Récit de la course : L'Enduro pédestre des Sables - 21 km 2019, par Shoto

L'auteur : Shoto

La course : L'Enduro pédestre des Sables - 21 km

Date : 15/8/2019

Lieu : Agon Coutainville (Manche)

Affichage : 1378 vues

Distance : 21km

Matos : Salomon speed cross 4 aux pieds

Objectif : Balade

2 commentaires

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Enduro Pédestre des Sables ... 1ère édition du 21 km

TRAIL ENDURO PEDESTRE DES SABLES (Agon Coutainville 50) -  21 Km – Basse Normandie

38ème édition de l’enduro.

1ère version du 21 Kilomètres.

D+ = 109 m

 

Ce Jeudi 15 août 2019, le départ a été fixé par les organisateurs à 14h30 sur la plage d’AGON COUTAINVILLE en Normandie dans la Manche (50).

Je vais participer à la 1ère version de l’Enduro Pédestre des Sables sur sa distance 21 km alors que les 37 éditions précédentes ont connu des distances moins longues dont le renommé 14 km. Chaque année, une petite élite de coureurs d’Afrique noire vient chercher la prime de course, stimuler les troupes et rafler les 1ères places.

 

Cet enduro pédestre des sables est original dans ma liste de trails habituels car il se court sur le sable à marée basse et ne propose que 109 mètres de dénivelé positif.

 

Ici, à Agon Coutainville, la mer se retire assez loin de la côte 2 fois par jour, parfois jusqu’à 8 km lors des grandes marées. Il faut dire qu’ici, nous ne sommes pas très loin du Mont St Michel et de ses plus grandes marées d’Europe réputées.

L’horaire de la course n’est donc pas calibrée par les organisateurs mais par Dame Nature … lorsque la mer s’est retirée pour laisser la place aux crapahuteurs humains venant défier le vent, la mer ainsi que leurs confrères et consœurs.

 

Grosse cacophonie au départ cette année 2019 !  Etonnant d’ailleurs compte tenu de l’ancienneté de l’Enduro et de l’expérience de ses organisateurs !  Les horaires de départ trop rapprochés, le vent très fort qui empêche d’entendre les organisateurs, l’absence de hauts parleurs, le monde … bref tout est réuni pour un beau charivari.

 

Pourtant, les organisateurs avaient judicieusement prévu pour le départ des 21 km des sas  pour compartimenter et classer les runneurs par vitesse de course : 3 mn au kilo, 4 mn au kilo et 5 min au kilo pour les plus lents. Je me cale prudemment dans le sas des 5 mn/km pour le départ, donc dans le dernier sas … mais avec le cafouillage de départ et les ronds dans le sable d’un quad de l’orga emportant la première ligne de coureur, je me retrouve finalement tout devant sur la ligne de départ en tête avec les élites ! Cela me rappelle malicieusement mon Marathon du Mont Blanc 2017 où je m’étais retrouvé sans le vouloir sous l’Arche à Chamonix à côté des élites dont Kilian Jornet, Max King et Ida Nilsson (voir ma vidéo 2017).

 

J’avais déjà participé dans le passé à 2 éditions de l’Enduro sur le 14 km que j’avais bien appréciées.

Cette première version du 21 km me comble car je suis en prépa de mes 2 trails de rentrée ; Infernal trail des Vosges 68 km en septembre ainsi que le trail du Petit St Bernard 65 km dans les Alpes en octobre. Bref, une belle sortie en mode « seuil » un mois avant mon prochain trail compétition !

Je suis à priori en bonne forme physique, ayant battu la semaine précédente mon record sur mon parcours préféré des 25 Bosses en Forêt de Fontainebleau (2h30 sur le circuit rouge - "Grande Montagne").

 

Aujourd’hui, le départ sous l’arche est très venteux car il fait quasiment 45 km/h de vent, un bon force 5/6 Beaufort pour les voileux ! le temps est chahuté en Normandie ce 15 août ! cela promet car une partie du parcours se court avec le vent dans le pif ! Heureusement la température est bonne, 19°C au départ … bien refroidie en ressenti grâce au vent actif.

