Récit de la course : Le Maxi Cross de Bouffemont - 25 km 2019, par Ze Man

L'auteur : Ze Man

La course : Le Maxi Cross de Bouffemont - 25 km

Date : 10/2/2019

Lieu : Bouffemont (Val-d'Oise)

Affichage : 3122 vues

Distance : 25km

Objectif : Terminer

7 commentaires

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Maxicross Bouffémont

C'est l'histoire de ma première participation au Maxicross de Bouffémont et de mon premier trail d'une manière générale. Il paraît qu'il faut un début à tout, à la différence près que je me souviens assez bien de mon autre 1ère fois et que ça n'avait clairement pas duré aussi longtemps que dimanche dernier, même si c'était dur. Mais je spoile, excusez-moi.

Au départ, je m'étais dit qu'une course qui se déroulait dans la ville de mes grands parents ne pouvait être qu'une bonne chose. Ca les ferait sourire de me savoir dans les bois près de chez eux et ça serait l'occasion de leur rendre visite. Comme quoi l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Du coup je me suis documenté grâce à la fabuleuse base de données qu'est Kikourou. J'en profite pour remercier les infatigables chroniqueurs qui font la richesse de ce site : dès que je veux en savoir plus sur une course, je fouille compte-rendus et forum et je dévore les impressions des uns et des autres. Ca me fait voyager d'une part et ça précise les aspects desdites courses d'autre part. Merci, merci mais alors merci à vous !

J'apprends donc qu'en plus du format pour les grands (41km), il existe un 10km et un 25km, et que ces épreuves, situées au milieu des frimas de l'hiver, se déroulent dans des conditions parfois extrêmes, genre en 2018 dans la neige, ce qui m'avait impressionné (du fond de mon canapé) à l'époque. Ca s'insère par contre très bien dans une préparation au marathon de Paris auquel je suis déjà inscrit, ça sera un bon test pour d'éventuels trails cet été si tout se passe bien et puis papy-mamie, quoi !

Sur le papier, c'est vertueux.

Là où le bât blesse, c'est que mon volume d'entraînement diminue drastiquement à l'approche de la date fatidique : depuis les 10km de Paris 14, j'ai couru la Foulée des Monts d'Or la semaine suivante sans rien dans l'intervalle, puis une seule sortie la semaine de Bouffémont. Rien la semaine d'avant. En tout et pour tout, ça fait 3 courses sur 3 semaines - tout ça n'est pas très Jim Walmsley, voire tout à fait insuffisant. D'ailleurs quand j'arrive au gymnase le dimanche matin pour retirer mon dossard, je me sens tout petit. Mais alors tout petit petit. Je n'ai pourtant choisi que le format 'ado' de 25km, ne m'estimant carrément pas prêt à encaisser les 41km des grands là tout de suite dans la saison.

Je suis parti de Paris à 6h45 sous la pluie, je me gare sous la pluie dans une rue adjacente, je dépose mon sac à la consigne sous une averse torrentielle - ok, c'est bon, j'ai compris le concept de la journée. En fait, pas du tout. J'étais à des années lumière de savoir ce qui se présentait devant moi.

8h30 : le départ a lieu sous la pluie afin de garder une certaine cohésion d'ensemble. C'est l'occasion pour moi de découvrir la course avec un sac à dos et des flasques (merci papa Noël) et je dois avouer que j'ai adoré ! Simple note pour plus tard : prévoir des sels minéraux grâce à la St Yorre c'est bien, mais il faut bien anticiper que secouer de l'eau gazeuse à chaque foulée augmente la pression qui s'échappera furieusement à l'ouverture de la flasque. Ca fait bizarre la 1ère fois (décidément).

Je m'élance en milieu de peloton, et même si ça grimpe gentiment au début, je m'aperçois que tout le monde part plutôt doucement. Ah mais en fait c'est ça le trail ? C'est comme la course sur route de base, mais en moins vite, ok, j'ai compris.

Et puis c'est comme quand tu vas en free party : à un moment donné, on quitte forcément la route pour prendre le petit sentier sur la gauche. Et là, je sens confusément que quelque chose a changé. C'est peut-être cette boue ultra liquide qui tapisse le sentier que l'on emprunte à la queue leu leu en tâchant tant bien que mal de ne pas trop se mouiller les pieds ? En fait, le trail, c'est comme la course sur route, mais dans la gadoue. Ok, j'ai compris.

