Récit de la course : Ultra Trail Vallées Lot Dordogne 2019, par meocli

L'auteur : meocli

La course : Ultra Trail Vallées Lot Dordogne

Date : 13/4/2019

Lieu : Cahors (Lot)

Affichage : 1413 vues

Distance : 180km

Objectif : Terminer

6 commentaires

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180 / 3700; 6 points iTra... Entraînement: 1 semaine!!

Voici un récit en deux temps!

 

Tout d'abord une copie de la lettre faite à l'organisateur:

Bonjour,

Comme vous sembliez le demander, voici quelques petits ressentis concernant votre course.

Tout d’abord, un grand merci et bravo.
Pour une première c’était, selon moi, une belle réussite.

Parcours d’une grande beauté.
J’ai grandi en Corrèze et j’habite maintenant le Lot-et-Garonne, je connais donc bien le Lot, mais la version touristique.
J’ai beaucoup apprécié le côté sauvage qui dépayse totalement. Étonnant de passer à côté de sites si fréquentés sans croiser personne pendant plusieurs heures.
Quelle connaissance des chemins!

Personnellement, je suis plus amateur de singles et de gros dénivelés, ce qui m’a manqué (trop de bitume à mon goût).
Mais, je m’en doutais bien entendu et encore une fois, j’ai vraiment découvert une course enthousiasmante.

En revanche, les 20 derniers km extrêmement plats m’ont gonflé.
J’étais bien jusqu’à 160 (dernier ravito liquide); après, complètement mort (à peine une semaine d’entraînement pour préparer la course ce qui était insensé).
Malgré tout, s’il y avait moyen de le faire, raccourcir cette fin (ou, à défaut, la rendre plus technique) me semble nécessaire.

Côté ravito: très bien (maintenez la Saint-Yorre, c’est si rare et pourtant indispensable!)

Il me semble toutefois qu’il faudrait prévenir d’avantage qu’il y en a peu.
C’est très clair dans le règlement.
Mais pour ceux qui ne le lisent qu’en diagonale, trois ravitaillement solide en plus de trente heures peut s’avérer cruel.
En l’occurence, j’avais prévu le coup. Je n’ai manqué de rien (peut-être des pâtes à Gramat, mais la piémontaise était très bien également).

Dur, dur, de ne pas pouvoir dormir la nuit: il faisait vraiment trop froid pour s’allonger dans l’herbe et 23h à Gramat, c’était trop tôt.
J’ai croisé un panneau avec des chameaux indiquant un couscous: quelle déception lorsque j’ai compris qu’il ne s’agissait que de feuilles?!
Mais là, concrètement, je ne vois pas de solution. Et malgré tout, j’ai survécu sans trop baisser ma moyenne!!

En ce qui concerne le balisage.
Globalement parfait (effectivement, c’était beaucoup mieux la nuit).
En revanche, les intersections devraient être beaucoup plus signalées.
Je n’en ai raté qu’une (entre le premier et deuxième ravitaillement, là où un gars cultive un champ de petits dolmens! (donc j’étais encore frais)). Je me suis douté que j’avais loupé quelque chose car plus de balise par la suite et arrivé dans un petit bourg avec de multiples routes, j’ai compris qu’il fallait faire demi-tour et j’ai trouvé sans problème.
Mais deux gars me suivaient de loin et l’ont raté également.
Après, j’étais du coup, un peu anxieux et plus vigilant. Plusieurs fois, j’ai vraiment tourné au dernier moment.

Côté chrono: pas compris.
On m’a fait changer de balise GPS à Labastide-Murat car batterie faible.
Du coup, plus de suivi; j’ai même eu un appel du médecin de la course qui voulait savoir où j’étais.
Pour une fois, ma montre n’a pas planté…
J’ai noté les tours en partant des CP (pas en arrivant): voilà mes temps réels (entre parenthèse les vôtres):
CP1: 7h26 (6H47; là, c’est sûr que je ne suis pas resté 3/4 d'heure)
CP2: 16h07 (15h03; une heure d’arrêt à Gramat est tout à fait possible)
CP3: 26h01 (25h41; là, ça se tient aussi)
Et dans votre page de classement: je suis 42e en 33h26, alors que je mets 34h05…
Cela étant dit, le classement ne m’intéresse pas plus que ça!

Bon pour finir, par contre, le gros truc qui m’a fait râler: les couverts en plastique!
Les verres surtout!
Que l’on n’ait pas le choix pour les bouteilles, passe encore (les bouteilles en verre coûtent encore trop cher).
Mais cela fait maintenant plusieurs années que toute les courses imposent le gobelet personnel (la plupart des coureurs en avait un).
En plus, vous glissez dans la dotation la charte des évènements éco-responsables…
Pour la fête à la saucisse je dis pas, le public n’étant pas très sensible à la chose (et encore, les mentalités changent), mais dans le trail, l’écologie est une valeur qui compte.

