L'auteur : catcityrunner
La course : L'O'Rigole - 110 km
Date : 3/12/2016
Lieu : Le Perray En Yvelines (Yvelines)
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Distance : 110km
Objectif : Pas d'objectif
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Préparation
Après une année déjà bien remplie avec deux trails montagnards, le marathon du Mont Blanc et le Tour de la Grande Casse, (j'oublie le Marathon de Paris, qui s'est terminé dans la douleur et m'a ôté l'envie de cette distance), reste un objectif de fin d'année à caser. L'occasion de faire un ultra à domicile se présente avec cette édition spéciale 10 ans de l'Origole : deux boucles de 55 km autour du Perray en Yvelynes, départ en soirée.
Un coup d'œil aux récits des années précédentes me convainc qu'il s'agit d'une épreuve à ne pas prendre à la légère. Donc enchaînements de côtes en Forêt de Meudon et à la colline d'Elancourt comme programme d'entraînement !
Et un binôme de choc en la personne de Jacques, jeune ultratrailer mais déjà aguerri et toujours volontaire pour les défis et missions délicates.
La préparation mentale est importante : se préparer à patauger dans des cloaques pendant des heures, se préparer aux appels de la petite voix qui dira : « tu en es à peine à la moitié et tu es déjà cuit ; passage au gymnase, 55 km, tu es à 1h d'un lit douillet », se préparer à avancer à une allure d'escargot avec toute cette succession de montagnes russes que l'organisation a soigneusement mis au point.
La course
Nous voilà dans le gymnase du Perray En Yvelynes, à écouter le briefing d'avant-course. Au programme, d’abord la boucle 1 « des Vaux de Vernay », un sacré morceau, nous annonce-t-on avec 2000 m de D+.
Pas ou peu de boue au programme, c'est le froid et le gel qu'il va falloir gérer. D'ailleurs on se refroidit vite dans ce gymnase et on a hâte de se dégourdir les guiboles.
19h30 le départ commun est donné avec les dossards bleus du 55 km et les rouges du 110 km.
Entre les fumigènes et l'air glacé, on a les bronches qui piquent dès le premier km !
Départ tranquille en fin de peloton, il faut gérer et ne pas s'emballer.
Au bout de 2 kilomètres, on arrive au premier single en forêt. Sauf que là ça bouchonne sérieusement : le peloton de 800 coureurs n'a pas eu le temps de s'étirer, Un peu moins de 10 mn d'arrêt forcé, de toute façon on n'est pas venu pour faire un temps !
Traversée d'Auffargis, on apprécie les encouragements, puis première côte du parcours. Rien du tout, environ 30 m de D+, sauf qu'on en aura une bonne soixantaine du même genre à se coltiner dans cette première boucle.
Ensuite le chemin prend la direction du Nord vers Les Essarts Le Roi, avant de slalomer entre les fonds de l'Yvette et le plateau à Levis Saint Nom. Le premier point de contrôle à la barrière du Pommeret est passé à 1h45, 13,5 km de course.
Après une incursion vers le Mesnil Saint Denis, on revient l'Yvette avec moult circonvolutions, histoire de passer par tous les raidards du coin et engranger le maximum de dénivelé.
Maincourt, puis pas loin du château de Dampierre, là je recontitue le parcours a posteriori (pas vraiment vu le château !) La nuit est étoilée, sans lune et il vaut mieux être attentif sur les appuis. Le tapis de feuille cache souvent des pièges pour les chevilles, d'autant que le parcours suit des chemins improbables et donne le tournis à force de tortiller.
Premier et seul ravitaillement de cette boucle à 28 km, soit 3h52 de course, au parking des Franchises, au-dessus des Vaux de Cernay. Le froid commence à être bien sensible, c'est minuscule, on se bouscule, je fais le plein d'eau et j'avale un verre de Coca et un peu de solide. A peine 10 min. d'arrêt, il faut repartir avant d'être congelé.
Avec Jacques, on continue à gérer un rythme assez tranquille ; marche en côte, descentes prudentes et on court dans les quelques rares sections plates.
Pour moi le redémarrage est difficile : je me dis qu'on en est à la moitié de la moitié et la partie la plus dure de la boucle est loin d'être terminée. Jacques est plus allant à ce moment et je peine un peu à suivre la cadence.
Heureusement le sol est sec dans l'ensemble; je n'ose pas imaginer ce parcours avec de la boue comme dans certaines éditions précédentes de l'Origole.
Sauf qu'il y a quand même un bon passage dans la gadoue, histoire d'avoir les pieds humides (c'est quand même l'Origole). Et l'invraisemblable sentier en spaghetti continue. En regardant les constellations dans le ciel étoilé, je vois qu'on erre dans toutes les directions. La trace confirmera ce parcours de malade...
Maintenant j'ai de meilleures sensations et j'arrive à bien relancer après les côtes. Jacques est un peu moins bien, il me rappelle à l'ordre, il faut en garder sous le pied. Mais avec Jacques l'abandon ça n'existe pas, on ira au bout.
Passage au Pont de Grandval en 6h46 pour 45 km.
On revient ensuite vers Auffargis et le parcours offre plus de moment de répit. Sauf qu'on repart en sens inverse pour passer dans une zone de rochers histoire de varier les plaisirs.
Le gymnase n'est plus très loin, avec la perspective d'un vrai ravitaillement et un moment de récupération.