Je pars en manches courtes, un beuff sur la tête et un petit sac à dos de trail très léger contenant un coupe vent de pluie (à prévoir quand même car on est en Normandie !) et une gourdette d’eau de 300 ml … bien en a pris car je pomperai souvent allègrement dans cette réserve …. En effet, seuls 2 malheureux ravitos cette année … ils ont dû avoir peur que les gobelets s’envolent … mais selon moi 2 ou 3 malheureux gobelets d’eau n’hydratent pas comme il faut sur 21 bornes …

 

« Hé Roger ! tu lances le départ ? »  … çà ne fait quand même pas très sérieux et bien organisé ! belle improvisation des organisateurs fébriles … alors que des journalistes de France 3 collent sans vergogne leurs caméra et micro sur la ligne de départ sous le nez des coureurs africains à moins de 30 secondes du Top Go ... comment déconcentrer ces beaux athlètes !

 

Nous partons avec quelques minutes de retard sur l’horaire officiel.

TOP DEPART, les 3 coureurs africains déroulent une majestueuse foulée légère et déliée sur le sable mouillé, digne de notre légende vivante du trail ; Kilian JORNET. Je pars vite aussi étant sur la 1ère ligne mais je vois inexorablement les 3 Formules 1 prendre le large à leur vitesse de croisière qu’ils garderont jusqu’à la fin ! soit presque 18 km/h pour le 1er qui finira en 1h11 ces 21 km !

Je reste quand même 4ème au bout de 300 mètres avant de volontairement mettre le clignotant à droite pour laisser les autres rapidos de la course me doubler. Avec ma petite VMA et mon âge (Master 1), pas de prétention de ma part. Soyons humble.

 

Le parcours est de toute beauté esthétiquement et sentimentalement pour moi … étant originaire de la région. Nous évoluons face au vent en direction du Nord Ouest vers Blainville sur Mer et son havre permettant à la mer de rentrer dans les terres. La mer était encore présente sous nos pas ici 1 heure auparavant. S’étant retirée, elle nous laisse cavaler les pieds trempés dés les 1ers mètres dans des sables encore mous et des ruisselets d’eau de mer cherchant à retrouver le large. Le sable et les graviers sont très humides !

 

Le vent fort qui souffle vers la côte (à l’opposé du sens de retrait des eaux) semble avoir retardé ou du moins limité le retrait de la mer. Nous pataugeons donc allègrement dans certains endroits dans 3 à 10 cm d’eau de mer !

Ce qui nous oblige à bien lever nos gambinettes de coureurs !

 

Il semble en fait très paradoxal de théoriquement penser courir en ligne droite sans obstacle apparent ... mais en pratique de devoir « lire » le chemin accidenté pour se frayer efficacement une voie plus ou moins stable entre des cours d’eau, des zones de sable mou ou dur, des galets, du gravier traitre et des roches de mer qui nous obligent à anticiper et choisir la meilleure trajectoire … tout ceci en tenant compte du vent.

 

Les 1ers km sont durs car je suis parti trop vite même si j’ai relâché assez vite mon rythme de course pour évoluer à ma vitesse de croisière. Je me laisse donc doubler par de nombreux coureurs plus rapides en attendant de trouver mon « caisson de coureurs », c'est-à-dire ceux ayant le même rythme de course que moi.

 

Après une ligne presque directe près de la plage de Blainville, nous atteignons rapidement la plage de Gonneville au bout de 4 km avant de bifurquer vers le large … pour trouver encore plus d’eau de mer, de vent et de sable mou !

En tant que traileur, je suis habituellement habitué à des terrains techniques difficiles mais ce terrain meuble trempé me décontenance quelque peu !

 

Nous finissons une boucle pour (enfin) re-bifurquer vers le sud, revenir à notre point de départ après 7 km de course … devant la cale du centre de Coutainville. Mais la course est loin d’être finie car il nous reste maintenant à courir le trajet du 14 Km !

 

Cette partie de course devient vraiment très sympa et agréable pour moi car le sable est plus dur …  moins de marécage marin ! Et nous évoluons désormais avec le vent dans le dos au milieu de coureurs de notre niveau. Les espaces et « caissons » de coureurs sont effet créés, il faut maintenant maintenir un bon rythme de la machine et aller jusqu’au bout.

