L'auteur : Zaille
La course : Les Courses de Strasbourg-Europe - Challenge ACSE Marcel Rudloff
Date : 12/5/2019
Lieu : Strasbourg (Bas-Rhin)
Affichage : 1733 vues
Distance : 36.1km
Matos : Altra Paradigm 3.0
Objectif : Terminer
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Depuis quelques années, les courses de Strasbourg ont rajouté une épreuve aux traditionnelles semi, 10km et 5km, le dénommé Challenge Marcel Rudloff qui additionne les 3 épreuves pour en faire une grosse course de 36,1 km saucissonnée par 2 grosses pauses. C’est sûrement autour de ce dernier point que va s’articuler le défi des 3 courses.
Est-ce bien raisonnable ?
Cette course tombe pile un mois après mon marathon de Paris, est-ce bien raisonnable ? Je n’en étais pas persuadé il y a encore 2 semaines mais sur les tous derniers entraînements, mon cardio recommençait à m’indiquer des données habituelles, je fais de nouveau de l’EF sous les 5:30.
Pas de prépa particulière, à part la reprise des fractionnés 2 semaines avant et une semaine de repos juste avant. Le Week-end par contre a été assez mouvementé, avec un festival Punk-Rock et la bière qui va avec suivi de 2 nuits plutôt courtes … Je ne suis plus tout jeune, n’oublions pas !
A la bourre
Le challenge commence par le semi dont le départ est à 8h00 ce qui implique un réveil à 6h00. Je me donne 30 minutes pour le petit-déj’ et m’habiller, mes affaires sont prêtes depuis la veille. Je rejoins Thomas pour covoiturer et me retrouver à Strasbourg à 7h15. Pas encore de stress, le dossard on l’a déjà, c’est le club de Mommenheim qui nous les a récupérés.
Thomas ne fait « que » le semi et part donc de la voiture en tenue alors que moi j’ai mon sac avec mes affaires de rechange, je passe par la case consigne. Je me rends compte que je commence à être à la bourre en sortant du hall AGR à 7h45. Je trottine car le départ n’est pas tout de suite à côté. Je re-trottine jusqu’à vraiment courir, la panique s’installe.
Dans le sas élite
Le départ pour les « Challengers » se fait dans le sas élite (waow !!) et donc tout devant. Je longe les barrières derrière lesquelles les semi-marathoniens attendent jusqu’à dépasser la ligne de départ et toujours pas d’accès sas. C’est pas vrai ! Je suis du mauvais côté ! Je saute par-dessus les premières barrières pour passer de l’autre côté de la route devant les kenyans qui s’échauffent et réussis à trouver l’entrée, il reste 4 minutes et je suis déjà à 140 de pulsations.
Le temps de jeter un œil autour de moi et retrouver Thomas (un autre Thomas, un qui fait le challenge) avec qui on avait décidé de courir ensemble. Du moins, j’espère qu’il sera mon lièvre car j’ai quand-même un doute sur mon état de forme.
Bon c’est parti, on a la place qu’il faut, j’avais un peu peur de la cohue, surtout placé dans un sas où tout le monde est sensé courir beaucoup plus vite que moi. En fait, il y avait aussi plein d’autres coureurs qui sont tout autant élite que moi, notamment de simples licenciés FFA.
4:40 d’objectif
On part vite, trop vite, 4:15 les premiers hectomètres au lieu des 4:40 d’objectif, l’adrénaline a fait son effet. Je suis pourtant très à l’aise, on discute même entre nous. La sagesse nous fait ralentir malgré tout mais on tourne quand-même souvent aux alentours de 4:30. On se freine l’un l’autre sans arrêt, le semi n’est que l’entrée du jour, ne l’oublions pas.
Au loin, un peu avant le parc Pourtalès, je vois le président du Club qui fait les 3 courses aussi, il avait mis 2h45 l’an dernier, un chrono que je n’atteindrai pas, je n’ai pas son niveau et puis c’est le président !! J’en profite pour discuter un peu avec lui, il a une allure plus lente car revient de convalescence. Ce kilo je le fais à 5:04, Thomas en a profité pour s’arrêter boire mais on a une moyenne à tenir et on repart ensemble entre 4:30 et 4:40.
