Récit de la course : Sur les Traces des Ducs de Savoie 2018, par Mams

L'auteur : Mams

La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie

Date : 29/8/2018

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 1565 vues

Distance : 123.4km

Matos : Sac Salomon S-Lab
Flasques 500ml x2
Asics Trabucco 6 et 5 gore tex (erreur)
Veste Montane

Objectif : Terminer

29 commentaires

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TDS, la revanche bis : un métronome (un peu) détraqué !

TDS, la revanche bis : un métronome (un peu) détraqué !

Prologue

La TDS et Mams, c’est toute une histoire. Après l’échec de 2015 à cause du TFL, la revanche de 2016 réussie malgré des problèmes gastriques, j’avais rempilé en 2017 car je ne me sentais pas prête pour plus long, et que quand même, malgré tout, je rêvais d’obtenir 15 points… Je n’étais effectivement pas prête, vu que j’avais dû arrêter au Cormet à cause du retour de la tendinopathie !

En 2018, j’étais donc repartie pour une nouvelle revanche, déterminée à me débarrasser de cette f*** tendinite. Retour chez le kiné, qui après un diagnostic d’1h a fini par trouver l’origine du problème : décalage horizontal du bassin dû à des abdos profonds et des muscles lombaires trop faibles.

Ma prépa s’est donc faite en parallèle de RDV chez le kiné rapidement espacés à toutes les 3 semaines. L’effet a été radical, car j’ai pu faire le Trail des Marcaires sans problème et à un rythme bien plus rapide qu’espéré !

Quoi de mieux que des vacances d’été dans les Alpes et les Pyrénées pour finir la prépa ? Tous les signaux étaient donc au vert jusqu’au 15 août, où je me choppe une gastro qui me coince le dos…:/ Repos, étirements, rien n’y fait. Je ne dors plus, ça se complique.

RDV in extremis chez l’ostéo dès mon retour au bercail, à S-1, en espérant que ça passera. Après quelques jours vraiment douloureux, ça se calme à J-3, avec enfin un vrai sommeil récupérateur. Quelques doutes commencent à venir, mais en même temps je me dis que du coup, j’ai fait du jus 😉

J-1, Chamonix

Cette année, c’est spécial, je ne vais pas chercher mon dossard avec Christophe, mais avec mon fils aîné ! Il stresse un peu, car s’il s’est inscrit sur la YCC pour découvrir les joies du trail à Cham’, il n’a pas vraiment pris le temps d’une vraie préparation, mais l’émotion est là et l’expérience formatrice.

Pendant nos pérégrinations chamoniardes et le prologue de la YCC, la nouvelle tombe : pas de Fort de la Platte ni de Passeur. Sur le coup, je suis vraiment déçue, car si c’est vraiment dur, c’est un endroit magnifique que j’aime beaucoup. Christophe a connu ça en 2011, et je m’attends à remonter toute la route du Cormet…

Rentrés au gîte, il faut revoir le plan de route avec les nouvelles BH et ajuster les horaires car le départ est décalé de 2h, au moins, on pourra dormir un peu plus ! Je ferai la course seule, comme d’hab, Christophe viendra juste faire l’assistance aux Contas pour que je puisse repartir avec des chaussettes sèches avant d’attaquer le Tricot.

Vu la météo, je mettrai le cuissard avec des manchons, un T-Shirt et des manchettes. Je changerai de chaussures au Cormet.

Jour J - départ, Courmayeur

Pas de belle nuit étoilée ni de lune cette fois, le jour se lève quand on arrive à Courmayeur. Le temps est encore clair, mais ça ne devrait pas durer.

Au moment de rejoindre le sas, je me retrouve nez à nez avec trois autres Finlandais, quelle bonne surprise ! On échange quelques mots en attendant le départ, ce qui évite de stresser. Je me remémore le protocole des ravitos et vérifie une dernière fois mes temps de passage, puis c’est le coup d’envoi !

 

Je suis contente d’être là et déterminée à ne rien lâcher cette fois ! Je sais que si le TFL tient, rien ne m’arrêtera ! En passant la ligne de départ, je tape dans la main de Catherine et ai droit à un baise-main de Ludovic le fameux speaker de l’UTMB, je suis boostée !

