L'auteur : Mekitrun
La course : Embrunman
Date : 15/8/2017
Lieu : Embrun (Hautes-Alpes)
Affichage : 1320 vues
Distance : 233km
Objectif : Terminer
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PREAMBULE
Fallait-il ajouter le CR d’un débutant à ceux des cracks, déjà postés ? Allez, oui, d’autres débutants peuvent passer par-là ? S’ils hésitent à se lancer sur du long ou du très long, ça peut avoir son utilité aussi, d’avoir le retour d’expérience d’un tâcheron.
Pour les plus aguerris, d’anciennes saveurs oubliées peuvent leur revenir en bouche. Lorsqu’on s’essaie sur une prépa, qu’on arrête, reprend, qu’on galère, doute, puis ambitionne, puis redoute, et puis et puis… on s’inscrit, on s’applique, on passe la ligne, et on est heureux comme un gosse à Noël !
Il faut un peu de souffle pour terminer cette épreuve, et il en faut aussi pour arriver au bout de ce compte-rendu ! Alors, respirez bien fort, faites toutes les pauses que vous jugerez utiles, les assouplissements qui vont bien, et on passera peut-être la ligne ensemble…
LE POURQUOI DU COMMENT
Venant du sport co, je n’étais jamais très chaud pour aller gambader 30 minutes juste « comme ça ». Je ne voyais rien de ludique là-dedans, rien à partager non plus, et en plus c’était troooop dur, toujours. Les stages de début de saison, c’était footing tous les matins à jeun. L’enfer. Et un jour, encore jeune, j’ai vu un topo sur le MDS. Les images étaient belles, sentaient l’aventure, et l’enchainement des étapes me semblait surhumain !
Mais des décades plus tard, c’est bien ce reportage qui m’a donné l’idée de me mettre à courir, juste pour le sport. Comme quoi le pouvoir des images…
Et comme d’autres ici, j’ai vu il y a de bien nombreuses années un sujet sur le triathlon d’Embrun.
Alors, et donc, le triathlon, pour moi, c’était ça. Juste inconcevable pour moi à cette époque, mais d’autant plus admirable ! Bon, depuis, je me suis instruit, et évidemment que toutes les formules dans le triathlon, tous les formats, m’épatent quand je vois à quelle intensité ils sont courus, et la prépa que ça demande en amont…
Bon, bref, depuis un certain temps déjà, j’explore l’effort en endurance sous différentes formes. Je me suis démontré qu’il était possible de soutenir un effort sur un temps long, ou même trèèèèss long. Il faut commencer par savoir où on en est, ok. Envisager où aller, et choisir quels chemins prendre. On peut tout mettre en œuvre, mais ça reste toujours une aventure avec sa part d’inattendus. Et c’est sakièbon ! Selon les moments, c’est une aventure géographique, humaine, intérieure, … Celle d’Embrun, ce sera quoi ?
CHICHE
Des appuis de moins en moins sûrs, des impacts sur le squelette plus longs à se résorber, il fallait délaisser un peu la CAP et la montagne… pour passer au triathlon ! Ben ouais ! Pistoche, balades en vélo, un peu de footing par là-dessus comme du caramel, et ça m’ira super bien ! Ouais mais quand même, si je commence, c’est bien pour faire Embrun à un moment, non ? ces images énaauuurmes qui m’avaient percuté, transcendées par les commentaires de mon ancien entraineur en course à pied : « la Mecque du triathlon » qu’il disait. Bon, je reconsidérai le concept : maintenant, je dirai + natation, cyclisme et course à pied. Là, ok, je suis dedans !
Je pensais même m’inscrire pour l’Embrunman l’année dernière, pour ma première saison. Ca n’a pas été possible, mais de toutes manières, c’était très con ! Peut-être que, avec 6 mois d’une vraie bonne prépa… mais, plus sûrement, pour finir (ou pas !) carbo complet, explosé, et être dégoûté.
Non, c’est 2017 qui allait être le bon moment. Et puis d’un coup, sur le forum du club c’était l’ébullition ! Une vieille histoire d’un contrat signé entre quelques cadors du club, après le beaujolais nouveau aux halles de Lyon il y a longtemps, ressurgissait et engageait de facto au moins tous les signataires.
« Excellent ! », me dis-je. Je pourrais même profiter de leur expérience, de leur talent, en partageant des moments pendant la prépa !
Sauf que non. Déjà, des niveaux tellement différents que ce soit en nat ou en vélo, je ne me voyais pas être le boulet qui fait ierch tout le monde. Et puis dans « triathlon », il y a 3. Je le savais bien, il fallait trouver encore plus de temps pour multiplier les séances nat, allonger les sorties vélos, et caler la CAP à la va-comme-j’te-pousse. C’est chronophage, il n’y a pas de doute, et pour du long, ça l’est encore davantage. Mais bon, pour passer la ligne, j’ai lu qu’il fallait 10 heures d’entrainement bien calibré par semaine pour un Ironman. Largement jouable donc.
En fait, ça, c’est peut-être quand on est excellent dans au moins une discipline, ou juste très bon un peu partout… Et puis j’ai lu un peu mieux des comptes rendus et retours d’expérience d’Embrun, et bien sûr : pourquoi c’est mythique ? hein ? pourquoi il y a encore de la place 2 semaines avant le départ pour s’inscrire, hein ? Parce que ce n’est pas un Ironman. C’est juste l’EMBRUNMAN ! Ca fait peur, on s’inscrit quand on est vraiment vraiment sûr ! Mais sûr de quoi en fait ?
COMMENT S’Y PRENDRE ?
Allez, je me fais un petit plan. 10 heures/semaine, c’est pour l’intro. A partir de Janvier, non… disons Mars ? non il y a l’anniversaire… alors disons Avril, là, vraie prépa.
Et non… toujours pas… avec mes 27 heures d’entrainement dans le mois, c’est pas gagné. Et c’est quand même impressionnant Embrun. Regarde dans les tableaux : les derniers à avoir été classés ont mis 1h46 – 1h48 en nat. Oh, on peut partir pour le vélo après plus de 2 heures de nat mais avec un chrono aussi pourri, personne n’a terminé l’épreuve, classé. « mais non, tu ne feras pas 2h, tu as la combi » que me disent des collègues. Vrai ? Ca veut dire que pour l’enclume des enclumes que je suis, je pourrais faire 1h55 alors ? Rire.
Je ne m’inscrirai qu’après avoir estimé la faisabilité sur 2 tris longs. Ca c’est sérieux. Bien, ouais.
Le Semnoz avec Rumilly tombait à pic en mai. Je l’avais mis dans mon calendrier comme une première étape dans la prépa. On était toute une délégation car il était support de ce grand challenge intraclub, notre championnat du monde ... Je n’avais jamais nagé autant, ni roulé avec une ascension aussi longue. Ca se faisait finalement sans rien changer sur le vélo, mais je devais me mettre en tête que l’Izoard c’était le double si on considérait l’altitude, la fatigue exponentielle, la chaleur etc. Donc, calmos. La nat ? ben, très lent, et pour en rajouter, une orientation dans l’eau, de n’importe quoi ! L’Embrunman, ce sera quasi 4 bornes à patauger. Sérieux, est-ce que c’est envisageable ???
La CAP, super bien parti, je devais même retenir les chevaux pour pas exploser au bout de 7 bornes. En fait c’est un pied qui a explosé. La 2ème fois en 1 mois, bing ! re-choc au-dessous. Pourquoi cette foulée rasante de circadien, ici ? N’importe quoi ! Sûrement que le vélo, juste avant, avait son incidence. Je termine tout doux mais douleur de ouf sous le pied. Rien de dramatique et le médecin me dit qu’il a eu pareil, dans les mêmes circonstances, et 4 ans après il est toujours gêné…Okaaayy... Juste du cartilage. Ok. Sauf que même pédaler n’était pas simple. Courir vraiment, impossible. Le plan ? Oublié, allez.
Juillet, peut-être que je peux programmer un truc sur Juillet ? Et ouais, et là, je me déciderai pour Embrun.
Et ben non. Il n’y en aura pas d’autres, finalement. Des cyclos alors ? C’était le plan. Et ben non-plus. Il y aura eu l’Octocôte en mai et puis c’est tout. Ce que j’en ai vu me plaisait bien, et mine de rien, on roule un peu plus vite que lorsqu’on est seul. On trouve toujours un groupe à son niveau avec le monde qu’il y a.
Mais alors si y’a plus rien, ça sent carrément le roussi.
En nageant presque parfois 3x / semaine depuis quelques temps, je sais maintenant que je dois miser sur le vélo. La nat, je suis à mon max (bien sûr, on peut encore rire !). En extrapolant des sorties combi je me dis que je peux mettre moins de 2 heures je jour J. Puis j’ai pensé peut-être 1h50 ? et des tests sur 3000 me permettaient finalement d’envisager entre 1h30-1h45 selon la navigation, le stress, le vent… la CAP, je m’adapterai. Vélo. Il faut que je fasse cette reco à Embrun pour savoir.
ECHANTILLON
Alors en Juillet, j’y vais pour le parcours de l’Embrunman sur 2 jours. L’Izoard passe finalement, en allant pépère, mais c’est après que ça se complique. Deux murs, des coups de vent du diable, et le soleil assommant. Et c’est pas fini puisqu’il y a ce Chavlet à la fin, à redouter il parait.
Et c’est certain ! Une route toute pourrie, des caillasses de partout, du goudron éclaté, fendu, ça se termine même en chemin agricole ! Ah, non, là, ok, c’est moi qui me suis égaré. Mais bon, ce truc-là, le jour J, ce sera l’enfer… Ce truc-là le jour J, ça voudra dire « tu es quasi arrivé au parc à vélo, gars ! Bientôt tu pourras te les friser ! » C’est tout ce que je dois avoir en tête.
