Récit de la course : Oisans Trail Tour - 87 km 2020, par OBAST

L'auteur : OBAST

La course : Oisans Trail Tour - 87 km

Date : 18/7/2020

Lieu : Oz En Oisans (Isère)

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Distance : 87km

Matos : Sac Salomon sense 12 L
Chaussures La Sportiva Akasha

Objectif : Pas d'objectif

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Oisans ultra trail tour 2020

Vendredi 17 juillet, nous sommes nombreux à nous le répéter : On a une sacrée chance d’être là, à quelques heures du départ de l’Oisans trail tour prévu à 00h01… car, sauf erreur de ma part, ce parcours de 87 km et 4800 m D+ est la première course post-confinement ! Oh, on nous a bien prévenus : il y aura moins de ravitos que les années précédentes et on ne pourra pas se servir soi-même, les douches et les vestiaires ne sont plus au programme, le port du masque est obligatoire dans les sas de départ… mais, qu’importe, on nous demanderait de courir en tutu, on le ferait bien volontiers, si cela rendait les choses possible !
Nous sommes environ 450 privilégiés (dont Guillaume du club) sur le parking du palais des congrès de l’Alpe d’Huez à nous frotter les mains (hydro-alcoolisées) car nous bénéficions, en plus, d’une météo parfaite ! Cela compensera le manque d’entraînement… Car, il faut bien l’avouer, j’ai plus accumulé des séances dans le quartier (rayon d’1 km oblige) puis dans le bois de Vincennes ou à Fontainebleau que les « week-ends choc » et autres trails de printemps habituellement recommandés ! Fort heureusement, je viens de passer deux semaines dans l’Oisans avec le club d’escalade de Saint-Maur avec lequel j’ai pu faire deux « grandes voies », deux randonnées glaciaires (sur La Meije), une course d’arêtes… mais aussi, en solo, trois rando-courses de 7 ou 8 heures dans le parc des Ecrins, histoire de renouer avec le dénivelé et de casser quelques fibres musculaires en descente. Bref, plutôt que de miser sur la « fraîcheur » conseillée normalement avant une compétition, j’ai opté pour de bonnes séances de rattrapage de dernière minute… en espérant que ça passe !
C’est bientôt ce que je vais savoir car, juste après le top départ, nous nous élançons pour une descente de 15 km environ pour rejoindre les villages en bas de la station. Les quadriceps ont l’air de tenir ! Non, le problème vient plutôt du balisage de nuit, parfois assez léger : je me perds 4 fois les 3 premières heures… et je ne suis pas le seul, mon sens de l’orientation n’est pas en cause ! En revanche, c’est bel et bien de ma faute si je suis ralenti dans les descentes « techniques » : d’abord, car ce n’est vraiment pas mon fort (un vrai parisien perdu sur les sentiers caillouteux !) mais aussi parce que je ne maîtrise pas du tout la super lampe frontale achetée sur les conseils des copains (je sais, j’aurais dû mieux lire la notice et surtout faire d’autres essais que celui fait dans ma chambre la veille de la course…). Conséquence : dès que je suis seul dans la nuit, je ne bénéficie plus des véritables phares de voiture de mes camarades de course et je tâtonne encore plus de rochers en rochers… Il commence bien, ce trail !
Heureusement, la fin de la nuit est une longue montée vers un col à plus 2 300 m : le rythme régulier des appuis de bâtons calé sur la respiration est quasi hypnotique et permet de prendre le temps d’admirer le ciel étoilé sans trop se soucier de ce qui passe sous les pieds. Arrivé en haut vers 5h30, j’ai le droit à la lumière du petit jour sur une mer de nuages surplombant la vallée. Je reste là quelques minutes à faire des « photos mentales » pour savourer ce moment… ainsi qu’un petit-déjeuner bien mérité sorti de mon sac : 2 sandwiches de pain de mie au chèvre frais et des bretzels : le grand kiff !
