Récit de la course : BRM 600 Jura II 2019, par poucet

L'auteur : poucet

La course : BRM 600 Jura II

Date : 8/6/2019

Lieu : Freiburg (Allemagne)

Affichage : 1124 vues

Distance : 600km

Matos : Merckxx St Remo

Objectif : Terminer

8 commentaires

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BRM 600 Jura II - Freiburg - ARA Breisgau (Allemagne)

BRM 600  JURA II - FREIBURG - ARA Breisgau (Allemagne)



D'habitude c'est à vélo que je me rends a Freiburg pour participer aux brevets organisés par les amis Urban et Walter. Mais vu la récupération difficile que j'avais connu après le 400 rallongé de Strasbourg, j'avais pour une fois décider de prendre la voiture afin de ne pas terminer trop entamé et compromettre la suite du programme.
A Freiburg, quelle que soit la distance, les brevets débutent toujours autour de 8h, après un copieux petit déjeuner preparé par l'Augustiner, charmant restaurant qui fait office de lieu de RV. J' étais parti suffisament tôt afin de prendre le temps d’apprécier ce moment convivial ... Mon vélo sait aller tout seul a l'Augustiner, pas ma voiture. Je me suis emmêlé dans les sorties d'autoroute et je me suis trouvé complètement paumé au cœur de la ville, sans téléphone opérationnel, donc sans GPS, sans rien comprendre ... Panique a bord totale. Pour m'en sortir j'ai repris l'autoroute, galéré un long moment avant de trouver un échangeur pour revenir dans le bon sens et reprendre la bonne sortie (n°62, j'ai retenu cette fois). Une bonne heure de perdue, beaucoup de stress et des crocs pas possible. Mais ouf, j'étais sur place 20' avant le départ. Tout juste suffisant pour engloutir quelques tartines, récupérer mon carton et regarder tranquillement partir la première vague de 8h. Et là je me suis rendu compte que je n'avais qu'un seul bidon sur le vélo ...Repanique, j'ai foncé a la voiture en me disant qu'il devait être tombé quelque part. Et là, encore la totale ... impossible d'ouvrir la voiture avec la carte électronique !!! Je n'ai pas insisté et vite rejoins le groupe pour le second départ, en me disant que je trouverais bien une solution ...

L'Augustiner à l'heure du briefing ... Le brevet affiche complet, comme d'habitude à Freiburg, 90 gaillards au départ

Mickael, un habitué de nos brevets CCK


Mathias le jovial colosse avec le Poucet

Bref un départ compliqué, exactement comme je n'aime pas. La dessus j'ai du stopper au pied de la première bosse pour refixer ma loupiote arrière qui frottait sur les rayons. Au bout de 5km j'étais tout seul. J'avais bien pensé que je ferais ce 600 tout seul, pour le coup je ne me suis pas trompé !!!
La sortie de Freiburg par le Sud est agréable, on se retrouve tout de suite dans la campagne pour aller traverser le Rhin à Neueburg. De là on file plein Sud pour rentrer dans le Sundgau au niveau de Sierentz, ou est situé le premier contrôle. C'est tout plat mais un solide vent défavorable et plutôt frisquet nous fait des misères. En voyant le panneau Kembs j'ai l'idée de passer un coup de téléphone SOS à l'ami Jean Marie Zymocha, pilier du CCK. Bingo, le champion est la maison et peut me dépanner d'un bidon, ça vaut le coup de faire le petit AR "gratuit" avant de revenir sur la trace. Merci encore Monsieur Jean Marie !!! Avec le recul, j'ai vraiment bien fait parce que ce foutu zef nous a bien asséchés. J'ai vidé un sacré nombre de bidons !!!

