Récit de la course : Ultra Tour des 4 Massifs - Challenge 160 km 2018, par IziiJon

L'auteur : IziiJon

La course : Ultra Tour des 4 Massifs - Challenge 160 km

Date : 23/8/2018

Lieu : Grenoble (Isère)

Affichage : 3712 vues

Distance : 160km

Objectif : Objectif majeur

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Un challenge en 4 actes

Acte 1 - Le Vercors en mode gala

 

Les jambes me brûlent, les 10 derniers jours de relâchement sans grosse sortie m'ont paru interminable, avec qu'une seule envie, celle d'enfin courir cette course.

J'évacue donc toute cette frustration avec un gros départ. On est nombreux dans le SAS mélangé avec les 40séries dont mon ami Ganash et les 20vercors, je n'étais pas en  1ère ligne dans le SAS mais je me faufile rapidement aux avants postes pour m'amuser à faire le tour du parc en tête puis calme le jeu dans les rue de seyssinet pour laisser filer les élites.

Ayant bossé 5 ans à Seyssinet-Pariset, je me lance sur un parcours que je connais par cœur, je me rappelle même au bon souvenir de la Mairie en croisant une ancienne collègue qui ferme la circulation au village pour traverser la route. Je cours l'intégralité des premiers kilomètres jusqu'à la la ferme froussard.

J'ai déjà perdu Gan' parti plus prudemment, et commence à me faire lâcher par Laurent, qui envoie sur le 20.

1er coup de cul pour atteindre la ferme des Visons, je sors les bâtons pour le raidard et les range aussi vite que je les ai dépliés pour rejoindre la Tour Sans Venin.

Un pti coucou à Marco monté jusqu'ici pour attendre sa douce et c'est maintenant que la course commence, je ressort les bâtons et je sais que je vais en avoir besoin un bon moment jusqu'au sommet du Moucherotte. Je trouve mon rythme et arrive rapidement au pied du tremplin, quelques marches à gravir et j'aurais le droit au 1er ravito pour faire le plein d'eau.

Je recroise pas mal de bénévoles avec qui j'étais le week-end précédent pour préparer les retraits dossards, tous m'encouragent, ça me pousse à repartir vite.

Je suis maintenant dans la partie la plus raide du jour, l’ascension au Moucherotte avec une motivation supplémentaire à le gravir, sachant que Floriane, en reportrice/photographe/assistance de choc m'attend là haut avec sa maman.

C'est là que je suis surpris de reprendre Laurent, pourtant dans les 1er du 20, mais tous les voyants sont au vert alors je ne ralentis pas.

Je retrouve enfin Flo et passe le sommet du Moucherotte /15km 1700d+/ badgé en 2h06 - 17ème position, (ce sera mon plus haut classement sur les 4jours).

La 1ère vraie descente de cette ut4m est là, il est temps d'appliquer ma stratégie : préservation de cuissot ! Je descends donc tout en maîtrise, pas trop rapide pour amoindrir les impacts, mais sans trop de retenue non plus pour pas forcer sur les genoux ! Et là double surprise : je suis assez rapide pour reprendre des 20 et des 40 dans cette descente, et dans le même temps je me fais doubler par des challenges qui envoient comme des cochonspeut-être qu'ils jouent le classement sprinteur...

J'arrive à Lans /20km 1700d+/ en 2h30 juste avant le 5ème du 20 en 19ème position. Remplissage rapide des flask et c'est reparti pour la 2ème difficulté du jour : Le Pic Saint Michel.

C'est ici que les écarts vont se faire, on repart en faux plat montant, je trottine à petit pas pour m'économiser pendant que ceux qui me doublent relancent plutôt fort.

Les écarts sont faits, il n'y a plus de peloton je peux monter "tranquillement" à mon rythme jusqu'au sommet du Pic Saint Michel, ce passage est super agréable, hyper aérien, on évolue en crête avec d'un côté la vue sur le plateau du vercors et l'autre la vallée grenobloise entourée des 3 autres massifs qui nous attendent.

Une fois le sommet passé, redescente maîtrisée jusqu'au col de l'arc puis je plonge direction St paul de Varces.

Cette descente est redoutée et redoutable : 1400 m de d- sur 5,5km, j'essaie de conserver la même maîtrise mais la forte pente m'oblige à forcer un peu sur les cuisses pour me freiner, et en plus de ça il faut rester vigilant, entre virages secs, passages rocailleux, et portions grasses.

