L'auteur : chris favre
La course : Andorra UT Vallnord / Ronda dels Cims
Date : 15/7/2016
Lieu : Ordino (Andorre)
Affichage : 4828 vues
Distance : 170km
Matos : Hoka speedgoat puis la sportiva akasha
Baton leki
Textile salomon et gore
Objectif : Terminer
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En 2014, lors de ma première année de trail, avec Nahu en poisson pilote j'ai découvert l'Andorra Ultra Trail. Je venais de commencer, ma plus longue course était un 20 bornes et je cliquais sur la ronda del cims pour m'inscrire. De l'inconscience ? de la naïveté ?? manque d'humilité ??? De tout cela mélangé certainement... Heureusement il existe un dieu pour les imbéciles, une règle assez simple qui veut que tu aies terminé une course de référence pour t'inscire... j'ai donc pu échapper à la ronda en 2014 grâce au réglèment mais pas à sa petite soeur, la mitic et ses 110 kms et 10000 de D+. En 2015 rebelote, mais là j'ai ma course de référence donc inscription validée, gaillard, les épaules en avant j'arrive lancé comme un frelon... et je m'éclate lamentablement sur le pare brise du col de la botella après 60 kms et 5500 de D+ ou j'ai pu mesurer la difficulté de cette course...
Mon récit commence donc le 26/06/2015 à 21h, Nico et Marie viennent me chercher à ce fameux col, je suis tout seul, assis sur une bitte (pas d'amarrage !!) et entouré de 253 mouches à merde qui m'attaquent (j'ai jamais bien compris ce que je leur avait fait!!). Bon bref, le fond du trou, la misère, c'est nul et franchement cette putain de course elle est vraiment dure.
Cependant la vie suit son cours et en novembre suivant je décide de me réinscire, je ne peux pas rester sur un échec, c'est impossible. Mes potes de la team vont me rappeler toute l'année le fameux col de la botella pour être bien certain que je n'ai pas de trou de mémoire (quand t'es un brancheur faut t'attendre à être branché ;)). De janvier à juin je me prépare un peu différemment de l'année précédente, moins de course, plus ciblées, et surtout un entraînement... sans entraîneur... au feeling et basta on verra bien !! Je participe donc au Gruissan Phoebus Trail (50 kms, mon pire souvenir de ma courte vie de traileur et de ma longue vie d'homme), le trail du maquis à dun, le 70 des citadelles, le trail de Quillan en avril. Premier ultra début mai en duo avec Nico sur le 130 kms de l'Euskal Trail. Le mois de juin sera consacré à 2 trails non prévus au programme mais me servant d'entraînement, le 30 kms du trail du pays de sault et le 50 kms des crêtes.
J'arrive donc le 14/07 à Ordino avec 2000 kms et 66000 de D+ pour affronter les 170 kms et 13500 de D+ de la terrible ronda. Je vais passer rapidement sur l'arrivée sur place, on monte avec Nahu, Pauline et Eloïse (qui toutes les 2 vont assurer l'assistance de Nahu). On récupère les apparts puis direction les dossards. Soirée repas puis repos car les 2 jours qui suivent vont être compliqués. Entre temps Nico, Marie et les enfants sont arrivés, l'ambiance est montée d'un cran.
La nuit sera calme, j'arrive à bien dormir ce qui est rare. Lever à 5h, douche (j'en prend une car je ne vais pas revoir le savon avant un moment et c'est pas la chose que je préfère en ultra), petit dej, prépa du sac, godasses, bâtons... j'arrive sur le palier en même temps que Nahu et nous partons vers l'aire de départ en trottinant (je ne sais pas alors que je suis entrain de courir avec le futur vainqueur). Arrivés sur place contrôle des sacs et on intègre le sas de départ. Nahu avance vers les premières places, on fait quelques photos, une accolade et prudemment je lui dis que je vais reculer. Je ne veux pas me faire prendre par un départ rapide et faire pop corn comme l'année passée. Après une minute de silence en l'honneur des victimes de la barbarie humaine à Nice, le compte à rebours est lancé et c'est parti. Je pars vraiment tout doucement, les 2 premiers kms sont en ville et permettent au peloton de s'étirer.
