Récit de la course : Ultra Tour des 4 Massifs - XTrem 160 km 2016, par Tano5himo

L'auteur : Tano5himo

La course : Ultra Tour des 4 Massifs - XTrem 160 km

Date : 19/8/2016

Lieu : Grenoble (Isère)

Affichage : 3873 vues

Distance : 160km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Compte rendu UT4M 2016

Compte rendu UT4M 2016 (Ultra Tour des 4 massifs)
169km +11000m autour de Grenoble
Résultat: 36h02min59s, 36ème sur 547

N'ayant pas été tiré au sort suite à l'inscription à l'UTMB, je me suis inscrit à l'UT4M. Sachant que je participe aussi à l'UTMF fin Septembre, je me suis dis lors de l'inscription que j'irai très lentement et que je n'hésiterais pas à abandonner en cours de route si ça n'allait pas.

L'entraînement s'est bien passé, et plus la date de la course approchait, plus l'idée de ne pas finir s'amenuisait. Pour ce qui est d'aller très lentement, de toute façon c'est la meilleure stratégie pour un tel ultra, et on va (presque?) toujours trop vite plutôt que pas assez vite.

Yuki et moi arrivons du Japon le mardi. J'ai été raisonnable et je n'ai regardé qu'un seul film dans l'avion, le reste du temps j'ai essayé de dormir, et j'ai plutôt bien réussit, donc je n'étais pas trop fatigué du voyage. Avec le décalage, je me réveille tôt les jours suivant, et comme ça devra être le cas le vendredi suivant, jour de la course, je ne fais pas d'effort pour me recaler et me lève à 5h du mat le mercredi et jeudi. En fin de compte je n'aurai que très peu sommeil durant les 36h de courses, donc le voyage juste avant n'était pas un problème :)

Vendredi matin, 6:15, j'entre dans la zone de départ après un bref contrôle du matériel obligatoire. Merci à ma sœur de s'être levée si tôt pour m'emmener :) Quelques minutes plus tard, je suis rejoins par les deux compères de la team trail Intersport, Laurent Sitbon et Franck Nicolle. Ça fait plaisir de voir des têtes connues et de discuter en attendant le départ.

Ce dernier est donné à 7h, dans le parc Mistral de Grenoble, près de la mairie où nous nous sommes marié avec Yuki, en 2002. Direction le premier des quatre massifs: le Vercors. Il y a 6km de route jusqu'à la montagne. Je part tranquillement, mais pas trop lent quand même parce que j'ai lu un compte rendu de 2015 qui parlait de bouchons au premier ravitaillement. Nous sommes quand même environ 1000 personnes au départ, car en plus des 547 concurrents du 169km, il y a aussi les coureurs du challenge (4 massifs en 4 jours), du relais (par équipe de 4 personnes) et du trail d'environ 40km dans le Vercors.

Nous sommes frais, la température aussi, donc la première montée passe facilement, même si j'entend quelqu'un dire que ça pique en haut du vieux tremplin olympique. Finalement il n'y avait pas de bouchons. Et pas de Yuki et Corinne non plus, ma super team, parce que je suis passé plus tôt que prévu avec plus d'une demi-heure d'avance.

Après ça, il y a une belle montée jusqu'au sommet de la Moucherotte, avec de beaux paysages. Là haut, quelqu'un me filme avec une super caméra stabilisée, alors je fais le beau et sautille de pierres en pierres...on verra ce que ça donne sur le film si je ne suis pas coupé au montage, mais je suppute que ce que j'imaginais être une belle foulée aérienne sur l'instant s’avérera n'être qu'un gros pas lourdaud, suite à 1500m de grimpette.

Avant la longue descente sur Saint Paul de Varce, je rejoint Laurent qui était en train de relacer ses chaussures de crois. A partir de là et jusqu'au ravito de Chamrousse vers le 100ème km, on ne sera jamais bien loin l'un de l'autre, souvent ensemble, parfois à quelques minutes devant ou derrière, et toujours on se retrouve au ravitaillement. Bref, on avançait au même rythme et c'était agréable d'être en si bonne compagnie :)

Un fois dans la vallée, vers le 30ème km, il commence à faire sérieusement chaud, et c'est là que les choses se gâtent. Ça devient plus dur. Pas encore très dur, mais pas facile. A Vif, la première base de vie vers le 40ème km, je suis déjà fatigué. C'était pas prévu, et c'est un peu gênant quand il reste 130km. Ça doit être intéressant pour ma super team d'assister à la décomposition d'un coureur au cours de la journée :) C'est comme d'hab, un peu mal au coeur, du mal a respirer, donc pas très agréable. C'est pas catastrophique, mais suffisamment désagréable pour que je me dise à nouveau qu'il faudrait que j'arrête les ultras puisque je n'arrive pas à trouver la bonne alchimie pour que ça se passe vraiment bien.