30min plus tard je suis bien content d'arriver à St Paul de Varces pour le dernier ravito. Le plein d'eau pour tenir jusqu'à l'arrivée et c'est reparti pour une petite transition de plat à courir avant d'attaquer la dernière difficulté du jour : l'Uriol et ses 400d+. C'est large et peu technique, donc pas trop de mal mais c'est long et la température commence à monter.

Depuis le départ on avait la météo parfaite, juste couvert avec un léger vent pour avoir de la fraîcheur et assez dégagé pour profiter des panoramas.

Quand on bascule au sommet de l'Uriol, tout ça se finit, on arrive en plein cagnard dans une atmosphère chaude et étouffante...j'ai bien fait de refaire le plein d'eau.

Je comptais finir cette étape en relançant fort dans la descente puis le plat, mais la chaleur fait monter mon cardio malgré moi... je me maintient juste ma foulée jusqu'à l'arrivée où je pourrais enfin me rafraîchir.

 

1er Jour bouclé /37km 2700d+/ en 5h19 – 26ème

 

Bilan du 1er jour :

Que du positif ! Je suis bien content de mon temps, largement sous mon objectif, sans pour autant m'être cramé. Je me suis enfin libéré, ma gestion des descentes ne me frustrent pas trop non plus et en prime les conditions météos et le décor était parfait. L'autre super surprise...c'est l'ambiance et le soutien : j'ai reçu des messages d'encouragement avant/après, croisé tous les copains de Grenoble Trail et Courir A Grenoble un peu partout sur le parcours ! Ce challenge je le joue vraiment à domicile :)

 Au niveau des objectifs : l'objectif "place" top30 va être compliqué, je sais que ne pourrais pas maintenir ce rythme sur 4jours.  Par contre je pense que mon objectif "temps" est bien calibré (prévu 5h45).

 

Après cette 1ère journée de course où j'ai découvert tous les coureurs (la liste n'étant pas communiquée avant le départ) j'ai 2 impressions :

-  le niveau moyen est un peu plus élevé que sur les précédentes éditions.

- l'élite qui joue la gagne est un peu moins relevée.

 

// Transition J1 > J2 //

Je file direct à la douche à Vif, juste le temps de ressortir propre et sec que mon ami Ganash arrive:) sous les 6h objectif atteint pour lui aussi ! On grignote un bout puis direction l’arrêt de bus pour rentrer sur Grenoble, on se fera finalement gentiment déposé à Grenoble par une ptite famille de supporter venue à l’arrivée, super sympa de leur part :). Je file alors profiter de l’espace récup du Musée : Cryo + massage et je rentre avec des jambes toutes légères à mon camp de base pour ces 4 jours… Et quel camp de base ! Floriane, en + de me laisser son appart pour les 4jours, est au petit soins avec moi, préparation des Pasta Party, lessive du t-shirt dossard…une vraie Mama, elle assure ! Et cerise sur le gâteau, ma chérie me rejoint ce soir, car demain elle sera aussi alignée pour l’Oisans.

 

Acte 2 – L'Oisans...de la gestion à l'explosion

 

Pour gagner une heure de sommeil par rapport au départ de navette (loin d'être négligeable dans ce challenge où la récup' est capitale) Ganash se dévoue pour nous emmener au départ à Vif.

Ce matin, contrairement à hier, nous sommes séparés des 40séries car le départ vite étroit risque de créer des bouchons, ils partiront donc 30min après nous.

Juste le temps de faire un dernier bisou à ma chérie et j’entre à 6h30 dans le SAS où je retrouve Christophe et  reste dans le fond avec les autres challengers, loin des leaders qui animent la tête de course.

Les jambes sont un peu raides mais pas courbaturées, je ne m'inquiète pas, j'aurais bien le temps de les mettre en chauffe car aujourd'hui le plus gros morceau nous attend : 51 km pour 3400 D+ (7h50 en prévisions, et c’est la reco où j’ai le plus souffert).

A 7h le départ est donné ! Et effectivement ça part beaucoup lentement qu'hier...dès la 1ère montée dans le champs qui sert à étirer le flow de coureur, je me retrouve malgré moi dans le gros groupe de 50 qui se détache déjà du reste du peloton. Des montées descentes dans un champs, une descente d’escalier étroit pour passer sous l’autoroute, au final on se retrouve à faire du fractionné à froid !

