Récit de la course : Bienwald Marathon Kandel 2018, par Zaille

L'auteur : Zaille

La course : Bienwald Marathon Kandel

Date : 11/3/2018

Lieu : Kandel (Allemagne)

Affichage : 510 vues

Distance : 42.195km

Matos : Altra Paradigm 3.0

Objectif : Faire un temps

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Marathon et Cyrano

Un nouveau marathon pour objectif et cette fois-ci en début de saison : le 11 mars à Kandel en Allemagne. Le défi étant toujours, à mon humble niveau, un défi d’importance, j’ai décidé de commencer la rédaction de mon récit quelques jours avant la course.

 

480km sur 9 semaines avec 4 semaines à plus de 70km.

Comme pour mes marathons précédents, j’ai suivi un plan d’entraînement. Je me suis calé sur un programme tiré du livre de Serge Cottereau « Bien-être et Jogging ». Derrière ce titre quelque peu mystique se trouve ce que j’appelle la « Bible » : un condensé de bon sens par un vieux de la vieille de la course à pied qui valait encore 2h28 sur marathon à 45ans (quasi mon âge) !

9 semaines avec 4-5 séances où l’on retrouve hebdomadairement une séance de fractionnés longs en résistance dur, une séance de fractionnés longs en résistance douce et le reste en endurance fondamentale. La sortie la plus longue fera 2 heures et la plus courte 30 minutes (la dernière semaine).

480km sur 9 semaines avec 4 semaines à plus de 70km. Tout allait bien jusqu’à la 7ème semaine où une douleur sur le dessus de la cuisse a commencé à m’embêter. J’ai donc allégé la 8ème semaine en remplaçant les petites sorties en EF (endurance fondamentale) par du Home Trainer mais rien n’y a fait. La douleur, légère mais omniprésente m’inquiète. La dernière semaine je ne ferai que 30 minutes d’EF (au lieu de 2, c’est pas la mort !) pour me rassurer. La gêne est présente mais pas handicapante, du moins sur 5-6 km, après on verra ….

 

Revenir à l’essentiel

C’est donc avec de gros doutes que je vais me présenter sur cette ligne de départ. Mon objectif ultime reste les 3h30. Mes résultats sur semi (1h34) m’encouragent en ce sens, mes sensations à l’entraînement aussi et cela en dépit de mes résultats sur mes deux premiers essais où je me suis pris à chaque fois le mur de plein fouet pour échouer sur la ligne d’arrivée à 3h56 et 4h01.

La première chose que je vais changer pour arriver à bon port est l’alimentation. Basta les boissons et les barres spécifiques pour le sport, j’ai décidé de faire table rase et de revenir à l’essentiel : eau et sucre. Fini également les sacs d’hydratation ou les gourdes, les ravitos sont là pour ça. J’emmènerai juste les morceaux de sucre avec moi car pas sûr qu’il y en ait sur place.

 

Marcher et volontairement

A l’ancienne, c’est la méthode Cottereau (mon gourou à présent) : 2 morceaux de sucre et quelques gorgées d’eau à chaque ravito et cela dès le premier. Pour m’alimenter sans stress et efficacement, une autre révolution dans ma stratégie : je vais marcher et cette fois-ci volontairement.

Une décision que j’ai prise 4 jours avant le départ et ça porte un nom : la méthode Cyrano. A chaque ravito, faire 45 secondes de marche et en profiter pour s’alimenter. J’ai fait un beau tableau Excel pour calculer ma vitesse de course nécessaire pour compenser la marche et j’arrive à une allure de 4:54 pour passer la ligne en 3h30 avec du 4:59 de moyenne. De la belle théorie, je sais, mais ça me rassure et ça me motive aussi.

 

Me faire plaisir d’abord

Maintenant il n’y a plus qu’à courir (et marcher). La météo prévue sera nuageuse peut-être même pluvieuse mais avec une température clémente pouvant aller jusqu’à 14 degrés. Je choisie donc du court pour me vêtir avec aux pieds des Altra Paradigm 3.0 qui feront ici leur première course. Pas de difficulté sur ce tracé très plat mais probablement assez monotone avec de longues lignes droites et sûrement un peu de vent. Mes petits arrêts aux stands seront autant d’étapes et de mini-objectifs qui, j’espère, m’aideront mentalement sur la durée.