En faisant la première boucle, je réalisai bien le peu de plat qu’il y avait avant la première montée, juste au sortir de la nat. Par contre, parcours sympa, là aussi, avec vue sur le lac, quasi 0 bagnole, les oiseaux qui chantent et, et, et on flâne et voilà comment on perd de précieuses minutes avant l’Izoard, garçon ! Faudra bien rester sur terre le 15 Aout, parce que les 20k/h de moyenne ne seront pas simples à tenir… Ouuuhh non.
Quelques sorties en lac encore, et je m’inscrirai juste avant le changement de tarif.
Voilà, y’a plus qu’à. Les dernières semaines, je place des sorties vélos à 100 bornes et plus. Au bout d’un moment, je trouve qu’on peut relativement bien récupérer du vélo. En tous cas, à l’allure que je pratique. C’est pas maint’nant que j’allais taper des intensités de malade, pour être HS le jour J ! Par contre, Mai avait amorcé un changement avec 30 heures de sport dans le mois. Et puis c’est monté de façon régulière vers les 45 heures pour Juin malgré le pied toujours douloureux, et puis 63 heures pour Juillet. C’aurait dû être comme ça depuis Janvier pour bien faire, mais bon… Je gardais quand même un peu de sorties vélo sur Août. On verra bien.
YAPLUKA
Et puis ça y est. On a pu réserver un studio à 10min à pied du départ. On arrive sur place le Samedi fin de journée. Coin couchage séparé pour les enfants, le balcon large pour les petits repas face au lac. Impecc. Tout-va-bien. Sauf la première nuit : ma poupette tousse pendant des heures, n’est pas bien, et dans notre cas c’est toujours un peu flippant : allergies ? excitation ? Ca passe un peu. Non, ça reprend. Dans le milieu de la nuit, ça se calme. Heureusement, le lendemain, elle est plutôt bien, on peut se balader, pas d’autres crises en vue. Et c’est chouette ! ça veut dire aussi un sommeil réparateur en perspective. Et en effet, tout le monde a pu se reposer correctement la nuit suivante. Partir nager à 6.00 du mat, défoncé, non, je ne m’y serai vraiment pas vu…
Et puis il faut penser au retrait des dossards, où je croise Brouette, que je sens déjà dans la course, et qui se remet doucettement de ses 6 semaines de vacances trop courtes ;-) …
Allez, les pâtes, et aussi des pâtes + des pâtes le soir. J’adore, ça tombe bien. Couché exceptionnellement avant 22.00 avec espoir d’endormissement avant 23.00. Et ça dû être à peu près ça.
JOURJI
Je me réveille avant que ça sonne, normal, les affaires sont préparées dans le hall du studio pour laisser tout le monde roupiller, habillage et gâteau sport dans la SDB/WC, et hop hop hop !
Aaarrrhhh…. je traine quand même un peu en vérité… En logeant à proximité du départ, je me mettais à l’abri de problèmes horaires… et j’en profite un peu trop... Le vélo était déposé la veille, en plus, alors… J’arrive 15 minutes avant le coup de clairon, mais c’est bien suffisant pour monter en stress… Tiens, il y a déjà toute une flopée de collègues du club tout prêts, élégamment emballés de néoprène noir luisant, prêts à passer au bouillon. Je ne les aurai qu’aperçus.
Mettre la combi, vérif des affaires pour le vélo, ne pas répéter les conneries des qqs autres tris (oubli du casque, des lunettes, chaussures pas desserrées etc). Là, il y a tout, même la crème solaire, la crème anti-frottement, les barres déjà dans les bonnes poches, la serviette pour plus tard, tout est relativement bien disposé.
Mais j’ai un peu froid. Les mains se crispent un peu. Je connais bien ce phénomène étrange, mais n’ai jamais su le maitriser vraiment. Et je n’y arriverai pas non plus ce matin-ci…. Crainte, excitation, tout mélangé là-dedans. Ca passe après le vrai départ, en principe. Un peu de mal à fermer la combi. Benoit m’aide. Je dois l’aider aussi, mais tout crispé que je suis, je le retarde plutôt le pauvre… P… je les vois tous au taquet, sûrs de boucler l’affaire. Je ne suis pas à ma place.
NAGE, GARS.
Classiquement, en tant qu’enclume des enclumes, je me positionne bien à la fin. Je verrai plus tard sur les vidéos du départ, que même en partant au milieu, j’aurai été touché-coulé. Départ de nuit, étonnant. On m’avait dit : ‘à Embrun, ils positionnent super bien les bouées tu les vois tout du long, sans problème’ je pensais même qu’elles pouvaient être éclairées. Dans la nuit, ça a du sens, non ?
En vérité je ne voyais rien derrière la forêt de bras, les têtes qui se redressaient de façon aléatoire, j’essayais de ne pas trop toucher mes camarades de jeu, et d’appliquer du moins pire possible les recommandations d’Isma. Le truc, c’est que des fois, on sent que ça va bien, très bien, trop bien même et on n’a pas envie d’interrompre la séquence… c’est là que je dévie méchant en général… Alors non, ce coup-ci je ferai un point navigation le plus souvent possible, et tâcherai systématiquement de me reconcentrer sur les mouvements les plus utiles, et le souffle. Les quelques répétitions en lac étaient plutôt sympas. Bon, là il faut rajouter 800m au moins, penser à ce qui suit, faire avec la nuit, tout ça tout ça…
Et alors ? C’est pour ça que j’avais choisi Embrun aussi, non ?
Si.
A mi-parcours, j’essaie de regarder la montre, je pense lire 44 minutes. Ce qui me va très bien. Il faut essayer de garder ce tempo le plus longtemps possible. Avec le jour qui se lève, l’environnement se révèle lentement comme une photographie qui sort de son bain (du temps de l’argentique… c’est loin, hein…). Ca fait plaisir, quand même ! On peut même prendre des caps sur les sommets autour, plutôt qu’à chercher les bouées.
Peut-être pas une si bonne idée puisqu’à partir de là j’ai dérivé un peu. C’est peut-être plus lié au coup de froid qui m’est tombé dessus. Je l’ai senti arriver ce truc, j’ai pensé à un problème d’oxygénation, alors attention les mollets, les crampes, les contractures qui pourraient survenir avant même d’avoir attaqué le vélo…
Non, gère, souffle bien, respire bien.
Mais non, ça m’envahit sournoisement, sûrement. Gère ! MDR ! Un froid généralisé, du bout des doigts de pieds au bout de la. Nuque. Bref, tout le corps. P… je ne suis pas à 4000m d’altitude, qu’est-ce que c’est qu’ces conneries !?!? C’est pareil pour tout le monde, sûrement…. Ben non, moins tu passes de temps dans l’eau, et moins tu risques de te les cailler évidemment. Mais je ne peux pas passer moins de temps. Remarque, je ne suis pas si loin d’avoir terminé cette nat, maintenant. Même, j’dirais que je n’ai jamais été aussi près, pour ainsi dire… Voilà, tu ne peux/dois pas avoir froid. Tu vas bientôt sortir, te sécher, t’habiller, partir à donf et prendre un gros coup de chaud. Bientôt même tu regretteras cette fraicheur quand il fera 35°, hein ! Alors profite, gars. On n’est pas bien, là, à la fraîche, décontracté du. Non. Tout contracté, même, genre hypo qui ne passe pas.
En tous cas je peux sortir en 1h33, ce que j’espérais. Juste 5% de distance en trop, une perf pour moi ! Par contre, claquements de dents et secousses aléatoires tout le long du corps. Je prends bien le temps de me changer, rien oublier, même manger un morceau, frictionner, tapoter, mais toujours à aglaglagoter. Pas grave, je sais que ça monte tout de suite à vélo, la chaudière va vite se rallumer. Dernier du club à prendre le vélo, normal…
CA ROULE !
Je m’attendais à être un peu raide pour partir mais là, avec le monde, le soleil qui pointe et tout, ça semble être moins pire que prévu. Je monte sur le vélo, pédale un coup et là, c’est tout le contraire, vraiment pas bon... Mal de jambes, pan ! Mais je suis encore sur du plat pourtant. Ca n’avait jamais été compliqué d’enchainer, tout juste « pas évident ». Mais là, chtââbaaah !
Déconne pas, il fait beau, tu as la marge escomptée pour l’Izoard, il faut que ça passe vite, ce truc. La récup de la dernière sortie était déjà bien digérée mais peut-être trop. Il aurait fallu aller se faire 45min-1h, sur du plat, et pépère, 2 jours avant, ç’aurait probablement éviter ce problème à l’allumage… Mais il n’y avait pas trop de plat par ici et de toutes manières, j’étais aussi très bien avec ma petite famille à glander par-ci par-là. C’était peut-être juste lié à ma baisse de température.
Avec la première montée, au bout de quelques minutes, les degrés sont là et c’est tant mieux. Le mal de jambe se dissipe logiquement en roulant doucettement. Très bien.
Cette boucle est vraiment sympa. Un échantillon, ok, mais on comprend bien la chance qu’on a à évoluer dans ce décorum, juste pour le sport, avec déjà des supporters. Et quand il faut redescendre pour prendre le pont et gagner Savignes-le-lac, c’est encore mieux. Laisse-allez, c’est une valse. On tourne et retourne un peu, mais à chaque fois, c’est un régal ! Et on n’est même pas obligé de forcer ! Et puis c’est la grande route, le pont qui a aussi son charme, surtout que ça souffle beaucoup moins qu’en Juillet où j’avais du mal à tenir mon guidon. Là c’est gérable. Un peu de bagnoles ensuite, qui te pressent et ça fait pédaler un peu plus vite mine de rien, et puis hop, rond-point au-dessus de Baratier avec plein de gens sympas qui restent là à encourager même la queue du peloton.
Depuis le départ même de la natation, j’ai bien compris ce qui faisait Embrun. On peut toujours mettre en place un truc plus dingue, plus dur, plus haut, plus long, nager juste avec une paupière, et sur le dos, rouler sur un vélo, mais assis à l’envers, faire un marathon de montagne mais sur les mains. On peut. Mais pourquoi Embrun semble unique à ceux qui ont essayé ? Il y a la compèt pour ceux qui veulent (et qui peuvent !), certes, mais aussi l’esprit « sport » des organisateurs, du public, des bénévoles avec à chaque fois une attention portée sur le participant, quel qu’il soit. Genre « nous les gars et les filles du bord de la route, on sait ce que ça vaut de participer à ce genre de truc, et on fait tout pour s’éclater, et vous faire plaisir ».
