L'auteur : den
La course : TOR330 Tor des Géants
Date : 11/9/2016
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 1769 vues
Distance : 350km
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
Et voilà mon 2ème TOR DES GEANTS est terminé, reste plus qu’a récupérer maintenant……
Et oui, j’avais toujours dit, le Tor, jamais…….. Et pourtant après une 1ère édition réussie en 2014, je viens de remettre le couvert il y a quelques jours…..
La 1ère fois que j’ai entendu ce mot « Tor des Géants », c’était fin de l’année 2009. Nous participions à un raid nocturne à Dinant, le jour du réveillon, le 31 décembre 2009, et oui on ne se refait pas…….
Certains des participants du raid allaient participer en septembre 2010 à cette 1ère édition. Pour ma part, je venais quelques mois plus tôt de terminer mon 1er grand ultra (Utmb). Je me rappelle m’être dit : « on ne sait plus quoi inventer comme ultra….. 340 km avec 24000 mètres de dénivelé, cad +- 2 fois un Utmb en km avec 3x l’ascension de l’Everest en dénivelé, non mais quoi, où va-t-on ? Ils sont fous ces romains (cela se passe en Italie) !!!!!!!!!!!!!!!!!
D’abord, je tenais à tous vous remercier de m’avoir suivi, encouragé, motivé que ce soit par Fb, Sms, ou Gsm. Votre présence à mes côtés dans les moments difficiles furent d’une grande d’aide. Je ne ferais pas ici un récit de mon aventure car je crois que Claire s’en est bien chargée tout ou long de la semaine en alimentant sa page Fb, et en vous faisant vivre cela comme « une série télé… » Je m’attarderais un peu plus sur les bons et mauvais moments que j’ai passés, et sur mes motivations pour y retourner une 2ème fois. Comme beaucoup d’entre vous le savent déjà, je souffre depuis plus de 15 ans d’une maladie chronique des intestins, pas toujours très gai d’en parler mais c’est bien cette foutue maladie qui me motive à me surpasser. Je n’ai été certain de participer au Tor cette année que depuis aout 2016 car dès janvier j’ai fait une grosse poussée inflammatoire de tout l’intestin, et si vous croyez que j’avais perdu 5-6 kg dû à l’entrainement, vous connaissez maintenant la vraie raison. Cela m’a affaiblit fortement mais j’y ai toujours cru, et c’est là la clé de la réussite, c’est de toujours croire que l’impossible est réalisable…
Pour moi « réussir le Tor », c’était remporter le combat contre elle, repousser plus loin le jour où elle m’empêchera de vivre mes rêves, lui montrer que c’est toujours moi qui commande et que ce n’est pas demain qu’elle prendra le dessus. Ce chemin jusqu’à Courmayeur fut semé d’embuches, de difficultés, de doutes et d’angoisses car cela en plus à gérer, avec tout le reste n’a pas toujours été évident. Mais je n’ai pas arrêté de me dire « jamais je ne lâcherai prise… ». Alors les douleurs pendant le Tor, vous pensez bien que elles ne pourraient pas me stopper, car si je suis là c’est pour me battre jusqu’au bout. Cette année, une tendinite des releveurs, et de grosses ampoules qui se sont infectées à partir sur 250ème Km, m’ont horriblement fait souffrir les 2 derniers jours, mais n’auront pas eu raison de mon mental et de ma volonté de terminer cette aventure. Quel bonheur de se savoir plus fort que tout cela et de pouvoir dépasser ces limites, oui c’est euphorisant, addictif, et avec toute l’adrénaline dégagée, on est capable de soulever des montagnes, ou du moins de les gravir…..
Ces montagnes, je m’y sens bien, j’ai besoin d’y aller le + souvent possible afin de me ressourcer, de me rapprocher d’autres valeurs, de rencontrer des gens qui comme moi sont, un peu, ou beaucoup dépendant des sommets. Pourquoi alors y courir ? Parce que la course à pieds est un moyen de déplacement naturel et un peu plus rapide que la marche, et qui permet aussi un échange entre nous et la nature……mais dans ce genre d’ultra il faut pas rêver, on va aussi marcher beaucoup et peut être se trainer pour finir par ramper ……Mais je crois, ce qui nous rassemble tous le plus dans ce genre de folie, se résume par le slogan de la course : « le Tor c’est courir seul sans jamais vraiment l’être » Les ultras pour moi peuvent aussi se résumer par le fait que d’une compétition qui se veut « solitaire », on change une lettre, et la course au fur et à mesure des kms parcourus devient aussi « solidaire »…… Quel paradoxe, ici si on y va pour battre tel ou tel, ou pour se mesurer aux autres, alors mieux vaut rester chez soi…… Non, le vrai combat, la vraie compétition, c’est contre soi même qu’il faut la mener…. Apprendre à se connaitre, repousser ses limites, ses peurs, accepter et gérer la douleur, car de nouveau si on ne veut pas avoir mal, on ne participe pas à des ultras….. La douleur, les limites du corps sont celles que l’on veut bien se donner, ce n’est qu’une manière, que notre cerveau à trouver afin de se protéger et de nous protéger des dangers et des excès (par ex. mal de tête ou vomissement après trop d’alcool, c’est pareil, plus on s’entraine a boire et plus on tient… à méditer..) , mais cela au fur et à mesure des années, des entrainements, des ultras, on peut éduquer notre cerveau à comprendre que l’on est conscient du danger, qu’il ne risque rien, que l’on peut gérer les