Piste cyclable allemande en début de parcours …

Dépannage de bidon pas bidon chez Jen Marie …

Sundgau nous voilà …

Ferrette et son château …

J'ai revu avec plaisir quelques cyclos en arrivant en Suisse, peu avant d'aborder les choses sérieuse à Asuel avec la fameuse Malcote. C'est là que j'ai enfin retrouvé un peu de sérénité et que je suis vraiment rentré dans "mon" 600. La Corniche du Jura m'a conduit en terrain connu, sur les parcours Bridou du WE précédent pour remonter sur l'autre versant et aller pointer à Lajoux. Enfin, faire une photo plutôt parce que le bar indiqué sur la carton avait visiblement cramé et tous les autres commerces étaient fermés. A partir de là, même en roulant seul, je voyais régulièrement des copains aux contrôles et aux endroits stratégiques de ravitos.

L'espace d'un instant je retrouve quelques cyclos …

Revoilà la Suisse …

C'est là que commencent vraiment les choses sérieuses …

C'est écrit sur le panneau ...

Cyclo Suisse allemand en arrivant sur Saulcy

Contrôle photo a Lajoux ...

Sur un air de parcours Bridou …

Toute la traversée du Jura Suisse aura été un régal. Avec notamment cette extraordinaire petite route qui permet d'éviter la triste Chaud de Fond pour gagner directement La Vue des Alpes à la force des jarrets au milieu des vaches Milka, des prairies fleuries, des fermes blotties ... Un bonheur de cyclo, avec en plus un panorama exceptionnel en haut pour le troisième pointage !!!!

La petite route pour rejoindre directement La Vue des Alpes ... extraordinaire !!!

"Monsieur, il faut passer derrière la ficelle" me dit la charmante jeune fille avec son délicieux accent suisse ...

"les vaches vont passer" …

Contrôle a l'Hôtel de La Vue des Alpes, qui porte bien son nom ...

Avec ce foutu vent toujours bien présent il fallait pédaler dans l'interminable descente de la Vallée de La Sagne au bout de laquelle nous basculions dans le Val de Travers par la Combe Pellaton ... Superbe descente en lacets sur le village de Travers et aller pointer quelques kilomètres plus au Sud à la Gare de Motiers.

Contrôle a la Gare de Motiers ...

Il faut pointer a l'horodateur, pratique ...


Le Col des étroits débute pépère avant de se cambrer brusquement et se faire mal aux cuissots.. J'y ai encouragé quelques trailers du Swiss Canyon Trail, un point de ravitaillement était installé un peu avant le sommet. Sur l'autre versant j'y ai croisé quelques cyclos brassardés de la Born to Ride des Citadelles, avant de bifurquer a gauche sur une autre petite route improbable et redoutable, au milieu des télésièges cette fois, pour rejoindre les Hôpitaux Neufs, village stratégique pour se ravitailler et se préparer pour la nuit. Les bons plans se repèrent rapidement, il suffit de chercher ou sont garer les vélos ...

Un groupe de costauds allemand s’apprêtait a repartir d'un restau au cœur du village, la table bondée de pintes. Ces gaillards sont vraiment impressionnant, des bêtes a rouler avec une diététique déconcertante ... Bref, pour ma part je me suis contenté de commander un grand coca et une assiette de tagliatelles pesto, ail des ours, pignon de pin. Délicieux, mais j'ai mis toute la nuit a digérer !!! Sinon les clients étaient content de voir un français. Et toujours aussi stupéfaits quand on leur explique en quoi consiste notre "balade" et qu'ils nous voient repartir en mode noctambules ...

La nuit s'est merveilleusement bien passée. Je craignais un peu le froid en sortant du restau, mais non, même pas ... J'ai même du me défaire d'une couche avant d'attaquer le long et difficile Col du Mont d'Orzeires, dés la sortie de Vallorbe, après être rentré a nouveau en Suisse. J'ai pris le temps qu'il fallait, c'est la que j'ai compris que la plâtrée de tagliatelles allait m'accompagner un moment ... L'arrivée sur le Lac de Joux illuminé plein feux était magique. J'ai pris un petit moment pour savourer ce moment a pleins poumons, un sacré boost mental !!!

Lac de Joux ... magique !!!