 

Belles sensations de course entre le 8ème km face aux résidences d’été du front de mer de Coutainville et la sauvage pointe d’Agon tout au bout de la plage au 14ème Km. J’évolue à une vitesse moyenne comprise entre 11,5 et 12,5 Km/h ce qui me semble pas mal dans le sable pour mon rythme habituel et mon expérience. Le vent nous frappe de biais en arrière (en allure de voile, on appelle çà un « bon largue »).

Le seul problème est que nous devons à cet endroit doubler et slalomer parmi les marcheurs de la Marche Rapide de l’Enduro et les derniers du 14 km partis après nous quelques minutes plus tard directement vers le sud vers la Pointe d’Agon.

Même si la plage à marée basse est bien grande, il est pénible de devoir s’éloigner de la côte pour éviter les marcheurs … qui eux ont bien évidemment le droit légitime d’être là …

 

Mais ce n’est pas grave, je suis à la lutte avec 1 coureur de mon niveau. Intéressant de voir que sur le plat dur, il me distance légèrement ayant une foulée plus rapide. Dés que nous traversons des ruées d’eau de mer et que le terrain devient gravillonneux ou plus sablonneux, je le redouble et passe devant. Chacun son terrain de prédilection ! Mais je crois que mes chaussures de trail bien cramponnées (Salomon Speed Cross 4) m’aident particulièrement face à ses runnings de course … vas sur la route mon ami ! ;-)

 

La côte est de toute beauté. Après la promenade de Coutainville et son école de voile, la belle plage de sable est désormais bordée par de majestueuses dunes que je vois au fil des ans s’éroder par le réchauffement climatique et la montée des eaux.

 

Certains n’aiment pas courir en ligne droite avec une vue sur des km à l’avance. Pour moi, la vue de ces centaines de coureurs des épreuves des 21 km, 14 km et 7 km évoluant ensemble au loin sur le sable comme un serpent de mer est vraiment superbe. Je prends un pied d’enfer. La mer sur notre droite s’éloigne imperceptiblement …. verte et bien agitée par le vent soutenu.

 

Nous étions partis sous un ciel bien nuageux mais la météo n’avait pas prévu de pluie … sauf que finalement face à Coutainville, un vilain crachin projeté et levé par le fort vent nous cueille de droite sur plusieurs kilomètres … avant très soudainement de s’arrêter pour faire place à une belle percée de soleil bien agréable.

 

Traçant mon chemin parallèle à la longue plage, je déroule activement et aisément ma foulée déliée avant de rejoindre sans fatigue la pointe d’Agon après 14 km de course. Nous contournons alors cette pointe qui marque l’entrée du beau havre de Regnéville Sur Mer accueillant ses prés salés et ses moutons. La petite grimpette dans les dunes est un peu difficile dans les sables et graviers …  et je retrouve quelques sensations de traileur grimpeur, profitant ainsi de doubler quelques concurrents commençant à être dans le dur.

 

Retour vers le Nord Ouest par les dunes devant le petit phare rouge et blanc typique de la pointe, nous traversons une forêt de petits sapins et de menhirs plantés droits dans le sol sablonneux.

Nous évoluons ici au cœur d’une réserve naturelle. C’est en fait mon terrain de jeu d’entrainement de mes sports d’été en course à pied et VTT. Je connais donc particulièrement bien le terrain, ce qui me permet de jouer et lutter efficacement avec d’autres coureurs.

 

L’orga a vraiment été légère en ravitos cette année : 2 ravitos dont 1 solide sur 21 km … pas beaucoup ! … mais elle n’a pas oublié son ravito « éponges mouillées » du phare … que je zappe allègrement compte tenu de la température fraiche et du climat venteux.

 

Pause pipi du coureur bien hydraté  … puis je rattrape les coureurs qui m’ont doublé pendant cette pause expresse. Je me sens bien. Etant en phase d’entrainement trailique intensif … mon endurance foncière actuelle est bonne. Je peux relancer facilement à travers les dunes dans un terrain herbeux et sablonneux pour rejoindre le ravito solide du 16ème km. Pause coca et eau + fruits secs. Discussion sympa avec les bénévoles et hop, je rechoppe au vol un train de coureurs avant de redescendre sur la plage à marée basse pour la dernière ligne droite vers Coutainville.

 

Il reste maintenant à dérouler 5 kilomètres avec un vent de face ... le calvaire pour beaucoup de coureurs en difficulté.

Pour ma part, j’ai encore de bonnes réserves d’énergie. Ce qui me permet de distancer plusieurs coureurs et de prendre le large … cherchant à « pac maniser » cette fin de course en doublant les enduros dans le dur … mais les espaces sont importants désormais et à ce jeu, je n’en doublerais pas des dizaines !

 

De nombreux runneurs courent pas grappes de 2 à 4 coureurs pour se protéger mutuellement du vent.

Pas moi.

Le vent homogène et soutenu est mon allié. Il me rafraichit et je le vois comme un ami. Il me procure une sensation combattive stimulant mon envie de foncer … c’est un peu le « willing spirit » des chiens de traineaux face au vent … aller chercher l’horizon en luttant et en s’appuyant sur ce vent soutenu.

 

16ème km, mes adducteurs commencent sérieusement à tirer ! Il faut dire que mes entrainements de ces dernières semaines sont plutôt axés sur du dénivelé, du renforcement musculaire plutôt que sur du fractionné. Je sens que mon rythme de course actif sur du plat est aujourd’hui trop rapide par rapport à ce que je fais d’habitude… surtout qu’il faut forcer à cause du sable qui ralentit la foulée.

M’étant blessé cet hiver sur un bon claquage d’adducteur, je redoute une nouvelle blessure et décide donc vers le 18ème km de ralentir un peu la machine même si mon cardio fonctionne parfaitement.

Cet Enduro devant rester un trail préparatoire pour mes trails de septembre et d’octobre ... surtout ne pas aller chercher la blessure sur ce type d’épreuve !

 

Je raccourcis donc ma foulée tout en conservant un rythme de jambes. Bien m’en prend car je sens les douleurs aux adducteurs diminuer fortement.

 

Ma vieille machine bien huilée et efficacement entrainée fonctionne finalement pas trop mal. Bien pour la suite de mon entrainement et mes prochains trails ! Pas de douleur à mon genou droit fragile (chondropathie rotulienne).

 

Ressenti et sensations garantis sur ce sol meuble et face à ce vent puissant.

Heureux d’être là déroulant ma foulée entre ciel, mer et terre dans un paysage inspirant.

 

Moment de recueillement et d’émotion car je pense à l’accident de plaisance qui a coûté la vie à 3 petits anges à 700 mètres au large 3 jours auparavant. Accident bête sur une mer agitée qui aurait pu être évité et qui a bouleversé tout le monde. La mer ici donne beaucoup aux hommes mais elle peut aussi être exigeante et très sévère face aux imprudents et/ou néophytes ...

 

Dernier kilomètre !

Les familles et spectateurs nous font une haie d’honneur jusqu’à l’arche d’arrivée qui était notre arche de départ.

 

Je franchis l’Arche accueilli par mon fils, son copain Arthus et Madame mon épouse.

Chrono = 1h54

Classement = milieu de peloton.

Plutôt content pour un traileur typé 4/4 aimant le dénivelé plutôt que les courses rapides sur le plat. Je me sens peu cramé ayant évolué à 75% de ma VMA.

 

Objectifs personnels atteints :

-          Circuit bouclé en moins de 2 heures

-          Pas de blessure

-          Plaisir max.

 

Malgré une organisation peu optimale cette année, le plaisir de courir à Coutainville était quand même bien présent.

Je recommande cette course à ceux qui aiment évoluer dans les grands espaces et les puissantes sensations de course au grand air !

Et si vous n’aimez pas les sentiers étroits et bouchonnés, ici vous pouvez courir à 20 de front !

Alors venez l'année prochaine :-)


2 commentaires

Commentaire de Twi posté le 04-10-2019 à 10:16:55

Ça à l'air sympa en effet. Merci pour le récit.
La course sur le sable à marée basse, du pur bonheur !!!
Je garde l'idée pour un prochain WE du 15 août dans la Manche.

Commentaire de Shoto posté le 28-12-2019 à 12:23:48

Merci Twi pour ton commentaire.
Au plaisir de te rencontrer sur cette course.

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