Récit de la course : Lavaredo Ultra Trail - 120 km 2019, par galette_saucisse

L'auteur : galette_saucisse

La course : Lavaredo Ultra Trail - 120 km

Date : 28/6/2019

Lieu : Cortina d'Ampezzo (Italie)

Affichage : 2051 vues

Distance : 120km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

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Lavaredo Ultra Trail 2019

 

Décidemment, 2019 sera mon année réussite sur les tirages au sort. Après être pris à l’UTMB (coef. 2), me voici de nouveau chanceux sur le tirage du Lavaredo Ultra Trail (je le serais aussi pour le marathon de New-York quelques semaines plus tard puis encore sur le TOR… TOR pour lequel j’ai dû me désister et perdre mon 1er coef, s’eût été un peu kamikaze une semaine de l’UTMB, je m’appelle pas Jean-Michel moi… Ah bah si tient 😊).

Je m’étais inscrit à la loterie du Lavaredo dans l’optique d’une course prépa UTMB. D’après ce que j’avais lu ou entendu, cette course a en effet beaucoup en commun avec la boucle autour du Mont-Blanc: assez roulante, pas trop technique, un ratio km/D+ plus ou moins similaire, un départ le soir et le tout à deux mois de l’UTMB.

Suite à mon échec sur le Madeira Island Ultra-Trail (mon premier DNF après m’être fait une cheville dans la 1ère descente!), je ne pars pas 100% serein sur ce Lavaredo Ultra Trail.

La préparation était loin d’être optimale n’ayant pas couru du tout pendant le mois de mai afin de pouvoir laisser le plus de temps possible à ma cheville de cicatriser. Beaucoup plus de vélo et de scéances de gym (vélo elliptique, rameur, spinning). Je reprends doucement la course début juin et une petite douleur persistera jusqu’à 10 jours avant la course… Pas serein, mais super motivé. J’ai vraiment envie d’effacer ce DNF. Ca marque un homme ce genre de truc.

Nous avons loué un hôtel à Misurina. C’est le truc le moins cher que j’avais pû trouver pour deux avec le p’tit dèj inclu. Quand nous y arrivons, nous sommes bluffé par le paysage, c’est juste splendide. En plus, la course y passe après une quarantaine de kilomètre. Bref, parfait pour ma femme afin qu’elle puisse se relaxer tout en “participant” un petit peu à mon „petit“ tour.

Nous arrivons sur Cortina le jeudi après midi vers 15h. J’avais réserver en ligne un rdv avec le Vibram Truck afin de pouvoir changer gratuitement mes pauvres semelles de mes Altra Lone Peak avec des Vibram. Je les depose donc et ne les reverrais que le Dimanche. Ce que je ne savais pas, c’est que ca durerait aussi longtemps. Je pensais que c’était l’histoire d’1/2 heure, et bah non. Ceci m’évite de réfléchir aux chaussures que je devrais prendre pour la course, ce sera les Altra Timp 1.5 (avec les vieilles Peregrines 6 dans le drop bag)

Après avoir retiré mon dossard (avec contrôle des sacs!), nous nous dirigons vers notre hôtel. Nous nous organisons un petit tour du magnifique lac de Misurina avant d’aller avaler une pizza comme il se doit.

Le lendemain matin (jour de la course), nous nous baladons le long de la vallée de Popeina… Superbe, ca annoncait bien ce qui allait venir le lendemain. À la fin, pas loin de 8km et 305m de dénivelé.

Je m’essaie à une sièste d’au moins 2 heures. C’est vraiment pas mon truc les sièstes, avec l’excitation de la course, je n’arrive pas à m’endormir. J’ai tout de même somnolé un petit peu. L’important étant de se relaxer et se reposer.

En me reveillant, je vois le texte du bubulle qui me dit qu’ils vont tenter un suivi live. Je rempli rapidement mon kivaou. Un bouzin, ca motive tout le temps un peu pendant la course.

depart

L’heure du départ arrive doucement. Après un dernier repas à l’hôtel (des pâtes cette fois-ci), j’arrive à Cortina vers 21h. Je me dirige directement vers la remise des sacs de délestage. J’ai beaucoup de chance que le mec me le prenne car il était possible de ne les laisser que jusqu’à 21h. Je l’ai remercié et il m’a dit:”you will pay me 10 beers tomorrow”… J’ai biensûr accepté le deal et je ne l’ai biensûr jamais revu.