Je dis au revoir à ma super team en fin de journée à Laffrey, je ne les révérais plus avant le lendemain soir. C'était bien, Yuki préparait des flasques avec de la boisson sportive et je n'avais plus qu'à les échanger avec mes flasques vides. C'est la première fois que j'avais une assistance sur un trail. Il ne faut pas que ça se reproduise trop souvent, sinon je vais y prendre goût :) Mais c'est bon, Yuki revient en forme et bientôt elle courra les ultras avec moi.

Après la très longue montée vers le pas de la vache, pendant laquelle j'ai du faire quelques pauses pour récupérer, la nuit arrive. Comme la très grande majorité des coureurs, nous allons rater les paysages du massif de l'Oisans, peut-être les plus beaux du parcours...dommage. Cela dit il y aura une magnifique vue au sommet avec un ciel rouge sur les chaines de montagne. Je suis content de ma nouvelle lampe, la Wizard d'Armytek. Il fait plus frais et ça descend, donc je me sens un peu mieux. Mais je décide de dormir à la deuxième base de vie, à Riouperoux, pas tellement pour le sommeil, mais plus pour laisser reposer mon estomac un moment pour pouvoir bien manger et repartir sur une bonne base, sachant que la suite démarre très fort avec un km vertical. Un choix payant, car à partir de là, les choses vont aller de mieux en mieux pour moi. Je ne met pas d'alarme pour me réveiller. En général, mes siestes durent 20 à 30min et j'espère que ça sera le cas cette fois aussi, mais je me dis que si je dors plus longtemps, ce n'est pas grave. Je m'endors vite et me réveille au bout de 26min. Ouf. En fait je ne pensais pas vraiment réussir à dormir donc j'ai été surpris et soulagé quand je me suis réveillé.

Laurent a dormi aussi, et c'est ensemble que nous repartons à l’assaut du massif de Belledone. Juste avant d'attaquer le km vertical, à la sortie du ravitaillement, nous tombons sur Franck, qui a l'air d'aller pas trop mal si ce n'est des quadriceps en feu qu'il tâchera de remettre d'aplomb avec un massage à la base de vie. Suite au mauvais temps, le parcours à été modifié et nous ne passerons pas par les deux plus haut points, la croix de Chamrousse et le grand colons. C'est pas grave, on monte bien suffisamment comme ça.

Un peu avant le ravitaillement de Chamrousse, je rattrape Alexandra Rousset de la team Raidlight. Ou plutôt, c'est elle qui me rattrape parce qu'elle avait pris le mauvais chemin. Elle a eu un gros coup de barre pendant la première partie de course et là, elle allait relativement tranquillement. Je prend le wagon et la suis, mais à un moment je tombe et fais un magnifique roulé boulé sur un chemin caillouteux. J'ai mal au genoux et au coude sur le coup, mais ça passe assez vite et ça a le mérite de me réveiller complètement. En fait je me sens encore mieux après ça. Alexandra finira première féminine avec deux heures d'avance sur moi. Pourtant je n'ai pas trop traîné. A part à la troisième base de vie où j'ai passé 45min alors qu'elle n'est resté que 5min. Et probablement sur les autres ravitaillements aussi. C'est quelque chose qu'il restera a optimiser quand j'aurai réglé les autres problèmes ! C'est bien, ça me laisse encore un peu de marge pour progresser :)

C'est à Chamrousse que je vais voir Laurent pour la dernière fois. Il a des douleurs variées et commence a avoir plus de mal a s'alimenter alors que moi ça va de mieux en mieux. Je lui dis qu'on se reverra surement à la dernière base de vie car je pense y rester pas mal de temps, et m'éloigne dans la nuit, seuil (he he, un peu de mélodrame c'est pas mal non). C'est vrai qu'on commence à être assez seuls maintenant, avec des écarts conséquents entre chaque coureurs. Mais j'aime bien la solitude aussi, alors tout va bien. Quand a Laurent, malgré les douleurs, il terminera la course un peu plus tard dans la nuit, avec son compère Franck.

