Récit de la course : Trail du Lac d'Annecy - Ultra Race 2018, par redgtux

L'auteur : redgtux

La course : Trail du Lac d'Annecy - Ultra Race

Date : 26/5/2018

Lieu : Annecy (Haute-Savoie)

Affichage : 3110 vues

Distance : 116km

Objectif : Faire un temps

3 commentaires

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Pas si simple cette ultra race...

Ultra-Race Annecy, 117km et 7360m de D+

 

Il est 00:00, le réveil sonne mais je suis déjà debout et plutôt en forme : pas de boule au ventre, pas de mauvaise nuit ou de stress pré-compétitif. Mis à part l'heure, rien ne pourrait laisser croire que je vais prendre le départ de l'Ultra Race d'Annecy dans un peu plus d'une heure.

Nous sommes arrivés avant-hier à Annecy à bord de notre fidèle petit Cessna et avons récupéré sur place une voiture de location.

 

La journée de vendredi a quant à elle été consacrée à la récupération du dossard et de la dotation de départ : une bouteille de bière bio personnalisée, sympa et originale !

 

Bref, revenons à la course. Le petit déjeuner (si on peut parler ainsi) est frugal : j'ai complètement oublié d'acheter un “gatosport” ou équivalent et je n'ai qu'un peu de pain-beurre sous la main. Tant pis cela fera l'affaire. De toutes façons j'ai bien mangé hier et je n'ai pas très faim.

Mon nouvel accompagnateur est réveillé lui aussi et se prépare pour sa première expérience de suivi de coureur. En effet, ce n'est plus ma femme qui m'accompagne comme d'habitude car nous nous sommes lancés il y a quelques mois dans une nouvelle épreuve d’ultra-endurance : la parentalité ! Elle fera donc l'assistance à distance depuis la maison. Bébé n’est pas encore là mais il a déjà eu une grosse influence sur ma préparation de course qui est, disons, moins académique que d’habitude.

Mon nouveau coach et accompagnateur se nomme Arnaud et il prend son rôle très au sérieux : j'ai mon plan de marche et il a son roadbook afin de pouvoir me rejoindre sur tous les points de ravitaillement. Il y a quelques temps il m’avait proposé de m’accompagner sur ce genre d’épreuve et ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd… Quand on peut faire plaisir ;-)

 

Une fois prêts nous filons en voiture vers le départ qui n'est qu'à quelques minutes de route. C'est vraiment un bonheur de ne pas avoir à gérer la voiture, le parking... avant une course ! Arnaud m'accompagne ensuite jusqu'au sas puis repart dans la foulée pour aller m'attendre au Semnoz, le premier ravitaillement.

Une fois seul, je profite un peu du moment et essaie de me mettre dans la course. Je suis super détendu, trop même : j'ai déjà fait ce genre d'épreuve l'an dernier mais vous allez voir que rien n'est jamais gagné.

 

L'ambiance au départ est sympa : ni trop ni trop peu. Evidemment ça ne met pas la larme à l'oeil comme l'UTMB, faut pas déconner mais c’est bien quand même. En musique de départ nous avons droit au générique de "Game Of Thrones" : super idée ! Nous partons donc tels des membres de la Garde de Nuit à l'assaut du mur du Semnoz... Un peu plus tard dans la course nous ressemblerons plus aux Marcheurs Blancs en mode “zombie”.

Le départ est donc donné vers 1h30 du matin. Nous commençons par quelques km sur les bords de la plage d'Albigny encouragés par des bandes de jeunes bien alcoolisés, mais sympas.

Nous attaquons ensuite la montée au Semnoz. Elle est longue, mais pas très technique ni très pentue. C'est parfait pour s'échauffer. Je sais pertinemment que mon entraînement n'est pas au top, enfin disons qu’il est quasi-exclusivement orienté vers la vitesse mais pas vraiment sur l’endurance. Début Mai, j’en étais encore à faire des courses de 10km à un rythme soutenu. Désormais il faut courir beaucoup moins vite mais beaucoup plus longtemps.

 

Je prends mon temps dans la montée sans trop regarder le chrono et sans chercher à gagner des places. En fait je suis même en train d’en perdre mais pas de panique je suis en mode économique. La montée, plutôt simple et peu pentue, ne présente pas de difficulté et j’arrive au Semnoz en bonne forme prêt à retrouver Arnaud.