Partager une belle journée, en fait. Tous. Le sentiment que c’est quand même un peu exceptionnel, mais ça ne se la pète pas. Vraiment, j’adhère.
Tellement que je ne me rends même pas compte que les kilomètres défilent sur la petite route bucolique qui suit. Et puis re-grosse route mais pas longtemps et c’est parti pour les gorges, cette fois.
Un peu de voitures, mais tranquille, Emile. J’ai l’impression de quand même rouler moins vite que pour la reco mais c’est pas plus mal, cette fois ‘faut tout s’enfiler d’un coup alors attention. Certains commencent à gérer, ils baissent un peu l’allure. Mais je dois rester sur ma vitesse, en principe ça passe pour l’Izoard.
Ah ouais ? Pour l’instant, tu ne l’as pas passé alors ferme ta bouche, pédale juste comme il faut. Ne vend pas la culotte de Madona avant de la lui avoir piquée.
Doubler un peu en faisant gaffe à cette histoire de Drafting. C’est vrai que ça doit être pas mal, cette route, à moto, alors les juges et arbitres sont omniprésents. Même quand ils ne sont pas là, ils sont ici ! Est-ce que c’est pareil pour le gros du peloton, ou peut-être ce sont les motos-balais tellement on est derrière ? Chemin faisant sur un très beau parcours, on démarre cette montée à l’Izoard. Dans les faits, c’est une pré-montée. Histoire d’ajuster ses forces sur quelques kilomètres, et d’envisager le rythme à tenir sur la deuxième phase.
Ah ben c’est là d’ailleurs, on y est !
J’ Y ZRAI A L IZOARD, AAAH ZA OUI.
Tout de suite, on sent que cette partie-là va durer plus longtemps… Tiens, un type avec une tenue et un équipement impeccables, essaie de rouler dans la première vraie difficulté mais de derrière déjà je l’entendais gueuler. « Aaaaarrrrhhh, p… de crampes, aaarrhhh ». Mais il avance, en insultant la mère de quelqu’un, à priori… qui ? je ne sais pas. Lui non plus sûrement, mais ça lui permet de pousser et d’avancer un peu, Le pédalier tourne toujours…
Des crampes ? déjà ? Il ne faut pas que ça m’arrive, parce que là, je jette le vélo. Tu vois le truc de ne pas arriver au col, alors que tu as juste fait 80 bornes ? Il a dû s’entrainer et tout et là, shhhtooouk. Collé sur le goudron. Sûr que ça doit foutre les boules. Sauf si c’est à cause de la super soirée de la veille. L’un compensant l’autre, le séjour aura été sauvé… Mais quand même, on est tous, chacun, dans l’espoir au moins de boucler cette affaire. Allez, décamètre par décamètre, ça avance. Correctement. Ce qu’il faut pour envisager d’amener au bout ma carcasse.
Ah, ici, il y a des passages quand même bien raides, la vache… d’ailleurs certains mettent le pied à terre. Ils doivent être au bout de leur vie, c’est pas possible ??? Ils savent que ça ne fait que monter à part une ch’tite relance en descente dans plusieurs kilomètres ? Tu fais ça, tu repars comment ? Droit dans la pente : pas possible puisqu’elle t’a fait t’arrêter. Pas de plat. Il faudrait se positionner dans le sens de la descente, donner qqs coups de pédales, virer à 180° et repartir en montant… Un chantier, quand tu es déjà pas bien ! Franchement, ça me semble compromis.
Je me permets d’encourager ceux qui pédalent encore, mais j’ai l’impression que c’est plutôt mal pris quand je vois les visages fermés se tourner vers moi. Merde, ils prennent ça pour de la suffisance, de l’arrogance ??? ils voient bien que je ne suis pas une fusée ! Que c’est juste l’histoire de les sortir de leur torpeur en montrant qu’ils ont un compagnon de galère… Ca se fait bien dans l’ultra en général, on passe un moment ensemble, ça requinque, c’est sympa, on progresse, et on se relance.
Mais là, attention, c’est du triathlon, garçon ! On ne rigole pas ! Et il faut que je fasse gaffe à ce drafting, de toutes manières. Même à 8k/h je suis pénalisable. Heureusement, à l’approche du col, je retrouve des concurrents plus détendus, plus enclins à l’échange. Oooh, on ne disserte pas, mais ça fait plaisir. Ben ouais, on est là, pépère sous le soleil, dans cette splendeur minérale, c’est pas pour se faire la gueule comme dans un métro aux heures de pointe, non ? en plus, bientôt c’est la pause déjeuner ! Ca va être super.
Pas de ravito perso : dans le meilleur des cas, je me voyais avec 30 minutes de rab sur les barrières horaires, alors le temps de chercher, avec le break physiologique, se détendre les doigts de pieds, et tout, non non non, je me contenterai de ce qu’il y a.
Aaaahh, la petite redescente avant les ultimes efforts sur l’Izoard. Ca fait du bien, c’est agréable, mais ça ne dure pas longtemps… ça remonte… Plus de monde dans les virages que pour la reco, et surtout nettement moins de bagnoles et de motos qui se faisaient des chronos de bourrins. Tout à coup, tout plein de vélos à l’arrêt. J’y suis, au col !
On se sent moins seul ! On est nombreux finalement à être sur cette allure alors ! Presque. J’entends que certains ont fait un vrai break, bien long, bien mangé, et qu’ils vont descendre à fond les manettes comme ils adorent…. Et de fait, j’arrive, quand plein d’autres repartent. Timing plus serré que ce que je pensais sur les barrières, mais ça va le faire. Un truc que j’ai bien intégré au fil de mes expériences sur les efforts très longs : régularité dans l’activité physique et physiologique, tout le temps le mouvement même en s’alimentant, sauf à être cramé de chez cramé. Depuis 6h ce matin je suis ces préceptes. Et si un Bruno Heubi est sur cette longueur d’ondes, c’est que c'est testé et approuvé pour tous les niveaux.
Mais c’est curieux comme la notion du temps peut varier pour un même individu selon ses états de forme… Avant que le réveil ne sonne, je suis debout ce matin comme si une horloge interne était programmée. Ici, le temps de descendre du vélo, manger 2 cahuètes pour faire passer l’acidité de cette boisson iso pêche-je-ne-sais-quoi, refaire le plein d’eau, barres, gels et vlllaaaaan ! 10 minutes dans la tronche ! Là il faut vraiment pas trainer et redescendre.
Avec le vélo, j’ai redécouvert mon corps, non ce n’est pas sale… : sur toutes les sorties de plus de 3h30 ou de 100 bornes, systématiquement, 2 doigts du pied droit prennent feu. Lentement mais sûrement. Ca chauffe, brûle, et se consume à en être vraiment insupportable. Chaleur, frottement ? un peu tout essayé et même pris des nouvelles pompes blanches pour dire de limiter un max la chaleur, mais non, rien n’y fait. Ce serait un problème de circulation. Peut-être lié à une sale nuit en montagne, jadis, et aux gelures consécutives. Une gêne par temps froid ou en courant mais alors sur le vélo… c’est vraiment plus que ça, un vrai truc de malade. En posant le pied nu sur le sol, ça passe en principe. En bougeant un peu, c’est encore mieux, en 5 minutes la douleur diminue nettement. Ca revient par la suite et il faut recommencer. Pas le top quand on en est à regarder sa montre pour éviter de coincer dans les barrières horaires… Heureusement, dans la dernière sortie, j’ai trouvé un compromis : tout en roulant, crisper les orteils et relâcher, comme pour gripper la semelle intérieure. C’est infernal pendant 30 secondes et petit à petit ça redevient supportable. Le seul truc, c’est qu’il faut répéter et répéter le mouvement jusqu’à poser le vélo. Et le but, c’est de ne le poser QUE dans le parc à vélo. Pas avant, non. Franchement, là, tout va, alors juste : descend.
VRRROOOOUUUM. PSSSHHHHHH
Je vois des missiles passés à côté de moi, comme d’hab. Je trouve la descente quand même risquée. Comment ils font ? Ils sont lucides pour trajecter comme ça, serrer les freins bien quand il faut, poudrer encore plus dès qu’une ligne droite fait plus de 50m… Dingue. Je compte malgré tout dessus, pour me recaler sur une moyenne horaire de 20km/h et recoller aux temps de passages estimatifs de l’orga pour les différentes bourgades. Ne pas se crasher, quand même.
Il ne fait pas froid, et je ne regrette pas d’avoir zapper le coupe-vent en partant. Ca suffit bien comme ça. Briançon. Je m’étais planté durant la reco, à la sortie de la ville. Ce coup-ci, avec les signaleurs, ça va ! je ne peux pas me fier aux autres vélos… je n’en vois pas ! Je serai tout perdu, à la toute fin alors ? Pourtant j’étais correct, non ? On dirait pas… Bon, j’en reverrai peut être dans la prochaine heure. Allez.
Mais ce n’est pas si simple de rouler correctement à nouveau. Un p‘tit gel peut être ? Et ouais, ça descend, ça roule, et on ne pense plus à s’alimenter, hein. Barres finalement, eau, impecc. Belle ligne droite relativement plane. Du vent, certes toujours emmerdant quand on se le prend en pleine face, mais tellement moindre qu’au mois de Juillet, qu’il n’y a aucune réclamation à formuler. Et puis ho, c’est que-du-bon-heur ! Dans les 15minutes d’avance sur les barrières. Il faut juste continuer, je me souviens bien des 2 pentes à venir + ce Chavlet tout pourri. Maitriser, et faire un marathon allure footing.
Sauf que non.
