L'auteur : etiaw
La course : Madeira Island Ultra Trail - 85 km
Date : 28/4/2018
Lieu : Funchal (Portugal)
Affichage : 2392 vues
Distance : 85km
Objectif : Terminer
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Le MIUT à Madère, en version Ultra, 84.7 kms, 4835 mD+, ou comment vivre des moments magiques en pratiquant sa passion! 20h38mn34s, soit 284ème sur 402 au départ et 350 à l'arrivée, plutôt content de moi!
Premier gros trail de la saison, une idée peut-être un peu folle, je n'étais jamais monté au delà de 63 kms, et le parcours s'annonce très technique. Direction Madère, arrivée sur l'île jeudi matin, histoire de pouvoir récupérer tranquillement le dossard l'après-midi et faire une petite rando d'acclimatation le vendredi.
Samedi matin 5h, départ du bus de Machico vers Sao Vicente, lieu de départ de la course, le ciel est dégagé mais mauvaise surprise à l'arrivée, il pleut à torrent... À peine sortie du bus, on est tous trempé le temps de rejoindre le gymnase, heureusement la météo s'annonce plus clémente à partir du milieu de la matinée!
Départ à 7h, sur l'air de "The Final Countdown", belle ambiance malgré la pluie qui tombe, on a tous les frontales car le jour se lève à peine. Et ça attaque direct dans le dur avec une grosse montée bitumée pour étirer le peloton, puis déjà les premières marches du parcours, ce ne seront pas les dernières, en rondins de bois, en pierre, en boue, petites, grandes, basses, hautes, on en aura vu de toutes sortes! Replat où on suit une levada, ce sont des canaux d'irrigation présents un peu partout sur l'île à côté desquels il y a plein de chemins de rando! Puis première descente ultra boueuse où ça glisse bien et où je fais ma première chute sur les fesses (oui il y en aura d'autres). Puis ça remonte encore par des marches en forêt, et petite descente avant d'arriver au premier ravito, il pleut toujours... Tuc, ships, fromage, quartiers de tomate, carrés de chocolat, pain d'épices, figues séchées et verre de coca, ce sera mon menu lors de chacun des ravitos!
Et bonne surprise en sortant de la salle 10 minutes après, il ne pleut plus, et le ciel bleu commence à faire son apparition!! Ça descend un peu, puis on attaque alors droit dans le pentu à côté d'un énorme tuyau d'alimentation en eau, une grosse ligne droite, je ne distingue pas le haut de la file de coureurs, tout ce que je vois, c'est qu'il n'y a que des marches pour monter, ça fait chauffer les cuisses! On rentre alors en forêt pour une partie un peu plus roulante, la végétation est magnifique et au sortir de la forêt, le ciel est bien dégagé et c'est juste magnifique : les montagnes, la mer au loin, et au fond de la vallée le village de Curral das Freias qu'il faut rejoindre pour le deuxième ravito, il y a 1000m de dénivelé à descendre pour y arriver, descente assez vertigineuse mais le sol a séché donc c'est mieux, et puis il y a encore beaucoup de marches bien évidemment! Le ravito arrive au bout de 6 heures de course, déjà 28 km et 2000mD+. À la sortie du ravito, contrôle du matériel obligatoire et surtout obligation faite de partir avec au moins un litre d'eau : il fait chaud et la plus grosse montée est là, juste devant nous!
C'est la montée au Pico Ruivo, montée annoncée comme la plus dure du parcours, mais c'est le type de terrain que je préfère, alors quand on est rentré en forêt et que la pente à commencer à s'élever, je me suis mis en mode "je monte à mon rythme, j'appuie sur les bâtons, je ne fais pas de pause", ma plus belle remontée au classement, on ne m'a pas doublé sur ces 11 kms et j'ai du doubler une cinquantaine de coureurs entre ceux de ma course et ceux engagés sur le 115kms. Ça donne la pêche! Arrivé pas loin du sommet, le vent fait son apparition, les nuages commencent à jouer à cache-cache et c'est sous un brouillard un peu frisquet que j'arrive au refuge du ravito, il est temps de remettre la veste!