Je me sens bien mais j'ai du mal à trouver mon rythme. Difficile de doubler car ni le sentier en particulier ni le terrain en général ne s'y prête. Ca bouchonne un poil, et même si je ne suis pas si pressé, j'aimerais bien en profiter un peu quand même. Au lieu de ça, j'ai le regard constamment rivé sur le sol devant moi pour anticiper un maximum le relief et surtout les flaques. Peine perdue, je suis bien trempé au bout de 3 km... et pourtant j'hésiterai jusqu'à la fin devant les flaques, alors que franchement, avec un peu de recul, autant y aller franchement car je n'ai vu personne ressortir de l'épreuve sec et immaculé. Je suis content de mes chaussures qui accrochent un minimum, mais là on a affaire à quelque chose de beaucoup plus costaud. A Bouffémont, ce qui compte ce ne sont pas tes crampons mais tes lacets. C'est bien la seule chose qui t'empêche de finir en chaussettes, les chaussures noyées dans un océan de boue. Je glisse donc de façon intempestive mais pas de gamelle en ce début de course. L'allure me va bien car j'ai vite compris que l'important n'était pas nécessairement de courir vite, mais rester sur mes 2 jambes et sur le sentier.  J'abandonne également assez rapidement l'idée de courir dans les côtes. Le trail, c'est comme la course sur route, mais on marche quand ça monte. Ok, j'ai compris.

Arrive le ravitaillement du 11e km. On a passé je ne sais combien de bosses jusque-là, le physique tient mais je sens que je suis entamé. On n'est pas encore à mi-course. Une petite alarme résonne dans mon cerveau malade. Les passages sur bitume me font du bien au moral : au moins je ne risque pas mon intégrité physique à chaque pas. Je découvre d'ailleurs ce que descendre veut dire. Au fil des récits et exploits rassemblés sur Kikourou (Cf plus haut), j'ai appris que la descente pouvait être tout un art. Et pourquoi pas moi, me disais-je ? Bah ouais, si ça se trouve je suis moi aussi un super descendeur ? Retour à la vie réelle et me voici devant une vraie descente, bien à pic comme il faut, avec de la boue qui glisse façon savonnette et des pierres qu'elles font mal, et puis une 2eme, une 3eme, une 12eme et puis je perds le compte. James Dean disait "vivre vite, mourir jeune et faire un beau cadavre". Il y a clairement devant moi de quoi mourir vite, ça c'est clair, mais ça fait plus de 20 ans que je n'ai plus 20 ans et étant donnée la couche de boue, ça ne sera pas joli joli quand on me ramassera. C'est vite vu : wallah j'y vais pas. Je m'applique donc à descendre précautionneusement, tel le crapaud qui était juché sur la boîte d'allumettes. De toute façon, depuis que je cours avec ces collants ridicules, ça fait longtemps que j'ai mis ma fierté de côté. Le trail, c'est comme la course sur route mais tu marches en montée, tu fais gaffe dans les descentes et il n'y a pas de plat. Ok, j'ai compris.

Et puis ce que je commençais à pressentir arriva : je suis cuit, ou alors vraiment pas loin. Dommage, je n'en suis qu'au 15ème km. Les glissades et la boue m'ont fait découvrir des muscles que je ne soupçonnais même pas. J'ai mal partout et même si le mental est encore bon, je commence à m'inquiéter sérieusement pour la suite de la course, puisqu'on ne peut pas encore parler de fin quand il reste à parcourir 10km sur 25km au total. Je monte plutôt sûrement mais les relances se font de plus en plus difficiles. Traduction : c'est mieux quand je marche que quand je cours. Je m'accroche malgré tout. Le trail c'est comme la course sur route mais tu fais moins le malin. Ok, j'ai compris.