Il est bien là et m’attend depuis plus de deux heures. J’ai déjà un peu de retard sur mon plan de course mais qu’importe : en le préparant je savais qu’il était très optimiste et je ne vais presque plus le regarder de toute la course. Comme tout le reste, je l’ai préparé en vitesse.

 

Samedi, 04h43 : Le Semnoz (18km et 1358m D+)

 

C’est le premier point d’assistance. J’en profite pour récupérer plein de trucs qui me seront utiles pour la suite de la course : lunettes de soleil, bob (on en reparlera…) et un peu de bouffe car le prochain point d’assistance c’est Doussard au km 74. Le ravitaillement est “éclair” : seulement quelques minutes. Il est bon Arnaud !

 

En repartant je regarde ma montre, qui m’indique des valeurs aberrantes en kilométrage. Je n’ai encore jamais utilisé le mode UltraTrac de chez Garmin mais chez moi il ne fonctionne vraiment pas bien ! C’est la même chose pour le dénivelé. Mon ancienne Suunto était bien meilleure sur ce point, je vais peut-être la ressortir. Tant pis, au moins le temps de course reste bon c’est toujours cela.

 

Après le Semnoz nous redescendons vers St-Eustache qui est un ravitaillement en eau. Comme la première montée, cette première descente est un test donc pas question de forcer. Je croise Seb, un collègue également adepte d’ultra, qui participe à la XXL-Race : la même course que moi mais sur 2 jours. Il terminera d’ailleurs avec un très bon chrono.

 

A St-Eustache surprise : Arnaud est là aussi. Encore une fois l’arrêt aux stands est rapide : 2 minutes. Cette fois-ci il ne peut pas m’aider mais ça fait plaisir de le voir.

 

Samedi, 05h21 : St Eustache (23km et 1354m D+)

 

Nous attaquons ensuite la montée au col de la Cochette, raide, technique mais pas très longue avant de redescendre vers le point d’eau de “Maisons”. La descente est également assez technique et encombrée : j’aimerais bien accélérer un peu mais la densité de coureurs est trop forte. Du coup je prends mon mal en patience en profitant du premier “vrai” panorama sur le Lac.

Il y a deux ans, c’est dans cette descente que j’avais eu ma première crampe, mais cette fois-ci pas de signe annonciateur. Comme quoi partir doucement, ça aide.

Ceci dit je passe quand même près de belles glissades : le terrain est gras et je n’avais pas prévu ça, mes semelles ne sont pas assez cramponnées ! En plus, j’ai les pieds humides et je vais le payer plus tard même si je ne le sais pas encore !

Côté mental, j’attends avec impatience de commencer la partie spécifique à l’Ultra-Race, car pour le moment le parcours est identique à celui de la Maxi-Race que j’ai déjà faite deux fois. Sur le début de course il y a relativement peu de beaux panoramas.

 

La bifurcation finit par arriver : on entre dans la cour des grands ! Nous quittons le lac d’Annecy pour faire une boucle dans le massif des Bauges. Il commence à faire chaud, mais par chance le temps restera un peu couvert une bonne partie de la journée. J’en profite pour mettre mon couvre-chef : un superbe bob Cochonou “vintage” (avec une tache d’huile de Rallye) que j’utilise d’ordinaire à l'aérodrome. L’avantage est double : c'est marrant et ça me rend reconnaissable entre tous !

Pendant ce temps, ça monte. On commence par de la route, puis heureusement nous basculons vite sur un chemin. Il nous faut grimper au col de la Frasse, mais auparavant il y a un petit ravitaillement. Arnaud n’a pas pu m’y rejoindre car la route est barrée. Depuis le départ il m’appelle régulièrement pour me dire où il sera. Le truc c’est que j’ai du mal à répondre le temps de sortir le téléphone de sa poche Ziplock. La prochaine fois il sera peut-être préférable de fonctionner par SMS horodatés comme nous avions fait à l’UTMB.

Au ravitaillement je suis donc tout seul mais je ne m’éternise pas en gardant mon objectif de faire des ravitos express. Il ne devait pas y avoir d’eau ici mais en fait il y en a un peu, j’en profite donc pour faire le plein.

Après le ravitaillement, il reste une petite montée plutôt agréable vers le col de la Frasse. Sur mon profil de course, je sais que j’ai un point haut avant de redescendre, mais à cause de ma montre, impossible de savoir à quelle altitude exacte je suis. Au col je me demande donc si je suis au point haut, d’autant plus que ça redescend derrière. En fait non, ça descend, puis ça remonte, puis ça redescend encore, puis ça remonte… C’est assez déprimant à force, mais compensé par quelques paysages magnifiques.

