L'auteur : yves_94
La course : Ultra Trail du Mont-Blanc
Date : 1/9/2017
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 1961 vues
Distance : 168km
Matos : 1.8kg
Objectif : Objectif majeur
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1er UTMB au bout de 8 ans de trail
Il fallait bien y passer un jour, se dire qu’on allait en faire le tour, en une seule fois, sans s’arrêter !
J’ai mis environ 8 ans à y arriver, sans que ce soit réellement non plus le graal ultime à obtenir, mais c’est plutôt, non pas l’aboutissement, mais un passage qu’il fallait faire une fois au moins, dans ma petite vie de traileur amateur.
Le tour du Mont Blanc, je l’avais déjà fait en partie sur la CCC, et sur 2 TDS, mais l’envie d’en faire une fois le tour fût quand même tentante, même si il faut se plonger dans le grand barnum de Catherine.
Le tirage au sort fut favorable dès le premier coup, quelle chance ! Je n’avais plus qu’à préparer convenablement le début de saison, et planifier les vacances en conséquence… Je fais donc l’éco-trail 80 de Paris, me fais un gros we choc dans les Alpes mi juin, me fais la MH100 en juillet, et je passe deux semaines début aout dans les Alpes dans l’appart des beaux-parents pour enchainer les sorties famille, les séances de reco du col du Bonhomme et la descente vers les Chapieux, la section Col des Montets-Tête aux Vents-Flégère-Chamonix, et d’autres sorties dans le coin de Megève et de son Mont-Joly, ainsi qu’un trail de 42k à Beaufort. Bref, au total quand même 190km et 14.000 d+ en 15 jours. Tous les voyants sont au vert !
Après la Diagonale d’octobre 2016, qui fut mon premier 160km, et qui m’avait finalement conforté dans ma capacité à finir la course, mais en se faisant plaisir, et en essayant de « performer » un tout petit peu (c’est quand même très relatif la « performance »), je n’étais finalement pas inquiet du tout à l’idée de faire l’UTMB. Je connaissais la CCC, je connais le coin du lac Combal (TDS), j’avais fait un bout de reco sur le col du Bonhomme, et la première partie est tout à fait roulante et ne présente pas réellement de difficultés. La seule section que je ne connaissais pas était le col de la Seigne et les pyramides calcaires.
Après avoir lu tous les compte-rendus des années précédentes, regardé toutes les vidéos sur youtube pour se projeter sur les différents secteurs de la course et voir à quel moment j’allais pouvoir trouver des difficultés, je me suis concocté un plan de marche sur 38h. Intuitivement je me disais que en me positionnant à 1/3 des coureurs des années précédents, je ne devais pas être trop loin de la réalité de mon niveau de forme. Je me suis également basé sur mon feeling général de la course et des différents temps de passages que je fais à chaque fois, et grosso modo sur une vitesse de 11km/h à 6-7 km/h en comptant la distance + 100md+ = 1km. Bref, assez classique mais cela fonctionne assez bien.
Je n’étais également pas là pour faire le touriste cette fois (comme à la Réunion), donc pas de vidéos, pas de photos, je pars en mode « concurrent » qui a envie de bien se défoncer. Je décide aussi d’optimiser les temps de ravitaillement, surtout au début, et surtout s’il fait froid. Effectivement, je préfère rester dans une certaine dynamique de mouvement que de me laisser aller à traîner aux ravitos. Je me disais aussi que si je partais sur 38h, il n’était pas certain que je dorme. En effet, Courmayeur est bruyant, Champex aussi, et partout ailleurs je ne sais pas s’il est si aisé de se poser. Puis, 38h sans dormir, cela doit pouvoir se faire si les ondes sont bonnes et la motivation présente.
Mercredi 30/08
Arrivé à Chamonix vers midi depuis le train de 7h de Paris, je retrouve mes enfants et beaux-parents qui étaient toujours en vacances. Le temps de déjeuner, on part vers le terrain où se déroule les mini-CCC et mini-TDS pour la course des enfants.
