Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km 2019, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km

Date : 16/3/2019

Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 2484 vues

Distance : 80km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

Partager :

La décrépitude ?

Dimanche 17 mars, 3h du matin. Cela va faire deux heures que je tourne dans mon lit. Dès que je trouve une position confortable, des crampes me tétanisent les jambes. Incroyable. Je suis prudemment allé dormir dans la chambre d’amis pour ne pas réveiller mon épouse, et je m’étonne de cette réaction inédite de mon corps. Je n’ai portant rien fait d’exceptionnel aujourd’hui, à part courir 80 km.

Mais, je le dis, c’est pas pour frimer, je ne pensais pas que courir les 80 km de l’Ecotrail me mettrait dans un état pareil. Quatrième participation consécutive à cet épreuve, j’aborde cette course avec la confiance du vieil habitué. Arrivé vers 11h à la base de loisirs de Saint-Quentin en Yvelines, c’est toujours prudent de compter large, et ça me permet de distribuer tranquillement les 5 dossards retirés la veille au salon. Je retrouve avec plaisir Arnaud et Eddie, mes compères du marathon de Pise. Eddie nous raconte que par distraction, il s’est retrouvé au départ de la course à… Saint Cyr (où a lieu le départ du 45 km). Lui aussi a eu raison de compter large ! Malheureusement, pour eux la course sera plus cruelle qu’en Italie. Je retrouve aussi avec un grand plaisir Andrée, qui vient courir pratiquement sans entrainement depuis son accouchement, mais qui bénéficie de l’expérience inestimable de son compagnon triathlète Christophe. Eux auront le plaisir de rallier la Tour Eiffel.


C’est un avantage d’avoir déjà fait cette course. Je sais qu’il peut y faire humide et froid (l’édition de 2018 est dans toutes les mémoires), mais qu’il ne faut pas transiger avec les provisions d’eau. C’est donc (trop) chaudement vêtu et le sac lesté des 1,5 L réglementaires que je prends le départ. Objectif crânement avancé : faire mieux que les 8h11 d’il y a deux ans.

C’est une grosse erreur, vouloir faire un temps en trail, en tout cas pour moi. L’œil bêtement rivé sur ma montre, j’essaie de contrôler mon allure et de gérer au mieux les temps forts (plat jusqu’à Buc) et faibles (parcours accidenté après), au lieu de simplement profiter du paysage. Le premier tronçon, jusqu’à Buc, est roulant à souhait. J’aime beaucoup, y compris la partie urbaine à Saint Quentin en Yvelines. Pour le coup, la gestion est facile ! Je me contente de ne pas dépasser les 12 km/h.

Buc (Km 23, 1h55). Cette année, le ravito a lieu au château plutôt que dans la cours de l’Ecole, en raison de travaux. Mais je retrouve avec plaisir l’ambiance chaleureuse de ce ravitaillement, où de nombreux supporteurs viennent encourager leurs proches. Je me force à manger (saucisson, fromage), rempli mes gourdes, et me remets en marche rapidement. Moins de 2 min d'arrêt au stand !

En route pour Meudon, à 26 km de là. C’est le gros morceau de l’Ecotrail. Nous sommes dans les bois et c’est génial, d’autant que cette année la météo est agréable et les chemins souples. C’est vallonné et c’est moins cool. Je m’applique à marcher dès que ça monte, sans toujours parvenir à récupérer. Je ne suis pas habitué à de telles bosses, moi ! J’ai parfois l’impression de me consumer dans ces montées, et j’en perds un peu le fil de ma course. J’ai la sensation que de nombreux coureurs me dépassent (ce qui se révèlera faux, puisque j’aurai gagné 40 places sur cette section). Un coureur me demande «tu penses que tu vas arriver au bout, toi ? » « Ben oui, pas toi ? » « non, je suis parti trop vite ». J’essaie de le réconforter rapidement, et m’en éloigne (rapidement aussi, ce qui pour le coup n’a pas dû le réconforter !) .

Meudon, (Km 48, 4h39). C’est un emplacement magnifique mais il ne faut pas s’y éterniser, trop de vent ! Le plaisir d’aider des jeunes bénévoles est touchant. Ce point d’eau, géré par les Orphelins Apprentis d’Auteuil, me fait immanquablement penser à mon grand-père, qui se fournissait en chocolat chez ces mêmes Apprentis et nous en proposait quand nous allions le voir.

A partir de maintenant, il y a un ravitaillement tous les 10 kms, c’est beaucoup plus facile, d’autant que le gros du dénivelé est derrière nous me semble-t-il. La batterie de ma montre tombe en panne, ce n’est pas la première fois, mais c’est un authentique coup de chance. Fini la « gestion » déprimante de la course, j’oublie le temps cible profite enfin pleinement des sentiers. Quand je m’ennuie, j’ai un prétexte tout trouvé pour lier conversation avec les autres coureurs.