Nous continuons de grimper mais je ne réalise toujours pas que nous ne sommes pas en haut, il va falloir grimper jusqu’au refuge de la Combe, puis terminer sur des névés glissants pour arriver au Charbon.

C’est magnifique et j’en profite pour faire une petite pause histoire d’enlever les cailloux dans mes chaussures. Sauf que la gêne que j’ai aux deux pieds n’est pas due aux cailloux mais à l’humidité : mes plantes de pieds sont en train de devenir douloureuses et ça, ce n’est pas très bon signe…

 

Samedi, 11h43 : Le Charbon (52km et 3603m D+)

 

J’ai laissé des plumes dans cette montée. Je repars dans la descente vers le ravitaillement de la Combe d’Iré où Arnaud m’attend. Je commence à me rendre compte que la course va être longue : on en est pas encore à la moitié et déjà très en retard sur le planning, ça risque d’être long pour terminer. Mes pieds me font définitivement mal et chaque pas est douloureux… Comment vais-je pouvoir terminer la course comme cela ? D’ailleurs, faut-il continuer maintenant que tout espoir de faire un bon temps est perdu ? Ces questions commencent à me tarauder et cela ne va plus cesser jusqu’à la fin de la course.

 

A la Combe d’Iré, Arnaud est effectivement là. Il y a déjà quelques abandons ici. Nous marchons sur une centaine de mètres puis je repars seul vers Doussard. Je m’autorise enfin à penser à la suite de la course, où nous allons reprendre des chemins que je connais déjà. Il m’est presque impossible de courir, ou alors sur les talons qui sont épargnés pour le moment. Le problème c’est que poser le talon, surtout en descente, ça finit par faire mal aux genoux.

En plus cette portion jusqu’à Doussard, elle est longue, et monotone, et chiante… Ajoutez à cela tous les coureurs qui me dépassent, et la météo qui vire à l’orage pour compléter le tableau ! Les derniers kilomètres sur route sont un calvaire mais je finis par y arriver, en marchant, pour trouver Arnaud affairé avec des bénévoles de la course à empêcher des barrières de tomber à cause du vent.

 

Samedi, 16h04 : Doussard (74km et 4441m D+)

 

Doussard c’est un ravitaillement que j’attendais mais que j’appréhende, il y a du monde, des coureurs qui terminent, qui abandonnent. L’ambiance est un peu celle d’un hôpital de campagne et dès mon arrivée je n’ai pas envie d’y rester trop longtemps. Nous profitons de la zone d’assistance pour faire un point avec Arnaud et je lui explique, un peu énervé, mes malheurs aux pieds. Il me propose de changer de chaussures et de chaussettes. C’est une bonne idée mais sur le coup j’ai peur que ce soit pire après le changement (en fait il m’aurait suffit de m’aérer les pieds 10 minutes pour les sécher et les faire dégonfler). La dernière fois que j’avais eu ce problème, à la Montagn’Hard, Manue avait fini par m’imposer le changement de chaussures…

Je voulais également faire une sieste, mais après un rapide arrêt pipi et une soupe me voilà reparti. J’ai dû passer 10 minutes en tout à Doussard ! Dans ma tête je ne dois pas perdre de temps car en marchant je vais finir par être rattrapé par les barrières horaires.

 

Me voilà donc reparti pour la suite de la course, je suis à nouveau en terrain connu et la prochaine étape sera de monter au col de la Forclaz. Je sais que cette montée, en lacets en forêt, est longue et pas très intéressante. Pour me changer les idées je me met un peu de musique. Je ne suis pas très bon grimpeur et suis régulièrement doublé par des coureurs plus rapides. La petite voix de l’abandon s’est mise en pause pour le moment.

Peu avant Montmin, Arnaud vient à ma rencontre et nous marchons jusqu’à la rampe d’eau ensemble. Il fait toujours assez chaud et je repars comme depuis le début de la journée avec 1,5l d’eau. Le fait de marcher modifie tout : il faut prévoir plus d’eau et plus de nourriture car on avance moins vite.

On arrive ensuite sur une portion de course que j’aime beaucoup, même si ça monte ! Nous grimpons au chalet de l’Aulps en longeant un torrent puis par des lacets dans les alpages. Les coureurs tombent comme des mouches et je ne peux m’empêcher d’écouter les radios des bénévoles qui égrènent les abandons et les 4x4 de l’organisation qui viennent chercher les coureurs en mauvais état.