En passant rapidement dans les stands, je décide finalement d’acheter la paire de moufles étanches Raidlight dont avait parlé Ilgigrad. J’avais déjà des gants + gants mapa (avec logo utmb) achetés il y a quelques années, mais je me suis dit qu’avec le froid qu’il allait faire, il me fallait bien une paire de gants supplémentaires, et surtout la possibilité d’utiliser ces sur-moufles sur mes petits gants chauds que j’ai l’habitude de prendre. (Note sur le passage, ça fait cher le gramme de moufle tout de même…).
Une fois les enfants inscrits, je m’étais dis que j’allais vite retirer mon dossard, mais trop de monde en arrivant, je renonce de peur de rater les départs des mini courses. Ma fille finit 1ere fille et 3eme scratch de la mini CCC et mon fils 5ème de la mini-TDS…papa fier, et content qu’ils s’éclatent à courir ;)
Je vais finalement retirer mon dossard vers les 16h30, et une fois les formalités réglées, je rentre à l’appart, sans passer rapidement voir notre Bert’ fidèle au poste pour dédicacer le best-seller trail de l’année !
Jeudi 31/8
Quel temps de chien ! Cela promet… je scrute le ciel, check la météo, j’attends impatiemment que les organisateurs confirment le parcours. Ce serait tout de même con de partir sur le parcours de repli, ou pas du tout. OK sécurité en premier, mais quand même, pour une fois qu’on y est…
Vendredi 1/9
Voilà, les derniers préparatifs de sac et de sac de délestage sont finalisés. Je pars avec mon matériel et habits « light » sur la première nuit (1.8kg sans eau) en me disant que le temps va se lever un peu dans la journée, que la première nuit je serai encore bien en forme et « rapide » et qu’il me faudrait donc moins de couches trop chaudes ou lourdes.
Le sac de délestage par contre lui est bien chargé, car je voulais me laisser le choix des affaires après la première nuit.
J’arrive à Chamonix vers 16h, je dépose rapidement mon sac de délestage et je me dirige vers le sas de départ. Tiens, je ne sais pas pourquoi, mais j’avais l’impression que la zone de départ était comme sur le MMB, mais non… Bien sur que non !... j’ai quand même fini deux TDS et une CCC et je sais pourtant bien où est la zone d’arrivée… Bref, je m’installe tranquillement vers les 16h30 dans le sas. Il y a déjà un peu de monde mais j’arrive assez facilement à m’asseoir, et à rentrer tranquillement dans ma bulle. Je préfère de toute façon partir assez devant, histoire de pouvoir dérouler tranquillement sur les premiers kilomètres car je sais que j’ai de toute façon tendance à partir un peu vite. Comme cela au moins je ne perds pas trop d’énergie à doubler ou à slalomer !
L’attente se fait assez bien, la densité du peloton compense la météo assez fraîche, et au moins il ne pleut pas ! Les élites arrivent, ils ne sont pas loin devant. Cette année le plateau est élevé et tout le monde est super concentré…sauf un…Kiki s’amuse à filmer tout le monde.
Pas de dance cheloux devant les élites comme l’année dernière, petit briefing, musique utmb, et HOP c’est parti pour une belle ballade !
Chamonix 18h30 – Les Houches 19h10
Départ dans une ambiance de fou, qui vaut quasiment celle de la Réunion ! Après quelques dizaines de mètres, check avec les enfants, puis quelques centaines de mètres plus loin, Bert’ est fidèle au poste pour encourager les coureurs ! Bon, le départ se fait à bonne allure, ça court quand ça monte, tout se passe bien. Le temps de faire une pause technique rapide dans les sous-bous, Tourist80 me dépasse. Je me dis que ce serait cool de le rattraper…mais il est trop rapide pour moi ! L’arrivée aux Houches se fait rapidement, trop rapidement. J’y arrive au bout de 40’ de course, j’en avais prévu quasiment 5-10 de plus. Un petit verre de coca pris rapidement et c’est parti pour la montée.
Les Houches 19h10 – Le Delevret 20h11
La montée se fait encore à bonne allure, même sans bâtons ! Le chemin 4x4 n’est pas trop dur, mais tout de même raide par moment. Rien de spécialement intéressant, mis à part Emilie qui redescendait tranquillement après avoir encouragé son Kiki. On sent tout de même qu’il ne fait plus trop chaud et qu’il y a beaucoup de brouillard au col, cela promet ! Le col de Voza est atteint assez rapidement, et je pointe au Deleveret en 1h41, au lieu de 1h51. 10 minutes trop rapide, un classique ;) !
Le Delevret 20h11 – St Gervais 21h01
La descente vers St Gervais se fait sur une portion assez raide au début, à mi à travers les champs ou dans les sous-bois. Il y a sacrément beaucoup de brouillard là haut et je décide de prendre la frontale à la main pour avoir une lumière plus rasante. Ca va assez bien, mais je manque de me planter à une reprise… La frontale repart sur le front ;) Rien de très grave finalement, mais un bon petit rappel de faire attention. J’avais prévu 45 minutes pour descendre, j’en mettrai 50, préférant assurer et ne pas trop envoyer dans la première descente. Et comme j’avais quelques minutes d’avance, autant y aller cool.
L’ambiance dans St-Gervais est hallucinante avec des gens de partout qui encouragent. Cela fait plaisir et on sent réellement que l’on fait partie d’un truc à part. Le ravito se fait assez rapidement selon ma stratégie : deux verres de coca, une banane sur les premiers ravitos, et puis soupe sur les suivants. J’avais compté 10 minutes dans le roadbook, je resterai peut-être 3 minutes max avant de repartir.
St-Gervais 21h01 – Contamines 22h30
La section St-Gervais – Contamines me semble un peu piégeuse : on a envie de courir, mais cela monte pas mal de temps en temps, il faut relancer en permanence et on se ferait bien piéger dans toute cette section. Mais finalement je mettrai bien le temps prévu, soit 1h30. Il commence à faire un peu plus froid, et je suis toujours en TS MC et en manchons. En plus, il commence à bruiner un peu… Il va falloir mettre une autre couche d’ici peu.
Ravito express encore une fois aux Contamines, sans m’asseoir, toujours le même protocole de coca, banane et je repars. On voit d’ailleurs déjà des gars bien entamé…cela promet pour la suite !
Pour l’instant, 15 minutes d’avance, tout va bien !
Contamines 22h30 – La Balme 00h00
Le faux plat montant des Contamines à Notre Dame, je le connais bien pour avoir fait la MH et la TDS, sauf que je le fais dans l’autre sens cette fois. Cela monte un poil, mais ca se court quand même. Cependant, j’alterne avec des sections de marche rapide…la route est encore longue, et comme j’ai de l’avance sur mon roadbook, pas besoin de stresser.
Arrivé à Notre Dame, boitasse de nuit ! Trop cool ! On aurait presque envie de s’arrêter et de s’accouder au bar et d’aller danser un peu… Mais bon, on a d’autres choses à faire quand même…comme monter au col du Bonhomme ! En reco, la montée Notre-Dame à La Balme m’avait pris 45 minutes. J’estime donc que vu mon état de fraîcheur, cela me prendra 50-53 minutes. Il commence aussi à bien pleuvoir et je mets mon coupe vent pour commencer la montée.
Il y a un premier coup de cul à donner, puis le chemin devient plus facile.
J’arrive à la Balme à minuit pile, parfaitement dans les temps, toujours quelques minutes d’avance (8’ à l’entrée du ravito). Ravito express et c’est reparti pour le col.
La Balme 00h00 – Refuge Croix du Bonhomme 01h31
Les choses sérieuses commencent enfin, avec la montée au col du Bonhomme. Un single un poil caillouteux et boueux, mais qui se mont de façon assez régulière. Lors de ma reco, j’avais doublé au moins 50 japonais et américains dans cette section. J’aurai certainement plus la même vitesse, mais je sais que ce n’est pas si long que cela. Arrivé au col, il ne faut pas trop traîner car il commence à faire bien froid, j’ai sorti les surmoufles d’ailleurs car avec la pluie, les mains commencent à avoir froid. Mais par contre, le reste cela va, TS MC et manchons, deuxième couche, veste imperméable, collant long, ca passe nickel.
Arrivé au col, il faut faire un balcon d’environ 25 minutes. C’est pas très long ni très technique, mais difficile de relancer à cet endroit. Il fait pas chaud, cela glisse, et on se fait un peu prendre dans un faux rythme en suivant des gens. Je les double finalement pour être un peu seul et avancer comme bon me semble.
On descend ensuite 50m de D- pour arriver au pointage du Refuge. Pas de ravito ici, juste un pointage pour voir si l’on a perdu personne en cours de route ;)
J’aurai mis 1h31 pour 1h30 au roadbook (2-3 minutes d’arrêt à La balme). Bref, nickel chrome, on m’appellerait presque le Métronome Belge ;)
Refuge Croix du Bonhomme 01h31 – Les Chapieux 2h15
La descente je l’avais fait en reco, bon, de jour, et sous le soleil. C’est assez long et un poil casse gueule mais la descente se fait à un rythme assez correct. Lors de la reco, je m’étais arrêté à la fin de la première partie, juste avant que l’on n’emprunte le chemin 4x4. La suite n’est pas très intéressante, mais cela se descend facilement.
Arrivé au ravito en 45 minutes pour 41 de prévues. Rien d’alarmant.
J’avais prévu 20 minutes à ce ravito, car après il y avait une grande section jusqu’au Lac Combal. L’organisation ayant décidé de couper le col des Pyramides Calcaires pour risque de neige, on gagnera un peu de temps. 10 minutes pour bien manger (soupe maintenant), petite pause technique (c’est quand même plus confortable de le faire assis tranquillement…) et je repars au bout de 15 minutes.
Les Chapieux 2h30 (sortie) – Col de la Seigne 4h49
Cette partie, je ne la connais pas du tout. J’avais vu sur la carte que pendant quelques kilomètres cela montait de façon assez douce, puis on bifurquait à droit pour continuer sur un single jusqu’au col.
Mon dieu que ce fut long ! Sur la route au début, je me met en mode marche nordique sans bâtons, ca avance vite avec mes grandes jambes et je rattrape pas mal de monde! Ensuite le long long long single à flanc de colline jusqu’au col se fait un peu en mode automatique, un peu moins de jus, et puis le froid qui commence à sérieusement se faire sentir. On annonçait -9° en ressenti cette nuit là… Et effectivement vers 2200m d’altitude, la pluie commence à se transformer en neige, avant de réellement bien neiger en arrivant au col ! En arrivant au col, tout est tout blanc, il fait froid… mieux vaut mieux ne pas trop rester là !
J’avais prévu 2h20 pour monter au col, j’en mets 2h19 ! Il est pas mal fait ce roadbook finalement ;) Mais bon, surtout j’ai 20 minutes par rapport au planning général, surtout grâce à l’optimisation des ravitos !
Col de la Seigne 4h49 – Lac Combal 5h29
L’organisation nous avait prévenu qu’ils couperaient le passage côté pyramides calcaires. Sage décision car y faire passer 2500 personnes dans ce temps, sur des gros cailloux rendus glissants en plein nuit, c’était certainement un peu risqué. On plonge donc vers le Lac Combal, mais du coup j’ai un peu perdu mes repères en temps de passages car je n’avais pas édité mon roadbook. Le chemin qui descend est un peu technique et glissant sur la première partie, puis devient assez roulant, mais avec les muscles un peu froids et ce temps glacial, je ne descends pas en toute confiance.
Tout à coup on arrive à un ravito. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit celui du Lac Combal, je pensais que c’était un point de contrôle ou quelque chose du genre. Un poil de manque de lucidité probablement aussi…
Avec la coupe de parcours, j’arrive donc au ravito en 40 minutes. Gain estimé en zappant les pyramides, environ 45-50 minutes.
10 minutes de pause à ce ravito, il faut reprendre des forces sur cette bonne section de 3h depuis les Chapieux!
Lac Combal 5h29 – Arrête du Mont Favre 6h40
Cette partie je la connais en descente pour avoir fait la TDS. Je monte assez lentement une fois les 2km de plats avalés en mode marche rapide (en analysant ma trace a postiori, je suis quand même à 550m/h). La vue en arrivant au point de contrôle de l’arrête du mont favre : MAGNIFIQUE !
Des nuages parsemés accrochés aux parois raides et calcaires du Mont Blanc, cela vaut bien le détour ! J’y recroise JB, le copain de Tourist80, qui finalement n’a jamais été trop éloigné de moi sur toute cette première partie de course. On décide de partir ensemble pour la descente vers Courmayeur pour en gros 1200 m de D-.
Arrête du Mont Favre 6h40 – Col Chécrouit 7h21
C’est assez plaisant de descendre tranquillement dans ces paysages grandioses, je me laisse distancer un peu, histoire de descendre à mon rythme car je n’aime pas trop faire partie d’un petit train…
J’arrive au ravito du col Chécrouit en 41 minutes y compris pause sur l’arrête Mont Favre, soit exactement ce que j’avais prévu. Je m’assois 5 minutes au ravito pour reposer les cuisses, car il y a encore une belle partie de descente ensuite.
Col Chécrouit 7h21 – Courmayeur 8h02
La descente est assez raide, sur un chemin en single en lacet assez serré. Je suis un peu coincé derrière deux trois coureurs et il me faut faire un petit saut de cabri pour pouvoir passer et trouver ‘mon’ espace. Surtout en descente, j’aime bien voir quelques metres devant moi pour anticiper un maximum les accidents du chemin et choisir la bonne trajectoire.
Au bout de quelques temps, on commence quand même à avoir le tournis avec tous ces virages… Mais l’arrivée à Chamonix est proche ! Et ce sera l’occasion de voir ma femme et enfants qui se sont levés à pas d’heure pour être là. En arrivant dans le haut de Courmayeur, je retrouve mes enfants qui m’attendaient et on cour ensemble jusqu’au ravito (haaa des pacers de 7 et 9 ans…ça fonce !)
Arrivé donc au ravito en 40 minutes, avec la pause au ravito de 5 minutes de Chécrouit, encore exactement dans mes temps de passages.
Courmayeur 8h02 – Courmayeur 8h40
Après avoir récupéré mon sac de délestage (assez bien organisé d’ailleurs), je m’assois dans la grande halle dans la zone réservée à l’assistance. Mon épouse et enfants m’y attendent et je me change rapidement car le TS est trempé ! Je décide finalement de prendre un TS manches longues, et de changer également ma deuxième couche pour une sèche. Dans toute la combinaison de changements possibles, je décide tout de même de partir sur l’option moyennement chaude, car je crains le froid de la deuxième nuit. Je mange un plat de pâtes avec de la sauce tomate, tout passe nickel. Heureux d’avoir un estomac bien fait ! Je décide par contre de ne pas dormir, mais je m’allonge 5 minutes sur le dos, les jambes retroussées sur le torse, pour bien étirer le dos (je m’étais bien dis pourtant de faire plus de gainage…). C’est parti ensuite pour la suite de l’aventure !
J’avais prévu 45 minutes de pause, quelques minutes de gagnées. 1h30 minutes d’avance sur le roadbook du coup.
Ps : petit détail, je partage ma table avec un autre coureur et sa copine, on discute un peu, et on finira par se croiser à plusieurs reprises aux ravitos suivants. Il arrivera à Chamonix quelques heures après moi, mais en profita pour demander la main de sa copine sur la ligne d’arrivée ! Je pense que la vidéo à pas mal circulé d’ailleurs ;)
Courmayeur 8h40 – Refuge Bertone 10h09
Départ pour Bertone en traversant Courmayeur avec mes enfants. Mais cette fois-ci, je suis rechargé à bloc, donc c’est moi le pacer, et non plus l’inverse ! Commence ensuite la montée vers Bertone. C’est une section que je ne connaissais pas puisque la CCC ne passe pas par là. C’est pas mal raide tout de même, et avec la fatigue et la chaleur toute relative qui commence à monter un peu, je ne suis pas hyper performant et je plafonne à un 500-550m/h. Je suis bien heureux d’arriver et de quitter le sous-bois lorsque j’aperçois le refuge. La vue est superbe, et avec le soleil qui s’est bien levé, cela fait du bien car le fond de l’air est tout de même assez frais !
Montée en 1h29, pour 1h37 de prévue. 5 minutes de pause au ravito, où d’ailleurs je croise un gars qui me dit qu’il a dormi dans le refuge…bon à savoir pour la prochaine fois, car cela évite de dormir à Courmayeur… Toujours un bon 1h20-25 d’avance sur le roadbook.
Refuge Bertone 10h09 – Refuge Bonatti 11h31
Cette section est vraiment très jolie, un grand balcon le long de la vallée du Val Ferret, avec vue sur le Mont Blanc. Mais ce balcon est loin d’être plat ! J’essaye cependant de relancer un maximum car le petit vent de face glace bien, et il ne faut pas s’endormir !