Après avoir été prendre un petit café au bar du coin, je me dirige vers la ligne de depart vers 22h20. Tout le monde est coincé derrière les barrières. Dèslors qu’ils les ouvrent pour pouvoir atteindre le sas, je suis totalement bousculé de tous les côtés! Il faut déjà jouer des coudes.

Le départ est donné à 23h et nous nous élancons. Ca part vite! Super vite même. J’ai l’impression de me faire dépasser par des centaines de personnes. La priorité est biensûr de ne pas se blesser. Puis arrive la première montée. C’est assez large. Nous évitons donc les bouchons.

Je ne pense qu’à une chose, la 1ère descente. Vraiment pas envie de ruiner de nouveau cette course pour une autre torsion de cheville, et pour le moment, je sens que c’est bien maintenu. Et tant mieux car je suis déjà loin d‘être une star en descente d’habtitude.

Je suis impressionné par le niveau général, je trouve que ca va bien vite… et moi aussi je m’emballe. Je ne suis pas certain d’avoir assez d’entrainement pour suivre le rythme.

J’arrive au premier ravito „Ospitale“ en 392ème position (2h13‘ de course pour 18km et 821 D+) … Ce qui confirme bien que je vais trop vite.

 Ensuite vient la première grosse montée. Je m’y sens bien mais je sens déjà le manque de sommeil. Il m’arrive même de fermer les yeux durant quelques mètres. Je paie ma non-sièste de l’après-midi.

Je suis de nouveau très prudent dans la descente qui m’amène Federavecchia. J’y pointe 401ème.

 La prochaine étape est la montée vers Misurina et son lac. C’est aussi l’endroit de notre hébèrgement et donc de ma rencontre avec ma femme. Ceci me motive pendant la 1ère montée qui se fait le long d’une route. C’est pas tip-top mais il fait encore nuit donc c’est pas grave.

Avant d’arrivé au lac, il y a un replat en single dans une fôret. Il faut continuellement relancer, et là encore je trouve que ca va bien vite. Je suis tout de même la cadence pour arriver enfin sur cette incroyable vue sur le lac avec le levé de soleil. Après 42km de course et déjà 2116m. de dénivelé positif, j’ai accumulé 5h58’ de course. Je me sens bien mais déjà bien entamé. J’espère que le jour va me rebooster à ce moment de la course

 

Un petit bisous à ma chère et tendre avant d’affronter la montée vers les Tre-Cime.

C’est vraiment beau! Je lève le pied doucement sur cette partie et essaie de m’alimenter au mieux. J’ai aussi fait attention à bien boire régulièrement étant donné les températures annoncées dans la journée.

Puis, en plein milieu de la montée, j’entends „is there any French speaker?” Je me dois donc de répondre “Yes”… puis j’apercois deux pieds et finalement un mec alongé. Il a pas l’air bien du tout. Je lui demande donc ce qu’il se passe et il me dit qu’il fait une sale hypo et il n’arrive absolument pas à s’alimenter. Bon, il parle en effet pas très bien anglais car quand je demande au randonneur qui s’était arrêté pour l’aider, combien de temps il reste jusqu’au refuge Auronzo (que nous apercevons déjà), il me répond: “thirty minutes”. Le francais allongé par terre avait entendu “10 minutes”. Bref, le randonneur lui donne du coca, je lui propose une pom-pote et le remotive. Il se relève et repars doucement derrère moi.

Pour l’anecdote, je le reverrais à la base-vie de Cimabanche où il sera arrivé avant moi. Il avait donc bien repris du poil de la bête.

 J’ai perdu pas mal de place dans la montée, peut-être le si peu de minutes que je suis resté avec mon compatriote. Je n’ai pas forcément eu l’impression d’être si lent que ca.

J’arrive au Refuge Auronzo après 7h42’, ce qui fait quand même 1h43’ pour une montée de… 603m sur 7km. c’est pas fameux.

 Au refuge, je prends mon temps, je suis bien entamé déjà. Une bonne soupe (comme à chaque ravito), du fromage, une orange, une banane et… je remets la veste. En effet, avec l’altitude et le vent, malgré le soleil, il fait toute de même assez frais là-haut.

 

La route qui suit est superbe. Nous contournons les fameux trois cimes. C’est vraiment magnifique. J’essaie de garder une belle foulée pour les photographes qui shootent avec les Tre-Cime en background.

tre-cime

S’en suit la grande descente vers la base-vie de Cimabanche. Je ne suis pas à l’aise. C’est assez technique par moment et, comme depuis le début de la course, je fais bien attention où je pose le pied gauche. Je me fais dépasser et me dit qu’il va falloir travailler ces descentes. Je suis une vraiment une chèvre… Quoique, une chèvre, s’en sortirait mieux.