En plus de s’être levé aux aurores exprès pour nous, Gan’ s’est posté sur le pont au dessus de la voie ferré pour nous encourager ! Au top !

Après un « prologue » interminable on arrive enfin à St Georges de Commiers où la 1ère grosse montée qui nous emmène à La Chal nous attend. Petite pensée à Korb’ et sa douce qui prendront le départ de l’Xtrem à 16h, en leur souhaitant d’aller jusqu’au bout à 2 et de ne pas s’arrêter devant la maison^^.

La montée se passe bien, c’est large, régulier et aucunement technique, je ne m’attendais d’ailleurs pas à emprunter autant de portions bitumées jusqu’à Laffrey.

J’arrive dans le brouillard au Col de La Chal – 1h27 – 10km 1100d+ - 28e au général

Maintenant que je suis bien chaud, je déroule dans la descente vers Laffrey et arrive à bonne allure au ravito où Surprise, Dawa Sherpa, souriant et généreux comme à son habitude est présent pour le ravitaillement en eau, quel bonheur de pouvoir partager un instant pareil, aussi court soit-il.

Je ne m’attarde pas non plus et repart en longeant le lac de laffrey encore bien dans la brume.

On s’attaque alors à la montée vers La Morte, rien de bien palpitant, des alternances de montées plus ou moins raides dont l’essentiel sur piste forestière. Normalement on a au moins une vue du dessus du lac de laffrey depuis un belvédère mais aujourd’hui je sens qu’il faudra se contenter du brouillard. En tout cas pour courir ça ne dérange pas, bien au contraire c’est les conditions idéales, depuis le début de ce challenge je n’ai pas eu à sortir une seule fois la veste, et on ne souffre pas de la chaleur comme cela a pu être le cas plus tôt dans l’été.

C’est dans cette montée que les 1er du 40séries nous rattrape, ils sont impressionnant : 2 coureurs se suivent très largement en tête, et courent (en tout cas jusqu’à La Morte) l’intégralité des montées:O.

Hormis les 1ers du 40, presque personne me double, mon classement reste relativement stable – 30ème au général à La Morte – 3h30 – 25km 1900d+

Juste avant le ravito je retrouve à ma grande surprise PAF (finisher de l’Xtrem2017) qui m’accueille tel un reporter avec une ptit live facebook pour Grenoble Trail TV, il en profite aussi pour m’annoncer que ma chérie ne doit pas être loin derrière, seulement 15min d’écart à Laffrey. J’ai un peu de mal à le croire, ça voudrait dire qu’elle m’aurait repris 15min alors que je pense bien avancer…. Bizarre je pense qu’il a dû oublier les 30min de décalage au départ… Je mange un bout au chaud à l’intérieur du ravito, ressort, on rigole bref tout va pour le mieux quand on se quitte.

 