Restait juste a aller au contrôle tout au bout, a la Gare du Sentier, le point le plus au Sud du parcours. Même la mi parcours n'était pas encore passé, le simple fait de remonter vers le Nord était un sacré soulagement. Par bonheur il y avait là un distributeur qui prenait la CB ... a défaut de vrai Coca j'ai opté pour un grand Pepsi qui m'a bien soulagé dans ma lutte contre les retours de tagliatelles !!! 
Hormis cette petite tracasserie, je me suis vraiment senti bien la nuit en cheminant de bosses en bosses par les villages endormis, sans y rencontrer le marchand de sable. Simplement quelques cyclos emballés dans leur couverture de survie, en vrac ici ou là, sous des abris de fortune ... Recherché par tous le grand luxe étant justement le sas de distributeurs de billets. Mais tous n'y sont pas parvenus !!! 
Salins les Bains est finalement arrivé très vite et je ne pouvais pas manquer le petit clin d’œil à Carmen qui dormait quelque part par là, avant de prendre le départ de la réputée Montée du Poupet (et non pas du Poucet) quelques heures plus tard ... podium caté a la clé, trop forte Doc Carmen !!!

Coucou Carmen

Pour une fois nous n'avons pas emprunter l'itinéraire classique pour rejoindre Ornans. Urban nous a dégoté un petit détour de derrière les fagots, avec bien sûr un contrôle intermédiaire au village de Myons ... Là nos gentils organisateurs avaient déposés des petites étiquettes autocollantes dans un sachet au pied du panneau d'entrée de village. Par chance je suis tombé sur un couple d'allemand qui m'ont expliqué le principe dans un français parfait ... Parce qu’évidement je n'avais rien compris des explications du briefing.

L'aube m'est apparu en arrivant au village perché d'Amondans. Subjugué par l'instant je me suis légèrement égaré de la trace ... Rien de bien grave, en arrivant devant le parc a vaches je me suis douté qu'il fallait faire demi tour pour prendre la royale descente sur Cleron et y découvrir son magnifique château. La Belle au Bois Dormant y était probablement encore endormie, mais j'avais encore de la route a faire ...

L'aube ...

... a Amondans

Ce brevet est un conte de fées … mais ou est donc la Belle aux Bois dormant ?

J’espérais trouver une boulangerie ou un bistrot a Ornans, mais a 6h30 rien ne bougeait encore. Pas mieux dans les villages suivant, même a Mouthier. La boulangerie du matin c'est toujours un moment attendu par les cyclos au long cours, le signal d'un jour qui recommence, l'espoir que la force va revenir. Heureusement il me restait quelques part de gateau de semoule avant de me lancer à l'assaut des superbes Gorges de Nouailles.

Lods ...

Mouthier ...

Gorges de Nouailles …

 

 

Mauvaise surprise en arrivant sur la plateau en constatant que le vent avait tourné et qu'on allait a nouveau devoir batailler au retour !!! Là vraiment j'ai pris un petit coup au moral ... A peine compenser par la boulangerie d'Orchamps Varennes, enfin ouverte, mais ou toutes les viennoiseries avaient déjà été liquidées. Pas de flan non plus, la poisse. Obligé de passer directement au gâteau à la crème, accompagné d'un Coca évidement. Et d'une dose de Haribo pour la peine, ça peut pas faire de mal.

Après ça il suffisait normalement de se laisser glisser jusqu'à St Hippolyte ... J'ai pourtant du pédaler dans la descente a découvert après Fuans, un comble dans le fnd cette combe. Et la Vallée du Dessoubre m'a paru bien longue !!!

Le passage à St Hippolyte est toujours stratégique également, c'est un point d'eau garantie et plusieurs terrasse et petits commerces sur la place du village. Plusieurs groupes sont attablés, je reste sur mon plan sandwich et repars sans traîner.

ça creuse ...

St Hippolyte et son point d'eau stratégique

Il reste 150 bornes sans difficultés. La difficulté est là justement, avec notamment un contournement calamiteux de l'agglomération Montbeliarde, en faisant le tour des usines désaffectés et des tristes zones commerciales, avec beaucoup de feux, des ronds points, des secteurs a 4 voies. Apres avoir baigné dans le sublime, ce retour sur terre m'a un peu plombé. Quel soulagement de retrouver enfin l'EuroVélo6 après l’infâme raidard d'Etupes.