Courmayeur-Col Chécrouit : 8h – 9h31, 1785e - 6,8km; D+ 767m

Si le début se passe bien et je cours sans problème, la montée va s’avérer difficile. J’ai des espèces de palpitations à gauche de la poitrine et du mal à respirer. Je garde donc les yeux sur le cardio, maintiens mon rythme en faisant abstraction des autres et me concentre sur ma respiration en écoutant de la musique. Ça passe progressivement et je crois bien que je me retrouve dernière. Pas grave, c’est ma course avec la montagne, pas avec les autres ! Je sais ce qui m’attend et que ça se jouera bien plus tard. Arrivée au ravito, je me rends compte que je suis dans mes temps (plan : 9h30), c’est le peloton qui est bien plus rapide que les années précédentes. Je prends 2-3 trucs à manger et je file attaquer la montée.

Col Chécrouit- Arête Mont Favre : 9h31 – 10h43, 1722e - 11,4km; D+ 1337m

Le bouchon se situe bien plus loin cette fois, au début je crois vraiment que j’y échapperai. Le temps est splendide, et la vue magnifique. Je suis heureuse d’être là, de sentir les rhododendrons et de ne pas avoir trop chaud !!

Rapidement, ça marche au ralenti. Ceux qui speedaient sur la route marchent maintenant très lentement alors que c’est moins raide et on ne peut vraiment pas appeler ce sentier un sentier très technique ! Je me retiens de pester et je prends mon mal en patience. Quand c’est possible, je double. Malgré tout, j’arrive à l’arête avec presque 15’ de retard sur mon plan (10h30). Ça y est, le métronome commence à se détraquer !

Mont Favre – Lac Combal : 10h45-11h26, 1680e - 15,3km; D+1355m


Après une traditionnelle photo de la vue splendide, j’amorce la descente sur la retenue. L’an dernier, je m’étais trop lâchée et je l’avais payé plus tard. Je trottine donc doucement. La forme n’est pas encore au top, je me dis que ça doit être à cause du manque de sommeil. Le ventre est aussi encore bien tendu et coincé et je dois me masser en marchant vers le ravito pour que ça passe.

Dans les derniers mètres, je repasse en mémoire la stratégie du ravito, car j’ai du retard (15’ toujours, et je suis à 20’ de la BH) et que le temps est pris en sortie. Je commence donc par remplir mes flasques d’eau, je prends du bouillon, des tucs, du fromage et du saucisson et je sors faire l’appoint de poudre énergétique à l’extérieur du ravito. Je prends aussi une bouffée de Ventoline, car je commence à me demander si mes soucis ne sont pas un début de crise d’asthme…

Cette fois, j’ai pris ma poudre, car la boisson proposée est généralement peu dosée, donc cela veut dire arrêts plus fréquents pour se vider… et je compte bien ne pas perdre de temps inutilement ni me déshydrater cette année ! Je fais donc mon mélange dans mon verre, et retourne même compléter mes flasques, car je ne ferai pas l’appoint d’eau à l’Alpetta !

Lac Combal – Col Chavanne : 11h26 – 12h55, 1741e - 20km; D+ 1981

La reprise n’est pas facile, je ne me sens pas au top, alors je prends un rythme en-dessous de mes habitudes mais régulier pour ne pas avoir à m’arrêter. J’ai l’impression que je mets une éternité… Si je descends dans le classement, je double pourtant dans la montée, des personnes qui ont dû passer devant moi à la sortie du ravito.

Alors que j’atteins le col, la pluie commence à arriver. Je m’arrête juste le temps d’enfiler ma veste et je mange une barre en repartant (j’ai pris une demi barre toutes les heures et je bois toutes les 10-15’).

Col Chavannes - Petit Saint-Bernard : 12h55 – 15h43, 1688e - 36,4km; D+ 2475m

La descente va être le test. Je suis décidée à courir tant que les genoux n’envoient pas de signaux d’alerte, et ça passe. Je trottine donc dans toute la descente, puis passe en marche rapide sur le plat car je ne veux pas dépenser de l’énergie inutilement, vu la météo qu’on nous annonce pour la nuit.

La descente vers l’Alpetta est même un plaisir cette année, je retrouve mes sensations, c’est génial. Le moral est bon malgré la pluie, car pour l’instant il ne fait pas froid. Les gouttes s’arrêtent progressivement et avec le retour des éclaircies, on sèche vite !

Je me prépare mentalement à enchaîner à nouveau avec la montée vers le Petit Saint-Bernard, et tout se passe sans problème, en allant à mon rythme. Je ne m’occupe volontairement pas des personnes qui me doublent dans les descentes roulantes et sur le plat, car je sais que j’en redoublerai un peu plus loin dans la montée ou plus tard dans les descentes techniques.