Photo : page FB de la course (après tout, vous vous en fichez de voir ma bobine sur chaque photo !)

 

Chaville (Km 60, 5h44). C’est le ravitaillement où, traditionnellement, j’apprends les résultats du rugby de l’après-midi. Cette année, le Pays de Galle a battu l’Irlande et remporte le Tournois. Je remplis mes gourdes, prends une rondelle de saucisson, et me remets en route. N’ayant plus de montre, je me fie au soleil pour évaluer l’heure, l’objectif étant de ne pas mettre la frontale avant le ravitaillement de Saint Cloud. Cette partie est de nouveau assez roulante, et j’ai encore assez d’énergie pour courir, sauf quand ça monte, bien sûr.

Saint Cloud (Km 69, 7h08), mon ravitaillement préféré. Il règne toujours ici une ambiance de fête. J’entends de loin la musique, Queen chante « Radio gaga », repris en choeur par les bénévoles. Puis, sur l’air de « Tomber la chemise », ceux-ci chantent « Sortez la frontale ». Pari gagné ! Un jour où je serai moins bête, je prendrai le temps de faire des photos du parcours, et m’amuserai à tirer le portrait de ces bénévoles qui donnent une si belle personnalité à tous les ravitaillements. Mais là je me contente de les remercier et d’attaquer le dernier tronçon.

D’abord la descente vers la manufacture de Clèves, sympa, puis les quais. Depuis la fin des travaux ceux-ci sont bien moins sinistres, et les premiers kilomètres passent vite (enfin, il me semble, j’avance en fait à 10 km/h). Je suis surpris de voir que tout le monde court, ce qui a le mérite de m’obliger à faire pareil. La Tour se rapproche, tout doucement. Un couple de coureurs que je suis depuis longtemps m’épate, elle par la légèreté, lui par la facilité avec laquelle il l’accompagne, lui commentant notre entrée dans Paris. Comme depuis le départ, je continue à courir tout le temps sauf dans les côtes, mais ma définition de côte est devenue beaucoup plus subtile. Derniers ponts, dernier quai, puis dernières marches. Un bénévole donne un coup de sifflet pour signaler mon arrivée, d’autres arrêtent la circulation pour me laisser passer, la grande classe. Cette année, le chronomètre s’arrête au pied de la tour, après 8h13 de course. Mais nous montons quand même par l’escalier, je trouve que cet effort manque de saveur, d’autant qu’il me faudra une demi-heure, exposé au vent, pour réussir à redescendre.


La récupération des sacs est rapide. Je fais connaissance dans les vestiaires des crampes, qui commencent à me tétaniser. Un bon massage et un plat de lasagnes plus tard, je rentre tranquillement en RER, découvrant les messages d’encouragements multiples reçus toute la journée, et prenant des nouvelles des copains. Je découvre aussi mon classement. Après avoir fini 158ème  il y a deux ans et 159ème l’an dernier, je suis cette année 160ème. La décrépitude de l’âge sans doute.

Dimanche, 8h du matin. Ma fille vient me réveiller, c’est vrai que je lui avais promis qu’on irait faire du vélo. Le temps d’émerger tranquillement, et nous partons avec elle et mon épouse pour 12 kms de balade le long de l’Yvette. La vie est belle.

6 commentaires

Commentaire de Shoto posté le 21-03-2019 à 18:13:53

Chouette CR et très beau chrono. La décrépitude de l âge semble bien lente chez toi ... Tu as encore de beaux classements et chronos à réaliser sur l ECOTRAIL ;-) .. pour la récup je te conseille la prochaine fois la chryotherapie corps entier ... qui a été tres efficace chez moi.

Commentaire de marathon-Yann posté le 25-03-2019 à 18:40:16

En guise de cryotherapie j'ai essayé la douche froide à l'arrivée, avec un succès relatif.

Commentaire de Ze Man posté le 22-03-2019 à 22:11:45

Bravo ! Toujours cette régularité incroyable ! J'aime beaucoup la subtilité croissante dans l'appréhension des côtes :)

Commentaire de marathon-Yann posté le 25-03-2019 à 18:41:45

Merci Man ! C'était pas fait exprès pourtant !

Commentaire de L'Dingo posté le 23-03-2019 à 15:43:29

158ème, 159ème, 160ème ... avec un peloton qui s'accroit de bien plus d'une unité par an , c'est plutôt la marque d'une progression.

Well done ;-)

Commentaire de marathon-Yann posté le 25-03-2019 à 18:45:18

Hehe, c'est vrai, je n'avais pas vu les choses comme ça. Et si je ne perds qu'une place par an, encore de belles années en perspective. Vous n'avez pas fini de me lire !

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran