L'auteur : Pastisomaitre
La course : Trail des Citadelles - 40 km
Date : 27/3/2016
Lieu : Lavelanet (Ariège)
Affichage : 2960 vues
Distance : 40km
Objectif : Pas d'objectif
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Dès les premiers jours où je me suis intéressé au trail, j’ai toujours entendu parler du trail des Citadelles. Une course mythique, la plus populaire de l’Ariège avec son passage dans les ruines des châteaux Cathares.
L’an dernier, impossible d’y participer. Il faut être réactif pour arriver à s’inscrire, les places sont chères et partent en quelques jours, s‘y prendre 1 ou 2 mois avant le jour J sera voué à l’échec.
Cette année donc, le début des inscriptions a été annoncé il y a quelques mois et j’ai sauté sur ma carte bleue pour prendre ma place sur le 40 kms, course qui fera partie de ma préparation pour arriver en confiance au GRP en août.
Le départ est pour 8h ce dimanche 27 mars, rituel habituel donc, lever 4h, départ maison 5h15, arrivée à Lavelanet un peu avant 7h le temps de prendre le café offert par l’orga, retirer le dossard et partir me préparer.
Il pleut légèrement entre 7h et 8h mais il parait que ça va s’arrêter, donc je mets le coupe pluie dans le sac au cas où et part léger.
Je m’approche du départ, qui se trouve dans un chapiteau. Le speaker prends la parole pour l’avant course, et je trouve étrange que personne ne badge les coureurs avant le départ. J’avais entendu auparavant que cela aurait lieu mai je ne vois rien..
Je demande au speaker qui me dit qu’il faut se faire badger au gymnase, où j’ai retiré le dossard en arrivant.
Petite reproche à l’orga sur ce côté-là. Je vais chercher le dossard et prendre un café dans le gymnase, je vais à la voiture me préparer et reviens directement au départ, sans repasser à l’intérieur. Donc louper le badgeage aurait été simple et je pense pas me tromper en disant que je ne suis pas le seul dans ce cas –là.
Pourquoi ne pas badger les coureurs à l’entrée du chapiteau ?
Passé ce bémol, je me cale en première partie du peloton, la superbe musique officielle du trail des Citadelles résonne dans le chapiteau pour faire monter l’adrénaline et l’envie de décoller.
J’aperçois Marion Clignet juste devant moi. Elle devient une habituée du trail, un sacré niveau pour cette championne pourtant en V2 !
Petit brief et….. c’est parti !!
On part sur l’esplanade au centre de Lavelanet, on traverse un rond-point directement par son centre pour gagner du temps et on va longer un camping à la sortie de la ville, puis on attaque une légère montée pour partir enfin dans la montagne.
Je me rends vite compte qu’on va avoir de l’argile par ici. Les chaussures vont coller aujourd’hui ! Toulousain, je vis dans l’argile et m’entraine dedans, ça colle, c’est lourd. Il parait que cette course est boueuse. Ça commence bien en tout cas.
Oh ça va, je me plains mais j’aime le trail justement pour les terrains difficiles, sinon il faut faire des marathons.
Superbe idée de l’organisation que d’imprimer le profil de course à l’envers sur le dossard. A l’envers car on peut le voir du coup à l’endroit en baissant les yeux sur le dossard ! Ça c’est drôlement intelligent.
Mais j’ai comme d’habitude anticipé en ayant imprimé le profil de course sur lequel je me suis fixé es paliers calés sur les difficultés, par exemple fin de la première montée, 5,8 kms, arrivée au château de Montségur, 8,3 kms, descente du mur de Montségur, 9,3 kms, fin de la longue descente pour arriver au ravito de Montferrier, 14kms etc.. tout cela dans le but de gérer le mental en prenant la course par tronçon.
Je sais donc qu’on part en faux plat montant puis en côte beaucoup plus raide pour arriver au sommet de la première difficulté.
Ça monte tranquillement, je double et me fait doubler dans ce peloton assez dense pour trouver ma place et prendre mon rythme.
Quasiment 600 personnes au départ, il y a du monde et je vais voir par la suite que le peloton va mettre un moment à s‘étirer par ici.