Viennent alors les 5 kms les plus magiques qu'ils m'aient été donné de pratiquer, que ce soit en rando ou en trail : le cheminement sur les crêtes entre le Pico Ruivo et le Pico de Arieiro! Des marches taillées dans la pierre sur la falaise, des chemins en balcon avec le vide juste à nos pieds, des tunnels creusés dans la pierre pour passer d'un versant à l'autre, le tout dans une atmosphère incroyable avec les nuages qui passaient et repartaient, le vent là haut était très fort, limite tempêtueux! Ces 5 kms, je m'en souviendrai très longtemps, même ma crainte du vide ne m'a pas dérangé, c'est relativement bien sécurisé! Arrivé au Pico de Arieiro, descente tranquille jusqu'au prochain ravito, mine de rien il y a déjà près de 50kms effectués, et les jambes vont très bien!
S'en suit une descente plutôt technique de 800 mD- un peu glissante car la rosée commence à faire son apparition, et tout devient bien humide, puis la dernière grosse montée du parcours au pied de laquelle il faut déjà remettre la frontale. C'est fou comme le temps est passé vite! Arrivé au ravito du village de Poiso, les deux-tiers du parcours sont terminés, et quasi plus aucune montée jusque l'arrivée, sauf quelques petits coups de cul!
Viennent alors une petite dizaine de kms un peu monotones jusqu'au ravitaillement de Portela, nous sommes dans les terres, il fait nuit et on ne peut donc plus profiter du paysage, je discute avec un coureur du 115 kms, depuis une trentaine de bornes on n'arrête pas de se doubler l'un l'autre. Avant d'arriver à Portela, une belle descente sur des marches en rondins de bois, ça manquait!
De là, il n'y avait plus que 5 kms jusqu'au tout dernier ravito, avec 320mD- annoncé. Le hic, c'est qu'au bout de 4 kms, on n'avait pas amorcé le moindre soupçon de descente. J'ai alors compris, ces 320m se sont fait dans le dernier km. Et là ça a été Vidéo Gag pour tour le monde, glissade assurée même en faisant attention! Arrivé au dernier ravitaillement, il ne reste que 12 kms, pas trop techniques, physiquement je vais encore très bien, je sais que je vais aller au bout!
Les 3-4 premiers kms sont encore magiques : passages en balcon au dessus de la mer éclairée par la lune avec le bruit des vagues, super moment! Sur 500 mètres, les bénévoles ont installé une guirlande lumineuse le long de la paroi rocheuse, l'atmosphère est irréelle! Puis on rerentre dans les terres direction Machico qu'on aperçoit rapidement! C'est là que mes ampoules se sont réveillées, de plus en plus douloureuses au fil des derniers kms. Machico paraît si proche mais est si loin en même temps. On longe à nouveau une levada, à la lumière de la frontale, je vois quelques feuilles transportées par l'eau de cette levada, j'imagine des enfants s'amuser avec des bateaux en papiers, ils peuvent retrouver le bateau très loin! Je commence à entendre le speaker, les deux derniers kms sont là, je les connais déjà car effectués la veille en rando, et la dernière ligne droite est enfin (déjà?) là, il est 3h45 du matin!
De loin ma plus belle course jamais effectuée, que ce soit en terme de paysages, mais aussi de gestion de course. Aucune douleur de tout le parcours sauf les ampoules en toute fin (je craignais énormément les crampes au mollet avec toutes les marches), pas de coup de moins bien. L'apprentissage de l'ultra continue, et je prends toujours autant de plaisir!
Maintenant plus qu'à me lancer un prochain défi, pas encore de "grosse" course prévue cette année, j'attendais de voir comment j'allais appréhender ces 85kms. Si vous avez des suggestions, je suis preneur!