Malheureusement ça ne va pas durer, alors que j’approche de la plus grosse difficulté de cette 2ème étape, le Pas de la Vache, je me fait reprendre par une horde du 40séries partis en chasse derrière les 3 premiers qui ont fait le trou. Je m’arrête, je laisse passer, j’en profite pour ramasser d’excellentes framboises puis une fois passé la cabane du Périmètre, j’attaque le fameux pas de la vache. C’est la 3ème fois que j’y passe, les deux 1eres fois j’avais mis une heure pour le passer sans forcer, je sais parfaitement ce qui m’attend. Il me suffit « juste » de trouver mon rythme….simple sur le papier, mais en pratique entre les 40séries qui fondent sur nous et les challengers qui jouent à fond le segment de grimpeur, je me fais sans cesse dépasser, et sur un single ça m’oblige à m’arrêter sur le côté...alors je me laisse aller...je divague...commence à cueillir des myrtilles toutes plus bonnes les unes que les autres. Et je finis par perdre mon rythme, et forcer de constater les trains de coureurs qui défilent, 1 puis 2, 10, 20 même… j’oublie la montre j’ai l’impression de mettre 2h à monter ce foutu pas et comme pour me narguer j’entends au loin une cloche sonner. Pourtant elle sonne de manière irrégulière, pas forcément calé sur les passages de coureurs, y aurait-il une vraie vache au sommet ??! Le temps de m’imaginer cette vache j’arrive enfin sur la crête, ça souffle, on ne voit rien d’autre que cet épais brouillard qui nous prive de la vue. Je continue à errer dans ce brouillard, les seules satisfactions sont les bénévoles, toujours souriants, toujours à nous encourager...MERCI à eux. Puis j’élucide enfin le mystère de la cloche ! L’orga a placé sur la crête une cloche que l’on peut faire librement sonné ! DING DONG je la sonne bien sûr, pourvu qu’elle puisse aider d’autre traileur à franchir ce pas ;) [Je ne le sais car je suis persuadé de faire du surplace mais je passe en 3h28 - 42ème au général au sommet, je n’aurais réellement perdu que 10min sur ce passage] Le froid et la technicité de la descente qui suit vers le lac du Brouffier m’oblige à reprendre mes esprits, je me remets dans la course mais l’envie de me dépasser n’est plus là…alors je baisse le rythme, me laisse aller en descente, marche là où je suis habituer à relancer. Cette errance va durer jusqu’à la stèle où l’on croise la route qui mène au Poursollet. Là je reconnais au loin un visage connu, mais oui c’est PAF ! Merde j’imagine qu’il doit se préparer à lancer un live en excellent reporter qu’il est alors que je n’ai pas la tête à ça...Il le voit et coupe rapidement et m’encourage avec les bons mots qui me ramène dans mon rythme de course. Ce grand malade est monté en vélo jusqu’ici juste pour nous encourager ! Il le reprend pour qu’on se retrouve au ravito, lui par la route qui descend et remonte au poursollet et moi par le sentier. Le voir à fond pour moi me rappelle pourquoi je suis là je rebascule en mode course et me lance même un petit défi : arriver avant lui au ravito ! Alors je relance ! Reprend des coureurs et surtout de la confiance et de la motivation ! Défi réussi j’arrive en trombe au poursollet juste avant lui, j’en profite pour refaire les niveaux et reprendre des forces le temps qu’il pose son vélo et c’est reparti !

On repart tous les 2, il passe alors du mode reporter au mode pacer ! Et par n’importe lequel, le pacer parfait qui vous ouvre la voie, donne le bon rythme, trouve les bons mots ! Il m’aiguille parfaitement et me rappelle les détails du parcours à venir, avec en + la confirmation que Flo n’attend plus que nous au Fourchu ! Ah j’ai hâte d’y être, on fonce, on commence à reprendre des coureurs petits à petits, ils me reconnaissent stupéfaits : « t’as l’air d’avoir retrouvé des jambes » Oh que oui !! Mon errance aura au moins eu le mérite de m’économiser pour la fin de cette étape, je compte en profiter pour la finir fort ! Je vois même pas la montée passer qu’on arrive au Fourchu. Floooooooooooo !!!! je crie dans le brouillard pour lui signaler notre arrivée mais personne répond, alors on continue. Ah des silhouettes au loin c’est peut-être elle ! BINGO ! Que ça fait du bien de retrouver un visage familier dans cette brume ! Je suis tellement euphorique, le moral est revenu au top, que j’accélère encore, poussé par ce moment d’encouragements aussi bref soit-il. On remet donc encore un coup de speed, On, car PAF est toujours là, ! MERCI le pacing au top !, il m’amènera dans ses pas jusqu’au Chalet de la barrière pour me propulser dans la dernière descente qui fait peur à plus d’un genou de traileur ! Pas d’arrêt au ravito où je pointe à 7h24 de course et c’est parti pour 1400mD- sur 5km. Je comptais poser le cerveau pour débouler sans frein mais la pente me pousse à le garder : ce sera en maîtrise et en fréquence en me laissant descendre à petite foulée...Je pense alors que le sub8h est encore jouable, et accélère dès que je peux, je rattrape quelques coureurs mais à ma grande surprise je me fais également doubler, même à cette vitesse ! Comme quoi, il vaut mieux éviter de se caler sur le rythmes des autres sur ces trails….Je rejoins enfin la route à Rioupéroux, la fin je la connais, je déroule sur le bitume en gagnant encore quelques places dans la montée pour finir cette journée dans l’Oisans en 8h10 – 46ème au général (classement le plus bas sur les 4 jours). J’ai à peine le temps de me doucher que ma chérie arrive déjà alors qu’on est parti avec 30min de décalage :O ! Wahou je suis sur le c*** elle aura mis seulement 5min de + que moi sur ce massif, avec un chrono pareil elle mérite largement la 4ème place féminine au scratch ce qui lui offre la 1ère place de sa catégorie ! Il faudra donc attendre la remise des prix pour pouvoir rentrer sur Grenoble mais c’est pour la meilleure des raisons :)

Podium passé, et hyper fier d’elle on peut alors rentrer sur Grenoble en navette => direction l’espace récup pour le désormais traditionnel Cryo + massage.