Et donc ce foutu vent, définitivement contraire, qui me colle au bitume ... Puis quelques gouttes insignifiantes qui au fil des minutes m'obligent a sortir l'imperméable que j'avais fourré tout au fond de la sacoche en faisant le pari du "pas de pluie". Perdu donc. J'ai vu passer quelques gruppetto allemands qui filaient bon train. Mais bon, je n'ai même pas essayé d'accrocher le wagon, préférant terminer a ma main en me préservant pour les semaines a venir.

Un groupe sur le départ après le dernier contrôle d'Ensiheim ... Je préfères rentrer tranquille plutôt que d'accrocher les costauds.

Un dernier contrôle a Ensisheim ou je liquide ma réserve à sandwichs avant de retraverser la plaine pour aller chercher le passage en Allemagne à Fessenheim. Evidemment ce retour fait le compte de kilomètres mais n'a rien de bien enthousiasmant. D'autant que l'on revient à Freiburg par l'Ouest avec ces interminables pistes cyclables le long des 4 voies bruyantes. Bref, pas déçu de rentrer enfin en ville et de retrouver l'Augustiner ou de nombreux cyclos étaient déjà attablés !!!

Et voila, carton validé en 34h50 (dont 30h39 de pédalage), c'est donc tout bon pour Paris Brest Paris ... Je retiens surtout l'énorme plaisir sur toute la partie centrale du brevet, la nuit bien gérée et le sentiment d'avoir terminé dans une relative fraîcheur physique. Demain, je vais faire gaffe au Bureau, faudrait pas une nouvelle fois se blesser devant l'ordi. Ya encore de belles choses à venir dans les prochaines semaines !!! A bientôt donc !!!

Epilogue.

J’ai bidouillé vainement ma portière de voiture pendant dix bonnes minutes, devant les yeux interloqués des passants devant ce blaireau de français avec son vélo belge … 
Impossible de trouver le truc pour faire fonctionner cette foutu clé de secours sur la carte électronique (mon coté malin n'aura échappé a personne) Purée, je me suis vraiment demandé comment j’allais me sortir de cette embrouille … 
Cezam, mais ouvre-toi bordel … 
Je n’y croyais plus et puis miraculeusement la porte du coffre s’est ouverte. Wouaouhhh … 
Et mon second bidon, planqué dans un coin est alors apparu !!! OUF, une histoire à dormir sur un vélo qui se termine bien !!!

 

8 commentaires

Commentaire de MULTISPORTS74 posté le 11-06-2019 à 21:34:05

Encore un grand bravo pour cette performance et félicitations pour ta synthèse : tu as du y passer un peu de temps pour la rédaction à plus pour d'autres récits

Commentaire de poucet posté le 12-06-2019 à 07:09:53

Merci Yves. Oui bien sûr, c'est toujours un peu de boulot, mais bon ... Du plaisir aussi !!!

Commentaire de Benman posté le 11-06-2019 à 23:31:23

Bravo pour ce BPB ( brevet pas bidon) et ces aventures sur des routes magnifiques. Ça pue toujours autant quand on passe l'usine d'éponges dans la descente avant st hippo?

Commentaire de poucet posté le 12-06-2019 à 07:11:32

Je ne vois pas cette usine d'éponges ? Pas souvenir d'avoir eu de mauvaises odeurs à St Hippolyte (25). T'es sur que c'est le même ???

Commentaire de BouBou27 posté le 12-06-2019 à 16:35:21

Impressionnant !
Moi qui viens juste d'avoir un vélo de course, faire 600km d'un coup oo
Chapeau bas

Commentaire de Bert75 posté le 14-06-2019 à 11:33:04

Merci pour cette belle ballade et, comme Boubou, 600km, popopopopo!

Commentaire de poucet posté le 14-06-2019 à 12:15:13

Merci les kikous 😊. Oui 600 km c'est beaucoup... mais c'est tout juste la moitié du Paris Brest Paris, objectif de l'année a velo. En Aout 😉

Commentaire de philkikou posté le 26-06-2019 à 07:03:39

Sacré périple avec plein de péripéties !!

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