Ordino-Sorteny (7h-10h18)
On attaque les premières montées avec les premiers kms assez vallonnés... on monte et on descend. Pour le moment tout va bien, c'est très tranquille, je suis avec le fameux canadien, Jean LABEDAN, qui l'année précédente a été le personnage principal d'un documentaire de la tv canadienne "finisher". Je n'ose pas lui parler, suis timide... mais rapidement il s'arrête pisser et je le reverrais plus. En suivant je me cale derrière un petit espagnol dont le rythme assez lent m'évite de m'enflammer... je vais monter avec lui jusqu'au col de Ferreroles à 2600m. C'est les premières vues et franchement c'est toujours aussi beau. En haut du col je rattrape Nerea MARTINEZ (vainqueur en 2015). La descente vers le refuge de Sorteny est facile et passe assez vite. J'arrive au premier ravito en pleine forme mais avec 20 mns de plus que l'année passée (c'est ce que j'avais prévu pour éviter d'exploser). Ravito tranquille (sandwich jambon fromage) et je repars. En prenant le sentier qui monte je tourne le regard vers la droite car c'est de là, si tout va bien, que dans quelques dizaines d'heures, j'arriverai pour en terminer avec cette course.
Sorteny-Arcalis (10h18-12h42)
Je repars donc en suivant de près l'arrière train de Néréa MARTINEZ. Son rythme me convient et je me dis que c'est plus agréable que celui de mon petit espagnol du premier col. La montée jusqu'à portella rialb se passe bien, tous les voyants sont au verts, je suis en sous régime... suis paisible. Bien entendu tout cela ne pouvait pas durer... première erreur, arrivé en haut du col je décide de passer mon poisson pilote ibérique pour je ne sais quelle raison. J'attaque fort la descente et je reprend 2 espagnols qui me semblent gaillards (dont le n°25 Santi avec la coupe de cheveux à la waddle pour les puristes). Je vais les suivre un moment mais avant Arcalis une forte pente se présente et le premier coup de mou arrive. Je perds le contact et me retrouve tout seul... c'est la mouise. Je vais rallier le ravito d'Arcalis mais je sens que la première fatigue est là. Au ravito, Nico, Marie et les enfants sont là. Ca fait vraiment du bien de voir des têtes amies. Ils vont m'assurer un super ravito et je repars au bout de 10 mns. Entre temps Néréa m'a repassé mais elle abandonnera un peu plus loin.
Arcalis-Pla de l'estany (12h42-15h19)
J'ai des souvenirs qui reviennent, j'avais énormément souffert l'année passée à partir d'Arcalis. Et mon état de forme qui s'est dégradé m'inquiète. La montée vers le pic de cataperdis va être un vrai chemin de croix. Je suis dégoûté, me fait doubler par un tas de concurrents. Suis au fond du faitout. La 3ème et la 4ème féminine me passent facilement... j'avance plus. L'arrivée au sommet est une fausse délivrance, la descente qui suit est terrible, abrupte, droit dans les cailloux, j'ai mal aux quadris, mal aux pieds... Allo... y'en a marre là (et dire que Nahu lors du retour en Ariège me dira qu'il se souvient même plus être passé par là...). Arrivé en bas de la descente, ça remonte illico vers le clot del cavall. Bizarrement la montée se passe assez correctement et le sommet arrive rapidement. J'adore cette partie de crête, le sentiment de plénitude et d'immensité est réel.. mais je ne peux pas lambiner. Descente costaud vers une bergerie puis sentier vallonné jusqu'au pla de l'estany. Je suis déjà mieux que l'année dernière (ça me remet du baume au coeur). Je prends un peu de temps à ce ravito car je sais que nous attend un gros morceau, le comapedrosa.