20ème km : c'est officiel, je n'en peux plus. Le peu de mental qui me restait s'est délité au fil des minutes. Les problèmes volant souvent en escadrille, je crois que le fameux M arrive à ce moment-là. J'hallucine tellement ça grimpe et je crois mourir plus d'une fois dans la descente qui n'est pourtant pas bien longue. Comble du comble, après m'être fait pas mal dépasser sur ces derniers km, je me retrouve tout seul en pleine forêt. Personne devant, personne derrière. Sauf que moi, ma hantise c'est l'orientation ! Il suffit de tourner à droite puis à gauche et je ne sais plus où j'en suis. Et là je me retrouve à ramer comme un galérien, perdu en pleine forêt... Si j'aurais su... Manquerait plus que des (méchants) loups pour que ça soit la totale ! Je marche souvent, je cours un peu et ouf, de la compagnie arrive en la forme d'une vingtaine de coureurs qui vont me dépasser sur un km ou deux. Le fait de me faire doubler me pique un peu au vif mais ce sont surtout les mots gentils des autres coureurs pour m'encourager qui me font le plus de bien. Merci à eux ! Et pourtant, pas moyen : dès que je cours je suis souffrance, je suis douleur, j'ai dû être un pêcheur dans une autre vie pour mériter ça (alors qu'en plus, moi, le poisson j'aime bien, mais de là à accomplir une vocation...) Je puise tout au fond de moi pour courir malgré tout mon corps qui me supplie de faire contraire. Je me traîne, je n'en peux plus ... mais j'avance. De toute façon je n'habite pas ici donc il va bien falloir que je me sorte de cet enfer, pas vrai ? Nouveau taquet derrière la tête : j'arrive à la fin du 24e et je vois bien qu'on n'est même pas proche de l'arrivée. Le parcours fait au final 25.9km (à ma montre) et non 25.0, et la perspective des derniers 900m imprévus me fait bien mal.

Sauf que dites-moi pas que c'est pas vrai, me revoilà à courir et à accélérer, alors que franchement, ça aurait été une excellente idée de faire ça avant, bougre d'âne que je suis ! Allez comprendre... La perspective du picotin d'avoine de l'arrivée ravive les instincts du bourrin que je suis et je galope jusqu'à l'arrivée que je franchis en pleine bourre, toutes proportions gardées. Rahaaaaaa lovely ! Comme c'est bon quand ça s'arrête ! 2h 46min au final dont au moins 1h à de franche galère. Je ne sais pas si le trail est comme la course à pied, mais c'est au moins une superbe école d'humilité.

Avec un poil de recul :

- parcours très difficile du fait de la boue qui rend les appuis infernaux, ça doit être moins compliqué quand il fait sec - mais fait-il parfois sec à l'occasion du maxicross de Bouffémont ? J'en doute.

- je n'étais clairement pas assez entraîné et je l'ai payé cher (mais alors très cher). Je peux faire illusion sur des courses faciles et rapides, mais au bout d'un moment, le manque de sérieux finit par se voir. Promis on ne m'y reprendra plus.

- RDV l'année prochaine pour la revanche. Même endroit, même distance (plus serait trop pour moi).

 

Compte-rendu écrit du fond de mon canapé (là où tout a commencé, souvenez-vous), perclus de courbatures.

 

 

7 commentaires

Commentaire de DavidSMFC posté le 12-02-2019 à 00:23:25

J'aime beaucoup ton récit ! Belle découverte du Trail avec Bouffemont^^

Au final, un chrono très correct ! J'ai mis 15 minutes de plus mais pas de souffrance pendant et pas de courbatures après :-)

Bonne récupération !

Commentaire de marathon-Yann posté le 12-02-2019 à 07:19:28

Encore un texte qui donne la pêche. Si j'ai bien compris, le trail c'est comme le Mud Day, mais ça dure plus longtemps, c'est ça ?

Commentaire de Ze Man posté le 12-02-2019 à 13:43:15

héhé ! Exactement ! ☺

Commentaire de Ze Man posté le 12-02-2019 à 13:42:58

Merci messieurs. J'ai beau me dire que c'est le métier qui rentre, la leçon a été rude ! Ca va me servir pour le futur et a minima pour le marathon dans 2 mois.

Commentaire de bubulle posté le 14-02-2019 à 08:28:54

Le trail c'est comme la course sur route sauf qu'on s'emmerde moins en courant, quoi, finalement...:-)

Bon, pour un premier trail, tu as quand même bien choisi, alors on va te livrer un scoop : ils ne sont pas nécessairement tous comme ça. Il arrive parfois que la boue ne coule pas en ruisseau dans les descentes.

Me suis bien marré à ton récit, l'air de rien. Je sens que voilà un kikoureur qu'on va bientôt plus retrouver sur les chemins que sur le macadam.

Commentaire de Arclusaz posté le 14-02-2019 à 08:45:08

Bienvenue parmi les sangliers. vraiment un chouette récit.

Commentaire de ilgigrad posté le 14-02-2019 à 09:11:04

Bravo ! Chouette récit et chrono plus qu’honorable. 2h46, cramé et après une heure de galère, beaucoup auraient signé pour moins que ça. Au final, la boue, ça laisse de bons souvenirs. Ravi que l’exercice t’ait plu; j’espère que tu en découvriras d’autres sur lesquels tu t’amuseras davantage.
Bonne préparation marathon et à un de ces quatre sur un sentier..

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