Récit de la course : Marathon International du Beaujolais 2018, par cabalex

L'auteur : cabalex

La course : Marathon International du Beaujolais

Date : 17/11/2018

Lieu : Villefranche Sur Saone (Rhône)

Affichage : 2262 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Objectif majeur

2 commentaires

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MARATHON DU BEAUJOLAIS, LA COURSE PORTE-BONHEUR

17 novembre 2018, jour de marathon du Beaujolais. Jour de manifestation nationale des gilets jaunes. Un point commun : les déguisements. Moi, j’ai juste envie de courir, me défouler, vivre pleinement ma passion, retrouver les copains, ceux avec lesquels j’ai vécu l’une de mes plus belles émotions sportives, il y a un an, le podium avec la « triplette gagnante », Olivier Tarcy et Christian Marcot. Il y a deux jours, Christian doit finalement renoncer à cause d’une douleur à une jambe, la mort dans l’âme, lui qui a participé aux 13 premières éditions du MIB ! Plus d’équipe, « un duo gagnant » et Christian dans mes pensées, doublement motivé.

Au petit matin, la radio annonce la couleur, une journée mémorable avec des blocages imprévisibles. On a déjà donné un autre 17 novembre, il y a 25 ans, le but d’Emile Kostadinov, le footballeur bulgare, à la dernière minute, un souvenir qui hante la France du sport. Moi, je préfère un autre Emile, Zatopek, le marathonien. Pour éviter ces blocages, j’accompagne très tôt à Villefranche sur Saône un ami, Martial Billet, qui s’élancera à midi sur le semi-marathon et monter dans une des navettes pour rejoindre Fleurie, 40 km plus au nord. Fleurie, village haut perché typique du Beaujolais aux pierres dorées, l’accueil est toujours aussi formidable avec orchestre de batucada et procession de drapeaux, le MIB c’est 70 nations représentées, sur les 17000 participants toutes courses confondues ! Cette course est unique avec le marathon du Médoc : la dégustation en vin du Beaujolais nouveau commence avant la course pour se poursuivre tout au long de la journée. Boire ou courir, une partie des 2500 participants ne choisiront pas !

UNE AMBIANCE UNIQUE

Avec l’ami Olivier Tarcy, on espère faire aussi bien que l’an dernier (2h56’ pour lui et 3h14’ me concernant), mais dans mon for intérieur, le pied, ce serait de finir ensemble. 8h45, au moment du rassemblement sur la ligne de départ, je revois une vieille connaissance de l’ESL Pierre-Bénite, Vincent Chapuis, ex-international de 3000m steeple. Il a raccroché quelques dossards depuis peu après plusieurs années consacrées aux études et l’entrée dans la vie active. Il vise moins de 3 heures, après avoir couru New-York en 2h54’ l’an dernier « un parcours plus roulant que celui du Beaujolais, dit-il, mais avec un final casse pattes dans Central Park, une ambiance incroyable ». Question ambiance, le MIB, ce n’est pas mal non plus. L’échauffement en musique type boîte de nuit, des centaines de coureurs aux déguisements les plus rigolos (j’ai serré la main à Gilbert Dantzer, alias le Jésus du running, la star du peloton), la présence de quelques coureurs élite comme le parrain de l’épreuve, le traileur-viticulteur du Beaujolais François D’Haene, l’échauffement impressionnant du lyonnais Hugo Altmeyer, à faire des sprints incessants avant d’avaler 42 bornes dans les pattes…8h58, une minute de silence émouvante dédiée aux êtres disparus, puis le peloton joyeux et coloré s’élance sur la musique de Vangelis « Conquest of paradise », je pars juste derrière François D’Haene, reconnaissable par son grand gabarit (imaginez mon émotion de courir avec celui qui a gagné les plus grands trails du monde).

ENTRE CHATEAUX ET VIGNOLES

L’effervescence du départ occasionne quelques chutes d’entrée dont Olivier Tarcy, je le rejoins au bout de quelques dizaines de mètres avec ses gants complètement troués. Le peloton s’étire dans les rues du village, dans la brume matinale, au milieu des vignobles. Un panneau indique : Villefranche, 42,195km. Je papote brièvement avec Olivier et encourage Vincent qui part devant. Je ne m’emballe pas dans cette entame piégeuse, un long faux-plat descendant, car le parcours du MIB n’est pas « classique » mais réserve pleines de surprises. Des petites routes de campagnes au bitume inégal, des chemins caillouteux en forêt, des traversées bucoliques de domaines et caves de châteaux, des petites côtes qui cassent le rythme et des fibres, trois-quatre bosses sérieuses qui annihilent tout espoir de record…on fait du yoyo, pas un kilomètre à la même allure…Les premiers kilomètres défilent à l’allure prévue, les sensations sont bonnes, premiers chemins et raidillon au km 4 et la traversée du domaine du château de Corcelles. Le premier grand moment de la course advient au km 10 avec le passage dans les très beaux jardins du château de Pizay avec la descente d’un caveau par des escaliers, qui fait la renommée mondiale de ce marathon. J’aime cette ambiance folklorique, même si je demeure dans ma bulle, car le marathon exige pour moi une certaine constance et discipline pour performer.