A la sortie du parc, aux km 7-8 on croise les coureurs avec le meneur des 2h et quelques têtes connues du club, j’en profite pour les encourager. Pour certain c’est le premier semi et l’objectif majeur de la saison.
Fatigué
De mon côté je n’ai pas la super forme, essoufflé et déjà fatigué, j’attends avec impatience le prochain ravito du km10 pour boire et prendre un peu sucre. Je fais signe à mon binôme d’y aller, pour ma part je vais marcher le temps de boire et m’alimenter. Je ferai ça vite vu mais ça me fait du bien et je ressens assez rapidement un regain d’énergie.
Je suis seul à présent (enfin avec 3000 autres personnes) mais j’ai un bon rythme aux alentours des 4:30. Je ne tarde pas à revoir Thomas que je vois se retourner, je lui fais signe que j’arrive, il lève un peu le pied et on se retrouve vers le km12. On a fait plus de la moitié.
Le chrono affiche 1h38
La suite se fait toujours à une allure plus rapide que prévu, on a une moyenne de 4:37. L’entrée dans le centre historique et sur le parvis de la cathédrale où la foule est un peu plus nombreuse ne nous fait pas ralentir. Cependant, d’un commun accord, on décide de lever le pied pour de bon, il reste 4km, l’objectif de 4:40 sera atteint et on commence à être dans le dur tous les deux.
On croise enfin des orchestres pour un peu d’animation. C’est sûr que le départ matinal ne favorise pas une ambiance de folie. Qui a envie de se lever un dimanche matin à 8h00 pour aller voir dans le froid (fait pas chaud pour un mois de mai) des gars en baskets et tenue fluo ?
On navigue au-delà des 4:40 à présent mais rien d’affolant. Les 2 derniers kilos sont longs mais l’arche d’arrivée est enfin visible après un dernier virage. Le chrono affiche 1h38, comme prévu. Thomas est bien marqué, peut-être un petit début d’hypoglycémie. De mon côté ça va plutôt bien. Je profite de la zone de ravito pour guetter l’arrivée de maillots connus.
Essayer de courir à 4:40 à nouveau
Il est 9h45, j’ai 45 minutes à tuer avant le départ du 10km. Je marche tranquillement en direction du hall AGR où se trouve la consigne pour me changer. Maillot, tour de cou et casquette sont trempés, je suis bien content d’avoir pensé à des affaires de rechange. J’en profite pour prendre une demi-compote et m’étirer (est-ce que c’est une bonne idée ?).
Le temps passe finalement assez vite et je suis une fois de plus à la bourre. Je suis une fois de plus du mauvais côté pour accéder au sens et une fois de plus escalade les barrières … Décidément ! J’arrive à destination et retrouve mon collègue 5 minutes avant le départ. Le temps de définir une « stratégie » qui sera d’essayer de courir à 4:40 à nouveau … « Essayer » car les jambes sont dures, difficile de savoir comment le corps va réagir après quelques foulées. On verra bien !
J’ai perdu mon comparse
Il y a beaucoup plus de monde, est après le coup d’envoi c’est la guerre entre ceux qui passent en force entre nous, ceux qui zigzaguent, il faut faire attention où l’on met les pieds. Je ne regarde pas trop la montre, je laisse me porter par le feeling, feeling qui n’est pas terrible d’ailleurs. Je vais bien mettre 2km à me sentir bien et pour l’instant l’objectif est tenu même si Thomas commence à lâcher un peu.
Jusqu’au 5ème je déroule plutôt pas mal mais j’ai perdu mon comparse et ça me fait un peu chier quand-même, ça serait sympa qu’on le termine ensemble ce 10. Je suis à 4:41 de moyenne, je ne vais ralentir, du moins pas sciemment car le coup de moins ne va pas tarder. Sans m’en rendre compte mon allure a ralenti de 10 secondes au kilo et je commence à penser avec impatience à l’arrivée.