 

// Transition J2 > J3 //

Aucune douleur ou gêne à signaler en rentrant au camp de base, mais le moral a pris un gros coup aujourd’hui, j’ai dû mal à expliquer ce passage à vide au pas de la vache, si ce n’est me dire que ça fait partie du jeu, sur 160km il en fallait forcément…

Niveau objectif, mes impressions du 1er jour se confirment :

- Pour la place le top30 est vraiment costaud...il s’éloigne, j’ai concédé beaucoup trop de temps dans ce massif pour espérer y revenir.

-  Pour le temps : Je suis dans mes estimations, j’ai perdu le temps gagné hier ce qui m’amène à 13h29 de course effectuée là où j’estimais passer en 13h35.

 

Nouvelle soirée au camp de base au top, le rituel pasta party avec les amis et chouchoutage par Flo se confirme:p Plus qu’à bien dormir pour enchaîner sur Belledonne.

 

Acte 3 – Belledonne, ma préférée

 

Encore une fois je gagne 1h de sommeil sur le départ navette, en me faisant déposer à un rdv covoit’ par ma chérie, qui va ensuite prendre son poste de bénévole à St Nazaire les Eymes, arrivée du Jour. Covoit’ au parfum bien Grenoblois, avec la famille d’un ami d’enfance, pour arriver juste avant la Fermeture du sas à Rioupéroux.

Ce matin les jambes sont encore pas trop lourdes alors je vais me placer devant dans le SAS : pour éviter les bouchons dans le KV il faut que je parte fort sur la boucle de départ. C’est ce que je fais, et rajoute une couche en doublant en courant dans le départ du KV. Ma stratégie a parfaitement fonctionné, derrière moi je vois qu’un bouchon commence déjà à se créer ce qui me permet de grimper tout le KV seul, à un mon rythme sans me cramer. J’arrive ainsi au 1er ravito à l’Arcelle  7,6km 1200d+ en 1h30 – 44ème au général-, pile dans mes temps de passage prévus. Un remplissage express en eau et un coucou à l’ami Marco, bénévole au ravito et je repars comme pour un nouveau départ. L’échauffement est fini c’est maintenant que ma course commence, puisque c’est sur ce tronçon technique, le plus caillouteux et technique jusqu’à La Pra que j’ai choisi de produire mon effort.

Je retrouve le tracé que j’ai expérimenté au Trail des Lacs de Chamrousse début Juillet, et c’est aussi à partir de là qu’on recoupe avec les 100Master et les 160Xtrem. Ça en fait du monde ! Mais c’est tant mieux car je ne ferais que doubler, et ça ça fait un bien fou au moral, d’autant plus que j’essaie d’encourager chaque coureur avec un petit mot sachant qu’ils ne sont qu’au début de leur périple, et ils me le rendent bien avec des retours tous aussi reconnaissant qu’encourageant ! On évolue désormais en plein brouillard, avec de plus en plus de mal à repérer les balises pourtant très bien placées et en grand nombre (qui peut s’asseoir à la table de l’Ut4M et lui dire « Je suis mieux balisé que toi »???!!!). Je vois là un autre point positif de cette « foule », je peux me repérer au flow de coureurs sans faire attention au balise, ce qui me permet d’arriver au ravito de La Croix de Chamrousse sans me perdre. Les conditions sur cette crête sont horribles, en plus de l’épais brouillard, nous devons faire face à de fortes rafales de vent, qui doivent bien amener notre température ressentie sous les 5°C. La veste est indispensable (c’est la seule fois de la course que je la sortirai) et ne suffit même pas ! Mais l’orga a super bien prévu le truc ! On reçoit tous un buff à la sortie du ravito:D Me voilà armer pour retourner manger du cailloux ! C’est pour moi la partie la plus belle de cet Ut4M, minérale et sauvage, entre roche, lac et ruisseaux. Malheureusement aujourd’hui nous ne verrons rien, raison de plus pour ne pas m’attarder : j’arrive à La Pra km20 2100d+ en 3h32 – 39ème au général-.