Pla de l'estany-Comapedrosa (15h19-16h53)
Je repars du ravito en pensant à cette montée terrible qui m'avait tant fait de mal l'année précédente. 2 accolytes m'accompagnent, 2 français, dont un Adrien de Lyon. Il connait pas bien et découvre l'Andorre et à l'air ravi. Je vais prendre la tête du petit groupe. Je me sens bien et monte à mon rythme et vers le milieu je me rends compte que mes 2 compères ont lâché prise. Je décide de continuer, je suis bien et je veux en profiter. L'arrivée au col présente la pente la plus forte, ça envoit du lours mais ça passe... après le col reste 15 mns de montée encore un peu raide puis c'est le sommet sur le toit d'Andorre avec le joueur de cornemuse qui accueille chaque coureur... mais il devait être allé pisser car quand j'arrive pas de musique... J'en profite pour me caler mon petit paquet de mnm's dans le cornet, je l'ai bien mérité!!
Comapedrosa-Refuge du Comapedrosa (16h53-17h34)
Et c'est reparti, descente... névés... descente et arrivée par un joli petit sentier au refuge du Comapedrosa et j'en profite pour reprendre les 2 filles qui m'avait doublé dans Cataperdis, une américaine et une italienne, ça va beaucoup mieux, suis content. Je prends quelques minutes au ravito (c'est certainement le seul endroit de la course ou les bénévoles sont pas très sympas et accueillants). Pour exemple c'est l'endroit ou le buffet est le plus garni mais ou tu n'as ni bol ou cuillères et fourchettes pour manger donc tu regardes !!.
Refuge du Comapedrosa-Col de la Botella (17h34-19h31)
Je repars donc de ce ravito en compagnie de l'italienne qui monte vraiment bien. Je ne la reverrais que sur les crêtes de portella de sanfons ou nous formons un groupe de 3 avec un espagnol (je n'ai pas retenu son nom). L'italienne va mener le train jusqu'à une grande descente. Là elle va se tourner vers nous, nous dire "good job", on se tape dans les mains et maintenant démerde toi et passe devant... ce doit être lié à la culture italienne ce moment !!. Je pars donc avec mon espagnol, on descend dare dare, on arrive à un croisement et un drone est là pour nous filmer, bien entendu j'en profite pour prendre une gamelle... Arrivé en bas reste plus que la remontée vers le ravito du fameux col de la botella... une longue piste de ski pas cool du tout... mais ça passe beaucoup mieux que l'année dernière. Arrivé en vue du ravito, mon espagnol se met à crier des trucs que je ne comprend pas et d'ailleurs je ne comprend pas pourquoi il crie... là aussi ce doit être culturel. J'arrive enfin à la botella qui avait été mon linceul l'année passée... là suis bien. Je pense à mes potes de la team... c'est bon je sais que je vais enfin passer ce col... putain de sa race !! Je me restaure, me repose un peu. La famille de mon espagnol est là. Au bout de quelques minutes je lui demande si il veut qu'on reparte ensemble. Il est ok.
Col de la Botella-Bony de la pica (19h31-21h07)
Je prends donc la tête et fait le train sur une partie vallonnée ou a un bon rythme nous rejoignons le pied du bony de la pica.
Arrivé en bas du bony de la pica je sais bien que je ce que je viens de faire n'est pas très malin, courir autant m'a mangé de l'énergie et comme ce n'est pas ce que j'ai le plus... encore une fois j'ai fait preuve d'un grand sens tactique. Le point bas du bony de la pica est aussi l'endroit ou le celestrail change de direction. Mon espagnol parle avec des bénévoles dans la langue de dante (j'y comprend vraiment rien à l'espagnol !!) et c'est parti. En démarrant la montée je lui demande ce qu'ils se sont racontés et il me dit que le montée est facile mais qu'il n'a plus de jambes (il parle français l'espagnol). Il a plus de jambes mais rapidement il va me prendre 10 puis 20 puis 50 m d'avance et il se retourne en me disant "venga, venga"... venga ta mère oui... suis entrain de prendre mon second coup de mou de la journée et j'arrive pas à suivre. Tant bien que mal j'arrive en haut. Là je prend une décision, je laisse partir mon espagnol, le soleil est entrain de se coucher et c'est franchement magnifique. Donc je me pose au sommet, face au soleil, un paquet de mnm's et je le regarde disparaître. 5 ou 6 types passent devant moi (dont mon petit espagnol du départ, il est pas mal finalement le type). Je mets mon buff et ma frontale en prévision de la nuit et de la grosse descente qui m'attend (1600 de D- sur 7 kms).
