L'auteur : trailaulongcours
La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km
Date : 18/3/2017
Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)
Affichage : 2905 vues
Distance : 80km
Objectif : Faire un temps
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Encore une course planifiée de longue date mais qui ne se prépare pas comme je l’aurais voulu. Mon entraînement TVSB avait été fortement perturbé en 2016 à cause d’une vilaine entorse. Ne voilà pas que je me tape une déchirure musculaire le jour de Noël. Quelques mauvais diagnostics plus tard et sans entraînement digne de ce nom, je décide de relever le défi de l’ami Bert’ qui consiste à marcher l’écotrail 80 en moins de 11h55, le temps qu’il avait mis en 2016.
L’écotrail, je connais plutôt bien pour l’avoir terminé 3 fois, mais en courant. La marche, c’est mon dada, mais sur 80km, je suis dans l’inconnu. Bert’ a plus d’expérience mais n’est pas beaucoup plus entraîné que moi pour notre grande traversée mordoro-gondorienne.
On se voit deux fois pendant les semaines qui précédent la course histoire de se dire qu’on a marché ensemble et afin de parfaire une stratégie flou voire inexistante.
On s’accorde sur le fait d’essayer de passer sous les 11h55 en sachant qu'il y a 1,5km en plus et de ne pas se lâcher pendant la course sauf coup de théâtre ?
En gros, on doit tourner à près de 7,8km/h jusqu’à Buc puis essayer de tenir un rythme aux environs de 6,5km/h.
Après 4 km de course, je casse une de mes pointes. La grosse zone. J’appelle madame qui doit venir m’encourager 6 km plus loin en lui demande d’apporter ma panoplie de bâtons de MN pour décider quelle paire est la plus appropriée pour rallier Paname.
Crédit Photo: Pierrick
Tout en marchant, je consulte Bert’ qui me donne son avis. Nous sommes d’accord, je finirai en Swix. Sauf que Bert s’amusera à marcher sur ladite Swix vers le KM 46 entraînant la deuxième perte d’une pointe. Pointe que je récupère et que j’arrive à remettre en place et qui tiendra miraculeusement jusqu’au bout.
Pendant ces premiers kilomètres, l’ami Bert’ ne cesse de bavarder dans mon dos…et patati et patata…et comment vas-tu depuis la dernière fois….j’adore ta vidéo…. comment va le petit….j’ai pris mes Hoka route….et j’en passe. Je suis obligé de le rappeler à l’ordre régulièrement :
- Bert’, on a dit 7,9/8km/h.
- Oui, mais tu vas trop vite.
- Ah bon. Je ralentis. Et lui papote !
Malgré ça, on tourne effectivement assez vite. Une fois les bâtons changés, nous arrivons sur la Minière. Les bords de l’étang, où je m’entraîne souvent, nous permettent de voir que nous sommes dans les tous derniers. Je dirais que nous avons au plus 20 concurrents derrière nous dont certains ne sont visiblement pas armés pour aller au bout.
Buc est atteint en 2h54. Ca fait quasiment 8km/h. Pour les néophytes, une course format court en MN se gagne parfois à 8,7km/h. Bref, on déconne total. C’est de ma faute, j’aurais dû bavasser plus comme Bert’ plutôt que de surveiller sans cesse ce putain de chrono. Oui, sauf qu’on a rendez-vous à la Tour Eiffel avant 00h10 et que j’ai pas envie de faire traîner le truc.
Après Buc et une montée de l’Alpe D’Huez sans TonTon, Bert’ me dit qu’on va commencer à rattraper du monde. Ca tombe bien, j’ai une envie de pacmaniser comme rarement j’ai eu. Nous attaquons les contreforts continentaux du Mordor. Et là, nos guibolles respectives nous font savoir sans équivoque qu’elles en veulent. Elles veulent de l’action, et elles vont en avoir !
L’effet team marche à fond. C’est vraiment le cas de le dire. Nous prenons des relais réguliers et notre vitesse moyenne depuis le début se stabilise à 7,5km/h. Les côtes deviennent un vrai terrain de jeu. On rattrape de manière effrénée. Tantôt c’est 15 personnes rattrapées dans une seule montée, tantôt c’est 20 gusses grillés sur le plat. Ils sont scotchés comme des mouches sur la glue. Même les descentes deviennent prétexte à envoyer du lourd.
Crédit photo: Sophie
Bert’ s’éclate mais me glisse imperceptiblement qu’on pourrait quand même, tôt ou tard, le payer. Et potentiellement très cher. Je ne sais pas trop comment j’esquive le truc, toujours est-il que je continu la partie de pacman.
