Récit de la course : Ultra Trail du Mont Blanc 2006, par Galway
L'auteur : Galway
La course : Ultra Trail du Mont Blanc
Date : 25/8/2006
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 3854 vues
Distance : 158.1km
Matos : Matériel :
Pour le départ :
- Tee shirt manches longues Millet Carline
- Calçon
- Cuissard long Addidas
- Chaussettes de trail grises
- Trabucco IX
- Gants de VTT
- Bâtons Népalight
- Mini guêtres Raidlight
Dans le sac :
- Sac Endurance Raidlight 10l
- 4 gels Inko sport
- 4 barres Inko sport
- Gourde souple Raidlight 2,5l avec 1 dose (flacon de labo) 50% Hydrixir et 50% Malto
- 2 doses de réserve 50%-50%
- 2 lampes frontales Petzl
- 2 jeux de piles de rechanges
- 1 paire de lentilles de rechange
- Couverture de survie, sparadrap, mouchoirs, sifflet, strap, Papier journal
- Polaire orange Asics
- Gore Tex Paclite orange
Envoyé à Courmayeur
- Lunettes de soleil (utilisé)
- Lunettes jaunes (utilisé)
- Polaire rouge
- Tee shift bleu Patagonia manches longues (utilisé)
- Casquette (utilisé)
- Chaussettes blanches trail (utilisé)
- Barres (6) et gels (4) (utilisé : 4/4)
- 3 doses poudre 50%-50% (utilisé)
- Chaussures rechange Salomon XA pro
Envoyé à Champex
- Polaire Millet bleu (utilisé)
- Soft shell rouge Millet
- Tee shirt marron Patagonia manches longues (utilisé)
- Barres (6) et gels (4) (utilisé :4/4)
- 3 doses poudre 50%-50% (utilisé)
- Chaussures rechange Trabucco VIII
- Gourde souple de rechange
- 1 paire de chaussettes blanche décath double peau
Objectif : Pas d'objectif
2 commentaires
Partager :
Le récit
Et voici ma modeste contribution, un CR de plus qui s'ajoute à la longue liste.
Entrainement :
Depuis fin Aout 2005, D+ = 100 kms
Depuis Janvier 2006, 2230 kms et D+70 kms
Avant la course :
Petite promenade et repos. Grosse sieste l’après midi. Seule activité de la journée : aller récupérer le dossard. Mangé des pastas la veille et à 15h le jour de la course. Petit dej normal, avec café light. Repas à 15h, pastas donc et un peu de fruits et légumes et du jambon.
On arrive sur le site de la course environ 1 heure avant le départ. Je me faufile avec mon fils Léo et les parents pour ne pas être trop mal placé. On attend. Breafing d’avant course expliquant qu’en montagne il faut toujours en garder un peu sous le pied en cas de coup dur et détaillant la météo : beau temps sur le départ. Belle nuit. Lendemain, arrivée d’une perturbation sur Chamonix, mais comme la course sera du coté Italien, on sera protégé. Par contre, en fin de course, la perturbation passe la chaine du Mont blanc et vient en sens inverse de la course. C’est dit : plus tu traines, plus tu as de mauvais temps !
15 minutes avant le départ, mes parents et mon fils me laissent et se placent un peu plus loin où je pourrai les entre-apercevoir. Les ‘adieux’ avec mon fils sont plus que dramatiques. Ce dernier est inconsolable. Voila qui ajoute un peu plus de pression.
Je me concentre. Beaucoup d’émotion.
La course
Chamonix, 19h
Boum, le départ est donné. Très léger bouchon au début dû à une quille qui dépasse, mais ensuite, la course part tranquillement, sans trop de soucis. Ma Fc est assez élevée, plutôt vers 85 – 87 %, mais c’est normal, ça me fait toujours ça dans les départs de course.
Je sui le rythme gentiment, on ne court pas très vite, surtout que c’est globalement descendant. On arrive aux Ouches, et on attaque le 1er col, celui de Voza. Ça se passe très bien, je me retourne et admire le massif du mont blanc sous le coucher du soleil ! Quel joie ! Je me sens bien, et fais attention de ne pas accélérer trop, c’est assez fréquent en montée.