J’arrive sans aucune difficulté au ravito, contente que tout se passe bien jusque-là. J’ai rattrapé presque 10’ de mon retard.

St-Bernard – Bourg-Saint-Maurice: 16h- 18h17, 1659e - 51,3km; D+ 2506m

Ayant lu dans les CR qu’il vaut mieux prendre son temps ici plutôt qu’à BSM, je me pose, remplis mes flasques, bois du bouillon accompagné toujours de 2 tucs, de fromage et de saucisson. Un cookie au chocolat pour faire passer tout ça ! Je masse mes chevilles et mes genoux avec de la St-Bernard. Au St-Bernard, faut le faire ! Je mets aussi mes genouillères en prévention.

Comme les genoux vont bien, je suis décidée à trottiner autant que possible et ça le fait ! Je trottine jusqu’en bas, un exploit pour moi ! Par contre, sur le plat, je passe en marche rapide, décidée à m’économiser pour la suite.

Les gens se plaignent de la chaleur, alors je souris, leur expliquant qu’on a déjà eu près de 40°C en arrivant à BSM les années précédentes. Cette année, c’est juste la bonne température, il fait presque frais !

Arrivée au ravito, je suis heureuse de voir que j’ai 45’ sur la BH, un exploit pour moi, et bien plus confortable ! Cette fois, j’ai rattrapé mon retard.

Je suis mon protocole habituel sans trop traîner car je m’attends au contrôle du matériel. Or, en passant la sortie, j’ai une bonne surprise ! Nous n’avons droit qu’à des questions, rien à sortir !

BSM- Crêt Bettex : 18h33 – 21h47, 1260e (variante- 61,9km; D+3609m


Si ce n’est pas la montée de la Platte qui nous attend, ce sentier est quasiment aussi raide. J’adopte mon rythme à 2,5km/h pour monter sans m’arrêter, un peu dérangée par ceux qui se tirent la bourre sur 100m avant de faire une pause et de recommencer… Il faut donc à chaque fois soit les laisser passer, soit les doubler.

Après la montée, on retrouve une route qui redescend vers la départementale. L’orage commence à tonner, je décide donc de m’arrêter pour mettre la veste, le pantalon imperméable et les gants (j’ai le syndrome de Raynaud). Se retrouver tremper à la tombée de la nuit, ce n’est pas la même chose qu’en plein après-midi. Je ne compte pas me prendre un coup de froid !

Crêt Bettex – Cormet de Roselend : 21h47 – 23h47, 1495e - 70,4km; D+ 4145m

L’averse est vite passée, et une fois la départementale traversée, nous rejoignons les sentiers qui grimpent en forêt. Je retire vite la veste et le pantalon, car en cuissard avec manchons, T-shirt et manchettes, je n’ai pas froid.

La montée semble interminable, mais au moins nous évitons la route. Cette variante me semble bien conçue car cela reste raide et « nature ». Les sms de mo mari, de ma frangine et de mes parents sont un vrai boost.

On rejoint ensuite les Chapieux et après une portion de sentier, nous voilà sur la route du Cormet. Et là, je n’aime pas et mes pieds non plus ! Je ne cours JAMAIS sur du goudron, et ça ne passe pas ! Je sens que mon releveur gauche commence à tirer, ce n’est pas bon signe. J’essaye d’être aussi relâchée que possible, mais je trouve ça long. Mes yeux cherchent les bornes kilométriques qui indiquent la distance restante jusqu’au ravito ! Le froid et la pluie revienne, et la toux commence. Il va falloir que je fasse un tour à l’infirmerie… Surtout que j’aurai le temps, vu que la BH est plus large et que pour l’instant je garde mon rythme. J’arrive à 23h47, avec 45’ d’avance sur mon plan et 2h15 sur la BH. Je peux me faire soigner et gérer mon change sans stress.

Arrivée au ravito, je bifurque tout-de-suite à droite dans l’infirmerie. La kiné qui m’a soignée l’an dernier est là, je suis donc confiante, elle est top !

En attendant qu’elle soit libre, je vais voir la jeune médecin et lui explique que j’ai besoin de Ventoline, car l’asthme a viré à la toux. Super sympa, non seulement elle me tend le flacon pour prendre une bouffée, mais me le donne pour le reste de la course !

Le releveur commence effectivement à être bien rouge sur 12 cm au moins, du milieu du pied au haut de la cheville. Ma super kiné me fait un bon massage, me débloque le pied et tape tout ça, ça devrait tenir jusqu’au bout, enfin, j’espère !

