Le Champsaur. Depuis 40 ans que j'y skie et que j'y randonne, il était temps aussi d'y courir. Découvert au hasard d'une balade l'été dernier, en croisant quelques brochettes de dossards sur les sentiers autour du village d'Ancelle, l'UltraChampsaur est un trail qui m'a immédiatement donné envie. Une ambiance de village montagnard, avec son clocher élancé, ses granges secrètes, ses ruelles étroites, ses fontaines débordant de géraniums : que demander de plus pour passer un bon week-end ?
Ambiance conviviale au retrait des dossards : la place du village est entièrement consacrée à l'événement, et les bénévoles s'affairent à finaliser les inscriptions ou à préparer la pasta party. J'ai choisi, pour ma part, de me laisser tenter par le prologue. 10km, c'est bien suffisant pour un premier vrai trail. Sortir de sa zone de confort et relever de nouveaux défis, voilà de quoi pimenter la vie d'un bitumeux. Il y a quelques années, j'avais bien participé au Cross du Val d'Allos et à la Grande Traversée des Mélèzes, mais ça, c'était avant que le trail ne devienne une discipline à part entière.
Mon dossard retiré, je retrouve dans le village Marie-Christine et Daniel, 2 copains du club. Marie-Christine a également choisi le 10km, tandis que Daniel s'est engagé sur l'Ultra, au dernier moment comme il en a l'habitude. Il nous soutiendra aujourd'hui, avant de découvrir demain le parcours de 55km. Je retrouve également
Stéphane, venu encourager les copains runners. Décidément, nous ne parviendrons jamais à partager un dossard : blessé l'an dernier, j'étais allé l'encourager sur le semi Névache-Briançon, et cette année, c'est à son tour de rester sur le bord de la route.
Un bref briefing de l'organisation nous explique que les différentes boucles du parcours nous permettront de passer 3 fois au centre du village. Belle animation en perspective. Le départ est rapide, mais la ruelle trop étroite, et ça bouchonne un peu sur les premiers mètres. Un tour de pâté de maisons, et nous revoilà déjà sur la place du village. Une relance, un nouveau tour de l'Eglise et, bis repetita, à nouveau sur la place du village. En mode hamster, on va finir par en connaître tous les recoins. Nous nous éloignons finalement du village : direction la Vallée de la Roanne. Je profite encore quelques centaines de mètres du bitume, puis un virage à gauche nous fait quitter le macadam. Un chemin de terre se transforme rapidement en première difficulté, sur les contreforts de la Grande Autane. Caillasses, ravinements, mes appuis sont instables et mes chaussures me défoncent imperceptiblement les talons. Ca n'en finit plus de monter, et je finis par marcher, de toute façon je vais tout aussi vite.
Le chemin devient sentier, et finit par surplomber en balcon l'ensemble de la vallée. La jolie vue panoramique sur le village me relance. Nous sommes sur les hauteurs du camping. Une bénévole et ses 2 patous nous oriente et nous redescendons par un monotrace en lacets. Nous traversons caravanes et bungalows, à la grande surprise des vacanciers. Nouvelle traversée du village, et beaucoup de monde pour nous y encourager. Ces 10km affichent 220m de D+, mais le parcours nous laisse encore un peu de répit : direction la plaine, par un chemin de terre. Nous longeons champs de blé et de fourrage, et toujours pas de ravito à l'horizon. Nous avons pourtant dépassé la moitié du parcours. Un virage à gauche et le chemin devient piste forestière, en lisière de sous-bois. La piste serpente en faux plat montant, puis l'ascension s'accentue sérieusement. Les ruissellements ont défoncé la piste, si bien que chaque appui est un défi d'équilibriste. Les 220m de D+ sont bien là, et plus personne de court autour de moi. L'ascension débouche sur la route de St Léger les Mélèzes, à hauteur d'une grande croix séculaire. Le panorama m'en met plein les yeux.
Une fois la route traversée, nous retrouvons un sentier de randonnée en ligne de crête. A gauche, des pâturages en sous-bois, à droite, les champs de la plaine à perte de vue. Le sentier monte progressivement vers le Plateau de Libouze, et malgré la tension de l'effort, je décompresse. Le temps est suspendu et mon regard ne sait plus où se poser. Finalement, à quoi bon avoir enclenché le chrono, j'ai l'impression de ne pas être là pour ça. Le sentier raviné redescend vers le hameau des Faix. Un garçonnet, seul dans une ruelle, me tend un gobelet. 100m plus loin, le premier stand de ravitaillement. Le retour vers Ancelle se poursuit à travers moraines et champs de blé en dévers. Le parcours joue aux montagnes russes, et je n'en reviens pas d'avoir signé pour ça. Nous retrouvons la bénévole et ses 2 patous : la boucle s'achève par une seconde traversée du camping. Une dernière relance tandis que je retrouve le bitume, et je donne tout dans les derniers mètres.
Excellents souvenirs sur ce prologue de l'UltraChampsaur 2017, malgré un début de tendinite du tendon d'Achille, causé par des chaussures à l'amorti insuffisant. Je termine en 55'31, séduit par la discipline, même si le macadam restera, je pense, mon terrain de prédilection. Il me faudra en tout état de cause beaucoup progresser en côtes pour vraiment me faire plaisir en trail. Je prends toutefois rendez-vous pour tenter le parcours de 26km l'an prochain !
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