Le mental, justement, il n’est pas au beau fixe, la faute évidemment à cette fichue blessure mais je positive. Ce n’est que de la course à pied et de plus à petit niveau. Je ne suis en compétition qu’avec moi-même. S’il y a blessure, ou même abandon, le diagnostic vital n’est pas engagé. Je suis là pour me faire plaisir d’abord et relever un défi personnel, rien de plus. Et il y a tellement de choses plus importantes dans la vie (ah oui ?) !  Autant de positivisme que j’égraine comme un mantra à fur et à mesure que l’échéance se rapproche.

 

Je me place dans le sas des 3h10-3h30

Le départ est donné à 10h00, avec un temps de route de 45 minutes, je pars de chez moi à 8h00 avec mon comparse marathonien, Thomas. Le petit déjeuner a été minimaliste avec juste un cookie aux alentours de 7h00 et une gourde de Maltodextrine à siroter durant le voyage. Les 3 jours précédents j’avais également observé une cure de Malto avec évidemment des pâtes pendant les repas. Ma cuisse étant toujours douloureuse, j’ai prévu un caché de Codoliprane. Je n’aime pas ça, on n’est pas loin du dopage mais bon … à mon niveau … On va fermer un œil !

On arrive sur place avant 9h00, tout est bien organisé, les places de parking suffisantes pour peu que l’on marche un minimum. Il y a du monde mais on récupère les dossards en 2 minutes. Le temps est idéal, pas de pluie et aux alentours de 10 degrés. On retourne à la voiture pour s’équiper : short et chaussettes compressifs, t-shirt de trail avec des poches dans le dos pour mes 18 morceaux de sucre et casquette. Je me sens plutôt bien, on part en trottinant vers l’arche de départ où des panneaux délimitent des sas. Je me place dans le 3h10-3h30 (on se la pète un peu), Thomas plus modeste (réaliste ?) se met plus en arrière.

 

Comment je vais tenir 3h30 course ?

A l’heure pile, le coup de feu retenti, on est sur une rue assez large mais il me faudra quand même un petit kilomètre pour dérouler en tout sécurité. Je garde l’œil sur ma montre, on a toujours tendance à aller trop vite au début mais je reste sage. Les 1ers km on traverse Kandel, je ne me sens pas super à l’aise, je me demande à ce moment comment je vais tenir 3h30 (au moins) de course. Au km4, j’entends un coureur qui fait un boucan terrible derrière moi et finalement c’est un gars amputé de 3 membres dont 2 jambes avec des lames à la Pistorius qui me dépasse. Il force l’admiration de tout le monde même s’il ne fait « que » le semi (ces coureurs sont partis en même temps que nous), chapeau !!

Km5, 1er ravito et donc 1er arrêt marché pour moi. Je suis un peu gêné car je suis le seul après 5 petits km à marcher mais je me tiens au plan. Je prends un gobelet d’eau et fais fondre mes 2 morceaux de sucre dans la bouche. Je surveille mon chrono et redémarre la course après 45 secondes. Etonnement je retrouve très vite mon allure et me sens même bien mieux. Je tombe assez facilement et instinctivement à la moyenne de 5:17 prévue pour le kilo comprenant la marche. Tout fonctionne comme sur des roulettes pour l’instant (encore heureux après 25 minutes).

 

Passage du semi sous les 1h45

Le tracé est plutôt plat et en grosse partie sur des chemins forestiers bitumés et on est à l’abri du vent. J’arrive à respecter mon plan sans problème, je laisse même filé un peu dans les faux-lats descendants avec des kilo sous les 4:50. Pas beaucoup de spectateurs mais un sympathique orchestre locale vers le km15 qui me remet du cœur à l’ouvrage. Avec mes arrêts au stand, je n’arrête pas de me faire dépasser pour redépasser les mêmes personnes. J’ai emmené avec moi un petit résumé de plan de course avec la localisation des ravitos. Je sais donc à chaque fois le nombre de kilo de course avant la prochaine pause. Ces pauses me font vraiment du bien et je repars à chaque fois comme revigoré.