Des vibrations, un bruit un peu sourd accompagne la rotation de ma roue arrière…J’ai peur de comprendre.. J’ai déjà eu ça 5 fois dans les dernières sorties. Un coup d’œil qui confirme : crevaison. Krys m’avait bien dit les mauvais retours que les gens faisaient sur ce modèle de pneus, j’avais demandé à Steph aussi mais dernièrement le vélociste m’avait dit avoir probablement trouvé la cause du problème qui se répétait : un fond de jante irrégulier. Il fallait refaire le truc, et de fait, la dernière sortie s’était passée sans crevaison. C’était cohérent, il me semblait que les chambres étaient touchées, piquées, sur l’intérieur de la roue.
Mais là, rebelote. Coup du sort ?
C’était sur une jolie portion de bitume, quasi neuve, bien droite, bien noire, en plein soleil. Alors, la fatigue, le flip ? je ne sais pas mais j’ai mis un temps de ouf pour enlever le pneu, et une éternité pour le remettre. L’impression de forcer comme un malade avec les doigts, mais aucun résultat.
Les minutes filent. Les derniers concurrents aussi… et allez, ça passe et repasse… heureusement, une moto avec un arbitre s’arrête sur mon côté. Ils regardent, comme ça, peut-être pour me proposer une vraie pompe, ou un coup de main ? j’ai grave les boules d’être collé ici, et leur demande juste ce qu’ils veulent, de la tête. Ils peuvent me dire, au bout de 3 minutes à mater, non ?
« Vous voulez continuer monsieur ? ».
????!!!!
Je suis blessé ? il y a une tempête ? je suis hors délai ? N O N ! Alors bien sûr que je vais continuer ! Faut juste que je puisse remettre ce p… de pneu ! Mais ils ne peuvent pas m’aider. Et non, ce serait une assistance, et ça c’est interdit. « On vous aide psychologiquement, déjà »… Peut-être bien que oui, au fond. Car d’un coup, le pneu se remboite dans la roue, je peux gonfler avec la mini pompe.
Grosse suée en plein cagnard, mais je vais pouvoir rouler à nouveau. Je suis à combien de bars dans la chambre arrière ? impossible de savoir, mais avec la mini pompe sûrement pas à 7.5… Le pneu va bieeen s’écraser sur le goudron, maximiser l’adhérence, pour bieeeen me faire forcer…Non, c’est grilladin, c’est certain. En plus dans les virages, ce sera un peu flottant, la chambre va s’échauffer d’avantage et re-crever. Ok, j’ai encore une chambre en rab, mais perdre encore 15 minutes… arrête, ça ne sert à rien.
Coup d’œil sur mon tableau coller sur le cadre, pour voir que je suis ‘out’ maintenant. Il doit rester dans les 60 bornes, et la moto, c’était peut-être vraiment la moto balai… je ne vois plus aucun autre cycliste arriver. Tous sont passés devant ??? Va falloir bourriner, et récupérer les minutes.
Bourriner fort maintenant c’est jouable car relativement plat, mais je serai comment à Pallon ou Champcella ? hein ? Et si je ne bourrine pas maintenant est-ce que je pourrai rattraper le temps perdu dans le Chavlet ? Ben non, carrément pas ! Bon, j’fais quoi ?
LONG IS THE ROAD, HARD IS THE WAY, HEAVY MY LOAD, BUT DEEP IS MY FAITH. 😉
Appuyer un peu plus, mais doser quand-même, encore mieux s’alimenter et boire, des objectifs à court terme : retrouver les copains, ne pas se croûter aux ravitos, refaire un point dans une heure. Avancer un poil mieux pour se rapprocher des temps de passage estimatifs.
Mais là, les cuisses font quand même la gueule… Mieux doser, alors. Récupérer dans les montées, comme un vrai raider, mais ne pas s’effondrer. Et ainsi, oui, je revois des maillots au loin, des vélos. Doucettement, très progressivement, je les rejoins. Après une trentaine de bornes je repasse même un peu de concurrents mais ça ne dit pas grand-chose sur l’allure. C’est plutôt que des gars sont bien cuits maintenant, et font ce qu’ils peuvent.
Premier raidar, Pallon ? Champcella ? je ne sais même plus où j’en suis… Bon, je sais que ce n’est pas long, mais je suis au bout de mes 20 vitesses et pourtant j’avance comme un escargot. Pire même, j’ai l’impression que je ne vais pas atteindre le haut sans poser le pied à terre à mon tour… Paniqué, je n’arrive pas à déclipser au moins une chaussure. Je vais m’écraser comme une bouse, là, et peut être niquer le vélo et le reste, et pas pouvoir repartir.
Pas possible ça, il FAUT que le pédalier tourne encore un peu, il doit me rester 5 mètres. Arrrhhhh.. Non je vais vraiment me scratcher, merde ! Aaahh non, l’honneur est sauve, ça passe. Juste, mais c’est bon, il faut continuer comme si de rien n’était… « Hein ? ouais, j’ai fait exprès, c’était pour amuser le public, regardez, maintenant, voyez comme ça roule ! » Plus simple en effet, mais il y a un autre morceau à venir et toujours des minutes à rattraper. Ca ne passera pas. Heureusement qu’ils n’ont pas positionné des barrières horaires plus fréquentes, je serai déjà sorti. La prochaine est à Pont Neuf. Est-ce que je peux me refaire d’ici là avec ce qu’il reste ??? Pour le savoir, il faut continuer, appuyer, et si je passe le pont à temps, espérer qu’il reste un peu de jus pour ce Chavlet.
Mais la moindre inclinaison coûte bien chère maintenant et il faut toujours que je pense à gripper cette semelle intérieure avec mes petons… Au feu ! Tiens, en mettant le pied un peu sur la tranche extérieure, on dirait que c’est plus efficace encore. Je vais continuer comme ça. Ce n’est plus insupportable, là, bon, alors ! le vent n’est pas déchaîné, il fait même moins chaud, et c’est plutôt roulant si on regarde bien, non ? Il doit rester dans les 30 bornes maintenant.
Je rejoins un gars de Six Fours Triathlon, et veux échanger 2 mots. Si j’ai pu le rejoindre c’est qu’il n’est pas super bien. Je l’encourage un peu. Mais là encore, c’est le regard qui tue… Il faut que je comprenne que ça ne se fait pas dans ce sport, de vouloir emmener un peu les gens, d’espérer que le plus grand nombre finisse, de les tirer un peu… Non, même là dans cette queue de peloton, il faut être «winner». Bon…
Mais le type me parle tout à coup : « on est comment par rapport à tes temps de passages que t’as collés ? » « c’est juste, trop juste, mais faut essayer, faut être à 16h10 à Pont Neuf » Lui avait 16h25 en tête. Finalement je verrai plus tard que je m’étais aussi planté de 5 minutes. « 16h10 ??? t’es sûr ??? » Finalement, il me parle un peu de sa région, du problème qu’il a eu avec l’altitude etc et il recadre : « 16h10 ? ». Lucide, je lui dis qu’à mon avis c’est mort maintenant, mais peut-être qu’ils donneront un peu de mou, c’est pas des chiens, ho ! Ca se fait sur les épreuves très longues, non ? Quand on se dépouille pendant des heures et des heures, on ne peut pas être éjecté comme ça pour 10 minutes !
C’est surtout que tant qu’on n’est pas dehors, c’est qu’on est dedans ! Faut même pas y penser. Faire du mieux possible, pour ne pas avoir de regrets. Ne pas perdre du temps à chasser les idées noires ; juste s’arranger pour qu’elles n’arrivent même pas au cerveau.
Et là, le gars, biing ! il allume comme sur un départ de contre-le-montre. C’est dingue ça. S’il lui restait tout ça sous le pied, pourquoi il se trainait comme ça ??? Là, c’est les nerfs, probablement. A tous les coups, je vais le revoir dans 200m, démonté, c’est de la folie.
Mais non, target=pont neuf, et il est parti pour ça, passer. On n’allait pas l’arrêter comme ça, non. Je me relance un peu aussi du coup, mais les cuisses, les mollets, gonflent gonflent…. Et je ne peux pas me mettre dans cette allure-là. Même si ça veut rire, que je passe Pont-Neuf, je serai H.S. pour le Chavlet. Encore plus frustrant de s’arrêter un peu plus près du but… On verra.
TANT QUE C’EST PAS FOUTU, C’EST PAS FOUTU !
Petite redescente, roulage, aaaah ravito du Pont-Neuf, je ne regarde même plus la montre depuis un moment, de peur d’une mauvaise manip et pong ! croutage par terre. Plein de gens encore, à encourager, battre des bras. C’est que ça passe alors ? Initialement, je pensais détendre un peu les cannes en demandant de la boisson vite fait, mais là même les gars du ravito sont devant les tables et hurlent « Allez, allllleeez » en faisant des grands moulinets pour qu’on circule vite fait. « vous n’avez pas le temps pour la pause pipi, là, on avance on avance, si vous voulez continuer, allleeeez » Y’a pas à se poser de questions, si tout le monde est là à te dire de ne pas prendre racine, c’est qu’il y a une excellente raison, et tu la connais.
Je la redoutais, même.
Mais c’est une question de points de vue et de perspectives, tout ça. Je décide donc de voir ça d’un certain angle : c’est une excellente nouvelle, ça veut dire que je suis de nouveau dans les temps, sûrement sur le fil, mais j’ai pu récupérer les minutes. Le Chavlet va arriver avec ses courts mais raides passages, et ça, en bout de course… je ne sais pas comment ça va faire…. Il faut juste répéter ce que j’ai fait le mois dernier. Peut-être en un peu mieux pour être sûr de pouvoir partir courir, mais ne pas se scratcher sur cette route pourrie, et ne pas se choper de crampes qui me scotcheraient plus tard, sur ma chaise dans le parc à vélo.
Bien comme il faut, c’est tout.