J’avais prévu 1h15, ce qui est à peu près le temps que j’avais mis sur la CCC. Avec les 5 minutes de pause prises à Bertone, je suis donc toujours très fidèle au planning. C’est rassurant !
Refuge Bonatti 11h31 – Arnuva 12h30
Au refuge, il commence à faire vraiment froid, je pense même que je vois un peu la neige tomber par petits flocons légers. Je prends tout de même le temps de me reposer 5 minutes et de mettre ma deuxième couche en plus de la veste imperméable. On quitte la ravito et le sentier monte encore en peu ici et là avant de descendre vers Arnuva. Je rattrape d’ailleurs pas mal de monde dans la descente, avant de me faire bloquer par un groupetto qui avance comme un escargot…
Toujours 1h30 d’avance au ravito, même si j’ai perdu 5 minutes dans la descente.
Arnuva 12h30 – Grand col Ferret 14h14
Pause de 5-10 minutes au ravito, car la montée va être sérieuse ! De plus, on nous demande à tous de mettre le pantalon coupe-vent car il parait qu’il y a une tempête au col… Winter is coming ! Me voila en bonhomme tout jaune-vert fluo, de la tête au pied ! Mais au moins, j’ai pas froid…même un peu chaud d’ailleurs.
J’entame la montée tranquillement, car 750m de D+ d’un coup, à ce moment-là de la course, et en passant à 2500m, je vais le sentir passer. J’ai l’impression en fait que jusqu’à 2000m je monte assez correctement, ensuite c’est assez moyen. Je suis obligé de m’arrêter à quelques reprises. En plus, ils ne se sont pas trompés sur la météo, c’est une vraie tempête de neige glacée qui nous fouette le visage, avec des vents à 80km/h (bon ok j’avoue ne pas avoir la vitesse exacte, mais ça soufflait très très fort !)
Arrivé au col, c’est juste intenable, il faut descendre immédiatement !!
1h45 pour monter, j’avais prévu 1h36.
Grand col Ferret 14h14 – La Fouly 15h46
La descente est longue, et avec le vent et la neige sur le haut, c’est un peu pénible de se motiver. On est assez glacé et j’ai du mal à relancer. De plus courir avec le surpantalon…bof, c’est pas pratique !
Jusqu’à la Peule, cela descend de façon assez douce, puis ensuite on a une série de petites montées-descentes avant de plonger vers la Fouly. C’est un peu long, et je pense qu’avec la fatigue, j’ai du mal à garder le rythme. Faut-il dormir à la Fouly ?... Je rattrape JB, pour finalement le laisser partir devant.
Descente en 1h32 pour 1h36 de prévue, ca va… ;)
La Fouly 15h46 - La Fouly 16h06
Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais l’impression que ce serait un peu plus chaleureux à ce ravito, mais il est finalement assez ouvert et il y a peu de monde. Je ne dormirai pas ici en tous cas, je vais trop me cailler et j’aurai du mal à repartir.
J’en profite quand même pour bien me ravitailler et faire quelques étirements du dos, car la prochaine section assez roulante est longue, il va falloir courir !
La Fouly 16h06 – Champex 18h24
Je pars en style marche nordique sans bâtons pour remettre la machine en route, mais je cours assez rapidement. De mémoire on passait côté gauche de la rivière, et donc je suis assez étonné de passer côté droit et de longer la route. C’est chiant !...mais beaucoup plus facile à courir ! Je re-rattrape JB, on fait quelques km ensemble au gré de je marche, je cours, il marche, il court, je pisse, il court etc etc… Au bout d’un moment, je décide quand même d’enlever mon surpantalon (pourquoi ne l’ai-je pas fait avant… ???) et ca va mieux ! Lorsque je croise des gamins dans un des villages qui offrent un petit ravito sauvage, je n’hésites pas à m’arrêter et à discuter un peu. Je verrais bien mes enfants faire cela ! Arrive ensuite la montée vers Champex. C’est pas nécessairement très compliqué, mais c’est assez long. On met un certain temps pour y arriver au fil des virages.
