gel, tout le monde se serre dans les plats, le masque est optionnel (on m'a même fait la remarque de ne pas le mettre à un moment où je le cherchais pour rentrer dans un ravito). Par contre, et mon pote à eu la même remarque, on n'a pas le droit de se servir seul des bouteilles. Je n'ai pas compris. Si il y a un cluster sur la course il ne faudra pas s'étonner.

Au niveau déception aussi c'est le peu d'assistance médicale, podologue médecin ou autre. Je n'ai juste rien vu. Autant en France il y a du monde à chaque ravito, voire sur le parcours en plus, là rien, personne. Mieux vaut ne pas avoir un soucis. A moins que les personnes de l'orga soient formées, mais pas vu d'équivalent croix Rouge.

Pas de douches ou ravito à l'arrivée non plus. Une pomme et une bouteille, vive la colation. C'est moyen.

Même si je ne fais pas une fixation dessus, le cadeau finisher est....absent. Une médaille en bois et c'est tout. Ok on a eu un tee shirt technique et une ceinture avec le dossard, mais le mérite c'est quand on termine. Très déçu par ca. Même sur des orga locale sans prétentions on en a plus. 

Par contre une équipe de bénévoles très sympa, comme souvent dans le trail. Toujours un mot pour encourager, à nous aider sur les ravitos, bref top. Et j'ai trouvé pour le coups les bénévoles très jeunes, loins de l"image des retraités qu'il y a souvent en France.

Et pour mon petit week-end au top rencontre au hasard dans les rue de Viehla avec Jordi Gamito. Très accessible et sympathique. 

 

Pour conclure, si je suis venu plus par l'intéret offert par le côté "By UTMB", c'est une course sur laquelel je serai capable de revenir pour reprendre encore du plaisir, mais uniquement pour le côté VDA sauvage, authentique.

3 commentaires

Commentaire de Helltrail posté le 02-08-2021 à 22:09:37

Chouette récit, combien de temps as tu mis ? j'ai aussi la chance d'être finisher en un peu moins de 46h30, c'était mon 1er 160k et honnêtement si j'avais su le niveau de difficulté au moment du départ, je ne pense pas que je me serai inscrit et je n'aurai pas pensé pouvoir finir. Après avoir bien récupéré, je suis maintenant vraiment content de l'avoir fait déjà parce que les paysages sont magnifiques et ensuite aussi finalement pour ses difficultés: les 1ers murs la 1ère nuit, la côte infernale en plein caniar le samedi, le pierrier interminable la 2è nuit pour monter à 2600m, le mur !!! après colomers, et pour finir le 2è caniar le dimanche apm pour finir cette course. Bravo à toi et rdv à cham dans un an :-) (bon j'y cours la ccc dans 4 semaines aussi :-) ).

Commentaire de Royal Bâtard posté le 09-08-2021 à 09:23:25

Pour ton premier 100 miles, tu n'as pas choisi le plus facile !!! (euphémisme) J'ai fait une vidéo en 3 épisodes de la VDA 162, c'est ici :
https://www.youtube.com/watch?v=KepO3QIWHJg

Bien à toi !

Commentaire de BouBou27 posté le 18-08-2021 à 09:23:45

Bravo Yann !!
Prêt pour Vendredi...

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version grand écran - 0.09 sec