Col de Voza, 20h36
1er ravitaillement, je découvre la soupe. C’est top. Le remplissage de la poche à eau n’est pas terrible à cause de robinets qui fuient. Descente rapide, tout va bien. On allume la frontale … Ensuite, petit single qui ne bouchonne pas, mais où on passe un par un. Là, je me tors la cheville une fois, la même que je me tors régulièrement à l’entrainement … je me concentre à bloc, et … 2° fois … j’ai un peu mal. Je me dis que c’est mal barré. Je me concentre au maximum … 3° fois que je me tors la cheville dans ces satanés racines … Aie ! On arrive néanmoins aux Contamines avec une ambiance de feux. J’en oublie mes soucis à la cheville.
Contamines, 21h58
Génial, l’ambiance. Une haie d’honneur, une foule énorme. Ça me donne un moral d’enfer. Merci à tous !
On remonte ensuite vers la croix de bonhomme (ça caille là haut), pour redescendre aux Chapieux. La descente est facile d’autant qu’on voit l’objectif. Tout baigne maintenant, plus de soucis à la cheville, je suis rassuré.
Les Chapieux, 1h12
Arrêt rapide, mais gros réconfort. Je reçois des SMS qui bipent dans mon dos. Sans doute des encouragements de copains ou de la famille. Et c’est repartit pour le col de la Seigne, ce col est d’ailleurs interminable. On n’en voit pas le bout. Je me fais doubler par quelques concurrents, mon rythme a sans doute baissé, mais je suis au max, plus vite, je ne tiendrais pas. En haut, j’ai du mal à prendre les barres énergétiques (congelées), je sens que mon estomac en a un peu marre, et je n’ai pas trop envie d’insister, bien conscient que si je dépasse la limite de nausée, ça ne va plus être la même course. Donc, je limite, profite bien des soupes aux ravitos, et fait l’impasse sur les barres, du moins pour un temps.
On descend enfin sur Courmayeur, et ça fait plaisir d’arriver là ! Il fait encore nuit quand j’y arrive, ou presque.
Courmayeur, 6h
Je repartirai 35 minutes après, avec le lever du jour. La petite pause m’a permis de manger quelques pates, un peu de soupe, et me changer (ce qui, rétrospectivement ne sert strictement à rien)
Je repars, ça se passe bien sur les parties goudronnées, mais dès que ça monte dru, je me sens faible, et malgré le gel commencé il y a quelques minutes, je paye la non absorption des barres énergétiques quelques heures plus tôt. Ce que j’ai mangé à Courmayeur n’est pas encore disponible et je suis en panne. Je vois tout noir : c’est une jolie hypoglycémie qui me titille. Je m’arrête, je finis mon gel, et attends, assis sur une pierre. Des gars passent… « ça va ? » « ça va ! » « Tu récupères ? » « bof ». Le moral est au plus bas. Ce n’est pas un peu trop fort pour toi cette affaire ? Abandonner et redescendre sur Courmayeur ? ça va pas la tête ? Mais heureusement, on sait tous que le moral est quelque chose de cyclique. Et quand il n’y a pas de sucre dans le sang, il est au plus bas, mais quand le taux remonte, lui aussi, il suit. Juste être patient et ne pas se laisser envahir. Et effectivement, 10 minutes après, je peux repartir. Pas comme en 40, mais sur un rythme tout à fait correct. J’arrive enfin au refuge Bertone où un nouveau bol de soupe finira de me requinquer.
Bertone, 7h59
Je fais attention de mieux m’alimenter, et je passe l’Italie sans autre encombres.
Arnuva 10h06
Ah … un ‘grand col’ nous attend ! J’admire une nouvelle fois le paysage et les glaciers. Au ravito, je suis étonné de voir un gars, sans aucun souci physique, abandonner. Bizarre.
Le Grand col ferret, c’est le top par beau temps ! ça monte bien, mais on voit quasiment le haut, donc c’est assez motivant. Désolé pour ceux qui l’ont fait sous la pluie. Belle descente ensuite jusqu’à arriver sur La Fouly. Ça y est, je suis « arrivant » !
La Fouly, 12h49
Petite réparation d’une ampoule, enfin, comme je peux, et à l’attaque. En ligne de mire, Champex où mes supporters devront être là. Et j’y arrive enfin, à Champex, où je vois ma femme et mon fils courir vers moi ! Quelle émotion. Ils ne me reconnaissent pas tout de suite, gênés par mes lunettes jaunes spécial moral. Gros réconfort donc à Champex, avec mes parents. Tout le monde est aux petits soins. On me soigne une ampoule, petit massage, petit repas, et zou, c’est reparti.