Après une petite 1/2h de soins, je vais récupérer mon sac, rempli mon verre de bouillon et prend de quoi grignoter. Je trouve un petit coin de banc pour me poser. En fait, je ne suis pas fatiguée, donc je gère mon ravito d’abord debout pour ne pas perdre de temps.

J’avais anticipé au maximum, j’ai donc dans le sac de dépose :

-          1 bouteille avec ma recharge de boisson énergétique prête.

-          Des sachets de poudre pour la nuit jusqu’au Contas.

-          Des recharges de barres et pâtes de fruits

-          Un T-shirt manche longue HH et ma polaire finisher 2014

-          Une paire de chaussettes et de chaussures sèches (goretex, ce sera une erreur: macération aux 2 plantes de pied!)

-          Des lingettes pour nettoyer les pieds (j’ai cependant oublié la crème)

-          Des compeeds pour les ampoules

-          Un comprimé de spiruline et de vitamines

Je procède au change et à la recharge des flasques tout en mangeant. Je m’assois un peu pour m’occuper des pieds et quand j’ai tout vérifié, je repars. Cela ne m’aura pas pris plus de 20’.

Cormet – La Gittaz : 00h35- 3h34, 1344e - 78,5km; D+ 4526m

Je suis relativement au sec et au chaud en sortant, même un peu trop couverte, mais ce n’est pas grave. La pluie et le brouillard sont là, ce n’est pas le moment de prendre froid.

Je m’arrête au bout de 15’ pour retirer la polaire et repars dans la nuit. Dans la montée de la Saulce, c’est l’horreur, mais je m’y attendais. Le plus dur, c’est le brouillard, car on discerne très mal les balises. Un gars qui s’était trompé de sente à vache finit par me suivre, et on ira jusqu’au passage du curé ensemble. Une fois au col, ce n’est plus ni de la marche ni de la course, c’est du ski dans la boue/bouse. Je me vautre même bien dedans après une glissade sur le côté droit…

Arrivée au point de sécurité du curé, je change mes piles, car avec le brouillard, je n’y vois goutte. J’essaye les mappas, mais avec Raynaud, ça ne passe pas (enfin, le sang ne passe plus).

On fait toujours du ski/surf jusqu’à la Gittaz, je me demande quand ça s’arrêtera ! Je gratte à nouveau du monde dans la descente, car beaucoup ne sont pas à l’aise dans ces conditions. Je dois dire que mon terrain d’entraînement alsacien prépare quand même bien car nous avons les mêmes types de terrain (pâturages et boue, racines et pierres, etc.).

La Gittaz – Entre 2 Nants : 3h34 – 5h12, 1350e - 82,1km; D+ 5606m

 A La Gittaz, je recharge en eau et poudre et je profite des commodités du gîte avant la longue traversée vers le Joly, car s’arrêter sous la pluie, ce n’est pas le top !

Mes espoirs sont déçus, on a toujours droit à la même bouillasse, sauf pendant la portion de route, qui me semble bien petite. Du coup, on perd de l’énergie et un temps fou pour mettre un pied devant l’autre ! Je suis à nouveau en retard sur mon plan et ça ne me rassure pas vu ce qui nous attend encore. Le releveur me gêne de plus en plus, alors j’ai une petite explication avec lui et mon cerveau à la Mimmi Kokta (cf. son interview dans Endurance Trail je crois) : non, je ne t’écouterai pas. Ça fait mal, mais y a rien de grave, alors j’irai jusqu’au bout et je m’occuperai de toi après !!

A Entre-deux-Nants, j’ai un souvenir ému pour le secouriste, toujours là lui aussi, qui m’avait sauvée l’an dernier en me donnant un rouleau de PQ !

Entre-deux-Nants – Col du Joly : 5h12- 7h16, 1311e - 89,6km; D+5346m

Je continue, toujours dans le brouillard et la bouillasse. Cela se calme quand on amorce la descente vers le vallon du Joly. Cette fois, je ne me fais pas avoir, je sais qu’il faudra d’abord monter vers le col de la Fenêtre avant la traversée vers le ravito.

Un petit coup de fil de mon mari m’indique que les prévisions me donné à 8h12 au Joly alors que je compte y être pour 7h. Non, mais, ils ne connaissent pas le métronome finlandais, eux ! Ils vont voir ce qu’ils vont voir. Je ne ralentis pas moi, môssieur !