Bony de la Pica-Margineda (21h07-22h36)
Les bénévoles du sommet me disent que les 3 premiers kms sont compliqués et qu'après ça va un peu mieux... tout est relatif. Il m'indique de partir sur la gauche... le souci c'est que sur la gauche c'est à pic... je me lance dans ce bordel et démarre par 2 gamelles (j'entend les types du dessus qui se marrent... ça m'énerve!!). C'est de la folie, j'ai plus de jambes, y a des chaines pour éviter de devisser... c'est plus du trail. Rapidement je rettrape le petit espagnol (il n'est pas très agile en descente). On arrive dans un endroit ou le chemin est un éboulis de cailloux à pic et ou tu descend comme tu peux... C'est là que je vais croiser le chemin de stéphane (me suis arrêté pisser et j'ai allumé la frontale). On commence à discuter, enfin surtout lui, suis pas très bavard. Il me fait ses états de services en trail (impressionnant), rien à voir avec mes résultats... et on descend. Il parle et j'écoute et tout doucement on se rapproche de la margineda. Je lui dit que la montée après la base de vie est terrible. Il me propose de la faire ensemble, il ne le sait pas mais il vient de sauver ma course car seul je ne serai pas reparti de la base de vie... Gracias poulet !! Entrée dans la base de vie on se pose un peu. Stéphane retrouve un pote à lui, Nicolas CERISIER qui vient d'abandonner (encore un excellent traileur). L'ambiance est calme, je retrouve mon espagnol qui m'avait fait exploser dans le bony de la pica, il me parle mais suis à l'ouest !! Je mange peu mais décide de changer de godasses... quand j'enlève les hoka, j'ai l'impression d'ouvrir une plaque d'égout... 15 h dans des godasses, mes pieds ils ont pas aimé !! 45 mns plus tard avec stéphane on repart.
La margineda - Coma bella (23h21-2h26)
Comme je lui ai dit la montée est solide... on discute (enfin il parle car je suis pas trop capable de répondre) et on avance... on rencontre un type qui repart en sens inverse. La fatigue commence à se faire sentir. La fin de cette ascension sera dure et la suite vers le ravito suivant compliquée. Surtout que les bénévoles s'en mèlent... sur un point de passage, stéphane intérrogeant un des gars présent sur ce qu'il reste avant le ravito se verra affirmer que cela ne fait que descendre, que c'est facile... Ce doit également être un écart culturel, en fait quand ça descend, ça monte, quand c'est plat ça monte et quand ça monte... et bien ça monte. Bien entendu on va prendre une grande mine avant l'arrivée au coma bella (si tu le tiens le bénévole, tu l'empale). Arrivée à l'hôtel coma bella, suis vanné, j'ai sommeil, j'oublie de m'alimenter et je dis à steph que je vais me poser un peu sur les lits de camps. Il fait de même et l'on va rester là 40 mns à se reposer...
Coma bella - Roc de Pimes (2h26-? marche plus le bordel)
Après ces 40 mns il faut repartir... on a dû perdre plein de places mais au final quelle importance, un seul objectif nous habite désormais, rallier ordino. Il est 3h du mat et nous allons prendre la plus longue montée du parcours jusqu'au pic nègre (1600 de D+). Dès la sortie de l'hôtel, ça commence à grimper sèvère... il fait froid dehors et franchement je me demande ce que je fou là... stéphane est fatigué, le sommeil le reprend. Je prend la tête de notre duo et monte doucement... On passe quelques types, d'autres nous double, c'est une drôle de course en fait... C'est pas la partie la plus sympa du parcours. On arrive au petit ravito de roc pimes. Il y a un grand feu. Steph s'en rapproche, moi je ne veux pas sinon vais jamais repartir. Il y a un espagnol qui vient de nous doubler et qui est assis. Il se met à ronfler comme un tracteur... puis d'un coup se lève et repart à fond !!