Refroidi, je repars avec mes manchettes (mais enfin sans frontale !), les bâtons repliés dans le dos, pour une longue descente assez facile et ludique vers Besse-en-Oisans, notre prochaine étape. C’est là que nous attend, au 45ème km, notre premier vrai ravito (si l’on ne compte pas le premier, assez frugal du 19ème km). Il est temps de prendre des forces et je demande au bénévole de remplir mon assiette avec tout en deux exemplaires. Rassasié de morceaux de pain, parts de fromage, bouts de bananes, Tuc et quartiers d’oranges engloutis dans une frénésie de boulimique, je me sens prêt à gravir des montagnes ! Ça tombe bien, nous sommes maintenant à peu près à mi-course et une très très longue montée nous attend jusqu’au point culminant du parcours, à plus de 2 700 m d’altitude.
J’affronte vaillamment cette difficulté sans m’arrêter (les ascensions régulières sont mon point fort, avec mon petit gabarit catégorie poids plume, j’ai un profil de grimpeur). Deux traileurs m’emboîtent le pas, sans lâcher un mot jusqu’au sommet où ils me remercieront chaleureusement : « Tu as été une vraie locomotive ! Et tu n’as jamais faibli ! » dit le premier. Mon ego est flatté, je suis sur une petit nuage… « Oui, c’est, ça l’expérience ! » ajoute l'autre. Gloups, mon ego vient de s’écraser : je suis à leurs yeux un vieux sage… Une dure réalité qu’il me faut bien accepter, je ne suis que le quinquagénaire de service !
Je laisse filer mes deux jeunes compères et je m’accorde une seconde pause pour admirer le panorama et sortir du sac ma casquette, mes lunettes de soleil… et deux sandwiches faits maison.
Avant de descendre sur le plateau d’Emparis, je discute avec des bénévoles qui me conseillent de bien lever les yeux. Effectivement, on en prend plein les mirettes sur ce parcours vallonné qui met en valeur les glaciers environnants. Je reconnais notamment le sommet du Râteau à plus de 3 800 m où j’étais il y a quelques jours avec mes camarades de grimpe… S’en suit une bonne descente, facile mais usante car je cours en petites foulées du début à la fin, doublant même pas mal de coureurs, une première pour moi dans le D- ! Les quadriceps chauffent mais résistent bien, je me sens confiant… On verra bien ! Et puis, c’est la dernière grande descente…
Mais attention, cela ne signifie pas que l’arrivée est proche ! Contrairement à la grande majorité de courses en montagne, l’arrivée est ici au prix d’une ultime ascension. Vous avez en tête les fameux 21 virages du Tour de France ? Et bien, ce sont les 15 derniers km que l’on nous sert en guise de dessert et, croyez-moi, l’addition est aussi salée que mes bretzels ! Je n’en peux plus, je suis rassasié, c’est bon, j’ai eu ma dose de dénivelé, stop ! Je débranche mon cerveau, fuis les pensées négatives qui tentent de m’envahir à maintes reprises… Comme le conseille très justement le traileur Stéphane Brogniart, je me répète en boucle ses paroles « seuls comptent les 2m50 devant soi », « je suis le champion du monde de mon monde », « j’écoute ma respiration » , « j’essaie de faire le moins de bruit possible avec mes pieds ». Cette « méditation en action », où l’on ne pense pas à ce qu’il reste à faire et où l’on part sans montre connectée ni prévision d’horaires pour se concentrer sur l’instant présent, me convient parfaitement. Je n’ai pas fait de repérage les semaines précédentes et n’ai regardé qu’au dernier moment le profil de la course qui était imprimé sur mon dossard. Tout au feeling. Je monte ainsi, les deux bâtons plantés en même temps dans le sol du sentier abrupt, pousse sans relâche comme un rameur entêté… et ne sors de « ma bulle » que lorsque j’entends le speaker. Je passe sous l’arche de l’arrivée au bout de 13h43’56’, finis 51ème au classement général… et 2ème de ma catégorie d’âge (M3 c’est à dire 50/55 ans) ! Mon premier podium ! Ça a quelques avantages de vieillir...

 

1 commentaire

Commentaire de DavidSMFC posté le 23-07-2020 à 18:22:04

Bravo, belle gestion de course ! Nous venons du même coin et avons fini avec un chrono finalement très proche l'un de l'autre.

Je ne comprends pas trop pourquoi tu fais référence aux 15 kilomètres d'ascension de l'Alpe d'Huez à la fin car on en était quand même assez loin mais c'est clair que le dessert n'était pas des plus simples à avaler ;-)

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