L'auteur : slemire
La course : Trail des Aiguilles Rouges
Date : 30/9/2018
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 1478 vues
Distance : 50km
Matos : Cascadia 12
Objectif : Objectif majeur
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Hello à tous,
Premier CR pour ma part
Pour me présenter rapidement, 44 ans, je cours depuis 4 ans après avoir fit pas mal d'escrime qund j'étais gamin,. Coureur moyen, 3H30 au marathon, 42 au 10 et vraiment mauvis quand ça grimpe :)
Première fois à Chamonix, on arrive à 4 (+1 avec le chien) en voiture le vendredi soir, 7H de route, repas très sympa à la Calèche, une fondue classique
Hotel au top, appart hôtel 60M2 2 chambres, piscine, hors saison les tarifs sont vraiment abordables surtout à 4 adultes.
Le samedi est consacré à une petite randonnée sur le Lac Blanc, on rate le téléphérique de retour et on fait une belle marche de 19km la veille de la course c’est pas malin mais c’était beau.
Un dernier restau pour profiter, La Fine Bouche (fondue mais au top) et on rentre préparer les sacs à l’appart. mon pote Tony se moque, il a l’impression que je pars en trek, suis chargé comme un mulet (il avait raison)
On est 4 au final, 2 sur le TAR, 1 sur le petit TAR (16km, 1200D+) et 1 en logistique.
Le sommeil vient plutôt vite avec un réveil à 3H. Petit déj rapidement avalé et départ dans la nuit noire vers la place du triangle de l’amitié avec bcp d’autres cinglés (euh coureurs pardon).
La place est noire de monde, ils ont tous l’air affutés, on se place à la fin du peloton avec une stratégie claire démarrer tranquille, gérer et faire ce qu’on peut. Mon expérience en course de montagne est minime et je sais pas à quelle sauce on va être mangé.
Sierre Zinal Mi Aout a été très difficile (4H45 contre 4H attendu), j’ai pris conscience que j’avais encore du boulot en côte et le trail de la Cote d’Opale m’a confirmé que l’entorse était loin derrière et que les cannes étaient là sur du plat (2H45, 99ème sur 1200 avec 31km et 800D+). En gros je suis dans le flou mais j’aimerais faire sous les 10H30
4H pile départ dans les rues de Chamonix, du public qui sort de boite et l’on s’enfonce vers la montagne pour se faire les premiers 1400D+ en 17 km.
Première partie plutôt facile, on marche beaucoup, les lumières de la vallée en contrebas. On repasse par le Lac Blanc (moins beau la nuit que le jour) et le soleil se lève sur le Mont Blanc à 7H. Franchement tu sais pourquoi tu fais ça, c’est beau, vraiment beau.
Des passages de corde sur la montagne, le ravin en bas, la neige faut être un peu concentré.
Un coureur se fait une grosse entorse devant moi, je m’arrête 10mn lui fait un strap et lui met ma chevillère. De toute façon suis pas à 10 mn près
Je repars comme un cabri pour rattraper mon frère dans les descentes et bim mon baton se casse net, j’ai pas fait le 1/4 de la course et ça va pas le faire. Une réparation de fortune, un baton 20 cm plus petit et c’est parti
1er Ravito à Plan Praz, il fait jour, la soupe est bonne, le physique est nickel je traine un peu. Mon frère me dit que la barrière horaire est à 1/2H faut pas trainer quand même.
On repart par une succession de belles montées (ou je galère) et de beaux singles en descente (ou là ça va bcp mieux). Je me fais bouchonner et mon frère s’envole devant moi je le reverrais plus.
Et là sans comprendre pourquoi au niveau du pont D’arlevé vers le 24ème km je commence à souffrir, les descentes qui étaient un plaisir deviennent un calvaire, mal aux cuisses, mal au pieds (j’ai cassé des ongles mes orteils sont bleus). J’aspire à voir des montées pour récupérer.
Et là elle arrive la montée tant attendue mais il est 10H du mat, il fait super chaud (je suis trop couvert, ça fait 6H que je cours) et tout le monde me double le moral en prend un sacré coup. Petit arrêt compote de pommes au refuge de Moede Anterne, la tête sous la fontaine et on repart sur une grosse descente de 1000D- jusqu’au ravito. Je peste, j’ai mal aux pieds, aux jambes , je trouve ça beau mais dur.
Le ravito au 31ème km me fait un bien fou, je me change, je mange, je discute avec d’autres coureurs l’ambiance est bonne il fait beau pas envie de repartir. J’essaie d’appeler ma femme est mes filles et ça décroche pas petit coup au moral.
Je pars pour une montée terrible de 400D+ avec des cordes, des échelles franchement on aurait cru de la via Ferrata.
Je discute avec une fille de 45-50 ans qui fait son premier trail (suis épaté du niveau), elle grimpe tranquille. le rythme est cool, c’est une belle rando
1H de montée et on arrive en haut et là c’est sublime, la lumière est exceptionnelle, le lac de Pormenaz est magique, des alpages c’est le meilleur moment de la course, , boosté, je peux recourir, les jambes répondent bien après 34 km (bon je me fais une petite cheville mais ça passe), un vrai kif la descente commence au début ça passe je double une fille qui m’a dépassé en montée mais sa tendinite au genou l’empêche de profiter des descentes. Je la soutiens, on parle un peu et on se dit à tout à l’heure dans la montée et après le calvaire commence mais là vraiment.