Franchir la ligne ensemble
On repasse devant la cathédrale mais l’euphorie n’est plus la même que sur le semi, je serre les dents et mes muscles semblent me lancer des avertissements, ces petites douleurs qui pourraient devenir des crampes. Plus que 3km, ça va le faire et devinez qui se trouve à côté de moi ? Thomas a réussi à me rejoindre et ça me fait franchement plaisir.
Maintenant c’est à moi de m’accrocher, je me cale sur son rythme, il va un petit plus vite que ce que je courais mais c’est encore dans le domaine du possible pour moi. Ni lui, ni moi avons échangé un mot, nous sommes tous les deux dans le dur.
On plafonne aux alentours des 4:45, je sais que l’objectif ne sera pas atteint même si on n’en sera pas très loin. Encore une fois ce dernier km qui n’en fini et l’arche d’arrivée que l’on passera en un peu plus de 48 minutes. On est tous les deux très marqués, ce fût dur. Je félicite Thomas pour sa remontada, c’est une réelle satisfaction d’avoir une fois de plus pu franchir la ligne ensemble.
Dernière fois vers la ligne de départ
A présent il ne reste plus que la cerise sur le gâteau, le 5km. Les jambes font mal et je marche difficilement jusqu’à la consigne pour me changer une 2ème fois. Je rencontre le Président qui se plaint de sa cuisse et Ruth, la flamboyante V2 du club qui a bouclé son semi en 1h28 et son 10 en 43min (elle finira 2ème féminine).
L’ambiance est bonne malgré quelques grimaces et après quelques étirements on se dirige tous une dernière fois vers la ligne de départ. Cette fois-ci la pause était de presque une heure et l’arrivée dans le sas se fera donc bien en avance même si les démarches étaient quelque peu walkingdeadiennes ©zaille.
Comme sur un ultra
J’attends avec impatience le départ pour torcher ça « vite »-fait. Thomas arrive après moi et la stratégie est claire : arriver au bout. C’est drôle, on a un objectif de finisher comme sur un ultra mais pour un 5km. L’ambiance est à la rigolade, les challengers savent qu’ils vont en finir et dans la foule beaucoup de gens sont là juste pour s’amuser sur une distance à la portée de tous. Evidemment, tout devant, ce n’est pas pareil mais c’est un autre monde (15 minutes les 5km pour le 1er) !
Après le départ …ouille … aille, le démarrage est difficile. On se fait dépasser de tous les côtés, on se balade bien au-delà de 5:00, on s’en fout, on est en train de terminer un sacré défi. Les 2 premiers kilos se font à 5:17 mais je suis à fond. Au bout d’un moment je commence quand même à trouver un rythme en essayant d’oublier la douleur en plaisantant avec certains coureurs.
Cerveau sur OFF
Je remarque que Thomas n’est plus là, je me retourne mais ne le vois pas. Il avait effectivement l’air d’avoir encore plus mal aux jambes que moi. Je cours à présent sous les 5:00 (waow ! non, pas waow) mais le rythme est constant. J’ai mis le cerveau sur OFF, c’est un pied devant l’autre à présent, mal ou pas mal.
Pour la dernière fois ce km que je déteste, ce dernier km. Mon sentiment envers ces derniers 1000m est allé crescendo durant cette matinée, il ne faudrait pas qu’il y ait une 4ème course, même en roller ! Allez !!! 25:47, ouille, aille … mais c’est terminé et donc ouf ! Thomas arrivera une vingtaine de secondes après moi dans le même état.
Dans la foule des coureurs de 5 on reconnait les quelques (nous étions 169) challengers avec la médaille des 40ème éditions des courses de Strasbourg autour du cou. On a tous le sourire aux lèvres, fiers et heureux de ce challenge accompli. 2h53 d’effort pour 36,1 km. On n’est pas loin d’un marathon mais les pauses imposées sont une réelle difficulté supplémentaire. Content d’en être arrivé au bout sans trop de bobos mais pas sûr de remettre le couvert l’année prochaine.
1 commentaire
Commentaire de philibert69 posté le 15-05-2019 à 11:17:39
Beau cr pour une course au format atypique
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