Arrivée au gymnase en 8h10. En dehors de la zone de ravitaillement, le gymnase est glacial et on n'a pas envie de traîner trop, sous peine de ne pas repartir !
Moins de 25 minutes d'arrêt et c'est reparti pour la deuxième boucle, qui nous emmène du côté des Mesnuls et de Saint Léger en Yvelynes. On ira au bout. Je sais que Jacques, malgré son entraînement « minimaliste » ne lâchera pas. Donc nous ferons équipe jusqu'à l'arrivée.
La deuxième boucle a un profil moins accidenté. Le départ est beaucoup plus roulant ; on doit faire du 8 ou 9 km/h, ce qui n'était pas arrivé depuis les premiers kilomètres. J'essaie tant bien que mal de me réchauffer, mais les trois couches suffisent à peine avec le froid mordant qui s'accentue.
Après un peu plus de 2 km, voilà ma batterie de frontale qui me lâche. Heureusement Jacques est là pour aider à la manip de changement de batterie, car j'ai les doigts bien engourdis malgré les gants. Au total 6 min d'arrêt, j'aurais dû faire ça au gymnase, cela aurait été plus confortable !
Très peu de monde à proximité, le passage au gymnase et la succession de côtes a sérieusement écrémé la course et bien étalé les coureurs. On se retrouve souvent isolés et il faut faire attention aux rubalises. Mais le balisage est vraiment fantastique, on a l'impression qu'un corridor lumineux se déploie devant nous.
La nuit commence à être longue, notre rythme ralentit sérieusement. Dans cette portion de forêt, on alterne de longues lignes droites et des passages plus vallonnés. Toujours ce balisage au millimètre qui nous accompagne dans nos pérégrinations nocturnes. Cette trace qui s'ouvre devant nous a un côté magique ; de temps en temps j'ai l'impression qu'une personne nous fait signe avec une torche, mais ce n'est qu'une rubalise qui s'agite dans le vent.
Le traceur a déployé des trésors d'imagination pour obtenir les 55 km et le quota de D+. Ca donne des détours comme celui-ci : 3,3 km, 100 m D+ et 34 mn pour se retrouver à 50 m du point de départ.
De nombreux coureurs shunteront cette boucle involontairement !
On approche de la fin de nuit et on perçoit les premières lueurs de l'aube. Nous avançons en marche rapide, avec quelques portions courues (de moins en moins!).
Le ravitaillement de l'Etang Rompu ne doit pas tarder. Un bénévole nous confirme : c'est à 1,3km.
Jacques, dans le dur depuis un moment, attend ce ravitaillement avec impatience. Nous nous remettons à courir. Régulièrement, nous pensons atteindre ce ravitaillement au détour d'un virage.
Mais voilà : après 3 km à 8 / 9 km/h toujours rien à l'horizon.
Le moral est en berne. En plus, l'eau a gelé dans le tuyau de mon camelbak !
Retour à la marche pour finir par arriver enfin à ce ravitaillement. Nous en sommes à 13h10 de course et environ 80 km.
Café, coca, biscuits, eau chaude (pour dégeler le camelbak) et surtout un feu pour se réchauffer. Jacques se refait une santé pendant que j'évite la congélation tout près du feu.
Le plus dur est fait, nous allons finir : on marche et on trottine…. Les lignes droites le long des étangs de Hollande sont interminables, donc on recourt un peu tant bien que mal, avec des pointes à 7 ou 8 km/h. Le soleil finit par nous réchauffer un peu, on se rapproche de midi.
On double malgré tout des concurrents qui sont en plus mauvais état que nous.
Enfin les derniers hectomètres dans le Perray, l'arrivée au gymnase en courant.
Bilan
Et voilà, finishers en 17h20 !
Mon premier 100 km
Un grand merci aux bénévoles qui ont passé une nuit blanche dans le froid et à l’organisation Alternature.
Une aventure nocturne à quelques kilomètres de chez soi en région parisienne.
Rendez-vous dans 10 ans pour la prochaine « édition spéciale Origole » !
5 commentaires
Commentaire de Jam posté le 20-12-2016 à 22:29:36
J'ai l'impression de me lire :-) En plus vous terminez 6 minutes devant Bart et moi. Vous aviez du nous dépasser un peu avant l'arrivée. Beau premier 100. Bravo.
Commentaire de catcityrunner posté le 20-12-2016 à 22:38:32
Merci
Je ne pense pas avoir dépassé Bart (ni toi a priori). Nous étions arrivés un peu devant lui au gymnase à la fin de la B1 et sommes repartis avant je pense.
Commentaire de PhilippeG-641 posté le 21-12-2016 à 21:14:57
Félicitations Catcityrunner ! Pour un 1er + de 100km tu n'as pas choisi le plus facile :)
Finalement à deux cela passe certainement mieux et en plus pour clôturer l'année sur une bonne impression, y'a mieux non plus.
Bonne entrée dans le monde de l'ultra et bonne récup à toi.
@+
Philippe
Commentaire de catcityrunner posté le 21-12-2016 à 21:23:16
Merci Philippe :-) et bravo pour ta perf !
On se croisera peut-être aux marcassins ?
Pas pu discuter avec beaucoup de kikous - le gymnase glacé n'incitait pas à musarder
Commentaire de PhilippeG-641 posté le 21-12-2016 à 21:39:29
Merci et oui, rdv aux marcassins ;-) Sinon au restau c'était très sympa pour papoter :-)
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