Première vraie difficulté, ça grimpe raide et le sol est détrempé, ça colle aux chaussures. Je me sens très bien sur le D+, je grimpe facilement et double pas mal de coureurs pendant quelques centaines de mètres. Arrivé en haut, on sort des bois et on aperçoit enfin le château de Montségur ! Il y a des nuages et le sommet les tutoie, mais on voit cette butte impressionnante comme un gros rocher extrêmement raide et les ruines de Montségur à son sommet.
(Montsegur depuis le col, photo non prise le jour de la course)
Ce coin est magnifique et je me demande par où on va aborder la grimpette, car j’ai l’impression qu’on va attaquer une sacrée escalade. Le chemin monte en pente douce pour longer le bord de la montagne à travers bois et on arrive au col, où on aperçoit les premiers coureurs qui descendent de Montségur.
Oui, ici il n’y a qu’un chemin pour monter et le principe est que l’on monte au château par ce chemin pour se faire pointer, puis on redescend par le même sentier.
Le château est encore très haut, on attaque le chemin qui ressemble souvent à un escalier naturel fait de pierres lissées. La difficulté est que les coureurs sont nombreux dans la descente et on est serrés dans ce chemin étroit. En plus, les coureurs que l’on croise font partie des premiers et sont assez « pressés ». Je croise Marion Clignet qui est à fond.
Finalement, après avoir slalomé à travers ce rocher, je peux me retourner et voir qu’on surplombe complètement la vallée, avec vue sur les sommets enneigés. C’est sublime !
Je me fais pointer au sommet et le chemin entre dans les ruines du château pour en faire le tour.
J’ai pas faim mais mange ma barre Isostar pour anticiper le coup de mou, je sais que la gestion de course est aussi importante que la condition physique et je vais respecter tout ça.
J’attaque la descente.
J’ai croisé du monde en montant mais je vais me rendre compte que la queue de course est très loin derrière, car il y a un monde incroyable en sens inverse !
La descente est interminable car pas possible de doubler, se frayer un chemin malgré les coureurs qui montent est difficile. Vivement le bas.
J’y arrive tant bien que mal et voit que des coureurs arrivent encore pour entamer la montée.
De mon côté je file directement dans une petite piste qui entre dans les bois.
Je sors mon profil de course, je vois que la prochaine de mes étapes est le ravito de Montferrier, et qu’il y a que de la descente.
J’aime le D+, mais j’aime encore plus le D- !
Cette descente en pente douce est une aubaine pour allonger la foulée. Le chemin est détrempé et argileux, on traverse souvent des rivières et posant les pieds directement dans l’eau.
Je suis un groupe de coureurs, ils avancent à un rythme qui me convient au début mais j’ai très vite envie d’accélérer. Je double le premier coureur quand le chemin le permet, puis le suivant un peu plus tard puis tout le groupe finalement.
Je continue et arrive à un autre groupe de coureurs et fait de même.
Je me sens vraiment très bien dans le D-, et encore plus quand le terrain est bien technique comme ici où ça glisse beaucoup.
J’arrive à Montferrier et me fait badger, j’ai dû doubler une vingtaine de coureurs dans cette descente de 4 kms, c’était top.
Comme à mon habitude, je traine pas au ravito et prends comme toujours 2 verres de coca, du salé et du sucré, et je repars en marchant. Ici donc, une tranche de pain d’épice et une de saucisson, cendré comme je l’aime, produit ariégeois !
Je repars en marchant le temps de manger sans être gêné par le souffle et cours jusqu’en bas du village où on traverse un pont.
Il y a du public, comme à chaque point accessible de la course, il y a du monde partout qui encourage les coureurs, c’est vraiment sympa cette ambiance !
On attaque une montée sur la route qui passe dans les chemins, on quitte le petit village de Montferrier.
Je suis gêné par les cailloux sur ce chemin. Ça monte bien et les bâtons glissent car le chemin est recouvert de pierres lisses.