Là dernière difficulté du jour est là : Le Grand Colon et son ascension de 300md+. Dit comme ça, ça semble facile, mais quand on doit le faire sur 1km en lacets dans la caillasse faut s’accrocher ! Alors j’accroche le train d’un petit groupe mixé avec des challengeurs, des masters et même un Xtrem ! En me contentant de suivre sans relâche j’arrive assez frais pour basculer vers la vallée et sa loooongue descente. Le brouillard se dissipe enfin, on retrouve une vue dégagée sur toute la vallée du Grenobloise et du Grésivaudan. J’en profite pour ranger définitivement la veste et les bâtons. Après une 1ère partie raide et technique on arrive rapidement en sous bois, je peux enfin dérouler sans trop me retenir c’est un régal ! A l’approche du ravito de Freydières le soleil et de retour et la grosse ambiance aussi, quel monde ! Les bords de routes sont pleins:O ça tranche radicalement avec la traversée fantomatique du brouillard à peine quelques kilomètres auparavant.

Ravito de Freydières 30km 2500d+ en 4h45, avec 5min d’avance sur mes prévisions– 41ème au général - Je refais une dernière le plein d’eau, en prenant soin de remplir les flasques à leur maximum pour tenir les 14 derniers kilomètres jusqu’à Saint Nazaire.

Je peux commencer à décompter jusqu’à l’arrivée, et surtout à vraiment courir ! Parce qu’entre les portions marchées avec les bâtons, les relances en petites foulées économiques, et les descentes sur la retenue, j’ai très peu eu l’occasion de déployer une vraie foulée de course. Mon côté routard me dessert très bien ici, j’allonge la foulée jusqu’à Villard-Bonnot et m’installe dans le rythme à tenir jusqu’à l’arrivée. Je sais que de grosses différences peuvent se faire ici alors je tiens ce rythme ! C’est pas fou, en réalité je suis à 11km/h alors que j’ai l’impression d’être à 14 XD. Pas fou mais suffisant pour croquer des places jusqu’à St Nazaire où je retrouve une nouvelle fois PAF en pacer/reporter jusqu’à l’arrivée où ma chérie m’attend. C’est elle, en mode bénévole, qui me bip sous l’arche en 6h36 – 39ème au général – pour les 43km 2600d+.

 

Le bisou d’arrivée <3, la douche et je ne traîne pas pour vite rentrer direction le classique cryo+massage du musée.

 

// Transition J3 > J4 //

Bilan du jour :

-Objectif classement : Je réintègre le top40, je pense que je suis à ma place, puis je suis qu’à 20min du top30 finalement…

-Objectif temps : Je suis 20h05 de courses soit pile poil mon temps prévu.

- Mentalement : Comme prévu, j’ai pris un énooooorme plaisir à me retrouver une nouvelle fois en Belledonne, c’est mon massif de coeur...ah si je pouvais ne courir qu’ici, ça serait peut-être une belle échappée…..

Après le passage à vide d’hier, tout n’est que positif aujourd’hui, en même temps quand t’es au fond du trou tu ne peux qu’en remonter.

 

A la sortie de l’espace récupération le constat est le même que les autres jours musculairement : pas de douleur, pas de raideurs, pas de signes de courbatures. Le seul bémol est au niveau des pieds : pas de frottements, mais ma pose du pied a tendance a dévié de son axe quand j’ai une foulée de course, avec la descente et le plat, j’ai bien tapé sur l’extérieur du pied, du coup petite bosse mais rien d’alarmant.

Puis la traditionnelle pasta party, presque aussi attendu que l’arrivée chaque soir, on s’habitue vite aux bonnes choses:p Puis ce soir c’est au tour de Flo de rentrer en piste sur le 20Chartreuse en nocturne. Je lui aurai bien rendu la pareille en allant l’encourager mais il reste encore une étape le lendemain, une bonne nuit de sommeil serait plus prudente. Donc un dernier encouragement avant qu’elle file au départ et au dodo.