Après cette longue descente de 1000 mètres, nous longeons le lac de Landro. Lac d’un bleu-turquoise impressionnant. La veille nous nous y étions arrêté pour pique-niquer rapidement. Un endroit magique.

Après un long faux plat montant, nous arrivons enfin au Ravito de Cimabanche.

J’y ai prévu un long arrêt. Changement de vêtement complet, sous-vêtement aussi (J’ai pu trouver une tente vide), re-nokage de pied et je prends le temps de bien manger. Je fais aussi un pause technique dans des toilettes… Ca change tout!

Les pointages sur cette course se font tous (ou presque) en sortie de ravito. Je pointe 633ème. J’ai perdu 164 places depuis le Rifugio Auronzo!! 164! La vache. Bon, en même temps, je repars bien et refait. Je sais que qui m’attend par la suite!

 

Je relance du mieux que je peux mais de nouveau dans la montée, je vois bien que je n’ai pas les jambes d’habitude. Je passe tout de même quelque dossards LUT. Les concurrents du 85km nous rejoignent sur cette portion et ce jusqu’à la fin.

J’arrive à Malga Ra Stua après 12h54’ de course pour 76,6km et 3520m. D+. Je sens bien la fatigue accumulée dans les jambes et c’est là que commence le calvaire de la montée de la vallée Travenanzes, en plein cagnard.

Tout d’abord, nous longeons un torrent que nous traverserons plusieurs fois en fond de vallée, puis ensuite un montée de 1000 D+, toujours en plein soleil sous une chaleur énorme. C’est à la limite du supportable et je suis étonné de voir la résistance et la détermination des autres coureurs pour traverser ces kilometers. Il faut dire qu’il n’y a rien autour pour récupérer à part quelques arbres ca et là. Et durant toute la montée, il faut bien remplir ses flasques presque à chaque fois que nous traversons de nouveau le torrent.

vallee

 Je mettrais 2h50’ pour traverser ces 12k et 900m de D+… Sans pourtant avoir eu l’impression de doubler, j’aurais gagné 95 places depuis la base vie de Cimabanche jusqu’au Col Gallina.

 La suite sera encore très très dure avec des series de montées puis descentes puis remontées mais absolument magnifique. Heureusement que nous sommes à plus de 2000 mètres sur cette section car avec la chaleur, ceci aurait été un vrai calvaire.

 

Toute la fin du Passo Giau au refugio Croda Da Lago m’aura fait vraiment pensé au balcon de la fin du 90km Mont-Blanc (Montenvers – refuge du Plan de l’Aiguille). C’est beaucoup de grosses roches partout qu’il faut passer puis relancer, puis mettre les mains, de nouveau relancer et voir au loin ce Rifugio qui ne se rapproche jamais.

  

J’arrive enfin au Refuge. J’ai le quadri droit démoli et je sais qu’il me reste une descente de 10km. À moins de me tordre de nouveau la cheville, je sais que c’est presque gagné à ce niveau là.

Je demande en combien de temps la descente peut se faire en marchant et on m’annonce 50mn… J’eu pensé plus.

Puis soudainement, la volonté de finir prend le dessus sur la douleur. Je cours donc, très doucement, mais je cours quand même. Enfin pour les sections où on peut courir. Certaines parties étant vraiment très pentue.

 Enfin, on m’annonce 2 km… wow, 2km, allez faut relancer là mon vieux. Je vois au loin l’église de Cortina synonyme de ligne d’arrivée.

Les locaux sont là, au balcon ou dehors sur leurs chaises avec une bière à la main et ils applaudissent, tous. C’est bon pour le moral.

Je reconnais enfin la dernière ligne droite, ma femme crie mon nom sur la droite, je me permet le bisous avant de franchir la ligne bien épuisé.

...22h28’ pour parcourir les 120km et 5770m. D+ de ce Lavaredo. C'était beau, c'était dur mais que ca fait du bien de redevenir finisher.

Une jolie veste La Sportiva en guise de cadeau finisher.

 

 

 

 

 

1 commentaire

Commentaire de Grego On The Run posté le 16-07-2019 à 10:49:05

Bravo à toi. Oui tu es un héros d'avoir été finisher d'une telle course car on en a vraiment bavé. C'est le plus dur Ultra que j'ai couru comme je l'indique dans mon récit... à a la fin je me suis dit plus jamais... Et puis les jours passent et on oublie. Et on veut recommencer.

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