Roc Pimes - Claror (marche plus le bordel-marche toujours pas le binz)
La montée au Pic nègre... 3ème explosion de la course. Au départ Stéphane est derrière, il est fatigué mais s'accroche. Tout d'un coup je sens mes forces me quitter, mes yeux se ferment. Je connais cette sensation, c'est diffiicile à gérer. La fatigue + le fait que je viens de m'apercevoir que je ne me suis pratiquement pas alimenté depuis la margineda = la tête à toto... plus d'essence dans le moteur, c'est mécanique, le moteur s'arrête. Je subi la montée, stéphane s'éloigne, j'en ai ma claque. Vers le haut, j'en peux plus, il fait très froid, pas d'abri, le pic nègre est pelé... suis épuisé, j'ai juste envie de dormir. D'un coup, au milieu du chemin, je me couche, en plein vent, et je ferme les yeux, je ne veux plus bouger. Stéphane va me sauver une seconde fois, il fait l'effort de redescendre et me dis qu'il ne faut pas que je reste là, il fait trop froid. Il commence à me parler de mon fils, de ses filles... je l'écoute et je me relève, il est sympa... à ce moment là, ces 2 mns d'arrêt m'ont permi de faire partir l'envie de dormir et je sais désormais que l'on va finir la course.
Sur le haut du pic on recommence à courrir, steph à retrouvé la forme et moi je suis tant bien que mal 100m derrière lui. On passe à un endroit ou 1 an avant avec Nahu, Xav, Romain et Julien nous avions un peu jardiné... la descente est raide dans les caillasses. Au milieu on rencontre un russe (je crois, rien compris à sa langue). Il a le pied à sang et je lui donne ma bande élastoplast pour qu'il se soigne. En bas nous reprenons le parcours de la mitic et quelques coureurs de cette course vont nous doubler. On se dirige vers le refuge de prat primer, le jour se lève, c'est vraiment magnifique. A partir du refuge c'est la montée vers le col de bou mort... Vais galérer dans cette pente, steph prend de l'avance, je m'arrête tous les 20m pour reprendre mon souffle... Enfin le col et la petite descente vers le refuge de claror. Depuis le départ, mon fils Louis me suit et m'envois des messages. Il doit sentir que je suis pas bien car il m'appelle. Il va me rebooster le petit bonhomme de 10 ans. En gros il me dit que l'année dernière j'ai abandonné après 60 kms et que là j'en ai fais 100... donc c'est déjà beaucoup mieux... il me dit aussi qu'il est très fier de son papa (c'est con mais j'en ai eu les larmes aux yeux). Bon, la minute émotion étant passée, je m'alimente bien et on repart.
Claror - Refuge de l'Illa (Au alentour de 9h-Vers 12h)
On va attaquer une partie sympa, pas très difficile et on va passer dans un endroit magique, la val du madriu. c'est tout simplement superbe. Stéphane a un coup de moins bien, on s'arrête sur un espace enherbé, à l'ombre une dizaine de minute. Le soleil commence à taper fort et dès que je peux je mouille la casquette pour éviter le coup de chaud... La montée continue tranquillement, je suis un peu devant et steph me suit. Tranquillement nous rejoignons le refuge de l'Illa. Point de ravito avec un tout petit espace j'en profite pour prendre le temps de m'alimenter. Il y a là un américain, un certain Jared, dont j'apprendrais plus tard qu'apparement il a déjà remporté la fameuse barkley (j'ai essayé de causer en anglais mais c'est un taiseux le type ou alors je parle pas bien anglais :)). Je reste donc dans mon coin. Je suis assis dans ce refuge et tout d'un coup la seconde féminine de la mitic entre en coup de vent puis ressort. 1 mn après la troisième entre et s'asseoit. J'engage la conversation et je lui dit que c'est bien d'être 3... elle me dit que je doit me planter car elle est 2... je lui dit que je crois pas, que je viens de voir passer la seconde il y a une minute... Elle me regarde incrédule et me dis que c'était elle... vu sa tronche, elle me prend vraiment pour le dernier des derniers... et dans ma tête je me dis que finalement ça va pas si bien que ça...