Bon, je crois que j’ai fait le tour.
Évidemment les points négatifs sont plus développés, mais je le redis: magnifique épreuve.
Très belle, bien organisé, difficile (à ne pas sous-estimer du fait du peu de dénivelé).
J’ai passé un super WE!

Bonne continuation à vous,
C.

Et miantenant un compte-rendu plus personnel:

Lever 4h30 samedi matin et départ pour Cahors.
J'arrive un peu avant 7h, dans les premiers: aucun problème de parking (à deux minutes de la ligne de départ / arrivée); retrait des dossards en quelques minutes (aucun contrôle du matériel obligatoire; GPS pour tout le monde).
Je reste sur place pour préparer mon sac de base de vie qu'ils me prennent tout de suite.
Ça, c'est fait, il n'est même pas 7h30, il fait bien froid (l'herbe du stade et les pare-brise de l'organisation sont gelés); je retourne donc dans la voiture pour une mini-sieste.

7h55, j'arrive dans le sas: nous sommes 95 inscrits (3 féminines!). Sur 180 km, ça ne fait pas lourd. Effectivement, en fin de journée et pendant la nuit, je passerai plusieurs heures sans croiser un seul coureur.

Le départ est ponctuel: petit tour de Cahors en passant par le pont Valentré.
Comme d"habitude, je me cale à la fin.
Enfin presque;, parce que deux gars sont encore plus cool que moi: 5mn de pause pâté / saucisson toutes les 45mn; eux, sont vraiment trop lents pour moi. Je ne sais pas s'ils auront été au bout.
Dans la ville le balisage est inexistant, et très rapidement, je ne vois plus personne devant moi. Heureusement, ce sera beaucoup mieux par la suite.
Je discute avec un coureur qui a également fait le Tor et la Ronda; direct, je lui dis que je cherche un partenaire pour Euforia. Il ne semble pas hyper emballé et me fait part de douleurs aux pieds qui ne font pas de lui un bon coéquipier. Effectivement, je le lâche rapidement pour en rattraper un autre qui lui a fait le GRP 80 l'an dernier et se lance sur le 120 l'été prochain. Il profite de cette course pour tester une nuit dehors. Certes, mais un premier 180 (même avec peu de dénivelé) me semble ambitieux pour préparer le GRP...
Jusqu'au premier ravito (22,5km; que du liquide), nous ferons le parcours “ensemble” en nous doublant à tour de rôle. Au point, qu'ils me suivent alors que j'ai raté une intersection. Pour la première fois, je prenais une photo d'un gars qui installait plein de tas de cailloux dans son champ (genre menhirs): étonnant, plutôt joli.

Au ravitaillement, je les sème définitivement car je ne les reverrai plus.
Je suis à 6km/h de moyenne, ce qui me va tout à fait. Jusqu'à Gramat (90 km, mi-course), je tiendrai ce rythme sans difficulté: pas mal avec une seule semaine d'entraînement!
À partir de là, le paysage se fait de plus en plus sauvage. C'est surprenant, car je connais quand même un peu le coin et je sais qu'il y a des petits hameaux de partout. Là, on a l'impression qu'ils ont vraiment cherché tous les chemins les évitant. C'est souvent de la piste pour 4 x 4 (donc très roulant), parfois du mono-trace et du bitume (toutes petites route de campagne).
Nous sommes dans le Causse, les chênes n'ont pas encore leurs feuilles et lorsque l'on arrive en haut, il y a des vues époustouflantes (j'aime les panoramas!!) Comme c'est très vallonné (ça ne fait que monter et descendre (mais très court à chaque fois), il y a souvent ces points de vue à couper le souffle.

Nous traversons le parking des grottes de Pech Merle (que nous avions visitées en famille l'an dernier; ce qui fait toujours du bien au moral). Grosse impression peu après en arrivant sur Saint-Cirq Lapopie; on surplombe cette église monumentale pendant plusieurs minutes.
Premier vrai ravitaillement (Cabrerets, 45km, 7h30): Tuc, camembert, soupe x 3 (en salé, il n'y a rien d'autre).
Changement de chaussettes, Nok; j'ai très mal sous le pied gauche entre la plante et les orteils (la partie qui appuie le plus, en fait).

Le second quart se passe très bien, la chaleur tombe petit à petit, de plus en plus sauvage.
À part un couple de randonneurs (très sympa) et le ravito liquide (où les bénévoles s'ennuient ferme et pensent que l'on fait 18km?!), je ne croise absolument personne.