Arrivée en 2h18, au lieu de 2h39 prévu au roadbook. Finalement, ca va beaucoup plus vite par la route… ! (mais c’est super chiant)
Champex 18h24 - Champex 18h56
Haa la base vie de Champex ! J’y avais eu une assistance de ma femme pour la CCC, là je suis seul. Je ne m’arrêterai donc pas longtemps. Je prends deux bols de pâtes, du coca, et je repars. J’y croise Tourist80 !?! Mais que fait-il là ? Il aurait dû être beaucoup plus loin ! Il m’explique avoir eu des problèmes de bide, et qu’il a dormi. On décide de repartir ensemble de Champex, mais je le préviens, je ne suis pas aussi rapide que lui !
32’ d’arrêt au lieu de 45’ prévu
Champex 18h56 – La giète 21h38
On part comme à mon habitude en marche rapide le long du lac, cela permet de chauffer un peu les muscles et de digérer tranquillement. Au bout de 10-15 minutes, on commence à courir. Et là, premier moment de « flow ». Courir alors que tu as déjà 100 bornes dans les pattes et tu cours facile à 11km/h, que tu doubles plein de monde, à ne plus rien y comprendre !
Heureusement que la montée vers Bovine va nous calmer ! 700m de D+, cela se monte tranquillement. JB nous rattrape, Tourist80 ne semble pas à 100% mais on reste globalement ensemble jusqu’au sommet. Dans la descente vers la Giète, je cours un peu, JB me devance de mémoire, Tourist80 un peu derrière mais sans le voir.
2h42 pour cette section en tout, pour 2h47 prévu. Il n’est pas si mal fait ce roadbook !
2h20 d’avance sur le roadbook global !
La Giète 21h38 – Trient 22h33
Le ravito de la Giète est juste un point d’eau, je ne resterai pas trop longtemps. JB pars déjà mais je me dis que je vais essayer d’attendre un peu Tourist80. Au bout de quelques minutes, ne le voyant pas arriver, je décide de commencer la descente.
Là, j’allume le mode 4 de ma Armytek pour y voir bien clair, et je me mets à foncer. Deuxième moment de « flow » où tu voles au-dessus de la boue et des cailloux avec une vraie impression de vitesse. Mais dis donc les cuissots…c’est qu’il y en a encore là-dedans ! (surtout en descente…) Je descends donc léger comme une plume jusqu’à Trient en 50 minutes, pour 49 de prévu au roadbook. Trop le kiff !
Trient 22h33 – Trient 22h53
20 minutes de pause, cela me semble long, j’ai dû trainer mais sans réellement m’en rendre compte ! Je m’assois à une table et je vois une fille qui prépare l’assistance pour quelqu’un, et je vois un buff kikourou. Tiens, tu attends qui ? Tourist80 !...Hében… le monde est petit ! Il n’était pas au mieux, dis-je, mais il devrait arriver dans 10-15 minutes (pure supposition de ma part)
Trient 22h53 - Catogne 0h12
Bon, la montée vers Catogne, je la craignais un peu. Déjà pour la CCC je n’avais pas été très bon ici. De toute façon, un pied devant l’autre et on monte… 750m de D+ ! Je dois plafonner à 450-500 m/h, pas glorieux, mais du moins, j’avance, et c’est ce qui compte à cet instant de la course.
1h19 pour monter, contre 1h54 au roadbook. Clairement mal estimé cette section… Mais au global 2h40 d’avance…
Catogne 0h12 – Vallorcine 1h45
Hoo purée…cette descente…n’importe quoi avec toute cette boue…impossible de tenir debout, impossible de s’engager un peu ! Quelle débauche d’énergie d’ailleurs… Je suis content quand on arrive sur une partie de chemin caillouteux après ce single de m******* !
1h33 pour descendre, contre 50’ au roadbook. En fait, cela fait 2h52 depuis Trient, pour 2h44 pour le roadbook… C’est plus cohérent je pense (position du pointage au Tseppes ?)
Mais 2h d’avance au global tout de même.
Vallorcine 1h45- Vallorcine 1h59
Pas question de trop trainer ici non plus, mais avec la fatigue, et le gros réchaud situé en plein milieu du ravito, la tentation d’y rester un peu est quand même grande, et je succombe !