La descente sur Servoz me fait comprendre que sur un trail les descentes font vraiment la différence. Les jambes me font mal, mes Cascadia n’étaient pas assez serrées, j’ai les pieds en sang et 4 grosses cloques et tout le monde me double mais vraiment tout le monde. J’ai l’impression d’être dernier, personne devant, personne derrière ça ne m’est jamais arrivé et je suis pas fan
Je peste, je me dis que c’est moche, je parle tout seul, je me dis que c’est pas de la course à pieds mais une randonnée pourrie en forêt avec pierres mises là pour nous faire ch….
Je suis seul, je me pense abandonner au prochain ravito à Servoz car je me dis qu’après il y a la grosse montée sur l’aiguillette des Houches avec 1200D et surtout la descente que je ne me vois pas faire dans cet état.
Le D- devient moins fort, je vois 2/3 bénévoles toujours au top et je me remet à trottiner jusqu’au ravito de Servoz. Pas trop de monde, on sent bien qu’on est là pour finir, pas pour une perf. Les BH sont quand même loins, tout le monde a l’air entamé ça me rassure un peu.
Je n’arrive toujours pas à avoir mes filles au téléphone, petite larme mais les textos de mes potes qui m’attendent aux Houches me remotivent. Je ne vais quand même pas lâcher ce TAR alors que je viens de me faire un marathon avec 3000D+ et que je cours depuis 9H. Il me reste 12 km, 1200D, c’est plié en 2H30 dans ma tête (je mettrais un peu moins de 4H…).
Je repars vaillant comme toujours près les ravitos, je cours jusqu’à la montée finale et bim le mur. Ça grimpe sans discontinuer pendant 6km, 1200D faut se les encaisser, je ne double personne (ça change pas, mais j’avance. Je me refais passer par la fille à la tendinite (à le running la montagne c’est pas le même sport que sur Lille), elle toujours aussi sympa
Sur la fin je commence à en doubler certains, je reprends confiance mais appréhende cette descente surtout avec mes orteils. Arrivé en haut je prends 5 mn pour resserrer mes chaussures, et allez go vaille que vaille direction les Houches et là je m’en veux, mes pieds ne bougent plus dans les chaussures, j’ai mal mais c’est supportable, je peux recourir (bon pas vite mais au moins j’arrête la rando.
Mon tél vibre tout le temps mes potes à l’arrivée me soutiennent, ceux restés à Lille aussi. Mes filles m’encouragent ça fait du bien et franchement la descente sous cette petite pluie je la kiffe, bon je vais pas très vite mais je cours et je vais arriver, finir ce puta… de TAR.
Arrivé sur les Houches mon frère arrivé 2H avant court avec moi le dernier km, Nico, Tony (et mon chien...) m’attendent sur la ligne d’arrivée ça fait vraiment plaisir,, c’est con mais je suis heureux.
Mon cousin est mort cet été d’un cancer du poumon à 48 ans et je pense à lui à ce que je peux faire et lui non et je me dis profites, profites, profites :))
Un petit coup de fil à la famille, ma femme est rassurée, elle était franchement en stress.
Mon frère fait 10H45 et moi 12H50, il me met 200 places dans la vue et il eu un rythme de fou à partir du 25ème sans se faire doubler une fois. Je finis dans les derniers vers la 450ème place mais c’est rien, je suis un mec des plaines. Je me dis plus jamais de course comme ça, la montagne c'est trop dur et au bout de 10 mn dans la voiture je pense à ma revanche l’année prochaine
Une super course, le parcours dans les aiguilles rouges est magnifique, pas trop de bouchons, on est souvent solo. Les bénévoles sont canons, franchement rien à dire. Enfin si Faites du D+ et du D- avant, serrez vos chaussures et prenez du plaisir et RDV place du triangle de l’amitié en Septembre 2019
4 commentaires
Commentaire de Gilles45 posté le 15-11-2018 à 18:06:49
Très sympa et touchant ton CR d’autant que tu n’as pas commencé par la course la plus simple !
Je suis moi-même un ancien coureur de bitume de 43 ans et… qui habite en plaine.
J’ai vécu des expériences similaires sur mes premiers trail de montagne en 2014. Tu peux me croire on apprend vite de ses erreurs. Chaque nouvelle course fut une progression d’une façon ou d’une autre dans ma gestion des évènements
Avec 3h30 au Marathon tu as le foncier. Il suffira ensuite de te faire des cuisses de montagnard…et de savoir serrer tes chaussures !
Commentaire de Shoto posté le 16-11-2018 à 08:07:24
Sympa ton CR. Bravo, tu as un bon gros mental de finir malgré les douleurs. Tu as le foncier, pour tes prochains trails montagne, avec un bon travail de D+ tu te feras des quadris de bouquetin ! moi j utilise notamment le vélo en côtes en complément de la CAP.
Commentaire de NRT421 posté le 16-11-2018 à 10:05:42
Merci pour ce CR sobre, clair et bien évocateur. Ce parcours Cham - Les Houches a été celui de mon 1er TAR. Etant aussi par obligation un être des plaines, j'ai pu revivre avec toi la "subtilité" de la montée finale vers le Prarion.
J'ai une mauvaise nouvelle pour toi : le "plus jamais ça", j'ai déjà connu, et le "10 min après je cherche déjà à décider quelle est la prochaine" aussi. Si ça le fait comme pour moi ... eh ben t'es pas sorti de la marmite ;-)
Commentaire de slemire posté le 19-11-2018 à 17:54:57
Merci à vous.
Après une réflexion d'un peu plus de 10 mn quand même car j'avais mal partout ;) J'ai recoché le TAR pour 2019 mais je gérerais mieux l'avant course, j'allégerais mon sac et je serrerais mes chaussures ;)
Je vais bouffer du terril cette année, éviter de me faire une entorse en Mai et me refaire un bon WE à Chamonix avec les potes fin Septembre !!!
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