Je monte tranquillement. Depuis que je suis assidu à une belle séance d’entrainement hebdomadaire composée de montées descentes sur une pente qui avoisine les 20 % près de chez moi, soit entre 800 et 1000 D+ sur la séance, je ressens un progrès flagrant sur le D+/D-. L’an dernier, je partais sans bâtons et je souffrais terriblement en côte, c’était réellement mon point faible. Maintenant, je suis vraiment à l’aise et gagne énormément de temps sur ces portions.
Effectivement sur cette montée, je double encore beaucoup de coureurs que je distance en plus assez vite.
J’ai peu de souvenirs de la descente suivante, j’étais dans ma bulle. Je me souviens qu’elle a été suivie par une portion plate et un petit raidillon. Juste après on aperçoit Roquefixade.
Une vallée devant moi, dans laquelle on voit la nationale Foix è Lavelanet. Au-dessus il y une montagne ressemblant à un énorme rocher sur lequel est posée une ruine. Je ne connaissais pas ce château, je vais le découvrir aujourd’hui.
On descend dans la vallée par une monotrace dans les champs, puis un petit chemin longe la nationale pendant un moment avant de passer dessous.
De là on attaque une monotrace en direction du château. Ca grimpe et on arrive à un petit hameau que l’on traverse pour repartir dans une monotrace.
Ca grimpe toujours et je me souviens avoir aperçu à ma droite un vieux mur derrière lequel se trouve un cimetière qui doit dater de bien des années (siècles ?). Un endroit un peu étrange !
Ca grimpe encore et on arrive à l’entrée du village de Roquefixade.
Un petit village à l’ancienne, une rue pavée amène sur la place centrale par une arche passant sous une maison. On est ici en plein centre de ce charmant village avec sa petite église, son lavoir, mais on voit surtout cet énorme rocher qui surplombe le village avec le château au-dessus. C’est assez impressionnant.
Comme à Montségur, je me pose ici la question de savoir par où on va aborder la montée. Je vois bien des coureurs au sommet mais je n’ai aucune idée de l’endroit par lequel ils sont montés, la paroi de la montagne ressemble véritablement à un mur !
Je suis le balisage qui me fait sortir du village pour emprunter le sentier « officiel » pour monter au château.
Je double beaucoup de coureurs depuis la vallée, décidément les kilomètres n’entament pas mon aisance sur le D+, je suis ravi.
Le chemin est une piste large pleine de cailloux. Vraiment difficile de taper les bâtons ici, ils ripent en permanence.
La paroi est abrupte à ma droite et je ne vois plus le château d’ici. Je comprends désormais par où on monte, on fait simplement le tour du château (par la gauche en regardant a montagne), il doit y avoir une voie plus simple de l’autre côté pour y accéder. Effectivement, il n’y a plus de falaise sur l’autre versant mais le balisage grimpe directement à flanc de colline, sur une côte bien raide. Sur cette portion de quelques centaines de mètres à peine, j’ai dû doubler une dizaine de coureurs qui étaient apparemment en souffrance dans la montée.
Arrivé en haut je cherche le château du regard, on grimpe en fait sur le haut de la montagne. Le sommet est en quelque sorte coupé en deux et le château est sur un « pic » isolé du reste de la montagne. On peut y accéder mais le balisage nous amène au sommet de la montagne.
Le paysage est impressionnant en haut, on a une vue panoramique sur toute la vallée et on se rend compte que la montagne est très raide. Le plus marquant est que le l’on observe le château qui est tout près à vol d’oiseau sur son rocher en pointe et on aperçoit un immense vide derrière vers les sommets enneigés. C’est un paysage époustouflant.
(Roquefixade vu depuis le sommet, photo non prise le jour de la course)
Je me force à engloutir 2 Twix en marchant, quelques gorgées de Powerade et je fais un stop pour étirer les fessiers qui tirent un peu, puis on attaque la redescente de la montagne en pente douce sur une petite monotrace au milieu des herbes.
Comme sur tout le parcours, il y a des rochers pointus qui dépassent un peu partout. Ici il faut être vigilant sur les 40 kms car on a vite fait d’y laisser une cheville.
En plus ici, il y a des buissons piquants au bord du chemin, style provençal, les vêtements s’y accrochent aisément.
