Un semi-marathon au menu de ce beau dimanche ensoleillé d'octobre.

L'organisation est impécable.

Le départ est donné à 15h30 pour le millier de coureurs de ce semi
composé de 2 boucles de 10 bornes et d'un tour de piste. Je comprends
un peu tard que le temps de départ sera le même pour tout le monde (on
a pourtant une puce, il manque juste le tapis-rose-qui-fait-bip). Me
voilà avec un handicap de 45 secondes !

Le parcours à travers la ville est morose. Seul un passage en centre
piéton mérite un peu d'intérêt. La majorité de la distance se fera sur
de grandes artères vides, sinuant entre batiments de verre vides, ou
le long de l'autoroute, pas-vide-du-tout ! Aucun intérêt touristique.
Je regrette mes chemins de campagne.

Les spectateurs sont pourtants sympas, des mains d'enfants se tendent
et réchauffent l'atmosphère qui ne manque pourtant pas de chaleur. Du
soleil et 19°, c'est au moins 5 de trop pour moi. Mon objectif ne sera
pas atteint. Tant pis, ma préparation n'était pas suffisante.

Décidément, j'ai un vrai problème : je ne sais pas boire et courir en
même temps. Je marche et je repars systématiquement dans un état
dégradé. Faut-il que je me passe de sucre ? faut-il que je boive moins
? j'en sais rien, il va falloir que je travaille ça...

Peu à peu, le rythme baisse. J'ai pas le moral. Je m'asperge avec les
éponges, ça aide, mais mon dossard ne supporte pas. Il décide de
quitter ses épingles, je le rattrape in extremis et le range dans le
short. Je réalise que je ferai mon tour de piste sans numéro, je vais
surement rater la photo. Et si on ne me laissait pas entrer sans dossard ???
Encore un coup au moral...

Le ravito du 10 arrive. Le chrono ne va pas si mal, mais mon objectif
s'éloigne. Je l'abandonne et attends le p'tit frère un peu
derrière. Petite causerie, ça casse la solitude, je commence à
récupérer du moral.

Une coureuse inconnue emboîte ma foulée, ou le contraire. Nous allons
faire 2 bornes côte-à-côte. Elle m'aidera bien, je reprends un rythme
correct. Et surtout ça me permets de passer les kilos qui me
séparent du stade de France.

Le voilà, le tunnel s'approche. Je l'ai mérité, même si je ne ferai
pas mes 1h55. Je croise un pote qui remonte. Je descends, c'est
magique le béton tout autour, et la lumière au bout. Nous sommes tous
les héros. Je décide de me la pêter. Je viens de la campagne, j'ai
couru 20 bornes en galérant, et j'entre dans le stade de France, pour
la première fois par le bas (et probablement la dernière).

Si j'ai un souvenir à garder de cette course ce sera cet instant. Je
lève les bras à plusieurs reprises, saluant les tribunes vides, je fais
le clown. Les haut-parleurs diffusent des acclamations, je les prends
pour moi... Nous courons sur des dalles assez confortables, mais pas
sur la piste, ni sur la pelouse. J'hésite à faire un p'tit détour mais
je reste discipliné.

Arrivé devant le public regroupé dans le dernier virage, c'est le
délire dans mon imagination. Les quelques spectateurs jouent le jeu,
et me voilà vraiment applaudi. Je ne pense plus au temps. Je m'arrête
et entame une hola. C'est ma victoire à moi, et je la partage avec mon
public d'au moins plusieurs dizaines de personnes.

J'me suis fait mon petit scénario Zidane. Je suis bête mais heureux.

J'ai pas vu de photographe.

En remontant, je croise ma p'tite femme. Elle finira dans les temps,
pour la première fois sous les 2 heures. Chapeau.

L'arrivée se fait sur le stade annexe. 1h57. Je suis déçu du temps,
déçu du parcours mais j'ai eu mon adrénaline sur le stade de
France. Je ne regarderai plus un match à la télé sans y penser, après
tout c'était le but de ma course.