 

Acte 4 – Chartreuse en bouquet final

 

Dernier réveil au camp de base éphémère de cet ut4m, et de loin le plus dur. Les jambes sont pour la 1ère fois en 4jours bien raides, la fatigue générale commence à peser, surtout que ce matin le réveil a sonné plus tôt : pas d’autre choix que de prendre la navette ce matin. Mentalement aussi je sens que j’arrive au bout, et une légère nostalgie s’installe, l’ambiance ut4m, les pasta party, l’espace récupération...tout ça prendra fin ce soir.

Avant ça j’ai quand même une bonne Chartreuse à avaler alors remobilisation !

 Et quel morceau ! En Juillet j’avais partagé par hasard une reco proposé ici même par Traileurdupdd. Il préparé le format Master. J’avais dû sortir de ma zone de confort toute la journée pour pouvoir le suivre, si je ne doutais pas qu’il jouerait aux avant postes sur le Master, j’avais en revanche peur de ne pas réussir à aller aussi vite sur l’ut4m que pendant cette reco où j’avais mis 6h30 pour les 43km 2800d+.

Pour la stratégie du jour c’est donc simple : je vais livrer toutes mes dernières force dans la bataille pour tenter d’aller plus vite et me battre moi-même.

Au départ l’ambiance est chaleureuse, on retrouve nos acolytes challengeurs, prêt à s’engager ensemble dans cette dernière bataille mais aussi tous les Grenoblois, pour qui cette épreuve avec une arrivée à domicile était inévitable. Beaucoup de copains de Grenoble Trail et Courir à Grenoble sont là c’est cool de pouvoir finir cette aventure avec eux. Autre super nouvelle, après l’échauffement mes jambes sont de nouveau relâchées, elles non plus n’avaient pas dû aimer le réveil à 4h.

C’est donc avec cette fraîcheur relative que je pars, tout de suite fort pour le bitume, pour éviter les bouchons au départ du kv comme hier. Puis gestion identique jusqu’au sommet de Chamechaude : montée en marche rapide en maintenant une bonne allure, relance en petite foulée dès que possible (surtout entre le col de la Faita et la pas de Bachasson).

Je passe au Sommet de Chamechaude, km16 2000md+ en 2h41, soit 17minutes d’avance sur mes repères. Je suis bien, tous les voyants sont au verts.

Je me fais donc plaisir en descendant sans retenue, jusqu’au sappey km25 2130d+ où j’ai accru mon avance à 25min en passant en 3h35. Et ce n’est pas le passage au ravito qui me ralenti : 20s chrono pour faire le plein d’eau avec une assistance de choc de la team CAG avec Rachel, Mélo et Caren, bénévoles au ravito, qui se mettent à 3 sur 1 flasque !

Je repars encore plus vite car j’ai fait mon écart, je suis seul, je passe en mode chasse !

Le dernier raidillon pour arriver au St Eynard passe beaucoup mieux qu’en reco, je continue de grappiller des minutes.

C’est la dernière bascule, le sprint final, 13km connus sur le bout des doigts. Je range mes bâtons dans leur carquois pour l’ultime et dernière fois de cet ut4m car tout se court jusqu'au bout.

Pas d’arrêt au dernier ravito au col de Vence, j’ai assez d’eau, j’espère juste que ma chérie soit sur un poste de bénévole au plus près de la course, pour un bisous à la volée. Mais c’est loupé, elle est derrière les tables du ravito alors ce sera juste un signe de loin mais le coeur y est et je sais qu’elle ne m’en voudra pas.

Je me force à courir en petite foulée sur les derniers mètres de d+ jusqu’au cairn sous le rachais puis c’est parti pour show final !

Presque sans surprise je retrouve à la Bastille, le fidèle pacer/reporter PAF, il est mis à l’épreuve mais il reste excellent, et arrive à continuer à filmer en live tout en courant devant moi, pourtant je suis loin de trainer !

Arrivée à la Casemate la team GT est là ! Flo, michael et Franck sont là ! Le sprint final est lancé j’allonge la foulée pour les 2 derniers kilomètres, quelle extase la sensation de pouvoir accéléré à ce moment là de la course !

Même pas le temps de savourer que je suis déjà au musée, le dernier bip, le passage sous l’arche….