12 commentaires
Commentaire de bubulle posté le 02-05-2018 à 07:39:06
Merci pour ce récit clair et précis. Je sens qu'il me sera utile, probablement l'an prochain. Bravo d'avoir survécu à cette course difficile : prendre la pluie dès le départ, on a vu mieux.....et un début de nuit froid et humide, ça en refroidit beaucoup.
Tu peux maintenant essayer les Canaries : là-bas aussi, y'a des levadas et y'a moins de marches.....mais plus de cailloux...;-)
Commentaire de bubulle posté le 17-04-2019 à 10:21:25
Bon, bin je l'ai relu car dans 10 jours, c'est moi qui m'y colle...:-)
A ta description, ce terrain c'est tout pile fait pour moi, ça devrait chier...:-)
Y'a plus qu'à!
Commentaire de Tonton Traileur posté le 08-05-2018 à 19:33:49
c'était beauuuuu, hein etiaw ?
j'en ai pris plein les mirettes, aussi ! quel parcours, et quelle belle orga !
j'ai malheureusement arrêté à Poiso, mais déjà bien heureux d'avoir pu profiter pleinement des fameux 5kms dont tu parles, entre les 2 picos (Ruivo et Areir). Quel spectacle !
Commentaire de etiaw posté le 14-05-2018 à 11:46:33
C'était magique! J'ai encore la tête un peu là-bas ;)
Commentaire de lds posté le 23-08-2018 à 10:41:00
Bonjour,
Merci pour le CR et bravo pour ta course! J'envisage de le courir en avril 2019...mais jamais fait plus de 40km en trail...Pourrais-tu me dire les grandes lignes de ta prépa, combien de séances par semaine...Merci par avance.
Laëtitia
Commentaire de etiaw posté le 23-08-2018 à 12:14:12
Bonjour Laëtitia,
Je ne suis pas un adepte des plans d'entraînement et cours majoritairement au feeling et selon mes envies.
Pour ce trail, grosso modo j'ai effectué les 4-5 dernières semaines précédentes une sortie par semaine de 20-30 kms avec pas mal de D+, et aussi quelques sorties à vélo.
Avant ces 85 kms, mon plus long trail était de 63kms, et j'avais déjà effectué 6-7 trails de plus de 40 kms sur les 2 dernières années.
Commentaire de lds posté le 23-08-2018 à 12:21:31
Ah merci pour le retour! En effet pas évident de suivre un plan à la lettre...
Et surtout difficile à concilier avec la vie de famille, le travail...
Des conseils pour le type de baskets trail à prendre pour ce type de terrain? J'ai acheté récemment les Cascadia de Brooks pour courir les Passerelles mais c'était bien sec!
Merci encore!
Commentaire de etiaw posté le 23-08-2018 à 12:44:48
Je l'ai couru avec des Brooks Cascadia, et aucun soucis ;)
Commentaire de lds posté le 23-08-2018 à 12:49:02
Parfait! Bon je flippe un peu en voyant les vidéos et le vide à certains endroits. Donc hésitation entre le marathon et le 85! Merci encore...
Commentaire de etiaw posté le 23-08-2018 à 13:18:10
Je craignais aussi le vide en regardant les vidéos car je n'y suis pas forcément très à l'aise, mais finalement quand on y est, on n'y fait pas trop attention, et on profité juste de paysage qui s'offre à nous!
Le Marathon n'emprunte pas le sentier entre le Pico Ruivo et le Pico de Arieiro, et rien que pour ce passage, ça vaut le coup de tenter le 85 km ;)
Commentaire de lds posté le 23-08-2018 à 13:46:12
C'est vrai que ça a l'air magnifique! Les inscriptions ne sont qu'en octobre...je réfléchis. Est-ce compliqué pour s'inscrire sur leur site? Merci.
Commentaire de oliv_83 posté le 02-12-2018 à 06:05:40
Tout d'abord bravo pour la course et merci pour ce CR !!!
j'ai hâte que le mois d'avril arrive pour a mon tour en prendre plein les yeux et me régaler sur tout une bonne expérience car comme toi ma plus longue distance est de 62 kils mais il y a quelques années déjà .
encore merci
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