Refuge de l'illa-Pas de la case (Vers 12h-15h24)
Sur cette partie on laisse nos amis de la mitic pour tourner vers la droite et rejoindre le pas de la case. La première partie en descente est un supplice pour les quadris. Steph a repris du poil de la bête et mène bon train. Depuis longtemps maintenant on est assez seuls sur cette course, on croise toujours les mêmes... En bas de la descente on remonte tranquillement une vallée vers le portella blanca. On longe un cours d'eau superbe avec des trous naturels ou l'eau est translucide. Il est entre 13 et 14h, le soleil tape fort, je craque. Je dis à steph que je vais aller me baigner. Il me regarde incrédule me désaper et paf dans l'eau très fraîche... putain que c'est bon !! Cet intermède aura duré une dizaine de minutes mais m'aura fait un bien fou. La pente s'élève doucement pour arriver enfin (comme d'hab en fait) à des pentes beaucoup plus fortes et finir par un raidillon dont les andorrans ont le secret... et le fameux "venga venga" des mecs en haut qui te regardent souffrir !! A ce point nous sommes à la croisée des chemins, pile sur les 3 frontières entre l'espagne, l'andorre et la france. Il ne nous reste plus qu'une montée au col des izards et une descente (facile comme d'hab là aussi) pour rallier le pas de la case. Là c'est sympa, l'organisation a été chercher des chemins délicieusement vallonnés pour nous éviter de passer au centre ville et faire tout le tour... c'est sympa !! Nous voici enfin à la seconde base de vie, la fabuleuse et magnifique ville, fleuron de l'architecture andorrane, le pas de la case (et accessoirement premier revendeur mondial de cartouches de cigarettes et de bouteilles de ricard !!).
Pas de la case-Pas de la case (15h24-16h39)
On va y rester très longtemps dans cet endroit avec steph. J'ai une ampoule sur un orteil qui me fait souffrir et je voudrois bénéficier des soins du podologue. Celui-ci est occupé avec un coureur dont les pieds ne sont plus qu'une grande plaie. L'infirmière qui l'assiste me propose gentimment de m'allonger et de commencer à me soigner. Elle est charmante ce qui ne gâche rien, je m'excuse quand même par avance de l'état de mes pieds et de l'aspect olfactif désagréable qui peut en résulter... elle a l'habitude. Le souci c'est qu'elle est prise par un autre concurrent et que je vais m'endormir sur ce lit de camps et y passer un long moment, steph ne me réveillant pas... au final je vais être soigné mais on va perdre plus d'une heure. Bon en même temps on joue pas la gagne. Surtout que j'ai eu Louis et des sms de Pauline et Marie m'annonçant la victoire de Nahu en 31h... j'en fait part à steph. Suis scotché, c'est tellement énorme. En tout cas ça rebooste grave, suis trop fier et content pour lui !!
Pas de la case-Inclès (16h39-19h40)
On repart par un chemin jonché d'ordures (c'est pas terrible cet endroit), on descend quelques kms en direction de la France avant de faire un virage à 90 degrés pour remonter une vallée. Le début de la vallée n'est pas un chemin, on est souvent les pied dans l'eau et dans la boue( c'est parfait pour le travail du podologue). Petit à petit la pente s'élève pour finir avec un gros pourcentage au pas de las vasques. Là on récupère les concurrents de la mitic, on est sur le même parcours désormais jusqu'à la fin. J'en ai pas trop parlé jusque là, mais j'ai eu Nico au Pas de la case, il était à Envalira au 77 de la mitic et me disait qu'il trouvait que vraiment ça montait fort et ça descendait fort. Ce à quoi je lui répondais qu'effectivement l'analyse me semblait très pertinente. Avec un peu de chance nous pouvions nous retrouver sur le parcours et franchement vu nos positions on en était vraiment pas loin. Donc arrivé au point de jonction j'ai tourné la tête voir si je voyais pas débouler mon Nico... mais point là il n'était !! Donc avec steph c'est reparti... plat sur les crêtes puis grosse descente jusqu'à Incles. En arrivant sur le ravito, steph va retrouver sa femme et ses enfants qui lui ont fait la surprise d'être là... je le laisse à ses retrouvailles et en avançant un peu je vois que Nahu est là. Après sa victoire il est venu avec eloïse nous voir. Ca me fait un bien énorme. Il m'assure le ravito. Je le présente à Steph. Les bénévoles sont surpris de voir le premier venir soutenir des coureurs lambdas !!. On discute avec un américain qui nous dit être mort. c'est le gars qui connait le fameux jared qui a gagné la barkley. Apparement Jared lui a dit que la ronda c'est beaucoup plus dur que la barkley !! Bon l'américain est mort mais il se lève et part en courant... coquinou !!