On est en Allemagne, on est au mois de mars et donc évidemment à un moment donné il pleut. Une fine pluie, pas très longue mais qui me rafraîchit agréablement. J’arrive au passage du semi sous les 1h45 avec une moyenne de 4:58 et pas de signe de fatigue.

 

Je rentre dans le dur

Arrive le km25 où avec un long faux-plat montant je commence à me surprendre à faire du 5:00, je force donc le pas pour revenir à mon allure objectif et arrive à maintenir le cap tout en surveillant ma montre plus souvent. Cap maintenu jusqu’au km27 où je me rends compte que je rentre dans le dur. Les jambes ne veulent plus comme avant, la mécanique commence à coincer. Je tourne aux alentours de 5:05 à présent, je sais que les 3h30 c’est fichu car il reste 12km.

Au km30 ma moyenne était encore de 4:59, je n’ai jamais fait aussi bien. Les 2 marathons précédents, c’est après 27 ou 25 km que je m’effondrais. Mais là c’est différent, ce n’est pas le jus qui manque, je ne suis pas en hypoglycémie, c’est juste un manque de force musculaire. De plus les mollets commencent à se manifester mais pas ma cuisse souffrante que j’ai d’ailleurs complètement oubliée. Je ne m’inquiète donc pas, je sais que je ne vais pas atteindre mon objectif (prétentieux) mais je vais battre mon record perso de 3h56, c’est sûr !

Km31, 5:25, ah non ! Je redonne un coup de fouet pour redescendre à 5:15 et 5:16, je résiste mais c’est dur. Je commence à faire les calculs avec du 5:30 de moyenne pour les 10 derniers km, je suis encore sous 3h40, ça reste satisfaisant si ça se fait.

 

Que c’est long 2km

Km38, ça y est, je n’arrive plus à tenir le 5:30, je me bats à présent pour rester sous les 6:00. Ça me soulagerait de marcher mais pas question, je ne marcherai qu’au ravito et ça je le tiendrai jusqu’au bout. Dernier ravito, une marche un peu plus longue et je descends mes derniers sucres, vivement la fin.

Plus que 2km, là je suis à 6:00 et avec difficulté. Que c’est long 2 kilomètres ! On rentre à nouveau dans Kandel et je croise déjà des coureurs rentrant avec la médaille au tour du coup. Ce n’est pas le top au niveau motivation de voir ça. Au loin j’entends un speaker, le stade d’arrivée n’est pas loin.

 

Enfin un marathon « réussi »

Enfin, l’entrée dans le stade, et les derniers mètres à parcourir sur la piste d’athlé. Ma montre est en avance sur le kilo officiel, elle m’indique 3h39 pour la distance marathon mais je passe la ligne en 3h41 (il y aussi le décalage entre le coup de feu et le passage de la ligne de départ). Enfin soit ! c’est quand même mon premier marathon « réussi » ! Il m’en aura fallu 3 pour y arriver !

Je prends un verre de coca mais j’ai du mal, j’ai des picotements dans les doigts, ma tension se fait la malle. Je me couche dans l’herbe, il fait presque beau, ça fait du bien. Comme souvent en Allemagne, Erdinger propose sa bière sans alcool mais pas pour moi, je n’ai pas la forme. Ça gâche un peu ma quasi-satisfaction. Pourquoi s’infliger des choses pareilles ?

Thomas arrivera en 4h20, le visage creusé, il a bien morflé aussi. Un tour par le hall pour la récupération de la médaille (payante) et du maillot moche (gratuit, encore heureux) pour retourner à la voiture. Il commence à pleuvoir pour de bon, on a eu de la chance. On a qu’une envie, rentrer chez nous et squatter le canapé.

Le soir-même j’analyse ma course. Je crois que la méthode Cyrano me convient bien, le prochain marathon (eh oui !) j’adopterai le même plan, avec la même alimentation et avec les mêmes temps sur un objectif de 3h30 (encore). Avec cette nouvelle expérience et peut-être plus de fond, je vais enfin atteindre ce graal. Peut-être aussi un peu de renforcement musculaire et de gainage, même si c’est chiant, ça sera un plus indéniable.

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