Et c’est reparti, dans la caillasse mouillée cette fois, mais je préfère ça, car là je ne ralentis pas. On monte un peu plus loin sur un escalier taillé dans l’herbe, et cette portion me paraît bien plus courte et facile cette année, n’ayant pas de problème gastrique. Je continue de bien boire, de m’alimenter et de prendre la sporténine. Je fais gaffe de garder assez de boisson jusqu’au ravito du Joly, donc j’alterne la boisson avec les plaquettes d’isostar.

Et voilà, arrivée au Joly à 7h16. Un peu de retard sur le plan, mais 1h d’avance sur les prévisions livetrail ! A malin, malin et demi. La douleur au releveur ne m’aura pas empêché de tenir mon rythme, je fais toujours la sourde oreille.

Col du Joly – Les Contas : 7h30- 9h39, 1293e - 99,9km; D+ 5383m

Au ravito, je prends le temps de m’assoir avec du bouillon et son traditionnel accompagnement. Je recharge en overstim car je ne veux pas faire le mélange, je commence à fatiguer à force de gérer la douleur et d’éviter les glissades.

Je repars tranquilou, calculant le rythme de descente nécessaire pour ne pas prendre trop de retard sans courir. Je ne peux plus trottiner à cause du releveur, mais les descentes et montées techniques sont moins douloureuses que le reste. Je sais que le plus dur sera la portion vers les Contas, puis entre les Houches et Cham.

Je fais donc du 5km/h autant que possible, et j’arrive à peu près à tenir mon plan aux Contas, encouragée par les félicitations de Christophe et de la famille.

Les Contas – Le Tricot : 10h-12h50, 1263e - 107km; D+ 6507m

Je souffre, mais je gère, le plat, c’est vraiment le pire !

Arrivée aux Contas, quel bonheur d’avoir quelqu’un qui s’occupe des recharges et de la bouffe pour vous ! Christophe me refait un tape pour le releveur, je change de T-shirt et de chaussettes et prend le temps de manger un peu, toujours avec mon bouillon, que je complète cette fois avec un verre de thé. Le moral tient car je sais que même s’il y a encore une bonne difficulté, je peux tenir et gérer la douleur jusqu’au bout.

Je prends vite froid, donc je repars avec la veste et le pantalon imper, même s’il ne pleut plus. C’est une erreur, car 200m plus loin je devrais m’arrêter pour tout enlever, car la montée, ça réchauffe et le soleil commence à réchauffer l’atmosphère. Du coup, je perds 10’ alors que je n’ai pas trop de marge…

Je m’empêche de stresser et me raisonne. Je ne veux pas revivre l’enfer de 2016 dans cette partie, qu’il me faudra faire seule cette fois. Alors c’est un pas devant l’autre, régulier et sans s’arrêter. Trouve ton souffle ma grande ! Et ça passe comme ça, jusqu’aux Miages. Je regarde l’heure, il faudrait que j’arrive à gérer la montée en 1h, je sais que je peux le faire.

N’empêche, quand on voit ce qui nous attend, ça fait peur ! Alors je décide de ne pas lever la tête (aussi peu que possible en tous cas) et d’avancer. Le plus dur, c’est la montée droite. Ensuite, je compte les zig-zags et m’autorise à regarder vers le bas, ça encourage.

Finalement, j’aurais mis 1h05 pour arriver en haut. Je n’aurais pas été rapide, mais efficace, car je n’y ai pas laissé inutilement d’énergie et je sens que j’ai encore du jus pour la fin. Je pense surtout à la montée après la passerelle !

Tricot – Bellevue : 12h50 – 14h00, 1259e - 11km; D+ 6653m

Je m’offre une barre, et j’attaque la descente, vaille que vaille, en soulageant le releveur avec les bâtons. Je calcule mon temps. Vu mon état, ce sera dur de faire moins qu’1h30, mais j’essayerai, comme m’y a encouragé Christophe, de rattraper mon retard sur le plan pour avoir de la marge après.

Finalement, j’y suis arrivée : plan : 14h00, tenu ! Maintenant je suis cool. Je sais que je vais retrouver Christophe et les enfants sur la portion de route avant le ravito des Houches. Je sens que l’inflammation monte plus haut sur la jambe, donc je décide de prendre quand même un ibuprofène avant la descente et je recharge une flasque en eau.