Avec les premiers virages, c’est l’occasion de voir que j’avais peut-être plus de mou au Pont-Neuf car il y a quelques vélos derrière encore. Bon, ok, il y en a beaucoup plus devant… Y’en a des, qui descendent carrément et marchent à côté de leur monture, comme dans l’Izoard. Mais est-ce qu’ils seront dans les délais pour la CAP ? Tentant. Non, je ne veux même pas essayer, j’ai déjà bien joué avec les barrières horaires jusque-là. Et puis j’avance quand même, et même mieux que lors de la reco. Je sais à quoi m’attendre, c’est peut-être pour ça, et surtout, la route a quand même été nettoyée. C’est dingue, j’avais ces % en tête, comme un gros morceau de bravoure, si ça devait coincer méchamment, ce serait ici.
En fait non, carrément mieux que ce que j’imaginais. La descente, il faut faire gaffe c’est certain, mais ça descend, donc ! et au bout, on sait tous qu’on pose le vélo pour une petite pause, et hop, marathon. A nouveau un gros public. Je ne vois pas ma petite famille mais ils doivent être vers le parc à vélo, à proximité des jeux d’eau etc pour faire passer le temps. Et oui, c’est très long pour eux aussi, je ne suis pas Zamorra…
C’EST BON
Ca-Y-est ! le parc à vélo ! j’avais quand même jeté un œil sur la montre dans la descente, ce qui est vraiment crétin, et vu que ça devait être ok pour les délais.
Mais alors là, c’est carrément confort ! D’après le speaker, il y aurait même 10 minutes encore. Mais comme d’hab dans cette configuration de fatigue, le temps défile trop vite.
Encore une fois j’ai du mal à retrouver ma place. Pourtant il n’y a pas de doute, c’est le bon numéro que je vois là, mais il y a tout un tas de bordel sur ma chaise, et devant, qui m’empêche de voir MON bordel rien qu’à moi ! J’avais prévu le coup, tout était resté compartimenté.
Ingurgiter la compote, le change complet, boire le reste de Saint-Yorre bien tièdasse, surtout bien prendre le gobelet de l’orga comme ils ont dit, casquette, veste de pluie car maintenant des nuages tourneboulent sur les cimes alentour et le lac, et à cette heure-là, ça ne m’étonnerait pas que ça annonce un peu de flotte.
Ce ne sera pas un marathon normal, d’où les précautions. J’ai entendu que certains avaient passé 6 heures pour le boucler. S’il pleut, en se trainant, et avec le travail musculaire cumulé, c’est crampes, dégoût, froid, abandon.
Mais ça, non. Je ne le ferai qu’une seule fois, alors maintenant que je suis là il faut tout tenter pour finir dans les délais. D’où le choix d’un change intégral aussi. J’ai du mou (vraiment juste un peu, en vrai…), je vais mettre des vêtements propres, larges, confortables. Ouais mais c’est pas pour ça que tu dois perdre du temps, feu !
C’est bien la première fois que je prends aussi peu de minutes pour une transition ! Plus tard j’apprendrai que ça aurait pu me coûter super cher : il y a eu des disqualifications pour nudité dans le parc à vélo ! C’est vraiment dingue, ça. Ca sue, ça pue, ça crache, des fois même pire, de partout mais par contre un homme tout nu, ah ça non ! Ou une femme d’ailleurs.
Ils en avaient parlé, des cabines étaient spécialement montées. Ok, mais il faut y aller, en revenir pour reposer ses trucs et repartir et ça, quand il reste 5 minutes, ben ça risque bien d’être fatal. J’avais prévu un grand drap de bain pour m’enrouler et me changer, mais même ça, pas le temps. De toutes façons, sur ma chaise, faudrait vraiment le vouloir pour me voir à poil. Vite fait bien fait, c’est plié. Mais je suis vraiment dégouté pour ceux qui se sont faits virer pour ça. Là, l’esprit ‘sport’ que je trouvais excellent en prend vraiment un coup.
DE DO RUN RUN
C’est parti mon kiki. Y aller doucement, ne pas brusquer les mollets, les cuisses, après cette petite pause et progressivement, retrouver une vitesse footing. C’était le plan. Avec le D+ sur Embrun, ça ne sert pas à grand-chose de se fixer une vitesse de croisière. A la sensation, en se connaissant bien, on doit trouver la bonne allure : c’est celle qui permet d’arriver au bout, du mieux possible. Point.
C’est-à-dire pas de blessure, pas de coup de blues, pas d’effondrement.
Je n’ai aucun repère sur un enchaînement pareil. Bon, je ne suis sûrement pas tout seul comme ça. Mais je sais que l’année passée après 9h30 de vélo sur les 170kms de la Volcanique pour l’Ardéchoise, j’étais en petits morceau et me disais « tu te vois partir pour 42 bornes à pied là ??? » C’est vraiment tant mieux de ne pas avoir tenté l’Embrunman pour ma première année de Tri. Mais en 2017, même pas peur après le parcours vélo dans ces hautes alpes ! Le plus dur est vraiment fait. Tu parles, Charles…
Au levé de ma chaise, j’ai bien senti que j’allais être loooouuurrd pour ce marathon. Footing… même ça, pas sûr de le tenir. Qu’est-ce qui s’est passé sur les cuisses ? Elles ont gonflé à mort, on dirait ? J’ai l’impression que tout se tend là-dedans. Et pour plier-déplier tout ça, alors là, c’est encore une autre histoire.
C’était un peu prévu, ça devrait passer. Dans 5 minutes, ce sera nickel. Cinq minutes justement c’est le temps donné par le speaker pour se casser vite fait de là, sinon, couïïïc, c’est la barrière horaire.
Mais par où ? Le tapis qui prend le chrono, c’est celui-là ? ou après le ravito du fond du parc ? Ah, non il y en a encore un autre à priori, en fond de longueur, c’est peut-être celui-ci... 5 minutes, mais avec des cuisses comme ça, je ne vais pas y arriver, bordel ! Je gobe des raisins sec, eau, Saint-Yorre.
Allez, « fais vite, mais va doucement »… Sortie du parc à vélo, le gobelet d’un côté, le KWay de l’autre, je trottine. C’est bizarre, personne n’a pris son gobelet. Ils ne veulent pas perdre de temps à boire, sûrement... Pourtant l’orga était formelle, il faut le gobelet, c’est important, il y a un label « développement durable », et ouais.
Impossible de voir ma petite famille. Ils doivent être plus loin. Au bout de 5 minutes, je m’engouffre en direction des coureurs qui eux, reviennent déjà boucler leur tour. Je me souviens avoir vu sur le tracé, qu’on se croisait vers la rivière, plusieurs fois. Je suis derrière une concurrente qui trottine aussi. Mais on est quand même bizarrement seul dans ce sens. Je demande sur le bord du chemin où on me confirme que c’est bien le parcours marathon.
Bien.
J’entends gueuler un peu, normal, avec tout le bazar qu’il y a sur ce nœud du marathon, c’est l’effervescence. « Monsieur, monsieur ! » Etrange, ces formules de politesse au milieu du public. C’est pour moi ? Je dois faire très vieux… C ki ki kri ça, é à ki ? à un moment j’me retourne quand même.
Sacrebleu, mais la dame s’adresse à moi ??? Et la concurrente devant n’en est pas une, non, juste envie de se dégourdir les pattes en attendant les copains. Aaaaahhh… alors, on me dit de faire demi-tour, je vais dans le sens opposé ! Enquiller en remontant un peu vers un ravito etc. C’est vraiment rien, mais à ce stade-là, le demi-tour et les décamètres m’ont vraiment déboîté pendant quelques secondes. Je suis le seul à m’être planté alors ? Vraiment pas bon le gars. Et pas de signaleur, pourquoi ? Tout le monde connait le parcours ou quoi ? Mais c’est comme ça, la signaleuse avait aussi besoin d’une pause physiologique… Ca ne peut être que ça ; tous les gens présents sur l’ensemble de la journée ont été au top.
C’est parti pour le centre-ville. Ça monte un peu, c’est prévu. Je passe la première et essaierai d’allonger la foulée dès que possible. Enfin… allonger est un peu exagéré… En fait je ne peux vraiment pas courir correctement, même un p’tit footing… tout est grippé. Crroiiinnc, ça grince presque et je crains qu’en voulant mieux faire, les mollets se nouent et là, ce serait vraiment n’importe quoi pour les heures qui suivent. Alors non. D’ailleurs, il faut juste que je me souvienne : footing, et toutes les montées en 1ère. Mais pas d’arrêt, pas de changement de rythme brusque (là, y a rien à craindre aujourd’hui !), juste s’appliquer à aller au bout. Si possible, lucide.
BALADE
Ok, mais ça fout les boules quand même… je ne peux même pas me refaire la cerise en courant…
T’es con ou quoi ??? La cerise, tu la poseras sur le gâteau, en franchissant la ligne, et ce sera énorme. C’est vers là que j’aperçois un maillot du club. On ne se connait pas mais je crois maintenant que c’était Laurent. 2-3 mots plus loin, je comprends que c’est aussi son premier tour. Ca redescend un peu par ci-par là, il faut s’attendre à ce que ça tape dans les pattes.
oohhhhfff… pas tant, finalement. Autant en profiter un peu pour sauver 2-3 minutes. C’était surtout pour me rassurer : je pouvais encore trotter presque correctement alors ?! Et puis viennent des tronçons de route un peu droites, on sent qu’il faut à tous prix trouver les 42,195kms coûte que coûte pour l’organisation ! à un moment en contrebas, j’aperçois Steph, bien concentrée, bonne tenue. Pfff… on voit bien, elle ne bataille pas, simple… Comment c’est possible ?
Moi, j’ai l’impression que ça dure un peu trop longtemps ce passage…. Et je sais que là, ça peut me miner sur les 2 prochains tours. Je dois me souvenir de ces virons, du temps que ça prend à rejoindre ce morceau de pont, là… de comment ça saoule de se trainer comme ça, tourner, virer, aller, revenir, recommencer. Je dois m’en imprégner maintenant pour que ça ne me flingue pas sur les tours suivants. C’est juste un petit morceau cramoisi de la course, d’une journée SU-PERBE ! C’est pas ça qui va tout te pourrir, mec. Oooh non. D’ailleurs, tiens, un poil plus d’une heure et déjà 10,5kms au compteur ! Alors ? Y’a rien, là, hein ? C’est bon, comme espéré. Bientôt, ça ira moins bien évidemment, mais je devrais être tout près de 10k/h.