Vallorcine 1h59 – Col des Montets 2h52
Je pars du ravito en marche rapide, et je double facilement 7-8 personnes, ou plus même. C’est un peu long cette partie, et comme cela monte tout de même un peu, impossible de courir. Pas grave, on avance vite et plus qu’une montée ensuite et cette affaire est pliée !
(pas de points roadbook, car je ne l’avais pas mis à jour suite au changement de parcours)
Col des Montets 2h52 – La Flégère 5h19
Je me disais, allez, plus que 500m à monter et c’est fini. C’est là que je vois le gros panneau 680 m D+ et 380 m D- ! Hein ? 380m D- ? C’est quoi cette histoire ? J’avais l’impression que l’on ne faisait que de monter. Cela m’apprendra à ne pas regarder la carte avant de partir !
Le début de la montée se fait trèèèèès tranquillement, mais sûrement. Je commence tout de même à manquer un peu de lucidité ! Et au bout d’un mioment, alors que l’on avait déjà bien monté, on commence à descendre dans un amas de pierres et de racines ! Quelle folie…surtout mentalement, où il va falloir tout remonter pour arriver à la Flégère.
Mais que ce fut long…looooooong ! pour finir par arriver sur une piste de ski qu’il faut encore continuer à monter… On n’en voit plus la fin. J’aurais tellement aimé monter à la tête aux Vents, car ensuite la partie jusqu’à la Flégère se court gentiment si l’on a les jambes !
2h27 pour faire cette partie…pff…trop nul !
La Flégère 5h19 – Chamonix 6h16
3 minutes de pause au ravito pour boire un coup, pester un peu contre Catherine car quand même c’est pas sympa, limite de la torture mentale ce que l’on vient de faire… ;) Mais au moins maintenant, on n’a plus qu’à descendre ! Cela va aller tout seul !
La première section est super raide sur la piste, mais on arrive vite au single dans le sous-bois. Je l’avais fait durant une reco début aout (col montets – lac blanc – flégère – chamonix), donc je savais plus ou moins où je mettais les pieds. 3eme moment de « flow » le plus intense avec cette descente à 300%, doublant 15-20 personnes, sautant d’un caillou à l’autre, tout en souplesse et décontraction…mal aux jambes… ? même pas mal ! je fonce, je fonce, en passant devant la Floria, je suis étonné d’être déjà la, je fonce, je fonce, je continue à doubler plein de monde, c’est incroyable, je vole ! Un cours d’eau à traverser ? je vole au-dessus, des coureurs qui se trainent à deux à l’heure, je leurs mets un coup de vent incroyable (désolé), j’arrive comme un fou dans les rues de Chamonix, et je continue à courir comme un fou, pour finir cette course en 35h45’ !
Descente en 54-55 minutes, très loin du record des premiers (Kiki & co) mais c’était le plus gros kiff sur toute la course ;)
Quasiment 2h45 d’avance sur les 38h12 du roadbook, mais avec les Pyramides en moins, la Fouly-Champex sur la route, et la variante Flégère.
Et petite cerise sur le gâteau, premier Belge ;)
Quelle délivrance toute de même d’être arrivé, et c’est avec plaisir que je récupère la jolie veste. Une douche bien chaude, et un petit dej à l’UCPA, et voilà qu’arrive la petite famille ! Et c’est parti pour un autre marathon : celui de rentrer sur Paris !
Utmb + 1 semaine
Bien dormi, bien remis, pas de douleurs musculaires. Les tendons des chevilles ont quand même bien pris pendant ces 170km et j’ai mis quelques jours à déraidir tout cela. Deux premières nuits de sommeil un peu troublé aussi, mais tout s’est vite mis en place et la vie continue !
Et maintenant…on fait quoi ? 😉
ps: je posterai un petit montage vidéo de certains passages pris de jours lors des recos!
3 commentaires
Commentaire de barraux posté le 13-09-2017 à 19:51:17
Super Compte rendu et bravo pour ton Utmb
Commentaire de Runphil60 posté le 13-09-2017 à 21:43:40
bravo Yves pour cette belle course rondement menée et merci pour ton compte rendu !
Commentaire de stphane posté le 13-09-2017 à 22:16:26
Une très belle perf, Bravo !
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