Entre Buc et Meudon, nous rattrapons 276 coureurs. Arrêt rapide au stand. On ne traîne pas. On repart et on pause une grosse mine à une vingtaine de coureurs qui semblent faire du sur place. Non mais je n’exagère pas. Un vrai kif.
Cap sur Chaville. Mon partenaire me glisse que nous ne mettrons les frontales qu’à la sortie du parc. Oui monsieur ! C’est effectivement ce que nous ferons.
Je suis épaté par ma forme. Sans aucun entraînement, j’arrive à relancer sans cesse. Aucune douleur, aucun signe de fatigue.
Peu avant Chaville, Bert’ montre quelques premiers signes de fatigue. Je me retrouve devant à ralentir régulièrement pour ne pas le distancer. Je n’aime pas. C’est la première fois que je suis en compagnie de Bert’ alors qu’il est dans le dur. De bavard, il est passé au mutisme le plus complet ! Je suis bluffé ! Plus rien ne sort.
Chaville fait du bien. Je mange beaucoup, je bois deux soupes, nous discutons de la portion suivante : environ 12km pour regagner le dernier ravitaillement de Saint-Cloud. L’ami est un peu entamé quand même. Je lui dis que je pense pouvoir terminer en 11h30. Je calcule et recalcule et ça tient. 11h30 devient notre objectif. Bert’ n’est pas convaincu mais il est dans le dur, c’est donc normal.
Il repart une minute avant moi, je le rattrape et nous continuons à croquer du trailer. Le rythme a bien baissé mais celui des concurrents qui nous entourent également.
Le coup de mieux que nous a procuré la soupe n’est que momentané et Bert’ a très vite à nouveau du mal à avancer. Je le distance à plusieurs reprises et dois l’attendre près d’une minute en haut d’une longue côte qui fait très mal.
Je lui demande s’il pense à s’alimenter correctement, il me répond que non. Je lui propose un Snickers, LE Snickers magique, celui qui va nous mettre un turbo dans les bâtons après Saint-Cloud. La fameuse barre chocolatée commence à produire son effet peu avant Saint-Cloud. La dernière montée se fait à bloc. L’animal est devant moi et je peux vous dire que ça envoi du lourd. Tiens, prends ça ! Encore une dizaine de coureurs séchés. Nous avons rattrapé 250 coureurs supplémentaires depuis Meudon. Bert’ a le classement en direct par sms interposé, le fait de savoir que nous remontons bien dans le classement nous donne les forces dont nous avons besoin pour poursuivre.
Arrêt express au stand à Saint-Cloud. Je regarde le chrono, nous avons 1h34 pour respecter notre objectif de 11h30. Petit plein en eau et quelques morceaux de fromage pour moi avant de repartir pour ce qui sera l’apothéose d’une aventure menée bâtons fumants.
Dès le départ de Saint-Cloud, je sens que Bert’ a retrouvée sa verve. Ces 11 derniers kilomètres nous allons les faire dans une espèce d’état de grâce. Lui devant, moi derrière, calé dans ses Hoka, dans un vacarme assourdissant de bâtons. La montée de la côte des gardes passe tellement facilement et rapidement que je ne la sens pas. Nous parvenons à rattraper près de 100 coureurs entre Saint-Cloud et la Tour Eiffel. Je pense qu’aucun coureur ne nous double sur cette portion.
Sur les derniers kilomètres, je suis obligé de demander à Bert’ de ralentir car je n’arrive plus à fournir. J’ai soudainement très mal sous le pied droit. Le dernier kilomètre se fait cependant à près de 8km/h, contournement de la dame de fer et hop, nous voici engagés dans les escaliers où Bert’ continu à envoyer du bois. Tiens, paf, encore un coureur rattrapé. Tout juste ai-je le temps de grommeler que ce serait quand même bien qu’on passe la ligne d’arrivée ensemble.
Nous effectuons la montée jusqu’au premier étage en 3’30’’, non mais allô, et franchissons la ligne d’arrivée après 11h31 de course. L’objectif de 11h30 est légèrement dépassé, on dira que c’est la minute qu’il aura fallu pour sortir le Snickers du sac, hein Bert’. Ou pour changer la pointe de mon bâton.
Accolades, bières, médaille et autres petits bonheurs de la ligne d’arrivée s’ensuivent.
L’aventure en marche nordique sur un format comme l’écotrail, je la recommande à qui veut.
Merci Bert', et à très vite pour de nouvelles aventures!