En tous cas, là, je suis le mouvement. Je vois quand même des gus marcher. Tours tentant. Non mais je ne vais pas m’y mettre aussi. Ils doivent être dans leur 3ème tour les gars ! ils savent qu’ils sont arrivés dans une petite heure c’est pour ça ! Attend, ils méritent, oh ! Je n’en suis pas du tout là. Mais je sais que je prends du large par rapport aux barrières horaires. Je pourrai peut-être me poser un peu, non ? Ben non, aucune blessure, c’est juste le début du marathon, après ça va être la nuit et il faudra faire gaffe à ne pas retaper le pied gauche etc etc.. de l’autre côté je vois Brouette, lui fais un signe et dit quelques mots mais le garçon est bien dedans, il n’entend pas. L’appui toujours solide, pas trop décalqué, je suis sûr que le gaillard pourra être dans son tempo jusqu’au bout. D’ailleurs c’est peut-être son dernier tour tellement il a dû avoiner sur le vélo.
Tiens, le Parc à vélo est déjà au bout, là, après les haies de spectateurs. Ca veut dire que j’y verrai peut être ma petite famille. Non, pas là non plus. C’est quand même dingue, ça : tous les enfants d’Embrun et d’ailleurs sont là, à me taper la pogne, mais pas les miens. Il n’y aurait quand même pas eu un problème à la baignade ??? Ou un croutage phénoménal aux jeux ? Une allergie de ouf ? Simplement ras le bol à voir tourner des messieurs-dames à l’agonie, en restant plantés là alors qu’il y a moyen de se mater Indiana Jones à l’appart ? Mère et enfants se seraient barrés… alors qu’ils sont tout pour moi ?!?!? J’vais pas flipper maintenant, le tour n’est pas encore bouclé. Ils seront un peu plus loin sûrement. Allez, un p’tit canon eau-coca, raisins-cahuètes et re-eau en marchant et je repars.
Et oui… je m’arrange un peu avec mes principes maintenant…. Le début de la fin ? Je m’arrêterai aux ravitos, soufflerai et relancerai en marchant. Et ça m’ira quand même très bien.
Non non, je ne les vois toujours pas, et je me traîne ce coupe-vent à la con avec mon gobelet, là… quel naze. Je pourrais les leur fourguer, si je les voyais… Ohhh Pôôh-Pôôh, t’es sûr ? il faudra être vigilant, ça pourrait être considéré comme de l’assistance… et pan ! carton, ou même pire ! Pourtant sur ce que je vois, tu as le droit de courir à côté de ton pote, tu as même le droit de faire du vélo avec un chien pour accompagner ta frangine par exemple !
Qu’est-ce que tu veux qu’ils te disent pour un gobelet et un KWay, franchement ! Ouais mais bon, il suffit de tomber sur un tordu…
BIS REPETITA
Une toute petite bosse (mais bien suffisante !) pour monter sur la digue, et ce sera un A/R dans la poussière volatile que les pieds des athlètes, caressant les chauds cailloux sablonneux du chemin, ventilent, enveloppant ainsi, comme dans un fin velours, tous les espoirs des participants. La lumière transpercée de l’arrivée, l’écrin libèrera les émotions de chacun comme autant d’étoiles perlant le ciel.
Ouhlàààà, tu délires complet, mec ? On va pas s’mentir, t’en as plein les baskets. Et l’arrivée n’est carrément pas pour tout de suite.
Mais où ki sont ? Je ne vois ni ma mie, ni mes chérubins. C’est grilladin.
Il y aura eu un problème. Je fais quoi alors ? je stoppe et rentre ? Je fini coûte que coûte comme un gros égoïste et vois après ?
Oh oh ! Hé, mais ouais ! c’est bien ma femme qui est là, de l’autre côté avec les enfants qui crient, tapent, et essaient même de trotter pour m’accompagner ! Mais obligé d’abord de freiner les ardeurs: 1-de ce côté, ils vont à contre sens des coureurs et vont ou se ramasser ou gêner (ou les deux…), c’est sûr, et 2-je vais me prendre un carton ! Ils le comprennent super bien, j’en profite juste pour balancer le coupe-vent et le gobelet… incognito, ou presque !
Je me recale dans le sens de la marche, me reconcentre sur la course. Vooooaaaalllàààà. Ca va tout seul, hein !
Mais c’est bizarrement là, que j’ai comme la gorge qui enfle, le nez qui pique et les yeux qui clignotent… j’vais quand même pas chialer ?!? Non, mais c’était moins une !
Un phénomène déjà rencontré à d’autres occasions, la fatigue qui aiguise les nerfs et on se retrouve comme figé de l’intérieur de tout ce qu’on capte de l’extérieur. C’est trop d’un coup. Ca devrait être une joie simple qui réchauffe l’âme mais c’est tellement plus ! Il y a du merveilleux là-dedans, un peu comme quand on est devant un Chagall. Bon, si on n’aime pas Chagall on peut remplacer au choix, par Jeff Koons, Killian Jornet, ou ses enfants, Bernard Menez, Beyoncé etc Bref, choisissez ce qui vous a émerveillé un jour, vous vous en souvenez ? Ca envahie, ça déborde, on constate mais on ne sait pas expliquer, on subit mais c’est positif.
Quand même, ce n’est pas de la magie : je conserve ma souplesse de parpaing et mes semelles lestées à l’iridium. Par contre, ce n’est plus un problème ! Dans quoi… disons 10minutes max, au retour, je reverrai mon petit monde et cette fois un peu plus longtemps… je m’en régale d’avance ! Même j’accélère pour que ça passe plus vite ! C’est le point de côté, qui germe qui me fait comprendre ça. Alors calmos nosotros.
Virage épingle à cheveux. Ca y est je les vois au loin ! je sens que ça va être grand ! Je suis content évidemment, mais eux, c’est la première fois que je les vois autant au taquet ! Ils sont à fond ! Le fiston tape les mains des coureurs. Et il y a une sorte de (léger) transfert d’énergie qui s’opère. C’est vraiment bon de les voir, même si c’est court.
Il faut rester vigilant pour esquiver des coureurs cuits de chez cuits qui roulent à gauche. Pas de terreplein central, ici, pas de barrière ou autre, alors des gars se concentrent sur le sens de la marche uniquement. Pourvu que ça avance, le corps va là où les jambes le portent, ça zigzague, ça tangue, ça titube… Ca se trouve, je serai pareil dans quelques heures… Ah ben tiens, c’est pas GregTDI qui arrive à fond en face ? Mais si, j’arrive à le reconnaitre derrière ses Rayban ! je l’interpelle, mais non, le gars est aimanté par le parc à Vélo… il doit terminer son deuxième tour, déjà… Ou alors il a franchement terminé ? ...
IN EMBRUN TOWN
Allez, ça repart direction downtown. Plutôt uptown, on devrait dire… Autant prendre un petit truc au ravito maintenant et repartir vaillant. Vaillant !?!? MDR ! On ne peut pas se tromper soi-même !
Une micro pause avec la boisson iso, ce sera nickel, mais je dois m’attendre à ce que rien ne soit vraiment « résolu ». Ca ira mieux demain. J’avale le truc mais… c’est trop gerbatif ! A une époque -lointaine, j’aurai trouvé ça trop bon, le genre Blue Lagoon au goût. Pas bleu, mais coco-ananas, sucré, et pas alcoolisé ici, bien sûr. En fait, c’est peut-être ce qui manquait ! Franchement sur les boissons ISO, il y avait des problèmes de dosage, ça joue bien son rôle d’habitude, mais là… beeeuuuurrk. J’enquille direct avec un bon gobelet d’eau, un morceau de barre, de la Saint-Yorre-j’adore et hop.
Flop, plutôt. Ca repart doucettement. Steph est juste là mais semble coincer un peu. Elle ne peut avaler que des morceaux de tomates maintenant ! Il y a mieux comme aliments de l’effort et pour le bide, mais pas aujourd’hui on dirait. Dans son cas, c’est tout ce qu’il lui fait du bien, à l’instant présent.
On peut faire un morceau de route ensemble, au moins toute la partie montante, mais elle préfère avancer seule. Je ne vais pas lui prendre le chou plus longtemps; la voix est forte et le débit assez rapide, elle ne s’écroule pas. J’espère ne pas me tromper, mais sans blessure, elle ira forcément au bout.
Je m’y remets un peu. Mais c’est décidé, maintenant, toutes les montées se feront en marchant. Ok, c’est pas la Pierra Menta, mais pour moi aujourd’hui, c’est presque ça ! Même à cette heure-là, au début de la rue piétonne, le patron du bar est encore chaud bouillant, et les clients, pareil ! Encouragements de feu, et spectacle assuré ! Comment j’m’y verrai bien, là, moi, une p’tite table en terrasse, un demi posé dessus, une p’tite clope, ohlalaaa… Non non non non, pas maintenant garçon. En plus, tu sens la fumée de cigarette, comme ça pue maintenant ? Bon, le demi, par contre….
Continue à pousser le bouchon et tu verras que ce deuxième tour sera vite plié. Brouette me voit et m’interpelle, bien lucide, toujours. Le visage est plus marqué, mais il court encore correctement le bougre. J’aimerai trop avoir encore ces cannes. Bon, ça se trouve, il repart à l’instant d’un ravito, hein, alors hein, ça va, quoi… Allez, avance.