Un dernier regard sur ce somptueux paysage, dans lequel je peux voir qu’il y a un sacré paquet de coureurs derrière, puis c’est parti pour la descente. Je peux voir d‘après mon profil de course, que je sors de ma poche régulièrement, que la fin de la descente est au km 28 et se fera au niveau du prochain ravito. Nous sommes au km 24 au sommet de Roquefixade. Je m’apprête donc à prendre mon pied sur les 4 kms de descente qui se profilent.
Je pique à droite en direction d’une piste assez large qui descend en pente douce. On est en sous-bois et le sol n’est pas trop accidenté au début. Je passe devant le gars que je suivais depuis quelques centaines de mètres et reste quelques secondes derrière une coureuse qui avait un rythme qui me convenait.
Le terrain devient technique et je décide d’accélérer et lui passe devant. On va avoir droit pendant ces quelques kilomètres à une piste très accidentée car détrempée par la pluie et jonchée par endroit de branches, rochers et racines.
Je me souviens d’une portion de descente en ligne droite vraiment détrempée, plusieurs coureurs prenaient soin de passer lentement sur les côtés pour passer plus aisément, mon entrainement spécifique m’aide bien sur ces portions car je suis très l’aise en descente et je n’ai pas peur des passages accidentés, j’ai appris à mettre les pieds au bon endroit et à rétablir l’équilibre. Je fonce donc tout droit et gagne pas mal de places.
Sur la fin de la descente, une monotrace propre coupe directement à travers un pré, il y a du monde sur ce secteur mais je me cale dans le champs parallèlement au chemin pour maintenir ma vitesse et passer d’autres coureurs.
On arrive ensuite à un endroit qu’on identifie clairement.
En effet, les habitants du coin (ou l’orga) ont placé des panneaux :
« vous êtes à Roquefort les Cascades »
« Ravito dans 4 mn »
« mais avant »
« ça remonte ! »
Un peu d’humour.
Je savais qu’on allait passer dans ce coin, mais je pensais qu’il portait bien son nom et qu’on allait croiser de belles cascades ! Mais je me souviens pas en avoir vu.
La rivière est quand même sympa. On traverse à plusieurs reprises des lits de ruisseaux secs creusés dans la pierre, bizarre avec ce temps. On retrouve du plat, la descente est terminée, les sous-bois sont bien sympas ici !
Arrivée au second ravito ! Comme d’habitude, 2 verres de coca, du sucré, du salé, un remerciement aux bénévoles et je repars en marchant et en mangeant.
Je questionne quand même un pompier sur le côté. « C’est par où ?? », je voyais aucune rubalise. Finalement on le chemin pars sur la route.
A partir d’ici et jusqu’à la prochaine difficulté, on va avoir environ 3-4 kms de plats.
Les portions plates, c’est clairement mon point faible. C’est un effort constant et soutenu que j’ai du mal à maintenir! En plus, c’est le genre de portion dans laquelle on ne veut pas se permettre de trainer ou de marcher, car on a vite fait de perdre du temps sur les autres coureurs. Surtout avec pas loin de 30kms dans les pattes, j’ai l’habitude des sorties route de 25/30 kms mais on part à froid donc c’est différent.
Pourtant cela fait entièrement partie du trail, au même titre que les montées/descentes ! Accélérer et prendre du plaisir dans la vitesse est un point d’entrainement à bosser désormais.
D’autant plus que la vallée qu’on emprunte n’est pas très sexy. C’est un genre de chemin très agricole, d’ailleurs il y a de gros tas de sciures en train de se consumer lentement sur le côté, j’aperçois la montagne qu’on va franchir en suivant et ça me sert de repère.
Je dois quand même dire que la rivière est très jolie ici ! On passe dans des sous-bois sympas.
Je sais que les coureurs derrière sont plus rapides sur cette portion car je les vois s’approcher petit à petit. Finalement la difficulté suivante arrive et je reprends un peu d’avance.
C’est dans cette portion qu’un gars me double et à l’air assez l’aise. Je repère pas de dossard. Peut-être un gars à l’entrainement ?