difficultés et les doutes, lui prouver qu’il n’a pas besoin de se protéger en nous envoyant des stimulus de douleurs, des messages contradictoires afin de nous arrêter, mais au contraire qu’il fait partie d’un ensemble et que l’on a besoin de lui afin de réussir ce projet ambitieux, et ainsi arriver à un certain bonheur psychique, où tous, on y trouvera notre « bien-être ». Apprivoiser son cerveau et la douleur s’apprend donc, c’est ce que les gens appellent « LE MENTAL……… ». Dans ce genre de course, ce qui est incroyable, c’est que l’on apprend tous les jours, c’est comme si vous ouvriez une nouvelle porte sur vos limites, vous entrez dans cette pièce, et là au fond il y a une autre porte…… mais patience, celle là on ira voir derrière lors d’un prochain ultra extrême, c’est comme cela que l’on sait que d’autres ressources sont disponibles dans le futur…. J’espère que vous avez tout compris, enfin moi je me comprends et c’est là l’essentiel, à chacun de trouver sa ou ses motivations……
En plus de tout cela, il y a le partage avec les autres, la rencontre et l’échange entre générations et d’autres cultures, le respect des autres, de la nature et de son corps (écoute, hygiène de vie, plaisir, mais aussi sacrifices, entrainements) qui me motivent. Le dépassement de soi, et le fait de repousser à chaque fois ses propres limites sont quelque chose d’assez euphorisant. Là haut, il y aura toujours quelque chose que je n’aurai pas vu ou ressenti, donc il y aura toujours une raison pour y retourner. Mais on est encore jeune et on a encore de belles années devant nous. (au Tor le + âgé en 2012 avait 68 ans …. Ca laisse rêveur……).
Pendant ce Tor, j’ai dit que je ne reviendrai plus pour une 3ème fois, car c’est dur, on souffre, on doute, on se demande parfois pourquoi on est revenu, mais avec le recul, c’est toujours la même chose, on oublie vite ces moments difficiles pour ne se souvenir que des meilleurs … :
Un petit ravito pizza improvisé au soleil tout seul au sommet du col Pinter
Le partage des émotions avec d’autres traileurs qui partagent aussi les mêmes valeurs
La rencontre de Patrick (copain de Christophe E.), de Xavier du Jura, de Jeff, de Paolo, … de Jenn (copine de Claire), une fille complètement déjantée, des bénévoles toujours là pour vous réconforter,…… et j’en oublie beaucoup d’autres…
Des paysages à vous couper le souffle, des montées et des descentes interminables mais qui vous rendent encore plus fort et volontaire…
Des coups de téléphones de Vincent qui tombent à point nommé afin de me remotiver et de me faire oublier quelques minutes les douleurs de mes pieds….
Et puis tous ces Valdotains qui vous crient tout le long du parcours pendant des jours « braviiiii, daille daille,….. », et de leur accueil incomparable au sein de leurs familles, maisons, refuges, villages,…. Que cette gentillesse gratuite fait du bien ……
Et puis le partage de la moitié du Tor avec toi Claude, qui fait partie de ma réussite. Merci d’avoir été là Claude, merci de m’avoir soigné les pieds, motivé, attendu quand je n’étais pas bien. Une bien belle leçon d’humilité que tu m’as donné là alors que je doutais et que je me posais beaucoup trop de questions (toi seul comprendra). Ce Tor avec toi m’a permis d’apprendre encore beaucoup de choses sur les valeurs humaines, et sur la façon d’appréhender la montagne. « T’es un Grand Monsieur Du Tor….. »
Le visage de Claire à chaque base de vie, son énergie, sa compassion, son écoute, …… que cela aussi faisait du bien…
Les derniers km avec toi, Claire, partenaire dans la vie comme dans le sport depuis 17 ans, et savoir à ce moment qu’après le passage de Malatra, le dernier des 25 cols, je passerai la ligne en ta présence, sentir toute cette adrénaline qui annihile toutes douleurs, on vole, on se sent bien, on est sur son nuage pendant cette dernière heure, que l’on voudrait ne jamais qu’elle s’arrête….
Puis pour finir cette entrée dans Courmayeur après 129 heures, +- 350 km et +- 25 000 m D+, les gens vous applaudissent, vous félicitent, tous sortent des restaurants pour chaque arrivée. Tous ces gens qui vous sont inconnus, vous font sentir, rien que par leurs regards, leurs yeux que vous venez de réaliser quelque chose de formidable…. Tout cela fait tellement du bien, que déjà vous commencez à sentir que ça vous manquera…..
Alors pendant ce Tor, j’ai dit, jamais je n’y retournerai une 3ème fois, mais voilà maintenant que je viens de me remémorer toute cette aventure, je doute déjà sur un « non catégorique » à une future participation……. Que l’esprit humain est compliqué….
Merci, thank you, grazie,.. Vous tous, faites un peu partie de cette réussite, vous m’étiez tant indispensables………
« Avoir des rêves c’est bien, mais se donner le temps et les moyens de les vivre, c’est beaucoup mieux, quelle chance on a de pouvoir le faire, à nous de ne pas la gaspiller …….. »
2 commentaires
Commentaire de guigou posté le 21-09-2016 à 10:02:34
Bravo.... je comprends mieux pourquoi les gens qui finissent le TOR sont des Géants...
Commentaire de keaky posté le 29-09-2016 à 07:52:57
Génial... Pas d'autre mot, que du vrai. Bravi !!!
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.