En me rapprochant du nœud du parc à vélo, j’en vois d’autres du club d’ailleurs. On ne se connait quasi pas, c’est pas maintenant qu’on va développer des discussions, lier, mais je reconnais à un moment Zigmund rencontré la veille. Ca a l’air d’être super dur. Mais je suis sûr qu’il est déjà en train de terminer le marathon. En arrivant à sa hauteur, je lui mets une tape dans le dos et monte un peu le volume histoire de réveiller un peu les sens. Je le sentais prêt à se coucher sur le bord pour piquer un petit roupillon. Hypo ? Malgré tout, ça sent bon pour lui… Hier, il me disait qu’il ne savait pas trop, il n’avait jamais fait ça, il était KO lors de la reco, il espèrait juste être dans les barrières pour passer la ligne, tout ça tout ça…
Mais pour être dans cet état, il a dû donner comme pas possible ! S’il boucle maintenant, c’est bien que les barrières n’étaient pas du tout son problème du jour, c’est qu’il a senti qu’il pouvait en plus, faire un excellent temps. Y’ a du costaud. Plus loin, c’est Tricastor qui arpente la digue. Je l’ai déjà vu plus…fringant, disons. Mais il est rôdé, et à ce stade, pour lui c’est comme s’il avait terminé. Et plus tard, Benoit, presque arrivé. Croisé le matin pour mettre les combis. Alors lui, il vole ! Ah il n’a pas les jambes en bois, le garçon… Un état de fraîcheur, mon gars ! Au bout de tant d’heures d’efforts ! Et pareil : il a dû poudrer sévère tout du long, pour terminer déjà !
Il me dit qu’il n’est « pas si facile que ça » avec un sourire jusqu’aux oreilles. Moi, je trouve qu’il va quand même pas mal ! Et il est content, heureux. Ca se voit et ça fait plaisir, au milieu d’une population à la trajectoire aléatoire, le front baissé vers le sol, souvent masquée de lunettes noires.
BECAUSE THE NIGHT
Est-ce qu’ils vont les enlever lorsque l’obscurité gagnera ? C’est pour bientôt, ça. Et oui, on trotte, on trotte, mais le temps passe. Le ciel s’est dégagé il y a déjà un moment après environ 1,5 gouttes de pluie. Mais ça va s’obscurcir à nouveau, c’est certain. Quand c’est la nuit, c’est la nuit et puis c’est tout !
Mais avant, je sais que je vais revoir les miens. Après ces parcours un peu bizarres vers le parc à vélo, je retournerai sur la digue et les verrai 2 fois avant les longues minutes menant à l’arrivée. Et c’est bon ! Excellent même ! Ca ragaillardi. Sauf gros pépin, je sens bien maintenant que ça le fera. Ouais, mais… il ne faut pas vendre la culotte avant etc etc… ok ? Donc, ne sois pas con à te la péter dans ta tête, fais jute au mieux, ce sera très bien.
Uptown encore. Ce coup-là, c’est carrément l’aiguille de la République ! Tiens, cette fois dans la rue piétonne, le patron du troquet a abdiqué. Tu m’étonnes, sacrée journée pour lui aussi… C’est madame qui prend la relève de nuit, et c’est excellent aussi. Les clients braillent un peu plus mais toujours super sympas, et la patronne encourage, à bloc.
Je vois bien comment vont se passer les prochains ravitos. Bruno Heubi, ok, je sais que c’est ce qu’il faut faire. Si je pense autrement maintenant, c’est qu’il y a d’excellentes raisons. Mal aux pattes, certes, mais bien lucide. Si je gratte un peu sur tous les ravitos, à la vitesse où je me traîne, je vais gagner quoi ? 5 minutes ? Peut-être 7 ? Peut-être aussi perclus de crampes, je serai. Je ne veux pas arriver explosé, sans rien comprendre, dégoûté d’avoir si mal, et oublier la super journée que je viens de passer !
Maintenant je vais m’arrêter qqs mètres avant les stands, marcher, tailler un bout de gras avec les bénévoles encore présents, prendre le temps de mâcher ce qu’il reste, continuer à boire, redémarrer en marchant et passer au trot pas longtemps après. Ben oui, quand-même. Sinon, ben on continue en marchant. Alors qu’il suffit de re-trotter pour s’apercevoir au bout de 5 minutes qu’on peut le faire finalement, mais que chaque heure, on se met 2-3 kms de plus dans la besace par rapport à de la marche. Toujours ça de pris.
Le truc, ce sont ces 5 minutes : ça peut tirer, coincer de partout, et par voie de conséquence, on doute, on n’est plus rien, bon pour la casse… Alors que NOOOOONNN ! On termine un truc énorme, et ce n’est pas si commun ! Des gars ont déjà abandonné. Nous, non. Un pied devant l’autre, recommencer, c’est pas compliqué, hein ! Allez, on trotte.
Ca devient bien noir, maintenant. A l’approche d’un saloon, je reconnais quand même Sergio. Il a dû faire un vélo de tabazut. Je suis vraiment surpris parce qu’au Semnoz, le jeune quinca avait bien plus qu’assuré, il avait tout éclaté. Et quand on était rentré sur Lyon ensemble, il était encore plein de feu ! En fait, il est tombé de vélo aujourd’hui. Et il est reparti quand même. Ca se trouve, il a super mal de sa chute mais ne peut pas se voir autrement que finisher. C’est un winner dans tous les cas. Maintenant, c’est la ligne. En grand champion de boxe, il a encaissé, s’est relevé, et va retourner sa journée : ce sera quand même une victoire. C’est certain.
POURSUIVRE
La pression, ce n’est plus le timing, il y a du mou maintenant. Le seul truc qui pourrait nous priver d’arriver, ce serait une blessure ou un coup de bambou phénoménal. Bien sûr que ça peut encore arriver ! Alors humilité quand même.
Surtout, bien faire gaffe sur l’imbroglio de chemins vers le pont, pour ne pas se prendre une nouvelle caillasse sous ce pied. Stopper là cette nouvelle mode… Pas bien le goût à allumer tous les radars pourtant…
Je me laisserai + rouler en mode veille jusqu’au bout, voyez ? Mais bon… Si je m’éclate le pied dans l’état où je suis, ça me fout tout en l’air. En plus, c’est vraiment rien ces quelques kms sur la journée, il n’y a même pas à chicaner : faut faire super attention, point.
Pareil pour qui arrive en face. Maintenant que ça se croise dans l’obscurité, des VTTs accompagnateurs se mettent en 4 pour rendre le moins pire possible ces derniers kilos pour leur poto. C’est vraiment très gentil, c’est certain. Pour ce faire, ils ont sorti leurs plus puissantes frontales et éclairent bien loin devant eux pour que le copain se sente comme en plein jour, et ne se crashe pas.
Par contre on s’en prend vraiment plein la tronche en arrivant en face. Avec mes yeux de lapin albinos, à chaque fois, je suis complètement aveuglé pendant plusieurs secondes. Et comme ça sent vraiment la fin, les gars ne tiennent pas forcément leur droite. Vacillent, même.
C’est un peu Halloween au mois d’Août… La démarche déjà bien bancale de nous autres, est comme accompagnée de façon aléatoire par des faisceaux de lune surpuissants par moment. On aperçoit alors des cheveux trempés, collés sur les visages blêmes. La bouche ouverte, on quête la moindre bulle d’oxygène pour rejoindre d’autres silhouettes efflanquées et fantomatiques qui se tordent encore et encore, mais progressent, téléguidées par une seule idée : passer la ligne et revenir parmi les vivants.
Mais, on ne peut pas être plus vivant quand on conclut un truc comme l’Embrunman ! Pourtant, sur cette dernière heure c’est bien ce sentiment qui prévaut : Les zombies sont de sortie. Non, c’est pas une série Z…
Même plus l’envie de trop répondre ou de faire passer le temps aux ravitos. Parfois quand même, on peut vraiment se marrer quand avec le plus grand sérieux, et hyper convaincus on entend des : « ouais, c’est bien, super allure, monsieur ! » J’imagine bien le tableau ! c’est vrai que je dois avoir une foulée magnifique, là ! C’est simple, tu vois Mo Farah ? Et ben je suis encore plus facile, plus fluide, plus en ligne, la super classe… Vraiment très sympas les signaleurs ! Aaarrrhhh, il est si bon de rire parfois !
Tiens, j’entends des pas fouler le sol derrière moi et je réalise que ça fait des plombes que j’avance sans jamais voir personne passer à mes côtés. Mais c’est vrai, je n’ai fait que remonter des coureurs finalement ? Pourtant, vraiment, je me traîne. Oui mais il y a différents types de trainage, voyez. Mais ON-S’EN-FOUT ! On serait dans le top50, ça changerait la donne mais là, on est tous en train de batailler pour y arriver, on est plutôt à s’encourager, s’entraider. Non ? En tous cas, je vois le truc comme ça. Sur les dernières heures, parfois, on se serait même cru sur un long trail, à échanger des bribes d’aventures, tchatcher sur les patelins des uns des autres, ou à commenter des expériences culinaires… mais juste parfois.
FINSHER ?
Et maintenant, il y a ces 2 gars qui font sauter le turbo ! ils en avaient encore vraiment sous la semelle pour démarrer, comme ça ?!?! Trop dommage qu’ils n’en aient pas profité plus tôt.
La batterie de ma montre avait lâché il y a quelques kilomètres mais au feeling, comme ça, j’aurai bien dit qu’il me restait encore dans les 5-6 bornes… Combien de temps, encore… Mais les types me disent qu’il en reste « 2-3, pas plus ». Mouais… Ils ont l’air certains, pourtant. Mais avec tous les angles droits ici et là, les lignes droites, les chemins qui tournent encore vers le parc à vélo et tout, non, l’estimation me semble mauvaise.
Mais s’ils courent à cette allure c’est qu’ils savent qu’ils sont tout proches d’en finir, non ? C’est surtout qu’ils se sentent super bien, peau de lapin, la maitresse en maillot de bain, tsoin tsoin… «Ben si, là, maintenant, tu vas vite arriver sous le pont, hop, le petit passage, et c’est le parc à vélo, c’est réglé » Et ben je ne crois pas, non. Je suis sûr de mon fait, il en reste facilement le double.
En vérité, je me plante bien comme il faut, car en effet on arrive (relativement…) vite sous le pont. Alors je ne suis pas si lucide que ça ? Je me suis planté complètement ? A la ramasse, même…
Les gars filent. Le jus qu’ils ont encore, ces deux-là !