14 commentaires
Commentaire de Bert' posté le 24-03-2017 à 13:13:35
Parfait ce CR ! C'était exactement ça et quelle rigolade !... Sauf quand j'étais méchamment dans le dur ;-)
En tout cas, tu m'as bluffé et bien tiré vers les haut. Merci pour le snickers magique et, malgré notre prépa limitée, on voit bien comment à deux, on peut gagner énormément finalement. J'aurais probablement fait le même chrono que 2016 sinon.
PS : Je vais quand même essayer de faire un CR avec un autre angle de vue ;-)
Commentaire de caro.s91 posté le 24-03-2017 à 13:43:50
Je suis tout simplement impressionnée ! :)
Commentaire de freethunder posté le 24-03-2017 à 13:48:00
ca donne presque envie d'essayer dis donc :)
Bravo les gars, pour cette superbe partie de pacman :)
Commentaire de --- posté le 24-03-2017 à 14:36:25
Respect !!
ça doit être jouissif d'avancer plus vite que des coureurs :-)
Commentaire de bubulle posté le 24-03-2017 à 15:47:35
Je confirme pour le "Bert dans le dur" : ça se mesure sans aucun problème au débit de paroles et, effectivement, ça fait bizarre quand on n'entend plus rien. Je retiens l'astuce du Snickers comme méthode de relance de la machine lellouchienne et, l'air de rien, je ne regrette quand même pas une seconde d'avoir résisté à vos appels du pied; J'aurais jamais tenu la distance et, à mon avis, aujourd'hui j'en aurais encore mal au cul comme jamais.....
Commentaire de Bert' posté le 25-03-2017 à 12:14:43
MDR ! Mais non je cause pas tout le temps ;-)
D'ailleurs alors que j'en suis à ma 10e année sur Kikourou, je suis même pas "Grand Maitre" !
Je serais très curieux de savoir comment ça se serait passé ensemble car, plus que la vitesse il faut une bonne condition physique pour garder le rythme tout le temps...
P.S : J'ai pas eu tellement mal au cul après, plus aux mollets
Commentaire de Fa² posté le 24-03-2017 à 15:50:38
Enorme !!
Quelle remontée, je n'ai pas compté mais vous avez grignoté des centaines de concurrents, j'imagine leurs têtes et leurs pensées en vous voyant les dépasser en marchant et en papotant.
Enfin pour vous avoir suivi, je sais que ce que vous qualifiez de marche ne peut se suivre qu'en courant pour moi.
Quel plaisir de vous avoir vu, le record de 11h55 n'a pas fait un pli.
Bravo à vous deux.
P.S.: Comment ça Bert' est une pipelette ? :-)
Commentaire de Bert' posté le 25-03-2017 à 12:17:42
On a pris notre pied dans chaque montée ! En fait, on laissait les autres sur place et, intérieurement, on trouvait ça très drôle :-)
Et ce qui est cool en trail c'est que l'ambiance était toujours très détendue.
P.S : je confirme : "Comment ça Bert est une pipelette ?" ??? ;-)
Commentaire de catcityrunner posté le 24-03-2017 à 19:15:16
Bravo aux compères marcheurs !
Une belle course d'équipe et un beau résultat au final.
J'imagine les coureurs à l'agonie sur les quais qui entendaient le tic-tac des bâtons se rapprocher inexorablement avant d'être dépassés ;-)
Commentaire de patfinisher posté le 24-03-2017 à 19:18:53
Bravo les TWO "B" Free ! sacre perf et sacrée régularité ! clic clic clic clic ! j'ose imaginer lorsque vous avez fait le "pac man" et que tu sens le bruit se rapprocher..... et lorsque la "belle paire" te double allure défilée speed de la fashion week du salon du running !!!! :-) :-) :-)
Chapeau bas les gars ! et à très vite pour de nouvelles aventures ! ;-)
Commentaire de Stéph le givré posté le 24-03-2017 à 20:40:12
Bravo à vous deux, pour vous avoir côtoyer à partir de l'observatoire de Meudon, en effet le bruit des deux exterminateurs en MN a du en fairetrm
Commentaire de Stéph le givré posté le 24-03-2017 à 20:41:49
En faire trembler plus d'un. Félicitations encore
Commentaire de Bert' posté le 25-03-2017 à 12:18:28
On faisait exprès de faire un max de bruit pour les terroriser ! ;-)))
Commentaire de sabzaina posté le 24-03-2017 à 21:18:58
Trop top
Suis fière de vous les gars
Bravo Bart d'avoir relevé ce difficile défi lancé par Bert
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