L'auteur : Jedj
La course : Marathon du Mont-Blanc
Date : 25/6/2017
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 4011 vues
Distance : 43km
Matos : Salomon ProPulse
Batons Leki Micro Traveler
Sac Ultimate Direction 5l AK
Objectif : Terminer
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Au bout de 3 tentatives, mon inscription est validée fin 2016 ! j’ai hâte de me frotter à cette course qui est un incontournable et qui me permettra de retourner enfin sur des trails montagne après 2 ans de galère entre grosse fatigue et blessures.
Pas de bol ce sera pas de tout repos car mon trail de préparation de 42 km fin mai au Pic St Loup se transforme en rando ballade de 18km, en effet je me suis blessé fin février (rechute) et le retour aux baskets a pris plus de 2 mois pour un retour en cap mi-mai.
Le Pic St Loup validant que je n’ai plus de douleurs (et toujours de faibles capacités physiques….), je commence un plan d’entrainement pour ce Marathon sur une base 4 semaines, en capitalisant sur le travail en club depuis octobre.
Quand je pense que je m’étais inscrit à un club d’athlé pour ne plus faire n’importe quoi, ne plus être au pied des barrières horaires et éviter les blessures, le bilan là-dessus est étange. Heureusement, c’est plein de rencontres humaines, et cà c’est la bonne surprise, plusieurs trailers m’avaient dit que les clubs d’athlé étaient remplis de pistards nombrilistes, là j’ai trouvé un club hyper sympa 😊 et un coach Franck Rosier qui me dit que faire la prépa en 4 semaines ca passe large, et me mitonne un petit plan. En gros en 3 semaines 3 sorties longues : 3h avec 900d+ puis 4h typées montagne (1300d+, avec une petite sortie au Saut du Gier) et la dernière sortie au trail très sympa de la Cartusienne avec 17k, ce qui donne en 4 semaines 133km pour un peu plus de 4200d+.
Ca risque d’être limite pour avoir la caisse et surtout je serai court des cuisses car il faut avoir l’accent espagnol pour trouver ca roulant avec 2700d+, surtout que je connais déjà la descente de la Posette et je sais que c’est pas une descente que tu fais en déroulant la foulée.
Bref, je suis limite des pattes arrière et à un niveau mental moyen haut.
J-1
Je pars de mon Forez samedi milieu d’après midi en laissant les Kids et Darling autour de la piscine, vaguement intéressés par mon départ. Il fait toujours une chaleur démente depuis une semaine, arrivé à Chamonix je constate qu’il fait seulement 2 degrés de moins (32°) et que çà cogne. Comme çà fait 5 dossards que je retire par là, en 15 minutes je réussis à faire la queue, retirer mon dossard, et demander à l’orga comment on revient à Chamonix étant donné que l’arrivée est à Planpraz (parit qu’il y a un roadbook, pas lu désolé). Bref à 19h je suis dans mon petit studio loué, je vais m’acheter mes pâtes, ma viande des grisons et ensuite tisane, tralala du sac et de la tenue, douche puis livre et dodo. Petite nuit agitée, on va dire que c’est les orages, manquerait plus que je stresse.
Jour J
Lever à 5h30, petit dej et tenue, je mets mon sac dans la voiture, et pars sur la ligne j’y suis 20’ avant le départ, pas moyen de voir les élites et donc le rouquin Forézien Augustin pour lui glisser un petit encouragement. La météo est moins clémente, beaucoup plus humide il a bien plu dans la nuit, mais relativement chaud quand même.
Je vérifie mon tatoo avec le profil (offert par l’orga) et mon tableau des horaires de passage, fait sur la base de 9h soit une demi heure avant la barrière horaire finale (étrange d’ailleurs, 9h de délai mais arrivée à 16h30 max pour un départ à 7h…). je prévois de partir tranquille (pas le choix de toute façon), de gérer les Posettes, de faire la descente sans m’abimer pour arriver 1/4h avant la barrière de Le Tour qui a priori est la vraie barrière du trail : une vraie barrière à franchir mais qui une fois franchie sauf défaillance te permet d’être dans les temps à l’arrivée.