Champex, 15h11
Le temps se gâte et je commence à sentir mon genou opéré (ligament croisé antérieur). Rien de très grave, mais il est là et se manifeste gentiment. La monté à Bovine, est dure. Il y a quelques difficultés, il pleut beaucoup. On arrive tant bien que mal en haut puis on redescend sur La Forclaz pour attaquer les Tsèpes. Dernière grosse montée, le moral est bon. Mais une fois en haut, le vent de face plus la pluie, plus la tombée de la nuit me ralentissent grandement. La redescente est périlleuse, je ne suis plus très agile. Je me fais doubler par des gars impressionnants, sans bâtons. Je me demande comment ils font. Ensuite, le terrain est un peu moins pentu, la piste est devenue large, là je m’accroche bien, reprend même une ou 2 personnes.
Vallorcine, 21h15
On arrive à Vallorcine, il fait nuit maintenant. Je fais un petit arrêt, puis repart, et c’est quelques mètres après que je vois mes supporters. Super qu’ils soient là. Des cousins sont là, tous m’applaudissent, me retrouvent un petit peu plus loin, puis au col des Montets. Je fais quelques mètres avec mon fils. C’est bon ! La redescente sur L’argentière … Je commence à en avoir carrément ras le bol.
L’argentière, 22h22
L’argentière, d’autres amis sont là. Plus que la dernière ligne droite, mais le genou est douloureux, le haut du mollet aussi. Je regarde mon topo … 1h30, allez, on s’accroche.
Mais cette dernière partie n’en finit pas. Ça monte, ça descend, ça remonte, ça redescend… Je ne sais plus où j’en suis, j’ai de plus en plus mal en courant, je sers les dents, mais où est Cham ? J’ai de belles petites hallucinations, croyant qu’il y a des chiens … je me demande si je ne me suis pas trompé et n’ai pas emprunté le chemin qui repart pour un nouveau tour … Mais non, et enfin, la descente finale sur Cham ! Au loin, 2 gars marchent, j’en profite pour les doubler tranquillement, la rue piétonne … enfin … ma femme, mon fils, quelques mètres encore à courir, je résiste, et c’est enfin l’arrivée. Un peu d’émotion, moins que je ne pensais, sans doute à cause de la fatigue. Je m’assois, prends ma polaire de finisher, une bouillotte, une couverture, je ne peu plus faire un mètre de plus, mais ça, c’est récurrent : que la course fasse 10, 20, 42, 50, 72 ou 158 kms, une fois à la ligne d’arrivée, je ne peux jamais faire 1 mètre de plus…
Chamonix, 00h08 – 100°
Après course
On m’aide à marcher pour atteindre les kinés, puis, direction Vallorcine à l’hôtel où ma femme avait réservé spécialement une chambre, méga douche chaude, et au dodo, sans rien manger de plus depuis la course, et en pensant à ceux qui sont là haut. Au petit matin, je vois passer des gars … ils ont passés la nuit dehors ! Chapeau !
Ce que j'en dis
Mon opinion sur cette course est qu’il ne faut surtout pas partir trop doucement. Les heures de course jouent contre toi. Bien sûr, il ne faut pas se griller au début, mais au bout de 24h de course, la fatigue est là, et ce que tu n’as pas donné au début, tu ne l’as plus !
Ah, et puis, chapeau, vraiment chapeau à ceux qui mettent 40h et plus. Parce que là, il en faut des ressources pour passer 2 nuits dehors !
Finalement, une tendinite en haut du mollet due à un positionnement différent sera diagnostiquée. 15 jours de repos, mais à dire vrai, ça ne m’a pas dérangé du tout. Je crois être un peu rassasié pour quelques temps.
2 commentaires
Commentaire de riri51 posté le 20-10-2006 à 20:24:00
Félicitations!!!
Commentaire de L'Dingo posté le 10-11-2006 à 14:39:00
Une course gérée impec.
le coup de chapeau est crois moi de faire ton temps plutot que 10h de plus .
je suis ok avec ta conclusion qu'il faut pas se laisser aller sinon ça dure, ça dure ...
Bravo encore pour cette 100eme place
l'dingo
ps: dis t'aurais pas "faineanter" de 8mn de trop en début de course :-))))))
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.