Bellevue – Les Houches : 14h05-15h02, 1246e - 115,6km; D+ 6653m

Je descends aussi vite que possible sur ces sentiers qui me vont bien. Même si je me sens mieux qu’en 2016, j’y serais malgré tout plus lente à cause de la cheville. Je tiens le plan cependant. J’ai 1h d’avance sur la BH. Je pense à Bubulle, et je lui promets que cette fois, je vais tout faire pour tenir cette avance jusqu’à l’arrivée !

Après un bout de route avec mes hommes et un gros bisou à chacun, je passe le ravito en vitesse, en rechargent juste en overstim et en prenant quelques cookies, car ça sent l’écurie !

Les Houches – Chamonix : 15h04-16h34, 1231e - 123,4 km; D+ 6791m

Que c’est long cette route ! ça n’en finit plus ! Heureusement, je croise des coureurs et coureuses de toutes nationalités entr’aperçus ici et là et on s’encourage d’un sourire. La musique sur les oreilles, j’essaye de ne penser qu’à l’arrivée et à soulager mon releveur en feu. Je sens que je vais trinquer dans les jours qui vont suivre… Faudra revoir la prépa pour éviter ce genre de désagrément. Y a du renforcement à revoir.

Enfin, les Gaillands, la route, je pleure presque de douleur. Heureusement, Christophe et les garçons me rejoignent et on continue ensemble. Arrivée dans le centre, les encouragements des passants me boostent et je me prends à courir, tellement que mes hommes ne suivent plus.

Finalement, je passe les derniers mètres acclamée comme jamais. Quelles sensations ! C’est bien la première fois et ce sera un super souvenir, même si je passe la ligne d’arrivée seule, heureuse d’avoir pris ma revanche sur cette TDS une seconde fois, malgré la météo et les soucis physiques, encore !!

Et maintenant… ?

J’ai les 15 points, et alors, je fais quoi ???? C’est tentant quand même, sachant que mes chances de finir sont de 1/3 et en JALBHAC total !!

29 commentaires

Commentaire de L'Dingo posté le 02-09-2018 à 19:32:44

J'ouvre la file des coms.

Voila un super CR de gestion d'une course ultra.
On voit Mamas que tu as acquis et intégré une solide expérience. A chaque situation difficile prévisible: une solution anticipée.
Et quand c'est l'imprévu qui frappe, alors le mental prend le relai.
Belle course.

Le rythme d'un métronome détraqué comme celui-là :-), beaucoup voudraient pouvoir le tenir.

avec les 15 points tu fais All-in :-)))

Commentaire de arnauddetroyes posté le 02-09-2018 à 20:08:24

Bravo pour ta revanche et ton CR,maintenant il va falloir changer de Course comme celle à 15 points par exemple ;)

Bonne récup !

Commentaire de Stéph le givré posté le 02-09-2018 à 20:59:49

Bravos belle revanche à toi avec un combat de tout les instants. Félicitations et bonne récupération. En attendant de te suivre l'année prochaine sur l'UTMB

Commentaire de Amie Lutin Katia posté le 02-09-2018 à 21:32:19

Bravo à toi Mams, on ne s'est pas vu mais j'ai bien pensé à toi! Aller l'année prochaine on se la tente cette course à 15pts!
J'en profite pour saluer tous les kikous, vous remercier pour vos commentaires pendant la course… trop drôle!

Commentaire de Mams posté le 02-09-2018 à 21:41:01

Bravo à toi aussi!Je me doutais que tu étais loin devant et j'étais ravie de voir que tu as performé du tonnerre!! Au plaisir de se recroiser oui, au départ peut-être? ;)

Commentaire de Mams posté le 02-09-2018 à 21:41:33

Merci pour les encouragements!! ^^

Commentaire de Bérénice posté le 02-09-2018 à 23:30:37

Je ne te connais pas mais je te suis chaque année ! Tes recits sont toujours top et celui ci ne fait pas exception. Bravo pour ta course et en te lisant on a l’impression que tu as géré tout ça (presque) facile vu comment tu prends sur toi à chaque difficulté. Oui pour l’UTMB ça manque de fille à encourager :-)

Commentaire de Spir posté le 03-09-2018 à 02:10:11

Tu fais une belle finisheuse de la TDS ! Bravo pour ta régularité, même si tu nous a fait faire du soucis dans la section du Tricot ! Reposes bien tous ces tendons qui ont quand même fait leur boulot jusqu'au bout, pour attaquer la grande boucle en pleine forme !

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 03-09-2018 à 09:39:44

Bravo Mams, je t'ai suivie en même temps que Katia et fus très content de voir les deux filles kikoues finir.
Pourquoi pas l'UTMB avec Katia l'année prochaine ?