Ca grimpe pas mal ici, je suis concentré sur mes bâtons. Le terrain est encore bien gras et le bois clairsemé, on voit en levant les yeux le haut de la côte et les coureurs qu’y s’y trouvent.
Je sens un gars arriver vite derrière. Il prend même le luxe de trottiner dans la montée ! Je me retourne et voit un dossard bleu. Le premier du 73 kms ! Ils sont partis ce matin à 6h, soit 2h avant nous, mais le gars en question à « juste » 34 kms de plus que moi dans les pattes… et il court !
Je le connais pas, jamais croisé sur les courses de la région. En fait je saurai plus tard que le gars « sans dossard » était en fait aussi sur le 73, je le connais pas non plus.
Je me fais donc doubler et le félicite pour sa performance. Je saurai à l’arrivée qu’il va passer et finir premier de la course. Un breton.
On redescend par une route vers une rivière qu’on traverse, il y a un gars déguisé en chevalier qui crie et tape son drapeau sur son bouclier. Il s’éclate et on est dans l’ambiance !
Je parle au coureur avec qui je suis ce moment-là, plus que 2 difficultés et c’est l’arrivée ! On s’encourage mutuellement et je le passe dans la montée.
Après une dernière partir plate dans les sous-bois, on attaque la montée finale qui est bien raide. Je la fait derrière un gars qui souffle en disant que ça fait du bien d’arriver en haut. Il a un accent ariégeois très marqué, il doit être du coin. Je lui dis qu’il reste une montée, la dernière. Il connait bien le secteur apparemment et me met en garde comme quoi l’ultime difficulté est bien costaud.
On passe une route en contrebas, on redescend à travers les prés, il y a beaucoup de monde en bas, familles enfants. Ca applaudit beaucoup, ça encourage !
Et dans la descente on aperçoit la crête qu’on va monter pour terminer la course. Un gros rocher bien haut, ça promet. J’ai les jambes, ça va aller.
Je voulais faire la course en moins de 6h, c’était mon but aujourd’hui, je sais à ce moment-là en regardant la montre que je vais être largement dans mon objectif car je sais qu’il reste peine 5 kms. Pas les plus simples certes, mais « que » 5 kms et j’ai beaucoup d’avance sur mon temps à battre.
On passe un hameau et le chemin commence à grimper. Il y a que des rochers par terre, impossible d’utiliser les bâtons correctement, ils glissent, s’enfoncent. C’est un coup à les briser qui plus est.
Je vais grimper à bon rythme, les coureurs me laissent passer en général quand ils entendent mes pas se rapprochant, je vais gagner pas mal de places sur ce kilomètre de montée.
Je suis vraiment content de ma course à ce moment-là, l’entrainement a bien payé. Il y a un an, je me faisant beaucoup doubler en fin de course car finissais en général sur les rotules au-delà de 30kms. Ici c’est l’inverse ! Honnêtement depuis Montségur, j’ai dû gagner une centaine de places au classement et je me suis pas beaucoup fait doubler. Je suis très content.
Après course et en regardant les temps de passages aux différents pointages, je peux effectivement voir que j’ai gagné 96 places entre Montségur et l’arrivée. Je suis vraiment comblé !
Le chemin pour accéder à la crête n’en finit pas, le sol est dur et sec à cause des rochers et il est assez difficile de progresser correctement.
Je tiens un groupe de coureurs que je ne lâcherai pas finalement puisque nous arrivons en haut. Je vais suivre le gars devant moi sur les quelques kilomètres qui restent.
Un gars du pays lui aussi !
Il a pas de dossard car s’est décidé au dernier moment et voulait accompagner son pote. Il fait donc la course officieusement mais ne profite pas des ravitos.
Personnellement à ça me dérange pas si le respect est là, et c’est le cas. Il ne fait que courir dans un coin qui est finalement public. Le tout est de pas abuser.
Ça m’aurai dérangé s’il restait des places, mais le 40 kms est plein depuis belle lurette.
On parle donc tout le long des courses à venir et de la difficulté du terrain.