Inclès-Coms de Jan (19h40-22h34)
Nahu me dit de ne pas attendre Nico, que je vais perdre trop de temps. Avec Steph on part, première montée qui dure une dizaine de minutes ou ses filles l'encourageront à force de cris (elles sont fières de leur papa). C'est un vrai beau moment que l'on vient de passer, ça fait du bien. Avec steph on parle de tout et de rien et tranquillement on arrive vers une des dernières grosses ascencions. On est pas mal car les concurrents de la mitic ne nous rattrappent pas. Arrivée au refuge de cabana sorda je sais que nous attend une montée en 2 temps vraiment dure après 145 bornes. J'adopte un rythme tranquille mais régulier, ça monte bien. au milieu de la première montée, notre fameux américain est arrêté. Il me dit qu'il est très fatigué et qu'il va se mettre derrière nous (re coquinou). Moi je m'en fou, ce que je veux c'est arriver en haut. La seconde partie est encore plus raide. Steph prend la tête et je suis à une vingtaine de mètre avec 2 espagnols intercalés. En haut les bénévoles gueulent vous savez quoi !! Finalement le haut se présente. Un gars me dit y a une descente roulante et le ravito est à 2.5 kms. Alors la descente est tout sauf roulante, y a au moins 4 kms et ça remonte 2 fois... pourquoi les bénévoles nous mentent ils ? y a t'il un complot ??
Coms de Jan-Sorteny (22h34-1h16)
J'arrive au ravito un peu en avance. Je demande à la bénévole des pâtes. Elle me regarde avec des yeux de merlans frits. Euh... je veux des pates, des nouilles quoi (j'ai peut être pas dit svp)... je le rajoute. Putain elle comprend pas... comment on dit pates en espagnol andorran italien ?? Ca commence à plus trop aller. Finalement Steph qui vient d'arriver va me sauver. C'est pasta (quel con) mais en fait j'en veux plus car y a pas de sauce, pas de beurre pas de fromage, et franchement des pasta sans rien c'est pas bon !! Bon allez faut repartir, il reste plus que 20 bornes et une dernière montée... je me lève et là ça va pas du tout, les jambes sont tétanisées, je peux plus bouger. Tout doucement je rentre en discussion avec mes cuissots et les convaincs de tenter un mouvement... ce qu'ils font et petit à petit je peux repartir... c'est bien l'ultra...
En partant d'Inclès, Nahu nous a dit que la dernière montée passait crème... vais souvent y penser à la crème lorsque la montée se fera droit dans la pente avec un sommet qui n'arrive jamais... et puis quand tu crois qu'il est là et bien il faut encore en reprendre une lichette... on a pas le même sens de la crème avec Nahu :). entre temps on va en profiter pour passer un japonais plein de tape... l'an dernier je voulais battre un japonais, mon fantasme est réalisé !!
Enfin le sommet, le D+ est terminé, reste une descente de 4-5 kms vers sorteny. comme toujours ça descend fort au départ puis la pente s'adoucit. J'ai retrouvé des jambes alors que steph a mal aux pieds, la descente le fait souffrir. Sur la fin on va rependre quelques coureurs et enfin le refuge de sorteny, celui par lequel j'étais passé 40 heures auparavant. On va y rester quelques minutes et repartir.