Commentaire de Mams posté le 03-09-2018 à 16:17:17

Merci le Lutin, j'espère bien! Mais comme je lui ai dit, ce sera ensemble au départ, car ensuite, je ne suis pas capable de suivre son rythme! ;)

Commentaire de Zorglub74 posté le 03-09-2018 à 09:51:07

Bravo pour cette belle gestion de course et un final malgré la douleur. Je suis admiratif de celles et ceux qui passent autant de temps sur les sentiers (boueux) de nuit. Avec 15 points et une belle maîtrise des temps de ravitaillement tu es prête pour le grand tour en tout cas bien plus que les wagons de coureurs asiatiques qui le tentent chaque année. Tu as une très bonne expérience du long. L'UTMB c'est du très long mais tu as déjà la tête pour faire le tour il ne reste plus qu'à mettre du volume et beaucoup de dénivelé dans l'entrainement (pas forcément en courant mais en randonnant longtemps) pour rendre la chose la moins difficile possible.

Commentaire de Mams posté le 03-09-2018 à 16:18:51

Merci! C'est vrai que le mental et là. Il faudra effectivement ajuster l'emploi du temps pour le volume et le dénivelé, et aussi du vélo pour ménager les cannes...

Commentaire de Mazouth posté le 03-09-2018 à 10:32:40

Bravo Mams !! Tu as relevé ce défi très relevé malgré tes soucis de releveur ! Admirable. Tu as tout pour faire un bel UTMB... ou autre, tu as toutes les qualités requises pour l'ultra, et le sourire en plus ;) On se voit à STL cette année ?

Commentaire de Mams posté le 03-09-2018 à 16:19:44

Merci Mazouth! J'y pense, oui. Peut-être avec mon homme. En tous cas, ce sera un plaisir de revoir les kikous au Flore!

Commentaire de Mustang posté le 03-09-2018 à 10:56:17

Bravo pour cette belle gestion de la course.

Commentaire de alexch posté le 03-09-2018 à 11:47:54

Bravo, mams!! Même réflexion sur les 15 points :)) et mon pote Christophe a tellement adoré l'assistance aux Conta (100m du chalet familial) qu'il en redemande! On se verra sûrement en Alsace au printemps. Bonne récup et bonne chance au tirage au sort! Les barrières semblent plus dures sur l'UTMB non ?

Commentaire de Mams posté le 03-09-2018 à 16:21:56

Merci Alexch! CH'est vrai pour les BH, surtout la première. Niveau rythme, je suis régulière, il reste surtout à augmenter le volume pour encaisser les 50km et la nuit supplémentaires. Tu comptes faire le Trail des Marcaires? De mon côté, je pense faire le 70km (nouveau depuis cette année) dont le parcours est aussi très sympa.

Commentaire de Mams posté le 03-09-2018 à 20:48:03

Je viens de voir que c'est toi qui m'avait permis d'avoir un dossard pour les Marcaires ^^ Merci encore!!

Commentaire de gilles+ posté le 04-09-2018 à 10:20:01

Bravo pour cette deuxième revanche et cette superbe gestion de course, à chaque problème tu trouves une solution et tu sembles parfaitement armée pour tenter le grand tour. Sinon c'est marrant je suis en train de faire un montage vidéo de notre course et je suis presque sûr d'avoir ton check à Carherine dans la boîte, je t'enverrai ça quand ce sera fini. Bonne récupération et bonne tentative pour le big one.

Commentaire de Patpic posté le 04-09-2018 à 20:34:25

Bravo à toi, à ta gestion de course et à ta détermination. Content pour toi que tu sois allé au bout une nouvelle fois. Merci pour ce récit qui me fait revivre cette TDS ... On ne se connait pas mais on a dû courir et échanger un peu ensemble entre Séez et BSM, à un moment où ça allait mieux pour moi après un début difficile. Tu craignais le mal de genoux, finalement ce n'est pas eux qui t'ont embêté. En ce qui me concerne j'ai dû stopper à La Gittaz, j'avais des vertiges. Avec la boue en plus, sur le chemin du curé c'était un peu angoissant. Tous mes vœux de réussite pour tes prochains défis.