Ca y est je suis finisher de l’Ut4M Challenge 2018 – 170km 11000 mD+ sur 4 jours en 25h40.

Pas de top 30 mais une très satisfaisante 36ème place sur 418 finishers (498partants).

L’objectif temps est explosé, presque 1h de moins que les 26h30 prévues.

 

Bilan de ce Challenge :

Dur de résumer tous les enseignements de cette aventure tellement il y en a eu, mais j’en garde que du positif avec des points testés et validés et des points à améliorer identifiés :

Testés et validés :

-maîtriser les descentes et utiliser efficacement les bâtons en montée pour s’économiser les quadris

- s’alimenter et s’hydrater peu mais régulièrement tout au long de la course en incluant du salé dès que possible. Cela me permet aussi de gagner en efficacité sur les ravito, j’ai jamais passé plus de 2min sur un ravito.

- S’entraîner, s’entraîner et encore s’entraîner, il n’y a pas de secret, la prépa m’a pris du temps, m’a fait souffrir parfois, en tout cas plus qu’en course, mais au final je termine « bien » sans aucune courbature.

- S’organiser : j’avais planifier toute la logistique, j’ai pas eu de mauvaise surprise, pas de stress inutile et pu optimiser toutes mes récupérations.

A améliorer : 

- le mental ! j’aurais décroché une seule fois mais elle m’a coûté cher.

- Tout le bonhomme pour continuer à progresser et me rapprocher un peu plus du haut de classement.

- l’autonomie : toutes les personnes autour de moi sur ces 4jours, de près ou de loin, m’ont permis d’optimiser au maximum ma course, sur un ultra où je serais livré à moi-même ce ne sera pas la même histoire.

 

Ce dernier point d’assistance et de soutien a été l’une des clé de la réussite de ce challenge, et le fil rouge de 4jours d’aventures où la magie a opéré.

Alors je remercie infiniment :

- Ma chérie, ma mère, mon frère et mes frères de cœur, s’il y a des moments où j’ai douté, eux ont toujours cru en moi. Avoir ce soutien dans un sport où le mental est aussi important est capital pour moi.

- Floriane, pour le Camp de Base, l’assistance aux petits oignons tous les jours, et les souvenirs sur chaque massif

- PAF, le meilleur pacer/reporter de Grenoble, t’as été là au bon moment avec les bon mots, t’as assuré !

- la team Grenoble Trail, Ganash en tête mais aussi la team CAG et toutes les personnes que j’ai croisées sur les sentiers ou les réseaux ces 4 jours avec toujours un petit mot d’encouragements

- Les bouzineurs pour leur suivi au poil, c'est marrant de voir chaque soir comment a été vécu la journée de l'autre côté de l'écran. Cet Ut4M a aussi été l'occasion de faire connaissance avec des kikoureurs hypersympa comme DavidSMFC que j'espère recroiser sur d'autres courses :)

- Tout le staff Ut4M et ses 700 bénévoles qui nous permettent de vivre de telle aventure, en toute sécurité, dans une ambiance de folie et un décor de rêve. Pour en avoir eu un aperçu, la passion et l’engagement de ces équipes est sans faille, comme une famille, alors n’hésitez pas à la rejoindre en passant de l’autre côté du décor.

 

4 commentaires

Commentaire de DavidSMFC posté le 15-09-2018 à 19:46:03

Un grand bravo pour ce bel Ut4M Challenge ! Jolie performance avec encore de très bonnes jambes sur le dernier massif.
ça a été un plaisir de te croiser le dimanche au bénévolat sans savoir que tu étais un kikoureur puis avant le départ du 40km Chartreuse. En espérant te recroiser sur une épreuve un de ces 4 ! :-)

Très bonne continuation à toi ;-)

Commentaire de IziiJon posté le 17-09-2018 à 17:30:46

Merci ! Ce plaisir était partagé ;) maintenant que j'ai enfin fini ce récit je vais pouvoir aller lire le tien^^

Commentaire de Benman posté le 15-09-2018 à 22:01:45

Bravo. Ton récit donne sacrément envie. Belle perf et beaucoup de plaisir. Cool!

Commentaire de IziiJon posté le 17-09-2018 à 17:33:31

Merci ! Tant mieux alors, s'il peut aider ou donner envie aux futurs challengers à franchir le cap alors bingo ! :)

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