Au bout d’un moment j’en viens à sérieusement douter de ma capacité à terminer cette course. Pourtant dans l’absolu tout va bien, mis à part les pieds. A force de marcher je suis même plutôt en train de récupérer… Mais, la petite voix de l’abandon revient avec ses questions : pourquoi continuer alors que tu n’avances plus ? C’est le moment de sortir les contre-mesures et tout y passe : je pense à Manue, au bébé à venir, j’essaie de me coller une musique “qui booste” en tête (ce sera du AC/DC). Je finis malgré tout par arriver au Pas de l’Aulps, c’est toujours un passage aussi magnifique ! Petite pause au sommet histoire de faire une photo puis c’est reparti pour une rude descente vers le ravitaillement en eau de Villard Dessus.

 

Samedi, 20h26 : Pas de l’Aulps (88km et 5846m D+)

 

Dans la descente, en plus d’avoir un rythme d’escargot, je suis obligé de faire des pauses régulières pour soulager mes pieds. La nuit qui tombe progressivement me rappelle que je suis en course depuis presque 20h, et il en reste encore un bon morceau. D’habitude je finis toujours par retrouver de l’énergie à la fin des courses mais là, cela semble mal barré.

 

A Villard Dessus, Arnaud est encore une fois là, il joue avec un copain chat en m’attendant.

Ici aussi c’est un peu la bérézina. Je me contente d’une petite sieste de 10 minutes avant de repartir. Malgré mon petit rythme, je suis toujours large concernant les barrières horaires. Elles sont d’ailleurs très bien indiquées, ainsi que le kilométrage et le dénivelé, sur des pancartes à la sortie de chaque ravitaillement. Une très bonne idée ! Chaque ravitaillement est également annoncé 3 kilomètres avant.

 

Le chemin vers le dernier gros ravitaillement, qui est aussi point d’assistance, n’est ni très compliqué ni très long. Après avoir pris congé d’Arnaud, me voilà reparti sur le chemin pour quelques bosses et une descente vers Menthon St Bernard. Toujours en mode marche, je me fais toujours doubler mais pas tant que cela, de plus ce sont souvent les mêmes coureurs qui me doublent car je leur repasse devant avec mes arrêts express aux ravitaillements. Après 1h30 environ j’arrive à Menthon et retrouve une avant-dernière fois Arnaud.

 

Samedi 23:31 : Menthon St Bernard (99km et 6123m D+)

 

Une petite soupe, que j’ai un peu de mal à avaler. Puis une miche de pain, une mini-sieste et c’est reparti. A ce moment je n’ai qu’une envie : en finir ! C’est d’ailleurs ce que je dis à mon coach avant de repartir.

 

Il ne me reste plus qu’une grosse bosse, et je connais le terrain… Enfin non je ne le connais pas car il a été modifié en raison d’un risque de chutes de pierres. Pour le début de la portion ça reste identique : on passe sous le château de Menthon avant de faire un peu de route puis d’attaquer la montée sur des chemins très très pentus. Après un temps assez long (je dirai 2 heures mais pour ne pas trop déprimer, je vous avoue que je ne regardais plus trop ma montre à ce moment-là) nous arrivons sur le sommet. Il n’y a rien à voir car il fait nuit et des arbres cachent la vue. Je suis un peu perdu, d’habitude quand je passais ici il faisait jour… Vous pensez que la montée est enfin terminée une fois au sommet ? Hé bien non car à partir de maintenant vont s’enchaîner une succession de montées et de descentes abruptes jusqu’au col des Contrebandiers. Quand je dis abruptes, je devrais dire presques verticales, à tel point que des cordes fixes sont installées pour sécuriser un peu le parcours. Les groupes de coureurs butent sur ces obstacles, j’en profite pour faire des petites pauses et soulager mes pieds.

Nous avançons à un rythme d’escargot, c’est déprimant. Certains passages quant à eux sont délicats de nuit et après plus de 24h sans dormir. Quant au balisage, il est pour le moins minimaliste. C’est ce qu’on vient chercher sur un ultra, mais sur le coup pas toujours facile de remobiliser ses forces restantes.