Crochet à droite, ligne droite, crochet à gauche « ouaaaaiiisss, super monsieur, un bon rythme, encore » Ca prend 1 ou 2 secondes pour atteindre le cerveau, et puis je suis bien obligé de me marrer ! Bon rythme… tellement bon qu’il y a 2 assoiffés qui me grillent encore, juste là à quelques hectomètres de la ligne. C’est pareil : ils n’étaient pas vraiment rincés pour sortir maintenant le grand jeu ! Je les suis, les colle, mais non je n’y arrive pas… je vais me chopper des crampes juste sur la dernière ligne droite, ce serait con… Et attend, t’es pas bien là ? A la fraîche comme ça, détendu du… Non. Bien, ok, super bien, même ! mais tout tendu de partout par contre…
Du son, et de la moquette bleue, s’il vous plait, pour accueillir les crasseux tout transpirants que nous sommes ! Et ouais, là, c’est l’arrivée ! Arche et tout et tout, et surtout la petite famille est juste là. Excitée comme pas possible. Pourtant c’est tard, et je me doute qu’ils ont dû bien donner une grande partie de la journée dans le lac… Je suis super content ! je pense quand même à jeter un œil sur le chrono géant mais il ne marche pas. M’en fous. Trop content.
En me rapprochant des enfants je les vois plus que contents, vraiment heureux pour moi. C’est la première fois que je lis ça dans leurs yeux à l’occasion d’une course. Ils trouvent ça incroyable. Ils ont vu les enchainements des autres athlètes. Ils ont visualisé la boucle dans le lac… alors 2 boucles… « non… t’es sérieux, là ? » Le vélo dans les montagnes ??? « Sérieux ? mais, c’est super ! ». La CAP les surprend moins mais ils ont vu passer et repasser tant de monde. Ils ont bien étudié tous les visages, toutes les attitudes, les accompagnants, les supporters, les arbitres par ici, les toutous par-là, bref, ils en ont jamais vu autant sur une course et c’est sûrement pour ça qu’ils sont dans cet état.
Ils n’avaient pas de banderoles du club et étaient certainement à distance du clan officiel, mais je peux vous dire qu’ils vous ont encouragé tous, à chaque maillot du club, à se casser la voix tant ils étaient impressionnés. Leurs mains étaient rouges-vermillon tellement ils ont claqué celles de tous les coureurs possibles.
Pris à mon tour dans leur flow et leur enthousiasme qui déborde de partout, je prends là, maintenant, vraiment conscience du truc… Trop trop trop content.
Je prends la pause comme je peux pour ma chérie, avec le maillot finisher, et je vois bien qu’elle est super heureuse pour moi. Bref on est tous heureux, quoi ! On a des joies simples, hein, mais c’est tellement bon !
Je l’espérais bien sûr mais savais aussi que j’étais trop juste en prépa pour ce genre de truc, ça pouvait péter n’importe quand.. Je pense quand même avoir fait ce qu’il fallait ces 2 derniers mois, et alors ouais, vraiment, HEU-REUX ! en me retournant je vois l’arrière du chrono qui lui, fonctionne, en affichant moins de 16h… Je n’en demandais pas tant !
Steph, puis Sergio arrivent dans la foulée. C’est vraiment super qu’ils se soient requinqués comme ça sur les derniers kilos. Malgré ce finish, Sergio semble tout triste, fatigué comme tout le monde, mais j’ai trop envie qu’il réalise très vite ce qu’il vient de faire, qui est juste énorme ! Ca doit être central, ça doit lui rester en tête pour les prochains jours, pas le chrono, pas le ressenti physique : « mais tu te rends compte de ce que tu viens de réaliser ?!?! Tu es obligé d’être content ! c’est quand même incroyable, non ? Tu ne l’avais jamais fait, c’est MAINTENANT ! Embrunman ! » Aaahh… il sourit à nouveau, ouf ! J’arrête donc vite de lui prendre la tête.
UNE JOURNEE (SI) PARTICULIERE
Je n’ai pas vu ou reconnu tout le monde sur le parcours, mais je savais qu’on était en train de partager ce sacré moment. C’est vraiment dommage pour Jérôme et Cricri qui ont fait un sacré parcours vélo. Heureusement, ils avaient déjà réussi ce tri par le passé. Je croise pour finir Gregos et ADE dans le parc à vélo, qui ont déjà l’air retapés et tout prêts pour aller au bal ! Ah non ? finalement ils vont direct au dodo… Ca me rassure un peu… J’essaie de rejoindre d’autres du club à la buvette mais tu parles, tout le monde a déjà bouclé sa valise à cette heure ! Tant pis, je vais me faire ma binouze tout seul.
Non, impossible, trop glauque après une journée extraordinaire comme ça, ‘faut que je bouge et retrouve les miens, en emportant ma bière quand-même.. Pour le gueuleton tous ensemble, je verrai ça demain, mais je termine très bien cette soirée en famille et suis prêt maintenant pour les vraies vacances qui s’annoncent exceptionnelles !
En épilogue je dirai qu’Embrun est vraiment à tenter. Exceptionnelle par son tracé, son environnement, c’est aussi une course avec un esprit à part. Vraiment, j’ai tout aimé. Ca produit une onde qui vous tressaille le corps tellement, que c’en est perpétuel. Le public et les athlètes partagent cette journée, presqu'avec les mêmes émotions on dirait, l’orga est huilée même si les flux autour du parc à vélo, avec Vigipirate, étaient un peu complexes, signaleurs et barmen/maids étaient au top, jamais à attendre pour un bidon, des barres toutes prêtes à dispo et à profusion, du salé… Tout bien, quoi ! Les produits décath m’allaient très bien, surtout que les goûts des barres de fruits et gels étaient variés d’un ravito à l’autre.
Allez, bon, d’accord, en axe d’amélioration, on pourrait dire : insister pour doser au plus juste les boissons isotoniques et énergétiques. Il y avait les toutes prêtes et les autres. J’ai compris le côté gerbatif des fois ou super acide d’autres fois quand sur un ravito, un ancien a dit à une plus jeune « non non, met moins d’eau, c’est mieux pour eux » ! Mais carrément pas ! surtout avec la chaleur, il était supposé avoir l’expérience, alors la demoiselle a suivi le conseil.
Un petit focus : la caféine dans les gels. « Consommer 4 gels par jour maximum » est écrit dessus, mais qui a vraiment lu ? Tout le monde n’a pas la même sensibilité à la molécule, mais sur ce genre d’épreuves c’est certainement beaucoup plus que les uns-les autres avons absorbé. Quelqu’un qui s’en tape 10 sur ses 12-17 heures d’effort par exemple prend 200mg de caféine ajoutés à son café du matin, et peut être d’autres kawas sur le parcours, bref, ça peut faire trop. Pas idéal pour contenir son rythme cardiaque dans la bonne fourchette, et optimiser son effort.
C’est un CR un peu particulier, écrit au fil de l’eau quand les occasions se présentaient. C’était bien sympa de prolonger le plaisir en se plongeant plusieurs fois dans cette super journée au fur et à mesure de la rédaction. Comme c’en a intéressé quelques-uns (et il fallait être patient et courageux pour lire jusqu’au bout !), c’est encore mieux ! Avant de m’inscrire pour cet Embrunman, j’étais moi-même à l’affût de compte-rendus de l’épreuve, et avec celui-ci, j’espère communiquer l’ambiance vécue de l’intérieur et les sensations d’un sportif lambda, pour une épreuve qui elle, est remarquable !
7 commentaires
Commentaire de marathon-Yann posté le 12-07-2018 à 17:48:22
Merci pour ce magnifique récit ! J'adore ! Et félicitations pour ta course !
Commentaire de Mekitrun posté le 13-07-2018 à 00:08:41
Bien content que ça t'ait plu. Tu as peut être déjà donné, ou tu prévois de faire ce triathlon ? Quasi un an pour poster ce CR que je gardais sur le pc... à un mois de l'édition 2018, il était temps ! :-))
Commentaire de augustin posté le 13-07-2018 à 23:18:54
Bravo! super recit, captivant, drole et ecris avec les tripes, on adore!
Commentaire de Mekitrun posté le 14-08-2018 à 23:44:27
Merci Augustin, dommage pour 2007, mais tu as fait tellement d'autres courses depuis ! Largement rattrapé !
Commentaire de La Tortue posté le 24-07-2018 à 22:39:41
génial ton CR. tout y est l'émotion, le vécu, tout... mille bravos !
je l'ai fait 5 fois, en lisant ton CR j'ai eu l'impression de faire une sixième fois ce Embrunman.
si les ballades triathlétiques en montagne te plaisent, je te recommande très très chaudement l'ALtriman qui se court le deuxième we de juillet tous les ans aux Angles dans les Pyrénées orientales. si tu viens un jour, fais moi signe dans le parc à vélo, j'y suis tous les ans ;-))
encore merci et bravo !
Commentaire de Mekitrun posté le 15-08-2018 à 00:01:34
Salut La Tortue. Alors l'Altriman, c'est sûr, ça fait frémir ! Pour des raisons logistiques, je projette un peu le Alpsman pour l'année prochaine. Suis un peu dans ta région, en de moment, dans le Morbihan et on adore tellement qu'il se pourrait bien qu'une année on revienne pour le Grand Raid. Tu y as goûté aussi on dirait !
Et 5 fois Embrun + l'Altriman et autres réjouissance, avec toujours des bons temps, pas si tortue que ça !
D'une manière générale, comme pour Augustin, je suis vraiment épaté par vos CRs et la densité des courses, avec la lucidité qu'il faut pour se souvenir et tout ! Et toi, tu en as une sacrée collection !
Commentaire de krysdugelay posté le 21-12-2018 à 11:10:29
Je viens de prendre le temps de te relire pour la deuxième fois! Merci pour ce récit ultra détaillé, rempli d'émotion et d'humour, qui répond à la plupart de mes interrogations... je sens que je vais bien penser à toi le 15 aout!
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