La course est donc divisée en 3 : Départ-Vallorcine puis les Posettes et la longue remontée de 11 km vers l’arrivée.
Chamonix-Vallorcine
Le top départ est donné à l’heure, ca va assez vite pour passer la ligne de départ, 7h02 je suis sur le bip – important pour moi car les barrières ne se mesurent pas en temps de course mais à l’heure horloge.
C’est la cohue, peu de course et beaucoup de bousculade sur le premier km, sous un ciel très nuageux. Au bout de 2-3 km on arrive sur les sentiers pas très larges, ca ne bouchonne plus mais c’est dur de trouver le rythme. J’ai au mal a trouver la cadence, je voulais partir à 10km/h et je vois que à 8 j’ai déjà du mal. Ca commence mal. 1ere bosse au 4eme kilometre, ca passe bien. En revanche ensuite rebouchon, avec des passages où les gens s’arrêtent pour passer de petits obstacles, le chrono défile de plus en plus vite…. Douche froide en arrivant au premier ravito, 1h25 sans être facile pour un peu plus de 9km là où je visais 1h20 en étant facile. Je dois accélérer pour aller à Vallorcine, mais je passe pas bien les bosses mes jambes sont en bois, les cuisses dans la voiture ou ailleurs et j’ai la tête dans la boîte à gants, pas de plaisir dans cette forêt humide au milieu de la foule, le col des Montets me fait mal aux pattes, j’en arrive même à marcher en descente pour regarder sur le tableau si Vallorcine est encore loin. Pas loin de tout balancer. Bref, arrivé au ravito, je prends des barres Isostar pour tester et des cranberries plus saucisson, de l’eau, super ravito bien organisé avec les points d’eau accessibles et nombreux, rien à voir avec les 80km du même organisateur. Le temps est toujours couvert voire se dégrade, relativement chaud, je repars avec 20’ de retard sur le plan de marche, le chrono confirme que je ne suis pas au mieux. Et la pièce de résistance est juste là …. Au dessus dans les nuages.
Vallorcine – Trè le Champ par les Posettes
200m de trottinage à la sortie du ravito puis la pente devient sévère dans le pré pour attaquer la montée du col des Posettes, 4,5km plus loin et 800m plus haut, avec des passages à 30, 40 voire près de 50%. Je prévois 1h30 pour faire ce tronçon qui m’avait séché il y a 4 ans sur le 80km, sachant qu’en plus au col t’es pas en haut tu dois encore aller à l’aiguillette 1km plus loin avec 200d+ de rab.
Je monte dans la souffrance, je n’arrive pas à accrocher de train, je dépasse malgré tout quelques coureurs en déshérence mais beaucoup plus me doublent. Je serre les dents, franchis les paliers par 100m de D+ avec une pause, j’attends les pentes plus douces de la piste forestière dont je me souviens, juste du 20%.... Ces 3km sont un enfer pour le souffle, le mental, les cuisses dans une chaleur tropicale très moite. La barrière me paraît inatteignable. Je suis pas loin de lâcher, la piste arrive au bon moment. Le dernier km jusqu’au col, la pente plus douce sur un terrain type piste permet de mettre les bâtons en mode marche nordique et je plante du bâton en mode machine en remontant des grappes de coureurs. Au col vite fait, sous le grésil je remplis la poche à eau, car a priori pas d’eau au prochain stop, ca doit tenir jusque Trè le champ. Je vérifie mon plan de marche, j’ai mis 25’ de plus que prévu depuis le départ et donc tenu le rythme prévu dans cette montée, mais si je fais l’aiguillette plus descente comme prévu je serai out à la barrière, au lieu de 1h15 je dois mettre 1h05’ – je suis large !! faisable !