J'arrive à Gramat à 23h, en bon état, si ce n'est cette douleur au pied gauche.
Gros ravito: soupe x 3 encore, pâté, salami, gros bol de piémontaise (qu'il me faudra plusieurs heures à digérer...); change intégral.
Grosse hésitation sur les chaussures. Je portais les Trabuco 6 offertes par Asics en compensation de mes déboires au Tor avec le modèle 5. Indéniablement mieux, mais j'ai quand même un doute, il y a cette douleur au pied. Je change donc et reprend les vieilles (modèle 4) qui date de la 4K 2016 et qui en ont vu depuis (recollées et tout).
Je me retrouve avec des pantoufles, plus la moindre douleur. La chose est décidé s'en est fini des Trabuco; reste à casser la tirelire pour acheter deux nouvelles paires de... Toujours pas vraiment décidé.
En tout cas, bon choix pour les chaussures; en revanche grosse erreur: je ne prends pas le pantalon avec moi.

Je repars restauré, changé, ravi car les douleurs au pied sont passées. Décidé à avaler cette nuit.
Que ce sera dur: j'ai eu terriblement froid (apparemment tous les autres m'ont dit la même chose) et passé 2h du matin: gros coups de fatigue: quelques hallucinations légères, mais j'ai surtout piqué du nez en permanence. J'ai tout fait: crié, chanté, parlé tout seul... Ça a été long, très long.
5h20 pour faire 24km et là (ravito liquide), la bénévole sort de sa voiture congelée, on essaie de discuter un peu mais le coeur n'y est pas. Je repars pas plus réveillé qu'avant et le lever du soleil est long à venir.

Comme d'habitude, les premiers rayons chassent la fatigue et je commence à doubler (pas souvent, nous ne sommes pas nombreux, mais régulièrement). Je suis maintenant à 5 de moyenne.
J'essaie de ne pas trop tarder au dernier ravitaillement solide: 135km, 26h de course. J'y croise encore des coureurs qui ont fait Diagonale, Swiss peaks... Le niveau est relevé!
Il reste un quart; tout le monde nous félicite, je sais que c'est encore très long et ne m'enflamme pas.
Les 21 km, jusqu'au dernier ravito, se font encore bien, moins de Causses, quelques petites grimpettes qui me font plaisir. Il y a un peu plus de civilisation et surtout, les autres courses (180 VTT et relais, 80 trail et VTT) nous rattrapent. Ça fait plus de monde sur les chemins.
Moralement, ça aide; je discute plus souvent.
Par contre, j'ai quand même un doute sur les vélos: quel plaisir trouvent-ils à gueuler toutes les 2 mn: attention, je passe à droite? Limite, je trouve ça dangereux. Mais bon, ça se passe bien.

Il commence à faire bien chaud lorsque j'arrive à ce dernier ravitaillement, il reste 21 km, 100 D+, autant dire que c'est plat. Je me dis que 4h, ça serait bien (et j'y arrive presque: 4h15), mais j'ai l'impression de ne jamais avoir autant souffert sur une course.
Je pensais que ma montre déconnait lorsque que je voyais que j'étais à 5 - 6 km/h. J'ai eu chaud (plus d'eau pendant la dernière heure et demie). L'impression d'être passé par le même chemin la veille (confirmé par une autre coureur), alors que: pas du tout!!
Je me fais doubler sans arrêt, surtout par les autres courses, mais aussi par ceux du 180.
Voilà, sans entraînement, j'aurais eu la caisse pour 160 bornes et 30 heures de course. Là, je le paye.

J'arrive quand même à bon port. Pas de grosse ambiance à l'arrivée (nous sommes trop peu nombreux et c'est dimanche soir, chacun trace; j'ai fait pareil).
Content!

Et puis, je mets 34h05 soit 1h 30 de moins que sur l'ultra-marin en 2015 (qui a moins de dénivelé) pour lequel j'étais entraîné normalement et qui m'avait valu une périostite.
Plutôt en forme le pépère donc!!

6 commentaires

Commentaire de philibert69 posté le 19-04-2019 à 13:11:13

Ben voilà, super!! Tu as même réussi à mettre des photos et heureusement parce que ton histoire d Obélix et ses menhirs, on aurait pris ça pour une hallucination due à la course .

Commentaire de meocli posté le 19-04-2019 à 13:21:54

Hé, hé!!
Franchement, c’était vraiment étonnant!
Je vais essayer d’en savoir plus sur cette pratique mystique!!

Commentaire de TomTrailRunner posté le 20-04-2019 à 13:48:21

Belle découverte assurément... Tu nous donnes envie
Merci

Commentaire de meocli posté le 20-04-2019 à 14:33:54

Merci pour ton commentaire!

Commentaire de PhilippeG-641 posté le 12-01-2020 à 21:55:14

Bravo meocli, félicitations pour la gestion de cette course ! Merci pour ton récit et les photos.
Je crois que je vais le tenter cette année car est annoncé 5200m...

Commentaire de meocli posté le 13-01-2020 à 14:53:45

J'avoue qu'avec mes soucis de santé du moment, je n'ai pas du tout suivi la nouvelle édition de cette course. Il va falloir rajouter quelques petites collines pour trouver 50% de dénivelé en plus.
Comme pour tous les ultras, si la météo est favorable, et d'après ton CR de la Ronda l'été dernier, c'est le genre de course qui devrait t'éclater!

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