Le coin est sympa, un peu comme les collines entre Narbonne et Carcassonne, la garrigue ! On voit Lavelanet au fond qui s‘approche tout doucement. Le gros problème de ce terrain est que le chemin est absolument jonché de rochers pointus qui dépassent du sol, j’en prends à 2-3 reprises un dans les orteils et manque de me ramasser par terre, le rétablissement de l’équilibre est très difficile dans cette situation, surtout avec la fatigue de fin course.
Puis on peut à tout moment y laisser une cheville. Un pied mal posé sur un caillou et la cheville est tordue. Je pense qu’il y a eu des entorses sur ce secteur.
Quelques coureurs du 40 kms sont en canne et nous doublent. Moi je prends pas risques, je sais que l’arrivée est proche et je crains ce genre de terrain, je tiens à mes ligaments et je reste prudent.
C’est à ce moment-là qu’un gars arrive vite derrière moi. Il a une frontale sur le front alors qu’on est en début d’après-midi. C’est le troisième du 73. Je le laisse passer mais il incendie mon camarade de descente car il s’est pas poussé assez vite.
Les gars, franchement je déteste ce comportement. C’est facile de crier « gauche » ou « droite », peu importe le niveau du gars qui le crie, on se décale toujours par respect pour la vitesse du mec de derrière.
Là on a un gars qui fait un podium, certes il a du niveau et est crevé avec 73 kms dans les pattes à vitesse soutenue, mais on est respectueux ou on change de sport ! Non ?
On arrive une croix que je reconnais, je l’ai aperçue de ma voiture ce matin, garée en contrebas.
Une ultime descente bien raide, dans laquelle on croise la trace des 22 kms aux dossards rouges, puis je passe un portail et arrive à Lavelanet.
Une montée d’escaliers et un bon sprint pour pas que le gars de derrière me double et c’est terminé sous l’applaudissement de la foule ! Pas pour moi certes, mais parce que le public est le point fort de cette course, omniprésent et toujours encourageant.
Je m’assois pour laisser les jambes récupérer quelques secondes, le speaker interroge le 3ème du 73, le fameux gars à la franche sympathie croisé dans la descente. Faudrait inventer la pénalité courtoisie…
Je termine en 5h17, très heureux de ma performance globale.
Avec le recul, une fois chez moi, je me rends compte que j’ai pas mal gazé sur cette course ! 5h17, 136ème sur quasiment 600 partants (551 à l’arrivée). Je puise la motivation au fond de mes ressources pour m’entrainer correctement et je suis vraiment aux anges lorsque le résultat est là. Etre capable de faire des trails de plus en plus exigeants, d’y prendre du plaisir et de commencer à performer un minimum, c’est vraiment plaisant, très plaisant !
Pour résumer mon ressenti, j’ai pris beaucoup de plaisir en tous points au niveau de ma course, j’ai adoré les 2 châteaux, et tout particulièrement Roquefixade avec sa crête dégagée, un coin où je reviendrais. Ensuite, au risque de blesser les gars du pays, le coin dans lequel on a couru aujourd’hui n‘est pas un de ceux que je préfère dans les Pyrénées. Le terrain argileux, le manque de monotraces et de forêts denses y est surement pour quelques choses. C’est quand même un bien bel endroit, une course sur laquelle je reviendrais en forme pour attaquer la distance phare.
Maintenant de mon côté, c’est repos. Départ pour une semaine dans les Caraibes et une dizaine de jour de repos pour les jambes, qui n’en ont pas eu depuis pas mal de mois.
Trail de Brassac avec mon père pour la reprise et Verticausse en mai pour continuer la prépa !
2 commentaires
Commentaire de Cedric09 posté le 30-03-2016 à 08:00:38
Bravo belle course ;-) Pour les mini monotraces, faut passer sur le 70kms... Là il y a du monotraces bien pourri comme tu les aimes !
Commentaire de Yvan11 posté le 30-03-2016 à 10:50:17
Bravo pour ta course et super récit. Comme Cédric, je te dirais que ce qui t'as manqué sur le 40, tu le trouveras sur le 70 dans la forêt de Bélesta.
(Et merci pour le compliment sur la musique)
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