MAGNIFIQUES COULEURS D’AUTOMNE

Entre le 15ème et le 20ème km, la traversée est typique au cœur du vignoble, dans un environnement très vallonné au pied du mont Brouilly. Mes temps de passage sont idéales (sur les bases de 3h06’), je cours souvent avec le même groupe. La traversée des différents villages et hameaux est toujours festive, avec des encouragements nombreux, de la belle musique et des décorations multiples. Les enfants tapent dans nos mains, des inconnus vous encouragent systématiquement par votre prénom inscrit sur le dossard. Des spectateurs déguisés comme les coureurs, tel un Chubaka plus vrai que nature faisant une haie d’honneur….Viennent ensuite quelques bonnes lignes droites en pleine campagne, après le semi, où je croise Manu Seiller, entraineur- coureur de l’ESL, venu encourager et accompagner sa compagne, la course à pied offre des moments de partage et de communion rares. Du 25ème au 30ème km, les quadriceps commencent à être fatigués mais j’ai toujours la rage de vaincre. Ne rien lâcher, lutter contre l’attraction terrestre, ne pas se désunir, rester concentré, se ravitailler intelligemment, vivre l’instant présent et maîtriser le souffle comme me l’apprend en ce moment le yoga. Très beau passage en forêt avant Arnas avec de magnifiques couleurs d’automne, teintées de rouge et de jaune. Après un passage en 2h12’ au 30ème km, l’allure ralentit inexorablement avec un faux-plat montant prononcé de deux kilomètres. C’est là qu’une Flèche (c’est son nom) prénommée Magali, lauréate en 2016, me dépose, menue, petites foulées. Mais le vétéran s’accroche, il connait le final et ne lâche rien. Pensées positives, je décompte les kilomètres avec espérance. Passage en sous-bois où je refais en partie mon retard et l’arrivée au château de Talancé, à Denicé (km 34) se fait dans de meilleures dispositions que l’an dernier. Au sommet de la côte, le lieu est sublime à parcourir, avec en prime un champ typé cross bien boueux.

« ON LACHE RIEN »

L’entame de la descente est l’occasion d’allonger un peu la foulée mais restent sept kilomètres sur bitume où une défaillance soudaine est toujours possible. Je suis surpris de revenir sur Olivier, pris de crampes, au courage, il repart, je l’encourage. « On va l’finir ensemble main dans la main ce marathon, on lâche rien » lui dis-je, puis à trois kilomètres du but, j’accélère le rythme afin de me rapprocher des 3h12’, temps estimé. On rentre dans Villefranche, le public est de nouveau en masse, la traversée du lycée Louis Armand au pas de charge, j’aborde le dernier kilomètre à fond, à près de 15km/h, en pente légèrement descendante, rue Nationale au décor somptueux, avec un cœur « qui tambourine, palpite » comme le chante si bien Bénabar dans « Marathonien », sur son dernier album. Je rattrape un à un mes compagnons de route, galvanisé par l’issue chronométrique favorable, littéralement porté par le public. Les derniers hectomètres sont vraiment durs musculairement et la ligne d’arrivée franchie comme une délivrance. Ma joie est énorme. 120 secondes de moins que l’an dernier (3h12’15’’), c’est la récompense d’une course où j’ai pris du plaisir de bout en bout.

SEBASTIEN SPEHLER, UN HOMME D’EXCEPTION

Olivier termine en 3h14’, on débriefe alors dans le marché couvert de Villefranche où nous récupérons nos sacs de change et en prime un bon ravitaillement. Nous immortalisons l’instant avec François D’Haene (qui accompagnait un ami en 2h57’), en photo de groupe. Puis, je me change rapidement en face de Sébastien Spehler, traileur de haut niveau. Il me regarde sympathiquement, je suis fringant, j’entame la conversation. Il est assis au côté de sa compagne et un beau chien dressé. C’est son premier marathon, qui plus est accidenté, un effort intense, différent du trail. Beaucoup d’humilité et de gentillesse durant l’échange, alors qu’il vient de battre le record de l’épreuve en 2h24’ sur un parcours très exigeant, un mois après sa victoire au grand trail des Templiers. Un grand champion renforcé par les épreuves de la vie (problèmes familiaux, échec scolaire) et qui a réussi grâce au sport. Sébastien est vraiment un homme d’exception. Je retrouve enfin Vincent Chapuis (qui a couru avec François D’Haene) et Martial Billet qui claque un beau 1h21’ au semi. La boucle est bouclée, encore pour moi et les centaines de coureurs et bénévoles une édition 2018 du MIB porte- bonheur.

2 commentaires

Commentaire de LtBlueb posté le 20-11-2018 à 18:20:45

joli récit et jolie course . bravo !

Commentaire de lecomte 69600 posté le 05-03-2019 à 17:12:00

Effectivement belle course.

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