Commentaire de Patpic posté le 04-09-2018 à 20:40:46

Bravo à toi, à ta gestion de course et à ta détermination. Content pour toi que tu sois allé au bout une nouvelle fois. Merci pour ce récit qui me fait revivre cette TDS ... On ne se connait pas mais on a dû courir et échanger un peu ensemble entre Séez et BSM, à un moment où ça allait mieux pour moi après un début difficile. Tu craignais le mal de genoux, finalement ce n'est pas eux qui t'ont embêté. En ce qui me concerne j'ai dû stopper à La Gittaz, j'avais des vertiges. Avec la boue en plus, sur le chemin du curé c'était un peu angoissant. Tous mes vœux de réussite pour tes prochains défis.

Commentaire de Patpic posté le 04-09-2018 à 21:54:40

Bravo à toi, à ta gestion de course et à ta détermination. Content pour toi que tu sois allé au bout une nouvelle fois. Merci pour ce récit qui me fait revivre cette TDS ... On ne se connait pas mais on a dû courir et échanger un peu ensemble entre Séez et BSM, à un moment où ça allait mieux pour moi après un début difficile. Tu craignais le mal de genoux, finalement ce n'est pas eux qui t'ont embêté. En ce qui me concerne j'ai dû stopper à La Gittaz, j'avais des vertiges. Avec la boue en plus, sur le chemin du curé c'était un peu angoissant. Tous mes vœux de réussite pour tes prochains défis.

Commentaire de Patpic posté le 04-09-2018 à 22:18:28

Bravo à toi, à ta gestion de course et à ta détermination. Content pour toi que tu sois allé au bout une nouvelle fois. Merci pour ce récit qui me fait revivre cette TDS ... On ne se connait pas mais on a dû courir et échanger un peu ensemble entre Séez et BSM, à un moment où ça allait mieux pour moi après un début difficile. Tu craignais le mal de genoux, finalement ce n'est pas eux qui t'ont embêté. En ce qui me concerne j'ai dû stopper à La Gittaz, j'avais des vertiges. Avec la boue en plus, sur le chemin du curé c'était un peu angoissant. Tous mes vœux de réussite pour tes prochains défis.

Commentaire de Titus73 posté le 05-09-2018 à 10:09:07

Bravo pour cette course. Magnifique récit qui doit donner le gout à plus de femmes de venir se frotter à ce type de parcours.
Quelle régularité! Est ce que la barrière horaire est un motivateur ou un stress à gérer car il semble qu'il soit toujours dans un coin de vos têtes quand vous courez sur ces courses? Je me dis toujours que ca doit manger une partie de l'énergie qui devrait être dédiée à l'effort mais j'ai un doute.
Tous mes voeux pour la suite et bonne récupération en soignant bien ce qui doit l'être.

Commentaire de Khioube posté le 05-09-2018 à 11:07:12

Super compte-rendu, tu as vraiment assuré. Félicitations ! Et je te souhaite d'être tirée au sort, tu sembles avoir l'envie et l'expérience nécessaires pour aller au bout !

Commentaire de Arclusaz posté le 05-09-2018 à 12:02:24

Notre finlandaise volante a encore frappé !!!! quelle maitrise du sujet.
L'année 2019 se présente bien en espérant d'ici là te revoir au Flore.

Commentaire de Mams posté le 09-09-2018 à 22:06:30

Merci Arclusaz! J'ai quand même fait une bourde en mettant un tape sur la cheville qui n'en avait pas besoin, et je l'ai payé après... encore des progrès à faire!
Pour la Saintélyon, c'est pas l'envie qui manque, mais pas sûre de pouvoir à cause du boulot :/

Commentaire de bubulle posté le 07-09-2018 à 20:55:13

Bon, maintenant que tu connais chaque caillou, tu n'as plus guère le choix : faut changer de cailloux...

Alors, évidemment, il y a les fameux points mais.....sais-tu que ces fameux cailloux sont bien différents quand on les regarde à l'envers ? Et, justement, je connais une course qui fait une partie de ces cailloux dans l'autre sens, un peu plus tôt dans l'année. Et de façon "un peu" plus solitaire.... Et, cette course, tu as finalement tout pour la finir.

De même évidemment que l'"autre", là, pour que tes points te servant à quelque chose, bien sûr....

Et puis, en y réfléchissant, faire les deux, ça se fait.

Y'en a du potentiel, hein ?

Commentaire de Mams posté le 09-09-2018 à 22:09:03

Oui, faut clairement changer de cailloux! ^^
Tu parles de la Montagn'hard? Parce qu'elle est tellement "hard" justement, que je ne suis pas sûre de pouvoir la finir, justement...
Faire les deux, pourquoi pas, mais faut voir au niveau timing familial ;)
En tous cas, c'est sûr, j'ai envie d'élargir l'horizon des trails! :D

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