Je connais l’aiguillette, donc je n’ai pas mal au moral sous la pluie (certains enfilent leur gore tex) quand le sommet recule au fur et à mesure que tu avances ce qui n’est pas le cas des autres coureurs qui sont en souffrance. Maintenant place à la descente qui n’est pas simple (single, racines, rochers et escaliers branlants avec pas mal d’humidité), je pose le cerveau dans le sac et j’y vais sous le soleil qui perce enfin les nuages – pas très classe je bouscule une 10aine de randonneurs pour aller plus vite, je refuse de suivre des trains de coureurs qui assurent leurs appuis, je prends des risques, un peu trop : je me retrouve dans le ravin à la sortie d’un virage en S, je remonte la pente à 4 pattes et je repars, je lâche rien – je double beaucoup, je commence à y croire, la pente devient plus douce et presque plus de racines, j’accélère encore - enfin j’en ai l’impression. Les toits de Le Tour sont visibles, mais il me reste à peine 5’, je dépose encore des coureurs qui devraient être les premiers à ne pas franchir la barrière. Un bénévole fait des grands gestes et crie « 1 minute pour faire 500m, la barrière est juste là, vite », magnifique saut de cabri j’y suis ric rac. 12h31 pour une barrière à 12h30, je fais le tour du parking en massant mes pauvres cuissots et je vois des coureurs déjà arrêtés ce n’est pas passé loin, 100 coureurs seront arrêtés ici. Cette longue descente m’a usé, j’ai dû mal à remettre en route, il me reste 1/2h pour faire les 3 km un peu vallonnés jusqu’au ravito et dernier contrôle dans la vallée. Je gère tranquilou bilou, 4’ d’avance à la barrière, ouf … Je me ravitaille bien avec à nouveau saucisson, cranberries, barres et une petite soupe de pâtes. Avertissement de la bénévole : vous allez faire le plus dur jusque la Flégère …
Trè le Champ – Planpraz
C’est vrai maintenant qu’elle le dit : tout content d’être encore en course j’ai oublié que s’il ne reste « que » 11km et il y a 1200d+ dont 800 en 6km - pas glop. Surtout je ne sais pas pourquoi (à part de mauvais souvenirs des 80km), je m’attendais à une montée en piste forestière : large, peu technique, pente homogène et en fait c’est dans les bois en single avec pente parfois très sévère mais inégal le truc que je sais pas faire. Bref 1,5 km de misère où je repars en galère sous la chaleur. En récompense, un magnifique chamois à 5m de la piste qui se frotte les bois sans que les passages ne le dérangent, la suite fait mal aux jambes avec une descente de 1,5km dans les rochers et caillasses où j’ai dû au mieux trottiner 500m. Enfin on arrive à la dernière montée sur la Flégère, plus que 3km – en 1h ca le fait. Je pioche mais tiens le coup, le dernier km est comme je les aime : piste de ski droit dans la pente mais pourcentages réguliers, plein cagnard, je serre les dents et je remonte les coureurs dont certains sont pas frais. Je me ravitaille en prenant mon temps, je taxe du pain à un randonneur et bipe à la barrière avec 4’ d’avance : je suis large ! Encore 5km à faire en max 1h15 et 400d+ : de la rigolade au bout de 8h d’efforts !! Ceci dit j’ai dû mal à me motiver, Killian est un peu trop loin devant, je pense que le podium c’est mort, je serai pas dernier mais finisher, donc je me laisse aller à quelques photos et à profiter des paysages à couper le souffle sur le Mont Blanc car les nuages se sont enfin dispersés. Maintenant il me tarde d’arriver, je relance la machine, je retrotine et les 3 derniers km je les fais bien, à l’aise et je double pas mal sur les deux derniers km, pour finir en courant les deux dernières bosses – FINISHER en 9h28, 2013eme sur 2271 partants et 180 abandons/stop barrière, une petite médaille au cou et vite la bière (2 verres normal).
Je redescends pas trop abimé aux œufs qui me ramènent à Chamonix, et petit warrior je fais les derniers 800m jusqu’à ma voiture pour me changer dans la rue et regagner mes pénates….
Avec tout ca, ca restera un très bon souvenir, sur un parcours bien balisé, de nombreux bénévoles sympas, une organisation bien rôdée et Chamonix quelle terre de trail ! Je n’ai jamais eu l’impression hormis les 3 premiers km d’être pris au piège d’une grosse organisation. Ce trail mérite sa réputation.
1 commentaire
Commentaire de Shoto posté le 29-06-2017 à 18:23:02
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