Sorteny-Ordino (1h16-3h05)
La fin est dure car assez roulante. Avec Steph on va décider de courir, de donner ce qu'il nous reste. Rapidement on va reprendre quelques coureurs. On avance à un bon rythme, seul un coureur de la mitic nous reprendra. Les villages défilent et je commence à me reconnaître... El serrat... Llort... reste 6 bornes... et on court toujours après 170 bornes... un dernier point de passage, 2 kms... la camping.... puis la route, ça y est les sentiers c'est terminé. Le panneau Ordino... à 1 kms de l'arrivée il y a un concurrent qui marche. Steph me demande si on l'attend ? Je vais pas faire un km en marchant pour attendre un type... on passe. On voit l'arrivée, Marie se précipite et me prend dans ses bras. Nahu est là. On franchit la ligne main dans la main avec steph. On l'a fait...
On fait les photos,Nahul me récupère une bière et on se pose. Il m'a pporté un gros paquet de MnM's. Suis à l'ouest, je bois la mousse et je peux plus trop bouger. J'en suis là de mes réflexions quand Nahu m'annonce l'arrivée de Nico, il était 5 mns derrière moi, c'est incroyable, sur des courses aussi longues et dures d'être dans un tel timing. Lui aussi à trouvé son sherpa pendant cette course... Je peux pas aller l'accueillir, je lui fais signe de venir me rejoindre. C'est un vrai bon moment de partage et de satisfaction personnelle... Ah oui la place, 48ème... et le temps 44h07 !!
Avec le recul, je n'ai pas souvenir d'avoir autant souffert sur une course. Rien ne t'es donné, tu dois aller chercher chaque mètre que tu fais. Terminer doit être l'objectif de chaque coureur tellement c'est dur. Merci à steph pour son aide précieuse et ces 30 heures passées ensemble !!
Aujourd'hui je suis heureux et fier d'y être arrivé. Bien entendu ce n'est pas une fin en soi. C'est juste pour moi, mes amis de la team et surtout mon fils. Je suis pas plus intelligent aujourd'hui ni meilleur, je sais juste que si tu veux vraiment quelque chose et bien tu peux l'obtenir... je sais aussi que pour l'avoir il y a un prix à payer et que celui-ci est très élevé... après savoir si tout cela vaut le coup, je ne sais pas... ;).
Pour finir... la ronda je l'ai terminé... mais le we suivant, les bières m'auront fait chuter !!!
Et une petite pensée pour nos expatriés Nans, Maureen et Martin...
Et pour finir les pieds... parcequ'avec nico on le vaut bien !!
6 commentaires
Commentaire de arnauddetroyes posté le 24-07-2016 à 23:55:05
Defi énorme la Ronda dels cims !
J ai essayé de suivre le plus possible sur le live et sur le bouzin cette course exptionnelle car un pote la faisait et j ai bien pris compte du niveau qu´elle demande.Respect pour tous les inscrits finisher ou pas.
Bravo pour ta course et merci pour ton Cr !
Commentaire de chris favre posté le 25-07-2016 à 19:37:23
Merci Arnaud. C'est effectivement un sacré chantier. J'espère que ton pote a terminé. @+
Commentaire de crazy_french posté le 26-07-2016 à 17:31:33
Yeeesssss!!! Finir cette course doit être le pied ... en fait vu les dernières photos, je sais plus !!!
Commentaire de chris favre posté le 26-07-2016 à 19:43:09
Je te confirme... pour les pieds c'est pas le top... c'est même pas conseillé du tout !! Dommage pour ta course... mais j'ai vu que tu avais cliqué sur le tor... là c'est plus un chantier que tu vas affronter... c'est l'enfer !! Bon courage !!
Commentaire de CharlyBeGood posté le 09-08-2016 à 09:48:58
Ma première tentative de la Ronda s'est achevée à Coma Bella, après 15 heures sans alimentation et hydratation. J'ai donc 25 km d'avance sur ton premier abandon de Botella. Cela me donne encore plus d'espoir pour revenir et vaincre cette course dure, très dure...
Bravo pour ta course et merci pour ton récit plein d'humour !
Commentaire de chris favre posté le 14-08-2016 à 18:59:53
c'est une course terrible... c'est déjà énorme d'aller jusqu'à Coma Bella. Mon premier abandon m'a beaucoup servi cette année. Je te souhaite d'y retourner et d'arriver au bout. Et merci pour ton commentaire ;)
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