Ensuite, viennent une petite côte, une looongue descente, une petite côte, une looongue descente et 5km de route pour rejoindre St Nazaire, la dernière base de vie entre le massif de Belledone et celui de la Chartreuse. C'est dans cette descente qu'il commence à pleuvoir et ça devient plus sérieux sur la route. A la fin de la descente, il y a un tout petit ravito sympa avec des fraises tagada, des bananes bams et des chamallows, c'est délicieux :) Je passe des endroits connus parce que j'ai habité dans le coin en 2001-2003, ça fait plaisir. Je suis trempé, mais je reste en T-shirt car il fait chaud sous la veste et je vais bientôt pouvoir me changer.

A la base de vie, je prend mon temps. De toute façon, je n'avais pas d'objectif particulier, si ce n'est de finir dans de bonnes conditions et de souffrir le moins possible. Je mange des pâtes, soupes de pâtes, pain, saucisson, fromage, tout passe, c'est la fête. Puis je me change et repart dans la pluie. La pluie qui va nous épargner 420m de dénivelé positif, puisque il a été jugé trop dangereux par l'organisation de nous faire aller jusqu'au sommet de Chamechaude. Je ne vais pas m'en plaindre. Il faut remonter quand même 1470m, ça ira bien comme ça. Je repart tout tranquillement, le temps de digérer. La pente s'accentue progressivement, puis quand on arrive dans la forêt, ça devient carrément pentu et très glissant. La Charteuse dans son ensemble est devenu un beau massif de gadoue. Glissade a volonté si on ne fait pas attention. J'ai fait très attention dans les descentes et n'ai glissé au point de poser la main qu'une fois. Ça aurait été trop dommage de se blesser si près du but. C'est là que je me suis dis que les bâtons pourraient être utiles. Mais avec mes grands pieds et des tendons assez souples, je garde une assez large surface au contact du sol, c'est peut être pour ça que j'arrive à ne pas trop glisser. Peut être que les semelles continental de mes adizero xt5 y sont aussi pour quelque chose. Je ne site pas la marque pour faire de la pub, d’ailleurs j'ai été déçu ce matin car quand je les ai nettoyées j'ai vu que des morceaux de semelle étaient coupés, après seulement 300km d'utilisation, certes sur des terrains assez difficiles, très caillouteux.

Après le passage très pentu en début de forêt, le chemin devient plus facile, avec de longs lacets. Je commence à me faire doubler par les premiers coureurs du 100km. Ils sont tous longilignes avec des mollets très fins. Je me dit que je n'ai vraiment pas une morphologie de coureur avec mes gros os et mes gros mollets. Puis j’aperçois un groupe de 3 coureurs du 169km qui reviennent sur moi petit à petit. J'ai beau ne pas avoir d'objectif, ce n'est pas agréable de se faire doubler, donc j'accélère. Au bout d'un moment, il ne sont plus que deux, puis un seul. Mais ce seul, il se rapproche toujours pour arriver à quelques mètres derrière moi. Je m'avoue vaincu et me retourne pour le laisser passer, mais il est un peu plus loin que je pensais, alors je continue. Je vais me retourner de nombreuses fois, mais à chaque fois il est trop loin, à 5 ou 6 mètres, donc je continue, et finalement, petit à petit, il reperd du terrain. Et je me rend compte que malgré mon accélération, ça va toujours bien. Je continue sur un très bon rythme, inespéré, et les 1500m de montée passent finalement assez vite jusqu'au ravitaillement de Habert au pied de la Chamechaude. Là aussi, il y a des bonbons haribos, mais ils gardent les chamallows pour la nuit. Peut être qu'ils vont les faire griller. Maintenant je prend surtout des gels. Ça passe bien malgré mon allure rapide et comme il ne reste que quelques heures, je ne crains pas trop le dégoût.

Je ne reste pas longtemps et repart toujours aussi fringant. Je remercie intérieurement le coureur qui ma poussé à accélérer. Je continue sur un bon rythme. Un peu inquiet que ça s'arrête subitement, j'essaye de me calmer un peu. Lève les pied, ça serait trop bête de tomber ! Regarde le balisage, ça serait trop bête de se perdre ! T'excites pas, marche dans les montée, reste relâché, attentif...mais j'ai quand même un peu de temps pour quelques pensées positive quand même...ah, c'est génial, je suis bien :) Plus que quelques heures et c'est finis. Il reste essentiellement de la descente. Et la descente, c'est ce que je préfère :) A chaque fois que je me fait doubler, je vérifie le dossard, mais c'est toujours jaune, les coureurs du 100km. Par contre il m'arrive de doubler des rouges, les coureurs du 169km. Pas beaucoup, les écarts sont importants maintenant, mais ça fait toujours plaisir.