 

Au bout d’un temps infini, c’est le col des Contrebandiers. Il reste un peu d’eau, j’en profite pour remplir mes flasques. Arnaud m’avait annoncé qu’il m’attendait au Mt Baron, vu que c’est peu accessible en voiture “normale” j’en avais déduit qu’il m’attendait ici mais il n’y a personne. Comme je ne suis pas sûr de la suite du parcours je préfère faire une petite sieste ici avant de repartir. Je m’allonge donc dans l’herbe avec le minuteur du téléphone réglé sur 10 minutes.

Tiens, je rêve et Arnaud me parle, ou plutôt il me cherche. Ah non, en fait ce n’est pas mon rêve, il est bien en train de demander à tous les coureurs qui passent s’ils n’ont pas vu “un mec qui court” ? Posée comme ça la question fait sourire tout le monde. Il finit par me voir allongé sur le sol, et entre temps je suis reparti bien avant la fin du minuteur.

 

Cette fois-ci ça doit être la bonne, il reste la grimpette au Mt Baron et la descente finale sur Annecy. Je retrouve mes repères : la grimpette toujours assez pentue et technique, le sentier en balcon et l’arrivée au sommet. Dommage que l’accès au panorama soit bloqué par une barrière. Tant pis j’enchaîne direct sur la descente.

 

Dimanche 03:33 : Mont Baron (109km et 7168m D+)

 

Et elle est longue cette dernière descente, surtout en marchant… Déjà elle ne descend pas toujours, de temps en temps ça remonte un peu sinon c’est pas drôle… La météo aussi est humoristique, on entend le tonnerre au loin et on se prend quelques gouttes de pluie au passage. Sur la fin, aux douleurs aux pieds, vient s’ajouter une douleur au ventre, très probablement dûe aux chocs à force de descendre sur les talons. C’est mal barré pour recommencer à courir. Je suis sûr de finir désormais, mais jamais je n’aurais pensé passer autant de temps sur cette course.

Par chance, la fin de la course arrive plus vite que prévu : l’altitude de ma montre est complètement fausse et du coup je suis plus bas que je ne le pensais. Je repère Annecy-le-Vieux, les toits des maisons se rapprochent et je commence à reconnaître le chemin.

 

Allez on va essayer de recourir pour faire un peu de figuration sur la fin, mais non définitivement ce n’est pas possible sur les chemins… Je passe sur la passerelle enjambant la route, il ne me reste plus qu’un peu de route sur le bord du lac.

Nouvel essai de course, cette fois-ci ça fonctionne car il n’y plus de cailloux pour venir titiller mes plantes de pieds. Le pire c’est que les jambes sont plutôt bien, depuis le temps que je marche.

C’est enfin la fin, je vois l’arche d’arrivée. On ne peut pas dire que je sois heureux mais plutôt soulagé de terminer cet ultra plus compliqué que prévu

Il est 6h du matin et il m’aura fallu 28h pour venir à bout de cette course là où je pensais mettre 20 à 24h. Mais au final j’ai peut-être plus appris comme cela, d’abord en continuant quoi qu’il arrive, ensuite en ayant à gérer l’imprévu (sommeil…). Au moins je sais quels sont les points à travailler sur la prochaine course. Et puis il ne faut pas oublier mon nouveau “coach” Arnaud qui a tenu son rôle à la perfection.

3 commentaires

Commentaire de GlopGlop posté le 06-06-2018 à 08:53:11

Ayant fais la Marathon Race cette année (je laisserais un récit sous peu), il m'intéressait de découvrir le décor de l'ultra même si je ne le ferais jamais. Un 84 serait déjà le bout du bout ! Bravo à toi et merci pour le descriptif ce cette partie avant Doussard. Une question néanmoins:Comment arrive t-on à couvrir la partie Col des Contrebandiers-Annecy de nuit à la lueur blafarde d'une torche alors que de jour, la technicité impose d'avoir un champ large pour appréhender l'environnement et poser ses pieds?

Commentaire de redgtux posté le 06-06-2018 à 14:09:41

Pour répondre à ta question je dirai qu'il faut effectivement une bonne frontale. Perso j'utilise une Petzl Nao qui est parfaite sur ces parties techniques. L'autre truc, c'est de progresser en groupe si on est pas à l'aise. Même si au final on perd un peu de temps en groupe ça permet de se rassurer.

Commentaire de Shoto posté le 06-06-2018 à 18:53:18

Bravo pour ta place de finisher malgré la fatigue et les douleurs. GROS MENTAL ! original et rigolo de venir participer à un trail avec son avion.

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