A 300m du dernier ravitaillement, j'ai la joie de voir Dominique, ma cousine, qui m'attend sur le bord du chemin. Puis au ravitaillement, ma sœur, son mari et Yuki. Il était prévu que je les appelles pour qu'ils viennent me voir arriver. Ça m'aurait fait perdre du temps pour allumer le smartphone et appeler et j'avoue que j'espérais qu'ils soient là. Donc c'était vraiment bien. Et eux aussi étaient content car j'avais prévu d'arriver vers 23h, et finalement ça sera plutôt 19h. Je leur ai demandé s'ils avaient vu des dossards rouges passer avant moi pour savoir si ça valait de coup de continuer à faire le forcing. La réponse étant oui, je suis reparti assez vite et j'ai continué à fond, remotivé. Enfin, à fond, tout est relatif bien sur. Je ne courais pas en montée, et une montée, justement, il y en avait une belle petite juste après le ravitaillement. Marche rapide. Au sommet de la côte, je tombe sur un dossard rouge en train de faire une pause. Quand il me voit, il remet son sac précipitamment et fait tomber plein de choses par terre. Je le salut, il me répond et me dit que ça sent la fin. Quelques mettre plus loin un autre "rouge" est là. On s'était déjà vu avant, sur le parcours. Je le salue aussi. Il ne me répond pas et me regarde sans aucune expression. Je pense qu'il se passait plein de choses dans sa tête, du genre merde qu'est ce que je fais, j'attend mon pote ou pas? est-ce que je pourrais le suivre? bon tant pis pour celui là, mais au rythme ou on va est-ce qu'on va se faire encore passer pas plein de monde...etc etc...Bon je m'amuse à imaginer des choses. En tout cas il n'a pas bougé un cil.

Plus tard je doublerai encore deux ou trois rouges, le dernier 500m avant l'arrivée. Je me suis fait doublé par deux "jaunes" et j'ai accéléré pour rester dans leur roue en me disant que le "rouge" penserait peut être que je suis aussi un "jaune". Enfin bref, on fait passer le temps comme on peut. Les deux derniers km étaient amusant, à suivre une ligne jaune dans les rues de Grenoble au milieu des passants qui ce demandent ce que c'est que ces hurluberlus couverts de boue.

Le parc mistral enfin, la ligne d'arrivée, que je passe avec ma chérie Yuki. La tension se relâche et la fatigue et la douleur arrivent d'un coup. J'ai l'impression d'être comme un pantin désarticulé. Je m'assois au pied d'un arbre. Mais la pluie se remet à tomber de plus belle, alors on ne traîne pas et ma famille me ramène d'abord chez Dominique pour une douche et un bon casse croûte, puis chez ma sœur pour enfin apprécier une bonne nuit de sommeil. Enfin, j'en ai passé des meilleurs, car la douleur dans toutes les articulations est terrible, mais si je reste sur le dos, c'est acceptable.

Fin de l'UT4M, jambes carbonisées, mais heureux.

Quelques impressions sur la course. Très bonne organisation. Pas énorme comme sur l'UTMB, mais très professionnelle, avec plein de bonnes idées. Des bénévoles au petit soins tous très sympathiques, ils sont super. Des ravitaillements très complets, assez nombreux, trois bases de vie, c'est très pratique et appréciable. Un balisage presque parfait. Des épreuves variées pour tout le monde, même pour les enfants. Un départ dans une grande ville, facile d'accès. Mon seul bémol serait le parcours. Pas extraordinaire. A vouloir joindre les 4 massifs, on est obligé de passer par des chemins pas très intéressants. Et les passages les plus beaux (je crois), Oisan et Belledonne, se font de nuit pour la grande majorité des coureurs. Je ne penses pas que je referais le 169km, mais le challenge (un massif par jour), peut être.

Maintenant place à la récupération pour les 168km de l'ultra trail du mont Fuji fin Septembre.

3 commentaires

Commentaire de st ar posté le 24-08-2016 à 22:38:39

belle course et beau résultat, bravo !

Commentaire de arnauddetroyes posté le 24-08-2016 à 23:02:54

Bien gerer quand même,le vendredi soleil , le samedi pluie et en plus un parcours reduit qui de toute facon n a pas devoilé ses sommets...mais plus ses chemins boueux...
Merci pour ton cr et bravo car ca ne devait pas etre simple le 160.

Commentaire de chantrail posté le 25-08-2016 à 08:50:07

Bravo pour ce chrono, ça me paraît un temps hors de portée pour moi !!
Je crois qu'on a eu le même ressenti pour ce qui est du parcours : il ne faut pas y aller exclusivement pour la montagne et un peu déçu de passer le Taillefer de nuit !!

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